Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

dimanche 26 avril 2009

Européennes 2009 : l’Europe, cette grande absente.


La campagne des européennes est entamée depuis un moment par les partis les plus européens que sont Europe-Écologie (les Verts) et le Mouvement démocrate pour qui, le scrutin de Juin prochain est vital. Sur les 2 grands partis majoritaires que sont l’UMP et le PS, c’est le 2nd qui est parti le 1er ce Vendredi 24 Avril 2009 avec un meeting à Toulouse dans une salle qui comptait encore de nombreux sièges vides. Le PS, alors de cette rencontre avait invité les chefs de partis des partis frères des autres pays de l’Union. Sur les 27, seul le Danemark avait envoyé son chef de parti, candidat +/- déclaré dans la course à la présidence de la Commission. Pourtant loin de cette image de carte postale pour les télévisions et les médias ; une absence de taille s’est faite jour : l’Europe.

Quand parler d’Europe devient parler de Sarkozy.
On aurait pu penser que l’échec du référendum sur la constitution européenne aurait pu faire comprendre à l’UMP et au PS que pour intéresser les français à la question au combien cruciale qu’est la problématique européenne, ces grands partis allaient enfin parler d’Europe. Mais malheureusement, ce ne fut pas encore le cas ce Vendredi à Toulouse.
Alors que le référendum de 2004 sur la constitution européenne était finalement devenu un scrutin pour ou contre le gouvernement Raffarin, beaucoup pensaient que cela allait pousser ces grands partis à se concentrer sur l’essentiel : l’Europe. Mais non, décidément non, le PS et l’UMP persiste encore à s’acharner à faire de ce scrutin un scrutin sur la politique du gouvernement en place alors que c’est pourtant la meilleure manière de favoriser l’abstention. Déjà, en 1999, François Bayrou dénonçait l’attitude du PS et du RPR à l’époque qui se battait sur des enjeux nationaux et appelait à ce que l’on explique l’Europe et qu’on se mette vraiment à parler d’Europe.
Toujours en 1999, le PS exigeait un « Pacte social », projet qui est remis au goût et présenté comme une idée neuve alors que les autres partis socialistes européens n’en veulent pas.
Ce pacte viserait à lutter contre la politique de la droite dont le symbole est Nicolas Sarkozy.
Encore lui, toujours lui, le parti socialiste n’arrive pas à s’en défaire, il faut encore et toujours ramener le scrutin européen à une lutte nationale.


Les européennes, un plébiscite présidentiel ?
Évidemment, vous vous en seriez douté, je me suis rendu sur les différents sites de campagne. Sur le site de l’UMP, j’ai pu voir que le tract montrait en gros Nicolas Sarkozy sous 11 étoiles (et pas 12 comme sur le drapeau européen) incitant à poursuivre la politique menée par le président au niveau européen.
Plusieurs remarques me viennent à l’esprit. D’abord, pourquoi le président de la République est-il sur un tract d’un parti ? Normalement, le président de la République est le garant de la constitution et doit se situer au-dessus des partis. Toutefois, le Conseil d’État ayant pris note de cette évolution dans le temps de parole notant que celui-ci pouvait être partisan. Soit, mais le président n’est pas candidat donc la question se pose toujours : que fait le président de la République française sur un tract pour les élections européennes ?
Certes, il a présidé le Conseil mais ce rôle est surtout administratif, la France n’est qu’un pays-membre parmi 27 et la présidence française est bien finie. La réponse est plus prosaïque, l’UMP fait des européens, un plébiscite pour ou contre la personne du président de la République mais ne parle pas vraiment d’Europe comme en témoigne l’absence de programme.
Martine Aubry quant à elle a décidé de s’en prendre au « bilan catastrophique » de la droite lors de son meeting de Toulouse qui malgré une salle plus petite que le Zénith n’a pas fait le plein. Même le MoDem pourtant raillé par le PS a réussi à mobiliser presque 2 fois plus de monde lors de sa 1ière convention européenne, c’est dire. La secrétaire nationale n’a pas ménagé ses attaques contre politique irresponsable menée, fustigeant la réunionite « des G20, G4, G5 [alors que pendant ce temps-là la France subit] » ouvrant la voie à un long de moment de critique contre la politique gouvernementale, bouclier fiscal, lois répressives tout y est passé alors que pour une bonne part ce sont des compétences qui ne relèvent pas de l’Union. En effet, la fiscalité reste du ressort exclusif des États-membres idem pour les dispositions de sécurité largement principalement gérées au niveau national et beaucoup au niveau inter-gouvernemental. Sur l’Europe, rien ou presque.


Communiquer oui, mais pas sur l’Europe.
Alors que devant les interrogations de nos concitoyens, il faudrait expliquer l’Europe, les 1ers tracts UMP et PS se concentre sur les enjeux nationaux. Pour l’UMP, c’est encore une fois Nicolas Sarkozy qui est dessus, tandis que les différentes têtes de liste vantent les formidables résultats de la présidence française de l’Union.
Le Parti socialiste lui, fait encore mieux ou pire, c’est selon. Arrivé sur le site «Changer l’Europe » tout un programme quand l’on sait que la gauche et la droite européenne se sont partagés et la présidence du Parlement européen, et le pouvoir de ce même Parlement au niveau européen.
Le PS donc, fait tout un ramdam pour le site que viennent de lancer en grande pompe les MJS (jeunes socialistes). Qu’à cela ne tienne, je me rends sur le site tout beau tout neuf. Alors que je m’attends à voir tout une section pour expliquer le fonctionnement de l’Union et du Parlement, je ne trouve qu’une pauvre page sans image avec un texte très court pour expliquer la chose. Un peu sec, surtout qu’il m’a fallu me rendre de mon propre chef dans la section appropriée.
En une du site, on trouve une vidéo consacrée à …



Nicolas Sarkozy !

