mardi 28 juillet 2009
Islande : l'Union européenne déroule le tapis rouge.
Ce lundi 27 Juillet 2009, les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont transmis la demande d’adhésion de l’Islande à l’Union européenne, qui va se prononcer sur celle-ci avant la fin de l’année. L’Islande pourrait donc intégrer l’Union au nez et à la barbe d’autres pays candidats depuis longtemps notamment les pays des Balkans candidats depuis plusieurs années. Pour parvenir à réussir ce tour de force, l’Islande bénéficiera d’une procédure express d’adhésion du fait de son appartenance à l’EEE (Espace économique européen) qui réunit l’UE et les pays membres restants de l’AELE (association européenne de libre-échange). De fait, sur les 30 chapitres à examiner avant son entrée dans l’Union, l’Islande remplit déjà les conditions de 22 d’entre eux par son adhésion à l’EEE et à l’espace Schengen. Si la candidature islandaise est la conséquence des changements politiques récemment intervenus dans le pays du fait de la crise économique, il reste que cette candidature et la procédure spécifique dont bénéficierait l’Islande pour intégrer rapidement l’UE n’est pas sans susciter quelques remous.
Les nuages autour de la candidature islandaise.
On pourrait penser que l’adhésion de l’Islande ne poserait que des problèmes internes à ce petit pays très dépendant de l’industrie de la pêche, mais c’est loin d’être le seul problème. De nombreuses difficultés restent encore à surmonter.
Les conséquences de la crise.
Parmi ces difficultés, il y a les conséquences de la crise sur l’État islandais et sur ses relations avec quelques pays membres de l’Union. Car si la crise a incité l’Islande à rejoindre l’Union européenne, les conséquences de la crise sont aussi à l’origine de certains obstacles à son entrée. Petit retour en arrière !
Alors que la crise commence à se diffuser sur la planète finance suite à la faillite de la banque Lehman Brothers, la confiance des banques entre elles a presque disparu. Résultat, de nombreuses banques qui ne peuvent plus emprunter au jour le jour auprès de leurs consœurs se retrouvent dans l’impossibilité d’honorer leurs engagements ce qui enclenche un cercle vicieux. Pour contrer le risque de faillite des banques et restaurer la confiance, plusieurs États décident de nationaliser leurs banques et de garantir les dépôts bancaires pour éviter que les phénomènes de panique n’atteignent les petits épargnants. L’Islande est un cas spécifique, puisque les 3 principales banques du pays avaient des engagements supérieurs aux réserves de change de la banque centrale d’Islande. Le petit pays a donc dû demander un coup de main à ses amis scandinaves mais pas seulement. D’autres pays membres, craignant pour la sécurité des dépôts faits par leurs nationaux ont décidé de prêter de l’argent à l’Islande pour l’aider à éteindre l’incendie. Ces pays, ce sont le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Donc, l’Islande s’est retouvé endetté envers ces 2 pays. Or, le Parlement islandais n’a toujours pas tranché la question du remboursement de ces emprunts d’un montant de 1,3 milliard € pour les Pays-Bas et de 2,7 milliards € pour le Royaume-Uni, et s’est depuis mis en vacances. D’où un veto de principe des ministres de ces 2 États-membres pour le moment opposés à toute adhésion de l’Islande tant que cette question n’a pas été tranchée, même si les négociations pour permettre cette adhésion devraient être lancées.
La ratification du traité de Lisbonne.
Autre difficulté sur le chemin de l’adhésion de l’Islande, la ratification toujours en cours du traité de Lisbonne. La France a clairement fait savoir qu’elle n’accepterait plus aucune nouvelle adhésion à l’Union européenne tant que le traité de Lisbonne n’a pas été ratifié. L’Irlande détient une des clés pour ouvrir les portes de l’Union à l’Islande car le pays du trèfle reste le seul à n’avoir pas ratifié le traité de Lisbonne qui permet l’Union de s’adapter institutionnellement à la taille qu’elle a acquise avec l’entrée de 12 nouveaux États-membres depuis 2004.
La question économique.
Et, sans prendre en compte la question des dettes envers le Royaume-Uni et les Pays-Bas, l’Islande est mal vue par les contributeurs nets et principalement par les Pays-Bas qui ont l’impression que l’Islande rentre dans l’Union uniquement pour profiter des fonds structurels et adhérer à l’euro alors que son sentiment d’adhésion à la construction est faible. Le député libéral néerlandais Hans Van Baalen déclarant à ce sujet : « L’Islande, qui n’a jamais voulu être membre de l’Europe, opte pour l’adhésion maintenant pour se délester d’un fardeau économique et financier ». Sur le fond, il n’a pas vraiment tort et cela s’est ressenti dans l’attitude des conservateurs islandais qui détenaient le pouvoir avant le gouvernement actuel qui souhaitait intégrer l’euro et donc bénéficier de tous les avantages d’une grande monnaie internationale sans pour autant intégrer l’UE. Mais pour autant, il ne faut pas repousser non plus, les partisans sincères d’une adhésion à l’Union européenne qui poussent depuis longtemps dans ce sens.
Les difficultés d’intégration de la Roumanie et de la Bulgarie.
Il ne faut pas non plus oublier les difficultés d’intégration rencontrées par certains pays membres comme la Roumanie et la Bulgarie dont les problèmes importants de corruption et de difficultés dans la gestion des fonds publics ont été rappelés dans un récent rapport de la Commission européenne et qui ont eu pour conséquence la suspension d’une part importante des fonds destinés à ces pays dans le cadre de leur mise à niveau avec les autres États-membres.
Sur ce point, il convient de rappeler que l’Islande est très différente car elle est déjà membre de l’EEE et de l’espace Schengen, et applique donc déjà une bonne part de la législation communautaire en vigueur. Ensuite, contrairement à la Bulgarie et la Roumanie, l’Islande s’inscrit de l’esprit scandinave de lutte active contre la corruption et dispose de toutes les infrastructures qu’exigent un pays développé, devançant sur nombres de points des pays comme la France, le Royaume-Uni ou encore l’Italie, pays membres de l’Union.
Par rapport aux pays candidats.
Enfin, la procédure rapide dont bénéficiera l’Islande n’est pas sans susciter quelques grincements de dents parmi les autres pays candidats que sont la Croatie, la Macédoine ou la Turquie ; ainsi qu’auprès de pays pas dont la candidature est pour l’instant refusée. C’est le cas de la Serbie dont la candidature est repoussée pour le moment essentiellement par les Pays-Bas pour une coopération jugée insuffisante dans la recherche des criminels de guerre avec la justice pénale internationale.
Conclusion.
De nombreuses difficultés se dressent encore sur la route menant à l’adhésion de l’Islande à l’Union européenne. Il ne faut ni les négliger, ni les surestimer. Il convient toutefois de les garder à l’esprit et de les surmonter rapidement afin de permettre une adhésion rapide dans l’intérêt de tous.
Pour aller plus loin :
- The International Herald Tribune.
- Le Monde.
- La Tribune.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire