Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

vendredi 31 décembre 2010

Drôle d'ironie !

Dans la nuit du 30 décembre, Bobby Farrell, le chanteur du groupe disco « Boney M » est décédé d'une insuffisance cardiaque.

Ironie de l'histoire, sa mort est intervenue 94 ans pile après la mort et dans la même ville de que celui qui a, indirectement, fait la renommé du groupe : un certain Raspoutine.

Pour la peine, on se repasse le clip.








mardi 28 décembre 2010

Côte d’Ivoire. Une démocratie impossible ? (2/2)

Aujourd'hui, suite de l'article sur la démocratie et application au cas spécifique de la Côte d'Ivoire.


Les raisons du choix Ouattara.
Tout d’abord, les élections ont été correctement organisées. Gbagbo avait confiance en son destin mais le peuple ivoirien ne l’a pas suivi. Mais pour quelles raisons ?

Principalement le chômage et la situation économique. Ouattara, dont l’action en tant que directeur adjoint du FMI n’a pas été si mauvaise et qui fut, en d’autres temps, le dernier Premier ministre du président Houphouët-Boigny symbole d’une ère de prospérité, a su convaincre de la solidité de son programme en matière économique lors du débat télévisé. De son côté, Gbagbo semblait plus préoccupé par l’idée de démontrer que Ouattara était un fauteur de troubles, un terroriste ou encore qu’il n’était pas vraiment ivoirien pour se faire réélire. Toujours, lors de ce débat, Ouattara a dénoncé l’inaction de Gbagbo sur le front de l’emploi, du chômage des jeunes et tout simplement du quotidien des ivoiriens. Gbagbo laissait transparaitre que son principal objectif d’empêcher l’arrivée au pouvoir de Ouattara et non le sort des ivoiriens. C’est mal comprendre les ivoiriens qui sont nombreux à avoir eu leur situation se détériorer justement par l’application du concept « d’ivoirité ».

La nostalgie d’une économie florissante pour les plus anciens, la peur du chômage pour les plus jeunes aux côtés de l’importance donné à « l’ivoirité » ont donc été les principales raisons de ce vote.


Le rôle de la France.
Si une intervention française comme elles se sont toujours faites en Afrique n’est pas possible, le contexte n’est pas exactement le même que précédemment. En 2004, aucun des deux camps ne souhaitait l’intervention de la France, c’est parce que cette intervention empêchait les deux camps d’en découdre et donc de régler la situation entre eux par les armes. L’intervention de la France et donc l’opération Licorne ont été décidées pour préserver la vie des populations civiles et non pour régler la situation sur le plan politique tandis que dans le contexte actuelle, la France s’est bien gardé d’intervenir et a poussé pour que ce soit une solution africaine qui soit mise en œuvre ; que ce soit par l’Union africaine ou par la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest). La France a aussi attendu que l’ONU et son secrétaire général prenne la parole tout en poussant les États-Unis d’Amérique à intervenir justement pour qu’on ne l’accuse pas d’intervenir. Par cette attitude, Paris prend le risque de voir son influence dans son ex-empire colonial décroître, mais un autre choix parait plus risqué sur le plan politique.

Cette fois, la communauté internationale est intervenu et est unanime à reconnaître la victoire de Ouattara, les africains comme les européens, les américains et bien d’autres. Une intervention de la France devrait alors nécessairement se situer dans un contexte international, sous égide de l’ONU. L’ONU en elle-même n’ayant pas les forces ni la force politique pour forcer le destin, il faut que la France, ancienne puissance régionale, agisse. Un peu comme en Corée dans les années 1950 où les forces étaient anglo-américaines mais le mandat onusien. Seul le drapeau avait alors changé sur l’uniforme des soldats. Toutes proportions gardées, il conviendrait que l’ONU demande à la France, au besoin avec l’aide de pays africains de répondre présent pour faire respecter la volonté du peuple ivoirien.

Cette intervention, souhaitée par le président élu Alassane Ouattara, peut aussi se justifier par les violences, les meurtres de partisans d’ivoiriens et crimes commis par les paramilitaires et mercenaires aux ordres de Gbagbo.


Quelles suites ?
La situation est complexe. Les difficultés de la démocratie ivoirienne ne sont pas à chercher dans les grands principes démocratiques mais plus dans un contexte local bien particulier mêlant économie et « ivoirité ». Le débat sur « l’ivoirité » se rapproche d’ailleurs d’un autre débat, sur l’identité française cette fois. Dans les deux cas, le débat laissant entendre qu’il faudrait une certaine pureté pour être ressortissant d’un pays a plus porté atteinte à la démocratie qu’il ne l’a renforcé.

Concrètement, sauf à ce que Laurent Gbagbo décide de revenir à la raison, une intervention armée semble inévitable. Oui, ce ne sera pas une partie de plaisir et il y aura très certainement des victimes mais doit-on laisser un peuple subir des violences et se faire voler son destin. Le rôle de l’Occident est aussi de répondre aux demandes d’aides que leur adressent les peuples de ces pays où la démocratie est bien fragile. En Afghanistan, l’Occident a fermé les yeux et n’a soutenu que du bout des lèvres le commandant Massoud, il a fallu qu’il meure et que des attentats frappent les États-Unis au cœur pour que l’Occident réagisse.

