Dans mon précédent billet, je dressais un état des lieux avant un Conseil national important dans l'optique des régionales. Je m'attendais à être déçu, et malheureusement, mes attentes ont été comblées, au-delà même de ce à quoi je m'attendais. Pour tout dire, j'aurai préféré ne pas avoir raison mais bon ... Je crois que je vais être aussi écouté que Cassandre.
Reprenons l'ordre du jour, afin de faire une première analyse du Conseil national.
L'examen de la situation politique.
Les récentes polémiques et réformes ont été abordées. Le sujet "Jean Sarkozy" est bien sur venu sur le tapis et a fait l'objet d'un large consensus. Le Conseil national a reconnu le rôle important de Christophe Grébert et du MoDem dans l'affaire. Aucune mention n'a par contre été faite de la mobilisation du groupe des élus MoDem de la Défense alors que cette structure regroupant les élus démocrates concernés par la zone de l'EPAD est un vrai plus qui nous différencie.
L'autre question importante qui a été traité est l'impact de la réforme des collectivités territoriales surtout sur l'aspect financier. La suppression de la compétence générale des collectivités a été brièvement abordée. Cet aspect a été traité de façon insuffisante. A tort selon moi, car le sujet va revenir sur la table très rapidement et constituera qu'on le veuille ou non, un des éléments sur lequel la campagne des régionales va se jouer.
La préparation du Congrès d'Arras.
Ça été LE sujet qui a occupé le plus le Conseil national. Discuter du projet général du Mouvement démocrate, c'est ce qui intéresse nos conseillers nationaux. En tout, le Conseil national y a passé plus de 2h30 montre en main sur plus de 4h de Conseil national. Robert Rochefort a proposé un rapport de départ qui sera finalisé au Congrès d'Arras. En clair, le Congrès d'Arras modifiera à la marge un projet qui aura été très largement bouclé à l'avance.
Beaucoup de questions ont été abordées, la justice, la question de la dette, l'égalité, l'enseignement et surtout la jeunesse. Ce dernier sujet a été abondamment traité par le Conseil national. Nombre de conseillers nationaux prenait l'exemple de leurs enfants ou de proches pour expliquer de l'urgence à s'occuper du sujet. Cependant, souvent, les solutions proposées n'étaient pas du tout adapté au public visé dont je fais partie. Méconnaissance de la sociologie de la jeunesse, point de vue différent lié à la situation personnelle des Conseillers nationaux dont la moyenne d'âge dépasse allègrement les 40 ans. En résumé, une déconnexion et une incompréhension quant aux moyens pour attirer les jeunes lors des prochains scrutins.
Au bout de quelques temps, François Bayrou a dû siffler la fin de la récréation et passer au sujet suivant car l'heure étant assez avancée et l'essentiel de l'ordre du jour pas abordé.
La préparation des régionales.
Alors que le scrutin se rapproche, c'était LE sujet à aborder car de nombreuses questions se posent encore sans avoir jusqu'ici été résolues ou avoir été portées à connaissance du Conseil national. Au total, le Conseil national y a passé un peu plus d'1h. Question importantissime mais traitée bien trop rapidement.
En faisant court, on pourra dire que la question des alliances a été abordée ainsi que toute une série de questions importantes, mais beaucoup ont été oubliées par un manque évident de temps consacré au sujet. Il faut croire que l'idéalisme a pris le pas sur le réalisme et donc sur la nécessité d'être réellement prêt pour ces régionales.
Une résolution sur le sujet a été adoptée. Pour faire vite et noyer le poisson, tout a été voté d'un coup. Dans une seule et même décision, le Conseil national a approuvé le principe d'autonomie au 1er tour et de possibles alliances au 2nd tour. Rien n'a cependant été précisé sur le partenaire éventuel, hormis le fait qu'un partenariat avec l'UMP était clairement rejeté.
Jusque là, on peut se demander en quoi il est problématique d'avoir tout voté d'un coup. J'y viens.
