Le problème est connu, mais il ne fait que s’accroitre. A tel point que le New York Times le qualifie de « fascisme non-violent ». Pour s’en rendre compte, il suffit de se rendre outre-quiévrain. Nos belges doivent en effet un problème de discrimination à grande échelle. Non, ce n’est pas la conséquence de l’adoption d’un texte interdisant la burqa ou d’une discrimination par rapport à la couleur de peau mais une discrimination plus insidieuse qui touche des belges sous prétexte qu’ils parlent une langue que nous partageons : le français. En Belgique, il ne fait pas bon être francophone ou plus précisément être belge et francophone. En tant que français, nous nous n’en rendons pas forcément compte car l’attitude des auteurs de ces discriminations est différente lorsqu’ils rencontrent des français. La plupart du temps aimables avec les voisins frontaliers, certains flamands deviennent carrément fous.
L’escalade flamande.
La dernière escalade est racontée par notre confrère blogueur Jean Quatremer, qui est aussi le correspondant à Bruxelles du quotidien Libération, et consacre une série d'articles au problème en question. Ce dernier raconte comment des bourgmestres (l’équivalent belge des maires français) flamands de la banlieue bruxelloise ont passé un accord oral avec des vendeurs de biens immobiliers pour que ceux-ci avertissent la municipalité dès qu’un francophone souhaite acquérir un bien sur leurs communes pour que la municipalité puisse leur éventuellement leur conseiller de refuser la vente afin de « préserver l’identité flamande de la région ». L’obsession flamande de « stopper la tache d’huile francophone » autour de Bruxelles est en train de tourner au délire.
Ainsi, Marino Keulen, libéral flamand, initiateur de mesures discriminatoires flamandes contre les francophones reconnait lui-même que ces « arrangements » sont illégaux. Le problème, comme le souligne Jean Quatremer, est qu’une fois que la machine est lancée, il est difficile de l’arrêter. Marino Keulen est donc débordé sur sa droite alors même qu’il est considéré comme un dur par le NV-A qui se sent pousser des ailes dans les sondages réalisés dans l’optique des législatives de 2011 dans le pays.
La violation permanente des libertés fondamentales.
Bien que les bourgmestres en question soient dans la plus complète illégalité, et reconnaisse eux-mêmes ne se baser sur aucun texte, l’un d’eux tente de se justifier : « mais c’est dans l’esprit de la législation flamande ». Sauf que, sauf que, cette législation est soumise à la Convention européenne des droits de l’homme par un rapport de conformité.
La convention rappelle d’ailleurs en son protocole n°12, article 1, que toute discrimination est interdite. Or, clairement la législation flamande est contraire à cette disposition et à plusieurs autres. La Cour de Strasbourg peut très bien condamner la Flandre de ce chef.
Il faut dire que les juges strasbourgeois sont déjà allés bien plus loin. Récemment, un pays a même été condamné parce que sa constitution comportait des dispositions discriminatoires. Certes, le cas était bien spécifique mais tout de même. La question des rapports entre flamands et wallons se nourrit d’une volonté de revanche des premiers sur les seconds sur le plan culturel et économique.
Conclusion.
Toutefois, il serait bon de rappeler aux protagonistes les fondamentaux d’un État de droit. Le plus étonnant dans cette histoire est l’absence de réaction des pouvoirs publics belges. On ne peut dans le même temps vouloir donner des leçons aux autres tout en admettant ou provocant une dégradation de la situation chez soi. La France devrait d’ailleurs elle-aussi tirer une leçon de la situation après son débat sur l'identité nationale.
Photo : « Francophones de Bruxelles » repris par Jean Quatremer.
samedi 10 avril 2010
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1 commentaire:
Mais que vient foutre ce petit Français en Belgique, là où il ne sait même pas maîtriser ses politiciens, même dans son propre parti.
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