Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

jeudi 27 janvier 2011

Appel à projets éolien. Les précisions de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Je vous mentionnais dernièrement l'intervention de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie et du développement durable lors de la séance de questions au gouvernement sur l'appel d'offres éoliens. Retrouvez ci-dessous la retranscription de son intervention sur le sujet.

Appel à projets pour les éoliennes

« M. le président. La parole est à M. Daniel Fidelin, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.


M. Daniel Fidelin. Madame la ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, le paquet « Énergie-climat » a été adopté, sous la présidence française de l’Union européenne, par l’ensemble des 27 chefs d’État lors du Conseil européen des 11 et 12 décembre 2008 puis validé par le Parlement européen.

Nous nous réjouissons de ce plan qui vise, d’ici à 2020, à diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre, à réduire de 20 % la consommation d’énergie et à augmenter de 20 % la part des énergies renouvelables.

Pour la France, la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie devra s’élever à 23 %. Cet objectif ambitieux, nous le savons, repose essentiellement sur le développement de l’éolien, pour 25 000 mégawatts, dont un engagement de 6 000 mégawatts pour l’éolien en mer – objectif proposé par la mission parlementaire et confirmé par le Grenelle 2 de l’environnement.

Depuis plusieurs mois, les industriels ont engagé des études et ont mené de vraies concertations avec les élus, les associations de protection de l’environnement et les pêcheurs. Des territoires entiers attendent avec grand intérêt les décisions du Gouvernement.

Madame la ministre, alors que le Président de la République a évoqué ce sujet ce matin à Nantes, pouvez-vous indiquer à la représentation nationale quels sites ont été retenus pour accueillir les parcs éoliens offshore, ainsi que leur puissance ? En fait, pouvez-vous nous dévoiler la carte dite des zones propices ? Pouvez-vous également nous confirmer le lancement du premier appel à projets ?

Je souhaite vous rappeler, madame la ministre, que les villes du Havre et de Saint-Nazaire travaillent depuis plusieurs mois en synergie pour d’offrir aux industriels les meilleures conditions d’accueil.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cet appel à projets, notamment sur sa puissance et son calendrier ? Enfin, dans quel délai pouvons-nous espérer voir les éoliennes tourner au large de nos côtes ?


M. le président. La parole est à Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement.


Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement.
Monsieur Fidelin, ce matin, à Saint-Nazaire, devant les ouvriers des Chantiers de l’Atlantique, le Président de la République a annoncé le lancement de l’éolien en mer. Avec le Premier ministre, le chef de l’État a retenu la plus ambitieuse des options envisagées, pour une puissance de 3 000 mégawatts.

Cinq sites sont sélectionnés : Dieppe Le Tréport, Fécamp – dans votre circonscription –, Courseulles-sur-mer, dans le Calvados, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. Tout ira très vite : le Premier ministre a souhaité que le cahier des charges de ce premier appel à projets soit mis en consultation dans les quinze jours.

C’est d’abord une victoire pour l’environnement : l’électricité éolienne offshore est l’une des plus « décarbonnées » et elle offre un excellent rendement. C’est aussi une victoire pour l’emploi vert. Le Grenelle est source d’emplois industriels, d’emplois ouvriers en France. Le Président de la République évoquait ce matin le chiffre de 10 000 emplois directs.

Sous l’autorité du Premier ministre, nous resterons très vigilants pour que le cahier des charges de l’appel d’offres intègre de bons critères qui permettent de faire émerger une filière industrielle en France. La France dispose de tous les atouts pour devenir le leader mondial de l’énergie éolienne offshore.

Enfin, monsieur le député, c’est une victoire du Grenelle de l’environnement, une victoire sur les « climato-sceptiques » et sur les « Grenello-sceptiques », qui se rejoignent dans leur combat, une victoire sur tous ceux qui prétendent que le Grenelle ne sert à rien, soutiennent que, depuis la crise économique, sa mise en œuvre coûte trop cher, sur ceux qui prédisent qu’il ne sera pas appliqué. Mesdames et messieurs les députés, le lancement de l’éolien en mer leur apporte le plus beau et le plus clair des démentis. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

M. François Loncle C’est du vent ! »

mardi 25 janvier 2011

A retenir des questions au gouvernement du 25 Janvier 2011.


