Marielle de Sarnez est interviewée dans le Journal du Dimanche du 28 mars. Elle plaide pour le départ de José-Manuel Barroso de la présidence de la Commission : “aucune initiative n’est venue de lui”. Elle dénonce également son manque d’indépendance vis-à-vis des Etats.
Pourquoi l’Europe a-t-elle autant de mal à faire face à la crise?
Marielle de Sarnez : Quand les Etats agissent séparément, sans véritable coordination, cela ne peut pas marcher. Pour répondre à la crise, il y a une condition: que les Européens s’accordent pour actionner les mêmes leviers. Nous devons trouver des réponses communes, pour aider les ménages les plus en difficulté, soutenir les PME et préparer l’avenir, notamment en investissant dans le durable. Cette crise, c’est la preuve absolue du besoin d’Europe. Et j’espère bien qu’au G20, nous allons parler d’une seule voix.
En attendant, comment répondre à la crise financière?
Marielle de Sarnez : Par la régulation de l’ensemble des marchés, hedge funds compris, et l’adoption de règles communes privilégiant le long terme sur le court terme. Je ne crois pas au “capitalisme moral”. Mais on peut lui imposer des lois pour le rendre responsable. Le gouvernement est volontariste: il va prendre un décret sur les rémunérations… C’est trop peu et trop tard.
Pourquoi ne pas avoir fait tout de suite une loi?
Marielle de Sarnez : Les Américains ont fait ce choix. Les Allemands ont réagi immédiatement en entrant dans les conseils d’administration des banques. Chez nous, rien de tout cela. L’Etat aurait dû poser ses conditions lorsqu’il a prêté de l’argent: gel des rémunérations des dirigeants et obligation de faire bénéficier les PME des fonds avancés.
Pensez-vous, comme Cohn-Bendit, qu’il faille remplacer le président de la Commission, José-Manuel Barroso?
Marielle de Sarnez : Nous avons besoin d’un président de Commission indépendant et libre par rapport aux chefs d’Etat et de gouvernement. Barroso n’a pas montré ces qualités. Aucune initiative n’est venue de lui : ni l’idée de recourir à un emprunt européen ni l’idée de grands travaux, notamment dans le domaine de l’énergie. Et les pays européens en difficulté ne trouvent personne pour les défendre. Ils sont obligés de frapper à la porte du FMI. Il faut donc un nouveau président.
Seriez-vous prête à soutenir, comme Jacques Delors, une candidature de François Fillon ou d’Alain Juppé à la tête de la Commission ?
Marielle de Sarnez : Depuis des années, le PS et l’UMP, qui font semblant de se disputer en France, se partagent le pouvoir en Europe. Le Parti populaire européen (PPE), la droite européenne, où siège l’UMP, a choisi de reconduire Barroso lors de sa dernière réunion. Et les gouvernements socialistes le soutiennent. C’est déjà bouclé. C’est cette entente contre nature qu’il faut faire sauter. Des personnalités existent. Je pense au Belge Guy Verhofstadt, à l’Italien Mario Monti, à Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg. Il faut une personnalité authentiquement européenne avec une vision sociale, durable, prônant un nouvel équilibre du monde et une plus grande solidarité avec les pays en voie de développement.
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