Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

samedi 28 février 2009

Quitterie Delmas sur France 4.


Hier soir, après une longue journée, une fois le match du XV de France fini (d'ailleurs bravo les gars !), je zappe sur les canaux des chaînes auxquelles j'ai accès et je tombe par hasard sur un sketch sur le blog de Quitterie dont je reconnais la "patte graphique", je décide donc de rester et de regarder un peu ce que dit la personne que je viens de citer. Je décide donc suite à cette émission de faire une nouvelle lettre ouverte à Quitterie Delmas.

"Quitterie, tu reprends ta thématique "les partis sont des machines à gagner les élections", et déclare vouloir agir dans le cadre de l'action civile pour garder ta liberté de ton. Je trouve que cette approche manque de profondeur. L'on t'a proposé une place qui aurait pu te mener au Parlement européen, tu as choisi de refuser pour garder ta liberté de parole, soit. Cependant, je ne suis pas d'accord avec toi sur ce point et sur l'argumentation que tu as développé sur France 4 dans le Bellatar show. Si la sphère civile a du poids et peut faire pencher les choses, ce n'est pas elle qui tranche et prend les décisions. Les avantages que tu mets en avant sont aussi ses faiblesses.

En me penchant sur le sens du mot "parti", j'ai pu lire dans le dictionnaire :
"Association de personnes organisées en vue d'une action politique", le mot "politique" relevant "d'une personne qui s'intéresse aux affaires publiques". En ce sens, le jeu de mot que tu as eu avec l'animateur n'était pas sans arrière-sens. Tu viens donc en renonçant aux partis politiques selon tes propos d'en rejoindre un autre, celui des personnes qui s'oppose à ce système et ce faisant tu restes dedans, tu es dans l'opposition aux partis.

Plus simplement, tu clames ta liberté d'opinion retrouvée et pleine d'espoir, tu as posé la question de l'engagement dans la vie publique. Je me suis aussi posé cette question et je me rappelle que peut de temps après mon adhésion, j'avais vu une vidéo de toi où tu disais "Il y a un moment où on se pose la question de ce que l'on peut faire pour changer les choses et c'est le moment où on entre en politique" (l'exactitude des propos rapportés n'est pas absolue mais le sens y est). Je constate donc que tu utilises ce même raisonnement pour défendre la position contraire de n'appartenir à aucun parti. Il est vrai que cette position peut se tenir mais le revirement est assez acrobatique. Bref, tu as renoncé à un mandat européen pour garder ta liberté.
Je suis en complet désaccord avec ce que tu dis. L'on ne te demandait pas de perdre ta liberté de pensée mais au contraire de la garder, c'est d'ailleurs le credo même qui a fait que j'ai rejoint le MoDem, la diversité de pensée source d'enrichissement mutuel. Tu pourra m'opposer l'argument de la discipline de parti, je pourrai répondre de mauvaise foi que tu es libre et qu'il y a pas de mandat impératif pour un député européen mais je préfère dire qu'en faisant parti politique, il est évident que l'on partage un minimum d'idées avec les personnes membres de ce parti et que de trop grands désaccords amène à en changer. Pour résumer, la discipline c'est toi même qui te l'impose vis-à-vis de ta conscience, c'est un choix personnel et y déroger la plupart du temps reviendrait à remettre en cause la contrat que tu as conclu avec toi même.
Autre élément que l'on peut t'opposer, le Parlement européen n'est pas un lieu comme les autres, il est l'essence même de la souveraineté des peuples car il n'y a pas de majorité fixe et d'opposition fixe. Les groupes se positionnent de façon à arriver à un consensus pour produire un texte qui s'appliquera. Ce mécanisme si particulier que le MoDem défend permet d'obtenir une législation durable et acceptée de tous. En ce sens, c'est cet argument qui aurait dû t'inciter à accepter la proposition qui t'était faite. (Il semble d'ailleurs que tu ais accepté dans un 1er temps avant de refuser puis de rendre ta carte). La façon même dont fonctionne le Parlement européen est le cadre idéal dans lequel ton action et tes idées auraient pu s'exprimer le plus efficacement. Tu aurais aussi pu être dans ce cadre la voix de la jeunesse. On arrive donc à l'autre argument que tu défends depuis longtemps, le manque de reconnaissance et de représentation des jeunes des mandats électoraux.

