Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

dimanche 29 août 2010

Affaire Woerth. Le coup de Maître.

Ce dimanche, alors que Martine prononce son discours de clôture aux universités du PS et du MJS en direct de la Rochelle, de nouveaux rebondissements dans l’affaire Woerth se font jour. Après la radiation de François-Marie Banier du testament de Liliane Bettencourt annoncé en fin de semaine, c’est l’annonce par Jean-Louis Nadal, procureur général près la Cour de cassation, le procureur hiérarchiquement le plus élevé dans le système judiciaire français, qui annonce dans le JDD qu’il songe à renvoyer Éric Woerth devant la Cour de justice de la République pour prise illégale d’intérêts et délit de favoritisme. Enfin un progrès vers l’indépendance de la justice, qui politiquement va avoir quelques répercussions. En effet, cette annonce n’est que la conséquence de l’envoi d’un courrier fortement motivé sur le plan juridique de Corinne Lepage.


« Il faut que la justice passe », Corinne Lepage sur i>Télé.
Sur le plan juridique, on ne peut que soutenir Corinne Lepage, les points à éclaircir sont tellement nombreux, qu’une procédure menée par un juge d’instruction soit menée est indispensable tout comme le passage d’Éric Woerth devant la Cour de justice de la République .
Dans un entretien au JDD, la députée européenne justifie cette demande par la nécessité de clarifier la situation, quitte à ce qu’au final, Éric Woerth soit acquitté.
Corinne Lepage base la saisine de la Cour de justice de la République sur 2 motifs.
Le premier est l’intervention du ministre-maire dans l’affaire de la cession de l’hippodrome de Chantilly pour un montant dérisoire.
Le deuxième est constitué par « les infractions présumées de prise illégale d’intérêts et de délit de favoritisme ».

Si le premier motif ne nécessite aucune explication spéciale, le deuxième exige un effort de définition.

L’infraction de prise illégale d’intérêt est définie par l’article 432-12 du code pénal (Section III - Des manquements aux devoirs de probité ; Paragraphe 3 - De la prise illégal d’intérêts) qui dispose en son alinéa 1 et 2 :

« Article 432-12
Modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 - art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002

Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ou par une personne investie d'un mandat électif public, de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans une entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l'acte, en tout ou partie, la charge d'assurer la surveillance, l'administration, la liquidation ou le paiement, est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende.

Toutefois, dans les communes comptant 3 500 habitants au plus, les maires, adjoints ou conseillers municipaux délégués ou agissant en remplacement du maire peuvent chacun traiter avec la commune dont ils sont élus pour le transfert de biens mobiliers ou immobiliers ou la fourniture de services dans la limite d'un montant annuel fixé à 16000 euros. »

On le voit, les montants en jeu, dépassent largement le seuil maximal des 16 000€ fixé par le code pénal, on peut supposer que cet article s’applique. Pour être encore plus clair, la prise illégale d’intérêts se caractérise par un préjudice pour la collectivité permis par la décision de l’élu et ceci sans pour autant qu’il en retire un profit direct. L’essentiel ici, est le préjudice pour la collectivité. Pour l’affaire de l’hippodrome de Chantilly, le prix de vente a été fixé comme celui de 60 années de location. Comme le loyer était plus que raisonnable, on arrive à un montant approchant les 2,7 millions €. Or, en réalité, le prix aurait dû être calculé sur la valeur foncière du bien et s’approche plus des 20 millions € que des 2,7 millions de la transaction. Le bien sortant du patrimoine d’une personne publique au profit d’une personne privée et le maire de Chantilly étant intervenu personnellement, on peut penser qu’il y a bien prise illégale d’intérêts.
Toutefois, le dossier étant complexe, il conviendra d’attendre une décision de justice avant de se prononcer définitivement.

Le délit de favoritisme est lui défini et condamné par l’article L.432-14 du code pénal, il se distingue du délit de corruption.

« Paragraphe 4 : Des atteintes à la liberté d'accès et à l'égalité des candidats dans les marchés publics et les délégations de service public.

Article 432-14

Modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 - art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002

Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30000 euros d'amende le fait par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif public ou exerçant les fonctions de représentant, administrateur ou agent de l'Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics, des sociétés d'économie mixte d'intérêt national chargées d'une mission de service public et des sociétés d'économie mixte locales ou par toute personne agissant pour le compte de l'une de celles susmentionnées de procurer ou de tenter de procurer à autrui un avantage injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet de garantir la liberté d'accès et l'égalité des candidats dans les marchés publics et les délégations de service public. »

Le site internet marchespublicspme.com résume bien les choses : « Le délit de favoritisme consiste pour un agent public ou pour un élu, dans le cadre d'un marché public, de procurer un avantage injustifié à une entreprise pour l'obtention du marché.
Le délit de corruption est constitué lorsqu'une personne, ayant une influence dans la prise de décision lors de contrats publics, cède aux avances ou sollicite une entreprise en arguant de son poids dans la prise de décision. »


« Il ne faut pas qu’il y ait d’impunité dans notre pays, c’est essentiel », Corinne Lepage sur i>Télé.
Au-delà de l’argumentation juridique avancée, il s’agit pour Corinne Lepage d’un coup de maître. Avocate, il ne fallait pas s’attendre à autre chose de la part d’elle, savoir tirer avantage des évènements pour retourner la situation à son profit. L’avocat est, en effet, attentif à la moindre faille pour gagner un dossier. Politiquement donc, c’est un véritable coup pour Corinne Lepage, l’un de ceux qui vous propulse au centre du jeu immédiatement. On ne parlait la semaine dernière que la possible candidature d’Éva Joly aux présidentielles pour représenter Europe-Écologie sur le thème de la responsabilité, voilà que Corinne Lepage présente elle-aussi à Nantes vient de lui damer le pion en reprenant l’initiative sur le terrain de la probité et de la lutte anti-corruption. Bien joué.

