« C’est un gadin électoral. Ce n’est pas la mort du petit cheval non plus. »
On eu des difficultés comme toutes les formations politiques plus quelques unes qui nous ont été spécifiques. » Ainsi, commence l’explication de François Bayrou aux militants du Mouvement démocrate et à ses sympathisants qui se posent de nombreuses questions suite à l’échec électoral de ces européennes. François analyse les problèmes rencontrés, les facteurs qui ont fait basculer le vote sans pour autant oublier sa propre part de responsabilité dans l’affaire. Moment intéressant qui permet d’esquisser quelques pistes pour remettre le parti centriste dans le jeu politique.
Les problèmes.
François Bayrou reconnaît 2 problèmes.
1er problème : La sortie du livre « Abus de pouvoir » et le mélange national-Europe.
Le 1er: « Le succès inattendu du livre « Abus de pouvoir » a un peu écrasé la communication de campagne. Je l’ai sorti à ce moment là car je sentais que les français voulaient avoir des réponses à la situation actuelle. Il a porté la campagne presque jusqu’au bout car c’est les derniers jours que les attaques de nos adversaires (tous !) se sont concentrées sur ce point. »
Effectivement, si au début, j’ai pensé que ça nous faisait parler de nous, en fait, cela a détourné le message que nous adressions aux français. Tandis que nous avions un important travail de fond et que nous tentions de parler d’Europe, ce livre nous ramenait brutalement sur le terrain national et focalisait l’attention sur la critique anti-sarkozyste et l’ambition présidentielle de François Bayrou dont il ne s’est jamais caché. Le problème est que parmi les personnes qui sont allées voter, il fallait parler d’Europe sans vouloir à tout prix rattacher cela au niveau national.
2ième problème : L’incident avec Daniel Cohn-Bendit sur France 2.
Le 2ième problème : « L’incident avec Daniel Cohn-Bendit dont je suis responsable et qui a provoqué une vague de polémique. Je le regrette au niveau de la sensibilité des gens qui ont estimé que cela ne me ressemblait pas. »
S’il regrette l’incident sur la forme, François Bayrou ne regrette pas les valeurs qu’il a exprimé lors de cet incident qu’il dit venir du fond de lui-même. Je ne connais pas le livre en question de Daniel Cohn-Bendit, je me garderai donc bien de faire un commentaire sur celui-ci. Toutefois, il ressort une chose de cette polémique. Alors que François Bayrou représentait la personnalité politique qui s’écartait des bassesses traditionnelles de la politique, un certain nombre de français ont jugé que les attaques personnelles qu’adressait François Bayrou à Daniel Cohn-Bendit qu’elles soient justifiées ou non, n’étaient pas à la hauteur de ce qu’ils espéraient. Parmi eux, nombre de personnes qui s’étaient décidés à voter MoDem et qui finalement ont voté Europe-Écologie estimant selon les propos d’un sympathisant « qu’une alternative crédible s’offrait [à nous] ».
« Cette polémique a empêché le débat européen d’avoir lieu et qui nous a coûté. Il y a 2 autres causes hormis le film qui a été mis en place avec ostentation par l’État. Ça été un vote qui permettait d’exprimer un geste civique pour la planète et c’était un moyen de refuser s’engager dans le combat des formations politiques entre elles qui avait été ressenti en dehors de la polémique sur France 2, ressenti comme lamentable. C’était une manière de protester plus de faire un geste pour la planète plus une partie d’idée et de nécessités. Et tout le monde en dehors de l’UMP a été frappé durement. »
Je ne partage que partiellement ce qu’avance ici François Bayrou. Le vote pour Europe-Écologie est certes l’expression d’une volonté de se donner bonne conscience pour une partie de l’électorat mais aussi un vote qui traduit l’importance pour les français des enjeux environnementaux. Oui, le film a eu son impact mais comme l’a souligné Corinne Lepage à plusieurs reprises, nous pouvions le prévoir et offrir des alternatives. Notre programme et les réflexions qui ont été les nôtres ont suffisamment montré que nous étions souvent pour écolos que les Verts, malheureusement à cause d’une mauvaise communication et de la sous-utilisation d’Internet dans la campagne électorale au niveau national, nous n’avons pas réussi à le faire passer. C’est dommage.
