Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

vendredi 28 mai 2010

L'anniversaire bien terne de François Bayrou.

Ce mardi 25 mai 2010, vous l’ignorez probablement n’était pas seulement le lendemain du lundi de Pentecôte, c’était aussi le jour de l’anniversaire du président du MoDem et député des Pyrénées-Atlantiques, à savoir François Bayrou. Hasard, il se trouve que l’un de mes confrères, David Guillerm, qui est aussi vice-président des Jeunes démocrates de Bretagne consacrait un article à l’intéressé.


François Bayrou vu de Bretagne.
L’article en question est, en effet, intéressant à plus d’un titre. Il ne donne pas dans l’esprit courtisan mais surtout, il résume bien la pensée actuelle de la majorité des membres du MoDem. Aussi, il ne faut pas s’attendre à une descente en flèches du béarnais. Notre ami breton résume la brève histoire du MoDem, rappelle les principales erreurs de François Bayrou pour finir par une note positive, optimiste. Si le raisonnement se comprend, je ne le partage pas. Bien que plusieurs raisons qui ont mené le MoDem à la situation où il se situe à l’heure, la remise en question est trop timide. Du reste, l’opinion du militant de base n’en est pas très éloignée. Souvent, on peut entendre que l’engagement militant tient à peu de choses, mais bien que la situation soit difficile, il reste toujours l’espoir de croire qu’il est possible de réaliser encore quelque chose. Ce sentiment assez diffus, l’absence d’alternative crédible à ce que se veut le MoDem ainsi que l’attachement aux relations très locales font hésiter nombre de personnes devant le choix de partir.


Sur le plan interne.
Celles et ceux qui suivent un temps soit peu l’actualité concernant le Mouvement démocrate et qui ont remarqué que le Conseil national devant tirer les leçons de la déroute des régionales, se souviennent probablement que la montagne a accouché d’une souris. La déception a pointé le bout de son nez dans les rangs militants et ce d’autant plus que le Conseil national en question n’était pas juridiquement et correctement organisé. Rendez-vous a été donné dans les instances locales, plus proches de la base où l’on espérait un sursaut. Mais, malgré la défaite, le syndrome de Cassandre a joué à plein et au lieu d’une remise en cause, nombreux furent ceux à chercher des boucs-émissaires. Les blogueurs pointés par la direction ont fait office de coupables tout trouvés.

Tout n’est pas à jeter et on peut distinguer quelques tentatives pour remonter la pente. Mais que c’est dur ! Chacun arrive à s’exprimer mais il est difficile de parvenir à des décisions tranchées rapidement. Or, c’est bien ce dont le MoDem a besoin pour espérer avoir une chance de survivre.


Sur le plan externe.
Le MoDem a-t-il encore une influence sur la vie politique française ? Est-il écouté ? En réalité, au fond, l’enjeu est bien celui-là. Plusieurs personnalités démocrates sont passés récemment dans les médias, mais ces passages ont rencontré peu d’échos. Hormis la page consacrée à François Bayrou dans le quotidien « Le Monde » dans son édition du dimanche 23 mai 2010. Ce passage instructif nous permet de voir où en est François Bayrou. Si son propos est intéressant, on déplorera l’emploi excessif du « je ». Certes, François Bayrou représente le Mouvement démocrate en tant que président, mais on ne distingue encore une fois, pas de réelle remise en cause ou prise en compte de ce qui a pu se passer pour le MoDem depuis un an dans son discours.

En conséquence, nous ne pouvons espérer rencontrer un réel écho dans la population. Les échéances électorales successives ont laminé notre parole, nous ne pesons plus beaucoup dans le paysage politique.

Un sujet d’actualité illustre d’ailleurs parfaitement cette situation : la réforme envisagée des retraites. Le MoDem a lancé un grand débat sur le sujet mais force est de constater qu’il ne rencontre pas le succès espéré, que ce soit auprès de la population et des militants.

Autre sujet d’inquiétude, le silence que s’est imposé la direction après les régionales. Loin d’être une bonne chose, il contribue à nous marginaliser. Et ce, alors que nous sommes dans une période chargé sur le plan législatif et que l’été, accompagné de son traditionnel trou d’air approche à grand pas.


