Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

mercredi 28 juillet 2010

Une langue, des languages ?

Depuis l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts signé début août 1539, la langue officielle de l'administration est le français. Le français en tant que langue a mis un certain temps à s'imposer dans les différentes contrées qui forment notre beau pays.


La construction.
En fondant l'Académie française en 1635, le cardinal de Richelieu voulait autant affirmer le pouvoir de l'État royal qu'accroître le prestige de l'État mais aussi le sien en s'érigeant dès le début comme son protecteur.

L'Académie a donc, depuis sa création, eu la mission de formaliser, de construire la langue française afin de pouvoir l'imposer, de contrôler les hommes et de former les esprits. Cet effort connu indirectement un certain effet avec le développement de la littérature et d'un certain mode de réflexion dans ce que l'on a appelé par la suite, le siècle des Lumières.

Cette construction passait par la normalisation de la langue mais surtout par la publication du fameux dictionnaire. Critiquée, l'Académie est la principale institution connue qui a construit la langue française. Toutefois, il ne faut pas oublier que le français est une langue vivante qui évolue suivant les époques.


La déconstruction ?
Après la phase de construction, le français définitivement ancré dans les esprits par les professeurs de la République, est-il en train de se déconstruire ? C'est en somme ce qu'on remarquer les correcteurs du quotidien « Le Monde » qui ont noté une tendance lourde à ne plus accorder les verbes avec leur sujet et de citer plusieurs exemples relevés sur un article mis en ligne sur lemonde.fr, le 19 Juillet dernier ainsi que chez des confrères de la presse écrite.

Nos amis correcteurs déplorent cette tendance à une dislocation douce de la grammaire et se demandent si la grammaire française n'est pas en train de disparaitre peu à peu (et la langue française avec).


Une réalité.
Il est vrai que la langue française souffre beaucoup. Le développement des messages courts encourage la contraction des mots, des expressions et donc de la langue. Si cette tendance est ancienne, son développement s'est très fortement accéléré. La migration d'une large part des internautes vers les réseaux sociaux comme Facebook ou Myspace et plus récemment encore vers Twitter ajoute de l'eau à ce niveau.

Est-ce à dire que l'on assiste à une évolution ou plutôt à une mutation de la langue française, de sa pratique ? Oui et non.
Oui, car dans son utilisation, dans son emploi, l'usage de la langue évolue, il se transforme négligeant la syntaxe, déconstruisant ce qui est logique, pour arriver à une sorte de magma informe dans lequel on se perd.

Non, puisque parallèlement à ce phénomène, on assiste aussi à un retour en grâce des cours d'orthographe, de grammaire car au final, les exigences sociales sont toujours les mêmes, celle d'une langue irréprochable. Il y a donc un fossé qui se creuse entre la réalité de la pratique de la langue au jour le jour et les exigences auxquelles les mêmes acteurs font face.

La conciliation les attentes des uns et les objectifs sociaux, professionnels semble difficile, voir impossible. Toutefois, il semble que nous assistions à un certain retour en grâce d'une rigueur de la langue. La raison en est simple : professionnellement, les choses sont devenues intenable. Tout comme l'on ne débarque pas au travail en pantoufle et en T-shirt mais plutôt en uniforme, costume ou tailleur, il faut intégrer dans la langue le différentiel entre une langue du privé et une langue de travail.

Au risque de faire de la langue de travail, une langue morte ?


Ceci est une autre question.

dimanche 25 juillet 2010

Un fief pour le prince.

En pleine affaire Woerth-Bettencourt et au cœur de l’été, on l’avait un peu oublié mais une autre affaire est en train de ressurgir, ou plutôt le sort d’une personne revient sur le devant de la scène. Son nom ? Jean Sarkozy.


Dans les épisodes précédents…
Le prince Jean, après avoir soutenu « à mort » David Martinon lors de la course à la mairie de Neuilly, a pu se faire élire conseiller général du canton de Neuilly sud suite à l’opportun retrait de candidature d’Arnaud Teullé, adjoint sortant de Neuilly-sur-Seine. Élu au 1er tour avec 51,9% dans un canton hyper favorable où son prédecesseur avait fait 20 points de mieux, il se voit alors concurrencé par un candidat centriste qui réalise un joli 28,9%. A peine élu, il devient président du groupe UMP-Nouveau centre au conseil général des Hauts-de-Seine au détriment d’Hervé Marseille. Ce dernier ne passe d’ailleurs que 3 mois comme administrateur de l’EPAD, établissement public gérant la Défense, le plus gros quartier d’affaires d’Europe, avant de démissionner pour laisser sa place au prince. Nicolas Ier souhaite en effet que son fils en échec scolaire (deux prépas ratées, et deux échecs à sa 2e année de droit) prenne la présidence de cet établissement public.

Hélas, trois fois hélas, cette idée suscite l’ire de l’opinion publique et rejaillit sur le château que l’on accuse de népotisme. A l’étranger, la France voit son image ternie et tant Nicolas Ier que le prince Jean sont l’objet de larges critiques. Finalement, le prince Jean sous la pression populaire renonce à la présidence mais devient tout de même administrateur de l’EPAD, ce qui est tout aussi problématique au niveau éthique et moral. En dépit des vagues de critiques et d’un nombre considérable de démissions chez les militants UMP, l’intéressé a droit aux plateaux télés où il explique qu’il a renoncé de lui-même (tu parles !) et qu’il aura l’occasion de se représenter devant les électeurs.

