Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

jeudi 23 juin 2011

Afghanistan. Le retrait et le maintien.

La nouvelle est tombée tôt ce matin sur les telex des agences de presse et des principaux médias, le président de la République annonce que la France va progressivement retirer ses troupes d’Afghanistan d’ici la fin de l’année. Cette annonce en suit une autre, similaire, formulée la veille en soirée par le président américain Barack Obama. Un retrait qui n’intervient pas par hasard et qui, en réalité, n’en est pas tout à fait un.


Lutte contre le terrorisme.
La présence occidentale en Afghanistan fait suite aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont provoqué la mort de plusieurs milliers de civils américains. Les États-Unis avaient alors décidé d’intervenir afin de capturer Ben Laden que les talibans refusaient d’extrader. Les européens sollicités depuis des lustres par le commandant Massoud avaient suivi, par solidarité avec les États-Unis d’Amérique mais aussi parce que leur propre sécurité était menacée. Au besoin, les attentats de Londres et Madrid ont fait rafraichit leur ont rafraichit la mémoire.

L’aide aux forces du commandant Massoud notamment russe, combiné aux moyens occidentaux ainsi qu’à quelques valises de dollars avaient rapidement permis de chasser les talibans du pays avant une occupation qui devait permettre d’installer une démocratie stable et prospère dans le pays selon l’administration Bush. Toutefois, la chose apparut très tôt impossible. Puis l’arrivée de l’administration Obama se traduisit par un retrait important de troupes d’Irak pour un redéploiement en Afghanistan afin d’accroitre la pression militaire sur Al Qaïda. Ce renforcement des troupes occidentales eut un relatif succès puisque le groupe terroriste eut à subir de nombreuses pertes. Néanmoins, cet effort s’accompagnait aussi d’une résurgence de la rébellion dans le pays.

Ce constat en demi-teinte s’explique par la structuration du pays. L’Afghanistan n’est pas un pays en soi ou même une nation clairement identifiée. Il s’agit d’une mosaïque composée de nombreux groupes structurées autour de chefs de guerre, de clans parmi lesquels les talibans ne sont qu’une minorité contrôlant chacun une vallée, un bourg, un morceau de route ou de territoires.


Al Qaida, un mouvement moribond.
Les renforts envoyés suite à l’arrivée d’Obama au pouvoir ont été relativement efficaces et ont trouvé leur couronnement dans la traque puis l’exécution de Ben Laden en cette année 2011. Privilégiant la discrétion à la fanfaronnade, l’administration Obama avait mis les moyens pour débusquer le chef de l’organisation terroriste. Le mouvement décapité, le groupe terroriste avait non seulement perdu sa figure de prou mais aussi son fondateur.

Les effectifs d’Al Qaida avaient déjà été passablement réduit en 2001 (on estime qu’alors 80% des effectifs avaient été tués et qu’une part de ses cadres avaient été capturés ou tués). La tactique du « surge » ayant permis de réduire presque à néant la capacité du mouvement. Si la mort de Ben Laden est un évènement, Al Qaida était déjà passablement affaiblie par la capture de Khalid Cheikh Mohammed en 2003. Dans ces conditions, il n’était plus utile de maintenir des effectifs conséquents en Afghanistan.


2012-2013, période électorale.
Au-delà de cette explication, il n’aura échappé à personne que les deux années à venir s’annoncent comme une période électoralement chargée. En effet, des élections législatives et/ou présidentielles vont avoir lieu dans la plupart des pays occidentaux à commencer par la France, les États-Unis et l’Allemagne. Barack Obama comme Nicolas Sarkozy souhaitant se faire réélire, un retrait militaire, au moins partiel, était inéluctable. Cet élément n’a pas non plus échappé aux insurgés afghans qui, en conséquence, ont décidé de ne pas donné suite aux tentatives de négociations des occidentaux. Pourquoi en effet négociés alors que ces derniers savent pertinemment que les soldats partiront quelque soit l’issue de ces pourparlers.

Quelques discussions ont néanmoins eu lieu afin de préparer le retrait des troupes mais aussi de tenter de pacifier le pays dans une relative mesure. C’est aussi dans cette perspective que les occidentaux ont détourné leur regard du trafic de drogue, principalement d’héroïne dont l’Afghanistan est le premier producteur mondial avec plus de 80% du « marché ». L’objectif étant d’associer au pouvoir le plus grand nombre possible de chefs de guerre réduisant de facto l’intensité de l’insurrection en Afghanistan.


