Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

lundi 31 mai 2010

Allez-vous quitter Facebook aujourd'hui ?

Aujourd'hui, comme chaque année depuis 1998, est organisé la journée mondiale de lutte contre le tabac. Toutefois, c'est un autre évènement qui focalise l'attention médiatique depuis quelques temps. En ce lundi 31 mai 2010 est organisée, la « 1ière journée mondiale pour quitter Facebook » ou selon la formulation d'origine : the « Quit Facebook day ».


Pourquoi ?
Pour les initiateurs de cette journée, deux habitants de Toronto, il faut quitter Facebook car le contrôle sur les données privées est bien trop faible mais surtout les paramètres de contrôle proposés par le réseau social ne permettent pas un réel contrôle des données privées. Sur le modèle du Téléthon, ils ambitonnent d'accumuler un maximum de promesses de quitter Facebook afin de faire prendre conscience aux gens de la vulnérabilité des données qu'ils mettent en ligne mais aussi pour que Facebook revoit sa politique.


Les réactions.

Que fait Facebook ?
Si la critique contre la diffusion des données privées n'est pas nouvelle, celle-ci a pris une certaine ampleur depuis quelques mois contre Facebook. A l'origine de la contestation, la volonté de la société de permettre une diffusion plus simple des données mises en ligne par les membres du réseau. L'objectif officiel est de permettre une meilleure interaction entre le réseau et des sites partenaires. Officieusement, personne n'est dupe, il s'agit pour Facebook de commercialiser plus ou moins directement les données personnelles mises en ligne par les membres du réseau à des sociétés tierces qui pourraient en tirer profit.

Malgré des tentatives afin de permettre aux utilisateurs de pouvoir mieux contrôler l'étendue de ce qu'ils diffusent, il reste très difficile de restreindre la diffusion des données personnelles publiées sur Facebook puisque les options par défaut rendent publiques la plupart d'entre elles. Et à chaque changement des règles régissant le réseau, les paramètres de base augmente la publicité. D'où la grogne.


La révolte gronde.
Les utilisateurs tentent donc de faire fléchir Facebook en se regroupant pour obtenir plus de contrôles sur leurs données personnelles ou plus simplement pour quitter le réseau. Ces initiatives sont de plus en plus souvent reliés par la presse qui se fait aussi régulièrement l'écho des dérives occassionnées par la diffusion de données sur Facebook. Un exemple parmi d'autres : une québécoise a vu ses allocations maladies supprimées suite à la publication d'une photo sur le réseau social. Son assureur n'a pas apprécié de voir une photo d'elle à une fête alors qu'elle était en arrêt maladie pour dépression.

Récemment toutefois, les choses sont passées à la vitesse supérieure, puisque le célèbre magazine américain « Wired » a pris position dans un article de son édition de mai 2010 en plaidant pour une alternative à Facebook basée sur les logiciels libres. L'article en question est d'ailleurs cité par les initiateurs du « Quit Facebook day ».


Quitter Facebook ? Pas si facile.
Si s'inscrire sur Facebook est, on ne peut plus simple, quitter le réseau est en revanche bien plus compliqué. En théorie, il suffit de cliquer sur un bouton. En pratique, il faut 2 à 3 confirmations où l'on vous demande à chaque fois de confirmer votre volonté de quitter Facebook et où l'on vous donne moults raisons de vous faire revenir sur votre décision. Ensuite, il faut que vous vous ne vous connectiez pas pendant deux semaines pour que votre sortie du réseau soit définitive.


Toutefois, même parti de Facebook, toutes les données vous concernant n'ont pas disparu. Si vos contacts ont par exemple publié une photo de vous, la photo reste sur le réseau tant qu'ils ne l'ont pas quitté. Tous les liens et autres « tags » restent aussi. Tout ne disparait donc pas, loin de là !


Facebook, le vrai problème ?
Dans sa chronique « Le bruit du Net » du jour sur France Info, David Abiker revient sur ce « Quit Facebook day ». La chronique rappelle qu'en réalité dès que quelque chose est publié sur Internet, l'on perd presque instantanément le contrôle ce qui est vrai. Dès qu'une chose est publiée, elle est rapidement référencée par les moteurs de recherche comme Google qui garde en mémoire cache, une « photographie » du site lors de son référencement. Ainsi, on peut facilement savoir quand une chose a été publiée et même voir ce qui a été publié puis promptement déplié pour corriger une erreur de manipulation. Nombreux furent les sites victimes de cette réalité, qui n'épargne personne.


On pourra citer la publication récente par erreur du taux de chômage de l'Espagne par l'office des statistiques du pays alors que les documents de rapport ne devaient être publié qu'en interne. Bien supprimé presque immédiatement, l'information s'est diffusée comme une trainée de poudre, ce qui a entrainé la remise en ligne de la page en question.


Responsabiliser l'utilisateur.
Cette anecdote comme une autre montre en réalité que le contrôle doit se faire à deux niveaux. A posteriori au niveau de la publication, mais aussi et surtout a priori au niveau des utilisateurs.
En effet, ceux qui mettent en ligne les données personnelles ne sont pas les réseaux sociaux mais bel et bien les utilisateurs souvent bien imprudents. En mettant en ligne des photos de beuverie ou de fêtes, les personnes doivent s'attendre à ce qu'elles soient vues. Non seulement, la plupart des utilisateurs le savent mais c'est justement pour cela qu'ils mettent ces photos en ligne espérant susciter des commentaires potaches du type « lol », « mdr » ou « Mazette, tu étais bien bourrée à cette soirée ».

Il est facile de réagir après, mais le meilleur moyen d'éviter les maladresses ou la diffusion de données personnelles reste encore de ne pas les diffuser du tout. On m'a souvent reproché en tant que blogueur ou tout simplement internaute de ne pas diffuser mon nom, ma photo ou de quelconques données personnelles. La raison est en bien simple : il s'agit de protéger ma vie privée. On ne peut reprocher à des tiers d'intrusion dans sa vie privée quand on l'expose soit-même aux sus et aux vues de tous.

En ce sens, la proposition du sénateur Jean-Louis Masson vient non seulement à l'encontre de la liberté d'expression mais aussi à celle de la protection de la vie privée des internautes.


La société du fichage.
Ensuite, derrière ce problème lié aux réseaux sociaux s'en cache en réalité un autre bien plus important : le fichage généralisé. C'est ce point que soulève Christophe Ginisty dans son article du jour consacré au « Quit Facebook day ». Le fait est que nous sommes systématiquement fiché dans la plupart de nos actes du quotidien. Mon confrère prend l'exemple de cartes de fidélité des grandes surfaces mais ce n'est qu'une partie du problème. Tout dans nos actes du quotidien est enregistré et soigneusement mis en fiche.

Prenons par exemple, une journée banale. Le matin, vous vous levez. Vous allumez probablement la radio ou la télévision ou Internet pour voir vos mails. Immédiatement, on sait que vous avez regardé tel programme, que vous vous êtes connecté à telle heure et que vous avez consulté tel site. Pour votre petit-déjeuner, on saura dans le détail ce que vous avez mangé si vous avez une carte de fidélité, où vous allez faire vos courses si vous payez par carte bancaire ou même par chèque. Payer en liquide n'est pas tellement plus anonyme puisque la plupart des gens retirent de l'argent près de l'endroit où ils achètent ce dont ils ont besoin. Au besoin, on pourra vous géolocaliser grâce au signal émis par votre téléphone portable. Lorsque vous prendrez les transports en commun, on saura où vous êtes monté, à quel heure, pendant combien de temps vous avez pris les transports, quelle ligne vous avez utilisé ou même votre trajet précis.


Conclusion.
On pourrait multiplier les exemples du quotidien mais l'on voit bien que le problème réside plus dans ce que l'on appelle « société du fichage » et ne peut être réduit à Facebook ou aux réseaux sociaux. Les alternatives existent déjà d'ailleurs. Nos voisins allemands, chez qui Facebook n'a jamais pris, ont développé un système concurrent. Il faut dire que le poids de l'histoire pèse beaucoup dans les esprits. Les allemands se rappelant qu'il n'y a pas si longtemps que cela, la Stasi fichait les moindres faits et gestes de chaque citoyen de RDA.

samedi 29 mai 2010

Bataille de Dunkerque. Les 70 ans.

Il y a 70 ans démarrait la bataille de Dunkerque. Celle-ci allait durer durant 9 jours et permettre de sauver le gros du corps expéditionnaire britannique ainsi qu’une partie des armées française et belge.