En réalité, là ou ça coince sérieusement, c'est que le principe d'autonomie a été acté dans la même décision qui approuve aussi le mode de désignation des têtes de listes régionales.
Par prudence, je préfère prévenir les âmes sensibles et idéalistes, les lignes qui suivent sont dangereuses pour leur santé et surtout pour celle du Mouvement démocrate. Si vous vous sentez assez forts, poursuivez !
Le mode de désignation donc !
Rappelez-vous lors du Conseil national du 04 Juillet, François Bayrou lui-même avait proposé à la stupeur générale d'organiser des primaires. Joie chez beaucoup de conseillers nationaux, tonnerre d'applaudissements. Mais l'été est passé et le président du MoDem semblait troublé d'avoir à organiser des primaires. Lors du Conseil national du 06 Septembre à la Grande Motte, il a même tenté de revenir dessus. Mais devant le tollé provoqué, il a prudemment renvoyé la question en Bureau exécutif national. Qu'à cela ne tienne, le jeudi suivant, le même bureau se réunit en "Comité stratégique", nom folklorique pour éviter d'avoir à publier comme le Bureau exécutif doit le faire un ordre du jour et un compte-rendu. Lors de ce Bureau exécutif national, on discute de la méthode pour faire avaler aux militants la reconduction du mode de désignation, très contesté utilisé pour les élections européennes. En l'espèce, l'idée ne passe pas en interne notamment dans des régions comme le Nord-Pas-de-Calais ou l'Alsace où les critiques fusent.
Il fallait donc une décision du Conseil national pour unifier la procédure applicable.
Qu'à cela ne tienne et à l'exact opposé de ce que le Conseil national avait voté le 04 Juillet dernier, on évacue les primaires. Bizarrerie supplémentaire, à l'unanimité... totale ! Oui, vous avez bien lu le Conseil national est revenu à l'unanimité sur une décision opposée qu'il avait voté en Juillet dernier. Pas un vote contre, pas une abstention. L'unanimité !
Alors oui pour la presse, ça fait bien mais si on regarde bien, c'est particulièrement inquiétant et ennuyeux. D'abord car les têtes de liste seront désigné par décision du Bureau exécutif national qui choisira les têtes de liste puis soumettra sa décision aux militants pour aval.
Subtilité supplémentaire, François Bayrou aimerait que chaque région approuve ou rejette ses têtes de liste nommées et donc pas choisies par voie de primaires à son rythme. Traduction, chaque région validera ses têtes de liste suivant son calendrier.
Objectif affiché : permettre la souplesse nécessaire pour que chaque région avance à son rythme.
Objectif officieux et caché (qui n'engage que moi !) : enterrer discrètement les primaires pour les places éligibles qui seront nommées par François Bayrou et le Bureau exécutif national selon le même procédé utilisé pour les dernières élections européennes. Tant pis pour la "collégialité" promise suite à l'échec retentissant de Juin 2009, tant pis pour les adaptations promises. Dormez militants, le Bureau exécutif s'occupe de tout.
L'intérêt est donc de garder la main et de ne surtout pas faire confiance à cette espèce dangereuse qui pourrait causer la ruine du Mouvement démocrate : sa base militante !
Ainsi, dans une situation surréaliste, on a vu le Conseil national approuver l'exact opposée de qu'il demandait à corps et à cri. Pour reprendre Lénine : "Le capitaliste vous donne la corde pour le prendre.". C'est exactement ce qui s'est passé pour les régionales au Conseil national. Un constat ennuyeux à l'approche d'un scrutin assez important.
Les motions.
Après présentation des motions du jour par Chantal Portuèse, celles-ci ont été adoptées. Je ne vais pas vous mentionner tous les détails d'une procédure que je trouve particulièrement complexe et vous dire que ces propositions ont été adoptées à l'unanimité moins 2 abstentions pour la motion n°2 et l'unanimité mois 1 abstention pour la motion n°1 puisque François Bayrou a souhaité inverser l'ordre de traitement des motions.