L'opposition jeunes/"vieux" ou "pas jeunes".
Après donc, avoir défendu la nécessité pour les gens de se prendre en main via l'engagement dans la société civile, tu en viens à parler du clivage "Jeunes/Vieux" et au manque de représentativité de cette catégorie de la population parmi les élus. Certes, on ne peut nier que les jeunes ne sont pas la catégorie de la population la plus représentée parmi les élus. Il est très difficile en effet pour les jeunes d'intégrer la société sur ce plan. On pourrait arguer du manque d'expérience (qui existe) mais surtout d'un certain dédain de nos sociétés pour les jeunes (qui est réel) comme les mouvements étudiants en Europe ces dernières années en Grèce ou en France.
Cependant, il en existe certains qui arrivent à émerger, ainsi le président du MoDem de Seine-Maritime (je t'invite à chercher qui c'est ^^), ce n'est pas suffisant nous sommes d'accord sur ce point.

Mais comment changer les choses en restant dans la société civile ?

Ce n'est pas en restant en dehors des partis que l'on devient élu, c'est ainsi. Cependant, l'action civile n'est pas inutile, au contraire. Elle est même très efficace surtout sur le plan environnemental ou encore pour faire émerger des thématiques peu rémunératrices sur le plan politique mais porteuses d'un intérêt général (le développement du train par exemple). Elle peut être parfois indispensable notamment dans le sport où sans elle, ce secteur important pour la population et la société n'existerait pas. Pour toi, donc, il est nécessaire d'être en dehors des partis pour garder une liberté de parole et pouvoir faire une action civile efficace.
Je suis encore en total désaccord avec toi sur ce point. Je suis moi-même très actif au niveau de la vie associative et de l'action civile, j'ai pourtant gardé ma liberté de pensée et mon appartenance au MoDem n'a pas été un obstacle mais plutôt un accélérateur, elle m'a permis de monter des porjets que j'avais en tête depuis un moment et de faire passer des idées. Je n'ai pas l'intention de renoncer à ma liberté de pensée pour avoir un mandat et je dirai même que c'est plutôt un atout que de garder sa liberté de pensée pour un élu, cela permet de garder les pieds sur terre.
Pour finir, je te rappelerai une histoire que tu connais surement. Pour prendre la cité de Troie, les grecs ont construit un cheval de bois que les troyens ont fait entrer dans la cité prenant l'objet en question pour un signe divin. La suite est limpide, les grecs attendirent la nuit tombé pour ouvrir les portes aux armées grecques qui ne s'étaient pas vraiement éloignés.
Pendant près de 10 ans, les grecs malgré leur ingéniosité, leur puissance et d'importants atouts, n'étaient pas arriver à entrer dans la ville, il a fallu qu'il ruse pour faire entrer leurs armées en ouvrant le chemin de l'intérieur.
En reprenant, l'analogie, je dirai que sans jeunes dans les parties malheureusement il n'y aura aucun résultat visible. L'action dans la vie civile aura beau être très active et tu auras beau te démener tant que tu veux, tu ne pourras réaliser ton ambition qu'en rentrant dans un parti. La politique doit être cultivé par une culture du consensus qui fait renoncer à une partie de soi pour obtenir un résultat pour tous. Cela semble te gêner, mais c'est la solution pour arriver à quelque chose de concret et efficace. But qu'encore une fois, l'action civile n'atteindra pas !

A mon avis, donc tu te trompes et tu t'apercevras de ton erreur d'ici quelques temps et je pense que tu pourrais revenir un jour à l'action politique d'une manière ou d'une autre. Mais le chemin sur lequel tu es actuellement sera voué un échec au moins partiel.