Cette intention ne restera pas longtemps lettre morte puisque que l’opinion à peine calmée, il se murmure que Patrick Devedjian serait prié de renoncer à sa charge de président du Conseil général le plus riche de France au profit du prince Jean. L’idée a, en effet, été lancé par les parrains du prince, les époux Balkany. Patrick et Isabelle Balkany sont en effet des parangons de vertu puisque leur gestion de la ville de Levallois-Perret est régulièrement épinglée par la Chambre régionale des comptes d’Ile de France. Condamné en 1996 pour avoir affecté 3 employés municipaux à son intérêt personnel, Patrick Balkany a été régulièrement été condamné depuis. Son épouse Isabelle n’est pas en reste, puisque malgré sa condamnation pour pris illégale d’intérêts, elle est toutefois élevée au rang de chevalier de la Légion d’honneur en 2008 au cours d’une cérémonie spécifique et ce malgré sa condamnation judiciaire. Le Code de la Légion prévoit pourtant que l’ordre est réservé aux citoyens français ayant des « mérites éminents » ainsi que l’exclusion de toute personne condamnée en correctionnelle (ce qui est le cas ici).
Autre mentor, du prince Jean, Charles Pasqua au pedigree aussi intéressant que les précédents.


Grand pari pour un petit destin.
Les choses auraient pu en continuer comme cela encore longtemps. Mais suite aux divers évènements qui ont fait plonger la côte de popularité de Nicolas Ier, le prince Jean dont « la valeur n’attend pas le nombre des années » a été prié de ne pas faire de vague d’ici 2012 afin de ne pas plomber un peu plus la candidature de papa en 2012. Pour l’intéressé, l’idée de devenir président du Conseil général des Hauts-de-Seine s’amenuise. Mais pas question de laisser l’héritier dans un médiocre mandat de conseiller général, fusse-t-il président de groupe. L’idée a donc germé d’offrir un mandat de député au fils cadet de Nicolas Ier.

Problème : le populaire Jean-Christophe Fromantin qui a réussi à conquérir la mairie de Neuilly en 2008 a confirmé qu’il se représenterait à la mairie de Neuilly et qu’il se présenterait aux législatives de 2012 dans la circonscription de Neuilly et Puteaux (celle où Nicolas Ier a été élu député). Il faut donc trouver une circonscription au prince Jean. Celle-ci doit être suffisamment à droite pour qu’il puisse la gagner en dépit de l’ire et de l’urticaire qu’il suscite chez les électeurs. Elle ne doit pas l’être trop non plus pour qu’on évite de croire qu’il a été nommé.

La recherche de la circonscription idéale s’annonçait donc complexe. Mais, voilà, coup de théâtre, le sémillant André Santini, député de la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, mais aussi maire d’Issy-les-Moulineaux et conseiller régional d’Ile de France est nommé le 08 Juillet 2010, membre du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris (établissement public industriel et commercial) avant d’en devenir le président le 21 Juillet 2010.

Il n’en faut pas plus pour que nombreux soient ceux qui y voient une tentative de faire place nette au prince Jean, quitte à sortir du jeu, Frédéric Lefebvre, actuel porte-parole de l’UMP, ancien assistant parlementaire de Nicolas Ier et suppléant d’André Santini.


Plus haut, plus loin.
Si le château souhaite que Jean Sarkozy devienne député, la partie est loin d’être jouée. Le fils du président avait été élu difficilement dans une commune où il était implanté et connu de la population. En parachutant son fils dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, Nicolas risque de se tirer une balle dans le pied. André Santini est populaire dans sa circonscription mais c’est parce qu’il en est maire et qu’on lui reconnait un certain sens de l’humour ce qui est loi d’être le cas d’un jeune homme en échec scolaire chronique.

S’inscrivant aussi dans une dynamique loin d’être favorable à l’exécutif sortant, la carrière politique du prince Jean est aussi fragile qu’un origami et est loin d’être à l’abri d’une vague d’opposition républicaine. Au lieu de rêver à un avenir tout tracé, le fils du président devrait plutôt penser à finir ses études (s’il le peut) et a trouver un vrai travail tout seul sans se faire aider. Nul doute que s’il se voyait confronté à la réalité des choses, il ne prendrait pas les choses de si haut.

vendredi 23 juillet 2010

Noyée dans la fumée.

C'est officiel, la vente de tabac est donc désormais interdite aux jeunes et ce, depuis le 27 mai. Toutefois, ce n'est qu'au cœur de l'été que le gouvernement a communiqué sur le sujet ainsi que nous le révèle le quotidien « Le Parisien » dans son édition du jour.


Le texte.
Le décret n°2010-545 du ministère de la santé et des sports modifie ainsi les dispositions du Code de la santé publique en plusieurs points dont la plus importante est l'article D. 3512-3 qui instaure une amende de 4e classe ou 135€ pour le vendeur qui ne respecterait pas l'interdiction. Le texte permet aussi au détaillant de demander la présentation d'une pièce d'identité en cas de doute sur l'âge de la personne.
La disposition incluse dans le texte de loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) du 22 juillet 2009 relève l'âge pour acheter du tabac de 16 à 18 ans comme cela a déjà été le cas pour l'achat d'alcool. Sans réelle complexité, la mesure a toutefois mis près de 10 mois à être publié au Journal officiel dans son édition du 27 mai.


Discrétion, discrétion.

En réalité, si le gouvernement a été particulièrement discret sur l'officialisation de la mesure, c'est parce qu'il fallait brusquer les buralistes, corporation particulièrement réactive qui vote majoritairement à droite. En période de turbulences, mieux ne pas trop communiquer sur une mesure impopulaire auprès de ce public sensible. Ainsi, respectant la tradition, le gouvernement a timidement communiqué durant les vacances estivales. Tellement timidement, que nombre de buralistes n'étaient même pas au courant. Nombre d'entre eux ne l'ont su qu'en recevant une petite affiche de la part de la Confédération des buralistes mentionnant l'interdiction de la vente de tabac aux mineurs.