Autre souvenir qui doit nous pousser à intervenir : la crainte d’un nouveau Rwanda. A l’époque, la France avait ignoré et/ou laissé faire les choses jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard. En Côte d’Ivoire, la frontière avec le génocide n’est pas si épaisse qu’on le croit. Les enlèvements de partisans de Ouattara, les exécutions expéditives par des mercenaires libériens, la découverte de charniers aux portes d’Abidjan sont des raisons suffisamment nécessaires pour agir.

dimanche 26 décembre 2010

Côte d’Ivoire. Une démocratie impossible ? (1/2)



Toujours suite à l'article de l'Hérétique, voici l'analyse suivante. Dans son article, on distingue deux choses : une réflexion sur la démocratie en général et son application à des pays en développement et plus particulièrement en Afrique; puis, une application spécifique au cas de la Côte d'Ivoire. Suivant ce découpage, je vous propose une première partie sur la démocratie puis une réflexion plus spécifique au cas de la Côte d'Ivoire.


La démocratie ne s’impose pas.
Dans sa tribune, Guy Sitbon écrit que la France ne peut agir dans la crise ivoirienne sans qu’on lui reproche son action. Il n’a pas tellement tort, puisque c’est ce qui s’est passé lors de la tentative de prise de pouvoir par les « Forces nouvelles » en 2004 après les accords de Marcoussis. Accusée par les rebelles de les couper dans leur élan et par Gbagbo de ne pas appliquer l’accord de défense signé aux premières de l’indépendance de la Côte d’Ivoire.

La situation actuelle est toutefois légèrement différente puisque la France a bien pris garde de ne pas intervenir. On peut partager son avis sur une chose : la démocratie ne s’impose pas.

Il convient néanmoins de préciser « La démocratie ne s’impose pas… Elle se construit. »

L’Hérétique précise que « la démocratie n’est pas le règne d’une majorité, qu’elle est le fruit d’un consensus. ». En réalité, si ! Une majorité peut imposer sa volonté durant une période donnée, c’est l’essence même de la démocratie représentative.

Si la vision de la démocratie qui consiste à croire qu’il suffit d’organiser des élections libres pour que la démocratie devienne réalité est bien fausse, c’est parce que les choses sont plus compliquées. La démocratie met du temps à se construire.

Un exemple parlant est l’implantation de l’idée républicaine par la IIIe République dans l’esprit des français. A ses temps, il y a eu une sorte de dictature démocratique des républicains pour implanter l’idée républicaine. Son implantation fut longue et difficile comme en témoignent les violences entre laïcs et croyants, les réactions à l’éducation par les hussards de la République. Ce n’est que progressivement, lorsque l’idée républicaine s’est enracinée et qu’il y a eu accord sur la manière pour la majorité d’exercer sa volonté que les radicaux ont accepté que la droite participe au pouvoir et puisse obtenir la majorité.

Cette construction de la démocratie se voit d’ailleurs en Irak où un consensus commence à être trouvé sur la façon d’exercer le pouvoir. Aux soubresauts violents des débuts, succède une période de relatif calme entre les participants au pouvoir et dans la lutte contre les groupes terroristes comme Al-Qaïda. Bien sur, ces soubresauts n’ont pas disparu et les persécutions dont sont victimes les chrétiens de ce pays nous le rappellent. On ne peut néanmoins nier un réel progrès.


« Les mœurs précèdent le droit ».
L’Hérétique précise que la démocratie n’est pas qu’une affaire de droit. Certes, mais sans droit, sa construction et son exercice sont tout bonnement impossible. Le droit est un élément indispensable, nécessaire à la démocratie et les deux sont inextricablement liés. On retrouve dans ces propos, la mention de Montesquieu qui donne un rôle important aux « mœurs ».

Encore une fois, la chose n’est pas fausse, mais il faut comprendre l’idée de mœurs dans le sens que cela avait au XVIIIe s. et pas dans le sens actuel qui est fort différent. Le sens ancien est bien plus large que le sens actuel, ce qui change pas mal de choses. En réalité, ce que désigne notre ami par « mœurs » ne se limite pas à la conduite, mais désigne la méthode de construction de la pensée. Et cela prend du temps.

Toutefois, entendre que la démocratie n’est qu’un problème de riches et qu’elle ne peut émerger dans des pays en situation difficile ou pauvres, est une erreur. Si les exemples de démocratie ne sont pas légions dans les pays du Sud, il en existe quelques uns. Le Botswana en est un avec un système de santé efficace bien que disposant de peu de moyens, avec une démocratie saine qui fonctionne plutôt bien. D’autres pays en Asie ou Amérique du Sud montrent que la chose est possible. Là, encore cela a été rendu possible par une volonté, et suite à une construction qui a pris du temps, beaucoup de temps.

vendredi 24 décembre 2010

Côte d'Ivoire. Les faits (2/2).

Dans un précédent propos, vous pouviez trouver un résumé des évènements menant à la situation actuelle de l'indépendance de la Côte d'Ivoire à l'an 2000. Période marquée par un fort développement économique et par l'émergence du concept « d’ivoirité ». On voit aussi émerger les principaux protaganistes actuels sur le plan politique.

Aujourd'hui, vous retrouverez le résumé des évènements de la dernière décennie qui a commencé par une dictature militaire pour aboutir à la situation actuelle. On peut voir l'ascension de Gbagbo, ce qui le conduit à nier Ouattara et toujours la persistance latente du concept « d’ivoirité » qui empoisonne littéralement la vie politique et la vie tout court dans ce pays.



