Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

lundi 2 novembre 2009

Nicolas Sarkozy, le tournant !

Depuis qu’il a été élu en Mai 2007, il en est un peu du mandat de Nicolas Sarkozy comme de la 2nde guerre mondiale. Une succession de batailles gagnées au début jusqu’à ce qu’arrive le tournant et que commence la chute. Si, pendant quelques temps, on pensait Nicolas Sarkozy intouchable, au point que lui-même se considère comme au dessus de tout et même des réalités. Et, les récents évènements sont autant de tournant qui retourne le sarkozysme triomphant contre lui-même.


La fin d’une époque.
Tout comme Hitler et sa Blitzkrieg se sont embourbés dans l’immensité russe, les troupes sarkozystes sont embourbées dans leurs propres contradictions. Certes, la crise est là et n’arrange rien pour le gouvernement mais on peut lui reconnaître un effet positif, elle sert d’accélérateur, de révélateur aux travers du sarkozysme et de la politique menées par l’UMP et le président de la République.

Finis les succès des réformes affichées salle Gaveau où l’on affichait fièrement le nombre de réformes accomplis devant un parterre de militants qui tenaient plus des anciens combattants que des jeunes soldats vaillants et plein de vivacité.

Finis les sondages Opinion Way commandé à la petite semaine et repris par Le Figaro pour faire croire que les français soutiennent la politique gouvernementale.

Usés les tours de passe-passe du prestidigitateur Sarkozy, finis les « succès »et les effets de manche des communicants.

Depuis quelques semaines, peut-être 1 ou 2 mois, le président accumule les tuiles au point qu’on se demande quand va venir le toit. Et comme le fait remarquer à juste titre l’hebdomadaire Marianne, quand « le toit est mal fichu, que l’architecture de la maison est de guingois, que les murs sont de travers, les fondations sont à revoir ».


Les soubresauts pour retarder l’inéluctable.
Pourtant, au « château », on continue comme si de rien n’était, comme si tout était comme avant. Pire, on essaie avec l’énergie du désespoir de relancer la machine à communiquer, la machine à « réformes ». Pourtant, force est de constater que cela ne marche pas. La révélation, et la perception que j’en ai, n’a jamais été aussi évidente que ce lundi 02 novembre 2009, jour des morts. En l’écrivant, cela devient encore plus évident qu’en le pensant en 1er lieu. Le jour est peut-être un signe du destin !

Je ne sais pas si vous avez noté ce qui s’est passé aujourd’hui dans l’actualité présidentielle. Très probablement pas. Je vous annonce donc, que notre omniprésident a lancé un grand plan Cancer II qui doit tirer les leçons de l’échec du plan Cancer précédent voulu par Jacques Chirac et qui n’avait rempli que le tiers de ses objectifs. Comme il est maintenant d’usage, branle-bas le combat dans les médias et diffusion de l’intervention présidentielle sur les chaînes d’information en continu et mise à disposition immédiatement après sur le site de l’Élysée.

Pourtant : rien. On a l’impression qu’il ne s’est rien passé. C’est comme si c’était un non-évènement. Et à moins que le président n’ai fait une gaffe, on en parlera pas ou peu alors qu’il semble plein que ce soit un plan d’envergure. Mais qu’importe, trop de communication tue la communication et tout ce qu’annonce notre président tombe à plat. Chaque semaine, le président y va de son grand discours pour annoncer une réforme ou plan d’envergure mais on ne l’entend plus. Il y a 2 semaines, c’était la réforme des collectivités territoriales. La semaine dernière, l’annonce du plan pour les agriculteurs et l’annonce de la LMA (loi de modernisation de l’agriculture). Plan insuffisant qui ne règle rien sur le fond mais qui donne juste de l’argent pour calmer une clientèle électorale à l’approche des régionales.

Dans le même temps, ce lundi, Éric Besson lance son grand débat sur l’Identité nationale. Le sujet semble d’ailleurs passionner la blogosphère, notamment la blogosphère démocrate qui traite abondamment du sujet. Pourtant, dans les préfectures, rien n’est prêt pour accueillir les français souhaitant participer à ce débat. Tout juste un site internet dédié a-t-il été mis en place dans la précipitation. Les réactions en général trouvent le débat utile mais doute de la réalité de sa teneur. Les motifs électoralistes sont clairement décelés comme l’a mentionné ce lundi matin Marine Le Pen dans les 4 vérités.


