Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

vendredi 31 juillet 2009

Bureau exécutif, un élargissement restreint et décevant.

Enfin ! Le bureau exécutif du Mouvement démocrate a été élargi. Alors que l’élargissement devait être fait dans la semaine qui suivait le bureau exécutif du 07 Juillet 2009, soit le 14 Juillet au plus tard, celui-ci n’intervient donc que le 29 Juillet 2009 et a donc 15 jours de retard. Alors que le temps est une denrée rare du fait de la proximité de la date des élections régionales, on aurait pu se passer de ce retard malvenu. Quoiqu’il en soit, c’est la 2e décision des 9 décidées par le Conseil national du 04 Juillet dernier qui semble être respecté et qui l’est au moins sur le plan formel car dans les faits, cet élargissement n’en est pas vraiment un car la collégialité promise est surtout de façade.


Des décisions qui sont appliqués tardivement.
Ces nominations semblent valider la 1ière décision du Conseil national du 04 Juillet 2009 dont le compte-rendu précisait « 1- Élargissement du Bureau Exécutif avec des responsables de terrain élus et non élus, qui sera effectué dans la semaine du 11 juillet ». Sur la forme, la décision a été prise puisque effectivement le Bureau exécutif a été élargi à des personnes élus et non élus. Mais, comme je viens de le préciser, celui est intervenu avec un retard d’environ 2 semaines sur le calendrier prévu. On pourrait considérer que c’est un simple écart qui ne prête pas à conséquence mais vu la situation difficile dans lequel est notre mouvement, la rapidité et l’efficacité s’impose et ce retard confirme que long sera le chemin dans l’application des décisions du Conseil national du 04 Juillet.

Certains se demandent en quoi ce retard « confirme un écart », il s’agit pourtant de la 1ière décision appliquée, non ?

En fait, pas vraiment sur les 9 décisions votées par le Conseil national, une autre a déjà été mise en place laborieusement. Il s’agit de la 8e décision qui valide la publication d’un ordre du jour avant et d’un relevé de décision après chaque bureau exécutif. Pour les 2 Bureaux exécutifs qui ont suivi le Conseil national du 04 Juillet (les bureaux du 07 et du 21 Juillet), les 2 ont été publiés en même temps donc après la tenue de ces bureaux. Ce n’est que pour le 3e bureau suivant ce Conseil national que l’ordre du jour a été publié avant le tenue de la réunion et non après dont on attend toujours le relevé de décisions soit dit en passant alors que celui-ci s’est tenu le 28 Juillet.

Il s’agit donc après le 1er retard subi au niveau de la publication (acte plutôt simple dont on peut raisonnablement penser qu’il n’exige pas de conditions spéciales pour être mis en œuvre) du 2e retard avéré dans l’application des décisions du Conseil national. Bien sûr, ce temps supplémentaire pour nommer les nouveaux entrants a peut être été mis à profit mais tout de même.


L’élargissement en lui-même.
Si on regarde dans le détail comment s’est déroulé cet élargissement, on peut y déceler aussi des signes inquiétants pour la constitution des listes de notre mouvement pour les régionales. Inquiétant, car cet élargissement, et c’est ainsi qu’il a été présenté lors du Conseil national du 04 Juillet, n’a pas vraiment respecté l’esprit dans lequel il a été voté. Après l’échec du MoDem lors des élections européennes, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer plus de collégialité et c’est dans cette optique que Corinne Lepage, les Promoteurs et bien d’autres ont demandé un élargissement du bureau exécutif, qui est l’instance exécutive du MoDem. Il a pourtant été bien peu évoqué ailleurs que lors du Conseil national, qui plus est de façon assez brève. En effet, lors du Conseil national, il avait simplement été mentionné que les personnes qui souhaitaient intégrer le bureau exécutif pouvaient candidater. En dehors de cette précision verbale, aucune publicité n’a été faite pour que les éventuelles personnes intéressées puissent candidater. Difficile donc de se porter candidat quand on ignore les conditions mêmes pour candidater et à qui adresser sa candidature.

Attardons-nous toutefois sur les nouveaux entrants.


Les nouveaux membres du Bureau exécutif.
Il y a 10 nouveaux entrants au bureau exécutif. Qui sont-ils ? Revu de détail.