Orange pressé."

jeudi 26 février 2009

Corinne Lepage démonte Pérol.

Je reprends ici l'article qu'a publié Corinne Lepage sur la nomination de François Pérol à la tête de l'ensemble Caisses d'Épargne-Banques populaires. A noter qu'à 14h ce jeudi Pérol a été nommé président du directoire des Caisses d'Épargne alors que la commission de déontologie n'a pas donné son avis ce qui est tout à fait illégal. Je reviendrai en détail sur ce point dans un prochain post.

Corinne Lepage démonte Pérol

Pour Corinne Lepage, la nomination de François Pérol, secrétaire général adjoint de l'Elysée, à la tête de l’établissement bancaire résultant de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d’épargne est une «affaire grave». Elle s'explique sur Marianne2.fr.



La nomination de M. Pérol à la tête de l’établissement bancaire résultant de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d’épargne est une affaire grave à double titre.

Quand la parole publique est défaillante...
D’une part, manifestement, et contrairement à ce qui est affirmé, M. Pérol est justiciable de la commission de déontologie. Du reste, le Président de la République a commencé par affirmer que celle-ci n’avait pas formulé d’opposition (ce qui ne signifie du reste pas qu’elle ait donné un avis positif) avant de faire reconnaître par M. Guéant que non seulement elle n’avait pas donné d’avis, mais encore que le Président de cette commission , seul consulté semble-t-il à cette heure, ne serait prononcé que sur le caractère obligatoire ou non de la saisine. Il aurait indiqué que le cas de M. Pérol ne relevait pas d’une saisine obligatoire, ce qui, bien évidemment, ne constitue en rien un avis sur la légalité de cette nomination. Ainsi, les propos du Président sont doublement inexacts, ce qui est grave en soi. Rappelons, en effet, que dans une démocratie, la parole publique est fondamentale.

Mais, revenons au texte. Il serait très instructif que soit rendu public le courrier de M. Fouquet, Président de la Commission de déontologie pour essayer de justifier que le cas de M. Pérol ne relève pas d’une saisine obligatoire. En effet, la loi du 29 janvier 1993 modifiée par la loi du d 2 février 2007 dispose dans son article 87 :

I. - Une commission de déontologie placée auprès du Premier ministre est chargée d'apprécier la compatibilité de toute activité lucrative, salariée ou non, dans une entreprise ou un organisme privé ou toute activité libérale, avec les fonctions effectivement exercées au cours des trois années précédant le début de cette activité par tout agent cessant ses fonctions. Ces dispositions sont applicables :

1° Aux fonctionnaires placés ou devant être placés en cessation définitive de fonctions, disponibilité, détachement, hors-cadre, mise à disposition ou exclusion temporaire de fonctions ;

2° Aux agents non titulaires de droit public employés par l'Etat, une collectivité territoriale ou un établissement public ;

3° Aux membres d'un cabinet ministériel ;

4° Aux collaborateurs de cabinet des autorités territoriales

5° Aux agents contractuels de droit public ou de droit privé des établissements mentionnés aux articles L. 1142-22, L. 1222-1, L. 1323-1, L. 1336-1, L. 1413-2, L. 1418-1 et L. 5311-1 du code de la santé publique ;

6° Aux agents contractuels de droit public ou de droit privé d'une autorité administrative indépendante.

Ces dispositions ne s'appliquent aux agents non titulaires de droit public mentionnés aux 2° et 6° que s'ils sont employés de manière continue depuis plus d'un an par la même autorité ou collectivité publique...

II. - La saisine de la commission est obligatoire au titre du I pour les agents chargés soit d'assurer la surveillance ou le contrôle d'une entreprise privée, soit de conclure des contrats de toute nature avec une entreprise privée ou de formuler un avis sur de tels contrats, soit de proposer des décisions relatives à des opérations effectuées par une entreprise privée ou de formuler un avis sur de telles décisions.
Pour l'application du premier alinéa du présent II, est assimilée à une entreprise privée toute entreprise publique exerçant son activité dans un secteur concurrentiel et conformément aux règles du droit privé.
La commission peut être saisie, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'État, par tout agent entrant dans le champ du I ou par l'administration dont relève cet agent.