La question de l'organe d'appel des décisions du CCC (Comité de conciliation et de contrôle) a aussi été adoptée. Il a cependant été difficile de s'entendre pour concilier les textes présentées avec les souhaits des uns (François Bayrou et le Bureau exécutif national) et des autres (les conseillers nationaux). François Bayrou souhaitant à tout prix, une procédure exclusivement écrite tandis les auteurs des initiatives présentés (avocats de profession) tenait à une certaine rigueur juridique. Toutefois, tout ce petit a réussi à s'entendre pour adopter une décision commune.
Les questions diverses.
Par manque de temps, la rubrique n'a pas été abordée en propre. Cependant, la parole a été abondamment données aux conseillers nationaux durant les différents temps de ce Conseil national.
Conclusion.
Une grande déception et c'est peu de le dire. Le Conseil national a approuvé sans broncher l'enterrement de ce qu'il a décidé, sans rien dire, sans même une abstention pour montrer une certaine septicité sur la décision prise. Rien !
Pourtant, aux vues de ce qui se dit dans les sections et au niveau local, la plupart des militants ont montré leur opposition avant ce Conseil national. Ainsi, rien ne s'est passé. Le Conseil national a capitulé en rase campagne devant la volonté du président du MoDem.
Pas un seul conseiller national n'a eu le courage de défendre un avis contraire et donc de porter la parole militante aux "chefs", pas un ! C'est à se demander à quoi sert le Conseil national puisqu'il approuve tout ce que François Bayrou ou presque.
Quant aux régionales, c'est apparemment un problème secondaire. Tout le monde est plongé dans le Congrès d'Arras. Pendant ce temps, on s'activera dans les bureaux du 133bis pour parachuter aux Unions régionales ce qu'elle aurait à dire ou à faire.
Congrès d'Arras qui assèchera durablement nos finances, tout en permettant habilement de décider tout ce que l'on veut pendant les militants réfléchissent eux concrètement aux Unions régionales. Une parfaite distraction !
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6 commentaires:
bon, c'est une tempête dans un verre d'eau tout ça ! faut un peu relativiser ... Rome ne s'est pas construite en un jour !
Merci pour ce compte rendu qui montre que le MoDem va continuer à s'isoler.
Abus de pouvoir, c'est le titre d'un livre que j'aimerais écrire pour décrire l'autocratie démocratique du modem.
Non, c'est vrai, ce titre est déjà pris. Dommage mais qui a écrit ce livre ?
dominique
Écoute Mirabelle, on verra bien. Je considère cependant que c'est un mauvais signe supplémentaire.
Dominique, tu vas peut-être un peu loin, mais il est vrai que François Bayrou a du mal à faire confiance à la base démocrate ce qui est embêtant !
C'est surtout embetant pour un parti qui se dit démocrate. Nous avons aujourd'hui perdu la moitié de nos adhérents et cela à cause du manque de démocratie interne.
Si aujourd'hui je me resouds à accepter cette façon de faire c'est parce que je persiste à croire que nous arriverons un jour à mettre les choses en place.
Mais en attendant, c'est assez décourageant de constater le peu de remise en cause de certains.
Si Corinne Lepage c'est écarté de la présidence des commissions s'est aussi pour signifier une chose. Un désaccord profond sur la méthode avec François Bayrou...
Il n'y aura pas de nouvelles personnalités et une équipe dynamique si la direction ne fait pas confiance à la base.
Orange Pressé, un (ex) adhérent désabusé m'a donné le lien de cette page. En tant qu'adhérent impliqué dans les commissions nationales, je pense que tu commets une erreur d'appréciation importante, sur la citation suivante :
"La préparation du Congrès d'Arras
Ça été LE sujet qui a occupé le plus le Conseil national. Discuter du projet général du Mouvement démocrate, c'est ce qui intéresse nos conseillers nationaux. En tout, le Conseil national y a passé plus de 2h30 montre en main sur plus de 4h de Conseil national. Robert Rochefort a proposé un rapport de départ qui sera finalisé au Congrès d'Arras. En clair, le Congrès d'Arras modifiera à la marge un projet qui aura été très largement bouclé à l'avance."
