Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

vendredi 26 mars 2010

La course au centre.

Ce n’est un secret pour personne, les élections régionales qui viennent d’avoir lieu ont été pour le Mouvement démocrate l’occasion d’encaisser une défaite des plus sévères. Avec seulement 4 listes sur 21 ayant passé les 5% et le passage d’environ 120 élus à seulement 10 obtenus dans la région Aquitaine, très favorable ; il s’agit d’une véritable bérézina pour les centristes.

Pourtant, paradoxalement, cette semaine, les initiatives pour faire émerger une proposition centriste se sont multipliées. Principalement, on en retiendra trois.


L’appel du 22 mars.
Dans un texte publié dans le quotidien « Libération » au lendemain du 2nd des élections régionales, Daniel Cohn-Bendit tire les leçons des résultats des listes Europe-Écologie lors du récent scrutin et appelle à une structuration de la mouvance Europe-Écologie sans pour autant tomber dans les travers des « partis ».

Prenant surtout de l’abstention et de la montée de l’extrême-droite, le meneur écologiste incite à créer une nouvelle offre politique pour répondre aux attentes des citoyens et ramener la confiance des électeurs dans leur démocratie.

On remarque qu’il se dégage de ce texte, l’intention claire de recentrer la machine Europe-Écologie qui a subi pour ces régionales une reprise en main par le seul parti politique traditionnel membre de ce rassemblement : les Verts. Cette volonté de recentrage s’explique aussi par la volonté de sortir du cadre limité dont on a pu s’apercevoir lors de ces régionales qui s’il est suffisant pour devenir la 3e force politique de France, ne suffit pas à atteindre le point politique requis pour être une alternative aux deux grands partis traditionnels que sont l’UMP et le PS.

Pour comprendre la démarche de l’ex-soixante-huitard, il faut donc prendre en compte cet aspect.


Dominique de Villepin crée son parti.
Deuxième acteur de la semaine : Dominique de Villepin. L’ancien Premier ministre, ragaillardi par sa relaxe en 1ière instance, a décidé de fondé son parti politique « libre et indépendant » dont l’objectif à peine voilé est de lui servir de support pour la campagne présidentielle de 2012 où l’on se doute qu’il va se présenter.

S’inscrivant dans la lignée des gaullistes sociaux, reprenant comme François Bayrou la bataille pour la préservation des valeurs républicaines, Dominique de Villepin espère tenir sa revanche contre Nicolas Sarkozy qui du statut de victime est passé à celui de bourreau. Le procès en appel dans l’affaire Clearstream tombera d’ailleurs à point nommé pour Dominique de Villepin qui à n’en pas douter, en profitera pour passer pour un martyr. Son objectif est clair, profiter de l’espace politique laissé vacant par Nicolas Sarkozy au centre-droit et recréer un RPR se différenciant de l’UMP qui a glissé vers un positionnement politique plutôt « néo-conservateur ».

En surfant sur le gaullisme social et les réseaux chiraquiens, il est tout entier tourné vers 2012. S’il ne parviendra pas probablement pas à gagner en 2012, sa présence peut être suffisante pour gêner Nicolas Sarkozy et l’empêcher de se faire réélire. Reste à savoir quel sera l’impact de la possible candidature de Dominique de Villepin sur le score de François Bayrou, la stature d’homme d’État du premier protecteur des principes républicains pouvant gêner le béarnais.


Le nouveau Nouveau Centre.
Autre nouvelle de ce jeudi 25 mars 2010, l’annonce conjointe par Hervé Morin et Jean Arthuis tous deux anciens compagnons de route de François Bayrou d’une fusion de leurs mouvements politiques respectifs : le Nouveau Centre et l’Alliance centriste. L’objectif là aussi est clairement affiché, il s’agit de ressusciter un parti politique de centre-droit suffisamment indépendant pour peser sur le cours des choses mais trop pour ne pas perdre les élus obtenus grâce à la présence dans la majorité de droite. A terme, si le sort est favorable, les deux aimeraient parvenir à recréer l’UDF voir à rééditer le coup réalisé par Valérie Giscard d’Estaing en 1974 en ravissant la présidence de la République en profitant des divisions de la droite traditionnelle.

Toutefois, on voit comment cet attelage dont le but unique est d’obtenir un maximum de circonscriptions aux législatives de 2012 arrivera à peser sur la présidentielle. Aucun chef charismatique n’émergeant de la mêlée.


Conclusion.
Après la déroute centriste aux régionales, l’espace politique est en pleine recomposition. Le score de François Bayrou en 2007 a prouvé qu’un candidat avec un projet central pouvait espérer se qualifier pour le 2nd tour. Reste qu’il sera très difficile au béarnais de rééditer sa performance de 2007 en 2012 dans un contexte électoral avec une concurrence électorale accrue et un parti en pleine déprime. N’oublions pas qu’en 2007, si François Bayrou n’avait pas un grand parti, il disposait tout de même d’un groupe à l’Assemblée nationale et d’un groupe au Sénat ainsi qu’un réseau conséquent d’élus locaux pour se faire le relais de ses propos. En 2012, il n’aura probablement aucun de ces éléments.

Son groupe à l’Assemblée, il l’a perdu en refusant de concrétiser en députés son score réalisé au 1er tour de 2007. Si cela ne manquait pas de panache, sur le plan politique, le calcul fut particulièrement mauvais.
Son groupe au Sénat, il est perdu ou presque. Les quelques rares sénateurs restant n’étant plus majoritaires au sein de groupe Union centriste. Hormis Jacqueline Gourault et Jean-Marie Vanlerenberghe, les quelques sénateurs démocrates s’apprêtent à prendre du champ pour mieux se faire réélire aux sénatoriales de 2011.

Ainsi, quelque soit le paysage politique à venir, le centre reste un espace politique qui attire les appétits.

1 commentaire:

Bob a dit…

Je pense qu'il serait temps qu'au MoDem on arrête de considérer que les élus qui souhaitent être réélus sont forcément motivés par leur carrière personnelle.
Si le MoDem a connu un échec cinglant aux régionales, c'est aussi parce qu'il n'a pas su conserver les réseaux d'élus nationaux et locaux de l'UDF.
Un parti n'a pas seulement besoin d'un leader et de militants. Il a tout autant besoin de cadres et d'élus qui relaient son message et l'incarne sur le terrain.