La séance des questions d’actualité au gouvernement est traditionnellement l’occasion pour les parlementaires d’interpeller le gouvernement sur des sujets qui, bien que ne faisant pas l’objet immédiat d’un texte de loi, attirent l’attention des parlementaires. La séance du mardi se déroulant à l’Assemblée nationale tandis que celle du mercredi se déroule au Sénat. De la séance de questions du mardi 25 Janvier 2011 n’a pas échappé à la règle, on retiendra surtout 3 thèmes qui ont particulièrement attiré l’attention du public et des médias ces derniers temps :
- la santé et le travail au travers du Médiator et de la prise en charge de la pénibilité ;
- l’éducation suite à la journée de mobilisation de samedi dernier ;
- et enfin, l’appel d’offres sur l’éolien en mer.


La Tunisie.
Trois questions qui ne font pas pour autant oublier les autres sujets puisque Michèle Alliot-Marie a de nouveau été questionnée sur la Tunisie et l’étendue de la coopération en matière de sécurité publique entre la Tunisie et la France. Sur ce point, la ministre a souhaité éteindre la polémique sur ses propos et rappelé que la coopération policière entre la France et la Tunisie se limitait à Interpol.
En dépit de ses propos malhabiles, il convient aussi de rappeler que la police française ne semble pas avoir la même attitude vis-à-vis de la Tunisie que les ministres de l’actuel gouvernement. Il faut en effet se souvenir que ce sont des douaniers français qui ont empêché l’envoi de matériel de sécurisation en Tunisie en exerçant correctement leur métier. Manière de rappeler que la démocratie passe d’abord par le peuple.


La santé et le travail.
Avant d’aborder le fond des réponses de Xavier Bertrand aux questions qui lui étaient posées, il n’est pas inutile de s’attarder sur l’attitude générale et le ton employé par le ministre. Dans ses interventions lors de cette séance de questions au gouvernement, Xavier Bertrand a fait d’un dédain plus que surprenant pour un ministre. Pas désarçonné par les questions qui lui étaient posées, le ministre a fait preuve d’une langue de bois en chêne massif digne de figurer dans les annales du Palais Bourbon. Renvoyant aux années Jospin, voir aux années Mitterrand, le ministre a continuellement détourné l’attention en renvoyant la balle dans le camp adverse.

Ne se remettant nullement en cause sur l’affaire du Médiator, il a adressé sur les sujets des emplois aidés et de la pénibilité au travail, des réponses… surprenantes aux députés.
Sur les emplois aidés, le Gouvernement entend réformer le système actuel qui est le suivant :
un contrat d’1 an renouvelable et aidé à hauteur de 90% pour 26h/semaine ; et de le remplacer par un nouveau système : un contrat de 6 mois non renouvelable aidé à hauteur de 70% pour 20h/semaine.

L’objectif évident de cette réforme est de faire baisser le coût d’un dispositif source de nombreux abus de la part des employeurs ce qui paradoxalement inclut aussi l’État (qui s’aide lui-même donc). Néanmoins, dans un contexte où la reprise de l’économie est particulièrement fragile, il convient de se demander si cette transition brutale est appropriée. Il aurait été intéressant de consulter les syndicats sur le sujet, ce qui en l’occurrence ne semble pas avoir été le cas.

Autre sujet, la prise en compte de la pénibilité dans les retraites. On se souvient lors du vote du texte sur les retraites que le gouvernement avait, pour permettre l’adoption de la loi, promis de lâcher du lest sur la pénibilité. C’est à l’occasion de la présentation d’un avant-projet de décret sur le sujet que la question revient dans l’actualité. Le projet en question prévoit une procédure particulièrement complexe pour les personnes atteintes d’une pénibilité comprise entre 10% et 20% d’incapacité.