Dans tous les cas, la commission est saisie préalablement à l'exercice de l'activité envisagée.

III. - La commission peut être saisie pour rendre un avis sur la compatibilité avec les fonctions précédentes de l'agent, de toute activité lucrative, salariée ou non, dans un organisme ou une entreprise privé ou dans une entreprise publique exerçant son activité conformément aux règles du droit privé dans un secteur concurrentiel ou d'une activité libérale que souhaite exercer l'agent pendant un délai de trois ans suivant la cessation de ses fonctions. La commission examine si cette activité porte atteinte à la dignité des fonctions précédemment exercées ou risque de compromettre ou de mettre en cause le fonctionnement normal, l'indépendance ou la neutralité du service. Au cas où la commission a été consultée et n'a pas émis d'avis défavorable, l'agent public ne peut plus faire l'objet de poursuites disciplinaires et le IV ne lui est pas applicable.

Le Décret n°2007-611 du 26 avril 2007 relatif à l'exercice d'activités privées par des fonctionnaires ou agents non titulaires ayant cessé temporairement ou définitivement leurs fonctions et à la commission de déontologie précise dans son article 1 :

I. - Il est interdit aux agents mentionnés au I de l'article 87 de la loi du 29 janvier 1993 susvisée qui cessent temporairement ou définitivement leurs fonctions :

A. - De travailler, de prendre ou de recevoir une participation par conseil ou capitaux dans une entreprise privée, lorsque l'intéressé a été chargé, au cours des trois dernières années qui précèdent le début de cette activité, dans le cadre des fonctions qu'il a effectivement exercées :
1° D'assurer la surveillance ou le contrôle de cette entreprise ;
2° De conclure des contrats de toute nature avec cette entreprise ou de formuler un avis sur de tels contrats ;
3° De proposer directement à l'autorité compétente des décisions relatives à des opérations réalisées par cette entreprise ou de formuler un avis sur de telles décisions.
Les interdictions mentionnées ci-dessus s'appliquent également aux activités exercées dans une entreprise :
a) Qui détient au moins 30 % du capital de l'entreprise susmentionnée, ou dont le capital est, à hauteur de 30 % au moins, détenu soit par l'entreprise susmentionnée, soit par une entreprise détenant aussi 30 % au moins du capital de l'entreprise susmentionnée ;
b) Ou qui a conclu avec l'entreprise susmentionnée un contrat comportant une exclusivité de droit ou de fait.
Ne sont toutefois pas interdites la seule participation au capital de sociétés cotées en bourse ou la participation intervenant par dévolution successorale.

B. - D'exercer une activité lucrative, salariée ou non, dans un organisme ou une entreprise privé et toute activité libérale si, par sa nature ou ses conditions d'exercice et eu égard aux fonctions précédemment exercées par l'intéressé, cette activité porte atteinte à la dignité desdites fonctions ou risque de compromettre ou mettre en cause le fonctionnement normal, l'indépendance ou la neutralité du service.

II. - Les interdictions prévues au I ci-dessus s'appliquent pour une durée de trois ans à compter de la cessation des fonctions justifiant l'interdiction.

III. - Au sens du présent article, est assimilée à une entreprise privée toute entreprise publique exerçant son activité dans un secteur concurrentiel et conformément au droit privé.

En l’espèce, il apparait évident que M. Pérol a , a minima, proposé des décisions relatives aux opérations effectuées par la future entité qu’il va présider et a fortiori a formulé un avis. Comment dés lors, considérer que la saisine n’est pas obligatoire ? et a fortiori considérer qu’il n’entre pas dans les cas énumérés par la loi de saisine obligatoire ?

