On ne peut vraiment plus compter sur ses amis. Ce samedi, le Journal du Dimanche fait sa une sous le titre « Ces lettres qui piègent Woerth » et détaille par le menu de contenu des missives qu’a adressé Patrice de Maistre, patron de Clymène et ancien patron de l’épouse d’Éric Woerth, Florence Woerth. Celui-ci y remercie en termes choisis l’ancien trésorier de l’UMP.
Menteurs, menteur ?
De tous ces évènements, ce qui frappe, c’est la persistance des différents intéressés à mentir ou à éluder. Pour François Fillon, Éric Woerth fait «face à une campagne de dénigrement inacceptable».
On peut toutefois se demander ce qu’il y a d’inacceptable à laisser la justice faire son travail. En effet, les rebondissements de ces dernières semaines sont presque dus au travail des policiers et des magistrats. Baladés par les acteurs de cette affaire, les enquêteurs ont persévérés au point de parvenir à prouver qu’il y avait bien des mensonges.
Dans les ennuis judiciaires jusqu’au cou, n’en continue pas moins que de s’enfermer dans sa tour et dans un mutisme bien problématique. Ainsi que le souligne Christophe Ginisty, la communication autour de cette affaire a été catastrophique. En refusant de communiquer, Éric Woerth n’a fait qu’attiser la curiosité autour de son cas. Les journalistes ont donc cherché à en savoir plus et ont trouvé, ce qui a suscité l’intérêt de la présidente du TGI de Nanterre qui a décidé d’en savoir un peu plus et a fait ce qu’a fait un juge d’instruction indépendant : enquêter.
Le prix de l’indépendance.
Après plusieurs perquisitions surprises qui ont scandalisé Liliane Bettencourt et plusieurs protagonistes, les magistrats ont trouvé des éléments… troublants. Tellement troublants que même le zélé sarkozyste procureur Courroye n’a pu les ignorer et a du se résoudre à poursuivre les investigations plus profondément.
Plus encore qu’avant, cela montre l’exigence à avoir une justice indépendante. La lettre de Corinne Lepage incitant M. Nadal, procureur général près la Cour de cassation lui demandant de saisir la Cour de justice de la République, les différents éléments preuves attestant des conflits d’intérêts patents entachant l’exercice du pouvoir plaident encore une fois l’urgence qu’il y a à dépayser l’affaire (l’attribuer à un autre tribunal puisque les magistrats sont inamovibles) et à attribuer l’affaire à un juge d’instruction.
Et après ?
Ce dimanche, dans l’émission Dimanche +, Brice Hortefeux a continuéà soutenir son collègue ministre mais cela va-t-il encore durer longtemps ? Chaque jour est porteur de nouvelles révélations au point que l’on parle plus du ministre pour ses démêlés judiciaires que pour le projet de loi qu’il va devoir défendre devant le Parlement sur les retraites. Une question se pose donc : combien de temps Nicolas Sarkozy va-t-il garder son ministre ? Agacé qu’on lui pose la question, il a répondu un très sec « Oui ! » aux journalistes. On note toutefois un changement de ton dans les journaux proches du pouvoir. Ces derniers sont passés du mutisme ou d’une attitude scandalisée à une position légèrement critique.
Bien sur, ceux-ci sont loin du ton employé par Mediapart mais le changement est de taille. On peut toujours pensé qu’aux vues de la taille de l’affaire, ceux-ci ne pouvaient ignorer la réalité. C’est vrai, mais pas complètement. Ce regain d’indépendance d’une presse « sous contrôle » est probablement le signe d’une prochaine éviction du gouvernement du maire de Chantilly. Difficile de le virer alors que la réforme des retraites va être abordée au Parlement puisque son remplaçant serait affaibli par l’opposition à cette réforme. Il va donc falloir attendre. La question est donc : quand ?
dimanche 5 septembre 2010
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2 commentaires:
Il est évident que N. Sarkozy va lâcher le fusible Woerth (n'oublions pas que derrière l'affaire Woerth-Bettencourt) il y a aussi le financement de la campagne du candidat Sarkozy en 2007) .
Le nouveau ton adopté par la presse proche de la majorité traduit certes le lâchage programmé d'E. Woerth, mais aussi sans doute les tiraillements au sein de la majorité . Une partie de la majorité est choquée par la droitisation du discours sarkozyste et nombre d'élus de droite craignent une défaite de N. Sarkozy en 2012, ce qui pourrait compromettre leur réélection lors des législatives qui suivront la présidentielle . Ils préféreraient donc se débarrasser de la candidature de N. Sarkozy et être représentés en 2012 par un candidat plus consensuel (Fillon, Juppé, Villepin ...)
Rien n'est moins sur, les conservatismes sont puissants.
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