Jean-Marie BEAUPUY, 66 ans, ancien député européen.
C’est un spécialiste des collectivités locales et des relations qu’elles entretiennent avec l’Union européenne. Tête de liste dans la grande région du Centre, il n’a pas été réélu lors des élections de Juin dernier. Il se murmure que si Quitterie Delmas n’avait pas refusé l’investiture que lui avait proposé François Bayrou, il n’aurait d’ailleurs été qu’en deuxième position si cette liste du Centre avec la certitude de ne pas être élu. Le mauvais score du MoDem a donc fermé la route à un renouvellement de son mandat européen.

Geneviève DARRIEUSSECQ, 53 ans, médecin, maire de Mont-de-Marsan et conseillère régionale de la région Aquitaine.
Elle a été candidate sur la liste MoDem du Sud-Ouest en 4e position.

Fabienne FAURE, 52 ans, conseillère régionale de Rhône-Alpes et conseillère municipale de la commune de Ferney-Voltaire.
Elle a été candidate en 2e position sur la liste MoDem du Sud-Est. J’ai pu la rencontrer en marge de la Conférence nationale de Mai 2009. C’est une personne très ouverte et qui bien le terrain.
Elle est aussi présidente du groupe Mouvement Démocrate au Conseil régional de Rhône-Alpes et conseillère de la communauté de communes Pays de Gex.

Sylvie GOULARD, 44 ans, députée européenne.
Élu en Juin dernier dans la région Ouest, elle est présidente du Mouvement européen France dont elle s’est mise en retrait en attendant qu’une décision soit prise quand à son maintien à cette fonction. J’ai pu la rencontrer plusieurs fois et échanger avec elle quelques propos. Compétente, elle s’exprime très bien et arrive à vulgariser le discours européen. C’est aussi une personnalité ouverte à toute initiative qui pourrait améliorer les choses. Elle sera un atout très précieux pour les années qui viennent.

Rosalie KERDO, 42 ans, cadre de l’inspection du travail de la Drôme, conseillère municipale à Bourg-les-Valence et présidente du MoDem de la Drôme.
Aussi élue conseillère nationale, c’est une personne qui semble à l’écoute sur le terrain. J’avais eu l’occasion lors de la 1ière convention thématique de la campagne de la prendre en photo avec une certaine … Éva Joly qui est ensuite passée chez les Verts.
Elle a eu l’occasion de prendre la parole lors du Conseil national du 04 Juillet. Elle a soulevé les nombreux problèmes logistiques insistant notamment sur le délai parfois très importants dans l’acheminement des tracts. Toutefois, pour justifier ses prises de position les plus osées, elle s’est défaussée en citant les paroles prononcées par les militants de la Drôme. Un manque de courage qui tempère largement des prises de positions souvent trop consensuelles.
Elle était candidate en 10e position sur la liste MoDem du Sud-Est lors des élections européennes.

Fadila MEHAL, 55 ans, présidente-fondatrice des Mariannes de la diversité.
Candidate en 3e position sur la liste MoDem en Ile de France aux élections européennes, elle est très engagée dans le milieu associatif. Compétente mais manquant singulièrement de charisme, de nombreuses personnes de la communauté maghrébine dont elle est issue, la disent peu représentative. Selon plusieurs sources concordantes, son objectif principal serait d’être élue conseillère régionale d’Ile de France et pourrait obtenir une place éligible grâce l'entremise de Marielle de Sarnez.

Thierry ROBERT, 32 ans, maire de Saint-Leu, conseiller général de la Réunion.
Il a été candidat pour la Réunion en 7e position lors des dernières élections européennes sur la liste « Outre-mer solidaire ».

Robert ROCHEFORT, 54 ans, député européen et président du CREDOC.
Sociologue, c’est un spécialiste de l’étude des modes de vie des Français. Il était tête de liste dans le Sud-Ouest lors des dernières élections européennes.

Rodolphe THOMAS, 46 ans, maire d’Hérouville Saint-Clair, conseiller général du Calvados.
C’est le seul qui n’ait pas été candidat aux dernières élections européennes. Il a cependant accueilli dans sa commune la convention européenne se tenant dans la région Nord-Ouest sur l’Europe sociale.

