Dimanche dernier, l’Espagne a produit plus de 50% de son électricité à partir d’éoliennes et avec un pic de production à 53% selon le régulateur espagnol d’électricité Red eléctrica de España. Selon un membre de l’EWEA (association européenne de l’énergie éolienne), la production éolienne en Espagne a dépassé à plusieurs reprises la part des 40% dans la production totale d’électricité.
Cette poussée dans la production d’électricité d’origine éolienne montre donc clairement que l’énergie éolienne est viable et l’éolien peut constituer une part non négligeable dans le spectre énergétique européen. Elle est d’autant plus importante que ce pic de production n’est pas un instantanée mais s’inscrit sur un intervalle de temps conséquent. A l’approche du sommet de Copenhague, c’est donc une bonne nouvelle qui bat en brèche les arguments avancés par les opposants au développement de cette source d’énergie. Si ce pic de production est intervenu pendant une période de consommation creuse, le surplus d’énergie a été stocké dans des barrages hydroélectriques qui fourniront l’électricité lorsque la demande le requerra. L’association espagnole de l’énergie éolienne (SWEA) a déclaré que « l’éolien » n’est maintenant plus une énergie marginale.
Argument d’autant plus valable que la production d’énergie éolienne a atteint les 11 546 MW alors que le potentiel maximal de production d’énergie éolienne est de plus de 17 000 MW.
Depuis quelques temps, la production d’électricité d’origine éolienne moyenne (22,9 %) dépasse fréquemment la part de la production d’électricité provenant du nucléaire (20,8 %) et le charbon (10,4 %). L’Espagne a donc encore une marge conséquente dans son potentiel de production d’énergie éolienne.
Quel avenir ?
Le Plan Climat adopté par les gouvernements de l’Union européenne a fixé des objectifs ambitieux en matière d’énergie renouvelable. Le gouvernement espagnol de M. Zapatero a décidé, afin de soutenir l’émergence des énergies renouvelables en Espagne, de sortir du nucléaire en prolongeant la durée de vie des centrales nucléaires actuelles. Dans ce cadre, le gouvernement espagnol qui dispose déjà de la 2e capacité éolienne en Europe derrière l’Allemagne envisage de porter sa capacité de production éolienne à 40 GW ce qui représente la production de 40 réacteurs nucléaires.
Si cette année, l’éolien représentera une part moyenne de 12% dans le bouquet énergétique espagnol, cette part est amenée à croitre de façon substantielle. En 2009, nos voisins ibériques produiront 25% de leur électricité à partir d’énergies renouvelables, part en constante augmentation depuis plusieurs années. Dans le même temps, l’Espagne est en pointe dans le secteur de l’énergie solaire et développe dans ses zones désertiques des centrales solaires thermiques expérimentales à haut rendement. Toujours dans le secteur solaire, l’Espagne envisage de devenir un des leaders mondiaux du photovoltaïque en profitant pour cela d’un climat et d’un ensoleillement particulièrement favorable. Traduction d’ici à 2020, l’Espagne compte satisfaire la majorité de sa demande énergétique à partir des énergies renouvelables.
Dans le même temps, le Danemark envisage de porter la part de sa production électrique provenant de l’éolien à plus de 50% sur la même période. L’Allemagne, 1er pays européen par ses capacités de production en énergie verte et son soutien à ce secteur d’avenir, a développé une puissante industrie et commence à exporter sa production de façon substantielle.
Une situation cocasse.
Le plus surprenant dans cette histoire, c’est que les pays qui battent des records en matière de production d’énergie renouvelable que ce soit d’origine éolienne ou solaire et qui dispose de puissantes industries dans le secteur ne sont pas tellement les pays qui ont les plus gros potentiel dans le domaine. En matière de potentiel éolien, les 2 pays européens les plus prometteurs, le Royaume-Uni et la France qui sont balayés par des courants de vents puissants et réguliers sont peu exploités. Chacun des deux pays ayant une capacité de production éolienne inférieure à 4 000 MW soit l’équivalent de la production d’à peine 4 réacteurs nucléaires.
Parallèlement à cela, ce sont aussi ces deux pays qui ont décidé de relancer le nucléaire. La France a décidé de remplacer son parc nucléaire actuel vieillissant par des centrales nucléaires EPR dont la sûreté a été gravement remise en question par les différentes autorités nucléaires nationales. Pour accompagner ce mouvement, le gouvernement français envisage de faire relever les éoliennes du régime des installations classées. Pour parler plus clairement, le gouvernement français qui s’est pourtant engagé à favoriser l’installation d’énergies renouvelables est en train de créer des barrières au développement de ce type de source d’énergie non polluante souhaite leur appliquer la même procédure que pour les usines de type SEVESO.
La France qui a lancé le Grenelle de l’Environnement va donc arriver au sommet de Copenhague comme le champion du nucléaire afin de favoriser des industries historiques très créatrices d’emploi contrairement aux industries du renouvelable. Ce faisant alors que nous avons de nombreux atouts dans notre manche, nous allons nous faire dépasser par des pays moins bien dotées en ressources renouvelables et louper la révolution verte du XXIe siècle.
vendredi 13 novembre 2009
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