Ce coup s’inscrit dans une perspective bien précise. Corinne Lepage, qui a quitté le Mouvement démocrate, a gardé sa structure partisane, Cap21 pour garder une capacité d’expression. Toutefois, consciente de la force de son mouvement, elle sait que celui-ci n’a pas la force de la mener vers un gros score à la présidentielle en 2012. Son but étant d’être candidate à la présidentielle, elle doit pour avoir une réelle chance devenir la candidate du rassemblement Europe-Écologie. Les propos de Cécile Duflot à Nantes montre que les Verts n’ont pas fermé la porte à Corinne Lepage si celle-ci souhaitait les rejoindre, qui a elle dit qu’elle gardait ses idées tout en souhaitant participer à la construction d’une force écologiste de premier plan. Subtil discours politique !


Un Woerth pieux ?
Entre les lignes, on notera qu’avec ce « coup » dans l’affaire Woerth, l’idée d’une candidature écologiste large a un certain sens. Reste maintenant à voir qui sera candidat. Et de ce côté-là, les choses ne sont pas aussi plié que l’on peut le penser. La seule chance pour Europe-Écologie de réaliser un gros score dans les scrutins majoritaires réside dans la capacité de ce mouvement à s’élargir au centre-droit. La semaine dernière encore, la chose semble improbable. Aujourd’hui, une fenêtre s’entre-ouvre, les écologistes sauront-ils saisir l’occasion d’intégrer Corinne Lepage à leur démarche ? Toute la question est là.


A voir : - Corinne Lepage dans Libération le 17 juillet 2010.

jeudi 26 août 2010

Une verte et des pas mûrs.

Jeudi dernier, le 19 août 2010, dans une tribune intitulée « Une nécessité et une priorité pour la politique française », on a pu apprendre qu’un groupe de militants quittait le Mouvement démocrate pour rallier la mouvance Europe-Écologie. Dans cette tribune, qui ne va pas changer la face du monde politique, longue de 2 bonnes pages et demi, les intéressés annoncent et expliquent longuement les raisons de leur départ du parti centriste et l’enthousiasme pour leur nouveau parti. Pas innocente, cette annonce est intervenue lors de la journée d’ouverture des universités de d’été des verts à Nantes où leur chef de file est intervenue ce samedi matin sur la thématique « Faire de la politique autrement ».

Dans les grandes lignes, ce long propos explique un départ basé sur des divergences idéologiques, et l’idée de se trouver dans une impasse. En réalité, les choses sont simples, beaucoup plus simples mais aussi, paradoxalement, un poil complexes. Quels sont les raisons, les vraies qui expliquent le départ de ces fidèles parmi les fidèles ce changement de boutique ?
Ce billet tentera d’y répondre. Mais avant, il convient de resituer le sujet.


Qui part ?
Un groupe de militants parisiens, certains d’entre vous ayant même été employés en tant que permanents au siège. Les déroutes électorales aux européennes et surtout aux régionales ont obligé la direction à serrer la ceinture en licenciant du personnel en 2 charrettes.
Fidèles parmi les fidèles, les signataires de cette tribune, étaient en bonne place sur la liste de Marielle de Sarnez lors des élections internes aux instances de direction du MoDem Paris.
Puis alors que de nombreux côtés, les critiques, justifiées, se faisaient jour ; nos vaillants « amis », le doigt sur la couture du pantalon maintenait pour plusieurs d’entre eux leur soutien aux choix de la direction. C’est ainsi qu’à l’annonce de la désignation de la très controversée tête de liste en Ile de France, les partants d’aujourd’hui n’ont pas bougé le moins du monde. Quelques mois plus tard, on les retrouvait en bonne place sur les listes démocrates aux régionales, tandis que ceux qui avaient pointé les dysfonctionnements qui peu après expliquèrent la déroute furent évincés.

Parallèlement, à la rentrée 2009, peu après la sanglante défaite aux élections européennes, ces vaillants esprits critiques assuraient leurs arrières en répondant favorablement à l’invitation de Gabriel Cohn-Bendit, frère du bondissant député européen vert. Officiellement, tout le monde restait orange. En coulisses, le rôle du frère de Dany était de débaucher à droite et au centre ce qu’il faisait sans se cacher. A cette occasion, certains obtinrent une place au soleil au sein de l’association « Les amis d’Europe-Écologie » tout en précisant sur leurs blogs rester au MoDem. Bel esprit de corps.

Parmi les « signataires » de cette déclaration, nombreux seront les personnes à déplorer le brusque changement d’orientation de leurs amis et qui ne comprennent pas les raisons de ce départ. Difficile, en effet de comprendre des personnes qui nous disaient, il y a peu que tout ce que disait François Bayrou était parole d’évangile pour nous dire aujourd’hui, que les choses n’allaient pas bien.