Pour faire court, si un salarié souhaite partir à 60 ans pour cause de pénibilité, il devra saisir un comité dans lequel les salariés ne seraient pas représentés afin que l’on vérifie que son incapacité est bien la conséquence de l’exercice de ses activités professionnelles. Car oui, la pénibilité n’entrainera pas forcément la possibilité de partir en retraite à 60 ans, il faudra demander à bénéficier de la prise en compte de la pénibilité puis passer une série d’obstacles juridiques pour enfin y avoir droit. Autant dire que nombre de salariés découragés par la longueur et le coût potentiel de cette procédure y renonceront et travailleront tout de même jusqu’à 65 ans. Le dispositif envisagé était déjà injuste, celui proposé dans l’avant-projet de décret est tout bonnement inacceptable et a été vigoureusement dénoncé par les partenaires sociaux.


L’éducation.
Samedi dernier, les enseignants et les parents d’élèves s’étaient mobilisés pour dénoncer la situation actuelle dans le secteur de l’éducation. Interrogé sur le sujet des difficultés des nouveaux enseignants soumis au système de la masterisation, Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale tassé sur le banc du gouvernement semblait très éloigné de la réalité.

Le plus frappant fut la bronca des députés UMP lors de l’intervention d’une députée socialiste rapportant le témoignage d’une jeune enseignante de 25 ans n’ayant pas bénéficié de la période de stage et qui se retrouve bombardée professeur principal dans un lycée en ZUS (zone urbaine sensible) sans décharge d’horaires pour son premier poste. Interrogeant Luc Chatel sur l’efficacité de la masterisation et les solutions que le Gouvernement envisage de mettre en place pour pallier aux démissions massives de jeunes enseignants, le ministre n’a trouvé à répondre ironiquement que les socialistes idéalisaient le passé. Donnant le change à son collègue et compère Xavier Bertrand, Luc Chatel a précisé que vu l’inefficacité du système scolaire français, les socialistes n’avaient pas de leçons à donner et que le progrès exigeait la masterisation.

On invoque souvent le progrès pour justifier le maintien d’un dispositif inefficace. Pourtant l’expérience a maintes fois montré que le progrès n’est pas incompatible avec l’écoute et la prise en compte des attentes des personnels. Mieux, une réforme n’est vraiment efficace que si elle les associe de manière forte. En tout état de cause, c’est loin d’être le cas pour la masterisation.


L’éolien en mer.
Enfin ! Après moults atermoiements, l'appel d'offres gouvernemental sur l’éolien en mer a enfin été annoncé par Nicolas Sarkozy lors de son discours à Saint-Nazaire aux Chantiers de l'Atlantique. Interrogée sur le sujet par un député de la majorité, Nathalie Kosciusko-Morizet a rappelé les grandes lignes des projets gouvernementaux en la matière. Concrètement, 5 zones sont retenues dans le Nord-Ouest et l'Ouest pour une puissance de 3 000 MW. Par rapport aux plus de 10 zones envisagées, c'est faible. Il est toutefois à noter que la puissance par parc a, elle, été sensiblement revu à la hausse. Un mal pour un bien serait-on tenté de dire si ce n’est le fait que de nombreuses propices soient recalés, ce qui préjuge mal de l’avenir radieux de la filière en France.

Évidemment, rien sur le projet situé entre les îles de Noirmoutier et de Ré, pourtant le seul à recueillir l'accord des pêcheurs et des élus locaux. Pour mémoire, c'est ce projet qui avait fait les frais de technique de photomontage de M. de Villiers à qui le président de la République avait adressé un courrier dans lequel il lui indiquant clairement que le projet était enterré.

Enfin, il convient aussi de relever un point important. Si appel d'offres il y a, dans les faits, tous sont déjà pourvus. En effet, les zones concernées sont déjà l'objet de nombreuses démarches de la part des opérateurs actifs sur le créneau de l'éolien en mer à l’image du parc éolien du Tréport déjà bien engagé. Cette réalité ne semble pas étrangère avec la volonté affichée du gouvernement d'aller vite dans la publication des cahiers des charges correspondants. Le but étant que les premières éoliennes en mer tournent avant l’élection présidentielle.