Des lueurs d’espoir ?
Le MoDem n’est pas mort, mais il est bien mal en point. En concurrence avec d’autres formations politiques sur un espace qu’il monopolisait en 2007, il peine à se restructurer efficacement. Si des initiatives locales laissent entrevoir qu’il reste un potentiel à exploiter, la renaissance passe par un sursaut des instances nationales. Ce sursaut, au combien urgent, le MoDem en est pourtant bien loin.

7 commentaires:

Orange Sanguine a dit…

Tiens, t'as qu'à écouter cela:
http://media.rtl.fr/online/sound/2010/0525/5941342693_le-fait-politique-du-25-mai-2010.mp3

tu verras bien si les passages médias ont eu peu d'écho. comment peux-tu affirmer cela ? L'ITW du Monde a été reprise en partie par la presse régionale.
Le Modem est moribond certes et dans cette configuration il ne passera pas la congrès de décembre prochain. Au-delà des responsabilités des aparatchiks nationaux, l'inexpérience des adhérents de base à se repéndre dans la presse pour la moindre contrariété y est aussi pour quelque chose : "sortons les sortants" à monter toute ses limites aux régionales à l'exception de l'Aquitaine et de la Normandie. A méditer.
Quand à François Bayrou, demande-toi pourquoi Raffarin et Sarkozy veulent qu'il intègre la majorité présidentielle. Le vote Bayrou n'est pas le vote Modem. Il a pour lui de ne pas avoir changer de ligne depuis 2002. Et l'espace politique qu'il occupe est un boulevard, encore plus vraie si c'est Ségo ou Aubry qui obtiennent l'investiture du PS pour 2012. Europe Ecologie a montré ses limites en s'alliant avec le PS en perdant plus d'un million de voix depuis les européennes,et est encore moins structurée que le modem. Mais bon, c'est pas grave, les Verts sont là pour faire office de.

Sinon, pour Bayrou, c'était une sacré fête d'anniversaire et pas terne du tout.:-)

Orange pressé a dit…

@Orange sanguine : Reprenons par le début.

1- L'entretien du Monde a certes été repris en partie par la PQR, pour une bonne et simple raison qui est que François Bayrou est arrivé 3e au scrutin de 2007. Même si son aura s'est beaucoup, elle est dépasse celle du MoDem comme tu le soulignes.

Toutefois, cet entretien montre surtout que, pour François Bayrou, le MoDem n'a pas d'existence propre et qu'il ne compte pas lui en donner. En cela, il montre qu'il n'a toujours pas tiré les leçons de ses échecs électoraux successifs. Or, pour gagner une présidentielle, il faut un parti derrière soi. Sans, on est condamné à perdre. Sarkozy l'a compris en prenant le pouvoir à l'UMP et en faisant tout pour en garder le contrôle.

2- En Aquitaine et en Normandie, les meubles ont été sauvé grâce à de fortes personnalités locales ayant été député lors de la dernière mandature.

3- Ne pas avoir changé alors que le contexte lui a changé n'est pas un atout. On pourrait plutôt parler de constance politique, où il est vrai, François Bayrou se distingue.

4- L'espace politique qu'il monopolisait est maintenant celui où la concurrence est la plus forte. Europe-Écologie a certes perdu des plumes entre les européennes et les régionales mais s'est consolidé en se structurant.
Le MoDem n'est jamais vraiment parvenu à consolider le score de François Bayrou car il n'a jamais eu d'existence propre, ce qui est un réel problème.

Orange Sanguine a dit…

De Gaulle, Pompidou et Giscard ont gagné sans parti politique mais seulement par un contact direct avec les électeurs. L'UDF a été crée après 1974 pour préparer 1981 et ça n'a pas fonctionné.

Bien au contraire de toi, je ne crois pas que l'aura de Bayrou est diminué depuis 2007. La preuve, il ne réponds plus à toutes les sollicitaions médiatiques.
Par son intransigeance vis à vis de Sarkozy, il a bousculer les codes médiatiques.
Par sa ligne et son discours politique, il est en lien direct avec l'électeur qui le moment venu, saura celui qui raconte des sornettes ou pas.
SI Bayrou veut gagner en 2012, il aurait tout intérêt à s'éloigner du Modem.