« Les départs donnent souvent l'illusion d'une renaissance. », Jacques Languirand.
Dans la tribune publiée sur le site internet « Lepost.fr », les auteurs du texte précisent que le moment est « propice à une réflexion sur les impératifs qui pèsent sur la politique française». Traduction : ce ralliement n’en est pas un, il s’agit d’un nouveau départ, fruit d’un cheminement politique.

En réalité, que l’on ne s’y trompe pas, les réelles raisons du départ sont un peu moins glorieuses. Licenciés du MoDem pour certains d’entres eux, horizon politique bouché pour les autres, ces nouveaux convertis ont décidé d’aller là où l’herbe était plus verte, chez les écologistes. Ce départ, préparé de longue date par le rapprochement avec Gabriel Cohn-Bendit au sein des « Amis d’Europe-Écologie » à la rentrée 2009 le laissait présager. Bien que les intéressées s’en soient défendu avec force au début de l’année 2010.

Évidemment, c’est moins noble que de partir pour ses idées ou la défense de grands principes (même si ce facteur ne doit pas complètement inexistant) et on peut le comprendre puisque lorsque l’on s’engage en politique, on vise tôt ou tard à être élu pour changer les choses. Voyant donc leur avenir politique compromis, ces 16 personnes, et non 60 ou 70 comme on peut le lire ici et là, espère un ciel plus clément à leur éclosion de leur carrière politique. Il est toutefois probable que leur avenir ne soit pas plus ouvert qu’au MoDem, les écologistes se fermant à toute évolution sur le plan économique ainsi que les propos de Jean-Vincent Placé le montrent.

Mais alors, quel est l’intérêt de cette tribune, si ce n’est à attirer l’attention ? Ainsi qu’a pu le dire Jean-Yves Soucy : « Le départ, c'est souvent une pirouette pour s'échapper. Après coup, on trouve toutes sortes de bonnes raisons pour expliquer son geste, se justifier. ». Mais quelles sont donc ces bonnes raisons ? En s’attardant sur le propos de la tribune publiée, on pourra y lire un discours réfléchi quoique mal construit répondant aux canons de la formation politique rejointe.
Analyse.


Le poids des mots…
Avant de commenter les concepts idéologiques, attardons-nous sur la sémantique utilisée. Cette tribune, comme pour tout discours politique, en est un bon exemple. Vous pouvez consultez l’analyse que j’ai pu effectuer en cliquant sur les images de la tribune annotée par mes soins au stylo rouge que j’ai préféré au vert pour des raisons de lisibilité.

Sans surprise, l’expression la plus utilisée est celle de « conversion écologique ». Celle-ci est au cœur du discours d’Europe-Écologie. Employée pas moins de 11 fois sur 2 pages, dont 10 sur la 2e, sa répétition vise à convaincre de l’attachement aux valeurs de la formation politique rejointe. En politique, la conviction se fait par la répétition. On en voit ici le parfait exemple.

Autre expression très utilisée, la « nécessité ». Étrangement l’emploi de l’impératif suit presque systématiquement des expressions incitatives. Par ce mécanisme, le discours amène le lecteur vers un choix apparent mais le mène vers une seule et unique solution. A chaque fois, on note que ce choix n’est pas suivi par un argument expliquant la position. Au lieu de constituer le début d’un développement, il conclut un paragraphe.

Autre conséquence de ce choix de langage, la nuance n’est pas réellement présente. La répétition des mots « tout », « sans concession » ; des verbes falloir, devoir, imposer ; des adjectifs « strict ». A titre de comparaison, le mot « choix » n’est présent que 3 fois au total.

Cette « réflexion » qui se veut « accessible », ne l’est donc pas vraiment. L’on en décèle la réelle teneur qu’à la suite d’une analyse assez poussée.


Une rhétorique bien huilée.
La tribune commence par une mention des diverses valeurs identifiées comme propres au Mouvement démocrate. Le deuxième paragraphe le montre parfaitement. « Compenser le poids […] de groupes de pression », « favoriser l’expression d’un courant central », « épanouissement d’un système économique » le tout dans « le cadre de l’idéal républicain et démocrate ».
L’objectif de ce propos introductif est de montrer l’attachement aux valeurs démocrates, de justifier le départ par la constance dans la défense des valeurs centristes. L’emploi des verbes « remédier », « solutionner » venant à l’appui pour expliquer que les valeurs pour survivre doivent être défendues ailleurs car trahies par leurs auteurs. Cette idée de trahison par les auteurs de leurs idées es t d’ailleurs clairement exprimée à la fin de la tribune.

Entre ces deux parties qui se répondent en échos, on voit se développer des arguments plus rationnels, objectifs. Ce passage vise à dépassionner le discours, à neutraliser les marqueurs idéologiques pour que le lecteur intègre mieux l’expression-clé de la tribune « la conversion écologique ».

On peut identifier donc trois phases principales.
1- Les valeurs ne changent pas. Partir est la seule solution pour les défendre.
2- Le contexte, les faits comme l’économie, les grands principes républicains expliquent ou plutôt mènent à une impasse.
3- Sortir de cette impasse n’est possible que par la « conversion écologique », seule idée permettant d’adapter « le système » aux besoins de la société.


Que retenir.
Selon les propos de quelques signataires, il s’agit d’introduire un peu de libéralisme dans leur nouveau parti, d’influencer un changement de cap dans la future structure écologiste. On leur souhaite bon courage pour réussir, là où Dany le rouge a échoué et échoue encore.

