Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

lundi 18 mai 2009

Européennes 2009 : Ils parlent tous du MoDem.



Depuis quelques jours, on se demande si la campagne des européennes ne s’est pas transformé en campagne contre le Mouvement démocrate et son président François Bayrou à tel point que le média électronique Lepost.fr y consacre un article intitulé : « C’est la chasse au Bayrou ! » (http://www.lepost.fr/article/2009/05/18/1540257_c-est-la-chasse-au-bayrou.html) en ce Lundi 18 Mai 2009. Tous s’y mettent et François Bayrou est depuis la sortie de son livre « Abus de pouvoir », publié chez Plon au centre de toutes les conversations. Tous en parlent de l’UMP en passant par le PS et les Verts. Malheureusement, au lieu d’être constructif les attaques contre François Bayrou manquent de consistance. Tour d’horizon du paysage politique français sur le sujet.


L’UMP : surtout ne pas en parler.
A l’UMP, la stratégie est connue depuis quelques mois, après les infructueuses tentatives de marginalisation, la stratégie vis-à-vis du MoDem et de François Bayrou est de réfuter les attaques via Frédéric Lefebvre mais surtout de ne pas en parler. On le voit au travers de la presse orienté à droite avec un traitement à la verticale du sujet. Pour être plus clair, l’actualité concernant le MoDem tant qu’elle n’est pas ignorée et traitée dans les colonnes sur les côtés du journal avec les brèves. Sur ce point, l’inévitable polémique qui accompagne le sortie du livre « Abus de pouvoir » a quelque peu changé les choses et depuis François Bayrou a fait l’objet de quelques articles tout en restant largement sous-traité par ce grand quotidien national.
Service minimum à l’UMP où les personnalités du parti se contentent de dénoncer l’attitude uniquement critique de François Bayrou et de mentionner son intérêt unique pour la présidentielle de 2012. Du classique donc ! Mais toujours est-il que François Bayrou est régulièrement mentionné et que l’on parle de lui dans les médias et la presse ce qui dérange l’UMP.


Le Parti socialiste : tirer dessus et courir après.
Le Parti socialiste semble complètement largué dans cette campagne des élections européennes. Depuis la sortie du livre de François Bayrou, le Parti socialiste est complètement dépassé par la vague médiatique qui accompagne la sortie de l’ouvrage. Martine Aubry, 1ière secrétaire déclarant vouloir « être la proposante n°1 et pas l’opposante n°1 » et de dire que le livre de François Bayrou est un vulgaire récupération de celui sorti par le PS après sa convention sur les libertés au Zénith à Paris qui a connu le succès que l’on connaît en termes de rassemblement des foules. Le livre est passé complètement inaperçu et est sorti 1 mois avant celui de François Bayrou. Connaissant les délais pour écrire un ouvrage et le sortir, la sortie de Martine Aubry sur le sujet tombe complètement à plat. Et d’ailleurs, si l’on se penche sur les ouvrages en question, on constate que le livre de François Bayrou est bien mieux écrit (au niveau littéraire) que le livre socialiste mais aussi que le livre du chef centriste a un propos bien plus large et structuré.
Bref, le Parti socialiste courre après le MoDem et se voit éclipsé dans son rôle d’opposition par le parti centriste qui pourtant dispose d’effectifs et de moyens biens moindres. Dans le même temps que les socialistes court après les centristes, ils courent aussi derrière l’extrême-gauche pour éviter de perdre leur électorat traditionnel. L’effet est pourtant contraire à celui recherché, à savoir ne pas perdre d’électeurs.
Que faire donc ? Le PS devant un manque de proposition criant se met à tirer comme jamais sur le MoDem avec des petits clips satiriques ou des prises de position dénonçant le manque de clarté du MoDem. Pourtant, les socialistes les plus zélés à dénoncer les compromissions avec le MoDem sont souvent les 1ers à s’allier avec les démocrates au niveau local comme Martine Aubry à Lille. La 1ière secrétaire du parti socialiste n’hésite pas d’ailleurs à raconter des bêtises plus énormes les unes que les autres en déclarant que le MoDem fait parti de l’EDLR (les libéraux européens) et qu’il a signé le manifeste de Stockholm de ces mêmes libéraux qui demande une libéralisation des services publics. Sur ce point, il est intéressant de noter que le MoDem appartient à l’EDP qui certes fait partie de l’ADLE mais que l’EDP et l’EDLR vote l’un contre l’autre sur les plans économique et social. L’exemple des services publics est d’ailleurs intéressant. Alors que le MoDem et donc l’EDP votent avec le PSE (Parti socialiste européen) sur le sujet, le PS lui-même vote contre son propre groupe européen et refuse les compromis défendus par son groupe pour protéger les services publics et fait ce faisant le jeu de la droite européenne donc du PPE (parti populaire européen) et de l’UMP. A force d’être systématiquement dans la critique non constructive, le PS montre ses propres limites et se contredit lorsqu’il dénonce le fait que François Bayrou ne se pose qu’en critique et pas en proposant, alors que dans les faits, c’est le contraire qui se passe.
Les électeurs français le notent très bien en montrant un rejet important du PS qui garde toutefois un socle électoral non négligeable. En résumé, à force de critiquer le MoDem, le PS en vient à oublier l’essentiel qui est de proposer une alternative crédible aux français, chose que les démocrates font pendant ce temps et qui se verra probablement dans les urnes le 7 Juin prochain.


