Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

jeudi 29 avril 2010

La tempête avant la tempête.

Nouveau jour de campagne dans la perfide Albion, une journée entre habitudes et surprises. A la veille du 3e et dernier débat entre les trois grands chefs de partis, on aurait pu croire que ce serait le calme avant la tempête et que l’on aurait à se contenter du rond-rond habituel. Au contraire, avant la tempête, c’est une autre tempête qui a éclaté.


Journée noire pour le Labour.
La matinée avait pourtant bien commencé. Le temps bien nuageux outre-manche laissait percer quelques éclaircies, la température était agréable sans être trop élevé, un climat agréable. Après l’habituelle conférence de presse de Lord Mandelson en direct de Westminster pour travailler le terrain, ce fut au tour d’Alistair Darling de donner la sienne en direct d’Edimbourg toujours sur la thématique de l’économie mais avec cette fois comme invité surprise la Grèce et sa situation désespérée au niveau financier puisque les taux à 10 ans ont dépassé les 10%. Traduction : un pays développé paie plus cher pour emprunter que les pays du Tiers-monde. Du pur délire !

Logiquement la plupart des questions ont porté sur la dette publique du Royaume-Uni, les opportunités de sortie de crise du pays. Les réponses du Chancelier de l’Échiquier se sont cantonnées à la réalité et à la reprise du discours travailliste du moment. Rien de réellement nouveau. Pas de quoi s’emballer, pas de quoi tout noircir. Un point négatif cependant, impossible d’entendre les questions des journalistes, ceux-ci étant sans micro. Un signe ?

La suite est un classique des campagnes électorales. Gordon Brown interpellé par une retraitée se disant sympathisante du Labour qui l’interpelle sur la question des services publics et mentionne l’immigration de travail des européens de l’est comme une des causes du chômage au Royaume-Uni. Le Premier ministre en campagne essaie de répondre à ses questions, de remettre les choses en place et précise que nombreux sont les britanniques à travailler ailleurs en Europe mais rien n’y fait celle dont on saura peu après le nom n’est pas convaincue. Un conseiller lui donne une tape dans le dos, signe qu’il est attendu ailleurs. Gordon Brown monte donc dans sa voiture en disant au revoir à tout le monde. Le problème est que le micro-cravate qu’il portait pour faciliter les prises de son pour les médias est resté ouvert.

Gordon Brown mécontent de la situation se laisse aller et donne son sentiment à son conseiller en déclarant qu’une telle rencontre n’aurait pas dû avoir lieu, que c’était une erreur et que la dame en question était une « bigoted » que l'on peut traduire par bornée. Cette conversation privée entre un chef politique et son équipe de campagne aurait dû rester secrète mais Gillian Duffy, à peine la masse des curieux reparti, reste un moment près de l’utilitaire de la chaine d’information en continue Sky News, et entend l’épisode sonore en question. Dégoutée, elle s’en va mais un journaliste de la chaine lui demande son avis. Évidemment la dame n’est pas contente. L’équipe et la rédaction de la chaine (qui appartient à Rupert Murdoch, connu pour ses positions très à droite) décident de diffuser les images accompagnées de la bande-son rapidement sous-titrées pour permettre de mieux suivre l’épisode en question. Puis l’emballement médiatique faisant son effet, chacun y va de son petit commentaire. Gordon Brown attendu ailleurs ensuite, ne répond pas tout de suite mais on sent bien qu’il sait avoir commis un impair. Reçu sur une radio, il est bien évidemment interrogé sur cet épisode après une rediffusion sonore de l’incident. Lors de cette rediffusion, Gordon Brown la tête dans les mains, est vraiment atteint. Il s’excuse publiquement. On saura ensuite qu’il a appelé Gillian Duffy et est revenu pour s’excuser personnellement. Un geste apprécié des voisins, c'est toujours ça de pris. En soirée, on apprendra qu’une lettre d’excuses a aussi été envoyée à tous les sympathisants travaillistes.

L’évènement est certes regrettable mais l’on en fait beaucoup trop autour de ce qui n’est rien qu’une erreur. Chacun a eu à affronter la situation que ce soit dans sa vie de tous les jours ou lors d’élections, nous devons rester polis avec des personnes qui ne nous apprécie pas forcément ce qui peut être réciproque. Gordon Brown s’exprimait à un conseiller et se lâchait un peu entre deux rendez-vous de campagne, cela arrive à tout le monde. Une campagne électorale n’est jamais une sinécure mais pour un technicien comme Gordon Brown, dont le charisme n’est pas le point fort, c’est un gros coup dur. L’épisode n’aurait même pas dû être rendu public. Maintenant, il s’est excusé, regrette vraiment ce qui s’est passé, il est temps de passer à autre chose. Mais voilà, maintenant que les médias se sont emparés de « l’affaire », on ne parle plus que de cela. Et, tout comme la dispute Bayrou-Cohn-Bendit sur France 2 a fait perdre des voix au MoDem, cette gaffe même suivie d’excuses risque de faire mal au Labour.



Des conservateurs discrets.
Ce mercredi, les conservateurs ont été plutôt discrets. Après un début de semaine en fanfare et la multiplication des « happenings ». Tout juste a-t-on pu écouter une intervention de George Osborne sur les banques et une pique de ce dernier suite aux évènements ayant eu lieu à Rochdale. Rien ou presque à se mettre sous la dent. Sans doute, les conservateurs ont-ils préféré les actions de terrain.



Les LibDems à la fête.
Si les sondages du début de semaine signalaient plutôt un tassement dans les intentions de vote envers les libéraux-démocrates. Ce mercredi leur a redonné la pêche. Nick Clegg allait à la rencontre d’étudiants à Oxford où il a été reçu comme une rock star sous les hourras. Il faut dire que les libéraux-démocrates ont bien des propositions très intéressantes pour les jeunes dans ce domaine. Ainsi, les LibDems proposent de réduire drastiquement les frais de scolarité pour les premières années à l’université. Les frais en question ayant considérablement augmenté avec Tony Blair atteignant plus de 4 000€/an dans certains cas pour entrer dans l’université publique et poussant de nombreux jeunes à s’endetter lourdement afin de pouvoir étudier.

Parmi les autres propositions pour le supérieur, les LibDems défendent une réforme du système de bourse pour rendre l’accès aux universités plus équitables. On distinguera aussi la volonté de développer fortement l’apprentissage et de favoriser l’accès aux études supérieures aux jeunes issus de milieu défavorisés. Des propositions pas franchement spectaculaires mais qui répondent à de réels besoins. L’apprentissage notamment est une réelle et forte demande que ce soit de la part des entreprises qui cherchent des jeunes diplômés disposant déjà d’une certaine expérience. C’est aussi l’occasion pour être de développer un partenariat de long terme avec l’apprenti et pour le fidéliser à l’entreprise. Un réel enjeu de société qui permet une meilleure insertion des jeunes dans le milieu du travail contribuant ainsi à réduire le chômage au sein d’une classe d’âge très touchée par le phénomène.

Durant la journée, Nick Clegg a aussi été suivi par une équipe de Sky news qui a pu recueillir ses impressions et lui poser quelques questions en fonction des évènements de la journée. Principal thème abordé : l’économie. A la veille d’un dernier débat crucial à ce niveau, la chose n’est pas surprenante. Plus étonnante, par contre, fut la réaction des journalistes qui reconnaissent aux libéraux-démocrates, un sérieux dans leurs propositions que n’ont pas les deux grands partis traditionnels comme en témoigne l’échange entre une journaliste et Nick Clegg dans le bus de campagne des LibDems. Tandis que la journaliste lui pose une question sur un sujet bien précis, Nick Clegg répond immédiatement. On lui demande alors les chiffres précis et les modalités de mise en œuvre des mesures en question. Nick Clegg répond alors : « C’est dans notre programme . Tenez, là, regardez. ». Il tend alors son bras par-dessus la banquette sur laquelle il est assis, saisit un exemplaire du « Manifesto », l’ouvre à la bonne page et montre à son interlocutrice que tout est bien détaillé, chiffré et prêt à être appliqué. En fin de reportage, la journaliste qui a aussi couvert les campagnes travaillistes et conservatrices, relève que de tous les programmes actuellement soumis au vote des britanniques, le programme libéral-démocrate est le plus sérieux. Un bon point donc ! On verra si Nick Clegg arrive à faire aussi bien lors du 3e débat.

Autre bonne nouvelle, les sondages du jour regonflent les voiles des jaunes. La dernière enquête ICM/ The Guardian donne les LibDems en tête à 39% (+5%) , suivis des Tories à 35% (-1%), le Labour arrivant 3e à 18% (-5%), les autres partis regroupant environ 7% (+1). A noter que l’enquête a été réalisée avant l’incident de Rochdale concernant Gordon Brown. Ce sondage fait ressortir un phénomène déjà pressenti auparavant mais qui s’accentuerait. Les LibDems se renforceraient largement au détriment des travaillistes. Si le sondage est marginal, c’est-à-dire qu’il porte sur les circonscriptions en ballotage pour les LibDems et la marge d’erreur de +/- 2,5%, la tendance générale est nette. Si les choses continuent ainsi, les libdéraux-démocrates parviendraient même à priver Oliver Letwin, auteur du programme conservateur de son siège à Westminster.

Ne pouvant espérer obtenir une majorité à la Chambre des communes, même si d’aventure ils arrivaient premier en voix au niveau national, les libéraux-démocrates donnent des sueurs froides à David Cameron en torpillant ses rêves de majorité.

