Deuxième partie de ce comparatif des programmes, cette fois sur le Parti socialiste. Tout comme l'UMP, le PS semble hésiter à parler des élections européennes de Juin. Tout comme l'UMP, le PS évite de parler de la crise. Petit tour d'horizon du Parti socialiste pour les élections européennes.
Présentation.
Le Parti socialiste siège lui au sein du Parti socialiste européen (PSE) qui dispose de 217 députés sur 785. Par rapport aux autres partis siégeant au sein du PSE, le PS français est parmi les plus à gauche ce qui relativise tout de même les propositions qu’il fait puisqu’une bonne partie de ces propositions que l’on considère sur un plan national comme normalement de gauche sont considérées au niveau européen comme provenant presque de façon limite de l’extrême gauche.
"Changer l'Europe", vraiment ?
Le parti socialiste dont on pourrait penser qu’il pourrait faire de ces élections européennes un grand rendez-vous semble tout aussi prêt que l’UMP. Le parti a inauguré un site « Changer l’Europe » qui contient le minimum syndical, à savoir le manifeste du PSE adopté par les partis à Madrid agrémenté de quelques propositions élaborées au niveau national. Comme pour l’UMP, le PS ne parle pas du contexte de crise qui est pourtant très important, pas plus qu’il ne valorise les propositions ou textes qu’il a fait adopté.
La tactique du PS.
Le PS préfère se concentrer sur le bilan de ses adversaires illustrant ainsi l’expression « La meilleure défense, c’est l’attaque ». La droite dont le PS dit qu’elle représente 60% du Parlement alors que tous les groupes de droite ne rassemble que 45% des voix illustre la mauvaise fois dont fait preuve le PS. La différence tient au fait que le PS compte les centristes de l’ADLE avec le PPE alors que les 2 groupes partagent des visions très différentes de l’Europe. C’est sûrement pour mieux masquer le fait que le PSE et le PPE se sont partagés le pouvoir lors de la dernière législature, préférant ainsi diviser la présidence du Parlement au lieu d’approuver l’élection de M. Geremeck, homme politique polonais de valeur qui faisait parti du syndicat Solidarnosc et très attaché à l’Europe. Bref, alors que devant les français les membres du PS nous jure la main sur le cœur qu’il n’existe que 2 grandes formations politiques opposées qui n’ont rien en commun ; ces derniers se sont partagés le pouvoir et ont passé des arrangements avec l’UMP au niveau européen. Plus que de la mauvaise fois, c’est clairement de l’hypocrisie et du mépris que cela traduit envers les électeurs. Pour les mêmes raisons électoralistes, le PS dénonce la directive Bolkenstein alors qu’en commission il a approuvé la 2e version élaborée par le Parlement qui n’avait rien à voir avec la 1ière ; la seule raison du vote « contre » du PS français sur ce texte qu’il approuvait est que son approbation ferait mauvais genre vis-à-vis des électeurs français, encore une illustration de l’hypocrisie du PS.
Les propositions du PS, des banalités ou comment enfoncer des portes ouvertes.
Dans sa synthèse de base, le PS enfonce des portes ouvertes en déclarant vouloir un budget européen plus élevé et insistant pour la représentation des forces économiques eu niveau européen alors que sur ce point il existe un conseil économique et social européen dont la consultation est souvent requise.
Autre proposition du PS, la nomination de M. Rasmussen, 1er ministre danois pour remplacer M. Barroso à la tête de la commission. Ce dernier a pourtant été nommé secrétaire général de l’OTAN lors du récent sommet de Strasbourg-Kehl et le consensus s’accorde à dire que l’homme est un atlantiste convaincu. Le PS n’a même pas pris la peine de modifier son texte suite à cette nomination mais c’est encore un élément qui montre le manque d’intérêt du PS pour ce scrutin.
Alors que le texte annonce la volonté de proposer un autre modèle de développement, on constate surtout que les faits ont la dent dure et que le PS s’est arrangé avec le PPE lors de la dernière législature européenne et donc que le bilan est aussi le sien.
Le texte aborde aussi la nécessité d’un réel plan de relance européen, il enfonce là encore des portes ouvertes, l’insuffisance des plans européens ayant déjà été souligné. Là encore, le PS n’a pas mis à jour son texte puisque le sommet du G20 de Londres a précisément souligné cet aspect.
Je passe aussi sur les lieux communs que sont la nécessité de passer à l’économie verte et sur l’oubli par le PS des instruments existants au niveau communautaire sous-exploités par les États-membres et les collectivités.
Le PS abord aussi l’idée d’un « Pacte social européen » alors même que la Charte sociale a déjà été signée et n’a qu’une valeur indicative. Le PS tente là de jouer sur la corde sensible de la gauche mais tout en sachant pertinemment qu’un tel texte ne pourrait voir le jour car d’importants partis frères au sein du PSE y sont opposés comme les britanniques ou les scandinaves pour des raisons diverses et variées.
Le PS avance aussi d’autres idées qu’il n’a cependant pas mis en œuvre et qui ont été le fait d’autres partis. Ainsi, l’idée proposée d’un emprunt européen a été récemment adoptée sur proposition du député européen français Bernard Lehideux siégeant à l’ADLE et membre du MoDem. D’autres propositions du même acabit sont listées et sont soit en cours de réalisation comme pour le paquet Climat ou ont fait l’objet de progrès significatifs comme pour la PESC (politique européenne de sécurité et de défense).
Le PS vante aussi les bienfaits (réels) du traité de Lisbonne alors que pourtant une bonne moitié du parti est contre ce texte. Plus généralement, le PS ne saisit pas l’occasion qui se présente à lui, il utilise les mêmes recettes : taper sur le voisin, faire des propositions très généralistes ; tout en oubliant de mentionner le bilan d’une législature de partage du pouvoir avec la droite. Ajoutons à cela les guerres intestines et on comprend mieux pourquoi les listes ont été si difficiles à boucler et qu’aucun programme détaillé n’est publié.
Dans le Nord-Ouest, c’est Gilles Pargneaux qui est tête de liste soit donc encore un second couteau peu connu dans la grande région. Rien de neuf sous le soleil donc !
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