Pour les frères Cohn-Bendit, l’objectif, dans la mesure du possible, est de constituer une formation écologiste et centriste, voir libérale sur le modèle des Grünen allemands. Pour cela, il fallait donc absolument arracher quelques éléments au parti de François Bayrou. Après Éva Joly avant les européennes, c’est un groupe de fidèles de Marielle de Sarnez qui rejoint Europe-Écologie. On devine aisément qu’il s’agit d’obtenir une place.

Toutefois, à la veille des scrutins majoritaires, nécessitant une bonne connaissance du terrain et une certaine implantation, les écologistes n’ont pas les meilleures chances de succès. Formation politique taillée pour les scrutins de liste, Europe-Écologie risque de passer de mauvais moment lors des cantonales, des sénatoriales puis lors de la présidentielle. Pour rappel, ces derniers ont réalisé l’ambitieux score 1,57% en 2007.

De l’autre côté, la formation de François Bayrou est tombée tellement bas, qu’il lui est difficile de creuser plus profond même si rien n’est impossible. Formation taillée dès sa naissance pour la présidentielle et dirigé d’une main de fer par son président, le MoDem semble, lui, avoir de meilleures perspectives.

Évidemment, rien n’est écrit mais la constance de François Bayrou sur le sarkozysme, peut lui faire l’espoir de dépasser les 10% et donc de conclure une alliance. Alliance dont il a besoin pour continuer à exister politiquement. Avec la gauche, c’est impossible. Avec la droite, enfin, une certaine droite, François Bayrou a laissé la porte entrouverte.

Mauvaises raisons, mauvais endroit, les « 16 » ont mal choisi leur moment pour partir et auront à peu près les mêmes de succès qu’ils avaient alors. Le regret et l’image de girouette leur collant à la peau en plus.


Voici les pages en question. Cliquez sur chaque page pour agrandir les images :


dimanche 22 août 2010

Environnement. Sarkozy en fait des tonnes.

Lors de son élection, Nicolas Sarkozy, en lançant le Grenelle de l'environnement semblait avoir pris conscience de l'importance de changer de modèle économique en intégrant les différents aspects environnementaux.

Les défaites successives de la droite, aux européennes, mais surtout aux régionales ont montré qu'il ne s'agissait pour lui que d'une thématique électorale. Si pour se faire élire, il faut parler d'environnement; Nicolas Sarkozy parle environnement. S'il faut parler sécurité, il parlera sécurité comme il l'a fait à Grenoble.



L'environnement, un thème poids-lourds.

La loi « Grenelle 2 » voté, puis publiée au Journal officiel le 12 juillet 2010, il semble bien que l'environnement ait été enterré sous une grosse pile de pneus. En avril dernier, le gouvernement annonçait que les poids-lourds de 44 tonnes allaient être autorisés pour le transport de produits agro-alimentaires et de fruits et légumes. Vendredi, on apprenait par le quotidien « La Tribune » qu'un décret sur le sujet était actuellement en préparation au Conseil d'État.

Présentée comme une mesure visant à préserver l'environnement, elle est en réalité tout son contraire. Au lieu de réduire le nombre de camions de fort tonnage sur les routes de France, elle va accroître leur productivité donc leur rendement donc rendre le transport routier encore plus attractif. Anticipant les critiques le gouvernement a tenu à préciser que cette mesure ne s'appliquerait qu'au transport des fruits et légumes jusqu'à leur lieu de première transformation.

Sage précaution, mais qui, en réalité ne change rien au problème.



«Allez, chauffe Marcel ! »
En réalité, en accédant aux demandes des producteurs, le gouvernement a ouvert la boîte de Pandore. Si on peut comprendre que les exploitants agricoles, soumis à une forte pression par les centrales d'achat, refusent de voir pourrir leurs récoltes sur place; on comprend moins l'idée d'encourager le transport routier. Cette mesure va, en effet à l'encontre de la directive dite « Paquet Climat-Énergie » votée en avril 2009 par le Parlement européen et complétée juste avant le sommet de Copenhague par un compromis entre les parlementaires européens et le Conseil de l'Union Européenne qui précise qu'il convient de diminuer la consommation d'énergies fossiles dans le secteur des transports et à adopter des mesures pour réduire le recours au transport routier.

Loin de remplir cet objectif, le gouvernement va, au contraire, inciter les groupements de camionneurs à demander l'élargissement de ce décret autorisant la circulation de ces super-camions. A la clé, 10% de productivité en plus. Mais aussi et surtout, une dégradation accélérée du réseau routier aimablement transféré par l'État aux collectivités locales. Parmi les autres dommages qui ne manqueront pas d'accélérer l'usure des réseaux, l'augmentation considérable du prix des autoroutes.

Celle-ci est tellement forte que ce poste est maintenant supérieur au coût du carburant utilisé pour parcourir la distance; et donc, un transfert vers les nationales et départementales. N'oublions pas non plus, les inévitables accidents dans les villes et villages de France et de Navarre traversés à toute vitesse par ces poids-lourds.


Conclusion.
Au final, on peut s'attendre à une forte augmentation du coût social et économique de cette mesure. Contraire aux engagements pris dans les lois Grenelle 1 et 2, contraire au droit communautaire, l'adoption d'un tel décret est uniquement une mesure électoraliste. Une mesure de poids que les français paieront au prix fort.

samedi 14 août 2010

Nicolas Sarkozy a -t-il réussi son coup ?

Les récentes tentatives de Nicolas Sarkozy de distraire l'opinion en mettant l'accent sur un thème qui a jadis fait sa réussite ont-elles réussi ?