Suite.
Acte IV - L’élection de Laurent Gbagbo.
En octobre de la même année, la décompte des voix laisse apparaître que le général Gueï, chef de la junte militaire, est arrivé en 2e position derrière Laurent Gbagbo. Malgré les résultats, il s’autoproclame président et tente de garder le pouvoir par la force. L’hostilité et à la détermination poussent la population à descendre dans la rue. Celle-ci est rapidement rejointe par la gendarmerie ivoirienne. Suite aux manifestations, la Commission électorale déclare alors Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection présidentielle. Lors des élections législatives qui suivent, le parti de Gbagbo remporte 96 sièges sur 223 mais c’est moins que les 98 du PDCI d’Henri Konan Bédié. Le parti da Ouattara, le RDR qui avait boycotté le scrutin, obtient tout de même 4 parlementaires.

En 2002, plusieurs tentatives de « coup d’État » ont lieu dans 3 villes du pays dont Abidjan (la capitale économique) et Bouaké (carrefour économique du centre du pays). Des tentatives d’assassinat ont lieu contre Alassane Ouattara ainsi que contre le ministre de la Défense. Le ministre de l’Intérieur et ses gardes du corps sont assassinés. Des « rebelles » contestent autant le pouvoir de Laurent Gbagbo, alors président de la République de Côte d’Ivoire, que le concept d’ivoirité. Ils se composent essentiellement d’anciens militaires chassés de l’armée sous la junte militaire en application du concept « d’ivoirité ».

On distingue notamment parmi les chefs des rebelles, un certain Guillaume Soro qui avait été colistier aux législatives de 2000 de Mme Henriette Diabaté, secrétaire générale du RDR, le parti de Ouattara.


Acte V - L’intervention française et les accords de Marcoussis.
La France, d’abord réticente, se résout finalement à intervenir plus pour protéger ses ressortissants et leurs intérêts économiques que pour appliquer l’accord de défense signé avec le pouvoir ivoirien. Appliquant néanmoins cet accord, les militaires français stoppent l’avancée des « rebelles » sauvant ainsi le pouvoir de Laurent Gbagbo.

Cependant, la France considère que certaines des revendications des rebelles sont recevables notamment sur l’ivoirité et les injustices que ce concept engendre.

Pour Laurent Gbagbo, les « rebelles » sont justes d’anciens militaires souhaitant le déstabiliser avec l’appui du Burkina Faso.


Afin de sortir de la situation des pourparlers sont organisés en France à Marcoussis. Ils aboutissent sur des accords qui prévoient :
- le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo jusqu’aux prochains scrutins ;
- un gouvernement d’union nationale ;
- la mise en place d’une force d’interposition.

A peine signés, les accords sont dénoncés par Laurent Gbagbo qui déclare qu’on lui a forcé la main. Des émeutes anti-françaises éclatent pour le soutenir.

Un an après, en 2004, le Conseil de sécurité de l’ONU décide de l’envoie d’une force d’interposition. Pour autant, les opérations entre forces loyalistes au président Gbagbo et les « rebelles »ne s’arrêtent pas.

La France, prise entre deux feux, est accusé par Laurent Gbagbo de protéger les rebelles et de ne pas respecter l’accord de défense signé avec le gouvernement ivoirien mais aussi d’empêcher les « rebelles » de profiter de leur avantage militaire et de prendre Abidjan, la capitale du pays.

De nouvelles négociations sont engagées et un accord signé mais les choses trainent.
Espérant débloquer la situation, Laurent Gbagbo envoie des avions militaires bombarder les « rebelles » à l’ouest du pays ainsi que des militaires français à Bouaké. Officiellement, le bombardement contre les soldats français est une erreur, mais il apparait rapidement qu’il est volontaire et a été ordonné au plus sommet de l’État ivoirien par Laurent Gbagbo. Immédiatement, Jacques Chirac ordonne une riposte. L’option choisie est alors la destruction des quelques avions composant « l’armée de l’air » ivoirienne afin de limiter les pertes humaines.

En réaction, les émeutes anti-françaises repartent de plus belle et se traduisent des pillages massifs et ciblés organisés par le mouvement des jeunes soutenant Gbagbo contre les entreprises françaises et occidentales. De nombreux ressortissants français et étrangers sont évacués en hélicoptère par l’armée française dont la base militaire à Abidjan est assiégée par les jeunes soutiens de Laurent Gbagbo. Les militaires français en réaction tirent dans la foule causant plusieurs décès ainsi que de nombreux blessés.


Acte VI - Sortie de crise.
En 2005, le processus de paix est une nouvelle fois relancé. Il aboutit en 2007 aux accords de Ouagadougou qui prévoit :
- la nomination d’un gouvernement de transition ;
- l’abolition de la zone dite de confiance entre loyalistes et rebelles.
A la suite de cela, une réforme des listes électorales permet l’inscription de 3 millions de nouveaux électeurs suite à une atténuation du principe d’ivoirité.


Acte VII - Bis repetita.
Fin 2010, après de nombreux reports, de nouvelles élections présidentielles sont organisées. Au soir du 1er tour, Laurent Gbagbo arrive en tête avec 38% des suffrages, suivi de près par Alassane Ouattara avec 32% et Henri Konan Bédié avec 25% des voix. Tous trois sont donc de vieux acteurs du pays politiques local.
Aucun candidat n’étant parvenu à rassembler la majorité des suffrages, un second tour est organisé. Un accord est semble-t-il passé entre Ouattara et Bédié, anciens adversaires politiques et aboutit à un bon report des voix puisque fin novembre, Ouattara est déclaré vainqueur après le report à plusieurs reprises de l’annonce des résultats par la Commission électorale indépendante (CEI).

