Attendu, le sommet entre le président français et la chancelière, l'était, mais plus encore les propositions dont ils devaient accoucher, et ainsi rassurer « les marchés ». Marchés bien ingrats puisqu'ils ont réagi par la négative ; l'euro retombant sous la parité $ 1,44 pour 1 €, le Dow Jones et le Nasdaq, les deux indices phares de la bourse de New York suivant eux aussi à la baisse. Mais pourquoi donc puisque, somme toute, les deux dirigeants sont parvenus à un accord rapide sur des propositions concrètes ?
La réalité est à la fois simple et complexe mais peut être résumé en une phrase : le moteur franco-allemand est en panne au bord de la route.
Alors que l'occasion n'a jamais été aussi belle de lancer l'Europe fédérale et de faire un grand pas, nos dirigeants se contentent d'un surplace dévastateur. Mais examinons donc ces fameuses propositions.
Et d'un coup ? Rien.
Suite à leur rencontre bilatérale, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont fait quatre propositions que voici :
1- un gouvernement économique de la zone €uro ;
2- une taxe sur les transactions financières ;
3- l'adoption de la « règle d'or » par les 17 États membres de la zone €uro;
4- l'émergence, à terme, d'un impôt sur les sociétés franco-allemand.
Reprenons donc ces propositions.
Un gouvernement économique de la zone €uro.
Cette proposition doit montrer un renforcement de la cohésion des politiques économiques entre États-membres de la zone €uro. Le problème est que cette gouvernance existe déjà. En effet, un structure de gouvernance a déjà été mis en œuvre suite aux précédents problèmes rencontrés par l'€uro. Son nom ? L'Eurogroupe. D'abord tournante, la présidence de cette structure est devenue plus définitive avec l'élection d'un président pour 2 ans et demi. Ce président est choisi parmi les membres du Conseil de l'Union européenne dans sa forme économique. Actuellement, il s'agit du Premier ministre luxembourgeois, M. Jean-Paul Juncker.
Aucun changement dans la structure profonde qu'aurait cette instance de gouvernement puisque ce serait toujours une structure intergouvernementale. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel viennent donc de réinventer l'Eurogroupe. Bravo.
Une taxe sur les transactions financières.
Maintes fois évoquée, mais toujours reportée pour d'obscures et subtiles raisons, l'idée d'une taxe marginale sur les flux de capitaux afin de limiter la spéculation tout en permettant de dégager des ressources permettant de stabiliser l'économie est revenue en grâce ces derniers temps. Beaucoup jugeaient son application possible uniquement si tous les États l'appliquaient au risque, dans le cas contraire, de pousser à l'évasion des capitaux.
Le même raisonnement a été appliqué, peu ou prou, à une autre taxe. Cette taxe, c'est celle qui s'applique actuellement sur les billets d'avion et qui a permis de dégager des ressources et pérennes bien que toujours insuffisantes pour lutter contre les grandes épidémies. Loin d'avoir impacté lourdement le secteur aérien, cette taxe ne semble avoir eu aucun effet sur la croissance du trafic aérien, à tel point que les pays l'appliquant songent à l'augmenter afin d'accroitre les ressources du fond précité.
Mais, là encore, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy enfoncent une porte ouverte. En effet, cette bonne résolution intervient plus de 5 mois après l'adoption par le Parlement européen au mois de Mars d'un texte en ce sens. Une différence de taille toutefois. La résolution du Parlement européen va beaucoup plus loin ! Pêle-mêle, elle demande de mettre un frein au néo-libéralisme effréné en accroissant les protections et l'approfondissement du marché intérieur ou encore la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux qui y sont associés.
Nicolas Sarkozy dont la tolérance vis-à-vis de la fraude fiscale des plus aisés et dont l'inventivité l'a poussé à créer de nouveaux paradis fiscaux dans les départements français d'outre-mer devrait s'en rappeler.
L'adoption de la règle d'or.
Nouvelle marotte de nos dirigeants qui citent l'exemple allemand pour généraliser l'austérité, l'instauration de la « règle d'or » est loin d'être la solution aux problèmes actuels. Pire, elle devient un problème dans des économies qui ont d'urgence besoin d'un stimulus économique de grande ampleur. Notre situation actuelle n'est pas si différente de l'après jeudi noir. Enfin si, les États sont venus au secours des banques et ont évité une panique bancaire généralisé en ouvre en grands les vannes de liquidités au lieu de les fermer. Résultat les banques ont été sauvées mais au lieu de prêter l'argent reçu, les institutions financières ont sagement rangés les milliards dans leurs coffres empêchant ainsi tout redécollage économique. Les États devront donc quoi qu'il advienne intervenir de nouveau.
Dans ce contexte, l'adoption de la « règle d'or » relève de la folie douce. Et quand bien même les États-membres de la zone €uro décideraient de se réformer en profondeur, ils auraient besoin de s'endetter pendant quelques années afin justement de mener ces réformes de structure. Et ces réformes demandent des fonds non négligeables en plus d'une culture du dialogue. Nombreux sont les États à avoir tenté de se réformer à fonds constants, rare sont ceux à être arrivés. La réduction des dépenses intervient, en effet, dans un deuxième temps lorsque les réformes de structure ont été intégrés mais avant, elles coûtent.