Incohérence et divergence des discours
La lettre du président Fouquet est très éloignée des versions successives qui ont été présentées par l’Elysée. Tout d’abord, il a été indiqué que la Commission de déontologie avait été saisie. C’est inexact.
Ensuite, il a été indiqué que la Commission avait donné un avis par l’intermédiaire de son Président ; Ce n’est que partiellement exact puisque le Président prend soin d’indiquer qu’il ne peut que donner un avis personnel qui n’engage pas la Commission. Puis, M. Guéant a indiqué qu’en toute hypothèse , le cas de M. Pérol n’entrait pas dans la saisine obligatoire de la Commission. A aucun moment, dans son courrier, le Président Fouquet ne s’exprime sur ce point, mais au contraire évoque la question de fond ; Dès lors, la saisine de la Commission étant préalable, M. Pérol ne peut à ce jour accéder à ses nouvelles fonctions.

« La jurisprudence citée n'est pas concluante »
Sur le fond, l’avis du président Fouquet doit être lu entre les lignes et ne contredit en rien l’analyse juridique qui précède. Tout d’abord, il vise l’avis du secrétaire général qui estime que les fonctions de M. Pérol à l’Elysée n’entrent pas dans les cas visés par la loi. Ainsi, il se réfère à une interprétation que Le secrétaire général de l’Elysée n’a aucune compétence pour formuler et qui n’engage que lui. Or, la situation de fait est importante pour juger de la situation de droit ; l’avis est donc émis comme si M. Pérol était totalement étranger à l’opération concernant la naissance du nouvel établissement. De plus, il n’analyse la situation que sur le plan pénal en se référant à l’interprétation nécessairement stricte de la loi pénale. Mais, les pouvoirs de la commission ne sont pas de nature pénale ; ils sont beaucoup plus large et visent l’aspect strictement déontologique. Enfin, la jurisprudence citée n’est pas concluante pour deux raisons ; celle qui est antérieure à 2007 est inopérante car la loi a changé en 2007. quant aux autres exemples, ils ne visent pas des personnes entrant dans un établissement sur lequel ils avaient spécifiquement travaillé ; en toute hypothèse, l’arrêt Bauffret du Conseil d’Etat montre un rigueur beaucoup plus grande du Conseil d’Etat sur le pantouflage.

Ainsi, on voit mal, comment, même si elle n’était pas saisie à titre obligatoire, la commission pourrait rendre un avis favorable. Elle doit être saisie et M. Pérol ne devrait pas prendre de fonctions tant que l’avis n’est pas émis.

Des dysfonctionnements mis en évidence
Dès lors, dans cette affaire, et indépendamment même des questions déontologiques d’une autre nature liées au fait que par le passé, M. Pérol avait conseillé une des deux parties sur un montage qui est aujourd’hui contesté, si les règles de droit étaient appliquées, M. Pérol ne pourrait être nommé. Cette affaire révèle, au-delà du cas particulier qui ne met évidemment pas en cause les compétences professionnelles de M. Pérol, le dysfonctionnement des instances politiques et juridiques françaises. Comment se fait-il que le Président de la République, garant au terme de la Constitution, du fonctionnement des pouvoirs publics et du respect de l’état de droit, intervient précisément en violation de la loi. Comment se fait-il que nous ne disposions d’aucun organe qui puisse imposer le respect de la loi, alors même que l’article 432-13 du code pénal a été évoqué par certains ? Comment se fait-il qu’il n’y ait en France aucun pouvoir judiciaire à même de trancher la difficulté juridique à supposer qu’il y ait un débat juridique ?

On le voit. Cette affaire, indépendamment des questions liées au poids du Président dans les nominations pose crûment la question du fonctionnement de notre état de droit et de la qualification de démocratique de notre système.

Jeudi 26 Février 2009 - 17:04
Corinne Lepage

mardi 24 février 2009

Les Écureuils se rebiffent.


