Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

jeudi 10 septembre 2009

Régionales, ça s'annonce mal !

Ce n'est un secret pour personne, les élections régionales s'annoncent difficiles pour le Mouvement démocrate. Difficiles car après l'échec des élections européennes, qui a suivi des résultats en dessous des attentes mais somme toute pas si mauvais en 2008, les démocrates se cherchent.

Le discours de Marielle de Sarnez à Marseille devant le courant de Vincent Peillon a provoqué un tollé chez les militants qui y ont vu une véritable déclaration d'amour aux socialistes. Le discours de François Bayrou qui sans surprise soutient sa vice-présidente et collaboratrice de toujours est donc inquiétant. Bien qu'immédiatement suivi par une offre de dialogue à l'ensemble des progressistes, ce positionnement décidé à deux au début du mois d'Août qui vise clairement à présenter une position de centre-gauche et à devenir PS-compatible ne passe pas chez les militants démocrates et cela crée un climat explosif. Certes, le discours de François Bayrou a calmé les choses en élargissant l'horizon. Mais ne nous y trompons pas, c'est clairement le PS qui est en ligne de mire. Les verts d'Europe-Écologie sont pour une large part ignorés malgré le fait qu'ils semblent avoir la capacité de réellement s'installer dans le paysage politique français.


Corinne Lepage, le rayon lumineux de la boîte de Pandore ?
Les personnes connaisseuses de la mythologie antique connaissent l'histoire de Pandore qui ouvrit la fameuse boîte dans laquelle étaient enfermés tous les malheurs du monde. Au fond de la boîte en question, il restait un rayon de lumière qu'on appelait espoir.
Le discours de Corinne Lepage a été ce rayon de lumière au milieu de l'immense boite noire ou plus simplement dans le flou vers lequel on s'avance jusqu'au Congrès d'Arras de Décembre 2009.

En quoi ? Cela peut paraître un peu optimiste mais il rappelle l'importance de la question environnementale et du rôle important que les démocrates ont à jouer dans la société qui s'annonce et dans laquelle nous avons déjà commencé bien que très marginalement à entrer. Pour avoir suivi Corinne Lepage lors de la campagne des européennes et avoir assisté à presque tous les meetings depuis que le MoDem existe, je me rends compte que malgré l'importance de cette question, François Bayrou et Marielle de Sarnez la sous-estime. L'échange que j'ai pu avoir avec notre vice-présidente lors de la campagne des européennes était d'ailleurs révélateur.

Les signes avant-coureurs de l'ampleur de la catastrophe.
Comme je l'ai dit plus haut, les démocrates s'attendent à de mauvais résultats, leur seule interrogation est de connaître l'ampleur du désastre. Bonne ou mauvaise chose, les premiers sondages sur les régionales commencent à faire leur apparition. Cette fois, c'est le quotidien régional rhodanien Le Progrès qui s'y colle et reprend un sondage commandé par le magazine Mag2Lyon pour la région Rhône-Alpes. Bien que le sondage ne porte que sur 800 personnes et ne soit donc pas correctement construit, il donne une première impression.

La région Rhône-Alpes est d'ailleurs intéressante car c'est un des berceaux des démocrates comme les Pyrénées-Atlantiques ou le Nord. Si la victoire potentielle du président socialiste sortant J.-J. Queyranne ne surprend pas plus que l'arrivée en tête de la liste de la majorité, ce sont surtout les résultats des autres qui sont intéressants. Les verts d'Europe-Écologie sont annoncés à 20% suivi des démocrates et du Front national qui tournerait entre 7% et 9% chacun. En prenant en compte la marge d'erreur, on arrive à un score maximum pour le MoDem de 12% ce qui est bien peu. Et il est possible que le MoDem ne puisse se maintenir même s'il le décidait. Quand à une possible alliance avec le PS, encore faudrait-il qu'il ait besoin de nous. Chose qui n'est pas certaine du tout. Bien sur, une fusion avec les listes du PS au 2nd tour nous permettrait de conserver quelques sortants mais ne nous leurrons pas, c'est Europe-Écologie qui rafflera le pactole laissant aux démocrates des miettes.

Du coup, se pose clairement la question suivante : ne devrions-nous pas faire alliance dès le premier tour ?
François Bayrou a réaffirmé avec force que nous serions indépendants et les militants échaudés par la déclaration de Marielle de Sarnez à Marseille sont d'ardents défenseurs de ce positionnement. Donc, sauf surprise de dernière minute, ce sera l'indépendance. Pourtant, malgré son importance toute relative, il y a un coup à jouer. Daniel Cohn-Bendit a réaffirmé son intérêt à dialoguer avec le MoDem plutôt qu'avec les socialistes. L'idée est de faire d'Europe-Écologie, une force capable de s'imposer devant le PS. Oh pas partout et dans le Nord-Pas-de-Calais, la chose sera d'ailleurs peu probable mais il suffirait de quelques régions pour faire basculer le rapport de force. Dans cette optique, Daniel Cohn-Bendit pour faire un coup d'éclat pourrait faire quelques pas supplémentaires en direction des centristes pour rallier l'électorat démocrate.