L'émergence d'une fiscalité commune sur les entreprises.
Proposition dont on a le moins parlé et pour cause, la convergence de la fiscalité sur les entreprises entre la France et l'Allemagne serait un premier pas vers une réelle fiscalité européenne. « Serait »? Oui, « serait », car il ne s'agit, pour le moment que d'une piste de réflexion. Traduction : rien n'est fait mais on y pense sérieusement. C'est déjà ça diront les optimistes, ce n'est qu'une promesse rétorqueront les autres. N'oublions pas que l'idée est déjà sur la table depuis un moment. Proposée par la Commission européenne depuis des années afin que l'Europe dispose de ressources indépendantes du budget des États, l'idée n'avait rencontré que peu d'écho. Certains États comme l'Irlande s'y opposant farouchement, même au bord de l'asphyxie financière en 2008. Pour ne pas avoir à augmenter cet impôt, le gouvernement de Brian Cowen ayant préféré tailler dans les dépenses sociales notamment envers les plus défavorisés.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Que la France et l'Allemagne ne fassent qu'envisager une telle mesure est déjà un progrès considérable vu les positions de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Conclusion.
De ce sommet franco-allemand, les « marchés » attendaient bien peu et ils en ont eu pour leur argent en termes de déception. Bloqués sur leurs positions en attendant les scrutins électoraux de 2012 pour la France, et 2013 pour l'Allemagne; le président de la République française et la chancelière allemande font aussi face à des coalitions parlementaires qui s'effritent. Merkel n'a pas de majorité sur le sujet de la crise de l'euro et des solutions à y apporter. Nicolas Sarkozy, grâce à la constitution de la Ve République tient encore les rênes même si le Parlement ne lui est pas totalement acquis et qu'il est probable qu'il le lui soit encore moins à la fin de l'année, une fois les élections sénatoriales passées.
Des deux côtés du Rhin, on s'observe en chiens de faïence alors que l'occasion se présente de pousser vers une Europe fédérale. Les marchés veulent une solution pérenne et non un nouveau plan à chaque coup de vent. Les citoyens souhaitent eux-aussi une plus grande sécurité économique et sociale et sont plus européens que leurs dirigeants comprenant tout l'intérêt qu'il y aurait à avoir des solutions communes. Mais voilà, le couple franco-allemand actuel est dirigé par deux personnes pas plus enthousiasmé que cela par la perspective de renforcer l'Union.
Dommage !
La réalité est à la fois simple et complexe mais peut être résumé en une phrase : le moteur franco-allemand est en panne au bord de la route.
Alors que l'occasion n'a jamais été aussi belle de lancer l'Europe fédérale et de faire un grand pas, nos dirigeants se contentent d'un surplace dévastateur. Mais examinons donc ces fameuses propositions.
Et d'un coup ? Rien.
Suite à leur rencontre bilatérale, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont fait quatre propositions que voici :
1- un gouvernement économique de la zone €uro ;
2- une taxe sur les transactions financières ;
3- l'adoption de la « règle d'or » par les 17 États membres de la zone €uro;
4- l'émergence, à terme, d'un impôt sur les sociétés franco-allemand.
Reprenons donc ces propositions.
Un gouvernement économique de la zone €uro.
Cette proposition doit montrer un renforcement de la cohésion des politiques économiques entre États-membres de la zone €uro. Le problème est que cette gouvernance existe déjà. En effet, un structure de gouvernance a déjà été mis en œuvre suite aux précédents problèmes rencontrés par l'€uro. Son nom ? L'Eurogroupe. D'abord tournante, la présidence de cette structure est devenue plus définitive avec l'élection d'un président pour 2 ans et demi. Ce président est choisi parmi les membres du Conseil de l'Union européenne dans sa forme économique. Actuellement, il s'agit du Premier ministre luxembourgeois, M. Jean-Paul Juncker.
Aucun changement dans la structure profonde qu'aurait cette instance de gouvernement puisque ce serait toujours une structure intergouvernementale. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel viennent donc de réinventer l'Eurogroupe. Bravo.
Une taxe sur les transactions financières.
Maintes fois évoquée, mais toujours reportée pour d'obscures et subtiles raisons, l'idée d'une taxe marginale sur les flux de capitaux afin de limiter la spéculation tout en permettant de dégager des ressources permettant de stabiliser l'économie est revenue en grâce ces derniers temps. Beaucoup jugeaient son application possible uniquement si tous les États l'appliquaient au risque, dans le cas contraire, de pousser à l'évasion des capitaux.
Le même raisonnement a été appliqué, peu ou prou, à une autre taxe. Cette taxe, c'est celle qui s'applique actuellement sur les billets d'avion et qui a permis de dégager des ressources et pérennes bien que toujours insuffisantes pour lutter contre les grandes épidémies. Loin d'avoir impacté lourdement le secteur aérien, cette taxe ne semble avoir eu aucun effet sur la croissance du trafic aérien, à tel point que les pays l'appliquant songent à l'augmenter afin d'accroitre les ressources du fond précité.