Selon les résultats de la CEI, il remporterait l’élection avec 54,1% des voix contre 45,9% pour le président sortant. Immédiatement, les partisans de Laurent Gbagbo contestent ces résultats. Quelques jours après l’annonce des résultats par la CEI, le Conseil constitutionnel ivoirien, présidé par un proche de Laurent Gbagbo, annonce au contraire l’élection de Laurent Gbagbo avec 51% des voix suite à l’invalidation du scrutin dans plusieurs bureaux de vote au nord du pays.

Laurent Gbagbo prête alors serment en grandes pompes, suivi de peu par le président élu Ouattara qui dispose du soutien de la communauté internationale. Gbagbo de plus en plus isolé n’en continue pas moins de s’accrocher au pouvoir.

jeudi 23 décembre 2010

Côte d'Ivoire. Les faits (1/2).

Dans sa dernière livrée, le fort connu « Hérétique » nous fait d’un point de vue plutôt… surprenant sur un sujet d’actualité particulièrement délicat s’il en est, à savoir la crise politique que traverse actuellement la Côte d’Ivoire. Il réagit en cela à la lecture d’une tribune de Guy Sitbon, journaliste français d'origine tunisienne.

Néanmoins, le point de vue étant assez original, il semble essentiel de revenir sur les évènements qui nous ont mené à la situation actuelle. Il se trouve en effet que les racines du mal sont à chercher loin en amont.

Retour donc sur les évènements historiques qui nous ont menés là où nous en sommes actuellement. Ce résumé ne se veut pas parfait, il peut donc contenir des erreurs et passent très vite sur des éléments qui ne concernent pas forcément les évènements actuels. Aussi, merci de le prendre comme ce qu'il est, à savoir un résumé.



Acte I - L’émergence et le développement de la « Françafrique ».
Suite à la décolonisation, la France met en place une nouvelle politique en Afrique avec la bénédiction des États-Unis. A l’époque, c’est la guerre froide et les États-Unis confient le rôle de gendarme de l’Afrique à la France car l’Afrique constituait une bonne partie de son ex-empire colonial. Cette politique, voulue par le général de Gaulle et mise en place Jacques Foccart. Elle vise donc au travers de réseaux d’influence diplomatique et économique à garantir la stabilité politique de pays africains afin d’y assurer un contexte favorable à l’exercice d’activités économiques diverses mais consistant principalement dans l’extraction et l’exportation de matières premières comme le pétrole, le gaz, le bois, des métaux plus ou moins rares, etc., etc. On lui donne rapidement un nom : la « Françafrique ». Ce terme aurait été inventé par Félix Houphouët-Boigny dont le souhait était de garder des garder des contacts privilégiés avec la France dans le but de garantir leur pouvoir politique.

Celui-ci, après avoir émergé sur la scène politique sous la IVe République, devient président de la République de Côte d’Ivoire en 1960 et se maintient jusqu’en 1993. Durant son « règne », il fait emprisonner durant les années 1970 puis en 1982 un chef syndicaliste jugé « subversif » et sa femme, un certain Laurent Gbagbo et sa femme Simone. En 1988, ceux-ci rentrent d’exil et en 1990, durant l’élection présidentielle à laquelle il se présente, il réalise près de 18% des voix face à Félix Houphouët-Boigny. En 1991 puis 1992 ont lieu d’importantes manifestations d’étudiants comme en 1982 à la suite desquelles le 18 février 1992, Laurent Gbagbo est une nouvelle fois arrêté et condamné à 2 ans de prison de ferme mais est libéré seulement 6 mois après. A l’époque, le Premier ministre de Côte d’Ivoire est un certain… Alassane Ouattara.

Toujours durant ce « règne », la Côte d’Ivoire se développe fortement et devient même un pays d’immigration. Le pays recourt alors massivement pour ses plantations aux immigrés de ses voisins du nord. Les cartes de séjour et autres naturalisations sont alors largement accordés.

Fin de l’acte I.


Acte II - La période Bédié et le concept « d’ivoirité ».
En 1993, Félix Houphouët-Boigny meurt sans avoir désigné ou promu de successeur. Selon la constitution ivoirienne, c’est donc le président de l’Assemblée nationale, un certain Henri Konan Bédié qui accède à la présidence et promeut le concept « d’ivoirité » qui rencontre un certain écho suite aux nombreuses vagues migratoires dont le pays a eu besoin pour soutenir son développement économique. L’ivoirité est l’idée selon laquelle pour être réellement ivoirien, il faudrait que ses quatre grands-parents soient ivoiriens. En 1995, suite à une réforme du code électoral Henri Konan-Bédié est élu président avec 96,44% des voix dans un scrutin boycotté par ses opposants politiques qui dénoncent l’introduction de « l’ivoirité » comme critère pour être candidat. En réalité, il introduit ce principe pour évincer son principal rival politique de l’époque, à savoir le dernier Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara. Il tente ainsi de s’attirer le soutien de la population qui plongée dans la crise depuis que le pays ne crée plus massivement des emplois, constitue un terreau favorable au développement de la xénophobie.

Alassane Ouattara dont les deux parents sont certes ivoiriens mais originaires du nord du pays où l’immigration fut importante. Il a fait ses études au Burkina Faso, principal pays dont est originaire la main d’œuvre immigrée, et est musulman alors que les ivoiriens du sud du pays sont chrétiens.