Ce double discours de la part du gouvernement lorsqu'on parle de la vente de tabac n'est pas nouvelle. Toutefois, il est assez surprenant concernant la vente de tabac aux jeunes. On sait avec certitude que la facilité à se procurer du tabac pour les jeunes est une des causes principales de leur dépendance combiné à l'âge où les jeunes fument leur première cigarette. Aussi, on peut s'étonner que le gouvernement adopte une attitude aussi irresponsable si un sujet aussi important.


Responsabilité contre démagogie.

On peut comprendre les buralistes pour lesquels cette interdiction va immédiatement se traduire par une baisse de leur chiffre d'affaires. Le discours du patron de la Confédération des buralistes illustre cette réalité en allant cependant bien plus loin. Pas avare de démagogie, Pascal Montredon affirme que l'interdiction de la vente de cigarettes alimentera les réseaux mafieux de contrebande de cigarettes.

S'il est vrai qu'une partie ira vraisemblablement vers les réseaux de contrebande, l'immense majorité n'ira pas se compliquer la vie et tentera de passer par les réseaux officiels.
Le but d'une telle interdiction n'est pas d'interdire aux jeunes de fumer mais bel et bien de compliquer l'accès au tabac pour faire diminuer le nombre de jeunes fumeurs qui depuis quelques années repart à la hausse malgré les campagnes de lutte contre le tabagisme. En ce sens, l'intérêt général est évident.


Conclusion.

En jouant la discrétion si une mesure aussi importante, le gouvernement en affaiblit l'efficacité. Pris entre son intérêt immédiat et des revenus qu'il tire du tabac, et la logique à plus long terme de protection de la santé publique, le gouvernement privilégie clairement l'immédiateté. A tort, car à terme, le tabac coûte plus qu'il ne rapporte.

lundi 19 juillet 2010

Métro, métro, métro.

Ce lundi, on fêtait le 110e anniversaire du métro parisien. Inauguré le 19 juillet 1900 pour l'exposition universelle de Paris de 1900, la ligne 1 du métropolitain a été construite sous l'égide de Fulgence Bienvenüe qui a donné son nom à la station Montparnasse. Dès son inauguration, la ligne 1 a dû faire face à une fréquentation élevée puisqu'elle devait desservir les différents sites de l'exposition universelle de 1900 mais aussi les sites des Jeux Olympiques d'été qui se déroulaient dans le bois de Vincennes. A l'image de la très forte fréquentation des débuts, le succès du métro ne s'est pas démenti et le réseau compte à ce jour 16 lignes et 300 stations.


Une fréquentation toujours aussi forte.
Transportant plus de 3,9 millions de voyageurs par jour, soit un total d'1,409 milliard par an, le métro est donc un succès. Avec une évolution profonde et continue, il constitue un élément indissociable du paysage parisien, à tel point qu'il sert régulièrement de décors aux diverses productions cinématographiques, qu'elles soient françaises ou étrangères.

Victime de son succès, le métro est très emprunté, tellement emprunté qu'apparaissent depuis une vingtaine d'années, un certain nombre de problèmes dû à sa surfréquentation. Ainsi, les usagers subissent un certain nombre de désagréments comme l'aération insuffisante, la température excessive ainsi que la dégradation du matériel. Dernièrement, l'irruption du web 2.0 sur les téléphones mobiles et de ses réseaux sociaux a donné naissance à plusieurs flux dont le très connu : @ratp_users qui recense en temps réel les différents désagréments et les problèmes que peuvent rencontrer les usagers des transports en commun franciliens.


Pas de réel effort depuis 1935 !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'y a pas eu d'efforts considérables depuis 1935 pour développer massivement le métro en 75 ans excepté la création de la ligne 14 en 1998. Certes, les différentes lignes ont, pour la plupart d'entre elles, été prolongées mais aucun effort de grande ampleur n'a vraiment été lancé. Ainsi, les lignes connaissent toutes de fortes fréquentations à plus de 95% pour les moins fréquentés à plus de 130% pour la ligne 13, la pire du réseau parisien.

Tout cela pouvait être compris lorsque l'on pouvait encore compter sur la voiture individuelle. Mais depuis une dizaine d'années, comme toutes les grandes villes de France et du monde, la ville de Paris et plus généralement toute l'agglomération parisienne, s'est lancée dans une grande opération de requalification urbaine privilégiant les voies piétonnes, les transports dit doux comme le bus ou le tramway ainsi que la marche à pied et le vélo via les installations en libre-service du type Vélib' ou Vélov'. Le problème, pendant que l'on réduit la place de la voiture dans le cadre de ces opérations de transport, est que le nombre d'usagers augmente non seulement par effet de transfert mais aussi du fait d'une vision déséquilibrée de l'urbanisme.


Ainsi, la multiplication des tours de la Défense accroit un peu plus la saturation des infrastructures de transport en commun qui desserve le quartier que ce soit le métro, le RER A, les lignes de bus ou le tramway T2.

Conséquence de l'accumulation de ces différents facteurs, la situation devient explosive dans les transports et pour les personnels avec la multiplication des agressions envers ces derniers. La nouvelle méthode de gestion du matériel par le RATP et la SNCF donc le STIF qui a remplacé une approche préventive par une approche curative (avant on remplaçait avant que le matériel tombe en panne tandis que maintenant on attend que le matériel tombe en panne pour réparer) n'arrange rien.

Tous ces facteurs contribuent donc à la saturation des transports en commun de l'agglomération parisienne.


Que faire ?
Face à une telle situation, il convient de prendre des mesures fortes. La schéma directeur régional d'Ile de France ou SDRIF approuvé en septembre 2008 par la Région mais bloqué jusque récemment par le Premier ministre (le document nécessitant pour entrer en vigueur un décret en Conseil d'État) qui l'a transmis au Conseil d'État le 10 juin 2010. Résultat, 1 an et demi de perdu pour un document qui relançait timidement l'investissement dans un secteur longtemps délaissé.