Mais, là encore, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy enfoncent une porte ouverte. En effet, cette bonne résolution intervient plus de 5 mois après l'adoption par le Parlement européen au mois de Mars d'un texte en ce sens. Une différence de taille toutefois. La résolution du Parlement européen va beaucoup plus loin ! Pêle-mêle, elle demande de mettre un frein au néo-libéralisme effréné en accroissant les protections et l'approfondissement du marché intérieur ou encore la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux qui y sont associés.
Nicolas Sarkozy dont la tolérance vis-à-vis de la fraude fiscale des plus aisés et dont l'inventivité l'a poussé à créer de nouveaux paradis fiscaux dans les départements français d'outre-mer devrait s'en rappeler.
L'adoption de la règle d'or.
Nouvelle marotte de nos dirigeants qui citent l'exemple allemand pour généraliser l'austérité, l'instauration de la « règle d'or » est loin d'être la solution aux problèmes actuels. Pire, elle devient un problème dans des économies qui ont d'urgence besoin d'un stimulus économique de grande ampleur. Notre situation actuelle n'est pas si différente de l'après jeudi noir. Enfin si, les États sont venus au secours des banques et ont évité une panique bancaire généralisé en ouvre en grands les vannes de liquidités au lieu de les fermer. Résultat les banques ont été sauvées mais au lieu de prêter l'argent reçu, les institutions financières ont sagement rangés les milliards dans leurs coffres empêchant ainsi tout redécollage économique. Les États devront donc quoi qu'il advienne intervenir de nouveau.
Dans ce contexte, l'adoption de la « règle d'or » relève de la folie douce. Et quand bien même les États-membres de la zone €uro décideraient de se réformer en profondeur, ils auraient besoin de s'endetter pendant quelques années afin justement de mener ces réformes de structure. Et ces réformes demandent des fonds non négligeables en plus d'une culture du dialogue. Nombreux sont les États à avoir tenté de se réformer à fonds constants, rare sont ceux à être arrivés. La réduction des dépenses intervient, en effet, dans un deuxième temps lorsque les réformes de structure ont été intégrés mais avant, elles coûtent.
L'émergence d'une fiscalité commune sur les entreprises.
Proposition dont on a le moins parlé et pour cause, la convergence de la fiscalité sur les entreprises entre la France et l'Allemagne serait un premier pas vers une réelle fiscalité européenne. « Serait »? Oui, « serait », car il ne s'agit, pour le moment que d'une piste de réflexion. Traduction : rien n'est fait mais on y pense sérieusement. C'est déjà ça diront les optimistes, ce n'est qu'une promesse rétorqueront les autres. N'oublions pas que l'idée est déjà sur la table depuis un moment. Proposée par la Commission européenne depuis des années afin que l'Europe dispose de ressources indépendantes du budget des États, l'idée n'avait rencontré que peu d'écho. Certains États comme l'Irlande s'y opposant farouchement, même au bord de l'asphyxie financière en 2008. Pour ne pas avoir à augmenter cet impôt, le gouvernement de Brian Cowen ayant préféré tailler dans les dépenses sociales notamment envers les plus défavorisés.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Que la France et l'Allemagne ne fassent qu'envisager une telle mesure est déjà un progrès considérable vu les positions de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Conclusion.
De ce sommet franco-allemand, les « marchés » attendaient bien peu et ils en ont eu pour leur argent en termes de déception. Bloqués sur leurs positions en attendant les scrutins électoraux de 2012 pour la France, et 2013 pour l'Allemagne; le président de la République française et la chancelière allemande font aussi face à des coalitions parlementaires qui s'effritent. Merkel n'a pas de majorité sur le sujet de la crise de l'euro et des solutions à y apporter. Nicolas Sarkozy, grâce à la constitution de la Ve République tient encore les rênes même si le Parlement ne lui est pas totalement acquis et qu'il est probable qu'il le lui soit encore moins à la fin de l'année, une fois les élections sénatoriales passées.
Des deux côtés du Rhin, on s'observe en chiens de faïence alors que l'occasion se présente de pousser vers une Europe fédérale. Les marchés veulent une solution pérenne et non un nouveau plan à chaque coup de vent. Les citoyens souhaitent eux-aussi une plus grande sécurité économique et sociale et sont plus européens que leurs dirigeants comprenant tout l'intérêt qu'il y aurait à avoir des solutions communes. Mais voilà, le couple franco-allemand actuel est dirigé par deux personnes pas plus enthousiasmé que cela par la perspective de renforcer l'Union.
Dommage !
1 commentaire:
Même si effectivement il faut financer des grands projets de croissance (durable) on doit aussi apprendre à mieux gérer nos finances publiques. Il n'en reste pas moi que la fameuse règle d'or, existe déjà, pas la peine de la réinventer, il suffitr d'appliquer Maastricht.
Sur la fiscalité, ma religion est que l'Europe a bien plus besoin de gouvernance que de convergence.
venez me lire sur www.europelibre.typepad.com
amitiés démocrates
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