Et après ? Quelle reconquête ?
Constater le tournant, c’est bien. En profiter, pour contre-attaquer c’est mieux et c’est plus efficace. Il ne faut pas compter seulement sur les faiblesses de l’adversaire mais aussi profiter de ses points forts pour prendre des points sur le camp adverse. La bataille de Midway a été un tournant mais les américains y ont laissé des plumes. Il serait donc illusoire que le sarkozysme va s’effondrer tout seul. Les fondations sont affaiblies, l’édifice se lézarde mais on est encore loin de l’alternance. Une base électorale soutient encore le président et sa politique. Celle-ci plus ou moins touché par les effets de ce qu’obtient« la Cour », reste pour le moment fidèle au président. Si l’affaire Jean Sarkozy et la gag du discours répété à Daumeray alors qu’il avait commencé par « je ne suis pas là pour faire un discours que vous avez déjà entendu » ont courroucé la droite, la bataille décisive se jouera selon moi sur le terrain des collectivités territoriales.

Par les régionales d’abord, qui seront le prochain et dernier scrutin avant la présidentielle de 2012 et qui seront, qu’on le veuille ou non, un moyen pour l’exécutif de compter ses partisans et pour l’opposition, un moyen pour mesurer le rapport de force et les alliances possibles pour 2012.

Par la réforme des collectivités territoriales et celle de la taxe professionnelle ensuite qui les touchera directement dans leur financement. Le Conseil d’État a d’ailleurs précisé que le scrutin ne parviendrait pas à une juste représentation des électeurs et a clairement renvoyé le gouvernement à ses plans. Pour ceux qui l’ignorent encore, le Conseil d’État n’est pas tellement connu pour son modernisme décapant et souvent un avis défavorable de nos amis du Palais-Royal est le présage d’un massacre des sages du Conseil constitutionnel qui se situe dans une autre aile du même bâtiment.


Et l’opposition dans tout ça ?
Pour l’opposition, le moment est idéal et celle-ci doit se mobiliser. La question est celle de savoir quelle force sera motrice de l’alternance. Le PS apparaît clairement en perte de vitesse et tel que s’annonce le scrutin perdra des élus et peut-être des présidences de région. Même s’il n’échoue pas, la perte d’élus sera vécue comme un échec.

Europe-Écologie va tenter de consolider le mouvement né en Juin 2009, mais peine à avoir des listes solides dans certaines régions. Quid aussi des rapports avec le MoDem ? Europe-Écologie accueillera-t-elle des démocrates ou verra-t-on l’inverse ? Vis-à-vis du PS, c’est clairement le rapport de force mais pour 2012, aucun chef charismatique n’émerge.

Au MoDem, autonomie intégrale, mais qu’elle sera la réaction de François Bayrou devant ce qui s’annonce comme une nouvelle défaite. Et si des démocrates se font élire ailleurs, les exclura-t-il comme le prévoit les statuts ou fera-t-il preuve d’ouverture et de réalisme en leur accordant l’absolution ?

Quant au Front de gauche, parviendra-t-il à s’installer dans le paysage politique français ?
On a pu voir qu’il était arrivé à peser en Juin mais les régionales, c’est autre chose.
Beaucoup de questions pour répondre à une situation qui pourtant parait de plus en plus claire !

3 commentaires:

vincent15 a dit…

Tournant ? Au niveau de la communication et des médias, il semble que ceux ci aient enfin cessé de l'encenser. Cependant, la presse française n'est toujours pas aussi pertinente que je le voudrais.

Par contre, au niveau de l'opinion rien n'est moins sûr. Je pense que la chose qui pourrait réellement annoncer le début de la fin serait une défaite aux régionales, car l'opinion de droite commencerait à la mettre sur le dos du président. Une droite alternative pourrait s'exprimer plus fortement (et se structurer).

Les remous actuels dans la majorité sont peut être le premier signe de ce retournement de la droite, mais ce ne sont pas les premiers du quinquennat.

Bref, il est difficile de dire aujourd'hui si c'est le début de la fin, mais en tout cas, il est en ce moment sur la pente descendante.

JF le démocrate a dit…

J'ai la même impression (intuition) que toi. Que l'on se situe à un tournant... Avant soit une reprise en mains des choses, soit le "qui ne convient plus", avec toutes les conséquences néfastes pour notre pays.
Je sens aussi cette gronde ambiante, venant de tous bords, que notre PR aura bien du mal à confiner. Surtout lersqu'elle vient de son propre camp.

Orange pressé a dit…

La reprise en main que tu pressents se produit déjà puisque Rama Yade a été remise en place par le 1er Ministre et le Président de la République. Mais à mon sens, c'est une mauvaise idée. Rama Yade est très populaire chez les français et ses prises de position qui tentent d'éviter la langue de bois appréciées.