Ce schéma donne quelques signes positifs notamment avec l'inscription du projet Arc express (une RER faisant le tour de la capitale en moyenne banlieue) qui illustre l'importance de passer d'une logique d'organisation des transports en étoile à un logique d'organisation en toile d'araignées. Néanmoins, de nombreux points noirs ne sont toujours pas réglés.

Que faire face à la surcharge déjà patente du métro ? Quelle organisation urbanistique pour concilier le développement de l'agglomération parisienne avec les contraintes actuelles que ce soit en matière de bruit ou de respect de l'environnement ?


L'indispensable plan Marshall.
Dans un contexte difficile où les pouvoirs publics, collectivités comme État, sont tous endettés, il convient non seulement d'apurer les comptes publics mais aussi de préparer les conditions pour permettre la croissance de demain. Si l'agglomération parisienne a pu se développer, c'est bien grâce aux efforts en matière de transports collectifs notamment sur les liaisons entre le centre et sa banlieue. L'histoire est un éternel recommencement. Nos décideurs feraient donc bien de se rappeler qu'un certain baron Haussmann par les grands travaux qu'il avait dirigé avait non seulement endetté la ville de Paris pour 50 ans mais en avait aussi fait une ville moderne dotée de larges avenues, de grandes gares permettant de circuler aisément en son sein.

Aujourd'hui, si l'insalubrité n'est pas celle du XIXe siècle, la saturation est telle que l'asphyxie et la paralysie guette la ville Lumière. Pour résoudre le problème, il n'y a donc qu'une solution : investir, et massivement. Investir en développant le métrophérique pour doubler le périphérique, en triplant au moins la capacité du métro avec des lignes automatisées à très grande capacité ; en remplaçant les lignes de bus les plus saturées par des tramways ; en construisant en sus d'Arc Express, un ligne de RER rapide en très grande banlieue, qui ne soit pas forcément à grande vitesse mais simplement adaptée pour la circulation de trains classiques rapides (240 km/h), en développer plusieurs autres traversant Paris, d'autres encore dédiées au transports entre banlieue ; tripler la capacité de la gare Saint-Lazare ; construire 1 ou 2 nouvelles gares pour face aux besoins.

Alors oui, tout cela nécessite de l'argent, beaucoup d'argent, trop diront certains mais cela n'est que la conséquence d'un sous-investissement chronique qui n'a que trop duré. Dans la plus optimiste des versions, il y en a pour 50 à 60 milliards €, plus sûrement le double soit 100 à 120 milliards € avec très certainement des dépassements. Comment financer tout cela quand l'État est sans le sou et que les moyens des collectivités sont réduits du fait de « l'enveloppe normée », de la refonte de la taxe professionnelle et de la réforme des collectivités locales. Là encore, une solution : augmenter la fiscalité.

Mais augmenter les prélèvements existants ne suffira pas, il va falloir en créer de nouveaux en taxant les automobilistes, les voitures polluantes, la plus-value immobilière tirée de la proximité de nouveaux transports collectifs, etc. Il faudra aussi en passer par la dette car il est normal qu'un investissement destiner à durer longtemps soit payé par les différentes générations qui en bénéficieront. Durée annoncée de la dette, au minimum 25 ans, plus surement 30. Et tant qu'à penser une opération d'ampleur, autant en profiter pour repenser l'urbanisme en développement un modèle multipolaire soucieux de préserver les surfaces urbaines et s'intégrant dans une démarche respectueuse des critères environnementaux les plus stricts. Un sacré travail en perspective !



Conclusion.
L'anniversaire du métro, la crise montrent combien nos sociétés doivent repenser leur façon de construire la ville, d'habiter la ville, de l'organiser. Les transports en commun ne sont, certes, au final qu'un des aspects de cet ensemble mais il s'agit de celui dont les habitants sont le plus proche au quotidien.

Le problème n'est d'ailleurs pas spécifique à Paris mais à toutes les grandes métropoles. Ironie du sort, la stratégie de développement de la RATP en constitue un parfait exemple. Via sa filiale RATP Dev, la régie parisienne a décroché la gestion du métro d'Alger ou du tramway de Florence où sont vantés, le savoir-faire de la régie et l'intégration des transports dans la ville et la modernité des solutions mises en œuvres.

En Chine, les pouvoirs publics qui font face à une urbanisation galopante multiplient la construction de transports en commun dit lourds, c'est-à-dire à très forte capacité et sollicitent largement le savoir-faire français.

Face à ces défis majeurs, la France n'est pas le pays le moins armé, bien au contraire. Leader dans le domaine des transports en commun, notre pays dispose d'un réel savoir-faire qui s'exporte déjà. La relance de notre économie nationale passe aussi par le développement d'infrastructures de qualité. Ce critère est d'ailleurs un des atouts de notre pays pour séduire les investissements directs internationaux. Ainsi, la France se place 3e au plan mondial et 1ière au niveau européen juste derrière les États-Unis et la Chine.

Notre développement futur, son ampleur dépendent aussi; surtout devrait-on dire des investissements réalisés en période creuse. Et cela, seuls les pouvoirs publics peuvent l'impulser. Ce sera ensuite au secteur privé de prendre le relais et de profiter de ces investissements pour lui même se lancer dans des projets et ainsi qu'à l'export.

Mais pour que tout cela soit possible, encore faut-il une volonté de fer des décisionnaires tant publics que privés. Et actuellement, on en est loin...

jeudi 15 juillet 2010

Parité ? Ça existe ça ?

