Jeudi 19 Mars 2009 : 3 millions de personnes dans les rues à manifester dans une mobilisation piétonne qui augmente, côté grévistes on baisse un peu mais le contexte de crise a poussé nombre de français à bosser quand même pour arriver à surnager dans la mouise ambiante. Dans ce contexte, le gouvernement tente d'écoper le navire qui prend l'eau de toute part à coup de godet. Comment ?
En se payant une campagne anti-grève à 2 000 000 € avec des multiples encarts publicitaires dans la presse, sur le net pour vanter les mérites du plan de relance gouvernemental.
Rappellons que ce plan de relance n'en est pas un !
Sur 26 milliards € de la "relance", seuls 2 à 3 milliards sont de nouvelles dépenses, le reste est constitué de dépenses prévues mais simplement avancées.
Qu'est-ce que cela représente ?
A vrai dire, pas grand chose !
Le plan américain est de $1500 milliards pour les banques, $800 milliards pour la relance économique. Les divers plans européens pour les banques sont importants mais d'un montant global moindres car les banques européennes sont moins touchées. Sur le plan économique, mis bout à bout les plans européenns représentent 300 milliards €. Pour se donner un ordre d'idée la plan américain est 5 fois les divers plans européens si on rapporte les proportions au nombre d'habitants. Le France a un plan de relance des plus faibles car au lieu d'assainir ses finances en période de croissance, elle a continuée de s'endetter encore et toujours plus, et a même été condamnée en 2008 pour un déficit excessif de -4,4%.
C'est donc dans ce contexte qu'au lieu de répondre par des mesures fortes, nationalisation des banques aidées, investissements massifs dans les universités, suppression du boulet fiscal inadapté au contexte économoque actuel que le gouvernement a dilapidé 2 millions € en propagande. C'est non seulement inutile mais dénote un certain dédain envers la population.
"C'est pas la rue qui gouverne !", J.-P. Raffarin.
Cette affirmation avait été faite en son temps par un certain Jean-Pierre Raffarin alors 1er ministre. Si certes, c'est le gouvernement qui a le pouvoir, il est dépositaire de la souveraineté nationale qui est détenue par la Nation, autrement dit les électeurs. La majorité a été élu pour poursuivre un programme mais nombre de choses ont changé ou non pas été promises et ont pourtant été faites.
Affaire Tapie, loi TEPA surnommée "boulet fiscal", réforme de l'audiovisuel public...
Toutes ces mesures traduisent une orientation de la société inquiétante et profondément injuste qui s'est traduite aujourd'hui dans la rue.
Tandis que le président en retourne à ses vieux démons du bling-bling en se faisant invité par un milliardaire mexicain dont le pedigree est plus que douteux notamment sur ses liens sur le narco-trafic, il annonce qu'aucune autre mesure ne sera prise pour aider à la relance du pays.
Le bouclier fiscal, c'est 338 000€ en moyenne pour 1000 contribuables.
Tandis que les classes moyennes n'en finissent plus de prendre de plein fouet la crise, le président maintient envers et contre tout le boulet fiscal notamment sa mesure principale le "bouclier fiscal". Cette mesure part d'un constat que l'on peut essayer de comprendre: qu'un contribuable ne paie pas plus de 50% d'impôts. Fiscalement, cela peut se comprendre, moralement beaucoup moins lorsque l'on sait que la mesure ne bénéficie qu'aux plus riches bénéficiant en plus de niches fiscales et pas franchement au seuil de la pauvreté.
Quand Pierre Méhaignerie (UMP) propose de suspendre pour l'année le bouclier fiscal en geste de solidarité dans le contexte économique actuel, le président de la République s'accroche avec l'énergie du désespoir à cette mesure qui figurait dans son programme électoral.
Pendant ce temps là, les classes moyennes ramassent !
"Je ne serai pas le président qui augmentera les impôts", N. Sarkozy.
Toujours est-il que les faits sont têtus !
Depuis son élection, il y a un peu moins de 2 ans près de 12 impôts ont été créés, presque tous touchant les classes moyennes ou leur épargne, les plus pauvres étant exclues car ne pouvant payer tandis que les plus riches étaient épargnés au nom du bouclier fiscal. Bref, le président qui se vante de ne pas augmenter les impôts, a fait le contraire et encore, ce n'est que le début.
En annonçant la suppression de la taxe professionnelle, le président a inquiété les élus locaux qui participent à hauteur de 72% des dépenses publiques, les privant ainsi dans quelques années de 29 milliards €. Ces mêmes collectivités, prévoyantes mais aussi voyant leurs dépenses sociales s'envoler vont drastiquement augmenter les impôts.
Bref, on déshabille Pierre pour habiller Paul. Résultat Pierre doit se racheter des vêtements et ce n'est pas donné. Le contribuable va donc encore casquer. Mais là encore le bouclier fiscal joue. Ce sont donc les classes moyennes qui vont ramasser.
Dominique de Villepin, pourtant connu pour ses positions parfois scandaleuses d'un point de vue économique quand il fut 1er ministre, a déclaré : "Je préfère la justice sociale à la justice fiscale".
Bravo !
Mais comme le dit si bien Jean-François Kahn, il vaut mieux voter directement pour ceux qui ont raison et pas pour ceux qui changent d'avis quand le vent tourne. François Bayrou avait vu dans les grandes lignes la situation et les risques que l'État encourait en optant pour Sarkozy ou Royal. Tirant la sonnette d'alarme si la vente aux enchères de la dette de l'État contre des promesses électorales intenables, il s'était fait le partisan de l'assainissement des finances publiques et des réformes strcuturelles. Depuis pourtant, aucune réforme de structure n'a été négociée ce qui a conduit au passage en force parfois même quand les partenaires sociaux arrivaient à se mettre d'accord.
Nicolas Sarkozy aura réussi l'exploit de radicaliser encore un peu plus les français en agitant le chiffon rouge Besancenot ! Toutefois, la plupart des français n'en sont pas encore là mais battent le pavé. Le gouvernement fait le sourd et François Fillon après une journée de mobilisation record a le culot de déclarer sur TF1 en plein pic d'audience hebdomadaire :
- "J'agis pour les défendre et les protéger". Apparemment certains plus que d'autres puisque le boulet fiscal et le bouclier fiscal sont maintenus ;
- "Moi, j'écoute les français tous les jours !". Encore une fois, c'est le contraire que l'on voit puisque les français sont obligés d'être toujours plus nombreux dans la rue à s'en plaindre. C'est donc que l'action gouvernementale n'est pas la bonne. Certes les manifestants ne sont pas la majorité mais la grève a le soutien des français et notemment de ceux qui ne peuvent s'arrêter de travailler 1 jour/mois par contrainte financière ;
- et de conclure, "Il n'y aura pas de nouveau plan de relance". Y en a-t-il jamais eu un ?
Je pense que non. Mais si tant est qu'il en ait eu un, force est de constater qu'il est nettement insuffisant et qu'il en faut un autre.
Comment le financer ? Déjà, nous avons 15 milliards €/an gaspillés par le boulet fiscal qui serait bien utile pour rénover les facs, aider les étudiants à financer leurs études, etc. Investir dans le supérieur n'est certes pas immédiat mais à l'heure des sociétés de la connaissance c'est la source de la croissance de demain et donc la sortie de crise qui se profile.
Pour résumer, la crise empire et pour le gouvernement et M. Sarkozy, il est urgent d'attendre.
Mais tout comme le lait sur le feu, l'agitation sociale bouillonne et il faudra faire attention le jour où cela débordera...
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