Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

jeudi 24 décembre 2009

F. Bayrou sur Europe 1. Ce qu'il faut retenir.

Ce mercredi matin, François Bayrou était l'invité politique d'Europe 1. Sur les 9 minutes et 47 secondes de temps, trois sujets ont été essentiellement abordés :
- l'identité nationale (environ 7 minutes) ;
- les régionales ;
- un peu Copenhague.


L'identité nationale.
Sujet sur lequel le président du MoDem a passé le plus de temps, rien de réellement surprenant n'a été dit. Le discours de François Bayrou est dans la lignée des principes républicains qu'il défend depuis longtemps. A savoir, il ne faut pas malmener le modèle républicain français au risque de gravement porter atteinte aux fondements de la société française. Dénonçant une manoeuvre électoraliste, François Bayrou dit ce qu'il faut. Et il semble que la plupart des français aussi puisqu'ils semblent être une majorité à voir en ce débat un manœuvre visant à rameuter les électeurs de droite.
Je ne partage cependant pas totalement la définition qu'il donne de "l'identité nationale". François Bayrou précise ce qu'il entend parfois par des expressions très précises. A cela, je préfère la définition et le positionnement de Jean-François Kahn sur la question. Pour ce dernier, on ne peut débattre de l'identité nationale car c'est une idée indéfinissable. Jean-François Kahn a une vision plus physique du concept, tandis que François Bayrou semble lui avoir une vision plus littéraire et philosophique. Sur le but, ils se rejoignent et jugent le débat inutile et destructeur.


Les régionales.
Les élections approchent puisqu'elles auront lieu dans moins de 3 mois maintenant. Le sujet était donc incontournable. Rappelant les fondements de la pensée républicaine et démocrate qui est que le chef de l'État doit être en application de la constitution au-dessus des partis, François Bayrou a insisté sur l'importance de l'aspect local du scrutin. Cela parait évident, mais en réalité, l'aspect national est présent partout.
A l'UMP, on tente de faire des prochaines élections un moyen d'approuver ou non la politique présidentielle.
Au PS, même chose mais on défend là le bilan des présidents de région sortants. Les socialistes veulent faire des élections régionales, l'occasion de refuser la politique menée, et à l'occasion de se refaire une santé par rapport au résultat écologiste de Juin dernier.
Chez Europe-Écologie, on vise à faire de ce scrutin, un moyen de sanctionner l'inefficacité présidentielle en matière environnementale, et à apparaitre comme le parti ou groupement autour duquel il faudra se regrouper.
Au Mouvement démocrate, les unions régionales tentent de recentrer sur le local autant que possible. Cependant, parallèlement la désignation des têtes de liste depuis Paris semble en contradiction avec cet objectif.


L'échec du sommet de Copenhague.
Tandis que l'encre au bas de la déclaration d'intention n'est pas encore sèche, François Bayrou évoqué l'échec du sommet de Copenhague surtout comme l'échec de la démarche de Nicolas Sarkozy de la jouer en solitaire et de l'absence de l'Europe à ce sommet au profit des pays émergents et des États-Unis.
Dans ce court passage, pas un mot sur les positions défendues par le Mouvement démocrate lors de ce sommet. Il y avait pourtant matière à faire. Corinne Lepage était la seule eurodéputée française faisant partie de la délégation officielle du Parlement européen. A ce titre, elle a pu suivre tout ce qui se passait et faire partager en temps réel via Twitter ses pérégrinations lors du sommet. Sur les positions que Corinne Lepage a défendu au nom du Mouvement démocrate pas un mot, même pas une mention de la vice-présidente du MoDem. Alors oui, le temps était compté et on ne pouvait pas tout aborder mais une rapide mention de Corinne Lepage, de son travail et/ou des aspects environnementaux défendus par le MoDem n'auraient pas été de refus alors que l'échec du sommet de Copenhague aura des retentissements sur le scrutin de mars. Que François Bayrou ne considère pas l'écologie comme essentielle soit mais s'il veut faire un bon score aux régionales, il devra tôt ou tard en parler. Et tôt valant mieux que tard...


Conclusion.
Pour les personnes ayant suivi le discours d'Arras, rien de vraiment nouveau, juste un rappel de la position démocrate sur les sujets évoqués. Notons toutefois que c'est bien le sujet dans lequel le gouvernement et sa majorité sont certes embourbés qui occupé l'essentiel de l'intervention. De facto, l'on peut que constater que nous subissons l'agenda gouvernemental. François Bayrou avait l'occasion de rappeler les propos de Corinne Lepage, il ne l'a pas fait. C'est dommage.
En effet, s'il y a bien des sujets dont on il fallait parler c'était des régionales et des conséquences du sommet de Copenhague au niveau de la politique environnementale en Europe et la part accordée à celle-ci dans les régions. On constate donc que les esprits ne sont pas encore prêts. Fêtes de fin d'année aidant, ils ne le seront avant quelques jours. Le temps est pourtant compté pour un scrutin où l'impréparation et l'importance de l'expérience politique pèseront lourd.

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