Petit rappel historique.
Peu après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne dirigée par Hitler. Ce dernier occupé à battre les polonais n’avait laissé que quelques divisions sur la frontière Ouest. Alors que les généraux allemands craignaient que les forces franco-britanniques n’en profitent pour les attaquer, celles-ci stationnent l’arme au pied durant ce que l’on a appelé ensuite la « drôle de guerre ». La Pologne soumise et partagée avec les russes, les forces armées allemandes envahissent les pays nordiques comme le Danemark et la Norvège, avant d’attaquer la France. Tout comme durant la première guerre mondiale, les allemands décident de passer par la Belgique et de contourner la ligne Maginot. Pour franchir les Ardennes jugées infranchissables par les Français, les allemands utilisent… les routes tout simplement. Malgré des résistances sporadiques de la part de quelques unités belges et françaises, les forces allemandes contournent le gros des forces qui attirés par des opérations parachutistes en Belgique s’étaient avancées en territoire belge. Attiré dans un piège, leurs forces ralenties par les nombreux réfugiés venant des Pays-Bas et de Belgique, les armées franco-britanniques et belges sont pris par en tenaille par un coup de faucille des armées menées par Guderian qui atteint Abbeville coupant les armées en alliés en deux.

La poche de Dunkerque prend forme avant de se réduire progressivement.
Le 26 mai, la décision d’évacuer est prise. La Royal Navy réquisitionna tout ce qui flottait pour évacuer les troupes tandis que la RAF en sous-effectifs avait pour mission de couvrir l’évacuation. Le 29 mai, la poche est réduite à Dunkerque et quelques plages aux alentours. Hitler, contre toute attente demande à ses troupes d’attendre aux portes de la ville, espérant probablement s’allier avec les britanniques dans son offensive contre les communistes à l’est.


L’opération Dynamo.
L’organisation des opérations n’est pas aisée en raison de la difficulté à réunir rapidement un grand nombre de bateaux pour évacuer des effectifs importants coincés dans la poche. Il faut aussi éviter les obstacles dans la Manche afin de garantir la sécurité des évacués. La route la plus courte (route Z : 60 km) entre Douvres et Dunkerque est exclue car elle met les navires à portée de l’artillerie allemande. La plus longue (la route Y : 130km) aussi, car elle expose le flotte aux attaques de la marine allemande. C’est donc une route intermédiaire (route X : 80 km) qui est choisie mais il faut la déminer ce qui prend un certain temps avant que les premiers navires puissent l’emprunter. En dépit de toutes ces précautions, le danger vient des airs. Le 29 mai, la route est déminée mais 400 bombardiers protégés par 180 chasseurs Messerschmitt pilonnent la ville, les plages ainsi que les bâtiments de haute mer servant à évacuer les soldats piégés dans la poche. La météo défavorable à l’aviation aide à l’évacuation mais celle-ci reste difficile à réaliser.

Rapidement toutefois, les uns et les autres sont de plus en plus efficaces et les évacuations s‘accélèrent. Dans la nuit du 04 juin, les dernières évacuations ont lieu avant que les allemands ne prennent la ville. Au total, 338 226 soldats ont été évacués dont 123 095 français. La Wehrmacht capture toutefois environ 35 000 hommes qui étaient restés pour protéger l’évacuation de l’essentiel des forces alliés. Celles-ci laissent presque tout leur matériel militaire dans un état quasi-neuf, celui-ci n’ayant que peu servi. Récupérés par les allemands, les armes mais surtout l’artillerie furent par la suite réutilisées sur le front de l’est.
L’opération bien que démontrant l’échec de la campagne de Belgique et du début de celle de France est toutefois considérée comme un succès.

En évacuant un nombre conséquent de soldats en si peu de temps, les alliés ont probablement permis aussi le succès des campagnes de 1944 et 1945. Si les britanniques font part de leur soulagement, Winston Churchill, Premier ministre depuis le 10 mai 1940, se distingue par son analyse de la situation en déclarant : « les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations ».


L’esprit de Dunkerque.
De cette bataille émergera ce que l’on appellera ensuite : « L’esprit de Dunkerque » notamment dans les esprits alliés. L’expression symbolise un état d’esprit combattif et courageux par opposition à ce que l’on appelle « l’esprit de Munich » mêlant résignation et lâcheté résumé et résumé par Winston Churchill peu après la rencontre de Berchtesgaden, qui avait scellé le sort des Sudètes, de la façon suivante :
« Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre »
.

Cet état d’esprit galvanisera le moral des britanniques durant toute la guerre, notamment durant la bataille d’Angleterre et le Blitz. La nuée de petits bateaux évacuant les troupes à Dunkerque illustrant la volonté inextinguible de combattre jusqu’à la victoire.


La célébration des 70 ans.
Pour le 70e anniversaire de cet évènement, et comme tous les 5 ans, de nombreux bateaux feront le voyage entre Douvres et Dunkerque pour commémorer l’évènement. La ville de Dunkerque a édité une brochure spécifique décrivant les festivités organisées. On déplora toutefois le manque d’informations et d’enthousiasme du côté français alors que ces commémorations sont à la une de la presse britannique. Une bizarrerie française alors même que c’est la résistance d’unités de l’armée française qui a permis le succès de cette opération.
Je vous invite toutefois à vous rendre sur place puisque de nombreuses animations sont organisées à cette occasion notamment la visite de navires tels que le « Princess Elizabeth » ou le bâtiment français « Marne ».

vendredi 28 mai 2010

L'anniversaire bien terne de François Bayrou.

Ce mardi 25 mai 2010, vous l’ignorez probablement n’était pas seulement le lendemain du lundi de Pentecôte, c’était aussi le jour de l’anniversaire du président du MoDem et député des Pyrénées-Atlantiques, à savoir François Bayrou. Hasard, il se trouve que l’un de mes confrères, David Guillerm, qui est aussi vice-président des Jeunes démocrates de Bretagne consacrait un article à l’intéressé.


François Bayrou vu de Bretagne.
L’article en question est, en effet, intéressant à plus d’un titre. Il ne donne pas dans l’esprit courtisan mais surtout, il résume bien la pensée actuelle de la majorité des membres du MoDem. Aussi, il ne faut pas s’attendre à une descente en flèches du béarnais. Notre ami breton résume la brève histoire du MoDem, rappelle les principales erreurs de François Bayrou pour finir par une note positive, optimiste. Si le raisonnement se comprend, je ne le partage pas. Bien que plusieurs raisons qui ont mené le MoDem à la situation où il se situe à l’heure, la remise en question est trop timide. Du reste, l’opinion du militant de base n’en est pas très éloignée. Souvent, on peut entendre que l’engagement militant tient à peu de choses, mais bien que la situation soit difficile, il reste toujours l’espoir de croire qu’il est possible de réaliser encore quelque chose. Ce sentiment assez diffus, l’absence d’alternative crédible à ce que se veut le MoDem ainsi que l’attachement aux relations très locales font hésiter nombre de personnes devant le choix de partir.


Sur le plan interne.
Celles et ceux qui suivent un temps soit peu l’actualité concernant le Mouvement démocrate et qui ont remarqué que le Conseil national devant tirer les leçons de la déroute des régionales, se souviennent probablement que la montagne a accouché d’une souris. La déception a pointé le bout de son nez dans les rangs militants et ce d’autant plus que le Conseil national en question n’était pas juridiquement et correctement organisé. Rendez-vous a été donné dans les instances locales, plus proches de la base où l’on espérait un sursaut. Mais, malgré la défaite, le syndrome de Cassandre a joué à plein et au lieu d’une remise en cause, nombreux furent ceux à chercher des boucs-émissaires. Les blogueurs pointés par la direction ont fait office de coupables tout trouvés.

Tout n’est pas à jeter et on peut distinguer quelques tentatives pour remonter la pente. Mais que c’est dur ! Chacun arrive à s’exprimer mais il est difficile de parvenir à des décisions tranchées rapidement. Or, c’est bien ce dont le MoDem a besoin pour espérer avoir une chance de survivre.


Sur le plan externe.
Le MoDem a-t-il encore une influence sur la vie politique française ? Est-il écouté ? En réalité, au fond, l’enjeu est bien celui-là. Plusieurs personnalités démocrates sont passés récemment dans les médias, mais ces passages ont rencontré peu d’échos. Hormis la page consacrée à François Bayrou dans le quotidien « Le Monde » dans son édition du dimanche 23 mai 2010. Ce passage instructif nous permet de voir où en est François Bayrou. Si son propos est intéressant, on déplorera l’emploi excessif du « je ». Certes, François Bayrou représente le Mouvement démocrate en tant que président, mais on ne distingue encore une fois, pas de réelle remise en cause ou prise en compte de ce qui a pu se passer pour le MoDem depuis un an dans son discours.

En conséquence, nous ne pouvons espérer rencontrer un réel écho dans la population. Les échéances électorales successives ont laminé notre parole, nous ne pesons plus beaucoup dans le paysage politique.

Un sujet d’actualité illustre d’ailleurs parfaitement cette situation : la réforme envisagée des retraites. Le MoDem a lancé un grand débat sur le sujet mais force est de constater qu’il ne rencontre pas le succès espéré, que ce soit auprès de la population et des militants.

Autre sujet d’inquiétude, le silence que s’est imposé la direction après les régionales. Loin d’être une bonne chose, il contribue à nous marginaliser. Et ce, alors que nous sommes dans une période chargé sur le plan législatif et que l’été, accompagné de son traditionnel trou d’air approche à grand pas.


Des lueurs d’espoir ?
Le MoDem n’est pas mort, mais il est bien mal en point. En concurrence avec d’autres formations politiques sur un espace qu’il monopolisait en 2007, il peine à se restructurer efficacement. Si des initiatives locales laissent entrevoir qu’il reste un potentiel à exploiter, la renaissance passe par un sursaut des instances nationales. Ce sursaut, au combien urgent, le MoDem en est pourtant bien loin.

mercredi 26 mai 2010

Quand le vent tourne, la Chine s'éclaire.


Tandis que la France accroit les contraintes à l'encontre des éoliennes, la Chine dont les besoins énergétiques sont énormes, a elle décidé de développer les industries vertes à vitesse grand V.


Une volonté forte.
En témoigne, la dernière commande d'un des géants de l'énergie locale, le groupe Huaneng. Cette entreprise, qui est le plus grand producteur local, a commandé pour 1,8 GW d'éoliennes soit 1 800 MW, ce qui donne en nombre de machines entre 600 et 700 machines. Le marché est divisé entre 6 fabricants chinois bénéficiant chacun d'une commande de 300 MW, soit un peu plus de 100 éoliennes à construire. De quoi rentabiliser des usines qui ne sont, pour la plupart, pas encore sorties de terre.

La compagnie qui possède pour le moment une capacité de production d'énergie éolienne de 2 800 MW, soit à peu près les 2/3 des capacités actuellement installées en France, compte accroitre sa capacité à environ 20 GW d'ici 2020.


Un secteur en devenir.
Si, en Chine, la moindre commande, du fait de la taille du pays, est considérable. Il faut noter le fossé qui se creuse entre ce pays et le nôtre. Si la France dispose de fabricants fiables et d'une industrie éolienne efficace, elle reste modeste et fragile par rapport à celle de ses voisins. L'industrie éolienne chinoise est d'avoir le niveau de finition requis. Et la fiabilité des éoliennes chinoises est actuellement proche du niveau zéro, les coûts d'entretien faramineux, et les installations produisent peu. Reste que les efforts mis en œuvre sont conséquents.

La France gagnerait beaucoup à ne pas se laisser distancer dans la course industrielle qui s'engage. Nicolas Sarkozy a manifesté à maintes reprises sa volonté de redonner de la vigueur à l'industrie nationale mais fait confiance au nucléaire. Cette industrie est un atout historique pour la France mais la favoriser outrageusement au détriment de l'industrie des énergies renouvelables alors que l'on sait que son avenir est forcément limité est un crime.


Conclusion.
En allant contre l'esprit des récentes directives adoptées pour favoriser le développement des industries renouvelables via la complexification de la procédure applicable aux éoliennes adopté dans la loi Grenelle II, la France s'est tiré une balle dans le pied. Il existe pourtant des solutions permettant de concilier les différents aspects et installer les éoliennes dans le respect des populations. L'une des pistes consiste à lancer toutes les études d'impact en parallèle pour réduire le temps dédié à la procédure et les risques contentieux. D'autres procédures existent. Il importe de lutter pour notre avenir non de rester immobile.

lundi 24 mai 2010

La solidarité en bronzant.

En ce lundi de Pentecôte, bien peu nombreux sont les français à travailler pour la fameuse « Journée de solidarité ». Cette journée de travail supplémentaire avait été instauré par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin dans l'hostilité générale.


Une idée pas si mauvaise.
Au départ, sur le papier, l'idée n'était pas inintéressante. Il s'agissait au lendemain de la Grande canicule de 2003 de supprimer un jour férié, en l'occurrence, le lundi de Pentecôte pour faire travailler les français. Les impôts récoltés à l'occasion de cette journée de travail supplémentaire devant servir à financer des dispositifs pour les personnes âgées et handicapées. Mais, immédiatement, les français que l'on sait susceptibles sur le sujet des vacances et autres jours fériés ont eu vu la chose comme un nouvel impôt. Bien que M. Raffarin ait insisté sur l'importance que revêtait le don d'une journée de travail pour les personnes âgées et les personnes handicapées, refusant de remplacer cette journée de travail par une hausse de la fiscalité. En pratique, l'idée n'a jamais séduit.

Les français ne contestaient pas l'importance de la solidarité envers les plus faibles mais le fait que la mesure toucherait essentiellement les salariés et les plus modestes.
Quelques années plus tard, on peut dresser un 1er bilan. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas glorieux !


Un bilan décevant.
Mesure symbole lors de son instauration, elle n'a jamais été accepté dans son principe par ceux qu'elles visaient à associer : les français. Si les congés ont un caractère sacré dans notre beau pays, les français qui ont depuis quelques années le moral en berne, ne refusent pas la solidarité mais refuse la manière dont par laquelle on veut les faire participer.
Au moment où l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) publie un rapport sur le sujet et qu'une commission d'enquête parlementaire tente de dresser un suivi de l'évolution de la mesure, le bilan ne penche pas vraiment en faveur du dispositif. Si les problèmes dans l'utilisation des fonds récoltés sont au cœur de l'actualité, il semble important de considérer d'autres aspects.

Le 1er d'entre eux se mesure via le taux d'activité en cette journée de solidarité. La réalité est cruelle : seuls 20% des français en moyenne travailleront ce jour contre un peu moins de la moitié lors de l'instauration de cette journée de solidarité. C'est peu !

A décharge, on mentionnera que les employeurs ont la possibilité de placer cette journée comme bon leur semble durant l'année suite à une modification du dispositif. En réalité, la plupart des entreprises restent fermées et font soit cadeau de cette journée pour les plus généreuses, soit compensent par un jour de RTT pour la majorité d'entre elles.

Le 2e facteur est plus prosaïque. Fiscalement, il est plus intéressant pour le rendement fiscal du nouveau prélèvement que les français ne travaillent pas durant cette journée de solidarité. L'aspect avait été pointé avant même la mise en place de cette journée de solidarité.
En effet, les activités lors d'un lundi de Pentecôte sont nombreuses notamment du côté du secteur associatif. Si ce secteur n'est pas marchand, les richesses qu'il génère le sont. Entre les traditionnels tournois sportifs, les courses à pieds, les promenades en ville et plus récemment la multiplication des courts séjours, les sources de recettes se multiplient. Autre avantage, le lundi de Pentecôte est un des rares ponts prévisibles qui ne changent pas quelque soit l'année. En année maigre, il est donc particulièrement attendu. Et ce, d'autant plus qu'il a lieu pendant le début des beaux jours, ce qui gonfle considérablement les recettes des commerçants en zone touristique. Car le gouvernement a eu tendance à l'oublier un peu vite lors de l'instauration de cette journée de solidarité mais dans notre pays, le tourisme est une industrie très importante. En supprimant le lundi de Pentecôte, on tire aussi un trait sur les recettes que peut générer ce secteur.


Conclusion : solidarité ou détente ?
La question de la solidarité envers les plus faibles dans notre société est un vrai enjeu. Fallait-il la symboliser par une journée de travail spécialement dédiée ? Pas forcément. En réalité, la prise de conscience de fragilité est périodique. Avant 2003, les problèmes existaient déjà mais étaient moins médiatisés. Et depuis, le soufflé est largement retombé. Alors que la question des retraites est à l'ordre du jour, il convient de ne pas oublier les membres les plus fragiles de notre société. Agir est indispensable. Mais la méthode est discutable. Il ne s'agit pas de le faire en fonction de symboles mais de prendre les réalités pour décider de façon responsable. Aujourd'hui, cette journée de solidarité est même contre-productive puisque loin de générer des recettes, elle représente un coût pour l'économie.
Comment concilier solidarité et travail dans notre société ? La question demeure.

samedi 22 mai 2010

Euro. Notre monnaie, leur problème ?

L'€uro baisse. Le phénomène n'est pas récent puisque la dégringolade a commencé en décembre 2009. Mais l'épisode de la crise de financement à laquelle la zone €uro a des difficultés à faire face a accéléré le mouvement.
Pour certains, la réponse tardive des pays membres de la zone €uro s'expliquerait aussi par la volonté de bénéficier d'une dépréciation de la monnaie européenne.


Notre monnaie, votre problème.
En 1971, le secrétaire d'Etat au Trésor John Connolly répondit à une délégation de diplomates européens qui se plaignaient des fortes fluctuations du dollar : « the dollar is our currency, but your problem » que l'on peut traduire par « le dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème ». Quelques mois plus tard, Richard Nixon annonçait unilatéralement la fin du Gold Exhange Standard et du système de l'étalon-or. De facto, ceci faisait du dollar, la nouvelle référence monétaire mondiale pour les transactions internationales. Enfin, pour une essentiellement : le pétrole. Et comme tout le monde a besoin de pétrole, tout le monde règle en dollars. Par extension, et comme aucune autre monnaie n'arrivait à concurrencer la monnaie américaine, celle-ci s'est imposée pour la majorité des transactions internationales.

Même les européens qui, ensemble, constituent la première puissance commerciale et économique mondiale ne pouvait rien y faire. Mais, ces derniers se sont engagés dans un processus d'intégration très poussé au niveau économique où la fluctuation des monnaies européennes entre elles a rapidement posé un problème. S'il a fallu du temps pour que les uns et les autres se mettent d'accord, l'€uro est bien né en 1999 avant de se retrouver dans les poches des européens en 2002. Progressivement, il a conquis une place plus importante que l'ensemble des monnaies qui le composaient, remettant même en cause, modestement certes, la place du dollar.

Ce relatif succès étant d'ailleurs plus la résultante d'une volonté des autres pays du monde de diversifier leurs réserves monétaires que d'une réelle remise en cause de la monnaie américaine. Tout allait relativement bien et la monnaie unique a trouvé son rythme de croisière après une baisse marquée à ses débuts. Puis vint la crise financière conduisant à l'appréciation de l'€uro avant que la crise grecque n'entraine une baisse importante mais loin des plus bas enregistrés.

Depuis, c'est l'inquiétude. Les uns et les autres poussant des cris d'orfraie alors que la parité €uro/dollar tourne autour de $ 1,25 dollar pour un €uro, seuil considéré il y a quelques années comme déjà haut. Cette fois, c'est donc la baisse qui inquiète. Enfin, pas tout le monde. Au sein de la zone €uro, on aurait plutôt tendance à apprécier la baisse de l'€uro. Il faut dire qu'en favorisant la relance des exportations et donc de l'activité d'une zone plutôt mal en point. Mais ailleurs dans le monde, cette baisse brutale inquiète beaucoup de monde !


L'€uro, un problème américano-chinois ?
L'€uro par le statut de monnaie internationale qui est le sien, n'est pas qu'un problème européen ou ne concernant que les membres de la zone. Non, le problème est plus large. En baissant fortement, la monnaie unique génère de nombreuses turbulences pour une autre zone économique : le zone Chine-États-Unis. Zone économique car les exportations de l'un sont absorbées par l'autre, la Chine achetant massivement des bons du Trésor américain pour permettre l'achat de ses produits et donc faire tourner son économie. Le problème est que ce circuit que l'on pourrait croire fermé ne l'est pas. Au contraire, conséquence du rôle prédominant de la monnaie américaine dans le commerce mondial et de celui de la Chine en tant qu'usine du monde, les répercutions sont bien plus importantes. Une hausse du dollar (et donc une baisse de l'€uro) permet augmente certes le pouvoir d'achat des possesseurs de dollar mais il réduit les exportations chinoises vers l'Europe en plus de créer de l'instabilité. Or, l'Europe est nette importatrice de produits chinois et l'instabilité n'est guère aimé sur le plan économique par les marchés.

Du coup, tout changement brutal du statu quo génère des problèmes pour les principaux acteurs économiques au 1er rang desquels on retrouve bien évidemment les États-Unis et la Chine. Contexte aidant, on en vient donc à une situation complètement ubuesque où Barack Obama est obligé de personnellement appeler les dirigeants européens pour leur demander de régler les problèmes traversés par l'€uro afin d'éviter une contagion vers les États-Unis d'Amérique. La Chine n'est pas en reste puisque le ministre de commerce chinois Chen Deming a apporté son soutien à la monnaie et : « croit dans un euro stable et fort ».


Et à l'avenir ?
Le récent rebond de la monnaie européenne et le dénouement des positions à court terme montrent que jouer la baisse de le monnaie unique à court terme est une activité risquée. A moyen et long terme, la situation est plus floue. Plusieurs facteurs pouvant peser à la hausse comme à la baisse. Du côté de la hausse, les différents pays vendeurs de matière première pourraient être tenté de vendre en €uro pour compenser la volatilité des changes avec le dollar, mais aussi une prise de conscience de la situation financière réelle des États-Unis (environ 100% de dette/PIB, 13% de déficit cette année, une balance commerciale extrêmement déficitaire pulvérisant tous les records établis en la matière. Si la remise en cause du dollar comme monnaie commerciale semble compliqué, l'intégration de la situation budgétaire l'est moins.

Du côté des facteurs poussant à la baisse, on tiendra compte des perspectives de croissance en Europe, qui dans l'hypothèse la plus optimiste imaginent une croissance au raz des pâquerettes.

Une situation compliqué qui ne s'éclaircira en Europe qu'avec un surcroit d'intégration au moins au niveau de la zone €uro et à l'étranger par un renchérissement du yuan et la prise en compte de la réalité de la situation américaine.

vendredi 21 mai 2010

30 ans déjà !


Voilà 30 ans que Pac-man fait le bonheur des joueurs. La petite boule jaune est tellement connue qu'elle est même passé dans le langage commun, comme d'autres inventions auparavant comme Frigidaire ou Post-It.

Google fête d'une manière un peu spéciale les 30 ans de ce jeu vidéo culte. Non content, comme c'est maintenant la tradition d'afficher un logo spécial sur sa page d'accueil, le fameux moteur de recherche californien l'a rendu... jouable ! Avec bruitages, musique et graphismes d'origine. Nul doute que la productivité dans les entreprises et administrations du monde entier a dû en prendre un coup.


Le record mondial.
La difficulté avec Pac-Man est que c'est un jeu infinissable car sa programmation est basé sur un cycle perpétuel. Toutefois, il est possible d'établir un record. Ici, l'enjeu n'est pas le "high-score" comme on aurait tendance à le croire mais le temps. En effet, le jeu, pour certaines raisons, se bloque au niveau 256 effectuant un glitch (erreur matérielle ayant des répercussions sur le logiciel). Impossible de départager les concurrents au score, c'est donc le temps qui fait office de critère de décision. Mais n'est pas champion qui veut. Après un record en 1999, puis un nouveau en 2005, le record actuel a été établi en Septembre 2009 par un certain David Race en 3h41min22s. A titre de comparaison, un bon joueur met en moyenne entre 5 et 6 heures pour en arriver au même point.


Bon anniversaire donc à Pac-Man et bon jeu à toutes et à tous !

jeudi 20 mai 2010

Europe. Vers un fédéralisme budgétaire ?


Les pays membres de l’€uro s’acheminent-ils vers un fédéralisme budgétaire ? La question, ancienne, est brutalement revenue sur le devant de la scène politique européenne. Il faut dire que les atermoiements dans le règlement du problème de la dette grecque et leurs conséquences en ont fait réfléchir plus d’un. Après le « chacun pour soi », c’est le « sauve-qui-peut » qui a semblé l’emporter. Mais le problème est la solution ne peut être unilatérale comme les allemands et tous les pays membres de la zone €uro sont en train de s’en rendre compte.

Les fondamentaux de l’économie se sont donc rappelés aux bons souvenirs de la mémoire de nos dirigeants politiques de manière brutale mais peut être salutaire.


Une économie, c’est quoi ?
L’économie d’un pays, on aurait tendance à l’oublier sont des gens qui travaillent, des entreprises et un État qui intervient plus ou moins pour soutenir, réguler les relations entre les différents acteurs et faire qu’au final le tout fonctionne.

Pour agir dans le domaine économique, un État souverain classique dispose de deux principaux leviers : un levier budgétaire et un levier monétaire. Le budget de l’État via la fiscalité peut agir de différentes manières : soutenir l’activité quand elle faiblit via la commande publique ou en aidant les entreprises, embaucher des fonctionnaires pour offrir plus ou moins de services ou encore baisser les impôts, aider la population par des allocations…

Mais face à ce levier classique, il y en a un autre plus méconnu bien que tout aussi important : la monnaie. Un État, quelque soit son régime de change, peut décider de faire perdre de la valeur à sa monnaie en la dévaluant ou au contraire avoir une politique stricte pour garder une monnaie forte. Dans le 1er cas, il favorise les exportations ce qui permet de faire rentrer des devises étrangères dans le pays. Dans le 2e, il assure un cadre d’activité stable aux acteurs économiques la détenant et il réduit le coup des importations. Chaque situation a bien sur ses avantages et ses inconvénients, mais l’avantage d’avoir une monnaie forte est une plus grande crédibilité dans le domaine commercial car la monnaie que l’on possède a une valeur pour celui avec qui on échange. Celui-ci est certain que la valeur sera toujours plus ou moins la même ce qui rassure.
Quand un État est suffisamment habile, il utilisera les deux leviers de façon coordonné pour agir sur l’économie : créer les conditions de la reprise quand elle en récession, la freiner pour éviter qu’elle ne s’emballe quand elle croit.


Situation dans la zone €uro.
Mais en Europe, ou plus précisément au sein de la zone €uro, la situation est différente. Les États disposent du levier budgétaire mais pas du levier monétaire puisque les pays membres de la zone ont décidé d’avoir une monnaie commune. Pour passer à la monnaie unique, il a fallu une certaine convergence économique et budgétaire. Mais pour que la zone soit viable, il faut à long terme que les différents acteurs de la zone respectent des règles strictes.

