Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

vendredi 11 février 2011

Paroles... Paroles...


Ce jeudi 10 Février 2011, Nicolas Sarkozy intervenait sur TF1 dans « Paroles de français ».

Un format sur mesure.
Cette émission taillée pour le chef de l'État sur la plus grande chaine privée de France a réuni 8,2 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie. Un score honorable mais pas exceptionnel puisque l'émission a eu lieu un jeudi soir, soit le jour où les audiences sont les plus fortes et en première partie de soirée, case télévisuelle la plus favorable de la semaine à la télévision.

Le maître de cérémonie ensuite, ou passeur de plats, était Jean-Pierre Pernault dont l'enthousiasme pour le président de la République n'est plus à démontrer. Le panel de français ensuite, 9 français soigneusement choisis pour permettre au président de la République de dérouler son discours. Ainsi, une pharmacienne de Nice pas dupe pour un sou qui savait pertinnemment qu'elle avait été invité car s'étant faite braquée 4 fois en 1 mois et demi. Ou, encore cette jeune chômeuse du Valenciennois choisi pour ses difficultés à retrouver un emploi. Mais aussi ce retraité de Bapaume (Pas de Calais) dont l'épouse, malade, fait face à des difficultés en matière de dépendance.

Mais, malgré toutes ces précautions, l'émission n'a pas vraiment atteint ses buts.


Déçus...
De toutes les réactions qui arrivent, un mot revient : déçu.
Les 9 français invités sur le plateau, déçus de la surdité du président de la République qu'ils ont trouvé peu à l'écoute de leurs problèmes et plus préoccupé par le fait d'expliquer ses idées aux français sur le plateau puis à leur présenter son épouse que par trouver ou proposer des solutions à leurs difficultés. Pour eux, il est évident qu'en 2011, le président ne fera rien pour résoudre leurs difficultés malgré la volonté affichée.

Même son de cloche du côté des courageux téléspectateurs qui ont suivi l'intégralité de l'intervention présidentielle. De leur côté, c'est surtout la longueur de l'intervention présidentielle qui les a marqués. Aucune annonce dans les propos du président, si ce n'est une rallonge de 500 millions € pour lutter contre le chômage de longue durée via des contrats aidés.

Du côté des partis politiques, hormis l'UMP qui a forcément trouvé l'intervention présidentielle formidable, les réactions pointent aussi l'interminable intervention présidentielle et l'ennui qu'elle a suscité. Signe de ce manque d'intérêt, la réaction de Marielle de Sarnez qui s'est dit plus intéressée par le discours en direct d'Hosni Moubarak à la télévision égyptienne que par l'émission consacré au président de la République. Tout un symbole !


Que retenir.
De cette intervention, les différents acteurs n'attendaient pas grand chose et le moins que l'on puisse dire, c'est que le président a plus que répondu à leurs attentes. Dans une longue et ennuyeuse intervention où les français présents pour l'interroger, bien que soigneusement choisis n'ont pas vraiment pu en placer une, le président a surtout montré qu'il ne comptait pas faire grand-chose pour eux en 2011. Ce dernier avait pourtant promis que 2011 ne serait pas une année blanche en termes législatifs.

Si on y regarde de plus près, hormis les projets lancées en 2010 ou prévus de longue date comme la LOPPSI 2 ou la révision de la loi sur la bioéthique, l'agenda n'est pas vraiment excitant. Ah si, une chose se distingue par rapport à ce qui était prévu. Fait sans précédent, la plupart des magistrats sont dans « mouvement collectif de cessation de travail ». Professions plus conservatrices et respectueuses de l'ordre établi, les professionnels du monde judiciaire exprime cette fois leur ras-le-bol face au manque de moyens dont souffre la justice et la mise en cause de leur responsabilité.

Dans ce contexte, on peut toutefois se poser une question : quand le mouvement démocratique au Afrique du Nord s'étendra-t-il à la France ?

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