A l'occasion du 27e anniversaire après la 1ière loi sur l'égalité homme-femme et alors que le respect de parité est claironnée haut et fort par tous. Or, dans les faits rien ne change. Pour donner un bon coup de pied dans la fourmilière et pour réveiller les consciences, le magazine « Osez le féminisme ! » lance le site « Vie de meuf » sur le modèle du célèbre et désormais très connu, « Vie de merde ».

Femme, une vie de meuf !
On aurait tendance à croire l'année où une femme dirige la patrouille de France et au moment où les femmes sont majoritaires dans les universités que la situation a changé. On en est loin ! Par habitude, on parle toujours de sexe faible. Par le poids des préjugés inculqués par notre société, ce sont toujours les femmes qui font le ménage et s'occupent des enfants. Et pas question lorsque l'on est membre d'un sexe ou de l'autre de sortir de son champ de possibilités au risque de prendre la discrimination en pleine face.

Aussi que l'on soit un homme ou une femme, il est temps de faire changer les choses. Vraiment !

Pour information, voici ci-dessous la tribune de la créatrice du site « Vie de meuf ».

« Égalité professionnelle : un demi-pas en avant, vingt-sept ans en arrière

Caroline De Haas, réseau "Osez le féminisme !"

Il y a vingt-sept ans, le 13 juillet 1983, Yvette Roudy faisait adopter à l'Assemblée nationale la première loi sur l'égalité professionnelle. Après les avancées nombreuses de 1965 (autorisation de travailler sans l'accord de son mari, possibilité d'ouvrir un compte en banque à son nom…), cette loi visait à corriger les inégalités encore profondément ancrées dans le monde du travail.

Près d'un quart de siècle plus tard, les choses ont-elle réellement changé ? La réalité est assez cruelle : nous n'en sommes pas beaucoup plus loin qu'au début des années 1980. Les chiffres publiés chaque année par le Service Droits des Femmes du gouvernement nous le rappellent : les femmes touchent des salaires inférieurs de 27 % à ceux des hommes et représentent 82 % des salariés à temps partiel. La moitié des emplois féminins se concentre dans 14 % des catégories professionnelles. Près de trois femmes sur dix attendent 65 ans pour liquider leur retraite, faute de n'avoir pu rassembler les trimestres nécessaires, contre un homme sur vingt. Les femmes n'occupent, en 2007, qu'un peu plus d'un quart des postes d'encadrement des entreprises du secteur privé et semi-public alors qu'elles sont majoritaires à l'université.

L'année 2010 n'est pas anodine pour l'égalité professionnelle. C'est la date donnée en 2006, lors du vote de la dernière loi pour l'égalité pour évaluer ses effets et éventuellement sanctionner les entreprises. Ces dernières ont jusqu'au 31 décembre pour se mettre en conformité avec la loi, c'est-à-dire ouvrir des discussions en leur sein sur l'égalité professionnelle. Aujourd'hui, quatre ans après la loi et six mois avant la date butoir, seules 8 % des entreprises ont signé un accord avec les partenaires sociaux. Il y a donc de quoi s'inquiéter.

Toujours la même réalité.

Que risquent les entreprises qui ne respectent pas la loi ? En 2006, les parlementaires avaient prévu dans ce cas qu'un nouveau projet de loi pourrait instaurer une taxe sur les salaires pour les sanctionner. Le gouvernement, pour faire d'une pierre deux coups, a directement intégré cette question au projet de réforme des retraites qui sera discuté à la rentrée à l'Assemblée nationale.

L'article 13 de la réforme des retraites concerne en effet l'égalité professionnelle. Les sanctions qu'il prévoit sont en réalité largement en deçà de celles prévues en 2006. Elles seront appliquées uniquement aux entreprises de plus de 300 salariés – moins de 36 % des emplois – et porteront non pas sur l'absence de négociations mais sur l'absence de publications de chiffres sur l'égalité (le RSC, rapport de situation comparée). Pour échapper aux sanctions, il suffira aux entreprises de commander un rapport sur l'égalité professionnelle. Que celui-ci donne lieu ensuite à des changements, peu importe…

L'égalité professionnelle semble depuis vingt-sept ans une marotte sur laquelle tout le monde s'accorde mais pour laquelle personne ne fait rien. Des lois, des déclarations, des promesses et au final, toujours la même réalité. Lorsqu'on naît femme, on est destinée à être moins payée qu'un homme.

A une réforme des retraites qui, en reculant l'âge légal de départ à taux plein, va toucher en premier lieu les femmes, le gouvernement ajoute donc un recul net en matière d'égalité professionnelle. Le 13 juillet, nous pourrons souhaiter à toutes les femmes un "triste anniversaire". Vingt-sept ans après, les batailles sont manifestement toujours d'actualité.

Le réseau Osez le féminisme ! a construit un site d'information sur ce sujet : Vie de meuf.

Caroline De Haas, réseau "Osez le féminisme !" »


mercredi 14 juillet 2010

Un 14 juillet treize-colore.

Le 14 Juillet, une date qui est non seulement celle de l'anniversaire de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 mais aussi, on a tendance à l'oublier, la commémoration de la fête de la Fédération qui eut lieu le 14 juillet 1790 célébrant non seulement la prise de la Bastille mais aussi la fin de la monarchie absolue. Ainsi, c'est au cours de cette dernière dut prêter serment à la constitution, à la Nation et à la loi.


Le serment du 14 Juillet 1790.
« Nous, députés des détachements des différentes gardes nationales rassemblées sous les murs de Lyon, pénétrés de l'importance de la mission sacrée qui nous a été confiée par nos commettants,

Jurons sur l'autel de la patrie, et en présence de l'Être suprême, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution du royaume, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, d'exécuter et de faire exécuter les décrets de l'Assemblée nationale, sanctionnés ou acceptés par le roi.