Un retrait limité.
Néanmoins, à bien y regarder, on notera que les retraits de troupe sont limités. En effet, pas question de retirer tout le monde d’un coup d’une part parce que matériellement, les choses sont compliquées mais surtout parce que ce serait laisser le champ libre un peu trop rapidement aux insurgés. Le retrait sera donc progressif. Mais il sera aussi limité.

Tout comme le retrait des troupes d’Irak ne s’était pas soldé par un retrait total des troupes américaines, le retrait d’Afghanistan ne sera pas total. La raison est à chercher ailleurs. Il ne s’agit pas de tenter une nouvelle fois d’installer la démocratie en Afghanistan mais de stabiliser l’AfPak, nom donné à la zone regroupant l’Afghanistan et le Pakistan qui constitue la vraie unité territoriale pertinente. Pour une partie des services secrets pakistanais, il s’agit d’opposer un bloc islamiste soudé, virulent face au voisin indien. Mais ce bloc est particulièrement instable en raison de la multiplicité des intérêts et de la multiplicité des groupes le formant. Une instabilité qui s’étend au sous-continent mais aussi à l’international avec un risque terroriste non négligeable. Le rôle de l’Iran, quand bien même ce dernier est traversé par de profondes mutations internes, n’est pas non plus à négliger puisque le pays des ayatollahs pousse lui-aussi ses pions dans l’ouest de l’Afghanistan comme du Pakistan dans ce que l’on appelle, le Baloutchistan.


Quelle place pour la France ?
On le voit, la situation en AfPak est complexe. Sur ce plan, la situation de la France mérite que l’on s’y attarde. De longue date, la France était reconnu comme un interlocuteur fiable en raison de sa position originale dans le camp occidental. A l’ouest mais pas soumise, la France avait un rôle à part que sa diplomatie, historiquement importante parvenait à maintenir malgré la fin de son empire colonial. Mais, la décision discrétionnaire de Nicolas Sarkozy en mars 2009 de revenir dans le commandement intégré de l’OTAN avait fragilisé cette position.

Si la nomination d’Alain Juppé avec de réelles prérogatives au quai d’Orsay a permis de tempérer ce retour, les faits montrent une nouvelle fois que l’alignement atlantiste du président français sur les États-Unis d’Amérique. Il faut en effet se rendre compte que les européens souhaitaient retirer leurs troupes depuis 2010. Les allemands, notamment, traumatisés par le bombardement d’un camion citerne ayant entrainé la mort de nombreux civils souhaitaient partir depuis longtemps. La France quant à elle, n’avait accepté de se renforcer temporairement et de façon limité qu’en échange de quelques postes important au sein de la hiérarchie de l’OTAN. Ce sont bien les américains qui ont unilatéralement décidé de la date de retrait de leurs troupes selon leur propre calendrier, les autres n’ayant qu’à suivre.


Conclusion.
Le retrait prévu en Afghanistan n’est qu’une étape et ne changera pas drastiquement la situation. Et pour reprendre Winston Churchill : « Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement ».

mardi 14 juin 2011

Conseil national du MoDem. Le temps du renouveau ?

A moins d’un an des élections présidentielles, les différents partis commencent à se préparer pour ce qui est le moment phare de la vie politique française : l’élection du Président de la République. Prochaine étape, le renouvellement des cadres sur le plan local et national. Le MoDem n’y échappe pas et votera pour élire ses représentants à son instance principale qu’est le Conseil national du 14 au 24 juin 2011. Reste à savoir pour qui voter ? Trop souvent, les instances nationales représentant les militants dans les partis sont trop consensuelles, trop soumises aux chefs de parti et ont tendance à valider tout ce qui leur est proposé, oubliant par là même par qui ils ont été élus à savoir les militants.


« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. », Winston Chruchill.
Le renouvellement d’une instance est l’occasion pour une partie des sortants de rempiler. La plupart des listes mettent d’ailleurs en avant l’expérience de conseillers nationaux sortants. Au-delà des personnalités, il est intéressant de voir ce qui a été fait durant la mandature qui vient de s’achever.

De manière générale, la fréquentation au Conseil national s’est rapidement étiolée et la communication avec les adhérents qui ont élu une bonne partie des conseillers nationaux ont été tenu à l’écart de cette instance. Dans le même ordre d’idées, bien rares étaient ceux qui faisaient des comptes-rendus, expliquait leurs votes ou même manifestait dans le cadre de cette instance aux projets soumis au Conseil national leur différence et plus rare encore leur refus.

Pire, parmi ces derniers, nombreux sont ceux à avoir été promptement priés de quitter l’enceinte du Conseil national.

