vendredi 15 mai 2009
Elections européennes : l’UMP et le PS mettent en avant la médiocrité.
La semaine dernière, la quotidien régional, la Voix du Nord publiait son classement-bilan de l’activisme et de la présence des députés européens de la région Nord-Ouest. Dans ce classement, la députée européenne Tokia Saïfi (UMP) y figurait en bonne place avec une présence très forte en séance plénière, des votes nombreux, ainsi qu’une activité accrue en tant que députée européenne. Malgré le cumul qu’elle fait avec son mandat de conseillère municipale de Lille, il faut reconnaître la compétence de la dame. Tel n’est pas le cas des députés européens PS dont les résultats sont moyens hormis Vincent Peillon qui a une tendance prononcée pour l’absentéisme et l’apathie dans la limite acceptable pour ne pas être sanctionné au niveau des indemnités parlementaires. Certes Marine Le Pen fait pire mais ce n’est pas réellement une référence puisqu’elle est dans le peloton de queue des députés européens toutes nationalités confondues.
Ces classements se généralisent sans vraiment prendre en compte chacun tous les éléments de l’activité d’un député européen.
« Si vous cherchez de la reconnaissance, montez donc un élevage de chiens ».
Je n’ai aucune sympathie, ni antipathie pour Mme Tokia Saïfi. Je sais juste qu’elle fut ministre dans le gouvernement Raffarin en tant que secrétaire d’État pour l’environnement et le développement durable où avait précédemment officié Mme Corinne Lepage entre 1995 et 1997. Pourtant, je dois reconnaître que malgré le fait que je ne partage pas ses idées, c’est une personne très compétente.
C’est souvent le cas des personnes discrètes, c’est leur travail qui pèse le plus. Cela se vérifie particulièrement dans son cas, mais c’est la situation d’autres députés européens qui sont soient relégués en position dont l’éligibilité n’est pas réellement assurée, parachutée dans une autre région que la leur en position inéligible ou alors carrément éjectés malgré un travail de député qui fait enfin honneur à la France dont les représentants sont plus connus pour leur absence que leur travail.
Le sacre de la médiocrité.
On aurait pu penser qu’après les claques du 21 Avril 2002 et de l’échec du référendum sur le traité constitutionnel en 2004, les grands partis de gouvernement que sont l’UMP et le PS auraient tiré la leçon mais non, décidément non, ils persistent dans la valorisation de la médiocrité.
Dans la catégorie des députés dont le travail n’est pas reconnu, Mme Tokia Saïfi s’en sort plutôt bien avec une 2e place synonyme d’éligibilité à Strasbourg sur la liste UMP du Nord-Ouest. Elle ne s’en tire à mon avis pour d’autres raisons que ses compétences, c’est une femme d’origine maghrébine, et radicale comme Jean-Louis Borloo. Elle rentre dans les critères sarkozystes du « casting » réalisé pour les élections européennes de Juin prochain.
Son cas n’est pas isolé car c’est aussi le cas d’autres députés compétents comme de M. Alain Lamassoure dont l’éligibilité est compromise et M. Jacques Toubon éjecté pour l’UMP qui se dit « oublié » par son propre parti ; pour le PS, c’est le cas de M. Gilles Savary, éjecté lui aussi malgré un travail conséquent et une passion débordante pour le mandat de député européen ou encore de M. Guy Bono, autre excellent député socialiste qui n’a pas été réinvesti par le PS.
De ces 4 ou 5 personnes que je viens de citer, vous n’en avez surement pas entendu parler en dehors de leurs fonctions passées ou nationales actuelles, et pourtant ! Ce sont parmi les députés français les plus actifs et dont les compétences sont très largement reconnus par leurs collègues des autres États-membres. Pourtant leur action dans le domaine de la protection des consommateurs pour Jacques Toubon, de l’agriculture ou des transports pour Gilles Savary ou encore dans le domaine des télécommunications et de la protection des libertés fondamentales pour Guy Bono, auteur du fameux amendement 138 qui vide de sa substance la loi « Création et Internet » qui vient juste d’être adoptée et qui a été et est encore l’objet d’une bataille de tranchées incroyable de la part de ses opposants.
