L'influence du politique sur les médias publics s'accroit. Prévisible avec la révision du mode de nomination des présidents de l'audiovisuel public, cette semaine, la reprise en main des médias publics a franchi un nouveau cap.
L'affaire Guillon.
On s'en était douté un peu lors des nominations de Jean-Luc Hees et de Philippe respectivement à la tête de Radio France et de France Inter, c'est maintenant plus que palpable. Stéphane Guillon est un trublion dans le monde de l'humour. Après avoir gagné ses lettres de noblesse en étant chroniqueur dans l'émission 20h10 pétantes où il croquait les invités de façon assez incisive, employant un humour noir qui changeait radicalement avec ce qui se faisait jusqu'à présent. Il est depuis passé sur France Inter. Souvent, il n'hésite pas à malmener les hommes politiques qui parfois passent juste après dans l'entretien politique du jour de Nicolas Demorand.
L'année dernière, l'humoriste s'était déjà fait remarquer avec son portrait acide de Dominique Strauss-Khan, s'attirant les foudres de l'intéressé, ce qui n'a fait qu'accroitre renforcer la popularité de l'humortiste. A l'époque, quelques réactions indignées mais sans plus de la part de la direction.
Lundi dernier donc, c'était au tour d'Éric Besson, ministre de l'Identité nationale. Le ministre n'a semble-t-il pas apprécié d'être assimilé à une taupe du Front national et refusait que l'on attaque son physique. Pourtant, ce n'est pas la première fois que l'humoriste précité s'appuie sur les traits physiques de personnages politiques pour construire ses papiers. Ainsi, ce n'est un secret pour personne que l'humoriste compare Ségolène Royal à la Vierge, Martine Aubry à une vieille rombière et Nicolas Sarkozy à un schtroumpf (ou presque). Et si d'habitude, cela ne plait pas à tout le monde, on laisse les humoristes faire leur travail.
Le lendemain donc, Stéphane Guillon de faire un papier humoristique où il présente des excuses pour avoir fait son travail. Comparant l'avenir du métier d'humoriste politique à celui de maréchal-ferrant en voie de disparition. Et Nicolas Canteloup, son confrère d'Europe 1, de faire lui aussi dans sa chronique de ce mercredi des excuses en forme de soutien à Stéphane Guillon pour les vannes prononcées sur Europe 1. Voici pour le volet radio.
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Mais l'aspect le plus frappant de la reprise en main de l'audiovisuel public est la multiplication des soirées thématiques pour vanter les mérites de l'action gouvernementale et des différents services de l'État. Depuis la diffusion du film Home à 2 jours des élections européennes, on assiste en effet à une multiplication de programmes vantant les mérites de l'armée française ou de tel autre aspect de l'action gouvernementale. Après une soirée sur le Charles de Gaulle louant l'action de la marine nationale contre la piraterie, ses actions de sauvetage en mer ou l'importance de la composante sous-marine dans la dissuasion militaire, c'était au tour de l'armée de l'Air.
Officiellement, il s'agissait de célébrer les 75 ans de la création de l'Armée de l'air française, officieusement, l'objectif était d'inciter les jeunes à s'engager dans l'armée qui depuis quelques temps est en panne de recrutement. Il faut dire que la multiplication des décès dus à la guerre en Afghanistan n'est pas la signe d'un belle carrière tranquille.
L'occasion pourtant était belle de réaliser un docu-fiction sur l'histoire de cette arme, comment elle est née, a évolué pour devenir ce qu'elle est maintenant. Au lieu de cela, on a eu droit à une séquence vidéo de propagande où des chanteurs, acteurs ou sportifs plus ou moins connus ont pu visiter des unités ou prendre place dans les appareils de l'Armée de l'air pour mieux en vanter les mérites, le tout entrecoupé de passages de variété de qualité plus que moyenne entre la reprise du thème de Top Gun par Laam, un passage de Christophe Maé pour finir par la reprise du thème de Star Wars par l'orchestre de l'armée de l'air.
Aucun sens critique dans cela, aucune explication sur le pourquoi ou le comment de l'évolution de l'armée de l'air, les nécessités de son existence, des moyens dont elle a à sa disposition ni sur son interaction avec les autres armes ou si peu. Juste une tribune offerte pour dire combien l'armée de l'air, c'est cool, jeune et fun. Les téléspectateurs ont même dû s'enfiler un entretien plus que consensuel de Serge Dassault dont on se doute bien qu'il sert à redorer le blason d'un homme terni par une gestion municipale plus qu'hasardeuse (la ville de Corbeil-Essonnes ayant échappé de peu à une mise sous tutelle préfectorale) et terni par des manœuvres d'achat de voix pour se faire réélire à la mairie.
Conclusion.
Vraiment, l'indépendance de l'audiovisuel public est bien entamé et on se demande jusqu'où cette poutinisation des médias français va aller. La France est bien malade !
mercredi 24 mars 2010
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2 commentaires:
Bravo pour cet article que j'aurai pu écrire si je tenais un blog. J'ai vraiment l'impression que nous allons bientôt revivre "Au bon beurre". La bonne france moyenne ! J'ai l'impression que Michel Drucker n'a pas d'âme. Lui qui rappelle sans cesse avoir "réussi" sans son bac... eh bien ça se voit Mr Drucker.
Orange, tu oublies aussi le cas Zemmour qui risque de faire les frais du même phénomène de nivellement par le bas français. Quand on voit ce que sont devenus les 13h/20h sur TF1 & F2...
Le cas Zemmour est différent. J'avoue n'avoir pas suivi l'affaire de près, ni avoir vu l'extrait en question. Je connais cependant l'homme et ce qu'il dit. Je préfère éviter de parler sur un sujet que je n'ai pas suffisamment étudié.
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