Le congrès d'Arras est pour le moins essentiel, puisqu'il s'agit de partager entre nous et devant les Français un projet général. Je ne suis pas choqué que les conseillers nationaux discutent du projet général; cela dit, je suis totalement novice concernant le fonctionnement des instances et tu as probablement raison, cela a pu être une discussion mal canalisée et finalement une perte de temps. En tout cas, ça me fait plaisir qu'il y ait d'autres sujets que les enjeux de pouvoir interne.
L'erreur importante est ici : tu regrettes que le congrès ne modifie qu'à la marge un projet écrit à l'avance.
1. le temps du congrès ne permet évidemment pas de rédiger un projet de A à Z. Ca ne peut techniquement être qu'une validation par petit bout du texte (comme un texte législatif). Donc le projet est préparé très en amont : les commissions travaillent depuis plus d'un an, le document est partagé devant tous les adhérents (dont un grand nombre ne contribue pas en amont auprès des commissions, mais rien ne les en empêcherait), avant le congrès afin qu'un maximum d'idées puissent être prises en compte.
2. Pourquoi regretter d'une part que les conseiller nationaux passent du temps à préparer le congrès et d'autre part que le congrès entérinne un travail mâché ?
Dommage que tu ne laisse pas ton nom ou au moins un pseudonyme.
Je vais te répondre en plusieurs points.
1- Le congrès d'Arras en lui-même.
Organiser un congrès, c'est une idée de Marielle de Sarnez. Son dada, ce sont les réunions publiques, elle n'a fait que ça ou presque pour la campagne des européennes. Avec la réussite que l'on sait...
Le problème n'est pas la tenue en lui-même de ce Congrès mais le moment. Il est complètement suicidaire de se lancer dans un Congrès programmatique alors qu'un scrutin très important comme les régionales se profile. L'urgence n'est pas à redéfinir notre projet mais à mettre le paquet sur les régionales pour obtenir des élus et ainsi mailler le territoire.
Tu dis être un nouveau lecteur de ce blog. Je t'en félicite mais si tu as la curiosité de regardé dans les articles que j'ai déjà écrit, tu verras que je suis opposé à cette idée de Congrès depuis le début. Pour moi, organiser un tel évènement permet de détourner l'attention et d'endormir la base. Ainsi, le Bureau exécutif national pourra imposer comme il le souhaite ses décisions au motif qu'il sera trop tard pour consulter les militants. En résumé, c'est du suicide.
Alors que les régionales s'annoncent difficiles, il aurait fallu décider de nombreuses choses au niveau de la communication, de la présence sur le net, du matériel de campagne, etc pour les régionales. Rien n'a été fait pour augmenter nos chances de réussite.
Pire tout est fait pour exclure la base militante du choix de ses têtes de listes et pour décourager les éventuels candidats à ces têtes de listes. Ainsi, un jeune comme moi, ne peut briguer la tête de liste car je n'ai aucun patrimoine ou presque puisque le national n'offre pas sa garantie. Le Bureau exécutif national recalera d'office ma candidature alors que devant les militants, j'aurai peut-être eu ma chance, qui sait.
Bien sur, il est très peu probable que je veuille mener la liste mais la possibilité se devait de rester ouverte. François Bayrou veut que l'on soit le parti des jeunes. Eh bien soit mais qu'il se décide à laisser des places à ces mêmes jeunes (actuellement les moins de 40 ans représente moins de 8% du personnel politique).
2. On passe pas la majorité d'un Conseil national à s'attarder sur des questions secondaires alors qu'un scrutin très important approche. Le Conseil national doit prendre ses responsabilités et traiter des régionales. Le Congrès programmatique aurait très bien pu être organisé en fin d'année 2010.
3. Élaborer un tel document demande beaucoup de travail et un effort de publicité auprès des adhérents pour augmenter la participation. Beaucoup de militants ignorent en effet comment contribuer. C'est bien de dire "qu'il faut" mais encore faut-il pouvoir !
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