Toutefois, il en est resté quelques-uns pour remplir leurs devoirs envers leurs électeurs et avoir le courage de leurs idées. Malheureusement, on les compte plutôt sur les doigts d’une ou deux mains.


Revenir aux fondamentaux.
Ce dernier mène la liste « Les adhérents sont notre force » pour l’élection au Conseil national en Ile de France.

Sollicité par plusieurs listes afin d’apporter mon soutien à leurs démarches respectives, j’ai décidé de soutenir la liste qui me semble la plus à même de défendre les intérêts des adhérents et, surtout, plus important, de tenir ses engagements sur la durée.

La liste « Les adhérents sont notre force » composée de personnalités renouvelées et de quelques personnes d’expérience s’est engagé sur 8 propositions-clefs.

Ainsi, au caporalisme défendu par les uns « nous défendrons le principe majoritaire […] chacun doit s’y conformer » et les autres « Affirmer notre soutien et notre confiance sans faille à notre président et à l’équipe dirigeante du Mouvement Démocrate », ou encore l’affirmation maintes et maintes fois répétées pour l’amélioration des relations avec la base, il y un fossé, que dire, un gouffre avec la réalité.

A cela, Jérôme Charré et son équipe proposent une alternative mettant le militant au cœur des enjeux en améliorant l’accueil par actions très concrètes mais aussi en prenant les décisions nécessaires pour les garder et ainsi constituer une base solide pour le futur. Objectif qui en dépit des efforts de quelques-uns dont nombre de colistiers de la liste menée par Jérôme Charré, fut loin d'avoir été atteint ces dernières années.

Il ne s’agit pas ici de faire la course aux soutiens en cherchant à avoir la plus belle affiche en se prévalant d’une ex-tête de liste aux régionales ayant glorieusement menée vers la débâcle. Non, il s’agit plutôt de revenir aux fondamentaux en représentant avant tout la diversité des adhérents et de mettre en avant leur talent.


Conclusion.
Vous l’aurez compris, dans le cadre de l’élection à l’instance représentants les militants au niveau national, enjeu de moults convoitises et promesses, j’ai décidé de soutenir Jérôme Charré et la liste « Les adhérents sont notre force » pour la simplicité et la transparence mises en avant et non pour une liste « paillettes » où la forme et l’habillage comptent plus que le fond. On a trop reproché au Conseil national d’être une chambre d’enregistrement pour ne pas vouloir changer les choses. L'occasion d'un changement se présente maintenant. Un changement qui passe par un vote pour la liste « Les adhérents sont notre force ».

mercredi 8 juin 2011

Grünen, l'exemple allemand.

Leur sacre en Baden-Wurtemberg leur a définitivement ancré comme un « grand parti » en les amenant à diriger pour la première fois un Land. Et cette fois, ils ne sont pas les supplétifs d'un des deux partis historiques que sont le SPD (social-démocrate, gauche) ou la CDU/CSU (chrétienne-démocrate, droite), mais c'est bien le SPD qui est l'allié minoritaire des Grünen.

Une victoire qui donne raison aux réalistes du parti qui avaient en 1998 engagé le mouvement avec Joshka Fisher et dont s'inspirait la démarche Europe-Écologie lors des élections européennes en 2009.


« Comme en l'an 40 ! ».
Mais la comparaison s'arrête là ! Si l'ouverture au monde associatif et, dans une bonne mesure, au centre avait permis aux écologistes de réaliser des scores conséquents. Depuis, c'est la dégringolade. Les régionales de 2010 furent l'occasion d'une baisse de 16% à 12%. Les cantonales ont emboité le pas et se sont traduites par une nouvelle baisse du score moyen de 4% là aussi. La raison de déclin post-européennes est à chercher dans la manière dont s'est consolidé la dynamique Europe-Écologie suite au succès de 2009.

A l'époque, le succès avait donné des idées à certains et susicté quelques ambitions pour la suite. Ainsi, on se souvient de cet échange entre « Verts historiques » et « membre d'Europe-Écologie » où les seconds envisageaient de présenter l'un des leurs à l'élection présidentielle de 2012. Jean-Vincent Placé, n°2 des Verts et homme d'appareil avait alors rappelé que ceux qui allaient coller les affiches étaient les Verts (sous-entendu « verts historiques ») et qu'il aurait tout de même leur mot à dire puisqu'ayant la puissance militante. La réponse des nouveaux venus ne tarda pas puisque ceux-ci répondirent que si les verts apportaient la puissance militante, c'est bien Europe-Écologie et sa mouvance qui apportent les votes. A bonne entendeur...