Acte III - La dictature militaire.
En 1999, Henri Konan-Bédié est renversé par un coup d’État fomenté par les milites suite à une tentative réformant la constitution et lui permettant de se maintenir au pouvoir jusqu’à 75 ans.

La prise de pouvoir des militaires est alors cautionnée par les partis d’opposition de l’époque le Front populaire ivoirien (FPI, gauche) de Laurent Gbagbo et le Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire (RDR, centre) d’Alassane Ouattara. Après plusieurs tentatives de coup d’État, des militaires partisans d’Alassane Ouattara s’exilent au Burkina Faso.

En 2000, une nouvelle constitution est adoptée, avec le soutien de tous les partis politiques dont ceux de Gbagbo et de Ouattara. Le texte fondamental continue d’utiliser le concept d’ivoirité. En effet, ne peuvent se présenter les ivoiriens né de parents eux-mêmes ivoiriens. En conséquence, une vaste campagne d’identification est lancée. Alassane Ouattara se présente une nouvelle fois mais sa candidature est rejetée de même que toutes les candidatures présentées par le mouvement d’Henri Konan Bédié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Alassane Ouattara est alors jugé non-ivoirien. Au total, 14 candidats sur 20 voient leur candidature annulée.

(A suivre).

samedi 18 décembre 2010

Retour sur le Congrès des Jeunes démocrates.

Le samedi 11 décembre 2010 se tenait le 3e congrès des jeunes démocrates. Un congrès qui devait tout autant mobiliser que lancer des pistes pour l'avenir.
Au final, qu'en est-il ?


Mise à jour.
Au-delà de la belle organisation nordiste, un congrès est traditionnellement l'occasion d'une mise à jour des documents posant les règles de fonctionnement d'une association ou d'un mouvement. Les jeunes démocrates n'ont pas échappé à cet exercice imposé rendu d'autant plus nécessaire qu'une rationalisation de la structure et des instruments à sa disposition se faisait clairement sentir. Le regain d'une certaine souplesse par rapport à des modes de fonctionnement un peu trop rigides permettra de redonner un élan à la structure.

Un point a toutefois suscité plus de débats que d'autres : la question de la parité. Les jeunes démocrates, comme ses homologues de gauche ou de droite, sont confrontés à un désintérêt des jeunes en général pour la politique, phénomène accrue chez les femmes, sensiblement minoritaires en termes d'effectifs.


Les motions politiques.
Autre point important, l'examen des différentes contributions et leur présentation par chacun des vice-présidents responsables. Cet aspect est très important puisque sur de nombreux sujets, les jeunes proposent des solutions différentes sur des sujets d'actualités.

Ce moment intéressant, a néanmoins souffert de certaines longueurs ou lourdeurs. Manque de temps pour effectuer une synthèse ? Volonté de trop bien faire ? Toujours est-il que ce moment fut marqué par un foisonnement d'idées certaines intéressantes, d'autres moins, d'autres encore dont le lien avec la thématique de base paraissait plus que ténu.

Si on ne peut nier l'effort immense que la tâche consistant à faire la synthèse des nombreux messages adressés, il ne faut pas oublier non plus qu'un propos clair est bien plus efficace que moults développements théoriques et autres justifications.


L'échange avec François Bayrou.
A la veille du 3e congrès du Mouvement démocrate, François Bayrou est venu répondre durant un moment pour échanger avec les jeunes démocrates de manière décontractée. Un moment très attendu, loin des échanges souvent trop organisés entre les responsables d'un parti et leurs mouvements de jeunesse comme on en voit trop actuellement.

Un moment apprécié et appréciable, mais qui, une nouvelle fois, s'est fait essentiellement sur l'éducation. Sujet important pour les jeunes et tenant au combien à cœur à François Bayrou, ce thème a occupé la majeure partie des échanges, ce que l'on peut regretter car les jeunes ne s'intéressent pas uniquement à l'éducation et ont des propositions à faire dans d'autres domaines comme l'emploi ou la santé. Si d'autres thèmes ont pu être abordés comme la formation professionnelle ou la question de la situation des finances publiques, on ne peut s'empêcher de penser que l'occasion a été manquée de montrer que la réflexion politique sur les jeunes est d'envergure.

On pourra toujours objecter qu'interrompre les échanges sur la thématique éducative pour passer à autre chose aurait réduit la spontanéité, mais il convient parfois de rationaliser pour permettre un échange plus productif.


Que retenir ?
De ce 3e congrès, on se souviendra que l'affluence était au rendez-vous. Si la proximité avec le 3e congrès du Mouvement démocrate a pu aider, nombre de jeunes ne pouvant à cet évènement ont fait l'effort de venir pour la 3e édition du congrès des jeunes démocrates. Une affluence assez bien géré par une organisation efficace, ce qui n'a empêché celle-ci de devoir faire face à certains imprévus d'éclairage.

Sur le plan des idées, on a pu constater une volonté intacte de faire émerger non seulement des idées mais surtout un projet complémentaire et différent à celui développé par les structures classiques du MoDem. Projet qu'il conviendra néanmoins de clarifier et de mieux structurer pour qu'il s'intègre parfaitement au projet que portera François Bayrou lors du prochain rendez-vous crucial pour la France, à savoir l'élection présidentielle de 2012.

samedi 11 décembre 2010

Réunion, réunion...