« Ça ne créé pas pour autant pour l’avenir de bouleversements dans le paysage politique français tel qu’il s’est mis en place parce que les européennes, ce n’est pas une élection comme les autres. C’est un évènement électoral regrettable, je porte ma part de responsabilité et en même temps, il y aura des lendemains. »
Là-dessus, je suis entièrement d’accord, les élections européennes ne sont pas perçues par les électeurs comme une élection comme les autres. A la suite de la défaite électorale qui a été la nôtre ce dimanche, j’ai consulté ici et là, de nombreux sympathisants et amis qui pour certains sont proches du Mouvement démocrate. L’une d’elle m’a dit texto « En même temps, c’est les élections européennes, c’est différent, on ose plus. On vote plus pour une idée [que pour des hommes] ». Ces quelques mots suffisent à traduire, la perception très spécifique qui est celle de nos concitoyens. L’Europe c’est différent donc on vote de façon un peu utopique voir idéaliste.
Les pistes pour s’en sortir.
« « Quand on tombe de cheval, il faut remonter sur le cheval ». C’est pour ça que j’ai dit que c’était un gadin. Il n’y a rien dans tout cela qui change nos valeurs et nos idées pour l’avenir. A nous de mieux les exprimer. »
Effectivement et c’est à cela que nous nous attelons déjà en repensant complètement les outils et les moyens engagés par le Mouvement Démocrate sur Internet, ainsi que sa méthode pour mener une campagne électronique.
Dans un poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme mon fils », François Bayrou cite « Si tu peux accueillir triomphe après défaite, et recevoir c’est 2 menteurs d’un même front. »
« Les deux sont un menteur. Il faut éviter l’emballement de l’une comme la chute de l’autre. »
S’il faut évidemment ne pas tomber dans les excès, il faut se rendre à l’évidence, nous n’avons pas fait ce qu’il fallait pour gagner la confiance de nos concitoyens. Ajoutons à cela que les médias dont la télévision publique ne nous ont pas traités correctement contrairement aux Verts et l’on ne peut que mesurer le chemin qui
La question des alliances.
L’alliance avec les socialistes et les Verts européens, c’est une question que beaucoup se posent suit à cet échec. Pour nombre d’entre nous, partir seuls revient au suicide et nous condamnerait pour la présidentielle de 2012. La question des alliances est donc importante pour nombre de militants et sympathisants. François Bayrou répond lui les potentielles alliances au Parlement européen avant d’aborder la question des régionales.
Sur la reconduction de Barroso.
« La Commission européenne a-t-elle joué son rôle ? Non.
A-t-elle été suffisamment indépendante ? Non.
A-t-elle été à la hauteur de la crise ? Non.
A-t-elle joué son rôle d’impulsion comme du temps de Delors ? Non.
Il faut donc la changer avec une personnalité qui a la volonté d’affirmer l’intérêt général européen plus que José Manuel Barroso ne l’a fait. Et pour cela il y a un moyen simple, il faut réunir tous ceux qui sont contre la reconduction de Barroso. »
Pour information, le MoDem via le Parti démocrate européen a proposé la candidature de Guy Verhofstadt à la présidence de la Commission européenne, ou alternativement celle de l’ancien commissaire européen Mario Monti.
La gouvernance au sein du Mouvement démocrate.
« On en a discuté longuement (lors du bureau exécutif) et nous avons pris un certain nombre de décisions. Il faut que tout le monde puisse s’exprimer. »
Répondant à une demande forte de la part des militants, François Bayrou rappelle la réflexion en 3 temps adopté par le bureau exécutif du MoDem lors de la réunion du Mardi 9 Juin 2009 :
« 1er temps. Réunion dans chacun des mouvements départementaux.
Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il faut éviter que la défaite se transforme en décomposition. Il faut rester uni.
Ensuite, dernière semaine de Juin, réunion régionale pour éviter les invectives.
Puis Conseil national, le 4 Juillet. »
Sur la collégialité.
« On dit collégialité : oui. Le 1er à s’en plaindre c’est moi surtout aux débuts de la construction du MoDem. On était peu nombreux à travailler 24h/24. On a fait élire une équipe de députés européens avec des députés qui pourront s’exprimer sur les plateaux sur des sujets qu’ils sont compétents. JFK qui va jouer un rôle dans notre réflexion. Cela fait une équipe capable de porter la parole ce qui est une bonne nouvelle. Toutes les idées justes doivent être bonnes à prendre. C’est à cela que nous avons réfléchi pour construire une équipe plus large, plus diversifiée avec des gens qui occupent vraiment leurs responsabilités. L’élection fait qu’ils vont maintenant s’imposer dans le débat politique français. »
Effectivement, il faut diversifier les têtes d’affiche qu’envoie le MoDem dans les différents débats et émissions politiques et à ce titre, il est essentiel que les nouveaux députés européens élus y prenne leur part. Mais il faut reconnaître qu’hormis le duo François Bayrou-Marielle de Sarnez, il était très difficile auparavant pour les personnalités déjà présentes d’émerger comme Corinne Lepage ou encore Jean-Luc Bennahmias.
Les interrogations sur les régionales.
« La 1ière chose à faire c’est réfléchir à la stratégie. A partir de Septembre, nous aurons un groupe de travail conformément à nos statuts qui va réfléchir à la stratégie, au profil des candidatures et voir où nous arrivons. J’avais dit avant cette élection. Autonomie dans toutes les régions françaises. C’est semble-t-il vers quoi ça nous conduit naturellement mais s’il y a des réflexions, on les contiendra.
Mais, il n’est pas question de jouer en ordre dispersé. Chaque région décidant de son côté. Nous aurons une réflexion d’ensemble. C’est l’ensemble du mouvement qui va élaborer sa ligne et la respecter. »
Les régionales sont un sujet important, et le MoDem doit s’y prendre rapidement. Mais Septembre, c’est bien trop tard, cela nous laissera très peu de temps pour lancer la campagne. Nous devons démarrer plus tôt d’avoir suffisamment de temps pour faire une bonne campagne. Enfin, il faut souligner l’importance que François Bayrou attache à une position unique au niveau national. Si à la limite, une politique au cas par cas pouvait être envisagé dans le cadre des municipales, il n’est pas possible de rééditer cela lors des régionales au risque de perdre complètement le contact avec les électeurs qui auraient l’impression que le MoDem ne sait pas où il va. Avec qui alors ? La question reste posée.
4 commentaires:
Si on prend les 3 premiers des listes (et même d'autres, on a une belle réserve ) on a une superbe équipe.
De plus, le Mouvement Démocrate est un parti de militants.
A propos de la collégialité, F. Bayrou a également dit ceci, vers 14' :
"Nous avons été trop nombreux à porter les 1ers mois, les 1ères années du Mouvement : beaucoup de gens à l'extérieur qui regardent, assez peu à l'intérieur qui travaillent. Et, comme vous le savez, on était très peu à travailler 24h/24. J'espère que cela va changer".
Personnellement (et certainement bon nombre de militants qui se sont impliqués plus que moi), je prends cela comme une "gifle"... ou dois-je conclure que son "1er cercle" faisait écran, lui masquait les réalités du terrain???
Mais il nous faut cependant "remonter la pente".
Correction au message précédent :
Lire "... trop peu nombreux..." en lieu et place de "... trop nombreux...".
Avec mes excuses
Ce que François Bayrou veut dire c'est parmi les personnes qui le critiquent le plus durement, certains n'ont pas beaucoup agis dans ce qu'ils dénoncent maintenant. Ce n'est pas totalement faux.
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