Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

mardi 1 juin 2010

Y a-t-il une polémique Aubry ?

Samedi dernier, le Parti socialiste organisait une convention à la Plaine Saint-Denis sur le thème :
« Pour un nouveau modèle de développement économique, social et écologique » dont le but était donc de réfléchir à une alternative au système actuel défendu par le président de la République et l'UMP. Si les propositions restent dans la tradition des idées socialistes, ce sont surtout deux autres points qui ont retenu l'attention.


Touche à pas à mon président !
Dans son discours lors de cette convention, Martine Aubry est revenu sur les propos qu'avait tenu Nicolas Sarkozy lors d'une réunion avec des militants de l'UMP.

Le président avait alors déclaré il y a tout juste une semaine : « Vous savez quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu. », propos qui ont bien sur touché un public acquis au discours présidentiel.

Mais cela n'a pas plus à Martine Aubry, qui, bien qu'elle ait un moment suggéré que l'on puisse porter l'âge de départ à la retraite de 60 ans à 61 ou 62 ans, a réagi vivement :

«non seulement, le président se renie - on est habitué - mais faute de courage de présenter ses propres réformes, il attaque les nôtres».

«Faut-il qu'il soit déboussolé pour attaquer le prédécesseur de son prédécesseur!»;

«On reconnaît bien Nicolas Sarkozy dans cette attaque» ;

«A son inconstance, il ajoute aujourd'hui l'inélégance. Et à son inefficacité - je le dis parce que je le pense comme ça - il ajoute une dose de vulgarité. On n'attaque pas ainsi un président de la République et surtout pas François Mitterrand!».

Au-delà de ces échanges de cour de récréation de maternelle, du jeu de savoir qui consiste à dire que son président à soi est le meilleur, le fait est que le passage de la retraite de 65 à 60 ans en 1983 était une grande erreur. Si évidemment, il fallait tenir compte de la pénibilité au travail en permettant à certaines professions de pouvoir partir à la retraite plus tôt; passer l'âge de la retraite de 65 à 60 ans était une promesse démagogique. Et ce, d'autant plus que lors de l'adoption de la mesure, les dirigeants savaient pertinemment que cela creuseraient à terme les déficits dans les régimes de retraite même si dans l'immédiat, les choses s'équilibraient.
Alors que tout indiquait que cette mesure était mauvaise, elle fut adoptée tout de même en contradiction avec l'exigence de responsabilité que tout homme politique doit avoir pour principe premier avant de prendre une décision.

Dans le même esprit, l'adoption de la loi TEPA alors que la crise pointait le bout de son nez était tout aussi dogmatique. L'adoption du « paquet fiscal » pour récompenser les clientèles électorales aisées de l'UMP était un non-sens économique tout comme la persistance à vouloir maintenir coûte que coûte le « bouclier fiscal ». Avant même d'être adoptée, la loi TEPA avait été surnommée le « boulet fiscal » tellement l'impact financier était important. Une dénomination plus que jamais d'actualité.

L'irresponsabilité des uns et des autres sur la question des retraites montre bien la nécessité de proposer une alternative sur l'importante question des retraites.


Sarkozy, un autre Madoff ?
Autre point qui a suscité des réactions outrées dans les rangs de la majorité, l'amalgame qu'aurait fait Martine Aubry entre Nicolas Sarkozy et Bernard Madoff. Ce dernier étant, rappelons-le, le responsable d'une escroquerie pyramidale d'un montant total de 50 milliards de dollars.

Voici les propos en question : «Alors, j'entends bien M. Sarkozy nous donner des leçons en matière de gestion» avant de préciser sa pensée quelques instants plus tard « J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu M. Madoff qui [nous] administre quelques cours de comptabilité ».

Aussitôt donc, cris d'orfraie des responsables de l'UMP, Frédéric Lefebvre parlant même d'insultes et demandant à la secrétaire nationale du PS de s'excuser.
Invité le dimanche midi de la partie magazine du JT de 13h de France 2 intitulée « 13h15 le dimanche », Martine Aubry a explicité les propos qu'elle avait pu tenir la veille, je cite :

« Les mots ont un sens [...] Bien sûr, je n'ai pas comparé le président de la République à Madoff mais j'ai dit une chose qui paraît assez simple, c'est que, quand il nous donne des leçons de rigueur budgétaire, quand on a fait augmenter la dette de la France - depuis que la droite est au pouvoir, en 2002, on l'a doublée, de 800 à 1 600 milliards [d'€uros] - c'est un peu comme si Madoff venait vous donner des leçons de comptabilité. Et ça ne serait pas crédible ».

Autant sur les propos concernant François Mitterand, je ne partage pas l'avis de Mme Aubry, autant concernant les leçons que nous donnent actuellement la majorité, je la soutiens parfaitement. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy a augmenté la dette publique de notre pays de 20%, et ce n'est fini puisque l'on nous annonce encore un déficit colossal pour cette année 2010. Le retour dans les clous (pour autant qu'on puisse le dire ainsi) n'étant prévu que pour 2013-2014 avec une déficit annuel inférieur à 3% du PIB.

Toutefois, il est important d'ajouter un bémol à cela. Tous les gouvernements qui se sont succédés depuis le début des années 1980 ont creusé la dette publique. Bien que certains aient réussi à la réduire un peu comme Alain Juppé pour rentrer dans les critères du traité de Maastricht et Lionel Jospin, les efforts étaient bien faibles au regard de l'ampleur de la tâche. Plus généralement, on ne peut que constater


Conclusion.
Les querelles entre la gauche et la droite font passer la classe politique pour des gamins turbulents mais en aucun cas pour des personnes responsables. Or, dans la situation difficile qui est aujourd'hui la nôtre, jamais notre pays n'a eu autant besoin. Le constat peut d'ailleurs se généraliser à tous les pays européens d'ailleurs qui sont dans des situations plus ou moins similaires au niveau de l'État de leurs finances.

L'autre aspect qui se dégage est la volonté des différents peuples européens de voir émerger une 3e voie qui puisse se poser en alternative aux partis politiques traditionnels actuels que sont les socialistes d'un côté et les conservateurs de l'autre. Ce mouvement se traduit par un recul croissant du score cumulé des formations politiques traditionnelles identifiées à gauche ou à droite.

Si dans les années 1950, la gauche et la droite rassemblait environ 98% des voix au Royaume-Uni, la part est tombé à 66% en 2005. Dans un pays symbole du système bipartisan, c'est un signe qui ne trompe pas. Toujours en prenant l'exemple britannique, l'élection de la 1ière parlementaire verte à la Chambre des communes ainsi que le score des libéraux traduisent une volonté de changement autour d'un projet libéral, démocrate et écologique axé sur la transition vers une économie verte et la défense des libertés fondamentales.

La question qui se pose maintenant est de réaliser l'union autour de ce projet. En France, en Allemagne, au Royaume-Uni mais aussi dans les pays de l'Est récents membres de l'Union, les ingrédients pour la réaliser sont déjà là.

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