En cette fin de journée du Mardi 07 Avril 2009, j'allume ma radio pour écouter RTL et suivre l'émission "On refait le monde". Marielle de Sarnez était la veille et entretemps plusieurs évènements ont eu lieu, la liste noire des paradis fiscaux vidée, la montée de l'État dans le capital de BNP-Paribas sans oublier l'évènement du jour : Ségolène Royal qui s'excuse des propos de Nicolas Sarkozy lors de son discours de Dakar en 2007 dont le texte est disponible sur le site de la présidence de la République, la présidence ne faisant pas les choses à moitié la vidéo est elle aussi disponible là.
Je ne reviens pas sur la polémique dont je suppose vous connaissez les tenants et aboutissants.
L'émission du jour portait sur d'une part les séquestrations de patrons et sur la politique de l'immigration du président de la République. A ce titre, était évoqué la petite phrase prononcée par Ségolène Royal à Dakar. Si la première partie était convenue, les différents invités M. Mélanchon, M. Apparu (député UMP) et Mme de Sarnez défendant des positions relativement consensuelles. M. Mélanchon dénonçant le ras-le-bol des ouvriers devant l'attitude de multinationales américaines s'en mettant plein les poches en fermant des usines rentables et M. Apparu précisant que ces séquestrations sont inadmissibles, la plupart des patrons mouillant leur chemise pour sauver leur boîte. Enfin, Mme de Sarnez comprenait la colère des ouvriers mais estimant qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre les petits patrons et une minorité qui n'a pas des pratiques acceptables.
Le débat manquait d'intérêt dans sa première partie à mon avis, la deuxième partie sur l'immigration fut plus intéressante. On a pu voir les prises de position se trancher sur certains points jusqu'à aller à la caricature par moment.
M. Mélanchon tenait le traditionnel discours de la gauche, il faut régulariser car l'on empêchera pas les pauvres de venir dans les pays riches voir si l'herbe y est plus vertes. Et de préciser que les sans-papiers étant sur le territoire français depuis longtemps (10 ans) devaient être automatiquement régularisés pour éviter des drames humains.
M. Apparu dénonçait cette approche comme démagogique car cela créerait un appel d'air et qu'au final cela ne changerait rien au fait que d'autres sans-papiers viendraient et qu'au final régulariser 200 000 sans-papiers tous les 4 à 5 ans ne serait pas possible.
Mme de Sarnez jugeait que la politique du gouvernement est inefficace et coûte cher (3 milliards € en 2008). Elle dénonçait l'absence d'une véritable politique européenne dans le domaine et critiquait le fait qu'un sans-papiers devait absolument faire une demande d'asile dans le premier pays européen où ils mettaient les pieds alors que ce n'est pas forcément ce pays dans lequel ils veulent aller.
Au final, on peut noter que chacun des participants avait une partie de la solution du problème et je ne peux que constater que les clivages partisans actuels sont dépassés. Il me semble qu'il faille un nouveau découpage politique et à ce titre l'approche de François Bayrou qu'il qualifie lui-même d'humaniste me paraît intéressante.
Le débat arrivait à sa fin quand Marielle de Sarnez déclarait qu'il fallait aider les pays pauvres et lutter contre les excès des pays riches qui subventionnent trop leur agriculture ruinant celle des pays pauvres et donc alimentant eux-mêmes les flux de clandestins vers leurs territoires.
Je ne peux que lui donner raison. Au Sénégal par exemple, les gens achètent du poulet européen congelé élevé en batterie plus que du poulet frais local élevé en plein air tout simplement parce que le poulet européen est moins cher.
On aurait pu en rester là et passer à autre chose mais M. Mélanchon entendant de tels propos dans la bouche d'une centriste qu'il considère de droite, de déclarer que Marielle de Sarnez était communiste et insistant quelques secondes plus tard "Attention, vous êtes une socialo-communiste !", évidemment l'intéressée dément. Peu après, M. Mélanchon prend la parole et continue sur le thème de l'aide aux pays africains et c'est pour mieux se faire traiter de "chiracquien" par son collègue parlementaire M. Apparu, député UMP.
Ces propos ont sonné bizarrement à mon oreille sur le coup, et ça m'a bien fait rire, un sénateur de gauche se faisant qualifier de chiracquien tandis qu'une centriste se faisait qualifier de communiste. Au-delà des propos tenus, on voit clairement que les propos des uns ou des autres ne s'articule pas entre valeurs de gauche ou de droite mais autour des principes républicains de liberté, de justice, d'équité, de mérite et de confiance dans l'homme. François Bayrou qualifie son approche d'humaniste. Je dois dire que ce terme ne me convient pas, l'approcge est assez différente de l'humanisme historique et recouvre de nombreux éléments qui n'existaient pas auparavant toutefois je dois reconnaître que c'est le concept le plus proche des idées que défend le Mouvement démocrate. Je ne peux aussi noter que les partis traditionnels comme l'UMP ou plus encore le PS ne sont pas adaptés à cette nouvelle donne politique, ils leur faudra se réformer, l'UMP en est capable, le PS j'en doute. Malgré tous ses efforts, il ne sort pas de ses querelles intestines sur les conflits de personne et ne parvient pas à renouveler son idéologie ce qui explique ses défaites successives lors des grandes élections.
Bref, cette émission me confirme que non décidément non, le partage actuel sur l'échiquier politique ne convient pas et que l'approche qui existe au Parlement européen est beaucoup plus enrichissante et productive et ce, notamment dans le contexte actuel. Deux forces émergent le centre et les écologistes, le premier devra faire ses preuves au scrutin de Juin et montrer qu'il peut dépasser le score attaché à François Bayrou et recréer une base d'élus pour les échéances futures, les seconds devront prouver que l'assemblage a priori hétéroclite de personnalités de divers horizons peut tenir la route et parvenir à produire une nouvelle approche. Les deux grands partis traditionnels enfermés dans une attitude hypocrite d'affrontements stériles au niveau national mais de partage du pouvoir et de collaboration feront les frais de l'émergence des deux forces précitées. Reste à savoir s'ils en tireront les leçons.
Cette élection qui s'annonce en Juin prochain nous montre(ra) deux choses essentielles à mon avis : - la division partisane est bien artificielle et la culture du consensus rend obsolète les partis classiques;
- l'émergence de deux pôles politiques qui ont su se réformer complètement pour l'un et pour partie pour l'autre doit encore se concrétiser dans les urnes.
A ce titre, la participation sera déterminante. Les grands partis, comprendront ensuite peut-être qu'il faut que l'on refasse les partis !
mardi 7 avril 2009
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