Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

mercredi 9 décembre 2009

Régionales. Frêche reconduit. Zud alors !


C’est officiel, le racisme paie et la direction nationale du PS se débine. Alors que Georges Frêche avait été exclu pour avoir traité les harkis de « sous-hommes » puis avait persisté en trouvant qu’il y avait « trop de noirs en équipe de France », celui-ci sera très certainement reconduit pour mener la liste du Parti socialiste dans la région Languedoc-Roussillon. Ce faisant la direction nationale du PS a décidé d’avaler son chapeau et ses principes en même temps.


« Nous prenons acte du vote des adhérents de la région ».
Christophe Borgel, l’auteur de ces propos et accessoirement secrétaire national du PS aux élections, confirme ainsi que la direction du PS plie devant le forcing réalisé par le clan Frêche. Voulant éviter la polémique, Martine Aubry a cru bon de déclarer « Nous n’entérinons pas sa candidature, réellement cette candidature nous a posé un certain nombre de questions ». Apparemment pas assez puisque le mal est fait, et toutes les tentatives du PS n’y changeront rien, le PS aura une liste menée par une personne qui n’a pas hésité à proférer des propos que l’on peut qualifier de racistes. Christophe Borgel a beau dire « Nous avons proposé régulièrement depuis la rentrée à nos partenaires de bâtir dans cette région un rassemblement de 1er tour » pour justifier la reconduite de Frêche, essayant par là de rejeter la faute sur les partenaires du PS.

Il a beau faire valoir que les militants ont à plusieurs reprises confirmé leur volonté de voir la liste menée par le même Frêche, l’excuse démocratique est un peu fort de café.
A peine une semaine après s’être offusqué du vote des suisses sur l’interdiction des minarets, déclarant ici et là que les citoyens n’ont pas toujours raison, le PS entérine ainsi exactement ce qu’il rejette par ailleurs.

Ainsi, le bureau national du PS approuve la candidature de Frêche non pas pour respecter le vote des militants (on notera d’ailleurs que lorsque l’on le veut vraiment, celui-ci peut être passé à l’as) mais bel et bien pour raisons électoralistes. Faisant fi du respect des autres, et de ses profondes convictions de lutte contre le racisme (faut-il rappeler que Julien Dray a cofondé SOS Racisme), le PS a privilégié son envie de garder la région au détriment de son éthique. Ce faisant, l’effet boomerang de cette approbation ne tardera pas à se faire sentir.


La réaction de François Bayrou.
Alors que l’affaire venait la chose venait à peine d’être officialisée, François Bayrou déclarait en début de semaine le 07 décembre à propos de Georges Frêche : « C'est une grande gueule, mais je l'aime bien. Je n'ai pas sur lui le regard méprisant que portent les états-majors parisiens. Ce qu'il a fait à Montpellier, ce n'est pas rien. ».

François Bayrou a beaucoup de bonnes idées mais force est de constater que sur ce point, il se trompe. La réussite de la politique régionale qui, rappelons le, est tout de même le résultat d’un travail d’équipe, ne doit pas primer sur les grands principes de notre démocratie. Certes, avec lui Montpellier et la région Languedoc-Roussillon ont connu un nouvel essor mais de là à le soutenir, il y a un pas que je ne franchirai pas. Le Mouvement démocrate a comme marqueur de son projet, le respect des autres, doit-il le laisser de côté pour obtenir des élus ? Je ne le crois pas !


MoDem/CAP 21, des relations locales difficiles.
Pourtant, en contradiction avec les principes les plus essentiels affirmés par le Mouvement démocrate à Villepinte et confirmés pas plus tard que la semaine dernière à Arras, il semble que les mouvements départementaux locaux n’aient pas ces scrupules. En soutenant la liste soutenue par Georges Frêche à Montpellier, Marc Dufour, président du Mouvement démocrate de l’Hérault a dépassé le point de rupture.

Conséquence : les militants de CAP 21 locaux (CAP 21 étant l’autre parti fondateur du MoDem avec l’UDF) se sont désolidarisés du MoDem Languedoc-Roussillon par volonté de préserver les principes fondamentaux précités et ont affirmé leur volonté de partir avec Europe-Écologie d’une part pour le respect de ces principes et d’autre part pour une meilleure prise en compte de la question environnementale qui avait tendance à être passé sous silence dans le projet envisagé. Depuis entre les MoDem « pur sucre » soutenant Marc Dufour et les « MoDem/ CAP 21 », on se bat par communiqués interposés. Ainsi après le communiqué de CAP 21 dénonçant le soutien à Frêche et annonçant le départ avec Europe-Écologie, a succédé un communiqué du MoDem local repris par la presse régionale et quelques blogueurs avant qu’un nouveau communiqué de CAP 21 Languedoc-Roussillon n’y réponde à son tour.