Ce samedi se tient le 3e Congrès des Jeunes démocrates. Un congrès qui se tient la veille d'un autre, celui du MoDem, afin de mobiliser les jeunes autour du nouveau projet des jeunes. La nette victoire de la liste « Libres & engagés » lors des récentes élections jeunes mais surtout le belle dynamique initiée depuis avec le renouvellement des directions de nombreuses fédérations jeunes en souffrance ou le lancement de divers projets a montré que la volonté était là.


A confirmer.
Reste que le plus dur n'est pas de lancer les choses mais de traduire cette volonté en projets concrets, de confirmer qu'il ne s'agit pas que d'un mouvement temporaire. Trop souvent, on s'est aperçu que la bonne volonté des premiers jours, des premiers mois retombait telle un soufflé.

Un premier signe peut se lire dans le programme particulièrement chargé de cette journée de congrès qui devra être mené d'une main de fer pour ne accumuler trop de retard. On aura une pensée émue pour les membres du Conseil national des Jeunes démocrates qui enchaineront toute l'après-midi, les débats, examens de décisions et votes de 14h à 20h. Coup de chance : ils auront droit à une pause café afin de tenir.


Quelles perspectives ?
Ce congrès des Jeunes démocrates s'inscrit bien évidemment dans la perspective du scrutin présidentiel. Cette échéance pour laquelle François Bayrou a tout sacrifié ou presque est, en effet, à ne pas manquer. Toutefois, les Jeunes démocrates auront plusieurs choses à montrer. Tout d'abord, ils devront montrer qu'ils ne sont pas que de bons petits soldats et qu'ils sont capables non seulement d'émettre des idées intéressantes, innovantes mais surtout d'être capable d'une certaine indépendance vis-à-vis de leurs ainées puisque la plupart des bonnes idées naissent du débat.

Ils auront aussi à refondre complètement le message politique à adresser aux jeunes. Trop souvent, les mouvements politiques jeunes apparaissent comme de « jeunes vieux » en communiquant de manière traditionnelle. Une stratégie qui montre son inefficacité si l'on regarde les taux d'abstention records chez les jeunes français. Il convient donc de refondre le message et de toucher les jeunes par un message, une méthode et des idées sur des thématiques qui leur parlent.


Le mot de la faim ?
On le voit, la tâche s'annonce ardue. Mais à vaincre sans péril, ne triomphe-t-on pas sans gloire ?

jeudi 9 décembre 2010

Réforme des collectivités. Tout passe...

...ou presque !

En effet, le projet de loi réformant les collectivités territoriales sur lequel le Conseil constitutionnel a été amené à se prononcer vient de faire l'objet d'une censure partielle de la part des sages du Palais-Royal.


Un écart...
En l'espèce, le Conseil constitutionnel a censuré une annexe au texte. Plus précisément, un tableau en annexe fixant le nombre de conseillers territoriaux dans 6 départements. En effet, l'écart en nombres de conseillers territoriaux par rapport à la moyenne régionale était plus que substantiel, car supérieur à 20% à cette moyenne territoriale.

Les départements concernés sont :
- la Meuse en Lorraine ;
- le Cantal en région Auvergne ;
- l'Aude dans la région Languedoc-Roussillon ;
- la Haute-Garonne en région Midi-Pyrénées ;
- la Mayenne en région Pays de la Loire ;
- et la Savoie pour la région Rhône-Alpes.


Des écarts...
Mais pour ce qui est du reste du texte, le Conseil constitutionnel a validé l'ensemble des dispositions. Et c'est peut-être sur ce point que l'on doit s'inquiéter. Beaucoup l'ont peut-être oublié mais le projet de loi réformant les collectivités territoriales s'est fait par la seule volonté de l'État contre les collectivités territoriales. Le Sénat, où elles sont représentées, après plusieurs tentatives pour infléchir le texte dans un sens plus respectueux des collectivités, a vu son projet jeté aux oubliettes en 2e lecture par l'Assemblée nationale ce qui a aboutit à un désaccord entre les deux assemblées.

Rappel : En application de la constitution lorsqu'un texte concerne les collectivités territoriales, l'examen du projet de loi doit obligatoirement d'abord passer en premier lieu par le Sénat. Si en pratique, cela ne change pas grand-chose, sur le plan symbolique, cet aspect n'est pas à négliger car il montre que le texte sera d'abord examiné par les représentants de celles et ceux qu'il concerne en premier lieu.

En d'autres termes et pour être plus clair, la réforme des collectivités territoriales s'est faite sans les collectivités territoriales. La méthode employée pour l'adoption de ce texte est habituelle sous l'ère Sarkozy. Ce qui l'est moins et pose problème, c'est que ce texte va s'appliquer aux plus de 36 000 communes, à la grosse centaine de départements, aux 26 régions sans oublier les EPCI (établissements de coopération intercommunale, plus couramment appelées intercommunalités) ainsi qu'à leurs établissements publics. Cela n'a l'air de rien mais toutes ces entités pèsent plus de 70% de la commande publique en France.

Ce texte présenté comme une réforme en profondeur avait en réalité deux objectifs essentiels :
- réorganiser les collectivités afin de permettre une victoire de la droite même dans un contexte défavorable pour celle-ci;
- faire supporter par les collectivités territoriales l'effort de réduction de la dette publique.