Ni vu, ni connu ?

C'est ce que semble penser David, mon homologue de Singulier démocrate dans un billet intitulé : « Les boucs émissaires de Nicolas Sarkozy » daté du 13 août 2010. Notre ami pense que la stratégie mise en place pour détourner l'attention de l'opinion publique française fonctionne et occulte les problèmes actuels que rencontre la Sarkozye. Il semble aussi penser que la droitisation de Sarkozy peut fonctionner.


L'éclipse.
Ce point de vue, je ne le partage pas. Si les articles de mon breton homologue sont souvent pertinents, je pense que sur ce point, il a tort.


Le contexte.

En premier lieu, pour des raisons contextuelles. Actuellement, la France est en état léthargique, elle tourne au ralenti (il suffit d'ailleurs de se balader dans Paris vers 20h pour le constater), elle sommeille. En conséquence, elle ne réagit pas ou peu. A l'heure où beaucoup de français sont partis en vacances se changer les idées, il me semble quelque peu hâtif de tirer de telles conclusions.



La couverture médiatique.
En deuxième lieu, les « boucs émissaires » ou plutôt les sujets sur lesquels Nicolas Sarkozy compte obtenir des résultats en matière sécuritaire, loin d'occulter l'affaire Béthencourt, ne sont qu'un feu de paille, un épisode certes accompagné d'un discours d'exclusion mais qui ne changera pas la réalité du terrain.

Après le sondage polémique du quotidien « Le Figaro » qui n'a pas étonné Jean-François Kahn, la couverture médiatique de l'affaire « Béthencourt-Woerth » ou plutôt « des » affaires ne fait certes plus la une, mais le sujet reste largement traité en pages intérieures et continue à faire l'objet d'encadrés en « une ». Rien que cette semaine, on relèvera que le quotidien « La Tribune » en a fait indirectement sa « une » lundi dernier. Mediapart a sorti une nouvelle information de taille sur le sujet. Le Canard enchaîné traite abondamment de la chose au travers de plusieurs articles tandis que Marianne y consacre aussi plusieurs papiers. Les autres grandes institutions de la presse traitent aussi du sujet. « L'affaire » n'a donc pas disparu, elle est seulement moins traitée. Toutefois, son importance est telle, les conflits d'intérêt si considérables, qu'elle plane toujours au-dessus de la tête des principaux protagonistes.

Et tout comme la lune ne fait qu'occulter temporairement la lumière du soleil durant une éclipse, les propos outranciers de Nicolas Sarkozy, et son virage qui fleurent bon le bleu foncé voir le brun, n'auront pas les effets escomptés par les conseillers du Château et risque de lui aliéner un électorat de droite conservateur mais qui tient aux grands principes républicains.



La fuite en avant.
En réalité, le discours de Grenoble, mûrement réfléchi vise à reprendre la main après la dérouillée subie aux régionales par la droite. Comme après chaque revers de la Sarkozy, la sécurité ou plutôt la communication sur la sécurité est vue comme un moyen de remonter la pente. Si cette option a pu connaître un succès relatif par le passé, elle ne va probablement réussir cette fois-ci. La raison ? Tandis que par le passé, Sarkozy apparaissait comme l'unique chef de la droite ou presque, il n'est plus seul actuellement.


Morin, qui n'a jamais eu le moindre charisme, est sous coupe réglée au ministère de la Défense, dans le « domaine réservé » au président de la République. La concurrence n'est donc pas à chercher du côté du Nouveau Centre. Mais alors qui ?
Pour obtenir des réponses, l faut chercher du côté des « historiques ».


Dominique de Villepin.
Dominique de Villepin, tout d'abord, qui ressuscité d'entre les morts dans son habit de martyr
(et bien qu'en attente d'être rejugé), a lancé le 19 juin (le lendemain du 70e anniversaire de l'appel du 18 juin, tout un symbole) son propre parti appelé « République solidaire » tout en renouvelant son adhésion à l'UMP.

Adoptant un positionnement conservateur traditionnel mettant en avant les valeurs républicaines et gaulliennes, Dominique de Villepin tente de récupérer les électeurs de droite désorientés par le discours sarkozyste tout en lançant une OPA sur ceux du centre-droit qui ne se reconnaissent pas dans le discours servile du Nouveau Centre ou dans le MoDem de François Bayrou.

Dernière idée de Galouzeau, créer un groupe parlementaire distinct de l'UMP à l'Assemblée nationale non seulement pour distinguer son parti de l'UMP mais aussi, et cela ne saute pas aux yeux à première vue pour obtenir des financements électoraux. L'intéressé se fixe un objectif de 20 députés, s'accordant ainsi une marge de sécurité face aux inévitables tentatives de sabotage que la Sarkozye ne manquera pas de mener.



François Bayrou.

Après la déroute des régionales et l'échec aux européennes un an auparavant, François Bayrou, qui avait envoyé Marielle de Sarnez pour tenter un rapprochement avec le PS, a dû constater l'échec de sa stratégie. Nouvel objectif pour le béarnais : reconquérir son positionnement du début du 1er semestre 2007, au centre-droit mais en soutenant quelques idées dites de centre-gauche voir de gauche sur certains grands sujets comme les libertés publiques ou l'enseignement.
La façon dont s'est déroulée la récente visite de Nicolas Sarkozy venu pour inaugurer une usine aéronautique dans la circonscription de François Bayrou permet d'ailleurs de dessiner à grands traits les contours de la stratégie que le président du MoDem ne manquera pas de préciser lors de son discours de clôture de l'Université de rentrée du parti centriste sur la Presqu'île de Giens.