Les États ne peuvent donc agir sur l’économie qu’avec leur budget, la monnaie étant à la charge d’une banque centrale indépendante : la BCE. L’économie ne peut fonctionner avec un seul des deux leviers, il faut que ceux-ci s’équilibrent pour partager les efforts. Or, dans la zone, s’il n’y qu’un levier monétaire, il y a 16 budgets. Budgets qui ne tirent pas tous dans le même sens mais n’agissent que dans l’intérêt national.

Certes, il y a un budget communautaire mais celui-ci ne représente environ 1% du PIB de la zone. A titre de comparaison, le budget fédéral américain représente environ 30% du PIB local. Autrement dit, comme un il n’y a pas de réel budget commun, les pays doivent coopérer étroitement. Le PSC, pacte de stabilité et de croissance, avait justement pour but de créer cette coopération budgétaire. Mais rapidement, les deux principaux membres de la zone ont largement outrepassé les règles fixées : ces pays sont la France et l’Allemagne. D’où un assouplissement provisoire obtenu par ces pays pesant plus de la moitié de la zone et un affaiblissement supplémentaire de la déjà maigre coopération monétaire. Mais pas question pour les États d’accepter une intégration plus poussée en matière budgétaire qui occasionnerait une perte substantielle de souveraineté dans un des rares domaines dont ils ont encore l’entière maitrise ou presque.

La crise financière, puis économique et enfin le tout récent épisode grec ont montré que la situation n’était plus tenable. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, étant obligé de sermonner directement les dirigeants pour qu’ils agissent afin d’éviter la contagion éventuelle à l’économie américaine. D’où l’idée de la Commission européenne de soumettre les budgets en préparation de chacun des États membres à la Commission et aux autres États membres de la zone avant leur adoption devant les Parlements nationaux.


L’Union économique, enfin ?
Devenu au fil du temps, une Union monétaire plus qu’une Union économique et monétaire, la zone €uro s’est fragilisée d’elle-même, les États-membres de la zone étant incapables de s’entendre sur une politique commune ou au moins quelques orientations communes en matière budgétaire.

La Commission si longtemps amorphe et inactive, commence à donner signe de vie au milieu des décombres de l’économie grecque et alors que la zone était sous menace d’un arrêté de péril imminent. José Manuel Barroso mettait enfin les pieds dans le plat, le mercredi 12 mai 2010 : « Les Etats membres doivent avoir le courage de dire s’ils veulent une union économique et monétaire ou pas. S’ils ne veulent pas d’une union économique, alors il faut oublier l’union monétaire. »

On en revient donc à la base : pour une union monétaire solide et pérenne, il faut une coordination budgétaire renforcée et réelle. Jean Quatremer rappelle d’ailleurs dans un article sur le sujet que déjà, la question avait été abordée avant même la signature du traité de Maastricht. La France ayant même suggéré en collaboration avec Jacques Delors que le Conseil des ministres puisse retoquer d’autorité un budget national ne respectant pas « les grandes orientations de la politique économique [commune] ». Remarque de Jean Quatremer : « Berlin s’étrangle, estimant que Paris s’assoit un peu vite sur les Parlements nationaux. Le pacte de stabilité et de croissance doit, dans son idée, suffire à contraindre les Etats à respecter la stabilitätkultur à l’allemande ».

C’est pourtant oublier la tendance bien méditerranéenne à contourner l’État et à s’arranger avec la loi. En pratique, le pacte de stabilité a rapidement explosé et quelques États n’en ont pas fait grand cas. Citons au hasard : la France et l’Italie, deux des principaux membres de la zone.


Furieux, nos voisins d’outre-Rhin qui eux, ont tout fait pour se conformer au pacte en s’imposant un bonne cure d’économies, ont donc laissé la Grèce s’enliser mais face à la situation ont été contraint de réagir.

Mais en contrepartie, du gigantesque plan pour sauver la zone €uro. On parle ici de 750 milliards € soit l’équivalent de la richesse produite en un an par la Corée du Sud. Les États semblent enfin décider à agir. Ainsi, l’idée suggérée par la Commission de soumettre leurs budgets des pays membres de la zone pour avis avant leur adoption et dont nombre d’observateurs pensaient qu’elle allait directement passer à la poubelle a été accepté dans son principe par le Conseil des ministres des finances de l’Union en début de semaine.

Pour Barroso : «La politique économique d’un pays n’est pas seulement une affaire nationale, c’est une question d’intérêt commun », le président de la Commission prend enfin la mesure du problème en insistant sur la nécessité de réintroduire des sanctions qui ont quasiment disparu avec la réforme du Pacte de stabilité. Il insiste : « sans sanction, on ne sera pas crédible ».

Reste à trouver une sanction efficace qui fasse consensus. Et pour le moment ce n’est pas gagné. La commission propose des classiques avec la suspension du versement des fonds européens et des amendes, l’Allemagne préconise, elle, la suspension des droits de vote de l’État en question au Conseil.


Conclusion.
Au final, l’épisode grec a enfin fait prendre conscience aux États-membres de la zone €uro et plus généralement de l’Union européenne de l’impossibilité d’en rester au statu quo. Qu’on le veuille ou non, nous nous dirigeons vers un fédéralisme budgétaire donc à une perte de souveraineté en la matière. Le dernier bastion duquel l’Union était presque exclue cèdera, c’est certain. Et tous les États même les plus récalcitrants s’y mettront, la raison est simple : nous n’avons pas le choix. Entre une perte de souveraineté et la survie, le choix est vite fait. Mais pour en arriver là, il aura fallu plus de 20 ans et la plus grave crise économique et financière que l’on ait jamais connu. Le prix est élevé et il est temps que nos dirigeants renoue avec l’Europe des visionnaires des débuts. Il est temps d’avancer !

lundi 17 mai 2010

Heuliez. Tout le monde descend !

La nouvelle nous parvient de l'administrateur judiciaire de l'entreprise. Heuliez va de nouveau déposer le bilan.


L'échec.
L'année dernière, Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes était venue à l'usine Heuliez pour assurer les salariés de son soutien, proposer une aide de la région et demander le soutien de l'État. Mais depuis, rien ou plutôt rien de sérieux. Les mystérieux investisseurs ont tous renoncés ou ont été gentiment éconduits. En cause, le manque de sérieux vis-à-vis d'un éventuel projet industriel, l'absence de moyens financiers à la hauteur de ce qui avait été promis et la rapacité de certains repreneurs potentiels. Plusieurs offres étaient pourtant venues sur le tapis. Une seule est restée, celle d'un investisseur turc qui semblait avoir un projet industriel pour l'entreprise. Mais lorsqu'il vint le moment de passer à la caisse et de débourser les millions d'euros promis, ce dernier ne fut pas capable d'apporter les garanties qu'ils disposaient bien des fonds. Voyant que l'affaire risquait de lui passer sous le nez, il tentant une dernière offre bien moins élevé en échange d'une part minoritaire. Las, l'administrateur judiciaire a éconduit le prétendant.

Et le reste est à l'avenant. Ainsi depuis le début de la procédure de redressement judiciaire sérieuse n'ayant vu le jour, il a fallu se rendre à l'évidence : Heuliez doit déposer le bilan.
Il faut dire que certains fournisseurs ont pendant ce temps engagé des procédures contre la société n'ayant pas été payés.

Cette annonce montre donc l'échec non seulement du privé, mais aussi des décideurs publics. Ségolène Royal ou Christian Estrosi ont leur responsabilité dans cette histoire tellement banale d'une entreprise pleine de projets.


Le paradoxe.
La situation comptable de l'entreprise n'est pas bonne mais à l'opposé, l'avenir industriel de l'entreprise n'est pas complètement bouché. Le carnet de commandes est plein et les projets nombreux mais impossible de redresser l'entreprise sans un nouveau tour de table. Or, c'est bien là que ça coince. Si industriellement Heuliez a une capacité à rebondir, il faut que des investisseurs avec des reins suffisamment solides acceptent dans un premier de perdre des millions tout en restructurant l'entreprise. A bien des égards d'ailleurs, la situation d'Heuliez se rapproche de celle de Moulinex. L'entreprise dispose d'une marque connu, des projets plein les cartons mais la situation de l'entreprise est catastrophique.

Dans le cas de Moulinex, Seb avait retaillé l'entreprise et réalisé un plan social, le tout en perdant une somme assez importante. Mais une fois, l'entreprise remise en état de marche, Seb a commencé à puiser dans les dossiers de Moulinex et a lancé de nombreux produits issus de la R&D de la société reprise. Au final, l'ancien fleuron de l'électroménager français a survécu mais le coût social fut conséquent. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si Heuliez peut supporter un traitement de choc et quel investisseur a les compétences et les fonds pour mener l'indispensable restructuration.