Le second sondage du jour ne sera pas forcément important pour tous, mais il dénote une caractéristique déjà vu ailleurs. En 2007, on savait que François Bayrou avait massivement séduit les jeunes lors de l’élection présidentielle. Bien depuis ce temps, la plupart soient retournées à l’abstention ou vers le vote Europe-Écologie, on distingue un rejet profond chez les jeunes des partis classiques que sont le Labour ou les Tories. La volonté d’une alternative à un système considéré comme indapté et essouflé, combiné à des priorités programmatiques assumées sur l’environnement et la professionnalisation des études supérieures séduit une classe d’âge importante. Il faut en effet savoir que les 18-25 ans représentent 4 millions d’électeurs potentiels outre-Manche. En arrivant en tête des intentions de vote chez les jeunes, Nick Clegg séduit une frange de l’électorat fortement sujette à l’abstention.



Conclusion.
Entre polémique stérile et signes encourageants pour l’outsider, la campagne électorale se tend un peu plus chaque jour. Le 3e et dernier débat sera donc vital pour chacun des 3 chefs de parti. Pour Gordon Brown, il s’agira de faire oublier sa gaffe du mercredi et de montrer que s’il n’est pas un bon communicant, il est excellent dans le domaine économique. Pour David Cameron, il faudra prouver qu’il peut dépasser le carcan dans lequel il s’enferme et être capable de réalisme face à une situation d’urgence. Pour Nick Clegg, il faudra non seulement maintenir le capital confiance qu’il a pu acquérir mais aussi et surtout être offensif pour démontrer que seule une rupture majeure est capable de réformer le système et de sortir le pays de la crise profonde dans laquelle il est. Les échanges promettent d’être intéressants.

mercredi 28 avril 2010

La majorité ou la corde.

Dernière semaine avant le scrutin, le moment où tout se joue. Le rythme de la campagne électorale britannique s’accélère. Après une forte activité des conservateurs hier, c’est au tour du Labour de multiplier les prises de position. Mais une chose est certaine, les libéraux-démocrates sont au cœur de la campagne. Et la probabilité d’obtenir un « Hung Parliament » augmente de jour en jour.a


Le point presse du Labour.
L’habitude est désormais prise, dès qu’un sujet arrive sur le devant de la scène ou tout simplement pour répondre aux questions des journalistes, chacun des participants organise sa conférence de presse à Westminster. Ce mardi, c’était au tour du Labour. Et parce que le parti est à la traîne dans les sondages, c’est Lord Mandelson, l’expert électoral qui s’y colle. Prestation qui fut, comment dire… Bon, en réalité, il était complètement à la rue. L’équivalent au Labour d’Alain Marleix pour l’UMP laissait le sentiment d’être complètement déconnecté de la réalité des choses.

Manque de bol pour lui, il n’avait pas à faire à des journalistes français, à la botte du pouvoir mais à de vrais journalistes, du genre tenaces, qui ne lâchent pas l’affaire avant d’avoir eu la réponse à leur question.

Morceau choisi : « Monsieur Mandelson, comment le Labour compte-t-il faire pour réaliser les économies qu’il promet ?
- Écoutez, nous comptons faire des économies sur beaucoup d’aspects. Nous avons identifié des économies réalisables dans le domaine de l’éducation, de …
- M. Mandelson, comment comptez-vous réaliser vos économies, sur quoi précisément ? Quels montants ?
- La réponse est dans notre programme, nous comptons économiser £ 30 milliards.
- M. Mandelson, comment, sur quoi en détail allez-vous réaliser les £ 30 milliards d’économies que vous promettez ? Ne me dites pas que c’est dans votre programme, je l’ai lu, il est seulement écrit que vous voulez économiser £ 30 milliards mais rien n’est détaillé. Je vous repose donc ma question, et merci d’y répondre, comment allez-vous réaliser vos économies ?
- Les économies que nous réaliserons, le seront sur toutes les politiques publiques. Nous n’allons pas dire : « Nous allons économiser £ 6 milliards » sur tel ou tel aspect et réduire les moyens de services publics nécessaires aux britanniques. ».

Je vous épargne la suite qui n’est que de la langue de bois, du genre armoire normande, bien massif. Le journaliste en question, expérimenté, est reparti sans sa réponse mais ses lecteurs sauront que le Labour n’a pas la moindre idée de comment il va économiser les 30 milliards de livres promis.

Un peu avant cet épisode, un autre sujet a été abordé et suscite un certain intérêt dans cette campagne électorale. La tentative du Labour de changer les règles du jeu pour le prochain débat qui aura lieu ce jeudi soir en direct sur BBC 1. Le Labour a appelé sans succès les Tories et les LibDems à se joindre à lui pour demander aux chaines I-TV, BBC 1 et Channel 4 d’accorder plus du temps à l’examen en détail des propositions de chacun plutôt qu’aux personnalités des chefs de parti. Dans l’absolu, rien ne s’y oppose mais les conditions des débats ont fait l’objet de longues négociations entre les 3 grands partis pour aboutir à des règles aussi strictes qu’un corset de jeune fille bien serré. Quand on y regarde de plus près, on remarque toutefois, l’intérêt du Labour saute aux yeux. Gordon Brown, c’est un secret pour personne n’est pas vraiment l’homme le plus charismatique du monde. C’est même tout le contraire. Et ses concurrents que sont David Cameron mais surtout Nick Clegg n’y ont pas intérêt. Plus jeunes, ils incarnent physiquement une rupture de génération politique. Gordon Brown a les tempes grisonnantes et des rides, les deux autres ont le teint frais comme des gardons, sont vifs et prêts à soulever des montagnes.

On comprendrait mal les raisons qui pourraient pousser David Cameron ou Nick Clegg à abandonner ainsi, un si gros avantage.



Clegg, bourreau des Tories ?
Nick Clegg va-t-il conduire le Royaume-Uni à la potence ? Ce message à peine voilée, est au cœur de la nouvelle campagne de communication des conservateurs. Cette dernière, lancée hier lors d’une conférence de presse de George Osborne, que vous ait relaté ici-même n’y va pas de main morte. Sans ménagement, le message est simple et clair : Un « Hung Parliament » serait mauvais pour le pays ». Le tout est illustrer par des images de bon goût où les LibDems sont renommés de façon explicite « The Hung Parliament party », jeu de mots signifiant à la fois « Le parti du parlement indécis » et « Le parti du parlement pendu » sous-entendu, suspendu au bon vouloir des libéraux-démocrates créant ainsi une instabilité néfaste. Qu’importe que le pays n’ait pas connu de réelle instabilité, ni un régime du type IVe République (durée de vie moyenne d’un gouvernement français entre 1945 et 1958 : 6 mois). Qu’importe que des coalitions soient au pouvoir au Pays de Galles et en Écosse sans pour autant que les régions en question soient ingouvernables, il faut éviter à tout prix un tel fléau.

Toutefois, en coulisses et pour assurer leurs arrières, le Labour comme les Tories envoient des émissaires chez les libéraux-démocrates. Les 1ers arguent de la bonne entente qui règne au sein de la coalition au Pays de Galles. Les 2nds se limitent à tâter le terrain au cas où.

Le Labour comme les conservateurs tentent tout ce qu’ils peuvent en la matière sans réel succès. Sur ce sujet, le débat de jeudi sur l’économie sera essentiel et constituera probablement un tournant.



Nick Clegg sort du bois.
Sujet devenu inévitable avec la percée des LibDems, l’avenir en cas de « Hung Parliament » est sur toutes les bouches. Les LibDems vont-ils s’allier aux travaillistes ou aux conservateurs ? Pour le Labour ou les Tories, cela n’arrivera pas ou plutôt, il faut tout faire pour l’éviter. David Cameron vient de lancer une campagne contre une telle idée. Gordon Brown, pris au piège par sa fameuse expression « I agree with Nick » transformée immédiatement en argument de campagne par les libéraux-démocrates, tente de s’en sortir. Officiellement, pas question de s’allier avec Nick Clegg qui a pris position contre une alliance avec le Labour si celui-ci arrivait 3e en nombre de voix au niveau national. Mise au point aujourd’hui du leader libéral-démocrate qui précise que ce cas de figure serait exceptionnel (un Labour 3e en voix mais 1er en sièges).

Nick Clegg préfère insister sur les problèmes que rencontreront ses adversaires au sein de leur propre parti et insiste sur le fait que la seule et réelle alternative est de voter LibDems. Pour lui, Gordon Brown sera en fâcheuse posture pour avoir mené son parti vers la plus grande défaite électorale qu’il ait connu depuis de très, très nombreuses années tandis que David Cameron sera fragilisé pour ne pas avoir pu obtenir une majorité et un poste qui devait lui revenir en héritage sans qu’il se soit occupé de ce que a pu se passer.
L’objectif du leader libéral-démocrate en cas de « Hung Parliament » est d’imposer les vues de son parti sur quelques sujets clés, au 1er rang desquels : la réforme du système électoral avec l’instauration d’une part de proportionnelle, le rééquilibrage fiscal avec une exonération de l’impôt sur le revenu des plus modestes compensé par une augmentation de celui des plus aisés et une politique ambitieuse dans le domaine environnemental pour faire entrer le Royaume-Uni dans les industries du secteur et créer de nouveaux emplois, non délocalisables.



Conclusion.
Le cadence augmente, et chacun fait de son mieux pour suivre et ne pas perdre des wagons en route. Malgré un récent tassement des libéraux-démocrates dans les récentes enquêtes, celui-ci se maintient à des niveaux historiquement élevés. Le débat de ce jeudi sur l’économie sera décisif. Gordon Brown sera là dans un secteur où il excelle, lui l’ancien Chancelier de l’Échiquier, et il peut apparaitre comme une personne responsable. David Cameron, lui aura fort à faire pour tenir le rythme avec un programme des Tories devenu, crise aidant, très interventionniste et social en matière économique. Nick Clegg, enfin, devra non seulement confirmer mais également se surpasser s’il veut créer une réelle surprise dans les urnes. Son programme très détaillé est son point fort. Mais saura-t-il être suffisamment bon pour convaincre de voter Liberal-Democrats. Réponse jeudi soir 21h30 heure de Paris, 20h30 heure de Londres.

mardi 27 avril 2010

Les Lib-Dems faiseurs de roi ?

