samedi 28 février 2009
Quitterie Delmas sur France 4.
Hier soir, après une longue journée, une fois le match du XV de France fini (d'ailleurs bravo les gars !), je zappe sur les canaux des chaînes auxquelles j'ai accès et je tombe par hasard sur un sketch sur le blog de Quitterie dont je reconnais la "patte graphique", je décide donc de rester et de regarder un peu ce que dit la personne que je viens de citer. Je décide donc suite à cette émission de faire une nouvelle lettre ouverte à Quitterie Delmas.
"Quitterie, tu reprends ta thématique "les partis sont des machines à gagner les élections", et déclare vouloir agir dans le cadre de l'action civile pour garder ta liberté de ton. Je trouve que cette approche manque de profondeur. L'on t'a proposé une place qui aurait pu te mener au Parlement européen, tu as choisi de refuser pour garder ta liberté de parole, soit. Cependant, je ne suis pas d'accord avec toi sur ce point et sur l'argumentation que tu as développé sur France 4 dans le Bellatar show. Si la sphère civile a du poids et peut faire pencher les choses, ce n'est pas elle qui tranche et prend les décisions. Les avantages que tu mets en avant sont aussi ses faiblesses.
En me penchant sur le sens du mot "parti", j'ai pu lire dans le dictionnaire :
"Association de personnes organisées en vue d'une action politique", le mot "politique" relevant "d'une personne qui s'intéresse aux affaires publiques". En ce sens, le jeu de mot que tu as eu avec l'animateur n'était pas sans arrière-sens. Tu viens donc en renonçant aux partis politiques selon tes propos d'en rejoindre un autre, celui des personnes qui s'oppose à ce système et ce faisant tu restes dedans, tu es dans l'opposition aux partis.
Plus simplement, tu clames ta liberté d'opinion retrouvée et pleine d'espoir, tu as posé la question de l'engagement dans la vie publique. Je me suis aussi posé cette question et je me rappelle que peut de temps après mon adhésion, j'avais vu une vidéo de toi où tu disais "Il y a un moment où on se pose la question de ce que l'on peut faire pour changer les choses et c'est le moment où on entre en politique" (l'exactitude des propos rapportés n'est pas absolue mais le sens y est). Je constate donc que tu utilises ce même raisonnement pour défendre la position contraire de n'appartenir à aucun parti. Il est vrai que cette position peut se tenir mais le revirement est assez acrobatique. Bref, tu as renoncé à un mandat européen pour garder ta liberté.
Je suis en complet désaccord avec ce que tu dis. L'on ne te demandait pas de perdre ta liberté de pensée mais au contraire de la garder, c'est d'ailleurs le credo même qui a fait que j'ai rejoint le MoDem, la diversité de pensée source d'enrichissement mutuel. Tu pourra m'opposer l'argument de la discipline de parti, je pourrai répondre de mauvaise foi que tu es libre et qu'il y a pas de mandat impératif pour un député européen mais je préfère dire qu'en faisant parti politique, il est évident que l'on partage un minimum d'idées avec les personnes membres de ce parti et que de trop grands désaccords amène à en changer. Pour résumer, la discipline c'est toi même qui te l'impose vis-à-vis de ta conscience, c'est un choix personnel et y déroger la plupart du temps reviendrait à remettre en cause la contrat que tu as conclu avec toi même.
Autre élément que l'on peut t'opposer, le Parlement européen n'est pas un lieu comme les autres, il est l'essence même de la souveraineté des peuples car il n'y a pas de majorité fixe et d'opposition fixe. Les groupes se positionnent de façon à arriver à un consensus pour produire un texte qui s'appliquera. Ce mécanisme si particulier que le MoDem défend permet d'obtenir une législation durable et acceptée de tous. En ce sens, c'est cet argument qui aurait dû t'inciter à accepter la proposition qui t'était faite. (Il semble d'ailleurs que tu ais accepté dans un 1er temps avant de refuser puis de rendre ta carte). La façon même dont fonctionne le Parlement européen est le cadre idéal dans lequel ton action et tes idées auraient pu s'exprimer le plus efficacement. Tu aurais aussi pu être dans ce cadre la voix de la jeunesse. On arrive donc à l'autre argument que tu défends depuis longtemps, le manque de reconnaissance et de représentation des jeunes des mandats électoraux.
L'opposition jeunes/"vieux" ou "pas jeunes".
Après donc, avoir défendu la nécessité pour les gens de se prendre en main via l'engagement dans la société civile, tu en viens à parler du clivage "Jeunes/Vieux" et au manque de représentativité de cette catégorie de la population parmi les élus. Certes, on ne peut nier que les jeunes ne sont pas la catégorie de la population la plus représentée parmi les élus. Il est très difficile en effet pour les jeunes d'intégrer la société sur ce plan. On pourrait arguer du manque d'expérience (qui existe) mais surtout d'un certain dédain de nos sociétés pour les jeunes (qui est réel) comme les mouvements étudiants en Europe ces dernières années en Grèce ou en France.
Cependant, il en existe certains qui arrivent à émerger, ainsi le président du MoDem de Seine-Maritime (je t'invite à chercher qui c'est ^^), ce n'est pas suffisant nous sommes d'accord sur ce point.
Mais comment changer les choses en restant dans la société civile ?