A retenir.
Si on a pu avoir quelques précisions sur des projets attendus depuis longtemps, force est de constater que le Gouvernement ne tire aucune leçon de ses récents échecs. Année électorale et de préparation à la présidentielle, 2011 aurait pu être l’occasion de lâcher un peu de lest, ne serait-ce que pour éviter une déroute électorale aux cantonales de mars prochain et aux sénatoriales qui suivront. Et ce, sans compter, le risque historique très élevé de basculement du Sénat à gauche. A quelques mois des présidentielles, il sera un peu plus compliqué d’apparaître comme le président des réformes tandis que dans le même temps, les projets de loi seront enlisés devant la Chambre haute.

jeudi 20 janvier 2011

« Il y a beaucoup à faire pour les droits de l'homme en Chine »


Actuellement en visite officielle aux États-Unis, le président de la République populaire de Chine a lancé cette petite phrase que les observateurs attentifs ne manqueront pas de commenter : « Il y a beaucoup à faire pour les droits de l'homme en Chine ». De ces quelques mots, on peut dégager deux points : l'ouverture d'un débat au sein des élites chinoises sur la dite question et d'autre part, le signe qu'en réalité peu de choses ont changé.


Un débat au sein des élites chinoises.
La position qu'a exprimé Hu Jintao montre au moins une chose : il existe un débat au sein des élites chinoises pour un assouplissement sur la question des droits de l'homme. Pour le pouvoir chinois, la multiplication des émeutes sociales, des grèves et suicides répétés dans les usines comme ceux dans les usines de Foxconn, sous-traitant fabriquant pour Apple, sont une source d'instabilité de plus en plus préoccupante. Aussi, une ouverture sur le plan des droits syndicaux qui pourraient permettre d'apaiser les tensions ouvrières coupant ainsi une importante source d'instabilité de la société chinoise.

On dénote une ouverture croissante des élites chinoises à l'idée qu'un assouplissement sur la question des droits de l'homme pourrait être moins problématique pour le pouvoir qu'on le pense. Une ouverture aurait aussi l'avantage de contenter l'Occident en détournant son attention d'autres points bien plus sensibles comme la protection de la propriété intellectuelle ou l'existence de pratiques anti-concurrentielles malgré l'adhésion de la Chine à l'OMC.


Un signe loin d'être un pas.
Si cette phrase est encourageante, il ne faut pas oublier que loin de constituer une avancée, elle ne constitue qu'un signe que les choses « pourraient » changer. Oui, « pourraient » ! Car, en pratique, cette évolution est loin d'être acquise. Le président Hu Jintao est certes le chef d'État mais il n'est pas seul à décider du destin de la Chine. L'exécutif chinois est loin d'être composé d'une seule personne. Hu Jintao fait partie d'un comité que l'on surnomme « les sept empereurs » qui sont loin d'être d'accord entre eux. Hu Jintao souhaite un assouplissement mais dans ce comité, d'autres y sont farouchement opposés. De fait, c'est donc le statut quo qui s'appliquent en l'absence d'accord entre ces personnes.

La presse chinoise n'a d'ailleurs pas relayé cette petite phrase lâché par le chef de l'État chinois. Il convient donc de prendre ces paroles juste pour ce qu'elles sont : à savoir un signe, juste un signe que la situation sur les droits de l'homme en Chine fait l'objet de débats au sein de l'exécutif chinois.


Et donc ?
Loin d'être l'avancée qu'espère l'Occident, mais pas non plus un acte insignifiant, cette évolution n'est pas le fruit des efforts continus des occidentaux ni une évolution des choses mais bel et bien une nécessité qui serait dictée par la situation intérieure du pays, requise pour le maintien au pouvoir du Parti communiste chinois. Ainsi que l'a montré la toute récente « Révolution de jasmin », c'est l'économie qui dicte ou non le maintien d'un régime politique au pouvoir quel qu'il soit. Les communistes chinois, qui ont basé leur croissance sur un modèle économique fortement inégalitaire, sont en train d'en prendre conscience. Et notamment, que si les choses continuaient ainsi, leurs jours étaient comptés. Or, leur seul et unique objectif est justement de se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible. Leurs actions sont uniquement fonction de cet objectif et s'il faut pour cela lâcher du lest sur les droits de l'homme; eh bien, qu'il en soit ainsi.

mercredi 12 janvier 2011

Barre à droite !

