Ce samedi 02 Octobre 2010, comme lors des précédents jours de mobilisation de Septembre, les français sont descendus en nombre dans la rue pour contester le projet en cours de réforme des retraites. Ceci appelle plusieurs remarques.
En masse.
Dans un contexte difficile, les français continuent à manifester et en nombre. Si la mobilisation n'est pas celle des grandes grèves de 1995. Il convient de l'apprécier dans le contexte actuel. Démobilisés, démoralisés par un quotidien où ils broient du noir, les français ont du mal à descendre dans la rue; convaincus, après 3 ans de sarkozysme que la mobilisation ne changera rien et que le gouvernement aussi impopulaire soit-il ne tiendra pas compte de son avis. Le gouvernement relève que la mobilisation même un samedi ne s'amplifie pas, elle ne faiblit pas non plus. Aussi, la mobilisation continue de près de 2 millions à 2,5 millions de personnes est en soi, le signe de la préoccupation des français sur ce sujet.
Le rejet d'une réforme, non le rejet de la réforme.
En 2007, Nicolas Sarkozy avait affirmé clairement qu'il n'avait pas reçu de mandat pour réformer les retraites. Lors de l'adoption de la réforme Fillon sur ces mêmes retraites, il avait aussi déclarer que cette réforme allait solutionner la question des retraites. Puis, début 2010, prenant conscience d'une part que les nombreux textes qu'il avait fait adopté par le Parlement n'étaient pas à proprement parler des « réformes », et constatant que le régime des retraites était de nouveau en déficit, il a décidé de lancer une nouvelle réforme des retraites. Les syndicats, échaudés par la méthode Sarkozy en matière de réformes, ont demandé une réelle discussion, ce que le président a assuré en annonçant qu'une réforme, si réforme, il y avait, ne se ferait pas sans discussions avec les partenaires sociaux. Toutefois, il avait accompagné sa déclaration de la mention suivante : les syndicats auraient jusqu'au mois de juin pour négocier.
Dès le début donc, il était évident que le projet serait imposé et qu'il n'y aurait pas de discussions. Ce qui s'est rapidement confirmé peu après, puisque reçu au ministère du Travail séparément puis en groupe, les syndicats n'ont pas eu de réelles marges de manœuvres. On a fait semblant de les écouter, puis peu de temps avant la fin de délai, le ministre a sorti un projet déjà ficelé que les syndicats n'ont pas approuvé. Direction ensuite l'Assemblée nationale qui a eu, on le sait, presque autant de marge de manœuvre.
Les manifestations répétées depuis quelques temps traduisent donc le rejet de la réforme proposée, conduisant, par dogmatisme, à refuser toute autre solution alternative. Car, si on consulte les français, une large majorité est consciente que la situation ne peut perdurer en l'état et qu'une réforme s'impose. Reste à définir le contenu de cette réforme.
Quel contre-projet ?
Le projet de loi sur les retraites présenté par le Gouvernement traduit essentiellement une vision comptable des retraites. On le discerne d'ailleurs parfaitement dans le discours gouvernemental. Pour présenter le projet actuel comme inévitable, le discours est :
« Nous avions trois solutions :
- augmenter les impôts. Nous nous y refusons car nous sommes déjà parmi les pays plus imposés et que nous nous sommes engagés à NE PAS augmenter les impôts ;
- la baisse des pensions de retraite. Beaucoup de français ont déjà une pension faible, il est donc hors de question de toucher au pouvoir d'achat des retraités ;
- augmenter la durée de cotisation et l'âge de départ à la retraite car il est normal que lorsque l'on vit plus longtemps, on doive cotiser plus longtemps. »
CQFD. Le projet gouvernemental est le meilleur, car il évite d'augmenter les impôts et de baisser les retraites. Officiellement, c'est la seule et unique solution. Officieusement, si elle est présentée ainsi, c'est parce que c'est la solution de facilité. Elle rapporte immédiatement de l'argent dans les caisses tout en gardant un côté acceptable si l'on s'appuie sur l'argument de l'espérance de vie.
La question est donc de savoir quel est le projet susceptible de répondre au mieux au problème posé. A cela, il n'y a pas de réponse unique. Oui, il est inévitable que les gens partent plus tard en retraite. Pourquoi alors ne pas instaurer comme en Suède, une garantie sur l'emploi des 50-65 ans avec la règle du « Premier arrivé, dernier parti. » ?
Autres difficultés, la prise en compte de la pénibilité, des débuts de carrière précoces et essentiel de l'inégalité entre hommes et femmes face au travail et à la retraite. Sur ces différents points, l'on pourra soit supprimer des niches fiscales introduites par l'UMP depuis son accession au pouvoir en 2002, soit remodeler la fiscalité pour favoriser le développement économique.
On le voit, plusieurs solutions existent. Elles ne sont pas toutes fiscales ni complètes mais peuvent combinées, contribuer à résoudre l'équation. En se refusant à adapter sa réponse à une situation complexe, le Gouvernement s'enferme lui-même dans une impasse. Avec les conséquences inévitables que cela engendre...
dimanche 3 octobre 2010
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