« Clegg survives the storm », The Guardian.
« Clegg survit à la tempête » titrait le quotidien britannique de centre-gauche dans son édition du vendredi 23 avril 2010, tant il est vrai que le charismatique chef des LibDems a changé le climat bien calme de la campagne électorale britannique. Au-delà de l’enthousiasme bien compréhensible outre-manche, l’envolée des LibDems dans les sondages génère un espoir nouveau dans un MoDem lessivé par le résultat catastrophique réalisé lors des élections régionales. La blogosphère démocrate n’échappe pas au phénomène et nombreux sont les billets se référant à Nemo auditur, auteur du blog Unique et commun, et relayant l’enthousiasme de notre ami expatrié. François Bayou lui aussi y est allé de son petit entretien publié sur le site national du Mouvement démocrate pour donner son avis sur le sujet.

Ainsi, ici et là, on voit ressurgir les vidéos de François Bayrou de 2007 lors de sa visite au Royaume-Uni et sa rencontre avec celui qui crée actuellement la surprise. Mais, d’analyse critique sur la toile démocrate, point ou si peu. Désirant dépasser le simple constat ou l’analyse indirecte de la situation, je me suis tournée vers les médias britanniques afin d’avoir un accès direct à l’information. Passage obligé donc, chez le kiosquier du coin pour le dévaliser en quotidiens britanniques et suivi des médias audiovisuels locaux que sont les télévisions BBC, Sky News, I-Tv ou leurs équivalents radios. Coup de chance, ce lundi, la campagne s’est accéléré et plusieurs évènements méritait qu’on y porte attention. Soyons honnête, les médias français n’en parleront pas et notre ami, Nemo a été probablement plus occupé par son travail que par les directs dont je vous parlerai. Analyse inédite donc cette campagne intéressante mais s’inscrit dans un contexte bien particulier.

Pour se repérer plus facilement, après un résumé de la situation générale de la campagne, ce sont les évènements de ce lundi de campagne qui seront abordés. Au menu donc, la conférence de presse de David Cameron depuis Londres et un point sur la campagne conservatrice, puis le même exercice avec Gordon Brown et la campagne travailliste ; avant d’en revenir aux conservateurs qui ont organisé une conférence de presse traitant exclusivement de la question du « Hung Parliament ». Nous finirons enfin par un point sur la situation des LibDems.



Précédemment dans la campagne électorale britannique…
Depuis le 1er débat entre les chefs de partis, les élections britanniques sont devenues soudainement bien plus passionnantes. La raison de ce soudain regain d’intérêt porte un nom : Nick Clegg. Il faut dire que pour le premier débat télévisé de l’histoire politique britannique bien terne n’a connu de reliefs que lors des sorties du leader des LibDems (parti libéral démocrate, issu de la fusion entre le parti libéral (the Whigs) et le SDP (Social democratic party)). Après un premier débat sur I-Tv, le deuxième a eu lieu sur Sky News, la chaîne d’information continue britannique détenue par Rupert Murdoch, propriétaire entre autre des quotidiens The Sun et The Times ou de l’hebdomadaire News of the world. Au cours de ce 2e débat portant sur la politique étrangère, le 3e homme ne pouvait pu jouer l’effet de surprise. Et ce d’autant moins que des notes de travail concernant le débat avaient été oubliées dans un taxi et publiées dans la presse. S’il n’a pas dominé les échanges, il a su maintenir son statut acquis lors de la 1ière confrontation, ce qui n’était pas gagné. Il faut dire que les idées défendues par les LibDems en matière de politique étrangère vont quelque peu à rebrousse poil des conceptions traditionnelles britanniques en la matière. Les LibDems sont europhiles et fédéralistes (une hérésie au Royaume-Uni), pour l’entrée dans la zone euro et contre le renouvellement des sous-marins nucléaires lanceurs d’engin Trident porteur de l’arme nucléaire britannique.

Malgré toutes ces positions, les LibDems sont en passe de mettre fin à un système bipartisan qui dure depuis très longtemps et où le pluralisme politique est une rareté. Il faut en effet remonter à 1972 pour voir un autre « Hung Parliament », expression difficilement traduisible en français sans perte de sens autrement que par Parlement de coalition, Parlement indécis ou Parlement sans majorité. Pour ma part, je garderai l’expression anglo-saxonne pour permettre une meilleure compréhension de la situation.



Changement de ton pour un leader à la peine.
David Cameron organisait ce matin, une conférence de presse que j’ai pu suivre en direct sur les chaines britanniques d’information en continu. Format classique pour cette intervention avec un discours de campagne suivi d’une séance de questions-réponses.

Suite aux prestations plutôt moyennes du leader conservateur lors des débats, il fallait absolument redresser et montrer un visage combattif du parti conservateur. Si les Tories ont indéniablement repris du poil de la bête, il y a encore du chemin. Dans un discours qui se voulait dynamique, David Cameron a tenté de répondre à une des principales inquiétudes à propos des conservateurs : leur absence de programme précis. On a pu ainsi dresser une liste de propositions. Les conservateurs lançaient aujourd’hui leur manifeste pour la qualité de vie avec 3 priorités : l’environnement, les libertés publiques et la qualité de vie en elle-même traitant de la lutte contre les différents types de nuisances : pollution, bruit, etc. Tout au long de son discours, David Cameron a donc listé les mesures sur ces sujets en n’oubliant pas les attaques contre l’adversaire. Enfin, un adversaire, puisqu’il n’a parlé que du Labour. Pas un mot, un seul sur les LibDems. David Cameron s’inscrit dans le système bipartisan traditionnel et ne compte pas en sortir. Son discours était ainsi parsemé de « clear break » (rupture claire) et autres expressions insistant sur la nécessité d’une vision claire entre la nécessité d’une majorité conservatrice renvoyant un Labour fatigué dans l’opposition.

Il a fallu attendre la séance de questions-réponses pour que le leader conservateur parle de Nick Clegg. L’intéressé fut d’ailleurs au cœur des échanges puisque hormis les 2 premières questions, pour toutes les autres la position des conservateurs étaient repositionnées par rapport aux propositions des LibDems. Il faut dire que les propositions conservatrices font pâle figure face à celles des leurs concurrents. Entre l’idée de planter un arbre pour la naissance de chaque petit britannique ou l’annonce de la multiplication des parcs et jardins, on peine à identifier des mesures réellement fortes sur le sujet. Voulant probablement s’inspirer du Grenelle de l’environnement français, les conservateurs ne contentent de « mesurettes ». Quand on sait la volonté de départ du Grenelle, et ce qu’il en reste actuellement, autant dire que les conservateurs sont loin d’avoir pris conscience de l’importance du sujet.

Dans le discours, on notera surtout l’insistance de David Cameron sur l’importance d’avoir une majorité conservatrice absolue à Westminster. Déclarant que le pays avait besoin d’un gouvernement conservateur nouveau et fort seul à même de permettre un changement réel après des années d’échecs travaillistes. David Cameron dresse en parallèle l’image de LibDems indécis et voulant saper durablement la stabilité politique du pays. Et d’insister sur le fait que voter LibDems reviendrait à voter travailliste. Il faut dire en effet que les libéraux-démocrates mordent largement sur un électorat d’habitude acquis aux conservateurs.



Gordon Brown, une campagne discrète.
La discrétion, c’est ce qui domine la campagne de l’actuel locataire du 10, Downing street. Au menu du jour, une conférence sur le thème de la santé au cours de laquelle Gordon Brown a vanté le bilan des travaillistes depuis leur accession au pouvoir. Il rappelle utilement que les personnels de santé ont vu leur rémunération augmenter régulièrement et les structures de santé se multiplier. Mais pour l’avenir, on peine à distinguer le programme des travaillistes. Témoin de cette réalité, la question posée par une infirmière confirmée : « Monsieur le Premier ministre, donnez moi une bonne raison de voter pour le Labour ! ». Pour réponse, Gordon Brown a fait une plaisanterie, puis hésitant a mentionné qu’il voulait continuer ce qui avait été commencé depuis 13 ans. Un peu court ! Nul besoin de préciser que la réponse n’a pas satisfait l’interrogatrice.

Deuxième évènement de la journée pour Gordon Brown, la visite d’un supermarché. Visite tranquille, humble pour le Premier ministre. Au fur et à mesure, on le voit progresser dans les rayons sans avoir de réelle discussion avec les gens. Il se contente de dire « Eh, bonjour. Content de vous voir ! » ou de demander des nouvelles des enfants des clients. Pas de discussion de fonds, pas l’ombre d’une contradiction, rien.

Gordon Brown à force d’être discret risque de disparaitre des écrans radars et ce qu’il a à dire, ne pas arriver jusqu’aux oreilles des électeurs.



« Hung Parliament », le mal absolu !
La campagne conservatrice suivait son cours tranquillement, David Cameron visitant un campus universitaire, lorsqu’une conférence de presse fut organisée en milieu d’après-midi pour traiter de la question liée à l’émergence des LibDems : le « Hung Parliament » ?

Il faut dire que le sujet est un véritable épine dans la campagne conservatrice. A nouvelle situation donc, nouvelle stratégie. En lieu et place d’une concentration des moyens dans les circonscriptions où conservateurs et libéraux-démocrates sont au coude à coude, ceux-ci sont réorientés vers celles que les Tories peuvent reprendre au Labour. Et surtout, un mot d’ordre : éviter de parler des libéraux-démocrates donc de les faire exister et d’attirer le feu médiatique sur eux. A la place, les conservateurs parlent de la nécessité d’avoir une majorité conservatrice forte et claire, seule capable de permettre un véritable changement.