Puis, passé l'effet grisant de la victoire, il fallut s'atteler à structurer un mouvement qui ne l'était pas afin de faire perdurer l'effet des élections européennes. Et là, les Verts, rompus aux manœuvres politiciennes reprirent la main. Ainsi, le mouvement passa rapidement aux mains des « Verts historiques » auquel on peut ajouter quelques nouveaux venus ayant compris l'intérêt qu'il y a d'avoir une place au sein du parti. Tout aussi rapidement, et malgré les tentatives de quelques uns, Jean-Vincent Placé, Cécile Duflot et d'autres rappelèrent qu'Europe-Écologie était un parti de gauche, et que c'est avec le Parti socialiste qu'ils comptaient faire alliance.

Évanouie, l'ouverture au centre alors même que les Grünen annonçaient qu'ils ne faisaient plus d'une alliance à gauche, une condition systématique. Traduction : une alliance avec les libéraux ou les conservateurs serait parfaitement envisageable tant que les Grünen y trouveraient leur compte. Une décision qui a eu un impact immédiat sur les intentions de vote les concernant et s'est traduit par leur victoire en Baden-Wurtemberg. Les verts français, eux, ont décidé au contraire de s'enfermer à gauche avec les conséquences négatives sur leur audience électorale. Une situation qui commence à inquiéter.


« J'aimerai des congrès d'Europe-Écologie où on parle plus de politique. », Daniel Cohn-Bendit.
Symptomatique des inquiétudes de voir les Verts retourner à leur audience traditionnelle, est l'entretien que Daniel Cohn-Bendit a accordé au quotidien Le Monde dans son édition du samedi 04 juin 2011 et où il craint que les Verts ne fassent de nouveau 3% en 2012. Une hypothèse qui n'a rien d'irréaliste tant ces derniers ont l'habitude des conflits internes.

Daniel Cohn-Bendit y dénonce l'hyprocrisie qui a régné à La Rochelle au cours d'un rassemblement qui visait simplement à officialiser la victoire de Cécile Duflot qui rempile, fait historique chez les Verts pour un 3e mandat à la tête du parti. De son côté, la liste menée par le trublion allemand n'a rassemblée que 26,5% des voix qu'il faut certes relativiser avec une très forte abstention (plus de 53%). Daniel Cohn-Bendit et les partisans d'une ouverture sont donc minoritaires au sein d'Europe-Écologie-Les Verts. La question est de savoir si cette nouvelle marginalisation des « réalistes » va se traduire par un nouvel échec électoral.

Tous les éléments le laissent penser. En effet, à peine Nicolas Hulot avait-il annoncé sa candidature à la présidentielle que nombre de caciques du parti lui sont tombés dessus de façon à peine voilée. Ainsi, Noël Mamère lui a-t-il demandé d'apporter quelques clarifications à ses positions sur le nucléaire et sur les liens de sa fondation avec des grandes entreprises pas vraiment connues pour leur engagement pour l'environnement. Il ne fut pas le seul mais il est à noter que les partisans d'une candidature d'Éva Joly furent les premiers à dégainer.

Or, les Verts se trouvent face un paradoxe qui est que, systématiquement, ils choisissent comme candidat à la présidentielle, une personnalité dont les français ne veulent pas. C'est toujours vrai pour le choix du candidat de 2012 puisque les militants Verts veulent Éva Joly alors que les français aimeraient plutôt que ce soit Nicolas Hulot. Ce dernier a d'ailleurs commis une erreur de débutant la semaine dernière puisqu'il a déclaré qu'il avait discuté avec Jean-Louis Borloo laissant ainsi penser qu'un élargissement au-delà de la gauche était possible. Borloo n'en demandait pas tant lui qui cherche depuis des semaines à se différencier de Nicolas Sarkozy et de l'UMP. Immédiatement, Hulot a dû se dédire en précisant qu'une telle alliance sera possible si Borloo montrait qu'il adhérait « aux valeurs de la gauche ».


Conclusion.
De manière générale, les Verts laissent leurs vieux réflexes prendre le dessus. Il semble difficile, en l'état actuel des choses de les voir s'ouvrir à une quelconque alliance autre qu'avec le PS quand bien même cette alliance se situerait en opposition à Nicolas Sarkozy. Ainsi, les Verts se condamnent eux-même à ne rester que des supplétifs d'un Parti socialiste pas franchement intéressant qui compte plus sur la faiblesse de la droite que sur une réelle adhésion à son programme pour gagner en 2012. Un réel gâchis alors que les français semblent, eux prêts à leur donner plus de place pour peu qu'ils s'adaptent.