Eh oui, encore lui !

A mon humble avis, pour les élections européennes, il faut parler d’Europe, l’expliquer, dire que qu’elle fait de bien. Mais non encore une fois, on parle de la France, encore et toujours de la France comme si notre pays était au centre de l’Europe et cela à gauche comme à droite. Encore une fois, les clivages sont moins grands qu’on tente de nous faire penser.


Les perdants : l’Europe et les européens.
Après la claque qu’a été le référendum européen, j’ai modestement pensé que les partis après une campagne en 2004 importante se décideraient enfin à parler d’Europe mais non. Hormis les Verts et le MoDem tous parlent de la France. Au PS, on parle d’abroger le paquet fiscal, de faire de ce scrutin européen, un moment de lutte contre la droite. Pourtant, et pourtant, il y a tant à dire sur l’Europe. Encore cette semaine, je vous ai parlé de ce que le Parlement européen avait adopté comme mesures concrètes pour les européens. De cela, il n’a pas été question dans le discours de Martine Aubry qui a concentré ses attaques sur le plan national et sur le président plus particulièrement.
Si les Verts et le MoDem remplissent des salles sans problèmes en parlant de l’Europe, en valorisant leurs actions au Parlement européen, en proposant une réelle vision d’ensemble nouvelle pour l’Europe de demain, les grands partis traditionnels que sont l’UMP et le PS ont gardé leurs vieilles habitudes. Tandis que les Verts veulent un « Green New Deal » et le MoDem une Europe de l’évolution durable. Tandis que les deux proposent une fiscalité verte qui diverge néanmoins sur l’étendue et la mise en place, tandis que le MoDem propose de créer une autorité de régulation européenne des marchées financiers et le transfert de l’impôt sur les sociétés au niveau européen pour éviter le dumping fiscal, le PS parle de supprimer le paquet fiscal et l’UMP de le maintenir. Pour résumer, l’UMP et le PS sont hors-sujet. Cette attitude est dangereuse car elle contribue à opacifier encore la vision que les citoyens ont de l’Union alors que plus des 2/3 de notre législation est d’origine communautaire.


L’espoir est-il permis ?


Oui, l’espoir existe. Certes, l’UMP et le PS ne vont pas descendre sous les 10% mais les partis qui parlent d’Europe comme Europe-Écologie et le MoDem feront à mon avis, des scores importants.
Lors des précédents scrutins, l’UDF qui avait eu un positionnement très européen avait réalisé de bons scores. Le MoDem, différent par son électorat et ses militants, et les Verts qui retrouvent une nouvelle seront au cœur de se renouvellement comme l’on déjà prouvé les récentes élections régionales en Hesse. La vraie bataille se situera entre ces 2 mouvements, pas entre l’UMP et le PS.
L’Europe a besoin de cela, d’un renouvellement profond de sa composition. Quel sera le résultat de Juin prochain ? Le vote de chacun sera plus qu’important et le déterminera.

2 commentaires:

Ovtchi a dit…

Salut orange pressé,
Encore une fois tout semble se passer pour toi, comme si seulement quatre parties se partageaient les Européennes. A mon avis, si tu ne t'y prépares pas, tu vas être étonné, le 7 juin 20h, quand tu verras le score des partis de gauche.
Tu avais pourtant dans un autre article fait une analyse assez intéressante de la situation qui a amené l'Islande a opté pour un gouvernement antilibéral. Les Français seraient-ils plus cons que les Islandais ?
Comme en 2005, les fromages-qui-puent vont vouloir montrer qu'il ne faut pas les prendre pour des cons.
Tous ne savent pas pourquoi, mais une grosse majorité se rend bien compte que la politique menée par les institutions européennes ne règlent rien à leur tracas quotidien. Le TCE et les commissaires sont bornés dans une logique du marché est tout puissant et nous sommes tous ses serviteurs. La crise économique influera-t-elle les électeurs, je pense que oui.

Dis-moi, juste par curiosité. Tu dis dans ton article que l'UDF et le MoDem, sont différents par leur électorat et leurs militants. Je dois avoir l'imagination trop fertile mais je croyais que le MoDem était la réincarnation de la défunte UDF, entirèrement voué à François Bayrou ! Tu pourrais m'expliquer les différences s'il te plait.
Merci d'avance.

Orange pressé a dit…

Le problème de l'extrême-gauche est double :
- le 1er n'est pas nouveau, c'est la division : Front de gauche (PC+Parti de gauche), NPA, LO cela fait au moins 3 partis sans compter le parti des travailleurs qui se présente aux suffrages des électeurs;
- le 2e, la barrière des 5% dans chaque grande région, ce qui est très difficile à faire.

L'Europe fait bien plus pour ton quotidien que le Parlement français. Il suffit de se pencher sur la dernière plénière.

Ensuite, le MoDem comprend la nouvelle UDF dans son organisation c'est vrai mais les différentes études ont montré que les bases électorales ne sont pas les mêmes.
Ne t'en fais pas, je reviendrai sur le sujet plus tard. Avant, j'ai d'autres choses à publier ici.