Parallèlement, une stratégie de diabolisation des libéraux-démocrates est mise en œuvre. Un « Hung Parliament » causerait ainsi, selon George Osborne, Shadow Chancellor of the Exchequer (ministre fantôme de l’économie et des finances) : « Un effondrement de la Livre et une augmentation des taux d’intérêt ». En dressant un tableau noir des conséquences en cas de score élevé des LibDems, il s’agit de discréditer autant que faire se peut le perturbateur du petit ronron politique.

Nick Clegg prétend en finir avec la politique politicienne ? Les Tories précisent que l’entrée en force des libéraux-démocrates se traduira non par la fin de ces mauvaises habitudes mais par une instabilité chronique résultant de la réforme qu’ils exigent. Et d’enfoncer le clou en mentionnant que la réforme du système électoral exigé perpétuera cette instabilité au point de faire sentir sans le dire que voter LibDems c’est voter pour la fin du Royaume-Uni et le plonger dans la crise pour des années. Seule concession des conservateurs, un rééquilibrage des circonscriptions en nombre d’électeurs. Mais pas question de remettre en cause le « first past the post system », à savoir le scrutin uninominal à un tour. Peu importe qu’un tiers des électeurs ne soit pas représenté, l’introduction de la proportionnelle serait un fléau pour le gouvernement de sa Majesté. George Osborne appuie d’ailleurs sa démonstration en citant les exemples de la Belgique, de l’Italie et d’Israël dont les gouvernements sont particulièrement instables. L’illusion ne tient pas 5 minutes puisqu’un journaliste du quotidien « The Guardian », lui fait remarquer à toute fin utile que les pays en question dont l’instabilité est notoire pour d’autres raisons spécifiquement nationale et qu’un autre pays lui aussi connu pour être gouverné par des coalitions est très stable : l’Allemagne. George Osborne surpris d’être renvoyé dans les cordes aussi vite, tente une réponse en marmonnant quelque chose avant d’en revenir à l’argumentation de base et voyant qu’il ne convainquait personne d’éluder subrepticement la question.



Alors faiseurs de rois ?
Les 2 débats qui ont eu lieu montrent au moins une chose : la volonté de changement du système politique. Les conservateurs présentent un « Hung Parliament » comme la course vers l’enfer mais ne se rendent pas compte qu’une part substantielle de leurs concitoyens recherche précisément cette situation afin que les hommes politiques se parlent entre eux, changent un système politique dépassé et inefficace. En résumé, ils veulent qu’une alternative émerge au traditionnel clivage bipartisan. Cette volonté n’est pas spécifique au Royaume-Uni. On a pu l’apercevoir en France en 2007 avec le score de François Bayrou et en 2009 avec le score d’Europe-Écologie, ou encore fin 2009 lors des élections législatives allemandes. Partout, on constate une volonté des populations d’en finir avec les deux grandes forces politiques traditionnelles que sont la gauche sociale-démocrate et la droite conservatrice pour faire émerger à la place une alternative, une autre force. S’il est difficile de la décrire précisément, on peut la dégager dans les grandes lignes.

Que ce soit en France, en Allemagne ou Royaume-Uni, cette alternative est centrale, plutôt libérale économiquement (au sens classique du terme, type Adam Smith et pas néo-libérale type Hayek), très concernée par l’environnement et plaçant les droits de l’homme en général et le respect de l’humain en particulier.

Autre point commun, à l’heure actuelle, les forces composant cette alternative sont plus ou moins divisées. Le plus souvent entre 2 forces comme en Allemagne, parfois plus comme en France avec 3 à 5 forces. Mais quelque soit les cas, on retrouve 2 partis classiques, l’un représentant la tendance écologiste, l’autre la tendance libérale ou libérale-démocrate.
Le Royaume-Uni échappe de prime abord à cette tendance à la division. L’explication est en réalité très simple : c’est la conséquence du « first past the post system ». Les LibDems disposent d’une assise électorale et d’un réseau structuré hérité des libéraux, les anciens Whigs, combiné aux voix du SDP. Les écologistes britanniques ne pesant pas bien lourds, les électeurs se sont tournés vers la seule formation politique capable de faire plier les deux autres : les LibDems.

Et comment leur en vouloir ? Les libéraux-démocrates ont un programme solide, le plus complet et solide à l’heure actuelle. Pour s’en rendre compte, il suffit de prendre un domaine donné et de voir ce que les trois grands partis proposent. Tandis que les travaillistes se reposent sur leur bilan et que les conservateurs annoncent une vague orientation, les libéraux-démocrates eux, proposent non seulement une mesure mais celle-ci est chiffrée, le processus de sa mise œuvre détaillé. Autre point essentiel, leur chef politique est jeune et leur parti peu touché par le scandale des notes de frais.

Les LibDems ne pourront sauf miracle obtenir une majorité même relative à Westminster. Cependant, ils peuvent s’imposer durablement dans le paysage politique britannique en devenant incontournables. Dans l’idéal, il faudrait qu’ils arrivent en tête du vote populaire ne serait-ce que d’une souffle. En arrivant premier dans les urnes mais 3e en nombre de députés, les LibDems seraient victimes d’un déni de démocratie et nos voisins d’outre-manche volés dans leur vote. La réforme du mode de scrutin serait donc inévitable et les partis politiques traditionnels n’auront d’autre choix que de céder en instaurant une part de proportionnelle.

Plus raisonnablement, les libéraux-démocrates peuvent arriver 2e, et la situation n’être guère différente. Il faut donc prendre garde à ne pas comparer ce qui n’est pas comparable. Si les LibDems n’arriveront pas à prendre le pouvoir, ils peuvent avoir un poids suffisant pour imposer le refonte du mode de scrutin. Est-ce un signe d’espoir en une résurrection pour le MoDem ? Réponse au prochain épisode.

dimanche 25 avril 2010

Benoit XVI se lance dans le préservatif.

La Vatican, nouvel acteur du marché du préservatif ?
L'information, publiée par le Sunday Telegraph, a créé l'émoi et obligé le Foreign Office à présenter des excuses officielles au Vatican. En cause, un mémo produit d'une réunion de travail visant à faire de la prochaine venue du pape au Royaume-Uni une visite « idéale ».

Ce document de travail n'avait bien sur pas vocation à être rendu public et portait expressément la mention que certaines idées sont « tirées par les cheveux ». L'employé du Foreign office, auteur maladroit de ce document, a été muté mais la tempête fait rage et risque de causer une brouille diplomatique majeure pour la première visite d'un souverain pontife depuis 1982.


Polémique ?
Au-delà, de la polémique diplomatique, ce micro-évènement illustre d'une part la passion britannique pour les scandales mais aussi le fossé qui se creuse entre les croyants et l'institution qu'est l'Église. En France, pays laïc où le président de la République est, par tradition, chanoine d'honneur de Latran, pas sur qu'un tel document aurait été publié mais surtout il n'est pas sur que celui-ci aurait eu une quelconque conséquence. Il faut dire que la tradition anti-cléricale et la passion pour la laïcité sont une vieille habitude. Autre différence, les catholiques français et d'une manière générale, l'Église de France très marqué par le gallicanisme, sont très réformistes.


Pourquoi pas ?
Sans aller aussi loin que les idées lancées dans ce document de travail et au-delà de la doctrine catholique officielle, l'Église aurait toutefois intérêt à sortir de la crispation dans laquelle elle s'enferme depuis l'avènement de Benoit XVI. En adoptant un position réaliste sur l'usage du préservatif, l'Église moderniserait un peu son image mais surtout paraitrait plus responsable vis-à-vis du SIDA, où sa doctrine actuelle est la source de nombreux ravages de cette maladie.


Conclusion.
Suggestion surprenante de nos britanniques, cette idée n'est pas pourtant complètement dénuée de sens. La Vatican au lieu de crier au scandale diplomatique pourrait opter pour une position plus chrétienne en pardonnant et en dédramatisant cette initiative. Mais, il devrait aussi tenir en compte. Sait-on jamais, cela pourrait être une façon originale pour l'Église de communiquer.

samedi 24 avril 2010

Maux de grèves.

Faire grève a-t-il encore un sens ? La grève peut-elle être inutile ? Ces questions, beaucoup se les pose actuellement. Si, historiquement la grève a été un moyen d’action globalement efficace entre les mains des travailleurs, plusieurs d’entre elles très récentes montre que l’exercice a ses limites et que loin d’améliorer les conditions de travail, il peut tout simplement le détruire et mener à une situation plus dramatique.

Parmi elles, deux grèves qui auront des conséquences durables dans l’esprit des français mais qui s’avèrent réellement préjudiciables pour les secteurs économiques dont elles relèvent.


Mauvais tirage pour la presse.
La semaine dernière, les employés de Presstalis (ex-NMPP) ont exercé une nouvelle fois leur droit de grève en bloquant les entrepôts de leur entreprise rendant impossible la distribution des grands quotidiens nationaux.
Motif de la grève : le syndicat du livre exige la titularisation d’une dizaine de personnes employées en contrat à durée déterminée (CDD).

Rien d’extraordinaire, ce motif étant une revendication fréquente des syndicats. Là où le bât blesse, c’est que la direction avait bien précisé que ces emplois visaient à répondre à un surcroit d’activité provisoire. Si la direction de Presstalis a bien pris soin d’avertir les représentants syndicaux, c’est que l’entreprise qui dispose d’un quasi-monopole dans le domaine de la distribution de la presse est dans une situation difficile. Pour y faire face, l’entreprise s’est lancée dans un immense chantier de modernisation en investissant et en mécanisant le processus de distribution pour s’adapter aux exigences à venir avec une place croissante du numérique. Conséquence de ces investissements, l’activité a augmenté temporairement pour le mettre en place sans qu’un emploi en CDI ne soit supprimé.