Les Verts : focaliser sur la présidentielle de 2012.
Daniel Cohn-Bendit est une personnalité sympathique, il dénonce les excès du sarkozysme et tente de ranimer l’idéal européen. Pourtant, il convient de distinguer la posture, des faits. Daniel Cohn-Bendit concentre ses critiques envers le MoDem sur le fait que François Bayrou ne penserait qu’à la présidentielle de 2012. On ne peut le nier, le chef centriste en a fait son objectif essentiel et il y pense. Daniel Cohn-Bendit concentre ses critiques sur ce point car les Verts quoiqu’ils en disent ont pour certains des idées très proches du MoDem. Cela se voit d’ailleurs avec le fait que les écologistes ont accepté de se réunir dans quelques oppositions municipales avec les centristes, au niveau européen avec des propositions proches sans toutefois être identiques ou encore avec la défection de nombreux militants verts partis chez les démocrates. Phénomène qui se voit par le passage de Jean-Luc Bennahmias et de Yann Wehrling au MoDem. Passage qui s’est fait de leur propre chef puisque François Bayrou n’avait aucune fonction à leur proposer pour les acheter contrairement à Nicolas Sarkozy et l’UMP qui ont fortement utilisé le procédé.
Dans le même temps, alors Daniel Cohn-Bendit semble se poser lui aussi comme opposant farouche à Nicolas Sarkozy, on a pu le voir lors des interventions du président français au Parlement européen pendant la présidence française du Conseil de l’Union européenne, quitter sa place, remonter dans le haut de l’hémicycle pour éviter les caméras puis redescendre pour aller déclarer quelques douceurs au président français qu’il admire sur certains aspects. Le dernier épisode de l’attitude ambigüe de l’écologiste allemand étant l’encouragement prodigué aux verts italiens de s’allier avec Berlusconi alors Daniel Cohn-Bendit n’hésite pas à le critiquer dans les médias.


Conclusion.
On le voit, les positions sur le MoDem divergent et sont matinées de beaucoup d’hypocrisie que ce soit de la part des uns ou des autres. Force est de constater que dans l’histoire, le MoDem et François Bayrou sont en passe de réussir leur coup : à savoir faire parler d’eux et de leur programme alors que leur importance en termes d’élus est assez réduite. Sur ce point, il est intéressant de noter que le groupe centriste du Sénat qui regroupe des élus qui ne sont pas tous au MoDem a décidé d’apporter son soutien au MoDem dans la campagne des européennes pour ainsi lui offrir une tribune plus importante dans les médias.
Donc malgré le fait que les partis concurrents du MoDem essayent de le marginaliser, ils ne font que parler de lui. Une démarche qui, conjuguée aux succès de librairie de François Bayrou et d’autres personnalités, aboutit au résultat voulu par les démocrates qui est d’exister et de s’ancrer durablement et en importance dans la vie politique française à tel point que François Bayrou soit en train de se retrouver dans la position qu’il cherche à occuper depuis un moment, être la seule alternative crédible au président actuel.

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