Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

samedi 17 avril 2010

Une action trop loin ?

La satire peut-elle tout justifier ?

La question peut se poser. Cette semaine, la fine équipe de l'émission satirique action discrète a encore une fois fait un gros coup. Après avoir piégé l'équipe de France de football, s'être fait passé pour de faux flics proposant aux habitants de Calais d'adopter des clandestins ou encore avoir lancé une chasse à l'auvergnat en plein Paris suite aux propos polémiques de Brice Hortefeux, l'équipe d'Action discrète s'est de nouveau frotté à un problème épineux : la gestion des « supporters du PSG » par les pouvoirs publics.


L'action ... discrète !
Dans leur vidéo du 17 avril, ceux-ci se font passer pour des « supporters du PSG »désirant assister à la demi-finale de Coupe de France à Caen contre Quevilly. L'émission détaille par le menu, tout ce qui a été entrepris pour assister au match.
Achat des billets sur Ebay pour contrer l'obligation faite par les pouvoirs publics aux supporters parisiens de s'en procurer.
Tentative « d'arrangement » avec le conducteur d'un bus pour se rendre à Caen depuis la région parisienne.
Déguisements en supporters de Quevilly pour passer les barrages policiers.
Modification d'une voiture immatriculé dans la Seine Saint-Denis avec des autocollants pour montrer leur amour des vaches normandes. Sans oublier, last but not least, le transport sur la lunette arrière de tous les produits emblématiques de la Normandie : du camenbert et des pommes entre autres.

Enfin, ceux-ci se rendent au stade où ils rentrent sans problème sous leur déguisement, avant le moment venu de les enlever et d'arborer fièrement leur panoplie de « supporters » parisiens. Ce n'est que sous les cris injurieux et sur injonction d'un stadier qu'ils quittent l'enceinte sportive sans avoir créé le moindre incident.

L'émission se termine alors sur une conférence de presse de Brice Hortefeux qui déclare :
« Quatre comédiens voulaient tester notre dispositif pour l'émission Action directe de Canal+.» avant de poursuivre, l'entre-deux ayant été coupé au montage « Je les remercie de cette initiative qui a permis de démontrer la parfaite efficacité de ce que nous avons décidé ».


Quelques remarques.
Suite à la diffusion de cette émission, plusieurs aspects méritent d'être précisés.
L'émission réalisé en caméra cachée verse sans problème dans le côté satirique, dans le plus pur esprit de la chaîne cryptée. Lorsque l'on est devant l'émission, c'est drôle et amusant. Mais dès que l'on prend un peu de recul, on voit clairement que pour réaliser cette émission, les auteurs se situent à la limite de la légalité, voir n'hésite pas à franchit légèrement la ligne jaune.

La satire justifie-t-elle que l'on aille aussi loin ?
Je ne le pense pas. Si l'on peut être d'accord pour grimer les mauvais penchants d'un pouvoir, pour démontrer grâce à un travail d'investigation que le gouvernement ne fait pas son boulot, il y a des limites à s'imposer. Cette émission a un effet positif car elle montre les failles, ce qui permet ensuite de les corriger. Toutefois, elle a aussi des effets négatifs non négligeables. Pas tellement pour les tentatives de contourner les contrôles, ce qui pourrait être le fait de toute personne ayant la ferme intention de le faire, mais plutôt pour la décridibilisation, l'atténuation de la réalité. A terme, on pourrait en venir à considérer que tout ce qui est fait n'est pas sérieux alors que les sujets abordés et les actions entreprises par ce collectif le sont réellement. En effet, ainsi que j'ai pu l'écrire plus haut, on flirte avec la légalité voir on l'empiète légèrement. Or, si une quelconque personne se met à vouloir faire la même chose, la situation peut rapidement empirer. Lors de leur opération dans Calais, l'équipe s'est ainsi faite embarquer par la vraie police appelé par des habitants de la ville intrigué par leur étrange manège et n'a dû son salut pour l'essentiel par leur statut de comédiens exerçant une chaîne nationale.


Conclusion.
On peut rire de tout ou presque mais pas n'importe comment. Tout a ses limites !

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