Bien que le syndicat du livre connaisse pertinemment la situation de l’entreprise, il a exigé le maintien de la dizaine d’employés temporaires en question. Décision complètement démagogique dans une entreprise plus encline à licencier qu’à embaucher. Dans le même temps, les grands quotidiens nationaux sont dans une situation très difficile. Faisant face depuis plusieurs années à une érosion de leurs audiences respectives, ils accumulent pour la plupart les dettes. Tous les quotidiens doivent se moderniser et investir pour relancer leur activité. Libération, par exemple, a investit dans une nouvelle formule plus riche en contenu et a gagné environ 20% de lecteurs depuis son lancement. Dans le même temps, la publicité revient timidement après avoir déserté la presse papier.

La santé de ce secteur est plus que fragile et cette troisième grève en un mois pénalisant les quotidiens. Résultat immédiat, une perte de recettes vitales pour la presse. Résultat à long terme, une baisse de diffusion. Alors que les quotidiens font tout pour tenter de la regonfler, ces grèves pour des raisons complètement démagogiques sont littéralement en train de tuer dans l’œuf le faible reprise que certains journaux ont réussi à conquérir au prix de lourds sacrifices. A terme, ce sont donc les emplois des distributeurs donc de Presstalis qui sont directement menacés.


Une grève inutile, inefficace et contre-productive qui risque de conduire à un autre extrême. Ainsi, le gouvernement pour être tenté de déréguler complètement le secteur de la distribution de la presse. Au lieu d’avoir un monopole avec des employés au statut très protégé, on pourrait obtenir un secteur soumis à une forte concurrence avec des statuts bien moins intéressants. Pas sur que les employés du livre en sortent gagnants.



SNCF. La grève sur une voie de garage.
Près de 2 semaines de galère, voilà ce qu’ont dû endurer les usagers du rail. La faute à une grève déclenchée par deux syndicats, la CGT et Sud. Les revendications, classiques, portaient sur l’emploi et les salaires, mais aussi sur l’avenir de l’entreprise. Bien compréhensibles, elles furent à l’ordre du jour de négociations entre les syndicats et la direction de la SNCF avant la grève. Ainsi, la CFDT qui avait la première posé le préavis de grève, a renoncé après avoir obtenu des avancées lors des discussions avec la direction. La CGT et Sud se sont enfermés dans un conflit dont ils savaient que l’impact serait limité.


Et effectivement, la grève dans le ferroviaire n’a pas gêné au point de paralyser le trafic. Pas de d’effet coup de poing, plutôt un poison à diffusion lente. Surmontable au début mais dont les relents se font sentir à la longue, un mal continu, cette grève n’a abouti sur aucun rien. La grève s’essoufflant, la CGT a saisi l’occasion de discussions bilatérales avec la direction pour annoncer que la grève était finie et les revendications satisfaites. Le syndicat Sud, qui estimait les propositions faites insuffisantes, a dû suivre devant la lassitude des cheminots grévistes. La direction de la SNCF estime que sa position (ne pas négocier tant qu’il y a grève) est gagnante.
Mais en réalité, il n’y aucun gagnant et des millions de perdants. Les voyageurs d’abord, aussi bien les occasionnels, qui ont eu à subir un mouvement pour les vacances ; que les habitués, qui eux prennent le train tous les jours pour aller travailler.

Les utilisateurs comprennent les revendications des cheminots, notamment sur l’avenir de l’entreprise et plus généralement sur les considérations en termes de moyens. Mais, ce qu’ils ne comprennent pas, c’est d’une part l’absence d’unité syndicale sur le sujet.
A court terme, personne n’est donc gagnant, l’avenir est lui compromis, nombreux étant les usagers à se poser clairement la question de ne plus prendre le train.


Autre point sur lequel les usagers sont d’accord avec les grévistes : la perte de sens de la « notion » de service public. Avec une qualité de service et une souplesse d’utilisation qui diminue, des dessertes qui disparaissent, l’intérêt en tant que service public perd de précieux atouts.
Au-delà, on peut aussi demander si les syndicats qui ont appelé à la grève que sont les CGT et Sud ne sont pas irresponsables. Il est évident que le droit de grève doit être respecté. Mais, quelle crédibilité accorder à des mouvements syndicaux qui ne cessent de réclamer la réaffirmation du caractère de service public de la SNCF, ne pas le voir appliquer.

Si la notion de service public a ses avantages (c’est ceux-là que l’on regrette) comme la souplesse au niveau de la billetterie, des prix attractifs, une priorité accordée aux dessertes et à l’entretien des matériels. ; elle a aussi ses devoirs. La continuité, l’adaptabilité en sont quelques-uns.


Aussi, alors quand l’Europe a fermé son espace aérien pour éviter un drame dû à des poussières volcaniques, les différents États et leurs entreprises ferroviaires ont tout fait pour transporter les naufragés du ciel par le rail. Parmi ces pays, la France s’est particulièrement distinguée. Les trains avaient beau être déjà chargés en temps normal, ils étaient cette fois débordés. Dans ce véritable marasme, les grévistes ont poursuivi le mouvement comme si rien ne se passait, enfermés dans une attitude partisane que bien des usagers n’ont pas compris. S’il y a bien un moment, où il fallait suspendre la grève et montrer que la notion de service public plus qu'un vague principe était encore une réalité, c’était bien pendant la fermeture de l’espace aérien. A la place, on s’est retrouvé dans une situation où on avait l’impression que les cheminots grévistes ne pensaient qu’à eux et qu’ils ne parvenaient pas à sortir de leur posture idéologique.



Conclusion.
Ces deux mouvements de grève laissent penser que la grève en elle-même n’a plus forcément l’efficacité qu’elle a pu avoir. Dans le contexte actuel de crise, elle peut même être la petite poussée qui fait tomber les choses. On se demande parfois si certains syndicalistes ont réellement conscience de ce qu’ils font en détruisant le capital sympathie qu’ils ont auprès de l’opinion. L’impression qui ressort est une cristallisation dans des certitudes, une volonté étonnamment conservatrice dans un contexte qui exige réactivité et concessions. L’objectif dans bien des cas n’est plus de savoir si les uns ou les autres vont conserver leurs « privilèges » selon les uns, leurs « acquis » pour les autres mais bel et bien la santé d’entreprises qui pour certaines ne peuvent se permettre une nouvelle grève sans risquer la faillite. On pourrait aussi évoquer le cas Seafrance, mais il semble que l’éruption ait compensée le manque à gagner de la grève durant la fin de semaine pascale.

Néanmoins, la question de la responsabilité des différents acteurs (syndicats ou patronat) est désormais clairement posée.

mercredi 21 avril 2010

Le cloud computing, nouvel ami du FBI.

L’information est sortie sur le site de Wired ce mardi 20 avril 2010. Le célèbre magazine américain, spécialisé dans le domaine des nouvelles technologies, raconte comment des spammeurs se sont fait bêtement prendre.


La petite histoire.
Au cours de leurs investigations, des agents du FBI spécialisés dans la cybercriminalité soupçonnent une activité suspecte sur un compte Google docs. Il demande à Google de leur fournir les documents hébergés sur le compte suspect en question en émettant un mandat de perquisition.

Dix jours plus tard, la société californienne accède à leurs demandes.

Dans la pile de documents récupérés, les agents repèrent notamment une feuille de calcul portant le nom « Puls_weekly_Report Q-3 2008 » qui prouve que les personnes suspectées, Levis Beers et Chris de Diego, sont les gérants supposés d’une société appelée Pulse Marketing.


L’analyse du document révèle que cette entreprise a spammé 3 082 097 adresses électroniques au cours d’une fenêtre de seulement 5 heures. Une feuille de tableur dénommée « Yahoo_Hotmail_Gmail - ID » recense 8 000 comptes que les suspects auraient utilisés pour envoyer leurs spams. Ces comptes auraient été créés via Yahoo en utilisant de fausses informations ce qui constituerait une violation de la « CAN SPAM Act », une loi fédérale visant à lutter contre le courrier indésirable et instaurant un régime sévère pour les cyber-délinquants dans ce domaine.


Procédure classique. Situation nouvelle.
La loi permettait pourtant aux agents du FBI d’agir différemment. En effet, un texte de 1986, le « Stored communications Act », a instauré une présomption qui leur permettait d’accéder à ces fichiers sans avoir de mandat. Il suffisait que les agents aient des « motifs raisonnables » de penser que l’information stockée en question relevait d’une organisation criminelle ; une motivation beaucoup moins contraignante juridiquement qu’une « cause probable » exigée pour un mandat de perquisition.

Si depuis longtemps, les défenseurs des libertés fondamentales avaient souligné le risque d’atteinte à la confidentialité et à la vie privée, ils n’ont cette fois rien trouvé à y redire. Il faut dire que ce qui vient de se passer est une sorte de petite révolution. Alors même qu’ils avaient la possibilité d’obtenir les renseignements en question au travers d’un procédé peu contraignant, les agents du FBI ont préféré opter pour un mandat de perquisition en bonne et due forme ce qui rend leur action plus acceptable aux yeux du public.


Le 4e amendement.
Pour Kevin Bankston, avocat de l’Electronic Frontier Foundation (plus communément appelée EFF), une association de défense de la liberté d’expression sur Internet : « Si le mandat est valide et respecte le 4e amendement [ …] l’attitude du gouvernement dans cette affaire écarte l’une de nos principales craintes ».