Nous jurons d'être inviolablement attachés a ce grand principe de la liberté individuelle, de protéger les propriétés particulières et les propriétés déclarées nationales, d'assurer la perception de tous les impôts ordonnés pour le maintien de la force publique, d'entretenir la libre circulation des subsistances dans toute l'étendue du royaume, de maintenir, partout où nous serons appelés, l'ordre et l'harmonie, sans lesquels les sociétés se détruisent au lieu de se perpétuer.

Nous jurons enfin de regarder comme ennemis irréconciliables tous ceux qui tenteraient de porter atteinte à la nouvelle Constitution ; et nous reposant avec confiance sur la Providence qui soutient notre patriotisme, nous promettons de sacrifier nos fortunes et nos vies pour conserver à nos descendants cette liberté après laquelle nous soupirions depuis si longtemps. »

Et maintenant ?
Que reste-t-il de ce serment que nous célébrons chaque année, le 14 juillet ? Pessimiste, on serait tenté de dire : « Pas grand chose ! ». Les différentes « affaires » qui ont émergé récemment et qui touche la République en ce qu'elle a de plus précieux, son intégrité et le respect de grandes valeurs qui la fondent. Toutefois, si celles-ci sont gravement menacés (tout en comme en Italie), une force lutte contre les attaques dont fait objet la République : la société civile. Avec Internet comme vecteur de mobilisation et d'émergence de la conscience citoyenne, ainsi qu'il est souligné dans l'ouvrage « Allons enfants de l'Internet ».

La presse en ligne, la désaffection pour les partis politiques des citoyens au profit du monde associatif et de l'action locale, plus qu'une réaction sont un changement profond au sein de nos sociétés que l'on retrouve partout dans le monde que ce soit aux États-Unis, ou en Europe.


Francafrique, le retour ?
Autre aspect de ce 14 Juillet, la participation des troupes des 13 pays, anciennes colonies françaises en Afrique, au défilé militaire. On en retiendra plusieurs choses. Interrogé à l'issue du traditionnel défilé militaire, des journalistes de France télévision interrogeaient les différentes personnalités présentes. Questionné par une journaliste sur si la participation de troupes africaines ne constituait pas le retour de la , l'obscur ministre de la Défense, Hervé Morin a répondu que c'était que non, qu'il fallait parler d'Afrique-France. La diplomatie ou l'art de jouer sur le mots ne saurait masquer le maintien d'une certaine conception des relations entre les anciennes colonies françaises en Afrique et une métropole plus préoccupé par son intérêt personnel que par un quelconque altruisme.

Ainsi, Nicolas Sarkozy qui promettait un changement radical dans les relations franco-africaines a validé sans sourciller l'élection du fils d'Omar Bongo en dépit de fraudes électorales massives. Au Niger, la France via Areva fait passer la sécurisation de son approvisionnement en uranium en ayant une conception très particulière de la redistribution des richesses et de la santé de la population locale.
En Algérie, la jeunesse ne pense qu'à émigrer en France qui ne cherche surtout à diversifier ses approvisionnements en produits pétroliers.


Conclusion.
Les lignes que vous avez pu lire ne sont qu'un aperçu de ce 14 Juillet. Les personnes averties auront pensé à jeter un œil aux traditionnels promus et nouveaux venus au sein de la Légion d'honneur qui réserve, comme chaque année, son lot de surprises. Ces mêmes personnes se souviendront aussi probablement que le 14 juillet 1933, la NSDAP accédait au statut de parti unique en Allemagne dans la plus parfaite légalité.

Le 14 juillet, jour célébrant la résistance du peuple français à la tyrannie, il serait bon que certains se souviennent que les français ne sont pas que des veaux. A bonne entendeur...

dimanche 11 juillet 2010

François manque de Bayrou.

Ce dimanche matin, François Bayrou était le dernier invité de la saison de l'émission politique dominicale d'Europe 1 : « Le grand rendez-vous » organisé en collaboration avec le Parisien et son édition nationale Aujourd'hui en France. Et des choses, il y en avait à dire.


Le contexte.

Ces dernières semaines, François Bayrou est intervenu à plusieurs reprises dans les grands médias nationaux après le silence relatif qu'il s'est imposé après la déroute des régionales. Il faut dire que la situation s'est emballé récemment en donnant raison aux critiques formulées par le chef centriste au cours de sa campagne présidentielle de 2007 et qu'il n'a cessé de marteler depuis, le tout étant compilé dans son dernier ouvrage intitulé « Abus de pouvoir » qui a connu un véritable succès de librairie.
Affaire Bettencourt, implication +/- directe de l'ancien ministre du budget et actuel Éric Woerth, affaires qui sont entre les mains d'un procureur proche du pouvoir, nommé par ce dernier en dépit de l'opposition du CSM, attaques contre la presse, coupes sombres dans les dépenses sociales combiné au maintien du bouclier fiscal; tous les éléments étaient réunis pour que François Bayrou par une intervention en profite pour redorer son blason et dans le même temps remonter sa côte de popularité bien écornée par les régionales et la multiplication de ses rendez-vous avec le locataire du château ayant contribué à semer le trouble parmi ses sympathisants.


La prestation.