Jean-Marie Le Pen.

Autre acteur qui empêchera Nicolas Sarkozy de réussir à rééditer ce qui a pu faire son succès, le renouveau du Front national. Ragaillardi par les scores réalisés aux régionales, l'historique président du Front national, actuellement en séminaire avec d'autres noms de l'extrême-droite internationale au Japon en compagnie du nippophile Bruno Gollnish, ne manquera pas de rappeler qu'il vaut opter pour l'original que pour la copie.


A la veille de sa sortie et de l'intronisation probable de sa fille cadette à la tête du Front national, Jean-Marie Le Pen et les idées d'extrême-droite ne se sont jamais aussi bien portées depuis longtemps.

Déçus par Nicolas Sarkozy qui annonce beaucoup mais ne fait que peu pour n'obtenir presque rien voir enregistrer des reculs, les électeurs à droite de l'UMP sont retournés dans les bras de celui qui ne concède rien sur ces idées. Jean-Marie Le Pen, aidé en cela, par le discours d'une droite tellement « décomplexée » qu'elle se met à organiser sur le modèle d'actions de groupuscules d'extrême droite comme à Orléans des apéros « pinard-saucisson
» ouvertement islamophobe.


Conclusion.

La période que nous traversons actuellement est d'un calme trompeur. Alors qu'en surface, il semble ne rien se passer, que l'on a l'impression que les affaires sont occultées ; dans les faits, il n'en est rien. Habitude bien ancrée, la France ne tourne que 11 mois sur 12 et ce n'est pas un cliché. Le flot médiatique ne fait que suivre l'usage. Mais derrière tout cela, en filigrane, chacun fourbit ses armes. A droite plus qu'à gauche, où l'odeur du sang attire vers l'ancien dominateur affaibli les opportunistes et les outsiders. Si aucun d'entre eux ne semble actuellement en mesure de remporter le grand prix, ils peuvent chacun de leur côté, faire perdre Nicolas Sarkozy, ce qui au final n'est pas si mal. Restera pour le vainqueur récupérant une France en ruines à tout reconstruire. Tâche qui s'annonce plus qu'ardue.

lundi 9 août 2010

Saurez-vous qui je suis ?

Nombreux sont ceux d'entre vous qui sont actuellement en vacances. Pour les autres, dont hélas, je fais partie, il faut bien travailler. Toutefois, je vous propose pour une petite devinette. Pas bien méchante rassurez-vous. La voici :

« Je suis un dieu, né d'une mère vierge. J'ai été baptisé dans une rivière par un homme qui fut par la suite décapité. Tenté dans le désert, je guérissais les malades, les aveugles et exorcisait les démons. Je marchais sur l'eau, je ressuscitais les morts. »

Ah oui (dernier détail), j'avais 12 disciples.

Alors, vous avez trouvé ?

vendredi 6 août 2010

Le Blackberry, nouvelle victime ?

Depuis quelques mois, les Émirats Arabes Unis cherchent à faire plier la fabricant canadien de téléphones mobiles RIM. La raison de ce blocage ? L'impossibilité ou presque pour les services de sécurité de contrôler les échanges des utilisateurs de Blackberry.


La rançon du succès.
Rapidement surnommé « Crackberry » par les épouses des chefs d'entreprise possesseurs de fameux téléphone de RIM, il fut l'invité surprise de la prise de fonction de Barack Obama. Le président américain, très accroché à son téléphone portable, ne voulait pas l'abandonner. Problème, les services secrets exigeaient une solution sécurisé afin d'éviter que les conversations privés ou autres du président des États-Unis ne puissent être intercepté par n'importe qui. A l'époque, il faut dire que si les données étaient déjà centralisées par RIM, la sécurité laissait à désirer. Le fabricant canadien a donc accéléré le déploiement d'une solution sécurisée où tous les échanges des utilisateurs de Blackberry sont cryptés par un algorythme puissant et centralisés sur des serveurs au Canada pour l'Amérique du Nord et en Angleterre pour l'Europe.

Avec la popularisation des « smartphones » comme l'iPhone, le HTC HD, le Blackberry et d'autres, le nombre d'utilisateurs s'est accru partout dans le monde notamment dans les pays du Golfe où les échanges entre personnes sont très difficiles par les réseaux classiques où il est difficile de communiquer avec les personnes dans la vie de tous les jours. Le Blackberry et son clavier intégré fut donc très rapidement adopté par la jeune population des pays du Moyen-Orient.


Al-Qaïda, la fausse raison.
Officiellement, les pays du Moyen-Orient, Emirats Arabes Unis et Arabie Saoudite en tête, craignent pour leur sécurité nationale. Le système de cryptage des échanges et données du Blackberry empêcheraient les services de renseignement de ces États de contrôler les échanges et rendraient insaisissables les réseaux islamistes, Al-Qaïda en tête. Officieusement, il s'agit pour ces pays de contrôler les échanges de leurs populations. Très fermés, ils maintiennent une forte censure sur les médias et les divers moyens de communication dont Internet. L'idée même qu'il puisse y avoir un moyen d'échapper au contrôle des services chargés de surveiller le maintien de la morale publique leur est donc insupportable. D'où les interdictions et blocages de service constatés afin de faire pression sur la fabricant canadien afin qu'il cède sur son système de protection des données.