Pour information, le 4e amendement à la constitution des Etats-Unis d’Amérique oblige à recourir à un mandat pour arrêter une personne ou procéder à une perquisition. En droit américain, les mandats sont délivrés par un juge, indépendant statutairement ce qui constitue une garantie pour les citoyens. Le 4e amendement fait partie de la Déclaration des droits (Bill of rights) rédigée en 1791, que l’on pourrait comparer à notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Il dispose : « Il ne sera pas porté atteinte au droit des citoyens d'être exempts de toute perquisition ou saisie déraisonnable concernant leur personne, leur domicile, les documents et biens leur appartenant ; aucun mandat de perquisition ne pourra être délivré s'il ne se fonde sur des motifs plausibles, s'il ne s'appuie sur des déclarations ou des affirmations sous serment et s'il ne mentionne de façon détaillée les lieux qui doivent faire l'objet de la perquisition et les personnes ou objets dont il faut s'assurer. »


Le cloud computing fait le bonheur du FBI.
« Plus c’est technique, plus il est facile pour eux de tout contrôler » disait un des personnages dans le film « Ennemi d’État ». La réalité confirme ces propos. Si cette affaire a été résolue si rapidement, c’est en effet grâce au cloud computing ou informatique dématérialisée. Cette technologie qui vise à remplacer les ordinateurs par de simples terminaux techniques, toute l’infrastructure matérielle étant concentrée dans des centres de serveurs ce qui permet de se passer de la contrainte matérielle tout en pouvant accéder depuis n’importe quel endroit à ses fichiers. Mais comme toute situation a ses avantages et ses inconvénients, les utilisateurs n’ont plus un contrôle total sur leurs données et dépendent des serveurs de la société qui leur fourni le service de cloud computing.

Pour les agents du FBI, cette évolution rend les choses beaucoup plus simples que si les données étaient stockées sur un disque dur puisqu’au lieu d’avoir à délivrer un mandat contre des personnes physiques pour saisir leurs ordinateurs ou créer une image de leurs disques durs avant de laisser aux suspects une copie du mandat de perquisition et un inventaire des biens saisis, ils n’ont eu qu’à émettre un mandat à l’encontre de la société hébergeant les services pour se voir transmettre les fichiers en question.


Problème : l’absence de notification de la perquisition.
En l’espèce, le mandat sous scellé a été présenté poliment à Google sans qu’un agent du FBI ait à sortir son arme. Plus important, le gouvernement américain n’a pas eu l’obligation de présenter le mandat aux suspects dans l’affaire, ici Beers et de Diego, tant qu’aucune incrimination criminelle n’était émise à leur encontre. Beers confirme en effet n’avoir pas été notifié de cette perquisition depuis que Google a remis les fichiers au FBI : « Je n’ai pas reçu de notification de Google ou du gouvernement » écrit-il à Wired. Dans l’affaire en question, ce sont près de 8 mois qui se sont écoulés entre la perquisition des fichiers en question et l’arrestation de leurs auteurs.

Orin Kerr, professeur de droit à l’université Georges Washington explique : « La situation peut être délicate si ce n’est pas un lieu physique ». En effet, comme dit plus haut, en cas de perquisition, le perquisitionné doit être notifié et un inventaire des biens saisis doit lui être adressé. Or, en l’espèce, il n’y a pas eu de reçu ce qui pose un problème au niveau du principe d’égalité des armes. Orin Kerr préconise l’envoi d’un courriel au saisi qui ferait alors office de reçu pour la perquisition : « Vous pouvez imaginer une loi qui oblige le gouvernement à envoyer un courriel sur le compte ».

La société Google indique pour sa part avoir comme politique d’informer régulièrement ses utilisateurs : « À l'heure actuelle, si cela ne compromet pas l'enquête ... et que c’est autorisé par la loi, nous travaillons pour informer l'utilisateur avant de retourner tous les renseignements demandés», affirme le porte-parole Brian Richardson. « Cela permettra à l'utilisateur de contester la demande en justice. ». Les bureaux du procureur du Colorado ont rendu l’information publique après avoir tenté sans succès d’accéder aux comptes Yahoo utilisés dans le cadre de cette opération de spamming précise Jeffrey Dorschner, porte-parole du bureau du procureur de Denver.


Conclusion.
Ce mandat de perquisition constitue une première et illustre l’évolution du droit dans le domaine cybernétique. Ainsi, dans les années à venir, la délinquance dite traditionnelle a tendance à décroitre pour les années à venir et est progressivement remplacée par la délinquance cybernétique.

mardi 20 avril 2010

Florence Cassez. Un nouvel espoir.

Un rayon d'espoir vient maintenant éclairer la cellule de Florence Cassez. La française accusée d'enlèvements et condamnée en première instance à 96 ans de prison (peine qui a été ramenée à 60 ans en appel) et qui clame depuis son innocence vient en effet de recevoir une belle bouffée d'air frais de la part de la justice mexicaine. Cette dernière vient en effet de reconnaitre que la police mexicaine avait menti en faisant croire à la presse que l'interpellation s'était déroulée en direct.

Le commandant de la police de Mexico de l'époque et actuel ministre de la Sécurité publique Genaro Garcia Luna avait d'ailleurs reconnu du bout des lèvres que cette interpellation était une « reconstitution ». Mais cet aveu n'avait pas suffit à la faire innocenter, la justice mexicaine condamnant la française dont le dossier est complètement vide, à quelques jours d'une visite officielle de Nicolas Sarkozy dans le pays et tandis qu'une issue négociée devait être trouvée entre les deux pays.


Une possible révision ?
Ses avocats envisagent de formuler une demande de révision devant la Cour suprême du Mexique. En effet, cet élément établissant de façon évidente une faute substantielle de la police mexicaine n'avait pas été pris en compte au cours de la procédure d'appel. Ce détail violerait le principe d'un procès équitable fondamental en droit et reconnu par le droit mexicain et la Cour interaméricaine des droits de l'homme.

Sans ré-expliquer toute l'affaire, on se rappellera que l'affaire toute entière est basé sur le flagrant délit présenté devant les médias. Pour aller à l'essentiel, la police mexicaine a menti sur les conditions de l'arrestation de la française, impossible de prouver le flagrant délit. Et cela change tout, absolument tout car tout le dossier est basé sur ce flagrant délit. Ajoutons que suivant les conditions de l'arrestation, la procédure n'est pas du tout la même. Et encore aurait-il fallu qu'elle soit respectée ce qui n'est pas le cas ici. Ainsi, en cas de flagrant délit, le droit mexicain exige une présentation devant un juge dans les 24h ce qui n'a pas été le cas, Florence Cassez ayant été immédiatement placée en détention provisoire.

Dans de telles conditions, la décision de la justice mexicaine ruine un dossier déjà bien fragile.


Conclusion.
Bien que l'avenir de Florence Cassez ne soit pas complètement dégagé, il vient de s'éclaircir considérablement. En reconnaissant le mensonge de la police, la justice mexicaine supprime l'élément principal constituant le dossier, le flagrant délit. Dans un dossier déjà bien vide, une révision est la suite logique. L'acquittement de Florence Cassez
étant l'étape suivante. Dans le même temps, cela offre une porte de sortie au président Felipe Calderón qui ne voulait pas user de son pouvoir de grâce ce qui aurait ruiné l'une des seules condamnations en matière d'enlèvements, un fléau au Mexique. La route est donc encore longue mais le bout du tunnel est proche.

lundi 19 avril 2010

Faire passer la pilule.

Dans son billet du jour, David Guillerm, vice-président des Jeunes démocrates de Bretagne et également blogueur à ses heures perdues (le sont-elles vraiment d’ailleurs ?), me demande mon avis sur la dernière campagne de communication du ministère de la Santé en matière de contraception. Celle-ci a commencé, il y a quelques semaines par une première vague de diffusion de spots à la télévision (souvent sur les chaines du satellite, de la TNT et du câble) et à la radio. Il semble qu’une seconde vague débarque donc en ce moment.


Différents avis, une même analyse.
Olympe, blogueuse à l’origine de cette « chaine », trouve le concept original et convaincant. L’hérétique, à qui elle demande son avis, trouve que les spots font mouche mais donne une vision assez moralisatrice tout en utilisant un langage vulgaire.
David a une opinion plus nuancée. Rappelant que la question de la contraception est l’affaire de chacun des partenaires et doit donc être envisagée de manière générale, il trouve que la question est plus celle de l’éducation et de la responsabilisation. Il estime cependant le message suffisamment clair.

Pour ma part, la lecture de ces différents billets, me laisse la même impression. A leur lecture, on sent que mes homologues sont tous du même avis avec des nuances plus ou moins subtiles. Ils donnent dans le même veine, la même dominante et envisage la contraception d’un seul point de vue : l’aspect technique. Difficile de leur en vouloir, le ministère prenant lui-même le parti d’aborder la question de la contraception de ce point de vue, en fonction des différentes solutions « techniques » existantes. Cette dynamique transparait d’ailleurs clairement dans l’image choisie par mon confrère breton pour illustrer son papier. Elle se résume en une série de pictogrammes accompagnée des termes relevant les différents modes de contraception.
C’est tout. Considérer la contraception uniquement comme un aspect technique, une modalité relevant d’une notice d’utilisation, voilà qui semble un peu réducteur. Je mets d'ailleurs au défi de trouver un mode d'emploi universel sur le sujet quiconque ! C'est tout bonnement impossible car il y en a autant de personnes.



Une efficacité relative.
Si le gouvernement a décidé de relancer une nouvelle campagne de contraception, c’est parce qu’en France, le nombre d’avortement est toujours considérable. Depuis les lois Neuwirth et Veil (réflexe de juriste : toujours citer les dispositions légales ;-) ) légalisant respectivement la contraception orale (en clair la pilule) et l’avortement ; les choses ont peu évolué. Les françaises recourent toujours massivement à l’avortement alors même qu’elles disposent d’une palette de contraceptifs de plus en plus large et adaptée à leurs besoins. Premier public touché donc : les jeunes. Cela explique la campagne ministérielle, mais pas seulement. Le problème est en réalité plus général puisque tous les publics sont touchés. Mais, revenons-en au sujet, à savoir la campagne ministérielle sur la contraception. La question qui se pose lorsque l’on regarde ces spots et que l’on étudie un peu le message est : est-ce efficace ?