L'essentiel.
Du feuilleton Heuliez, on retiendra l'échec de certains responsables publics, prompts à promettre moults subventions mais en réalité, bien incapables d'attirer des investisseurs pour sauver l'entreprise. A vouloir sauver tout le monde, l'on risque fort de ne plus sauver personne. Au ginal, si Heuliez trouve un investisseur, l'entreprise l'aura échappé de peu. Mais si, plus surement, elle se dirige vers le cimetière, ce sera surtout un énorme gâchis industriel.

samedi 15 mai 2010

Cette nuit, on va au musée.

Ce samedi soir est organisée la 6e édition de la nuit européenne des musées. Les musées nationaux ainsi que bon nombre de musées de France seront donc exceptionnellement ouvert en nocturne afin d'offrir un nouveau regard sur notre patrimoine et sur la culture.


Bien que la fin du championnat de France de football soit tenté d'en retenir plus d'un près de sa télévision, je vous invite vivement à vous profiter de cet évènement. Si les musées ouvrent spécialement à cette occasion, de nombreuses animations sont organisées autour comme des concerts, des visites guidées.


L'essentiel.
Pour profiter de l'évènement, je vous invite à prévoir quelques vêtements chauds (la nuit, il fait froid), de bonnes chaussures (on marche beaucoup durant la nuit des musées) et du programme des animations organisées. Nombre d'entre elles se répètent durant la nuit tandis que d'autres plus rares ne se produisent qu'à une certaine heure. Vous pouvez retrouver la liste des musées ouverts ainsi que le programme des animations sur le site ouvert pour l'occasion : Nuit des musées.culture.fr/

Bonnes visites !

Crédits photos : Spirits of Paris.

vendredi 14 mai 2010

Adobe aime Apple, et le fait savoir.

Dernier épisode dans la guerre des formats multimédias, Adobe a déclaré son amour pour la marque à la pomme d’une façon originale. Se payant de pleines pages de pub dans le FT (Financial Times), le NYT (New York Times) ou le WSJ (Wall Street Journal) et de larges plages sur les principaux sites américains traitant des nouvelles technologies ; Adobe publie une pleine page de pub où la marque déclare son amour pour la création mais n’aime que l’on empêche les créateurs de choisir de créer. Le message original sans ambiguïté est le suivant :

« Nous aimons Apple. Ce que nous n’aimons pas, c’est que des gens vous enlève votre liberté de choisir, ce que vous créez, comment vous le créez et ce que vous ressentez sur la toile ».
Une déclaration pleine d’ironie donc alors que les deux entreprises s’opposent dans une guerre des formats multimédias, s’accusant mutuellement d’entraver le développement d’Internet.


Les adversaires.
A ma gauche, Adobe, développeur des technologies Flash et pdf très utilisés sur Internet principalement sur les PC.

A ma droite, Apple, fabricant des Mac, iPod, iPhone, iPad, etc. Bref, de tout un tas de machines qui connaissent un succès fulgurant auprès du grand public qui les apprécie pour leur design et leur interface utilisateur facile d’accès.


Les griefs.
Dans ce conflit larvé entre ces deux acteurs incontournables d’Internet, chacun s’accuse de nuire au futur d’Internet.

Apple, profitant du succès de ses produits, et conformément à une vieille habitude, compte verrouiller au maximum son système afin d’en tirer de confortables marges mais aussi afin de pouvoir contrôler qui aura le droit de développer dans son environnement logiciel. Ainsi, considérant que le format Flash d’Adobe est instable et dépassé, l’entreprise de Cuppertino a décidé d’exclure Flash de l’environnement de l’iPad. Apple tente ainsi de forcer de manière à peine voilée le développement de formats concurrents sur lesquels elle aura son mot à dire au lieu d’autoriser l’utilisation d’un langage certes gratuit, mais propriétaire et sur lequel elle n’aura aucun contrôle. Ce faisant, la marque à la pomme prélève sa dîme (40% tout de même !) sur les ventes d’application.

De leur côté, les cofondateurs d’Adobe, Chuck Geschke et John Warnock, se présentent comme les défenseurs des créateurs du net, croyant dans des marchés ouverts dans le meilleur intérêt de tous. S’il est vrai qu’Adobe a contribué à banaliser l’usage de standard comme le pdf pour l’échange de documents ou Flash pour les multimédias et la vidéo ; ces formats restent propriétaires. L’entreprise qui a investit des millions dans le développement de ces formats, récupère sa mise en vendant les logiciels correspondant aux développeurs. La marque gagne donc sa vie en capitalisant sur l’adoption massive d’un format. La logique d’Apple est légèrement différente quoique similaire. L’entreprise dirigée par Steve Jobs développe un format propriétaire et veut l’imposer mais en réalisant de confortables marges à tous les stades.


Conclusion.
Dans un cas, il s’agit de profiter d’un état de fait ; dans l’autre, il s’agit de l’imposer. Derrière cette sourde bataille entre deux marques qui cherchent chacune à imposer leurs formats, c’est d’une certaine manière la neutralité du net et son contrôle qui se jouent. Les formats libres, autrefois dédaignés, sont dans nombre de cas en train de s’imposer comme de véritables alternatives, voir supplante les formats propriétaires dans certains cas. On pourra ainsi citer le cas du navigateur Firefox qui en quelques mois a taillé de sérieuses croupières au navigateur dominant de l’époque : Internet explorer.

Au-delà des intérêts corporatistes de quelques entreprises, les différents acteurs dans les nouvelles technologies sont en train de réaliser que les formats libres ne sont pas disparaître les profits mais qu’au contraire, ils en génèrent. L’enjeu étant maintenant pour les uns et les autres de disposer de suffisamment d’influence afin de pouvoir orienter leur développement dans le sens souhaité.

jeudi 13 mai 2010

Cameron/Clegg. Premier conseil des ministres.

Premiers pas pour le gouvernement de coalition mené par Cameron et Clegg.


Généralités.
Après les présentations des différents membres du nouveau cabinet, le nouveau Premier ministre et son vice-Premier ministre ont insisté sur la nécessité d'une bonne entente au sein du gouvernement pour le bien du pays.

David Cameron a demandé aux différents ministres de saisir l'opportunité qui s'offrait à eux et exiger de chacun garder leurs différences pour eux.


L'économie avant tout.
Sur le plan économique, Georges Osborne (conservateur), le chancelier de l'Échiquier (ministre de l'économie) a dressé un état laconique de l'économie nationale tandis que son collègue Vince Cable (LibDem) a tenté de faire de l'humour en déclarant que selon des amis indiens, les mariages arrangés réussissaient parfois mieux que les mariages d'amour.

Plus généralement, les différents ministres ont surtout insisté sur les mesures d'économies qu'ils auront à mettre en œuvre, le programme de la coalition prévoyant des coupes budgataires d'envergure dont £ 6 milliards de livres dès 2010 avec l'adoption d'un budget d'urgence.
Pas d'annonce fracassante mais l'annonce que le programme envisagée sera bel et bien mis en place rapidement.


Quelques divergences.
En dépit de la volonté affichée de travailler ensemble, tout n'est pas réglé et de nombreuses divergences demeurent. Ainsi, Chris Huhne (LibDem), ministre à l'énergie et au changement climatique, a concédé que la coalition était divisée concernant la construction de nouvelles centrales nucléaires dans le pays. Les partenaires sont néanmoins d'accord sur le refus de toute subvention publique pour aider à la construction de centrales nucléaires.
Cet exemple n'est pas isolé et les négociations entre les partenaires de coalition ne sont pas terminées.


Une mesure phare.
Pour le reste, rien de très palpitant, ce premier conseil des ministres a surtout servi d'échauffement. Malgré cela, David Cameron a annoncé que le traitement de tous les ministres diminuerait de 5% et que leur rémunération serait gelé durant les 5 années de la législature.
Cela contraste évidemment avec la cupidité de notre président. Rappelons en effet que celui-ci s'est augmenté de 206% dès son entrée en fonction, une augmentation bienvenue pour le président du pouvoir d'achat mais que les français n'ont, eux, pas vu sur leur fiche de paie. Même bord politique mais conception différente de l'intérêt du pays. Tandis que notre président use et abuse du népotisme en favorisant ouvertement un fils en échec scolaire et un père, peintre raté; David Cameron, qui va demander des sacrifices conséquents aux britanniques dès cette année pour combattre le déficit et la dette, décide d'une baisse de rémunération et de leur gel pendant toute la durée de la mandature.


Conclusion.
Peu de choses à retenir de ce premier conseil des ministres dont le but principal était chacun prenne ses marques avec des collègues qui se sont récemment combattu lors des élections. On le savait déjà mais c'est maintenant confirmé, les priorités seront l'économie et la lutte contre les déficits. Le gouvernement britannique, qui ne peut compter que sur lui-même, souhaitant éviter de se retrouver dans une situation à la grecque. On notera aussi que de nombreux points n'ont pas été abordé entre les partenaires, les LibDems ayant fait de l'environnement une priorité absolue, il sera intéressant de voir ce qu'il adviendra sur ce point.

