Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

lundi 14 décembre 2009

N. Sarkozy. Les arbitrages sur « l'emprunt national ».

C'est fait, le président de la République a présenté ses priorités pour « l'emprunt national », nouveau nom du grand emprunt. Réparti selon 5 thémathiques mais avec une nette priorité pour l'éducation et l'enseignement supérieur, les arbitrages ont été rendus. Dans un discours qui confinait à l'équilibrisme, notre omniprésident a insisté sur le fait que cet emprunt serait consacré à uniquement à l'investissement. Précision utile puisque c'est sous sa présidence que le déficit a littéralement explosé avec plus de 21% du PIB de dettes supplémentaires en moins de 2 ans et demi soit tout de même une augmentation de l'endettement de plus de 11 000€/seconde.

Rappelons au passage que les collectivités locales ne peuvent elle financer leurs dépenses de fonctionnement par l'emprunt et qu'elles ont l'obligation légale de couvrir par des recettes propres les remboursements des emprunts qu'elles ont contacté. Ainsi, lorsqu'une collectivité contracte un emprunt, il y a toujours quelque chose de concret derrière. Ce qui est vrai pour les collectivités et qui somme toute devrait être la règle générale, ne l'est pas pour l'État qui a laissé filer les déficits et donc la dette depuis 1980.


Des mensonges à la pelle.
Multipliant les mensonges, les contre-vérités, le président de la République a ainsi assené que la France était le pays où l'on était le plus imposé au monde ce qui est complètement faux. La France étant dans la moyenne européenne voir un peu dessous.

Défendant bec et ongle le boulet fiscal (le bouclier fiscal pardon), Nicolas Sarkozy a déclaré que nos amis allemands avaient mis en place un dispositif similaire et que les différents quelque soit leur couleur n'y avait pas renoncer. Par la suite, notre omniprésident dans un de ces élans de modestie que l'on lui connait, s'est comparé au général de Gaulle en annonçant une relance du nucléaire en France.

Autre aspect intéressant, tandis que le sommet de Copenhague bat son plein, Nicolas Sarkozy a annoncé que le nucléaire de 4e génération se verra attribuer 1 milliard €. Préférant parler d'engagements en faveur des énergies décarbonées et non pas d'énergies renouvelables notre cher et détesté président a aussi défendu de façon complètement idéologique la réforme de la taxe professionnelle. Rappelant indirectement que les collectivités sont la source de la majeure partie des investissements publics, il les a invité à dépenser moins. Une contradiction de plus qui n'effraie pas le locataire de l'Élysée puisque le plan de relance est précisément basé sur les incitations faites au collectivité de dépenser pour permettre la relance au niveau des PME/PMI.

A cette fin, le gouvernement a d'ailleurs permit un remboursement avancé aux collectivités du FCTVA (fonds de compensation de la TVA).

Bref, démagogie, irréalisme, mais aussi et il faut aussi le mentionner quelques rares bonnes idées marquent ces arbitrages et ce discours sur le grand emprunt.


Ci-dessous vous trouverez le condensé de mon compte-rendu de mes tweets durant l'évènement en question. Bonne lecture.