Ce mercredi matin, Sophia Aram qui a repris la tranche horaire d'humour où officiait précédemment Gérarld Dahan, a signé un billet acide et combattif sur l'invité du jour, un certain Jean-Marie Le Pen.

Un attitude : combattive.
Dans cette chronique, on retiendra essentiellement la phrase suivante : « Jean-Marie Le Pen, vous resterez comme le thermomètre fiché dans le cul des Français pour mesurer leur degré de xénophobie ». Nul besoin de préciser que la chose n'a pas plus à l'intéressé.




On peut d'ailleurs retrouver son entretien avec Patrick Cohen en deux parties, ici :



et là :



Cette chronique en rappelle une autre d'un des prédécesseurs sur la tranche d'humour d'Inter, Stéphane Guillon.




Un changement de stratégie indispensable.
Ce chronique pugnace s'inspire au moins pour la méthode de la manière fort efficace utilisé par Bernard Tapie pour combattre Jean-Marie Le Pen. Si Bernard Tapie n'est pas un modèle de vertu, sa méthode pour lutter contre le Front national est pour le moins efficace. Pour faire court, il s'agit non pas de se placer sur le terrain de la raison mais d'être direct, parfois un peu brutal et démonter par l'ironie les arguments frontistes. Voici d'ailleurs, la vidéo en question.




Tout ceci intervient dans un contexte de remontée de l'extrême-droite dans les intentions d'opinion. A 2 mois des cantonales, le fait est inquiétant mais pas inéluctable. En 2007, Nicolas Sarkozy avait misé sur un durcissement de son discours pour vider le Front national de sa substance. Sans surprise et une fois les effets de communication dissipés, les électeurs en sont retournés là d'où ils étaient partis. Pire, les arguments du Front national ont infusé dans la politique du gouvernement. Un changement dont Brice Hortefeux et ses deux condamnations en justice en sont le symbole éclatant.


A l'avenir, combattre pied à pied.
Le journal « Le Monde » publie aujourd'hui sur la séduction de plus en plus large qu'exerce le Front national. On aurait tort de croire que ce n'est qu'un feu de paille. Dans ce contexte, le résultat du Front national en 2007 apparait plus comme un accident qu'autre chose. Se souvient-on qu'en 1995, Jean-Marie Le Pen avait réalisé un score autour de 15%. Sept ans plus tard, le même Le Pen se qualifiait pour le second tour avec un peu plus de 17% des voix. En 2007, son score a atteint les 10,44%. Durant 3 ans, la tassement du Front national laissait présager un recul réel de l'influence de l'extrême-droite. Las, la crise de 2008 et la politique d'inégalités croissantes mise en place par Nicolas Sarkozy n'a fait que l'accroitre. Il convient de se rappeler en effet des scores du Front national en 2010 aux régionales où Jean-Marie Le Pen et sa fille ont dépassé les 20%.

Plus que jamais, donc, c'est un combat féroce qu'il faut livrer pour combattre le Front national.

jeudi 6 janvier 2011

Ouattara, la conférence de presse.


Ce jeudi, Alassane Ouattara, président élu de Côte d’Ivoire a donné une conférence de presse. Dans l’interrègne actuel marqué des violences de la part des partisans et mercenaires de Laurent Gbagbo et alors que les tentatives de médiation ne semblent pas donner de résultats, sa parole était attendu. L’enjeu : connaître sa position, les concessions qu’il serait prêt à faire ainsi que les développements envisagés.


La position du président Ouattara.
Si Laurent Gbagbo considère qu’il est président en ayant respecté la constitution ivoirienne, ce dont il essaie de convaincre le reste du monde sans y parvenir, Alassane Ouattara demande le départ immédiat de son prédécesseur.
Pour le président élu, la constitution ivoirienne n’a pas été respectée car le Conseil constitutionnel n’a pas respecté les résultats qui lui ont été transmis. L’invalidation des résultats dans 5 départements du Nord et de l’Est du pays pour fraudes aurait été effectuée en rupture totale avec les rapports des préfets constatant que les opérations électorales se seraient bien déroulées. De surcroit, ces opérations ont été validées par le CCI (centre de commandement intégré de Côte d’Ivoire).

La décision constitutionnelle serait donc en conséquence tout simplement illégale.
A cela, le président Ouattara ajoute que les partisans de Laurent Gbagbo étant présent dans la CEI (commission électorale indépendante), les résultats que celle-ci a proclamé sont indiscutables.

En conséquence, et en réponse aux propositions de recomptage des voix ou de 3e tour, M. Ouattara oppose un non ferme et définitif. Sa position étant que les élections ont eue lieu dans de bonnes conditions et les résultats ayant proclamé, il n’y a aucune contestation possible. Une position qu’il résume ainsi « Les opérations électorales sont terminées. Laurent Gbagbo doit partir. »

De cette conférence de presse, il ressort que des concessions du clan Ouattara sont possibles mais limitées. Limitées au président Gbagbo, et dans une moindre mesure à ses proches, une fois que celui-ci aura quitté le pouvoir. Alassane Ouattara opte ainsi pour une position ferme et ne compte pas laisser de répit à Laurent Gbagbo sachant pertinemment que ce dernier joue la montre.


Quelle suite ?
La question qui était sur toutes les lèvres était : va-t-il y avoir une intervention armée ?
En l’état actuel de la situation, cette option n’est pas considérée comme probable par le président Ouattara. Elle ne serait envisagée qu’en cas d’extrémité mais n’a clairement pas ses faveurs. Et de citer la fuite de Laurent Gbagbo en 2000 dans un coffre de voiture pour fuir la dictature du général Guéï et de préciser qu’une nouvelle fuite de cette manière serait pour l’occasion pour Gbagbo de se couvrir du déshonneur qu’il mérite. A la place donc, Alassane Ouattara opterait plutôt pour un accroissement de la pression sur le clan Gbagbo en augmentant les sanctions ciblées. Cette position raisonnable va nettement à l’encontre de ce qu’espère Laurent Gbagbo qui mise indirectement sur une action militaire pour endosser le statut de martyr.

En refusant l’intervention militaire, Alassane Ouattara vise aussi à garder le soutien du peuple ivoirien qui, en cas d’intervention militaire, serait inévitablement le plus touché. Toutefois, le président Ouattara prévient que les fonctionnaires qui continueraient de collaborer avec le « régime fantôme » de Laurent Gbagbo seraient sanctionnés judiciairement et risquaient de perdre leur emploi.


Conclusion.
La situation actuelle et complexe, et requiert une habilité diplomatique particulière. D’un côté, Laurent Gbagbo tente de se poser en victime de la politique extérieure de la France et en défenseur des institutions ivoiriennes. De l’autre, Alassane Ouattara garde une position ferme mais fait tout pour éviter un bain de sang qui nuirait à son début de mandat. Il dénonce au passage le climat de peur que fait régner Laurent Gbagbo au sein de l’administration et de la population ivoirienne. Si la situation semble sans issue, on observe toutefois quelques craquelures dans le camp de Laurent Gbagbo. Si, la chute de ce dernier est loin d’être acquise, ce signal peut être l’espoir qu’une sortie de crise pacifique est possible.

samedi 1 janvier 2011

Et pour commencer...


En jour de l'an, je vous souhaite à tous une bonne année 2011. Espérons que cette année sera un peu meilleure que celle qui vient de s'écouler et que l'on est bien content de voir finir.

Pour ce 1er jour de l'année 2011, il est un rendez-vous qui est incontournable : le concert du Nouvel an au Musikverein de Vienne. Profitons donc de ces quelques instants de répit et de calme pour nous préparer à affronter ce début d'année.