Une réforme discutée.
Voici quelques temps, notre cher et aimé ministre de l'éducation Nicolas Sarkozy,
(Excusez-moi, on me signale dans l'oreillette que le ministre s'appelle Xavier Darcos),
Xavier Darcos donc a proposé de réformer le lycée. Fort bien, cela fait longtemps que la chose est en gestation.
Penchons-nous sur le contenu du paquet cadeau, à l'intérieur de 2 grosses surprises et quelques babioles :
- le passage de 3 trimestres à 2 semestres pour faire comme à la fac ;
- la réduction du nombre d'heures d'enseignement général au profit de modules d'ouverture;
- la suppression des différentes filières S, ES et L pour que chacun puisse avoir la formation qu'il lui convient.
Super se dit le quidam qui voit cela.
Voyons cependant les choses dans le détail. Les mesures de la réforme de M. Darcos sont avant tout orienté par un but : donner plus de liberté aux lycéens et apporter une certaine souplesse au régime d'enseignement lycéen.
Les problèmes que posent la réforme.
Cependant cette réforme souffre de 2 écueils, elle ne prend pas en compte les avis des syndicats de lycéens, d'enseignants et de parents d'élèves et se calque sur le modèle américain en voulant copier la fac.
Le 1er écueil est classique de la présidence Sarkozy (et en général de la tradition gouvernementale française), il s'agit de la non-consultation des principaux intéressés. Au lieu de négocier avec les personnes concernées ce qui prend beaucoup de temps mais se révèlent au final plus efficace et durable pour la réforme, le ministre de l'Éducation M. Sarkozy (ah on me resignale que le ministre est M. Darcos. C'est sur ? On me répond que oui), M. Darcos donc ne consulte pas et selon la tradition française lance son bébé et attend de voir les réactions si les personnes dans la rue descende massivement on retire le projet, moins, on passe en force, rien, on passe sans faire de remous. Cette réforme en choisissant une telle voie est à mon avis vouée à échouer surtout vu les délais que s'impose le ministre avec une application à la rentrée 2009, ce qui compte tenu des délais pour produire les actes réglementaires d'application de la réforme revient à faire passer le projet en urgence au Parlement et donc d'éviter l'étape du débat.
Le 2e écueil est la volonté d'introduire un fonctionnement de type universitaire dans les lycées copiant en cela la modèle américain et le modèle allemand. En clair, le volume des enseignements obligatoires va diminuer pour favoriser le choix de modules par les lycéens selon leurs préférences. Ceci s'accompagnant de la suppression des différentes filières spécialisées (S, ES et L). Devant la levée de boucliers qui a suivi l'annonce de la réforme sur ce point, le ministre a déclaré que les ensignements obligatoires ne seraient pas très impactés et que les choix seraient limités.
Cependant, cela constitue un dangereux précédant puisqu'une fois la boîte de Pandore ouverte, il sera très difficile de la refermer. La France est reconnue pour l'excellence de sa formation généraliste qui donne des bases solides en culture générale à ses jeunes, c'est aussi un des seuls voir le seul pays à ma connaissance à enseigner l'art de la pensée critique qu'est la philosophie.
Le ministre veut diminuer le nombre d'heures d'enseignements obligatoires mais veut en même temps augmenter la polyvalence des lycéens ce qui est à mon avis contradictoire.
La 1ière version de la réforme envisageait de faire passer les mathématiques en 1ière en option, même régime pour les SES (sciences économiques et sociales) qui seraient dissociées en économie et sociologie alors même que le contexte actuel nous montre de façon éclatante que les deux sont intimement imbriqués.
La 2e version maintient la division des SES mais réintègre les mathématiques dans le corpus général sans changer le nombre d'heures attribuées aux enseignements généraux ce qui risque de poser problème, quel matière sera évincée ? L'éducation civique alors que l'on demande à l'école d'inculquer les valeurs de la république aux français, le français alors que l'on constate que le niveau de pratique et l'orthographe du français est problématique pour nombre de lycéens, les langues alors que les français sont dans le bas de classement en matière de pratique des langues étrangères ?
Une réforme liberticide et inégalitaire.
Cependant plus que toutes ces mesures pratiques, c'est la motiviation qui est soutenu pour la réforme qui est problématique. Si la volonté de donner plus de souplesse au lycée semble louable, c'est surtout le volonté de donner aux lycéens, je cite "plus de liberté" qui est problématique. Le ministre souhaite calquer le lycée (au moins en partie) sur l'université.
Or, l'université déjà mal dotée financièrement (c'est un très grand problème) doit faire face à l'échec important des étudiants en licence ce qui a d'ailleurs motivé "le plan réussite Licence" de Mme Pécresse, collègue de M. Darcos. Cet échec est dû l'absence de connaissances des filières de la part des lycéens qui se retrouvent perdu dans le labyrinthe de la fac' (comme je l'ai été moi-même). Les lycéens, livrés à eux-même ne savent pas quelles options choisir pour leur avenir et pour réussir dans le domaine qu'ils souhaitent.
Les universités sont donc contraintes de mettre en place des cours de tutorat exercés par des étudiants en M1 et M2 (anciennement maîtrise et DESS), comme cela m'a été proposé. Cette initiative, excellente se heurte au manque de moyens des facultés car il faut bien rémunérer les étudiants qui donnent de leur temps.
Les universités mettent aussi en place pour certaines des années de formation en culture générale comme il en existe au sein de certaines ou dans quelques IEP (instituts d'études politiques) afin de combler les lacunes en culture générale de certains étudiants et de leur fournir les armes nécessaires pour réussir leur formation.
Comme je viens de le démontrer, les étudiants ne sont pas vraiment libres et sont pour certains liés aux choix de leurs options en 1ière ou 2e année de fac'. Imposer ce système au lycée est du pur suicide car cela est liberticide et risque de conduire nombre de lycéens au casse-pipe. Ceux qui s'en sortiront seront ceux dont les parents seront derrière pour imposer le choix de matières que les lycéens n'apprécient pas forcément mais qui leur seront utiles dans le futur afin de leur permettre de réellement choisir le métier de leur choix. Ou encore, les lycéens qui auront des difficultés et dont les parents ont les moyens se verront offrir des cours de soutien et mise à niveau pour réussir dans les modules généraux ou à option choisis utiles dans le futur, cela renforcera une inégalité actuelle entre parents aisés et parents pauvres, ce qui est en partie contenue par le système actuel.
Voilà donc pour moi, les explications qui font que cette réforme est une mauvaise réforme qui sera voué à l'échec.
Et à l'avenir ?
François Bayrou répète à loisir et à qui veut l'entendre que nous sommes dans un monde d'inégalités croissantes, si j'étais d'abord sceptique au début, je me rends compte que finalement c'est réellement ce qui ce passe.
La question qui se pose maintenant est : le président de la République sera-t-il assez lucide pour abandonner ce projet et écouter les principaux intéressés ?
Nul le sait, mais le pire semble à venir.
dimanche 9 novembre 2008
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1 commentaire:
salam
Tu as un bon style pour argumenter tes propos!
(je t'encourage)
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