Discours de Nicolas Sarkozy.
L'investissement est le moteur de la richesse de demain.
La part de l'investissement n'a cessé de diminuer depuis 1974. (A qui la faute ?).
La 2e priorité est la santé et les biotechnologies avec 2 milliards €.
La part des exportations de la France dans la zone € a baissé de 20% dans les 10 dernières années.
Nous avons perdu du terrain face à nos amis. Depuis 2 ans, notre part augmente de nouveau.
Nous sommes devenu un des pays les attractifs avec le crédit recherche, la suppression de la TP.
L'emprunt nous donne l'occasion d'aller plus loin que la suppression de la TP.
1 milliard € pour le nucléaire de 4e génération, 2 milliards € pour l’ADEME.
L'emprunt ne financera pas la dette publique mais des investissements qui durent.
Ceux qui me reprochent le déficit, ce sont ceux qui me reprochaient la faiblesse du plan de relance.
Aujourd'hui nous voulons mettre fin au cycle dépenses publiques - déficit.
Nous avons les prélèvements obligatoires les élevés du monde (ce qui est faux !).
En Janvier, nous organiserons une conférence sur le déficit de la France.
Puis nous déciderons des conséquences à en tirer.
Malgré la crise, les dépenses de l'État ne progressent pas plus vite que l'inflation.
Les intérêts du grand emprunt seront gagés par des économies supplémentaires sur les dépenses actuelles de l'État.
Nous affecterons toute recette nouvelle de l'État à la réduction du déficit.
L'État ne représente qu'1/3 des dépenses publiques. Les collectivités locales doivent prendre leur part et modérer leurs investissements.
Les collectivités doivent réduire leurs dépenses et réduire leurs effectifs.
J'aurai pu signer la lettre de Michel Rocard à un grand quotidien du soir samedi dernier.
Nicolas Sarkozy se compare à de Gaulle, modeste le bonhomme !
Il y a eu le virage du plan Marshall, le virage des années 1960 avec le nucléaire, il y a le virage du développement durable au niveau du XXIe siècle.


Début de la séance de questions/réponses.
Jean-Marc Lamy / Nouvel économiste : Critères de sélection au regard de la concurrence ?
Nicolas Sarkozy :Retour de la planification ? Absolument le contraire ! On donne de l'autonomie !
La planification c'est 3 personnes qui décident dans leur coin. Notre emprunt c'est le contraire de la planification.


i>Télé/Canal + : Rechute sur l'emploi ? Quels seront les conséquences sur l’emploi quand les crédits seront épuisés ?
Nicolas Sarkozy : Ce n'est pas un gd plan de relance !
Il n'y aurait pas eu la crise qu'il aurait fallu ce grand plan. Ce plan qu'on annonce n'est pas un plan de relance. Nous ne sommes pas dans une affaire conjoncturelle.


Gilles Leclercq LCP/AN : Compte-tenu des déficits. Comptez-vous revenir sur les exonérations fiscales (bouclier fiscal, niches fiscales) ?
Nicolas Sarkozy : Non, je ne reviendrai pas dessus. M. Leclerc avez-vous conscience que nous sommes en Europe. Notre premier concurrent en Europe c'est Allemagne. L'Allemagne a aussi un bouclier fiscal (c'est archi-faux !). Pourquoi voudriez-vous en priver les français (du bouclier fiscal) ? Voulez-vous qu'on coupe l'investissement dans les entreprises ? (sous-entendu en privant les français du bouclier fiscal). Si j'ai fait ce choix, ce n'est pas sans réfléchir (mais bien sur !).
Comment garder notre capitalisme ? Pourquoi faire de la France le pays qui accumule les catastrophes ?
Les 35h ont créé du chômage ! (On croit rêver !).


Jean-Marc Sylvestre TF1/LCI : Dette d'investissement, bonne dette ? Encore des privatisations possibles ?
Nicolas Sarkozy : Le FSI n'a pas vocation à garder ses participations ad vitam aeternam.


Jean-Marc Sylvestre TF1/LCI : Pourquoi il n'y a pas de coordination européenne au niveau des plans de relance ?
Nicolas Sarkozy : Nous avons une coordination. Parlez-en à M. Von Rompuy !


Europe1 : Le plan correspond à la moitié du budget d'Harvard pour l'éducation. Le plan correspond au montant des investissements de Volkswagen sur les 3 prochaines années.
Nicolas Sarkozy : Je crois que vous oubliez le privé. Nous espérons bien que le privé nous aidera aussi.
L'État est là pour amorcer. Je ne crois pas aux campus virtuels. Il faut une accroche territoriale. J'espère que beaucoup plus d'argent arrivera dans les universités françaises. On ne peut être le seul pays où la recherche se fait partout sauf dans les universités.
60 milliards d’euros (parlant du grand emprunt cumulant le montant prévu des moyens publics et des moyens privés).