Dans la plupart des cas, cela ne poserait pas de difficultés particulières, les différents acteurs économiques étant régulièrement soumis à des obligations inhérentes à la sécurité intérieure. Mais dans la cas de RIM, ce n'est pas une simple contrainte, c'est le modèle économique même de l'opérateur qui est remis en cause. En effet, en développant une solution très sécurisé, RIM a conquis la clientèle d'affaires et de particuliers soucieux de la protection de leurs données personnelles. Or, ce segment de clientèles est particulièrement lucratif pour le canadien. Hors de question donc d'ébrécher la sécurité du système et donc de tuer la poule aux oeufs d'or.


Une question avant tout politique.
En réalité, le problème que pose la question du Blackberry n'est pas seulement une lutte pour la préservation des libertés publiques et des données privées. Non, il s'agit avant tout d'une question politique. Les raisons invoquées par les Émirats Arabes Unis, reprises ensuite par les saoudiens sont très proches de celles invoquées par le gouvernement américain lorsque celui a fait adopté le Patriot Act : la sécurité justifie les mesures prises. Toutefois, pour les pays arabes en question, il s'agit avant tout de contrôler une jeunesse qui souhaite secouer le joug conservateur imposé par les générations plus agées. Dans ces pays, la majorité de la population est jeune et souhaite un allègement des contraintes qui pèsent sur leur mode de vie. Si une remise en cause drastique n'est pas à l'ordre du jour, l'idée d'une vie où les interdits sont légions n'est plus tenable. Comme souvent face à pareille situation, les « vieilles » générations serrent la vis à la moindre tentative d'émancipation. Pas sur que l'interdiction du Blackberry ne fasse disparaitre les problématiques internes de ces pays.

jeudi 5 août 2010

La carte meurt mais ne se rend pas !

Une carte dans le désert, ça peut être utile. Voici sans doute ce qui traverse actuellement l'esprit de Dominique de Villepin.
Cherche-t-il sa route ou est-il en train d'en tracer une nouvelle ? Toujours est il que notre Villepin national a repris sa carte à l'UMP.


Prend carte au lendemain du succès !
Son discours, au lendemain des célébrations du 70e anniversaire de l'appel du 18 juin 1940, se voulait comme une déclaration d'indépendance par rapport à la ligne politique de Nicolas Sarkozy. On sait maintenant qu'indépendance vis-à-vis du président n'implique pas forcément séparation avec le parti présidentiel. Logiquement, Dominique de Villepin a donc renouvelé son adhésion à l'UMP dans un courrier reçu le 30 Juillet 2010, rue de la Boétie. La lettre en question contenait outre le bulletin de renouvellement un chèque de 100€ mais aussi détail croustillant un exemplaire de son discours du 19 Juin (oui, oui, celui il baptise son nouveau navire politique pour 2012) ainsi qu'un mot où il met en garde le parti présidentiel contre « l'inquiétude grandissante » qui saisit la majorité des français. Si l'évènement n'est pas réellement important, il est toutefois révélateur de la route que Dominique de Villepin souhaite emprunter.


Rebattre la carte.
L'objectif de Dominique de Villepin est clairement de se présenter aux élections présidentielles de 2012. Se présenter oui, mais pas n'importe comment. Tirant probablement les enseignements des erreurs des autres, l'ex-Premier ministre sait bien qu'une candidature sans parti pour la soutenir est vouée à l'échec. Voilà pour la leçon tirée de Sarkozy.

Il sait aussi que soulever un enthousiasme en ayant un discours responsable, pesé, mettant en avant les valeurs historiques de la France, de la République et du gaullisme rencontre un écho au sein d'une large part de la population secouée par les diverses crises récemment traversées par notre pays.

Il sait encore qu'avoir une stratégie d'indépendance sur cette base est possible mais qu'ensuite, il convient de choisir un camp pour emporter le morceau et avoir un réel poids politique dans le cadre de nos institutions. Voilà pour les leçons tirées de François Bayrou.

Et, il n'oublie pas un principe essentiel : « Loin des yeux, loin du cœur » tirant en cela, une leçon de l'éloignement politique de Dominique Strauss-Kahn, dont l'intérêt pour la présidentielle ne semble pas considérable malgré un contexte favorable.

Enfin, il n'oublie un enseignement essentiel qu'il tire de son maître en politique, Jacques Chirac : toute campagne politique commence par la France rurale, ainsi que par un tour de France minutieux alternant discours dans la plus pure tradition républicaine, dégustations de spécialité locales et bains de foule accompagnés de séances de serrage de mains.


« Tant que le coeur conserve des souvenirs, l'esprit garde des illusions. », Châteaubriand.
Homme de lettres, Dominique de Villepin retient donc quelques leçons des erreurs politiques de ses amis, de ses concurrents, de ses ennemis. Si la dynamique qu'il souhaite tracer semble être nouvelle, elle est en réalité très classique. Face à une radicalisation de Nicolas Sarkozy dont le discours et les décisions en se droitisant de plus en plus commence à sérieusement sentir le brun (au propre comme au figuré), il ne souhaite pas incarner la rupture, mais s'inscrit plutôt dans une continuité historique.