Yann WEHRLING, 38 ans, graphiste et ancien secrétaire national des Verts.
Candidat en 3e position sur la liste MoDem aux côtés de Jean-François Kahn et de Nathalie Griesbeck, il fut un des rares à tempérer l’enthousiasme dont beaucoup faisait preuve lors de la campagne et notamment lors de la conférence nationale de Mai 2009 à Paris. Par ses prises de position et la qualité de ses interventions, il sera un élément essentiel pour remettre sur les rails le Mouvement démocrate.


Une collégialité accrue marginalement.
Ainsi, sur les 10 nouveaux membres du Bureau exécutif, ils sont 9 à avoir été candidats lors des dernières élections européennes. Aux vues du mode très critiqué de constitution des listes pour les élections européennes et étant donné les conditions de leur nomination, on peut sérieusement douter de la volonté de François Bayrou de réellement instaurer une vraie collégialité au sein du Bureau exécutif. Sur les 10, il y a 7 élus et seulement 3 non-élus alors que les nombreuses contributions pour le Conseil national du 04 Juillet avaient insisté sur la nécessité de mieux prendre en compte les attentes des militants, c’est une vraie déception que de voir aussi peu de personnalités non-élues.

Ensuite, sans faire de jeunisme, la moyenne d'âge des nouveaux entrants est de 48,1 ans. Certes, la jeunesse n'est pas un argument en soi, mais tout de même ! On ne peut prétendre changer les choses, les moderniser, être à l'écoute des jeunes sans les intégrer dans les instances de décision. Bien sur, Franck Faveur siège au bureau exécutif en tant que président des jeunes démocrates mais je pense qu'introduire des jeunes motivés et qui travaillent dur au niveau militant aurait été un plus pour introduire des concepts et des idées novatrices.

Autre élément qui montre que l’élargissement ne remplit pas son office d’instaurer une plus grande collégialité, la plupart des personnes nommés sont connues pour leur consensualité. Les personnes qui travaillent activement ou qui ont soulevés les problèmes n’ont pas été intégrées au bureau exécutif. Il n’y pas de vraie personnalité qui pourrait taper du poing sur la table et ait le courage quand la situation l’exige de dire ce qui ne va pas.

Christophe Ginisty, qui a lancé les Promoteurs, soulevant les problèmes essentiels avant le Conseil national et a eu des échanges très vifs avec François Bayrou, n’a pas été nommé au bureau exécutif alors que cela aurait été un signal fort. Pas plus de signe non plus de personnalité tel que Virginie Votier du collectif Générations Engagées ou encore Christelle de Crémiers de Valeurs démocrates. Il aurait pourtant été intéressant d’intégrer ces personnes qui par la réflexion que celles-ci mènent et la richesse que cela apporte au projet démocrate.


Conclusion.
Encore une occasion ratée de changer les choses. François Bayrou en voulant verrouiller les choses au maximum, perd une chance de prendre les mesures qui s’imposent pour remettre le MoDem sur les rails pour les régionales. En intégrant des personnalités qui ont soulevé les problèmes et qui en quelque sorte symbolise aux yeux des médias des « courants », il aurait au minimum calmé la contestation interne et au mieux aurait pu réorienter le MoDem dans une nouvelle direction. Le couple François Bayrou-Marielle de Sarnez doit absolument lâcher un peu de lest et mieux prendre en compte les demandes en interne au risque de courir vers un nouveau désastre électoral alors même que l’idée d’un positionnement politique démocrate, progressiste en dehors du classique clivage gauche-droite, gagne du terrain. Quelle solution alors ?

Les statuts du MoDem imposent que l’élargissement du bureau exécutif soit soumis au vote du Conseil national, il convient donc que le prochain Conseil national rejette ces nominations pour qu’une réelle collégialité avec un appel à candidatures soit fait dans les règles. En entérinant ces nominations, le Conseil national avaliserait une collégialité de façade qui ne prend pas en compte ce qui a été voté le 04 Juillet, mais surtout qui avaliserait une gestion à peine retouchée au niveau interne.

Cet élargissement ne produira pas les effets escomptés. Une situation plus que problématique qui montre que beaucoup reste à faire et que les Promoteurs et d’autres ont encore du pain sur la planche.

1 commentaire:

Christophe Ginisty a dit…

Bravo pour cette note que je trouve argumentée et tout à fait juste.