… et l'esprit s'élève avant la chute », extrait de La Bible, Livre des proverbes.
Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé titrer sur une citation biblique pour parler du MoDem. Pas tellement parce que François Bayrou est un fervent catholique ni pour l’importance des racines chrétiennes-démocrates de centre, mais plutôt pour illustrer un article du Nouvel Observateur dont se font l’écho quelques blogs. L’article en question relate les résultats d’un sondage BVA pour Canal+ publié ce vendredi et qui visait à attribuer des qualificatifs au président du Mouvement démocrate.
Parmi les termes les plus fréquents, ce sont les mots « orgueilleux », puis « impatient » et « compétent » qui reviennent. François Bayrou a réagi de la façon suivante : « J'ai trouvé cela tout à fait sympathique. Orgueilleux, impatient et compétent, c'est assez juste » ; « Pour moi, l'orgueil c'est un bon sentiment pour un être humain quand on veut défendre ses valeurs. Quant à être impatient, c'est nécessaire lorsqu'on voit la situation du pays ».
« La solitude rend impatient », Marc Lévy.
Si le député béarnais se retrouve dans ses qualificatifs et parvient à positiver par rapport à cela.
Orgueilleux ? Certes, tout candidat à la présidence doit tout de même l’être un peu. Mais juger François Bayrou sur ce seul critère est bien réducteur.
Compétent ? Oui et non. L’homme a ses qualités et … ses faiblesses. En créant le Mouvement démocrate, il a eu une excellente idée. Mais, il a eu du mal à en prendre la mesure.
Impatient ? Certains remettent les résultats en question, se demandant en quoi François Bayrou serait impatient et rejettent l’idée que François Bayrou a voulu faire du MoDem une écurie pour les présidentielles de 2012.
« Une petite impatience ruine un grand projet », Confucius.
François Bayrou le reconnait lui-même, il est impatient en voyant la situation de la France. Toutefois, il serait que pour une fois, l’homme politique écoute un peu le professeur de lettres et qu’il lise ou relise un peu Confucius. Quelques-uns réfutent l’idée que le MoDem serait une écurie présidentielle. Pourtant, dès le début, la couleur était annoncée et si beaucoup restent encore au MoDem, c’est précisément parce qu’ils veulent croire que c’est une réalité. Le MoDem est un parti taillé pour servir les ambitions présidentielles de son président et celui-ci n’en fait pas mystère. Nicolas Sarkozy l’a montré en 2007 avant lui, les partis sont des machines pour gagner les élections. Et ce n’est pas le Congrès programmatique d’Arras qui changera les choses. Certes, un projet, un socle d’idées sera adopté. Mais à quoi servira-t-il ? Eh bien, je vous donne en mille : à bâtir le projet présidentiel de François Bayrou pour 2012.
Cependant, je me permettrai de faire une petite remarque. Et si pour une fois, on pensait aux régionales ?
« C’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre », Louis XIV.
A trop vouloir gagner, François Bayrou néglige les autres scrutins. Or, brûler les étapes ne sert à rien. Il faut savoir prendre son temps et aborder chaque chose en son temps. En orientant toute la machine électorale qu’est le MoDem en direction du scrutin présidentiel de 2012, François Bayrou fait un pari. Le pari, que les français oublieront les échecs du MoDem aux élections intermédiaires pour le porter au pouvoir tandis que les socialistes se déchireront et que les Verts n’auront toujours pas de chef clair et charismatique capable de faire un gros score. Pari risque ensuite, parce qu’il passe complètement à la trappe les élections régionales.
Sauf que, les régionales malgré leur caractère local seront envisagées de façon nationale. D’abord, parce que toutes les assemblées régionales seront renouvelées le même jour. Normal me direz-vous ? Oui, mais ailleurs ce n’est pas forcément le cas (je pense à l’Allemagne notamment). Et les renouveler toutes en même temps pose forcément l’idée d’un scrutin national. Sans correspondre tout à fait, c’est un peu comme si tous les gouverneurs américains étaient renouvelés le même jour. L’enjeu est mécaniquement régional.
Ensuite, parce que les sortants sont presque tous socialistes (20 régions sur 22 en métropole). La perte d’une ou deux régions suffira à considérer comme un échec une victoire socialiste de moindre ampleur.
Ajoutons que les autres partis de l’opposition ont l’ambition de passer devant les socialistes comme Europe-Écologie ou ont simplement l’envie d’être le grain de sable sans qui rien ne pourra se faire comme le Mouvement démocrate.
Ce scrutin régional sera donc nécessairement d’ampleur nationale et pourtant, malgré son importance, François Bayrou ne semble pas vraiment y porter attention.