Corinne Lepage, pressée d’intervenir sur cette querelle locale en tant que présidente de CAP 21, n’a pas condamné ses ouailles du Languedoc-Roussillon et les a même soutenu lors de son passage aux 4 Vérités ce lundi 07 décembre 2009.


Le MoDem en face de ses responsabilités.
Une partie des militants démocrates accuse Corinne Lepage depuis un moment d’attiser les divisions, et il ne passe pas une réunion démocrate sans que la question de CAP 21 ne revienne sur le tapis. Cependant, il est utile de rappeler que CAP 21 en tant que membre fondateur du Mouvement démocrate a pu garder une certaine autonomie. Ainsi, en se désolidarisant du soutien apporté à Georges Frêche, les militants CAP 21 respectent plus les principes défendus par le MoDem que les démocrates « pur sucre ».

Alors oui, il y a la question de la participation aux listes Europe-Écologie qui vient en contrariété avec la décision du Conseil national du 24 Octobre 2009. Mais doit-on pour autant condamner les militants MoDem/CAP 21 du Languedoc-Roussillon ? Je ne pense pas.

Au contraire même, je les approuve. En tant que démocrates, nous ne pouvons jeter nos principes aux orties en soutenant l’idée d’un quelconque avec Georges Frêche. Je nous vois mal défendre devant les électeurs un programme mettant en avant les notions de respect d’autrui, des principes fondamentaux et l’indépendance de la justice et dans le même temps accepter de soutenir Georges Frêche même si ce n’est que pour obtenir des élus. Comment ensuite se regarder dans la glace lors des prochains dérapages qui ne manqueront pas d’intervenir ?

Corinne Lepage a donc raison de refuser cela et, au lieu de la dénoncer, nous devrions au contraire la soutenir dans ses choix responsables.

5 commentaires:

Orange Verte a dit…

Je trouve cette affaire en générale un peu fort de café. Le PS qui fait des leçons de morale à tout le monde s'accommode donc de la situation pour des raisons electorales ...
Il faut donc penser que le personnage soit bien puissant, une sorte de roitelet indéboulonnable ?
Il n'est pas seul dans le registre d'ailleurs ...
(J'ai dans mon coin le sulfureux Didier Julia UMP réélu depuis 35 ans)
Mais alors la faute à qui aux états majors parisiens ???

ou les électeurs qui se sont confortablement installés dans le système local et ne veulent pas en changer ?

Hervé Torchet a dit…

Je ne partage pas du tout l'opinion courante sur ce sujet.

http://jour-pour-jour.hautetfort.com/archive/2009/12/09/l-histoire-de-mon-pere-le-cas-georges-freche.html

Orange pressé a dit…

@ Orange Verte : Un peu des deux, une peur de perdre des élus au niveau de Paris, peur aussi partagée par les militants. Militants qui ont surtout peur de se griller s'ils osent voter contre le bonhomme en place.

@ Hervé : Un court commentaire pour expliquer ta position aurait tout de même été plus intéressant.

Ton histoire est très touchante mais il faut savoir rendre aux choses leurs proportions et les remettre dans leur époque. M. Frêche qu'elle que fut son histoire est un homme public et doit agir en tant que tel. Je persiste donc et je signe. Soutenir Georges Frêche est une honte que ce soit pour le PS comme pour le MoDem.

David Guillerm a dit…

Tout à fait d'accord avec Orange pressé. On a des valeurs, non? Si faire de la politique c'est être simplement élu et passer par dessus nos valeurs pour ca, et bien je crois que ça ne sert à rien.

A quoi bon avoir un poste si vous n'avez plus de valeurs à faire passer?

Orange Vete a dit…

@ Orange pressé Pour le Modem local je croyais que nous devions avoir des listes autonomes partout ????

Ot'chose : a tu vu Cecile Duflot sur C+ qui explique qu'il ne peut avoir d'écologie de droite ??? (car pour elle la droite commence au Modem et par de là Cap21 bien sûr). Comment peut on travailler avec ce genre de personne ?? Elle reflète d'ailleurs la position de bon nombre de Verts la dessus.
(je pique un coup de gueule sur mon blog sur ce sujet d'ailleurs)