Dernier à passer sous les questions de Jean-Pierre Elkabach et Michel Grossiord pour la saison 2009/2010, on aurait donc pu s'attendre à une préparation spécifique de la part du béarnais. Dans un contexte hyper-favorable vérifiant toutes les affirmations qu'il avait mentionné dans son livre en 2009, François Bayrou a réalisé une prestation correcte mais sans plus. En l'écoutant, on pouvait être surpris par un certain manque de punch dans les propos de François Bayrou. Même face à Jean-Pierre Elkabach, qui jouait son rôle habituel avec des questions tournées de telle que l'on se demande s'il n'est pas employé du service de communication de l'Élysée, François Bayrou a manqué de combativité. Est-ce la chaleur ou la fatigue de fin de saison qui explique cela ?
Dans un cas comme dans l'autre, François Bayrou a produit une prestation un peu décevante alors que tout était réunit pour signer le début d'une remontée après plusieurs échecs aux élections intermédiaires. Lorsqu'on lui a dit que la situation actuelle vérifiait ses prédictions, il a joué les faux modestes ajoutant que ce n'était pas son cas personnel qui importait. Si on reproche souvent aux hommes politiques de se mettre trop en avant aux détriments de leurs mouvements politiques, il y a des moments où il faut au contraire se mettre en avant si l'on s'inscrit dans une perspective présidentielle, ce qui, sauf erreur, est bien le cas de François Bayrou.


Conclusion.
Au cours de cette émission, le président du MoDem n'aura pas commis d'erreur majeure mais il a manqué l'occasion de marquer des points et de consolider sa position. En réalité, au cours de cette prestation, ce qui a surtout manqué à François Bayrou, c'est de faire du François Bayrou. Dommage. Autre enseignement du contexte actuel mais que l'on savait déjà, la sortie de son livre « Abus de pouvoir » était prématurée. En sortant son ouvrage un mois avant les régionales, François Bayrou aurait entrainé ses troupes dans une dynamique qui quoiqu'il se puisse se passer au niveau local était nationale tout comme lors du précédent scrutin. De même, il aurait continuer à tirer profit d'un ouvrage incisif dans un contexte explosif. Dans l'optique présidentielle pour laquelle le béarnais a sacrifié son mouvement politique, de telles erreurs peuvent se payer très cher. Il sera intéressant de voir comment il va faire sa rentrée en septembre au sortir de vacances qui ne feront pas cesser « les affaires ».

mercredi 7 juillet 2010

Woerth les tribunaux.

Le ministre du Travail et ancien ministre du Budget, Éric Woerth est mis en cause de façon croissante dans sa probité, ce qui est une des pires choses pouvant arriver à un homme politique.


Un dommage collatéral.
En réalité, l'affaire Woerth ainsi que l'on peut l'appeler n'est en somme qu'un des dégâts collatéraux de l'affaire Bettencourt. Cette dernière dure depuis un peu plus longtemps et a démarré avec le don d'environ 1 milliard € à François-Marie Banier, un photographe qui a séduit l'héritière de l'empire L'Oréal qui en a fait son légataire universel. La fille de Lilliane Bettencourt a donc entamé une procédure afin de mettre sa mère sous tutelle mais celle-ci a refusée toute expertise médicale. Ne parvenant pas à ses fins, la fille a donc entamé une procédure d'abus de faiblesse afin d'obtenir l'annulation des différentes donations à M. Banier et donc préserver son héritage. Dans cette bataille judiciaire, tous les moyens sont bons même illégaux. Ainsi, les écoutes qui ont provoqué le scandale bien que réalisées illégalement peuvent être recevables comme preuve puisqu'elles ont intérêt dans l'affaire en présence comme le montre très bien Maître Éolas dans une note publiée récemment.


A diffamation, diffamation et demie.
Avec la démission de deux sous-ministres, le château a tenté en vain de gagner du temps et d'éteindre la polémique. Mais une autre maladie semble toucher actuellement les différents acteurs de cette affaire : chacun s'accuse mutuellement de diffamation. D'un côté, Edwy Plenel qui au nom de Mediapart porte plainte pour diffamation contre Xavier Bertrand, tandis qu'Éric Woerth annonce qu'il va porter plainte pour dénonciation calomnieuse et M. de Maistre entamera une procédure pour diffamation.

Il convient de rappeler que la diffamation relève d'un régime bien précis, à savoir l'article 29 de la loi du 29 juillet 1881 et qu'il faut pour que l'infraction soit constituée les allégations portent atteinte à :Pour caractériser la diffamation les allégations doivent porter atteinte :
  • à l’honneur et;
  • à la considération de la personne visée.
  • Une simple critique ou appréciation de valeur ne sera pas retenue comme diffamatoire.

Rappelons aussi que la diffamation existe aussi en matière de presse mais que la procédure est tellement complexe que la plupart du temps, les journaux ne sont pas condamnés. La partie civile devant, si elle obtenir gain de cause ou plutôt une simple chance d'obtenir gain de cause respecter une procédure bien précise où la moindre erreur ruine ses maigres espoirs.

Si la procédure entamée par Edwy Plenel se comprend aux vues des déclarations de M. Bertrand et d'autres moins polémiques mais allant dans le même sens de Mme Morano, les procédures à l'encontre de Médiapart semble elles, plus vouées à l'échec pour les raisons évoquées plus haut.

Plus généralement, on constate une multiplication des procédures pour diffamation devant les tribunaux, surchargeant ainsi un peu plus des endroits déjà bien encombrés.


Conclusion.
L'affaire ou plutôt les affaires autour du cas Bettencourt non content de mettre en lumière les vices fondamentaux du sarkozysme montrent une fois encore la nécessité qu'il est de réformer notre justice pour lui donner plus d'indépendance. Est-il normal qu'un procureur proche du pouvoir et soumis à sa hiérarchie soit chargée de ces affaires ? En aucun, depuis sa nomination, le bien nommé Courroye a bien rempli son rôle de relais du pouvoir moins celui de procureur dont le rôle est, rappelons-le, de représenter la société. Un rôle qu'il remplit décidément bien mal.

mardi 6 juillet 2010

Tout est dans le titre.

