Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

mardi 12 mai 2009

Le PS teste l’effet boomerang.



Le Parti socialiste est en campagne (si si !) et comme dans toute campagne a décidé de taper sur la concurrence. L’idée de tourner en dérision les autres partis en course pour le scrutin européen de Juin prochain via des spots humoristiques n’est pas propre à la France et il y a fort à parier que le Parti socialiste français s’inspire de la campagne d’affichage du SPD allemand.

Le PS a donc choisi le chemin de la dérision et de l’humour pour se distinguer mais surtout pour masquer son bilan au Parlement européen. Dans ses spots, le PSE, auquel appartient le PS, y ridiculise le PPE (Parti populaire européen), auquel appartient l’UMP et assimile dans l’un d’entre eux, le PPE et l’ADLE (Alliance des libéraux et des démocrates) dont le MoDem fait partie via l’EDP (Parti démocrate européen) en faisant comprendre au spectateur que l’ADLE et le PPE c’est la même chose. Chaque petit film se terminant par le message « L’Europe mérite des engagements clairs. ».


« L’Europe mérite des engagements clairs », chiche ?
Il est toujours amusant de constater que les critiques les plus simples sont souvent celles qui reviennent dans la figure de leurs auteurs. C’est ici le cas, le PS en voulant jouer à ce petit jeu est en train de découvrir l’effet boomerang. En effet, en insistant sur le fait qu’au final l’ADLE et le PPE c’est la même chose, le PS tente de faire passer le message MoDem = UMP, or rien n’est plus faux. Et même mieux, en tentant de faire avaler ça, le PS insiste sur ses propres faiblesses.

Petit rappel historique.
En 2004, le Parlement élu ne permet pas de dégager une majorité claire pour la gauche ou la droite, chacun des 2 camps même en comptant ses alliés ne parvenant pas à dominer le Parlement européen. Le PPE est donc le 1er parti, suivi du PSE et de l’ADLE, nouveau venu alors qui regroupe les libéraux (EDLR) et les démocrates (EDP). L’ADLE ne voulant pas s’arrimer à un camp ou au l’autre puisque venant juste de prendre son indépendance, il faut donc un consensus pour élire le président du Parlement européen.
Tandis l'ADLE soutenait la candidature de M. Bronisław Geremek, ancien ministre et ancien de Solidarnosc, le PPE (droite avec pour la France l’UMP) et le PSE (gauche, en France PS) soutiennent eux, un système arrangé avec une présidence découpée en deux, la première partie du mandat du président est dévolue au PSE avec l’élection de M. Josep Borrell (PSE - PSOE) puis au bout de sa partie de mandat, il a laissé la place à l'allemand Hans-Gert Pöttering (PPE - CDU). Ce partage entre le PSE et le PPE s’étendant aussi aux commissions parlementaires du Parlement européen.


Le PS et l’UMP c’est différent ce qui explique qu’à Strasbourg, 97% de leurs votes sont identiques.
Tout ceci loin de la séparation stricte et hermétique que le PS et l’UMP tentent de faire avaler aux électeurs français est largement fictive. Le PS et l’UMP via leurs partis européens respectifs loin de s’opposer vigoureusement, se sont littéralement partagé le pouvoir entre amis.

Autre élément à savoir le PPE et le PSE ont voté 97% de leurs textes ensemble, dont une bonne partie contre les autres groupes qui leur traditionnellement alliés. Ce partage du pouvoir entre le PSE et PPE aboutissait au système suivant. Lorsqu’un texte arrivait devant le Parlement européen, on cherchait un compromis entre le PSE et le PPE et le texte était approuvé. Tant et si bien que les autres groupes ADLE, Verts, GUE et autres n’avait pratiquement pas leur mot à dire. Dans les quelques rares cas où le PSE et le PPE n’étaient pas d’accord, c’est l’ADLE qui par son poids faisant pencher la balance d’un côté ou de l’autre suivant les modifications apportées aux textes soumis au Parlement européen.

Loin de la position claire qu’il tente de faire croire, le PS a donc un positionnement plutôt ambigu. Tandis qu’il dénonce les résultats de la majorité sortante d’un Parlement dominé à « 60% par la droite » dixit l’argumentaire PS alors même que la majorité sortante est composée du PSE et PPE, donc en critiquant le bilan de la législature sortante, le PS se critique lui-même. Mieux, il attaque très sévèrement son propre bilan.

« L’Europe mérite des engagements clairs » qu’ils disent ?
Je leur conseillerai de regarder la poutre qu’ils ont chez eux plutôt que la paille dans l’œil du voisin et de balayer devant leur porte.

3 commentaires:

Alcibiade a dit…

Clair net, rien à redire!

Unknown a dit…

Bravo ;-)

florian_germany a dit…

excellent ! Encore un truc que je vais reprendre