A moins d’un mois des régionales, tandis que les partis fourbissent leurs argumentaires de campagne, les français sont à mille lieues de ce scrutin. A tel point qu’une bonne part d’entre eux envisage de s’abstenir ne se sentant pas concernés. Hormis quelques initiés ou personnes intéressées par le sujet, l’enjeu ne passionne pas et les compétences des régions sont méconnues. Plongés dans un quotidien difficile, plus préoccupés par leur facture de chauffage qui s’annonce particulièrement salée cette année, la préservation de leur emploi ou par le coût du transport, les français ont d’autres chats à fouetter.
Mais dans l’ensemble, quand on leur explique que la région agit dans la rénovation des lycées ou dans le transport par les TER ou le Stif (Syndicat des transports d’Ile de France), ceux-ci font part d’attentes très terre-à-terre.
Les préoccupations.
On parle beaucoup des sondages en ce moment. Si ces derniers constituent un indicateur qui doit être pris en compte, il ne faut pas trop s’y attarder non plus, le scrutin se jouant avant tout dans les urnes et sur le terrain. Un peu comme la température du jour, on la regarde puis on l’oublie vite. Dans ce flot d’enquêtes d’opinion, peu de place est accordée aux enquêtes qualitatives. Ces enquêtes ne s’intéressent pas aux résultats envisagées pour tel ou tel candidat mais aux thématiques intéressant les électeurs pour le scrutin qui s’annonce.
Alors que certains candidats ont choisi de faire campagne sur la question de l’emploi, ce qui en temps de crise pourrait sembler un bon filon, le sujet n’apparaît pas en têtes sujets qui motiveront le vote des français pour les élections régionales. Les préoccupations économiques et sociales sont bien un enjeu important, l’emploi n’apparaît pas forcément au premier plan.
En réalité, les français voteront principalement pour deux sujets : l’environnement et les transports avec un ordre différant selon les régions. Viennent ensuite, la formation professionnelle et le développement économique.
Le transport.
Ainsi, en Ile de France et en Nord-Pas de Calais, le transport est important. Ces deux régions étant polarisés autour des métropoles parisiennes et lilloises, les besoins en transport collectif sont en effet pour beaucoup le seul moyen de transport abordable pour aller travailler. La question des dessertes, des fréquences mais aussi la création de nouvelles voies ou de nouveau modes de transport comme le tram-train, le RER, le métro sont une priorité pour réduire les inégalités territoriales qui poussent les plus modestes à habiter loin de leur lieu de travail pour ensuite en subir les conséquences avec des difficultés de déplacement accrues.
Il ressort souvent que les usagers demandent le cadencement (fréquence et régularité des trains), des horaires élargis (pour pouvoir partir tôt et rentrer tard) mais aussi une politique de prix différenciés. Autre question importante sur le transport, la question du coût. Les transports en commun sont déjà très massivement subventionnés par les conseils régionaux mais la barrière du prix est un obstacle sérieux. En effet, bien que le coût du déplacement en train soit nettement inférieur à celui de la voiture individuelle, les usagers occasionnels sont souvent rebutés par le prix. La réponse est assez simple, le coût de la voiture est intégré par les ménages dans leurs dépenses générales et noyés par une utilisation multiple tandis que les transports en commun constituent un budget séparé immédiatement visible et identifiable.
Pour augmenter l’usage du TER, les différents partis rivalisent d’inventivité. Passe unifié à tarif unique pour Cécile Duflot ou le Front de Gauche en Ile de France, fiscalisation des entreprises pour le développement des infrastructures ferroviaires, ou encore gratuité du TER pour le Mouvement démocrate dans le Nord-Pas de Calais sont quelques-unes des solutions proposées.
L’environnement.
Depuis les élections européennes de Juin 2009 et le score inattendu d’Europe-Écologie, l’environnement est LE sujet qui préoccupe les français. Après l’échec de Copenhague, plusieurs pistes ont été évoquées pour traiter du sujet. Mais paradoxalement, les collectivités territoriales paraissent absente du sujet alors pourtant elles ont un rôle important à jouer. Peu de personnes savent que les collectivités peuvent contribuer pour 70% des réductions des émissions polluantes pour les personnes publiques. En réalité, l’explication est simple. Grands propriétaires de bâtiments publics et acteurs essentiels de la commande publique, les décideurs locaux peuvent par des mesures assez simples avoir une influence considérable dans le domaine que ce soit au niveau de la rénovation thermique, de l’incitation à l’installation et au développement des énergies renouvelables ou encore en prenant en compte cet enjeu dans leur politique d’achat.
La question englobe aussi les enjeux de santé puisque la rénovation thermique permet aux ménages les plus modestes de se chauffer correctement et donc de ne pas générer des dépenses de santé conséquences d’une privation de chauffage. Il faut aussi prendre en compte les insuffisances nationales dans le domaine largement compensées par les régions notamment dans le Nord-Pas de Calais où la santé est un enjeu essentiel.
Conclusion.
Transport et environnement, mais pas seulement seront les sujets qui orienteront le vote des français aux élections régionales. Et ce n’est pas forcément les Verts qui remporteront la martingale. Le PS regagne du terrain et la majorité présidentielle parviendra à conserver une certaine présence. A ne pas négliger aussi le Front national qui pourra faire quelques coups ici et là en se maintenant au second dans quelques régions.
Quant au MoDem, difficile à dire. Plus encore que pour les autres mouvements, l’implantation locale sera déterminante. La prépondérance régionale n’a ainsi pas échappé à quelques têtes de liste comme Jean Lassalle, Bruno Joncour ou encore Olivier Henno. Mais cela suffira-t-il ? On peut l’espérer. Il faudra aussi tenir compte du contexte local qui influencera aussi le score des démocrates. Ainsi que l’on a pu le voir aux élections européennes, une bévue chez ses adversaires peut influencer directement son propre score.
Calendrier serré, multiplications des évènements, la campagne des régionales tient plus de la guerre de mouvement que de la guerre de position. A ce petit jeu, ce ne sont pas forcément les stratégies les plus complexes qui garantiront le succès.
mercredi 17 février 2010
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2 commentaires:
Ben oui, je sais. En IDF, les sondages étaient très clairs et je me suis usé à essayer de faire passer l'idée qu'il fallait bâtir un projet et un argumentaire d'abord sur les transports. Moyennant quoi, le Modem fait campagne d'abord sur l'emploi, puis sur l'égalité des chances et enfin sur le "mieux-vivre" (terme fourre-tout englobant transports, environnement et services publics). Ils sont vraiment trop c...
Résultat, de nombreux démocrates et franciliens vont voter vert ou PS en Ile de France, quel gâchis !
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