En lieu et place d'une droite décomplexée, jouant avec les feux de la rampe médiatique et assumant ses proximités avec les milieux d'argent, Dominique de Villepin offre une alternative aux français : la droite traditionnelle. Non, Dominique de Villepin ne va pas comme François Bayrou tenter de changer les français, les rapports de force politiques ou même le système électoral; pas du tout. Ce qu'ambitionne Galouzeau, c'est de récreer une droite conservatrice traditionnelle, une droite gaulliste où l'État a une politique d'ambitions pour l'industrie au lieu de la bazarder, qui ne maudit pas l'initiative privée mais l'accompagne, qui ne rejette pas l'argent mais n'en fait pas une valeur fondamentale non plus. Ce que veut Dominique de Villepin, c'est recentrer la République sur ses valeurs : les principes républicains, une agriculture forte et source de richesses, une industrie conquérante centrée sur le BTP, le rail, l'énergie; ainsi que cela va de soi sur les valeurs fondatrices du Conseil national de la Résistance.


Cartez-vous.
En reprenant sa carte à l'UMP, Dominique de Villepin nous en dit un plus sur la route qu'il compte tracer. Au sein de la droite mais un peu en dehors, il reste au chaud tout en attendant le bon moment pour se dévoiler un peu plus. En somme, Villepin ambitionne de critiquer de l'intérieur en attendant l'instant propice et d'embarquer un maximum de soutiens. Soutiens qui ne manqueront pas d'affluer dans les prochains mois à mesure que la Sarkozye continue de s'enfoncer dans les affaires.

Fervent admirateur de Napoléon, Dominique de Villepin n'oublie pas cette maxime : « La carte meurt mais ne rend pas. »

dimanche 1 août 2010

Voyage, voyage !

En cette saison creuse qu'est le cœur de l'été, notre sémillant président a décidé de se lancer dans la course à la réélection. Un peu moins de deux ans avant la date du scrutin, c'est par un discours sur le thème de la sécurité qu'il a décidé de mettre sur les rails l'idée de sa candidature. Bien entendu, il ne l'a pas exprimé clairement et lorsqu'on l'interroge sur le sujet, il évite de répondre ou reste vague. Mais que l'on ne s'y trompe pas, il s'est bel et bien décidé.


Le discours de Grenoble.
Toute campagne commence par un discours. La campagne de 2007 du candidat Sarkozy avait réellement été lancée avec son discours sur la sécurité de décembre 2006. Cette fois, au plus mal dans les sondages, mis à mal par le Front national aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les émeutes qui ont suivi la mort d'un braqueur de banque, abattu par les forces de l'ordre. Le contenu de ce discours en lui-même est révélateur d'un changement chez un homme maintenant dos au mur ou presque, quitté par une bonne partie de la droite dite gaulliste et par le centre-droit. Seule solution pour celui qui a fait de la sécurité ou plutôt de la communication sur ce thème, une spécialité; mordre sur l'électorat retrouvé du Front national.


Sarkozy, patron du Front national ?
Lors d'une chronique sur France Inter, Didier Porte avait présenté Éric Besson comme un fidèle de Jean-Marie Le Pen dont l'objectif secret était de créer les conditions permettant l'accession au pouvoir du mouvement d'extrême droite. A peine éloignée, la réalité y ressemble chaque jour un peu plus, les faits en moins. Depuis quelques années, la ville de Grenoble a perdu 120 de policiers sur 720 alors que la population de l'agglomération augmentait de 20 000 personnes.

Dans les mesures présentées, Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir étendre l'application des peines planchers au-delà des seuls récidivistes mais aussi et c'est plus surprenant, vouloir étendre les possibilités de déchéance de la nationalité française ainsi que mettre fin aux campements illégaux de roms et de gens du voyage tout en renvoyant les roms d'origine étrangère dans leur pays de départ dès lors qu'ils commettent des délits.

Ainsi, au lieu de se pencher sur les causes profondes et de mettre les moyens qu'il faut, on assiste encore et toujours à la même attitude qui consiste à voter une loi pour répondre à un fait d'actualité. Le problème est que loin de faire reculer l'extrême droite, ce discours ne fait que l'exacerber. A tel point que Marine Le Pen se félicite que Nicolas Sarkozy reprenne le discours du Front national mais aille plus loin, tout en déplorant qu'il ne se cantonne qu'au discours.


Toujours plus proche... La chute.
En se radicalisant, Nicolas Sarkozy tente de sauver ce qui lui reste de crédibilité. Mis en cause dans la substance même de son idéologie au travers du favoritisme, du népotisme, du mélange des genres avec le monde des affaires, de l'argent, Nicolas Sarkozy loin de se remettre en cause, s'enfonce toujours un peu plus. La traditionnelle promotion du 14 Juillet de la Légion d'honneur fut l'occasion de noter que depuis son élection, la moitié des invités du Fouquet's ont été soit décorés, soit promus au sein de l'ordre de la Légion d'honneur. Parallèlement, seuls les médaillés d'or aux championnats du monde d'athlétisme de Berlin en 2009 ont eu reçu la fameuse décoration tandis que les médaillés d'argent et de bronze ont du se contenter de l'ordre national du mérite.

Hasard, Nicolas Sarkozy est apparu lors de son intervention du 12 Juillet dernier avec des cheveux grisonnants. Les plus observateurs remarqueront qu'une célèbre ONG de protection de l'environnement avait imaginé un Nicolas Sarkozy vieilli lors d'une campagne pour questionner les dirigeants internationaux sur ce qu'ils seraient en 2020 s'ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord au sommet de Copenhague.

Le fait est, que les choses sont arrivés simplement plus tôt que prévu.