Enfin, on notera le mesure symbole prise par le nouvel occupant du « 10, Downing street ». Si David Cameron n'est pas un saint, il fait néanmoins ce que l'on attend de tout homme d'État, il est responsable. Concept inconnu de notre président.

mercredi 12 mai 2010

Cameron prend la porte.

Voilà, c'est fait ! David Cameron devient le plus jeune premier qu'ai connu le Royaume-Uni en 200 ans depuis Lord Liverpool en 1812.


Merci le Labour.
Si dans l'esprit de bien des observateurs, une alliance entre les Tories et les Liberals-democrats était la seule ayant des chances de durer. Pour certains, c'est un choc. On pensera notamment aux nombreux militants libéraux-démocrates qui se sont battus pendant des années contre l'ennemi conservateur et se retrouve maintenant dans le même gouvernement qu'eux.


En réalité, si David Cameron est parvenu à ses fins, c'est surtout grâce à quelques parlementaires rebelles du Labour pour qui une alliance Lib-Lab entre travaillistes et libéraux-démocrates était tout bonnement inacceptable. De fait, une alliance progressiste, particulièrement fragile(qui n'aurait pas toléré qu'une seule voix manque à l'appel), était condamnée. Parallèlement à cela, David Cameron sentant le vent tourner, suite aux déclarations des négociateurs travaillistes et libéraux-démocrates qualifiant leurs discussions de « constructives », est revenu vers les amis de Nick Clegg avec de nouvelles concessions pour finalement emporter le morceau.


Ce sont donc bien les travaillistes qui ont condamné les LibDems à s'allier avec les Tories. Les libéraux-démocrates avaient pourtant largement ouvert leur porte au Labour. Mais las, les conservatismes des uns et des autres l'ont emporté. L'annonce dans l'après-midi de Gordon Brown, de la démission de son poste de Premier ministre laissant la porte du 10, Downing street ouverte au député de Witney dans un discours particulièrement émouvant et digne.


Dans la nuit de mardi à mercredi, le court discours de Nick Clegg annonçant l'approbation par le bureau exécutif des LibDems de l'accord de coalition avec les conservateurs a parachevé une journée bien chargée pour les uns et les autres.


Conclusion.
Le Royaume-Uni a enfin un gouvernement mais n'a pas forcément gagné un bon Premier ministre. Avec Gordon Brown, s'efface une certaine vision de la fonction de Premier ministre : peu charismatique mais expert dans la gestion économique et financière de son pays et du monde. La Grande-Bretagne perd un de ses meilleurs Premiers ministres et entre dans une ère inconnue.

Nick Clegg, le faiseur de roi, a sacré David Cameron. Maintenant qu'il est en place, on verra s'il arrive à s'en tenir à l'accord de coalition et si oui, pour combien de temps. Clegg et les LibDems gagne dans l'affaire 5 postes ministériels, quelques concessions dans le domaine économique, une promesse de réforme du système électoral et une législature à durée fixe pour le Parlement. Prochain scrutin en 2015 donc si tu vas bien entre les nouveaux partenaires. Mais rien ne dit que David Cameron ne soit pas tenté de passer l'accord signé à la trappe et n'en profite pour demander une « snap election ».

Une fois le roi sacré, le faiseur de roi n'a plus de pouvoir. Nick Clegg devrait se rappeler cela tous les matins dès aujourd'hui !

samedi 8 mai 2010

Une occasion à ne pas manquer.

Les 3 grands partis ont perdu, mais du scrutin ressort un gagnant. Son nom : Nick Clegg, chef politique des libéraux-démocrates.


Un bilan électoral décevant.
Bien qu'affichant un solde négatif 5 sièges par rapport à la législature sortante, son parti est l'indispensable clé pour s'installer au 10, Downing Street. En effet, aussi bien David Cameron que Gordon Brown ne peuvent faire sans lui pour gouverner, les élections ayant abouti à un « Hung Parliament ».

Ainsi que Nick Clegg l'a reconnu, ce scrutin est une déception et la « Cleggmania » qui a suivi le 1er débat télévisé ne s'est pas traduite dans les urnes. Si on regarde plus précisément où se situe les circonscriptions perdus, on note que celles-ci sont situés dans le Sud de l'Angleterre et au Pays de Galles. La pointe sud-ouest de l'Angleterre regroupant le Cornwall, l'Exeter et le Devon est particulièrement touchée. La défaite de Julia Goldsworthy symbolise à elle seule, la paradoxe de cette élection pour les libéraux-démocrates. Progressant de près de 1 000 voix, elle perd au final sur le fil de 66 voix face à son concurrent conservateur.


Une occasion à ne pas manquer.
Selon Steve Richards, journaliste au quotidien « The Independent », les libéraux-démocrates sont face à un dilemme majeur : soit s’allier avec David Cameron et obtenir une réforme électorale au prix de concessions politiques ; soit s’allier avec les travaillistes avec lesquels ils sont plus proches idéologiquement sur nombre de sujets mais apparaître derrière Gordon Brown dont le crédit politique est considérablement écorné après une défaite historique pour le Labour. En réalité, les LibDems doivent entrer dans une politique de rapports de force à laquelle ils ne sont pas habitués.

Winston Churchill avait dit un jour « Plus vous regarderez loin dans le passé, plus vous verrez loin dans l’avenir ». Nick Clegg devrait se souvenir de cette phrase venant d’un homme à qui on l’a un moment comparé et se la répéter pour savoir ce que les conservateurs lui réservent. En effet, si une alliance bleu-jaune a lieu, elle ne sera que provisoire.

Une fois que David Cameron sera installé au « 10, Downing street », il aura toutes les leviers en mains. Il aura le soutien des milieux d’affaires et des marchés qui détestent l’incertitude et l’instabilité et l’ont montré depuis jeudi en vendant massivement des titres britanniques et de la £ivre sterling. Il aura aussi le soutien de la population qui a déjà montré qu’elle souhaitait que les politiques parviennent rapidement à surmonter leurs divergences et se mettent à gouverner.

Mais surtout, il aura un avantage considérable pour le prochain scrutin : il pourra décider du moment de la bataille. Or, comme Napoléon l’a montré à Austerlitz, la maitrise du moment et du lieu des combats est essentiel pour s’assurer la victoire. Plus récemment, on pourra prendre l’exemple d’Harold Wilson qui devint Premier ministre en 1974 suite à l’élection d’un « Hung Parliament » avant de décider de la tenue de nouvelles élections à l’automne et d’obtenir cette fois, une majorité absolue. Il est évident pour les libéraux-démocrates de faire voter cette réforme dans un contexte plus favorable pour eux avec un nombre de parlementaires supérieur mais le temps est compté. En effet, durant l’état de grâce qui entoure le vainqueur après chaque élection, il est plus facile de faire voter des mesures difficiles.

Nick Clegg ne doit donc pas laisser passer l’occasion et exiger un référendum immédiat sur le mode de scrutin pendant qu’il en est encore temps. Car, il faut bien se rendre compte que jamais les conservateurs n’accepteront la réforme d’un mode de scrutin qui leur fermerait la porte à toute majorité absolue à la Chambre des communes à l’avenir. Par contre, David Cameron peut parfaitement accepter un référendum sur la réforme d’un système politique complètement cassé après le scrutin de jeudi dernier. Référendum que la population approuverait très probablement étant donné le ras-le-bol général envers le système actuel, comme le montre le vote pour les partis nationalistes.


Quelle alternative ?
Face à une alliance bleu-jaune, l’alternative est une alliance rouge-jaune. Mais l’idée d’une telle alliance n’a rien de la vision du paradis. Il sera très difficile de faire avaler à un électorat pour qui les LibDems représentent une alternative, une alliance avec un parti devenu très impopulaire. Nick Clegg doit donc conclure avec David Cameron, son principal objectif est donc, maintenant de faire accepter une telle idée à ses troupes.

Le résultat des élections se suffit à lui-même à démontrer que le système électoral est anti-démocratique. Avec un quart des voix mais seulement 1/12e des sièges, la situation des LibDems montre que le système actuel est fini. Reste que toute alliance des LibDems est soumise à la levée d’un triple verrou. Si Nick Clegg est le chef politique du parti libéral-démocrate, il doit recueillir une majorité des 3/4 de la part de son bureau politique exécutif, une majorité des 3/4 de ses parlementaires et une majorité des 3/4 de la part des membres de son parti. L’exercice s’annonce donc difficile mais pas impossible.

Nick Clegg devra garder son image de visionnaire qu’il a acquis durant les débats télévisés tout en se gardant d’apparaitre comme un traitre aux idées progressistes de son parti (cf. « Nick Clegg: visionnaire ou traitre ? », The Independant). Il devra faire entendre raison à ses troupes qui comme a pu le dire un de ses cadres : « [n’ont] pas combattu les conservateurs pendant 30 ans pour rentrer dans un gouvernement mené par David Cameron ». Si la base du parti penche pour une alliance progressiste avec le Labour, ce n’est pas le meilleur choix.