Ce n'est pas en restant en dehors des partis que l'on devient élu, c'est ainsi. Cependant, l'action civile n'est pas inutile, au contraire. Elle est même très efficace surtout sur le plan environnemental ou encore pour faire émerger des thématiques peu rémunératrices sur le plan politique mais porteuses d'un intérêt général (le développement du train par exemple). Elle peut être parfois indispensable notamment dans le sport où sans elle, ce secteur important pour la population et la société n'existerait pas. Pour toi, donc, il est nécessaire d'être en dehors des partis pour garder une liberté de parole et pouvoir faire une action civile efficace.
Je suis encore en total désaccord avec toi sur ce point. Je suis moi-même très actif au niveau de la vie associative et de l'action civile, j'ai pourtant gardé ma liberté de pensée et mon appartenance au MoDem n'a pas été un obstacle mais plutôt un accélérateur, elle m'a permis de monter des porjets que j'avais en tête depuis un moment et de faire passer des idées. Je n'ai pas l'intention de renoncer à ma liberté de pensée pour avoir un mandat et je dirai même que c'est plutôt un atout que de garder sa liberté de pensée pour un élu, cela permet de garder les pieds sur terre.
Pour finir, je te rappelerai une histoire que tu connais surement. Pour prendre la cité de Troie, les grecs ont construit un cheval de bois que les troyens ont fait entrer dans la cité prenant l'objet en question pour un signe divin. La suite est limpide, les grecs attendirent la nuit tombé pour ouvrir les portes aux armées grecques qui ne s'étaient pas vraiement éloignés.
Pendant près de 10 ans, les grecs malgré leur ingéniosité, leur puissance et d'importants atouts, n'étaient pas arriver à entrer dans la ville, il a fallu qu'il ruse pour faire entrer leurs armées en ouvrant le chemin de l'intérieur.
En reprenant, l'analogie, je dirai que sans jeunes dans les parties malheureusement il n'y aura aucun résultat visible. L'action dans la vie civile aura beau être très active et tu auras beau te démener tant que tu veux, tu ne pourras réaliser ton ambition qu'en rentrant dans un parti. La politique doit être cultivé par une culture du consensus qui fait renoncer à une partie de soi pour obtenir un résultat pour tous. Cela semble te gêner, mais c'est la solution pour arriver à quelque chose de concret et efficace. But qu'encore une fois, l'action civile n'atteindra pas !
A mon avis, donc tu te trompes et tu t'apercevras de ton erreur d'ici quelques temps et je pense que tu pourrais revenir un jour à l'action politique d'une manière ou d'une autre. Mais le chemin sur lequel tu es actuellement sera voué un échec au moins partiel.
Orange pressé."
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4 commentaires:
Je suis pas d'accord avec ton propos général orange pressé.
En quelques lignes:
Un parti est une organisation structurée; les citoyens s'auto-organisent et leur action politique n'est pas gouverné par une instance supérieur mais régie par un cadre social et politique. Le militant est aliéné à une organisation, il est dépossédé de son investissement militant par les têtes dirigeantes qui se le ré-approprie totalement par les élections. Le citoyen roule pour lui. C'est un entrepreneur politique car son investissement vise à des constructions concrètes. Et quand il atteint son objectif, il se réalise pleinement.
Le militant est un subordonné prisonnier d'une organisation dont l'objectif est de prendre le pouvoir, c'est son seul et unique objectif. Une fois au pouvoir, l'organisation change les règles pour encore renforcer son pouvoir.
@ OP
La définition du dictionnaire ne suffit pas pour un parti politique. Quitterie n'est en effet dans aucun parti politique et le changement auquel elle aspire est bien plus profond que celui auquel son activité dans un parti aurait pu la conduire.
Les déclarations que tu rapportes datent d'avant la crise. Avec la crise, il faut être plus sur le terrain et l'action des partis devient plus distante.
Selon ses critères, elle a donc bien raison, Quitterie.
Par ailleurs, j'ai donné un compte-rendu de cette émission dès hier soir sur mon blog et l'émission est en ligne sur le site de France 4.
@ Antonin :
Non, sur ce point, je ne peux ta laisser dire. Le militant n'est pas "aliéné" à l'organisation. Son investissement n'est pas récupéré mais utilisé pour la cause que défend le militant.
Le citoyen n'est nullement un entrepreneur indépendant, il est un élément qui peut certes proposer mais subit grandement.
Être militant, ce n'est pas être enfermé mais au contraire unir ses forces à celles d'autres personnes pour pousser dans un sens et obtenir des décisions.
Tu dis qu'une organisation au pouvoir change les règles pour renforcer son pouvoir.
Dans le cadre électoral actuel, une très large partie de la population n'est pas représentée au Parlement. Ainsi, le MoDem qui représente entre 15% et 18% ne possède que 3 députés. Le Parti communiste pèse moins de 2% mais dispose de 15 députés, tu trouves cela normal ? Moi non, sans compter la surreprésentation de la majorité qui nous conduit à un désastre et ridiculise la France.
@ Hervé : Le définition est ici donnée pour faire un retour aux sources. Le changement que Quitterie envisage est ambitieux mais ne réussira pas.
Les déclarations que je rapporte datent à la fois d'avant et de pendant la crise.
Les actions sur le terrain sont mon quotidien, je n'ai jamais été aussi présent sur le terrain depuis début 2008 (avant nous contruisons les structures internes). Si certains partis comme l'UMP et le PS sont très détachés du terrain, je peux te dire que ce n'est pas notre cas.
Tu as certes fait un compte-rendu sur le passage de Quitterie, mais il était assez court et ne proposait aucune analyse sur son choix. Hervé, avec tout le respect que je te dois, je trouve que tu as une attitude suiviste à ce sujet.
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