En termes économiques, on parle de capacité marginale. Or, comme toute capacité marginale supplémentaire, il faut pour l'obtenir être capable de pouvoir en payer le prix. Le MoDem ne devrait-il pas mettre à son profit, la maxime suivante : "Diviser pour mieux régner" ? Cette hypothèse se pose clairement mais nécessite une décision rapide et malheureusement, François Bayrou semble avoir laissé passer cette chance en faisant plutôt quelques pas de danse devant les socialistes.

7 commentaires:

florian_germany a dit…

Très bon article malgré 2-3 fautes d'orthographe ;)
Je suis tout à fait d'accord et ai un communiqué du MoDem Allemagne en préparation.

Bayrou et MdS savent tout ca.
Soit on choisit l'autonomie et on se prend une raclée synonyme de fin des festivités pour notre Mouvement qui sera relégué au rang de parti croupion.
Soit on part au 1er tour avec le PS et le MoDem explose, car beaucoup partiront et moi le premier. Je n'ai pas quitté les sphères socialistes pour les retrouver.
Soit on part avec Europe Ecologie au 1er tour, ce qui correspondrait à ce que nous avons toujours voulu, c'est-à-dire créer une 3e voie hors du duopôle UMPS, mais cela nécessiterait un accès d'humilité notamment du chef. Et je ne sais pas si les troupes y seraient prêtes.
Je n'ai pas la clé. Il est fort probable que le MoDem ne survive pas à 2010. C'est très fâcheux et horriblement confus.

Orange pressé a dit…

C'est corrigé !

L'autonomie, ça signifie un désastre électoral supplémentaire avec les conséquences potentielles que le MoDem ne puisse pas ou plus peser sur le débat politique. Pour autant, cela s'envisage dans le cadre d'une candidature de François Bayrou pour 2012. Il pourra alors dire qu'il n'a pas renoncé à ses convictions pour des places. C'est un coup de poker mais les risques sont très élevés.

L'alliance de 1er tour entre le PS et le MoDem signifierait le départ de la moitié des effectifs du Mouvement Démocrate et sa disparition du paysage politique puisque son positionnement historique, c'est l'indépendance.

Si on choisit de partir avec Europe-Écologie, on peut justifier ce positionnement par un renforcement de notre indépendance puisque l'on peut le justifier par un regroupement des forces progressistes qui veulent sortir du système actuel.

La question de la survie du MoDem, j'en parle depuis un bon moment et malheureusement oui elle est en question.

Isabelle Resplendino a dit…

Vous oubliez seulement que les écologistes ne veulent pas d'alliance au 1er tour, ni avec le MoDem, ni avec le PS.
Ils se voient plus rivaux qu'alliés. En ce sens, l'on pourrait dire que ce qui les arrange arrange l'UMP et vice-versa (enfin dans la situation actuelle).
Arrêtez de rêver : à par DCB, les écolos ne veulent pas de nous, EE c'est les verts et quelques quidams, qui espèrent refaire leur one-shot de juin, combien de fois faudra-t-il le dire ?
Par contre, on peut discuter avec ceux qui sont contre une société inégalitaire, peu importe leurs étiquettes. Mais il faut qu'ils veuillent bien, c'est mal parti si on doit les kidnapper pour ça...

Orange pressé a dit…

Daniel Cohn-Bendit s'est clairement ouvert sur le sujet et accepterait de faire une telle alliance. Il l'a dit entre les lignes je te l'accorde aux journées d'été d'Europe-Écologie.

Tu as raison, DCB n'a pas forcément besoin du MoDem. Mais son but est de dépasser le PS et il a besoin des démocrates pour réussir cela.

Enfin je crois que tu confonds les Verts et Europe-Écologie qui ne sont pas identiques. Martine Viard en est l'exemple le plus patent.

JF le démocrate a dit…

Il me semble que si DCB est favorable à une alliance avec le MoDem, il n'en est pas de même des militants d'EE.
Donc, le problème doit être le même qu'au MoDem, à part qu'eux ont un potentiel électoral supérieur pour 2010.
Pour le reste, ton analyse me semble tout à fait pertinente.

Orange pressé a dit…

Je ne pense pas que les militants soient si réticents que cela. Si on présente un projet viable et clair, ils suivront. Par contre, si on ne fait qu'une simple alliance en se répartissant des sièges à partir de pourcentages, ça ne marchera pas car ça manquera de liant.

Il faut se concentrer sur le projet et franchement, sur ce point, nous avons beaucoup à faire ensemble. La collaboration resserrée entre le PDE et l'ADLE et le groupe des Verts au nouveau Parlement est d'ailleurs un signe encourageant.

Bruno Poterie a dit…

une autre piste est d'essayer de recomposer au premier tour la famille centriste éclatée depuis 2002, ce qui nous redonnerait un positionnement et une ampleur que nous perdons peu a peu.
Ici dans les Pays de Loire, cela veut dire se rapprocher de l'Alliance Centriste dirigée par Jean Arthuis, et les premiers contacts sont extrèmement prometteurs et motivants. Unis et plus forts, au deuxième tour nous pourions parler d'égal à égal; seuls il n'y aura peut-être pas de 2° tour ...