Après la faible mobilisation syndicale de samedi dernier et suite au résultat réalisé par la majorité présidentielle lors des élections européennes de la semaine dernière, il aurait été étonnant que le gouvernement ne fasse pas une sortie sur le thème social, se sentant en apparence confirmé dans son attitude alors même que tous les indicateurs montrent qu’une très large majorité des français désapprouve la politique sociale et économique du gouvernement. Le gouvernement et le président de la République tentent donc lancer une nouvelle initiative qui a pour but d’un côté de rassurer l’électorat de droite en donnant l’apparence que le gouvernement maintient le cap et ensuite de l’autre de continuer à jouer la politique du pourrissement afin de pouvoir faire passer tout ce que le président souhaite en profitant ainsi de la lassitude des gens devant l’absence de réaction à leur mécontentement. Si toutefois l’attitude du président et du gouvernement et leurs motivations sont peu louables, il semble intéressant de voir de plus près la proposition mise sur la table.
Repousser l’âge de la retraite. Pourquoi ?
Le gouvernement propose de discuter du fait de repousser l’âge de la retraite, mais pourquoi faire ? A l’évidence et le Premier ministre ne le cache pas, c’est avant tout pour combler le déficit de la branche retraite de la sécurité sociale. Si la vision strictement comptable du gouvernement qu’il applique aussi n’est pas celle qui doit prévaloir. Ainsi pour l’hôpital, cette vision comptable aboutit à supprimer des emplois alors que les services hospitaliers sont en manque criant de main d’œuvre. Encore une fois, ces motivations ne sont pas bonnes. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, le vieillissement de la population pose nécessairement la question de l’âge du départ à la retraite. Si la France a plus de temps que ses voisins pour se préparer à cela puisque sa natalité lui permettra de faire face à terme à cette question.
Cependant durant quelques années, où la population active ne permettra pas d’atteindre une charge soutenable pour les cotisants, la question se pose. La plupart de nos voisins européens n’ont pas une natalité aussi forte que la notre et ont déjà repoussé l’âge de la retraite à 65 ans minimum voir à 67 ans pour l’Allemagne et même 68 ans pour le Royaume-Uni. Et même si l’aspect financier ne doit pas être primordial, il doit tout de même être pris en compte afin d’éviter que la charge pesant sur ma classe d’âge (celle des 20-30 ans actuelle) ne soit pas étranglée par les cotisations sociales.
Mais repousser l’âge de la retraite n’est pas la solution miracle et suppose de résoudre d’autres problèmes au préalable.
Les problèmes soulevés par la retraite à 67 ans.
Repousser l’âge de la retraite à 67 ans, ce n’est pas une action sans conséquence. Cela veut dire que les travailleurs ne pourront prétendre à une pension de retraite à taux plein qu’à 67 ans. Plusieurs problèmes se font dès lors insistants.
La prise en compte de la pénibilité du travail.
C’est un serpent de mer mais il doit être discuté. Un ouvrier du bâtiment qui passe des années à porter des objets lourds et respirer une atmosphère poussiéreuse ne pourra travailler aussi longtemps qu’un cadre dans un bureau ou pour le secteur qui me concerne qu’un avocat qui en dehors de son activité donne des cours de droit. Cet élément est important car il prend en compte le fait que nous ne sommes pas tous égaux devant le travail.
Le maintien au travail après 60 ans.
C’est bien beau de vouloir repousser l’âge de la retraite mais il faut aussi pouvoir maintenir ces personnes au travail. Si une personne passée 60 ans ne peut pas toujours effectuer le même travail qu’un jeune, il dispose de compétences reconnues et d’une expérience qui est source de valeur pour les entreprises. Il convient donc d’aménager les postes de travail, le temps de travail ainsi que ce qui est demandé à cette catégorie de travailleurs. Au lieu de mettre les personnes au placard ou de ne pas les embaucher, on peut les affecter à des emplois où précisément on a besoin de cette catégorie de population. Si la population active vieillit, c’est toute la population qui vieillit en général.
Ainsi, les personnes âgées déjà en retraite préfèrent parfois avoir à faire à des employés qui comprennent leurs problèmes. On peut aussi penser à accélérer la transmission des expériences et des savoirs. La transmission des expériences et savoirs des personnels âgés aux jeunes permet aux entreprises d’améliorer à peu de frais la productivité et l’efficience de leur main d’œuvre. A une époque où l’on sait que la main d’œuvre va se raréfier et où la nécessité d’une formation continue est importante, il convient de ne pas l’oublier.
Bilan.
Si l’idée de repousser l’âge de la retraite ne doit pas faire l’objet d’un anti-sarkozysme primaire au MoDem, cela pose nécessairement d’autres problèmes aussi importants voir même plus. Dans ces conditions, il est important d’avoir un dialogue constructif avec les partenaires sociaux et de s’y tenir. L’opposition systématique est stérile mais le dogmatisme aussi. Le gouvernement qui avait dans un 1er temps laissé le choix aux partenaires sociaux de s’entendre avant d’imposer une solution dogmatique dans une situation similaire, devrait s’en souvenir.
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2 commentaires:
La retraite... c'est à cause de ce sujet que je suis rentrer à l'UDF à l'âge de 16 ans...
C'était il y a quelques années, Mitterand était président et venait d'abaisser à des fins électoralistes et contre toute logique le nombre d'annuités...
Un de mes professeurs, socialiste, responsable de section et simplement responsable s'en était alors inquiété auprès de moi, représentant impliqué d'une génération "qui allait souffrir" selon ses prémonitions... m'alertant par là même de la problématique...
Le principe de financement des retraites français est un système mutualiste... donc qui ne devrait pas connaitre de déficit, si il manque de l'argent on doit remettre au pot... et là il n'existe que deux option:
- augmenter le montant des cotisations
- augmenter le nombre de versements...
OUI, il y a là un vrai sujet de débat... le problème c'est que ceux qui ont créé cette dette sont aujourd'hui retraité et que personne n'ira leur demander de remettre au pot !
Cela fait 1/4 de siècle que le sujet est urgent... en attendant on se met des oeillères et surtout on fait tout pour que ce soit l'autre qui paye l'addition... et l'autre ce sont les "forces vives" de la nation, les 25-45 ans, frappés par le chômage, les salaires à la baisse, les loyers à la hausse, l'inéquité de la fiscalité...
En revanche je ne crois pas qu'il faille parler d'âge mais de nombre d'annuités. Les calculs d'équilibre estimaient, du temps de mon adolescence, à 46 annuités les contributions nécessaires; Laurence Parizot a, l'année dernière, annoncé que l'équilibre pourrait être atteint avec 43 annuités...
Il me semble normal que le gars qui est entrer à la chaîne chez PSA à 17 ans, prenne sa retraite à 59 ans et que le médecin qui aura bénéficié d'un certains confort de vie somme toute, ne la prenne qu'à 69 ans... il n'y a rien d'injuste là-dedans. L'ÉQUITÉ c'est cela.
Sur mon blog (http://pointdevue.lesdemocrates.fr) vous trouverez également le point de vue de Robert ROCHEFORT, Eurodéputé MoDem, sur le sujet...
Il est temps d'être responsable. Assumons le débat, il y a urgence.
Au sujet des retraites Monsier Fillon dit "pas de tabou". Cela me glace le sang... cette expression me fait toujours penser à Fourniret... Il y a bien des interdictions, des points intangibles et fermes, des balises immuables : les principes même de la solidarité sociale...
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