Je l’ai mentionné plus haut, Olympe, l’hérétique et David Guillerm semblent penser que oui.
Pour ma part, je considère au contraire que l’impact de cette nouvelle campagne sera limité et qu’il faut repenser le message uniquement focalisé sur la « technique » contraceptive pour lui conférer un réel impact.


Repenser le message.
Changer de méthode de communication s’impose pour une raison bien simple : la sexualité, ce n’est pas que de la technique. En abordant sous un jour certes humoristique mais centré sur les aspects matériels de la contraception, sur les moyens, on en oublie le message. La communication actuelle autour de la contraception est froide, distante et offre une vision un peu irréelle de la sexualité. Si on veut faire passer de la cible (donc des jeunes), d'excellents techniciens, c’est la bonne méthode. Mais, l’effet ne sera pas pour autant garanti. Si, au contraire, on veut les éduquer et en faire des adultes responsables, conscients de la réalité, de ses conséquences et des risques liés à certains comportements, il faut aborder le sujet sous un angle différent. La plupart des jeunes connaissent les grandes techniques de contraception et savent aussi que ce ne sont pas les seules. La question n’est donc pas là.

Le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas a-t-on l'habitude de dire. Aussi, le message concernant la contraception, qui oublie complètement l’aspect émotionnelle, doit être repensé autour des notions d’amour, de désir et de plaisir qui sont au cœur de la sexualité. L’adolescence et même les premiers pas dans la vie d’adulte sont l’occasion de rencontres multiples, d’instants fugaces où les émotions, le ressenti instantané prime largement sur la réflexion et les considérations techniques. Dans le message diffusé, aucun de ses aspects n’est traité, abordé. L’intégration de cet aspect dans le message de prévention est certes difficile à mettre en œuvre, mais c'est indispensable. A trop vouloir aller à l’essentiel, on en oublie tout ce qui est intéressant, tous les aspects positifs qui expliquent la sexualité.


Conclusion.
Il est bien sur nécessaire de savoir comment faire ou quel moyen de contraception utiliser mais il faut intégrer ce message dans une approche plus humaine, plus générale de la sexualité. La sexualité est faite d’une part de technique mais surtout d’émotions. En omettant cet aspect, en cherchant à créer un choc, on s’enferme dans une approche sans pour autant parvenir au but désiré.

samedi 17 avril 2010

Une action trop loin ?

La satire peut-elle tout justifier ?

La question peut se poser. Cette semaine, la fine équipe de l'émission satirique action discrète a encore une fois fait un gros coup. Après avoir piégé l'équipe de France de football, s'être fait passé pour de faux flics proposant aux habitants de Calais d'adopter des clandestins ou encore avoir lancé une chasse à l'auvergnat en plein Paris suite aux propos polémiques de Brice Hortefeux, l'équipe d'Action discrète s'est de nouveau frotté à un problème épineux : la gestion des « supporters du PSG » par les pouvoirs publics.


L'action ... discrète !
Dans leur vidéo du 17 avril, ceux-ci se font passer pour des « supporters du PSG »désirant assister à la demi-finale de Coupe de France à Caen contre Quevilly. L'émission détaille par le menu, tout ce qui a été entrepris pour assister au match.
Achat des billets sur Ebay pour contrer l'obligation faite par les pouvoirs publics aux supporters parisiens de s'en procurer.
Tentative « d'arrangement » avec le conducteur d'un bus pour se rendre à Caen depuis la région parisienne.
Déguisements en supporters de Quevilly pour passer les barrages policiers.
Modification d'une voiture immatriculé dans la Seine Saint-Denis avec des autocollants pour montrer leur amour des vaches normandes. Sans oublier, last but not least, le transport sur la lunette arrière de tous les produits emblématiques de la Normandie : du camenbert et des pommes entre autres.

Enfin, ceux-ci se rendent au stade où ils rentrent sans problème sous leur déguisement, avant le moment venu de les enlever et d'arborer fièrement leur panoplie de « supporters » parisiens. Ce n'est que sous les cris injurieux et sur injonction d'un stadier qu'ils quittent l'enceinte sportive sans avoir créé le moindre incident.

L'émission se termine alors sur une conférence de presse de Brice Hortefeux qui déclare :
« Quatre comédiens voulaient tester notre dispositif pour l'émission Action directe de Canal+.» avant de poursuivre, l'entre-deux ayant été coupé au montage « Je les remercie de cette initiative qui a permis de démontrer la parfaite efficacité de ce que nous avons décidé ».


Quelques remarques.
Suite à la diffusion de cette émission, plusieurs aspects méritent d'être précisés.
L'émission réalisé en caméra cachée verse sans problème dans le côté satirique, dans le plus pur esprit de la chaîne cryptée. Lorsque l'on est devant l'émission, c'est drôle et amusant. Mais dès que l'on prend un peu de recul, on voit clairement que pour réaliser cette émission, les auteurs se situent à la limite de la légalité, voir n'hésite pas à franchit légèrement la ligne jaune.

La satire justifie-t-elle que l'on aille aussi loin ?
Je ne le pense pas. Si l'on peut être d'accord pour grimer les mauvais penchants d'un pouvoir, pour démontrer grâce à un travail d'investigation que le gouvernement ne fait pas son boulot, il y a des limites à s'imposer. Cette émission a un effet positif car elle montre les failles, ce qui permet ensuite de les corriger. Toutefois, elle a aussi des effets négatifs non négligeables. Pas tellement pour les tentatives de contourner les contrôles, ce qui pourrait être le fait de toute personne ayant la ferme intention de le faire, mais plutôt pour la décridibilisation, l'atténuation de la réalité. A terme, on pourrait en venir à considérer que tout ce qui est fait n'est pas sérieux alors que les sujets abordés et les actions entreprises par ce collectif le sont réellement. En effet, ainsi que j'ai pu l'écrire plus haut, on flirte avec la légalité voir on l'empiète légèrement. Or, si une quelconque personne se met à vouloir faire la même chose, la situation peut rapidement empirer. Lors de leur opération dans Calais, l'équipe s'est ainsi faite embarquer par la vraie police appelé par des habitants de la ville intrigué par leur étrange manège et n'a dû son salut pour l'essentiel par leur statut de comédiens exerçant une chaîne nationale.


Conclusion.
On peut rire de tout ou presque mais pas n'importe comment. Tout a ses limites !

vendredi 16 avril 2010

Le feu d'artifice démocrate continue !

Après la défaite des régionales, nombreux étaient les observateurs à prédire une nouvelle hémorragie au sein de la base militante du Mouvement démocrate. L'évènement, en soi, n'a rien de spécial. Les lendemains de défaite étant pour tout parti politique, source de désillusions pour les militants et donc de départs. Ce qui est plus surprenant, c'est l'ampleur du mouvement actuel.



Une semaine... mouvementée.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation actuelle au Mouvement démocrate est mouvementée. Dans l'idéal, les mouvements auraient dû provenir d'un surcroit de d'activité, conséquence de décisions difficiles mais nécessaires que le Conseil national du 27 Mars aurait adopté pour enclencher un processus de reconstruction.

Dans la pratique, la direction s'est encore un peu plus coupée de la base militante voir dans de nombreux cas des cadres, relais essentiel au niveau local de l'action nationale.


Ainsi, en moins d'une semaine, on a pu assister à :
- la démission du bureau exécutif et de la présidence du MoDem du Jura, dont la conseillère nationale Christiane Mouette ;

- la démission d'Emmanuel Riehl, maire d'Absreshviller, vice-président du MoDem de Moselle ;

- la démission en bloc de la quasi-totalité des membres du MoDem Allemagne et de sa présidence suite à la « démission » d'office de Florian Chiron, désormais ex-président du MoDem Alllemagne.
Évènement qui aura très certainement des conséquences importantes au niveau du Mouvement démocrate des français de l'étranger ainsi que je l'avais précisé, il y a quelques jours dans un article intitulé
« Le MoDem Allemagne se fait la malle ».


La trame se déchire.
On savait déjà le tissu militant mis à mal suite aux différentes vagues de démission créant une véritable hémorragie dans les rangs oranges. Toutefois, certaines zones semblaient relativement épargnées car tenues par les
« barons » de l'UDF. Il faut désormais se rendre à l'évidence, plus un territoire n'échappe à cette nouvelle hémorragie militante.

Derniers épisodes en date, la démission en bloc de 120 adhérents de la fédération du Rhône. Non, non, vous ne rêvez pas. Dans une terre historiquement favorable aux centristes, terre d'élection d'Anne-Marie Comparini et de Michel Mercier, 120 personnes ont rendu leur tablier ce jeudi 15 avril 2010 dans une lettre ouverte signé par Richard Morales, désormais ex vice-président de la fédération démocrate du Rhône.

Autre territoire gravement touché : les Hauts-de-Seine. Tout aussi favorable pour les centristes, département d'élection entre autre de Bernard Lehideux et de Denis Badré, le mouvement local n'en finit plus d'agoniser.

Suite à la démission collective de la présidence Dupin, peu avant les régionales, la situation n'était déjà pas brillante. Mais l'Assemblée générale du mardi 13 avril 2010 en a de nouveau apporté la preuve. Peu mobilisatrice, cette assemblée générale s'est déroulée dans un climat électrique, les décisions consistant principalement en des nominations sans consulter la base militante. Signe que les choses ne sont pas prêtes de s'arranger, cette fédération, qui était il n'y a pas si longtemps, l'une des plus importantes de France pour notre mouvement, doit désormais faire face à une couverture territoriale militante dramatiquement faible. Nombre de zones n'étant pas couverte par des sections ayant démissionné en bloc.


Conclusion.
La situation est plus que préoccupante. En moins d'une semaine, ce sont environ 300 à 400 militants qui ont quitté le navire, las de l'absence de décisions fortes et courageuses pour tenter de redresser la barre. Au-delà du simple constat, c'est bien la responsabilité de la direction nationale du MoDem qui est mise en cause, celle-ci n'ayant pas fait les choix qui s'imposaient. S'abritant derrière une unanimité de façade, celle-ci tente de faire croire que tout va bien. La réalité s'avère bien plus crue que cela.

