Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

samedi 27 juin 2009

Florence Cassez, transférée en enfer.

Dans l’entourage de Florence Cassez et toutes les personnes qui la soutiennent le craignaient après l’annonce de l’impossibilité de l’extradition de Florence Cassez du Mexique vers la France, cette dernière a été transférée dans le pénitencier de Santa-Marta Acatitla. Ce pénitencier où elle avait passé quelques semaines en 2006 et dont elle dit « Cet endroit, c’est l’enfer ».


Florence Cassez, otage politique.
L’histoire de Florence Cassez a tendance à être un peu oubliée. Petit rappel.

Florence Cassez arrive en 2003 au Mexique pour y prendre des vacances. Comme son frère y a une petite entreprise et qu’elle apprécie le pays, elle décide d’y rester et trouve du travail dans un grand hôtel de Mexico où elle rencontre Israel Vallarta qui deviendra son petit ami. Au bout d’un moment, ils emménagent ensemble mais Florence Cassez ignore qu’en fait son petit ami est un kidnappeur. Comme au Mexique, les enlèvements sont monnaie courante, le président Calderón a fait de la sécurité son cheval de bataille. A ce moment, son petit ami se fait arrêter. Le chef local de la police Garcia Luna retient Florence Cassez et Israel Vallarta sont retenus pendant 12 heures dans une camionnette avant d’être remis dans la villa où ils ont été arrêtés pour que leur arrestation soit filmée par des caméras de télévision. Cette mise en scène a été révélée par la journaliste Yuli Garcia.

La suite est un classique dans un pays miné par la corruption. Durant un procès expéditif, Florence Cassez est condamnée à 96 ans de prison pour complicité d’enlèvement sans que les preuves à décharge ne soient prises en compte et elles sont nombreuses. Malgré un dossier vide et la fabrication évidente de preuves, elle est condamnée. La révélation de la mise en scène de son arrestation et son intervention en direct dans l’émission qui la révèle, n’ont pas vraiment plus à Garcia Luna, devenu depuis ministre de la Sécurité publique.

Cependant dans la politique de lutte contre les enlèvements, le manque de résultats dû à la corruption de la police est patent et même Garcia Luna est mise en cause dans quelques affaires de corruption. De fait, l’affaire Vallarta-Cassez est la seule affaire médiatique dont peut se prévaloir le pouvoir pour montrer sa détermination à lutter contre le crime organisé et tant le président Calderón que le ministre Garcia Luna ne sont pas prêt de lâcher l’affaire et ce, même si Garcia Luna a dû reconnaître que l’arrestation de Florence Cassez avait été mise en scène et que la véritable arrestation n’avait pas été réalisée dans ces conditions.


L’échec du président Sarkozy.
Nicolas Sarkozy s’était récemment rendu au Mexique pour tenter de faire extrader Florence Cassez vers la France. Quelques jours avant sa venue, Florence Cassez avait vu sa peine raccourcie à 60 ans de prison ce qui était déjà un affront aux relations bilatérales entre la France et le Mexique. Nicolas Sarkozy avait tout de même tenté de négocier le transfèrement de la française mais n’a obtenu que la création d’une commission chargé d’étudier son cas. Dossier qui comme je l’ai mentionné quelques paragraphes au-dessus est vide à son encontre, mais va pour la commission si ça pouvait permettre de sortir Florence d’affaire. Or, comme on le craignait, il n’en a rien été. Au lieu de donner une issue favorable au dossier en vertu d’un traité signé entre la France et le Mexique sur les transfèrements à Genève, le Mexique a mis fin unilatéralement aux travaux de la commission et a annoncé le maintien en détention de Florence Cassez en violation de ses engagements internationaux.

Pire, pour briser encore un peu plus Florence Cassez dont l’état de santé inspire la plus vive inquiétude, le gouvernement mexicain a, comme indiqué au début de cet article, décidé de la transférer dans la prison la plus dure du Mexique : le pénitencier de Santa-Marta Acatitla.


« Ils vont finir par l’achever … ».
Ces propos de l’avocat lillois de Florence Cassez, Me Berton, sont suffisamment parlants pour montrer l’état physique et mental dans lequel se trouve Florence Cassez. Car dans ce pénitencier règne une ambiance très spécifique. Bien que l’établissement soit de construction récente, les gardiennes laissent régner un climat malsain où les détenues s’organisent selon une hiérarchie marquée par la domination d’une partie des détenues sur les autres. Me Frank Bertin rappelle d’ailleurs qu’on l’avait sorti de ce pénitencier précisément pour des raisons médicales, sa santé étant alors en danger. Les autorités mexicaines invoquent justement des raisons de sécurité « afin qu’elle ne porte pas atteinte à son intégrité physique ».

Dans cet enfer, Florence Cassez sera obligée de rester en cellule et ne pourra sortir qu’accompagnée par 2 gardiens. Et même dans ces conditions, sa sécurité n’est pas assurée. Son avocat est très inquiet pour elle et n’hésite plus à envisager le pire.


Quelles sont les possibilités pour la sortir de là ?
Si on respecte la procédure mexicaine, il ne reste que l’amparo qui est un recours en droit (et non sur le fond) semblable au recours en cassation français. Le président Calderón répète que la française a été « détenue et jugée conformément aux règles constitutionnelles du pays ». Or, il faut préciser que les règles constitutionnelles ne sont presque jamais appliquées et que les accusés qui en bénéficient sont très rares.

En maintenant en détention Florence Cassez, le Mexique viole ses obligations internationales et est donc selon les meilleurs juristes mexicains condamnable au niveau international. Cette violation des traités internationaux ne sera pas forcément payante au niveau intérieur pour les législatives mexicaines qui approchent mais terniront à coup sûr l’image du Mexique sur le plan diplomatique.

La France dispose d’un rôle diplomatique de 1er plan. C’est donc au gouvernement français de faire pression pour que Florence Cassez si elle n’est pas libérée soit au moins transférée afin qu’elle puisse rentrer en France pour ensuite être gracié par le président de la République. Et pour faire pression contre le Mexique, il existe un puissant moyen sur lequel la France peut jouer. On a tendance à l’oublier mais il existe entre l’Union Européenne et le Mexique, un accord de libre-échange très important pour le Mexique. En suspendant l’application de cet accord et en faisant interdire toute importation mexicaine au sein de l’Union Européenne tant que le Mexique ne respecte pas ses obligations internationales, la France aurait les moyens de faire plier le Mexique. Mais le président de la République le veut-il vraiment ?


Que pouvez-vous faire pour aider Florence Cassez ?
Dans une telle situation, on peut penser que l’on ne peut pas grand-chose ici en France. Pourtant, un comité de soutien existe. Créé en 2005, ce comité a pour but de défendre et de soutenir Florence Cassez et sa famille. Pour cela, ils ont besoin de fonds pour lui fournir :
- un soutien juridique ce qui comprend ses frais d’avocat en France et surtout au Mexique ainsi que la communication et les frais qui en découle pour que l’on n’oublie pas Florence Cassez ;

- un soutien physique via la fourniture d’une alimentation correcte et de produits d’hygiène de base afin d’apporter à Florence un confort de base et éviter que son état de santé empire ;

- un soutien moral qui prend en charge les frais nécessaires aux déplacements pour que famille puisse aller lui rendre visite et pour payer des cartes téléphoniques lui permettant de téléphoner en France.

Pour financer toutes ces actions et soutiens, le comité Florence Cassez a besoin de fonds.
On peut faire des dons par Paypal, même un montant faible est utile. Si vous voulez aider autrement, je vous invite à contacter son comité de soutien : Libérez Florence Cassez.
http://www.liberezflorencecassez.com/

Le cas de Florence Cassez est grave et sa situation empire, il faut donc que nous restions mobilisés et qu’on ne l’oublie pas, même sans l'aider financièrement, il se faut battre pour

1 commentaire:

l'hérétique a dit…

Merci pour ces précieuses informations. Je vais relayer votre article d'une manière ou d'une autre sur mon blog.