L’information est-elle en passe de disparaitre au profit d’une culture de l’instantané ? Avec le succès exponentiel de Twitter qui limite à 140 caractères la taille des messages, l’accélération des rythmes de vie et l’accroissement des contraintes pour les délais pour les professionnels, il semble bien que ce soit le cas. L’information ou plutôt la manière dont elle se diffuse répond à ce besoin de rapidité en même qu’elle le crée.


Le constat.
En écho à cette réalité, un blogueur connu de la sphère démocrate s’est fendu d’un court billet sur le sujet en constatant qu’une bonne partie de son audience était constitué de personnes ne lisant que les titres de ses billets. A l’appui de ce constat bien personnel, il cite un article de l’agrégateur de flux « Abondance.com » renvoyant vers une étude de la société de conseil Outsell notant que 44% des internautes consultant la fonction « Actualités » du moteur de recherche Google ne consulte que les titres. Service qui, rappelons-le, ne fait que citer des articles tout en renvoyant vers les sites auteurs de l’article en question.

Précisons que l’étude en question concerne un service bien spécifique utilisé par une partie seulement des internautes et a été réalisé par une société qui entend en tirer profit. Ces éléments sont toutefois suffisants pour l’intéressé en tire la conclusion suivante :
- un titre polémique même s’il est long amène de l’audience ;
- titre qui doit éviter le flou afin de permettre la compréhension de l’article.
Aussi, lorsque l’on consulte les titres du blog en question, on constate toutefois un souci de rester correct et respectueux du lecteur sans tomber dans le titre agressif et racoleur. Cette position étant en accord avec un certain contenu. Mais patatra…


La preuve par l’exemple.
Voilà que quelques jours après ce billet constatant cette culture de l’instantané et dénonçant indirectement la dérive populiste que constitue cette culture du titre ; l’intéressé fait exactement ce qu’il dénonce avec un billet au titre vulgaire au possible ratissant large en reliant différents aspects via des raccourcis simplistes. On ressort de la lecture de ce billet, secoué et mal à l’aise en n’ayant pas compris grand-chose si ce n’est que notre société va mal (logique en temps de crise) et que le Suède a un État-providence plus efficace. Pour le reste, à savoir, du contenu et une prise de position claire, il faut aller voir ailleurs.


Que retenir ?
Si le premier billet avait le mérite de susciter le débat en partant d’une situation personnelle, le deuxième est l’exacte caricature de ce que le premier dénonçait. Il est toujours surprenant de voir les pires travers se concrétiser au travers de ceux qui quelques temps auparavant les combattait. Le cas de Philippe Val est d’ailleurs un autre exemple illustrant, celui-ci virant un humoriste pour une chose qu’il faisait un an auparavant à la même antenne. Étrange ironie.

Il est dommage de voir la qualité d’écriture et l’inspiration quitter un auteur intéressant, on peut toujours espérer que ce ne soit qu’un trou d’air même s’il semble plus porteur de voir émerger d’autres personnes qui apporteront un vent frais par des prises de position originales.


Note : Selon l'auteur des billets en question, je lui prêterai des propos qu'il n'a pas tenu. S'il est vrai qui est ici mentionné n'est pas écrit textuellement, le contexte peut le laisser penser.

samedi 3 juillet 2010

Souvenirs, souvenirs.

Un peu plus d'un an, c'est le temps qu'il aura fallu à Nicolas Sarkozy pour virer les deux humoristes les plus appréciés de paysage radiophonique français. En nommant Jean-Luc Hees et Philippe Val, deux personnalités dites « de gauche », le président de la République voulait donner l'impression que le nouveau mode de nomination des dirigeants de l'audiovisuel public ne constituait en rien un recul en termes d'indépendance et de démocratie. Mieux, cela devait être le signe de la fin d'une hypocrisie.


Fais ce que je dis...
Malgré une audience au beau fixe, l'impertinence et l'indépendance de ces deux trublions a eu raison de Stéphane Guillon et Didier Porte. Par des arguments contradictoires, Philippe Val et Jean-Luc Hees ont tenté de convaincre du bien-fondé d'une décision qui, officiellement, est la leur, alors qu'officieusement, personne n'est dupe de la réelle identité de son auteur.


Il est amusant en effet de voir que Philippe Val vient de virer des humoristes, notamment Didier Porte pour faire ce qu'il faisait il y a peu. Il convient de rappeler que juste avant sa nomination comme directeur à France Inter, Philippe Val tenait une chronique humoristique à 7h53 qui est l'heure à laquelle il estime que l'humour n'a pas sa place et où il ne se privait pas de tirer à boulets rouges sur un pouvoir qu'il sert maintenant. Hypocrisie quand tu nous tiens !
Pour information, depuis sa nomination, il a été remplacé par François Morel, un des comédiens qui participait aux « Deschiens » sur Canal+ qui excelle aussi dans un genre en voie d'extinction sur France Inter : la chronique humoristique.


Rassemblements de soutien.
Ce jeudi, des manifestations de soutien aux « virés » étaient organisés un peu partout en France devant les immeubles de Radio France. Le rassemblement parisien devant la Maison de la Radio a réuni un peu plus de 2 000 personnes autour de Stéphane Guillon et Didier Porte.


Conclusion.
Nicolas Sarkozy vient de faire une erreur majeure qu'il convient de dénoncer. Nous devons soutenir ces humoristes qui, mine de rien, sont nos porte-voix sur les ondes et plus largement dans les médias.

Pour mémoire, voici les vidéos des chroniques qui auraient motivé la non-reconduction des contrats des humoristes et en conséquence, leur éviction de l'antenne de France Inter.

La chronique de Didier Porte lors de la venue de Dominique de Villepin en tant qu'invité :





La chronique de Stéphane Guillon sur DSK :




Toujours de Stéphane Guillon, une de celles sur Éric Besson :