Quand à Europe Ecologie, tu sembles ignorer les guerres intestines actuelles et Corinne Lepage en saura le dindon de la farce. C'était le seul but de la manoeuvre de Cohn-Bendit.

Orange pressé a dit…

De Gaulle n'avait c'est vrai pas un parti officiel derrière lui, mais il avait des "hommes". Il avait aussi la stature de l'homme qui a représenté la France libre.

Pompidou avait un parti, et était le dauphin de De Gaulle.

Giscard n'avait de parti mais était soutenu par Chirac qui voulait plomber Chaban.


L'intransigeance est une arme à double tranchant.

Bayrou a intérêt à s'éloigner du MoDem, tu dis. Sauf que le MoDem, c'est lui, il n'a pas d'existence propre. François Bayrou aurait-il intérêt à s'éloigner de lui-même alors ?

Quant à Europe-Écologie, oui, il y a des luttes intestines mais Corinne Lepage ne fera pas lourder. Les Verts accueillerait parfaitement Corinne si elle décidait de les rejoindre mais si tu parles d'une négociation pour un ralliement, il est évident que la porte est fermée.

Orange Sanguine a dit…

t'inquiètes, Bayrou aura son "Chirac" en 2012, voir même 2.

Le Modem est un boulet pour Bayrou. Les résultats électoraux parlent d'eux-même. Les bons scores de Lassalle et de R.Thomas ne tiennent pas qu'à leur personnalité mais aussi à une stratégie d'indépendance aux deux tours, quitte à se retirer en dessous de 10%, annoncée très en avance. L'immense majorité des adhérents ne sont pas venus pour faire des alliances avec le PS: ce n'est pas ce qui a guidé leur choix et leur vote en 2007


Bien sûre que les Verts accepteraient que Lepage les rejoignent si elles se conforment à leurs dogmes et à leur très particulier mode de fonctionnement. Elle renierait en cela ce pourquoi elle a fondé CAP21 en 2002. Certainement pour cela que nombre d'adhérents de Cap21 ne la suivent pas sur cette voie. Elle se renierait encore, elle qui voulait ne pas être le supplétif du PS.

Tu m'expliqueras en quoi Europe Ecologie s'est structuré puisque ce sont les Verts qui décident de tout. La façade a été repeinte mais l'intérieur de la maison reste la même. T'as qu'a voir le sort qui a été réservé aux ex-MODem-CAP21 qui les avaient rejoint avant les régionales, et ceux qui ont disparus des listes entre les deux tours des régionales.

Zenon a dit…

Comme l'écrivait un préfet le 29 mai 1940 : "La situation est grave, mais non désespérée" . La situation du MoDem en tant qu'appareil politique n'a qu'une importance relative, ce qui importe c'est la persistance de ses idées, de ses valeurs . Or ces valeurs, F. Bayrou reste le mieux à même de les incarner .
En 2007, il était pour l' UMP, comme pour le PS, l'homme à abattre, en 2012, il sera l'homme à ménager . Profitant de cette trêve, il doit imposer son tempo, se poser en homme d'Etat et faire entendre sa petite musique (il l'a fait remarquablement ce soir au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro) . Face à un N. Sarkozy, impopulaire et dont les gesticulations ont montré leurs limites, et à une M. Aubry, se posant plus en chef de parti qu'en femme d'Etat (cf ses prises de positions contradictoires à propos de la retraite à 60 ans ou ses déclarations trop polémiques sur N. Sarkozy), il a sa carte à jouer . A lui de convaincre les Français qu'après avoir été l'homme du "parler vrai", il peut être celui du "agir juste" .

denton a dit…

Après avoir lu l'article et les commentaires, je suis étonné de ce débat. Bayrou, envers et contre tous, avec ou sans le MODEM, peu importe semble-t-il.... L'essentiel serait qu'il gagne en 2012, mais pourquoi faire ???

Et on le compare avec de Gaulle !! Pour avoir une vraie stature nationale et internationale, il ne suffit pas d'écrire des livres ou de beaux discours, ni même d'avoir des positions politiques raisonnables sur certains sujets. Il faut avoir une vision et il me semblait que le MODEM devait être ce lieu de réflexion et d'action. Maintenant si on s'en fout !! Je pense que les militants aussi vont s'en foutre.