Pour Nick Clegg, l’enjeu d’une alliance avec les conservateurs est double. Il doit d’une part faire comprendre à ses troupes qu’il faut décider avec la raison et non avec le cœur pour réellement peser dans la vie politique britannique. D’autre part, il doit obtenir des concessions politiques de David Cameron. Celles-ci passent par des concessions au cas par cas suivant les textes de loi que le leader conservateur entend faire adopter rapidement, un ou plusieurs proches au sein du gouvernement (Nick Clegg pourrait viser le Foreign Office) et surtout l’organisation rapide d’un référendum pour changer le mode de scrutin.

Voilà, pour la feuille de route. Reste maintenant à l'appliquer.

mercredi 5 mai 2010

L’heure libérale est venue !




L'occasion est historique et elle ne doit pas être manquée. Après la prise de position du quotidien The Guardian en faveur des libéraux-démocrates vendredi dernier dans un article intitulé « L'heure libérale est venue », c'est le quotidien « The Independent » qui a lui aussi pris fait et cause pour Nick Clegg. La raison en est simple : il s'agit d'en finir une bonne foi pour toute avec le système du « first past the post » (scrutin uninominal majoritaire à un tour) qui exacerbe le bipartisme et aboutit à une représentation complètement injuste et anti-démocratique à la Chambre des communes. Avec l'émergence de Nick Clegg, l'occasion d'avoir un « Hung parliament » est l'occasion de mettre enfin en œuvre une réforme électorale et d'instaurer un suffrage proportionnel au moins en partie.


Le statu quo est toujours possible.
Les libéraux démocrates ont émergé après le 1er débat entre les Premiers ministrables mais depuis une semaine, le score prêté aux LibDems dans les sondages se tasse, il y a un risque réel d'en rester au statut quo, d'obtenir un gouvernement conservateur et que dans 5 ans, tout continue comme avant. Pour « The Independent » : « Le parti de Nick Clegg a réussi une formidable percée. Mais si le moule de la politique britannique s'est fracturé, il ne n'est pas encore cassé ».

Le parti conservateur affiche partout qu'il est le parti du changement et qu'il s'est renouvelé de l'intérieur. Le slogan de la campagne conservatrice « Vote for change » illustre d'ailleurs cette ambition affichée. La focalisation sur l'éducation et le NHS (la Sécurité sociale locale) avec un programme plus orienté « social » laisse à penser que c'est le changement est profond. En réalité, pourtant, il n'en est rien. Que ce soit sur l'Europe, l'immigration, la justice et la lutte contre la criminalité, ce sont que de vieilles recettes inefficaces ayant reçu un simple coup de peinture.

Mais ce qui montre que, fondamentalement, les conservateurs n'ont rien compris aux changements nécessaires pour faire face aux nécessités du XXIe siècle, c'est le refus de toute réforme électorale. Tout juste, David Cameron concède-t-il une refonte des circonscriptions électorales pour tenir compte des évolutions démographiques.


Un Labour fatigué.
Le Labour, s'il est ouvert aux réformes, a remis en cause nombre de libertés individuelles que ce soit avec les textes concernant la lutte contre le terrorisme qui ont permis d'introduire une régime dérogatoire absolument scandaleux depuis l'adoption du « Bill of rights » ou avec l'ambition d'adopter un système similaire à la loi HADOPI adoptée après une bataille à la Pyrrhus menée par le gouvernement Fillon sous la houlette des majors de l'industrie culturelle. Après 13 ans de gouvernement, le Labour est un parti fatigué qui se concentre plus son bilan que sur l'avenir. Si l’on doit reconnaître à Gordon Brown, sa formidable réactivité dans la gestion de la crise financière et son expertise dans le domaine économique; pour le reste, les travaillistes n'ont pas pris conscience des défis auxquels le Royaume-Uni devra faire face au XXIe siècle. Ainsi, seuls les libéraux-démocrates ont un plan précis pour transformer l'économie britannique et l'adopter aux impératifs de l'économie verte.



L’espoir libéral-démocrate.
Les Libdems ne sont pas sans défauts mais après la scandale des notes de frais, ils sont les plus crédibles et les plus convaincants. Ils apportent une touche de renouveau et de fraîcheur dans la politique britannique. Mais surtout, ils ont compris depuis longtemps les orientations indispensables à donner au Royaume-Uni. Europhiles, ils défendent l’euro, l’intégration européenne et un partenariat avec les Etats-Unis basé sur une notion de réciprocité et non plus de soumission. Ils se font champions des libertés individuelles, défendent l’économie numérique et les nécessaires adaptations de la société. Mieux, bien avant que les Conservateurs ou le Labour ne se mettent au « green washing », ils sont les seuls à proposer un plan concret, précis et chiffré pour faire entrer de plain-pied la Grande-Bretagne dans l’écolonomie.


Dans de nombreuses circonscriptions, on assiste à une bataille à couteaux tirés entre les travaillistes et les conservateurs. Voter pour l’un ou pour l’autre, c’est dans un cas comme dans l’autre, reconduire un système usé et décrédibilisé. L’exemple type est la caricature dans l’édition du mercredi 05 mai 2010 du quotidien « The Independent ». On y voit derrière le masque de David Cameron, le corps en décomposition de Margaret Thatcher émettant une forte odeur accompagné de mouches, l’œil sortant de son orbite. Celui-ci est perché sur un des fameux « fat cats » (surnom donné aux grandes fortunes) caché derrière un impair. Le dessin, accompagné d’une contre-vérité dont les conservateurs britanniques essaient de se persuader : « Vote for Clegg. You get Brown », résume bien ce qu’est en réalité, la campagne conservatrice.


Conclusion.
En votant pour Nick Clegg et les candidats LibDems ce jeudi, nos voisins britanniques ne se voient pas seulement offrir l’occasion de changer de gouvernement. Non, ils ont l’occasion de faire de quelque chose de plus grand, de faire quelque chose de plus fort : changer de système politique, mais surtout changer la politique. Un changement revigorant qui re-légitimerait la politique dans son sens noble dans un pays qui a tant souffert du scandale des notes de frais. Voter Libéral-démocrate, c’est l’occasion de mettre en œuvre de grandes réformes qu’attend ce pays depuis longtemps en s’inscrivant dans la lignée de celles qui ont fait du Royaume-Uni ce qu’il est actuellement. Les britanniques devront, ce jeudi, plus que jamais, voter avec leur tête et non avec leurs pieds. Il est grand temps de donner une autre vision de la politique.

mardi 4 mai 2010

Grenelle II, phase finale ou phase terminale ?

Aujourd'hui, au cours de l'après-midi, les députés ont démarré l'examen du projet de loi Grenelle II.


Contexte général.
Le texte doit concrétiser les ambitions générales affichées par le 1er texte issu des discussions entre le gouvernement, le monde associatif et la société civile par un paquet de mesures sur des sujets aussi variés que la biodiversité, la fiscalité écologique ou les énergies renouvelables.


Que reste-t-il de nos amours ?
Des discussions ayant eu lieu en 2007, on se demande ce qu'il reste, tellement le texte a été modifié. Complètement réécrit par des députés de la majorité échaudés par la déroute subie aux régionales et dans une moindre mesure aux élections européennes, le texte est le fruit des lobbies industriels dans les domaines tels que la pétrochimie, les transporteurs routiers, l'agriculture et bien d'autres. Exemple symbolique parmi d'autres, le traitement reservé aux énergies renouvelables, éoliennes en tête. Le texte initial a été réécrit en commission sous la présidence de M. Ollier (compagnon de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice) et a consulté en tant qu'experts pour améliorer le régime existant des éoliennes, un certain Valérie Giscard d'Estaing, certes ancien président de la République, mais aussi très connu pour être un ardent défenseur du lobby du nucléaire et un opposant farouche à l'énergie éolienne. Les dispositions concernant l'éolien sont tellement caricaturales qu'elles ont entrainé, fait inédit une manifestation dans le 14e arrondissement de Paris. La manifestation a réuni environ 2 000 personnes sur un secteur qui génère actuellement 10 000 emplois et est en plein essor.


Faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
Si le texte est, reconnaissons plus proche de « l'astre mort » décrit par Noël Mamère que du beau projet architectural, Jean-Louis Borloo comparant le texte à une cathédrale, il n'est pas complètement à jeter non plus. Ainsi, si la fiscalité écologique est reléguée aux calendes grecques; et les énergies renouvelables gravement remises en cause. Plusieurs dispositions sont une réelle avancée. On pourra ainsi citer la reconnaissance et le développement de « corridors écologiques »


Conclusion.
La France va-t-elle scier la branche sur laquelle elle est assise avec la loi Grenelle II ? La bataille s'annonce longue et la question reste entière.