Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

mardi 26 janvier 2010

Nicolas Sarkozy. Paroles de langue de bois.

Lundi soir, le président de la République était sur TF1. Bénéficiant de l'appui du parrain de son fils, Martin Bouygues, les équipes de la chaîne se sont pliées en quatre et ont livré en collaboration avec le service communication de l'Élysée un service 4 étoiles.

Après un journal de 20h, dont une bonne partie était consacrée à un entretien du président, celui-ci a tenté de répondre aux questions de français dans une émission taillée sur mesure dont les interlocuteurs avaient été parcimonieusement choisis.


Un 20h, son 20h.
Durant son entretien avec Laurence Ferrari, que l'on a connu bien plus tranchante dans Dimanche+ sur la chaine cryptée, le président a essayé de défendre sa politique et de désamorcer les dernières polémiques qui ont embarrassé la majorité. Il est ainsi largement revenu sur le cas d'Henri Proglio qui obnubilé par l'argent souhaitait cumuler rémunération et emploi chez EDF et Véolia. Las, l'opinion public a réussi faire plier le président de la République sur le sujet et celui-ci a donc demandé à Henri Proglio de renoncer à son magot. Dans le 20h de ce lundi, on a aussi appris que le cumul ne durerait que quelques mois, Nicolas Sarkozy justifiant cette période transitoire évoquant une demande de la part des syndicats de Véolia.

Le président de la République a aussi justifié le salaire du tout nouveau président d'EDF et donc sa récente augmentation de 45% en précisant qu'il préférait des bons patrons bien payés que de mauvais mal payés, invoquant ainsi la compétence comme explication à la rémunération conséquente de son protégé. Le problème est que peu avant, Martin Hirsh, haut commissaire aux solidarités actives, a démontré exactement le contraire. Ce dernier, prenant la liste des entreprises moyennes cotées à la bourse de Paris dans l'indice Cac small 90, expliquant par A+B que les patrons les mieux payés de l'indice étaient ceux qui avaient le moins bien géré leur entreprise tandis que les patrons les moins payés étaient au contraire ceux qui avaient une gestion efficace.


Henri Proglio, lui-même est loin d'être un bon patron puisque sa gestion de l'entreprise de services aux collectivités est qualifié de médiocre. Performance d'ailleurs confirmé par le cours de bourse de l'entreprise qui pendant sa gestion s'est plus écroulé qu'il n'a augmenté.
Ainsi, l'argumentation de Nicolas Sarkozy ne tient pas. Et sans même parler des conflits d'intérêt, d'éthique et de morale, Henri Proglio ne devait pas devenir patron d'EDF.


Paroles de français ou comment brasser du vide.
Il faut être honnête, je n'étais pas devant l'émission "Paroles de français". A la place, j'ai préféré regarder la guerre des étoiles sur une chaine concurrente. Et il semble que cette décision fut la bonne puisque notre président s'est livré un exercice de langue de bois ou devrait-on dire de langue de bois caractérisée. Glorifiant son bilan, magnifiant son volontarisme, il s'est livré à une surenchère de propositions tel un commissaire priseur de chez Druot. On a donc retrouvé la candidat Nicolas Sarkozy, habits qu'il n'a jamais vraiment quittés depuis son élection.

Parmi les français conviés à lui poser des questions, seul le syndicaliste de chez Renault a été un peu critique. Les autres ont paru plutôt satisfaits de la prestation du président de la République, ce dernier s'évertuant à annoncer au lieu de faire. Il faut dire que les interlocuteurs avaient été soigneusement choisis. Le femme, chef d'entreprise vantant le statut de l'auto-entrepreneur est un fan de François Fillon et a même pu avoir sa photo souvenir lors d'une réunion organisée l'année dernière à l'hôtel de Matignon. Les autres dans les réactions après l'émission ont semblé étrangement satisfaits.


En résumé.
Si Paris Match (détenu par Arnaud Lagardère, un des convives du Fouquet's) s'est félicité de la bonne audience réalisé par le président de la République, l'émission n'a pas vraiment été l'occasion de révélations ou d'un changement d'attitude de la part de Nicolas Sarkozy. Le président s'est contenté de brasser du vent et de s'agiter comme d'habitude. Il a même promis de faire baisser le nombre de chômeurs d'un million. Ainsi, tel que l'on s'y attendait, ce moment fut plus l'occasion de faire de la propagande pour "l'action" de la majorité qu'autre chose. Nicolas Sarkozy est apparu complètement déconnecté de la réalité et les régionales s'annoncent difficile pour la majorité.

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