« Les impatients arrivent toujours trop tard », Jean Dutourd.
La traduction de ce sentiment est la désignation des têtes de listes et plus particulièrement en Ile de France. Après avoir laissé fuité le nom de Pierre le Guérinel, conseiller régional sortant et proche de Marielle de Sarnez ; c’est le nom de Christophe Grébert qui est sorti du chapeau probablement suite à son rôle important dans la contestation de la nomination du fils du président de la République, Jean Sarkozy, à la tête de l’EPAD. Récemment, il semble que cela ait encore changé et que ce soit un illustre inconnu, peu intéressé par les régionales et inconnu des militants (et probablement aussi des électeurs) qui devienne tête de liste démocrate en Ile de France. Rien n’a été confirmé pour le moment et à vrai dire, ce n’est pas si important que cela.
Toutefois, cela pourrait laisser penser que le Mouvement démocrate ne sait pas où il va. Si c’est en partie vrai, c’est largement faux. Le Conseil national du MoDem (l’assemblée du parti) avait décidé de primaires en Juillet avant que François Bayrou s’y reprenne à deux fois (d’abord le 06 Septembre puis le 24 Octobre) pour faire valider la reconduite du mode de désignation extrêmement contesté des candidats pour les élections européennes.
Pourtant, en coulisses, les choses s’activent. Les militants montent des idées, émettent des idées mais tout cela est passé sous silence, évacué par l’impréparation matérielle en partie volontaire en partie conséquence de l’organisation d’un Congrès programmatique en plein campagne pour les régionales. Du coup, malgré un positionnement idéologique qui n’a jamais été aussi pertinent articulé autour de l’équité, de la justice et du respect des principes républicains, le MoDem risque encore une fois de voir la victoire lui passer sous le nez.
La faute à la présidentielle ? Oui et non.
Ce scrutin doit être un horizon mais un horizon seulement. Les régionales sont certes un scrutin moins crucial mais tout aussi important. Il est donc nécessaire que François Bayrou range ses ambitions, son orgueil et son impatience dans sa poche et qu’il mette enfin les mains dans le cambouis. Il est temps qu’il se décide à faire parler sa raison et pas son affection en demandant à Marielle de Sarnez de laisser un peu de place à ceux qui sont venus après la création du Mouvement démocrate comme Corinne Lepage ou Jean-Luc Bennahmias mais sans pour autant imposer des personnalités aux militants du Mouvement démocrate comme en Alsace avec Yann Wehrling. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps François Bayrou déclarait qu’au niveau local, seuls les militants du cru savaient qui était bon pour mener le MoDem localement. Depuis, il semble l’avoir oublié et il désignera en Bureau exécutif les têtes de listes en contradiction avec le vote du Conseil national du 04 Juillet qui avait été alors présenté comme celui du renouveau. De fait, la colère des militants montent. Ceux-ci ont l’impression qu’on s’assoit sur leur volonté (ce qui n’est pas faux) et qu’on les néglige. De fait, l’hémorragie militante s’accélère. La chose existe aussi à l’UMP et au PS mais pas chez Europe-Écologie qui voit affluer les personnalités de qualité sur ses listes, au prix il est vrai de quelques frictions avec les militants Verts historiques.
D’où ma question : et si pour une fois, on s’inspirait d’eux et qu’on restait ouvert ?
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5 commentaires:
"Il y a quelque chose de plus haut que l'orgueil, et de plus noble que la vanité, c'est la modestie ; et quelque chose de plus rare que la modestie, c'est la simplicité" (Antoine de Rivarol)
"La modestie témoigne d'ordinaire qu'on a l'orgueil à vif.", Jean Rostand.
Effectivement pour la simplicité du Modem ...
Ca semble faire beaucoup de tendances pour le Modem aux régionales, une seule nette ne vaudrait-elle pas mieux plutôt que 0 ou tout plein ?
Alors Wait and see jusqu'à Arras.
Article intéressant, même si je ne partage pas tout. (Je crois aussi qu'il y a quelques lapsus dans le texte, lol)
Par contre il y a une chose vraiment agaçante dont j'aimerais que l'on cesse le colportage : il n'a *jamais* été décidé de faire des primaires (et heureusement).
(Certains) "rejettent l’idée que François Bayrou a voulu faire du MoDem une écurie pour les présidentielles de 2012."
Il semble qu'il y a effectivement quelques mauvaises interprétations dans ce billet. Car si comme je l'ai compris ces propos concernent le billet que j'ai pu écrire à ce sujet, leur traduction est erronée.
Bien au contraire, la patience consiste à ne viser que 2012, un choix stratégique qui n'est peut-être pas le meilleur.
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