Toutes ces personnes, malgré leurs compétences, malgré leur passion pour la cause européenne, n’ont pas été reconduites pour de simples raisons querelles d’ego. Les chefs de partis que sont Nicolas Sarkozy et Martine Aubry devant réaliser un subtil équilibre dans la composition des listes au risque de froisser une partie conséquente de leur parti ou majorité. C’est triste et c’est attitude politicienne au possible me dégoûte. Et encore, ce mot est un euphémisme.
Le résultat : le désintérêt des peuples et la perte de confiance en l’Europe.
La semaine dernière, j’allais comme très fréquemment sur le terrain à la rencontre des personnes dans ma région. Ce que j’en ai tiré m’a réellement surpris. Je savais que la colère grondait, qu’elle était forte, mais je doutais que le niveau atteint soit si conséquent. Les françaises et les français en ont marre de cette politique qui consistent à envoyer des lampistes, des incompétents et des opportunistes au Parlement européen et en conséquence se tourne massivement vers l’abstention ou vers le Mouvement démocrate et les Verts qui émergent malgré leur importance plus modeste, tandis que les extrêmes attirent un public certes moins important qu’avant mais qui n’est pas à négliger.
Le rejet des populations est important, le mécontentement est élevé et ne risque pas de retomber de sitôt. Les français sont blasés par le « vote sanction », invoqué une énième fois par le PS qui n’a rien de réellement concret à proposer et dont la campagne ne prend pas et patine. L’UMP qui dispose d’un socle d’irréductibles important subit pourtant un rejet massif, le parti présidentiel et l’ensemble de la majorité ne représente plus que selon les sondages un gros quart de la population, or 25-26% ce n’est pas la majorité.
L’autre perdant, c’est l’Europe. Alors que la crise devrait inciter les uns et les autres à se serrer les coudes à expliquer le mécano européen que beaucoup ne comprennent pas ou mal, les premiers glorifient le bilan de la présidence française de l’Union qui a été correcte sans être formidable et qui est terminée, les autres n’assumant pas leur bilan de coalition avec la droite à Strasbourg et « critiquant la majorité sortante de droite » alors que la majorité sortante est une majorité PPE-PSE.
Bref, tandis que l’UMP passe son temps à se remémorer un passé pas si glorieux que cela, et que le PS complètement largué, courre d’un côté derrière l’extrême-gauche, de l’autre derrière les Verts et surtout derrière le MoDem qui concentre ces derniers jours les attaques des barons socialistes et de Martine Aubry. Les uns comme les autres, n’hésitent pas d’ailleurs à raconter tous les mensonges possibles et imaginables.
L’absence d’une prise de conscience.
Avant et au début de la rédaction de cet article, je discutais d’ailleurs avec un ami socialiste. Alors que je manifestais mon rejet de ce type de méthodes et de cette façon de faire de la politique, ce dernier me répondait que c’était cela la politique et qu’il fallait s’y faire. Évidemment, mon engagement politique ne date pas d’hier, et malgré mon encartement somme toute récent, je ne suis pas né de la dernière pluie et je comprends parfaitement les mécanismes traditionnels utilisés en politique qui n’ont pas vraiment changé depuis la République romaine. Lui signifiant que vraiment de telles méthodes desservaient plus qu’elles n’apportaient, je n’ai eu pour réponse « On verra aux élections » alors que l’intéressé est pourtant très engagé. A ce moment, je lui ai posé la question si au PS (comme à l’UMP d’ailleurs), ils allaient sur le terrain car j’ai beau chercher, je ne vois pas de socialistes.
Bien que ce cas ne puisse être généralisé, il traduit selon moi, une certaine réalité. A savoir, l’UMP et le PS sont déconnectés de la réalité et des problèmes de leurs électorats. Malgré leurs nombreux élus locaux, on se demande dans quel monde ils vivent, tellement les problèmes sont nombreux, la crise grande et la détresse des gens perceptible. Encore une fois, les perdants seront les citoyens, la démocratie et l’idéal européen. Malheureusement !
Et ces deux partis découvriront à leurs dépends que 45 millions de paires de baffes, ça pique !
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