Une anecdote parmi d'autres illustre le fossé qui se creuse entre une direction qui apparait claquemurée dans ses certitudes et une base à qui, il ne reste plus que la démission pour montrer son mécontentement.

Ainsi, lors du Conseil national du 27 mars, lorsque Rémy Daillet-Wiedemann décide de quitter la salle de réunion, il est raccompagné par plusieurs personnes dont on saura par la suite qu'elles ne sont même pas membres du Conseil national. Premier geste de ces personnes raccompagnant l'effronté : se bousculer pour parler à la presse. Tandis qu'on leur demande si cela n'est pas un signe de la mauvaise santé du MoDem, ceux-ci répondent :
« Tout va bien ! Le parti va bien. ». De toute évidence, quand une personne est raccompagnée par une dizaine d'autres pour quitter une réunion, les choses ne vont pas au mieux.

On pourrait comparer la situation actuelle à un voiture qui ayant foncé dans un mur dans l'espoir de l'abattre et n'y ayant pas réussi, recule pour mieux foncer sans plus de succès.

Une question se pose dès lors : quand prendra-t-on conscience de la réalité de la situation ?

jeudi 15 avril 2010

Sale temps pour les élus absentéistes.

Le pas est modeste mais il est néanmoins à saluer. Ce jeudi, le Conseil régional d'Ile de France a adopté un nouvel article modifiant son règlement intérieur. Cette disposition instaure des sanctions financières pour les élus qui auraient la mauvaise idée de sécher les sessions du Conseil régional ou de la commission permanente.


Les absents touchés au portefeuille.
Les absentéistes verront leurs indemnités amputées de 30% pour 40 à 60% d'absences non justifiées au cours d'un semestre. Quant à ceux pour qui cette mauvaise habitude tourne au vice avec un taux d'absentéisme supérieur à 60%, un abattement de 50% sera appliquée.
La vice-présidente à l'administration générale Michèle Sabban (auparavant vice-présidente à l'environnement sous la mandature 2004-2010) précise : "la sanction financière est la mieux adaptée pour lutter contre l'absentéisme" et cette décision est de nature à "dynamiser l'action du conseil régional ". Clairement visés, des conseillers régionaux peu présents comme Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et Nathalie Kosiuskio-Morizet, cités comme contre-exemples par Michèle Sabban.


Un mieux pour la vie publique.
L'initiative des élus franciliens n'est pas une première, les élus de la région Midi-Pyrénées ayant déjà adopté un processus similaire. Mais cette fois, appliqué à la plus grande et la plus riche région de France, cela prend une tout autre dimension et est un coup indirect porté au cumul des mandats. On constate en effet que la plupart des absentéistes rentrent dans la catégorie des cumulards dont le France est une championne toute catégorie.
L'adoption de cette mesure intervient surtout dans un contexte assez particulier. On se souvient en effet, que le ministre de la Défense, Hervé Morin, qui est aussi maire, président d'unee communauté de communes et conseiller régional de Haute-Normandie avait ouvertement annoncé son intention de ne pas siéger au Conseil régional où il venait tout juste de se faire élire. Ces propos avaient alors scandalisés nombre de personnes et mis dans l'embarras, la tête de liste UMP locale qui n'était autre que son collègue au gouvernement, Bruno Lemaire.
L'adoption de cette disposition et la ferme intention des élus franciliens à l'appliquer sont donc le signe d'une bonne santé de notre démocratie.


Conclusion.
La mesure est un pas en avant, certes modeste mais néanmoins salutaire. Bien sur, cela ne changera pas la face de la vie politique à jamais, mais il faut la prendre pour ce qu'elle est, à savoir le signe d'un changement des mentalités parmi une partie de la classe politique. A peine élu, Nicolas Sarkozy avait triplé son salaire pour le rendre supérieur à celui de son Premier ministre, François Fillon et avait vanté les mérites du cumul des mandats. A peine élus, les conseillers régionaux d'Ile de France se sont décidés à perdre des mesures drastiques contre l'absentéisme des élus au Conseil régional en les frappant là où ça fait mal : au portefeuille.

On imagine les conséquences de la mise en vigueur d'une telle mesure. Difficile pour un Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP de donner des leçons au PS s'il se voit sanctionné pour ne pas avoir fait son boulot d'élu de la République. On peut donc, quoique l'on pense de la majorité au conseil régional d'Ile de France, souligner le sens moral des élus qui pour une fois ont pris une décision nécessaire. Seules, de telle attitudes sont à même de restaurer la confiance des français dans la politique.

mardi 13 avril 2010

Le MoDem Allemagne se fait la malle.


Voici une mauvaise nouvelle qui ne va pas plaire à François Bayrou. Le Mouvement démocrate Allemagne a décidé dans sa grande majorité de démissionner du MoDem. L’information est sortie lundi soir par un communiqué de presse que l’on peut retrouver sur les blogs de Florian Chiron et de Bruno Pludermarcher, désormais ex-président et ex vice-président du MoDem Allemagne.

Le communiqué.
Tirant les conséquences du résultat des élections régionales, de la « démission » à peine forcée de son président Florian Chiron du Conseil national et du MoDem, on peut ainsi lire :

« Constatant l’incapacité des dirigeants de notre parti à se remettre en cause, et prenant acte des méthodes douteuses employées pour écarter d’éventuels opposants, la Présidence Collégiale du MoDem Allemagne a décidé de prendre ses responsabilités et de quitter le Mouvement Démocrate. »

Viennent ensuite les chiffres qui permettent de mesurer l’ampleur du phénomène. On savait déjà que le MDFE (Mouvement démocrate des français de l’étranger) avait vu ses effectifs entre 2007 et 2010 divisés par 6. On sait maintenant que parmi les restants partent :
- 18 membres sur 20 du Conseil fédéral du MoDem Allemagne ;
- sur 120 adhérents fin 2008, 7 seulement restent, ce qui fait 113 départs ;
- la présidence collégiale dans sa totalité.
Traduction, le MoDem Allemagne devient une coquille vide.

Dans ce communiqué, les intéressés affirment toutefois ne pas renoncer aux idées ayant présidé à la création du Mouvement démocrate et ont d’ores et déjà créé une association baptisée : « Démocrates en Allemagne » pour soutenir un projet écolo-démocrate.


Les conséquences.
Il fallait s’y attendre ! En acceptant la démission jamais prononcée de Florian Chiron, président du MoDem Allemagne ce qui le suspendait de facto, en l’empêchant de participer au Conseil national du 27 mars dernier, la direction nationale se doutait bien qu’il y aurait des conséquences, mais se doutait-elle de leur ampleur ?

La désormais ex-section allemande du MoDem était très soudée, les décisions étant prises en consultant régulièrement les membres. Aussi, le message envoyé aux membres du MoDem Allemagne par la présidence collégiale après les régionales et faisant part des doutes concernant l’avenir politique du MoDem était un acte de transparence vis-à-vis des militants locaux. De tels messages, la plupart des adhérents en ont reçu, et ce quelque soit leur section. Parfois même, ceux-ci émanaient de membres du Bureau exécutif. Leurs auteurs ont-ils pour autant été considéré comme démissionnaires ? Nullement ! Ce communiqué n’est que la traduction d’un malaise que la direction du MoDem reconnaît mais dont elle ne veut pas admettre les réelles causes dont la principale : l’échec de la stratégie de François Bayrou lors de ces régionales.


Et après ?
Après la publication de ce communiqué de la part de nos amis germains, quelles seront les réactions ? Pour le moment, celles-ci sont peu nombreuses, ce qui est bien compréhensible, le communiqué étant tout frais. Reste maintenant à savoir si cet évènement fera tâche d’huile et touchera les autres branches du MDFE. Et c’est là que les choses se compliquent, car il faut attendre le résultat des consultations lancées ici et là sur le sujet suite aux régionales. Selon certains, une majorité envisagerait de quitter le MoDem et seuls quelques mouvements envisageraient de rester pour des raisons locales. La décision des désormais anciens membres du MoDem Allemagne est donc loin d’être un cas isolé. La décision du « siège » de « démissionner » quelques personnes a donc déclenché une réaction en chaine dont on ne connaît pour le moment l’étendue.

On peut néanmoins noter un socle commun au sein de cette nouvelle vague de démission. En premier lieu, ce ne sont pas les valeurs qui sont remises en cause mais la gestion du mouvement, ce que l’on pourrait appeler la démocratie interne.
Ensuite, le processus décisionnel est vertement critiqué, surtout au niveau des grandes orientations.
Enfin, les démissionnaires ne rejoignent aucun parti mais se tournent la plupart du temps vers le milieu associatif pour faire perdurer leur engagement. Cela tranche donc avec d'autres vagues où nombre de partants allaient à la soupe.



Conclusion.
Il s’agit là d’un signe majeur que François Bayrou et la direction du MoDem feraient bien de ne pas ignorer. Cette nouvelle doit provoquer un électrochoc et sonner le glas d’un assouplissement des positions de François Bayrou. En effet, avec la modification constitutionnelle de 2008, les français de l’étranger, c’est 12 sièges de sénateurs et 11 sièges de députés soit un poids électoral conséquent mais aussi et surtout du temps de parole pour transmettre son message. Un avantage lorsque l’on dispose d’un nombre réduit de parlementaires comme c’est le cas du Mouvement démocrate actuellement.

Cela illustre aussi l’incompréhension de la base par rapport aux décisions du sommet. Le lendemain des élections européennes avait déjà mis en lumière cet aspect et acté des décisions pour y remédier. Sans succès donc ! Il est plus que temps d'en tirer les leçons et de regarder la réalité en face pour réellement rebondir.