Jean-Claude Chapel / France 2 : Sur le plan de l'emprunt. Ne regrettez-vous pas d'avoir ne pas avoir fait un emprunt européen ?
Nicolas Sarkozy :Mme Merkel a annoncé un plan d'allègement fiscal de 24 milliards €. On est qd même dans la même ligne. J'ai annoncé la 4e génération du nucléaire. Si on a un partenaire européen pour le faire, on ne se gênera pas.


Joffrin fait du cire-pompes à Nicolas Sarkozy sur l'économie. Même Sarkozy est étonné.

Laurent Joffrin / Libération : A 57% l'opinion juge votre politique inefficace ! Les dépenses de communication sont en même temps énormes. N’y aurait-il pas une mauvaise communication ?
Nicolas Sarkozy : Etonné du compliment. Vous n'aviez pas besoin de ma réponse.
Je vous suggère une question pour votre prochaine étude : « Si quelqu’un d'autre était à ma place aurait-il mieux fait ? ».


Ensuite, une question a été posée sur la TVA dans la restauration. En substance, cette baisse se justifie-t-elle ? Est-elle efficace ? Je n’ai cependant pas saisi l’exacte formulation de la question.
Nicolas Sarkozy : Pourquoi Mme Merkel a fait pareil ? Cette mesure demande une autre appréciation. Si je ne l'avais pas fait, vous m'auriez reproché de ne pas tenir mes promesses de campagne. Je ne partage pas votre analyse sur le fond. Pourquoi n'y a-t-il pas de violente campagne sur la TVA à 5,5% dans la vente à emporter.
Qu’en savez-vous que ça coûtera 3 milliards € ? L’avez-vous calculé ? A-t-on calculé l’impact financier exact des touristes sur l’économie française, sur la restauration ? Non !
Les restaurateurs voulaient être traités à égalité avec les grandes chaines de restauration rapide. Ce n'est pas parce que cette France dure qui travaille (beaucoup) ne demande rien qu'il ne faut rien faire pour elle.

N. Sarkozy arrive à caser l'identité nationale sur le sujet de la TVA sur la restauration.

Emmanuel Jarry, Reuters. Question sur le développement d'un réacteur nucléaire de 4e génération.
La refonte du secteur (nucléaire) pourrait-elle inclure l'entrée dans un champion (français) du nucléaire d'autres acteurs (industriels) ?
Nicolas Sarkozy : Que nous réfléchissions sur l'avenir de la filière, oui. Nous aurons besoin d'acteurs extérieurs car c'est une industrie fortement consommatrice de capitaux et qui nécessite de nombreux ingénieurs. A chaque fois que nous investirons 1€ dans le nucléaire, nous investirons 1€ dans le renouvelable.


Question d’une journaliste allemande : Vous avez beaucoup mentionné l'Allemagne. Y a-t-il des domaines où vous voyez des actions communes entre la France et l’Allemagne pour être à l'avant-garde de l’Union européenne. Vous connaissez les réticences des allemands vis-à-vis de l’État ?
Nicolas Sarkozy : Ça n'est pas des choix de l'État, c'est l'État qui met des moyens ! Siemens était dans Framatome. Je regrette que nous n'ayons pas des projets d'avenir ensemble.


Question : Un ex-salarié d'HSBC a confié une liste au fisc. De telles méthodes sont-elles acceptables dans la lutte contre la fraude ? La France et l'Allemagne soutiendront-elles la Grèce ?
Nicolas Sarkozy : La lutte contre la fraude n'est pas immorale ! Nous ne sommes pas là pour protéger les fraudeurs. La stratégie du G20 est la même. On soutient l'activité.

Fin de la conférence de presse.

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