Là, est tout le problème et la source des incertitudes futures car l'on apprend dans le même temps de la part des rapporteurs parlementaires pour le PLF 2011 (projet de loi de finances ou budget) des choses que l'on savait déjà, à savoir que le gouvernement a acté la suppression de la taxe professionnelle, principale ressource des collectivités territoriales, sans vraiment savoir ce qu'il faisait ni combien cela coûterait. Au bas mot selon le député UMP qui a levé le lièvre, il manquerait malgré les nouvelles taxes et impôts créés pour compenser le manque à gagner : 2,7 milliards d'euros. Probablement plus en pratique.

En période de famine budgétaire, et tandis que le président du pouvoir d'achat avait promis qu'il ne serait pas le président qui augmenterait les impôts, voilà qui fait tâche. Une tâche dont les français s'apercevront sur leur prochaine note d'impôts locaux.

mardi 7 décembre 2010

Un train de retard ?

Aujourd'hui en gare de Cambrai a lieu une mobilisation désormais de plus en plus courante en France : un rassemblement en gare pour demander le maintien de la ligne Corail Paris-Maubeuge.


Un cas parmi d'autres.
Depuis quelques années, accent a été mis à la SNCF sur la rentabilité. S'il est normal qu'une entreprise cherche à faire des bénéfices, il est important de rappeler que la SNCF n'est pas une entreprise parmi d'autres mais une entreprise publique. Plus précisément l'entreprise publique ayant le monopole ou presque du transport de voyageurs par voie ferroviaire. Aussi, dans le cadre de cette mission bien précise, son rôle est de gérer le réseau existant, mais aussi, en collaboration avec Réseaux ferrés de France (RFF) de le développer. Or, il se trouve que depuis quelques années, le développement est axé sur les lignes à grande vitesse plus rentables et génératrices de profit que les traditionnelles lignes ferroviaires.

Un problème alors que le Grenelle de l'environnement a souhaité encourager le développement du transport ferroviaire et que la pas si lointaine hausse du prix des carburants s'est traduite presque immédiatement par une augmentation conséquente de l'usage des trains express régionaux, les fameux TER.

Mais comme la France ne se résume pas à la grande vitesse, il existe encore de nombreuses lignes inter-régionales ou nationales desservies par des trains Corails.


Un rôle essentiel.
Les lignes classiques desservies par des trains Corails hors d'âge et dont les lignes sont mal entretenues rendent pourtant un service indispensable : un vrai rôle de service public. En effet, ces trains desservent souvent les métropoles secondaires ou même certaines préfectures de départements ruraux. Des destinations souvent ignorées des lignes à grande vitesse car pas assez rentables. Ces lignes sont pourtant utilisées non seulement par les professionnels mais aussi par des publics peu favorisés sur le plan économique et qui n'ont pas forcément les moyens de se payer une voiture, à savoir les étudiants, les personnes défavorisées, certaines familles.

Pourtant malgré ces services immenses, la SNCF cherche à tout prix à les supprimer pour se concentrer uniquement sur la grande vitesse. Au lieu de réinvestir dans les lignes et le matériel roulant, RFF et la SNCF diminuent les dessertes pour décourager l'usage de ces lignes, rendant de facto selon eux, une fermeture de la ligne. Les voyageurs sont alors priés de rejoindre les grandes métropoles desservies, elles, par la grande vitesse. Qu'importe si cela revient à faire 100 à 200 km de plus, pour un gain de temps minime; il faut utiliser la ligne à grande vitesse.


Des solutions existent !
Pourtant, il serait assez facile de renforcer l'attractivité de ces trains. En modernisant les lignes afin d'y faire circuler des trains à voilure tournante pouvant rouler jusqu'à 240km/h. En prenant cette décision, on diminuerait les temps de trajet et inciterait les automobilistes à délaisser leur véhicule pour lui préférer le train. Oui, mais voilà, il faut pour cela une décision politique forte et sortir de l'idéologie du tout-TGV. Il est illusoire de faire croire que le TGV convient à toutes les destinations nationales tout comme il est illusoire de croire que l'on peut se passer de la voiture en ville en l'état actuel des réseaux de transports en commun.

Aussi, il convient de se mobiliser non seulement pour maintenir ces lignes mais aussi pour qu'enfin, on les modernise.

lundi 6 décembre 2010

Ecolo ? Quand je veux !

Jeudi dernier a lieu l'attribution de l'organisation des Coupes du monde 2018 et 2022. Après le Brésil en 2014, ce sera donc la Russie en 2018 puis plus surprenant le Qatar en 2022. Immédiatement, nombreux ont été les observateurs notamment britanniques à supposer une certaine corruption des membres de la FIFA.


Corruption ? Mais non...
On notera que les premiers dénonciateurs, à savoir nos amis britanniques, n'ont pas hésité à employer les mêmes méthodes que celles qu'ils dénoncent chez les russes ou les qataris pour obtenir l'organisation des Jeux Olympiques de Londres. La corruption semble en effet une pratique courante aux seins de ces entreprises que sont devenus la CIO et la FIFA qui sont plus concentrées sur les contrats signés avec les industriels et non sur le sport. On se rappellera que des supportrices néerlandaises ont été prestement expulsées des tribunes d'un stade sud-africain pour avoir porté des robes oranges fournies par le brasseur Bavaria dont le logo n'apparaissait que très discrètement ou encore qu'autour des stades de la Coupe du monde, il existe un périmètre d'1 km au sein duquel la vente était réservée aux « partenaires » de la FIFA.


Écologie ? Vous avez dit écologie ?
Nombreux sont ceux qui ont vu le film « Home » diffusé sur France 2 peu avant les élections européennes. Dans ce film, le désormais connu Yann Arthus-Bertrand, y dressait un constat alarmiste sur l'état de notre belle planète. Pèle-mêle y était dénoncé les villes géantes, la pollution, la déforestation ou encore l'agriculture intensive. Lors de sa diffusion, ce film avait fait son petit effet et à juste raison. Parallèlement, Yann-Arthus Bertrand en a profité pour développer son association Goodplanet dont le financement est assurée par des multinationales dont l'empreinte écologique est... comment dire... Disons qu'elle laisse franchement à désirer.
Bien que cette association lance des projets innovants et finance des projets afin de réduire l'empreinte carbone de populations dans les pays développés, on ne peut s'empêcher de noter que le question du financement brouille un peu l'image de cette ONG. Mais revenons au football.

Jeudi dernier, donc, lors de la présentation de la candidature qatari, on a pu voir le même Yann-Arthus Bertrand soutenir une candidature fort peu écologique : la candidature du Qatar. Ce soutien, dont on apprend qu'il a rapporté à Zinedine Zidane près de 11 millions d'euros, est plus que surprenant. En effet, ce petit pays d'1,4 million d'habitants va devoir construire 9 stades dans le désert. Des stades avec pelouse naturelle qu'il va donc falloir arroser régulièrement mais aussi climatiser. Oui, vous avez bien lu, dans un pays manquant cruellement d'eau et soumis à une chaleur étouffante en été (près de 55°C), on va organiser une Coupe avec des stades climatisés. Que l'on se réjouisse l'énergie de la climatisation proviendra des nombreux panneaux solaires qui recouvriront les stades. Ouf, l'honneur écologique semble sauf.

Sauf que, sauf que, ce serait oublier un peu vite que les gaz nécessaires au fonctionnement de ces mêmes systèmes sont fortement nocifs pour l'environnement. C'est aussi oublier le colossal bilan carbone de la construction de stades en plein désert, du coût des matériels et matériaux introuvables sur place ou à proximité qu'il va falloir transporter pour construire les stades mais aussi les hôtels nécessaires à l'hébergement des supporters qui eux, dormiront des hôtels climatisés dont l'énergie proviendra... de centrales thermiques fort peu écologiques.


« Ça commence à bien faire ! »
On savait avec Nicolas Sarkozy que l'environnement n'aurait plus qu'une place réduite dans la politique nationale depuis sa fameuse phrase : « L'environnement, ça commence à bien faire ». On sait maintenant que les plus ardents défenseurs de l'environnement ne le sont qu'en apparence, ou au moins quelques-uns. Au moment où l'environnement perd du terrain dans l'esprit des uns et des autres, suite aux importants financements dont ont bénéficié les climato-sceptiques, le soutien de Yann-Arthus Bertand à la candidature qatari est bien mal venu et offre un formidable argument aux opposants à un changement des pratiques qui, s'il ne sera pas pratique, est pour autant essentiel. Alors, l'écologie 4x4, le nouveau courant d'Europe-Écologie ?

vendredi 3 décembre 2010

La fusion.

Ce jeudi soir, le 02 décembre 2010, à l'issue de leur convention régionale, les jeunes démocrates du Nord reçus par leurs homologues du Pas de Calais à Arras ont décidé conjointement d'unir leurs destinées et de former une seule et unique fédération jeunes.


Pourquoi une Union régionale ?
L'idée de créer une fédération régionale n'est pas nouvelle, puisque nos amis bretons ont déjà sauté le pas au travers d'un statut hybride. Les objectifs des jeunes nordistes présidant ce rassemblement sont multiples et variées. On peut en identifier de nombreuses, mais on retiendra que cette initiative se tient dans une logique d'évolution institutionnelle générale. Plus de deux siècles après leur création, les départements français n'apparaissent plus comme le niveau adéquat pour exercer de façon efficace des compétences qui ont une dimension de plus en plus régionale. Bien avant que le gouvernement ne songe à réformer le « mille-feuilles territorial », l'Europe a donné un rôle accru à des entités d'un certain niveau, incarnée en France par les régions. Il s'agit donc d'une évolution logique.


Cette fusion s'inscrit aussi dans une logique géographique particulière. La région Nord-Pas de Calais constitue un carrefour important dans le cœur économique de l'Europe. Plusieurs initiatives telle que l'Eurorégion, l'Euro-métropole autour de la région lilloise montre que des synergies existent. Il y a aussi une réalité encore plus locale avec le développement des relations entre les pôles régionaux et des dynamiques Nord-Sud centrées autour de la métropole lilloise, plutôt que des dynamiques Est-Ouest qui ont encore du mal à se traduire.


Quel avenir ?
La suite logique de cette fusion sera l'élection d'une nouvelle équipe régionale. L'élection de jeunes démocrates nordistes au sein du bureau national des Jeunes démocrates et leur accession à des postes prenants récompensent un travail important mais peut aussi se traduire par l'émergence de nouvelles personnalités enclenchant ainsi un cercle vertueux.


L'union fait la sauce.
Gageons que les uns et les autres sauront passer outre leurs intérêts particuliers pour créer une dynamique locale forte. Remercions donc Grégoire Catry pour l'organisation de cette convention ainsi qu'Anthony Jouvenel, tout récent secrétaire national des jeunes démocrates ainsi que Jérôme Pouwels, tout aussi récent trésorier national adjoint de la même structure pour leur engagement.