Le mariage entre les Banques Populaires et les Caisses d'Épargne était entrevue bien avant la crise avec la mise en commun des filiales de marché des 2 entités dans Natixis. La dégringolade des subprimes conjuguée à des investissements hasardeux et très risqué ont accéléré le processus. Les 2 banques mutualistes vont fusionner pour donner naissance à la 2e banque française et à la 3e banque européenne derrière HSBC et BNP-Paribas. L'État français qui a été l'un des moins interventionnistes auprès des banques a cette fois décidé de prendre des parts au capital de façon un peu spéciale.

Si j'approuve largement le principe que l'État entre au capital des banques en ces temps troublées, idée que j'ai largement défendue sur ce blog. Je désapprouve la méthode. Pourquoi ?

D'abord, parce que l'État ne sera pas vraiment un actionnaire plein et entier dans un 1er temps au moins. Nicolas Sarkozy a en effet décidé que l'État disposerait d'actions préférentielles convertibles en actions classiques au bout d'un certain temps en échange de la participation de l'État qui sera de 5 milliards d'euros en argent frais pour faire de la fusion entre l'Écureuil et les Banques populaires une réussite. Cette participation fera monter l'État à hauteur de 20% dans le capital de la banque nouvellement créée. J'estime cette participation insuffisante aux vues des nombreuses interventions de l'État dans le secteur bancaire. Le cas est aussi isolé puisque cette situation ne se retrouve pas pour les autres banques comme BNP-Paribas, la Société générale ou le Crédit agricole que l'État aurait dû nationaliser en partie pour réformer réellement le secteur. Cette voie n'a pas été choisie.

Mais plus grave, le président de la République a décidé que ce serait son conseiller économique M. Pérol qui dirigerait le nouvel ensemble. Ce qui est problématique, c'est que ce dernier, dont je ne remets pas en doute les compétences, a directement participé aux décisions concernant le sujet Banques populaires-Caisses d'Épargne. Si François Bayrou a dénoncé "l'illégalité" de la situation, une analyse plus fine montre que si le projet n'est pas illégal, il en est pas moins sur la ligne rouge. Les articles du code pénal sont à la fois clairs et flous. Clairs dans le sens où si l'on prend le texte dans le sens de la loi, la nomination de M. Pérol à la tête du nouvel ensemble est clairement "illégale" et contraire à l'esprit du texte. Flous car les dispositions si on les prend au pied de la lettre peuvent être contourné par le pouvoir en place et permettre la nomination de M. Pérol. Le président de la République, fidèlé à lui-même et à sa méthode qui ne marche pas et le rend chaque jour plus impopulaire, méthode qui consiste à faire du passage en force la règle pour gouverner, a donc décidé de passer outre l'opinion publique (ce qui est déjà dangereux), la loi et la constitution (ce qui l'est beaucoup plus). Provoquant ainsi le scandale parmi ses opposants mais aussi parmi ses partisans parmi lesquels Jean Arthuis président de la commission des finances au Sénat, mais aussi François Goulard (député UMP).

Toutes ces personnes dénonçent un conflit d'intérêts mais ne remettent pas en cause les qualités de M. Pérol, tandis que l'Élysée cherche à faire croire à tout le monde que les critiques portant +/- directement sur les qualifications de M. Pérol. Ce conflit d'intérêts est patant mais M. Sarkozy fait mine de l'ignorer et déclare ne voir aucun "problème" au fait que son conseiller dirige la future banque issu de la fusion des 2 mutualistes. J'en vois moi un énorme !
Pour y aller directement, un conflit d'intérêts tout simplement. Il est absoluement inadmissible qu'une personne ayant participé à prendre une décision sur des entreprises en tant que commis de l'État ait à diriger l'entreprise privé qui est sauvé par l'État. Cette décision va à l'encontre de l'esprit des textes et à l'encontre du mouvement de transparence du monde financier qui doit être exigé en ces temps de crise et que le président avait promis de faire son cheval de bataille durant la campagne électorale de 2007 et plus récemment au G20 de Washington.
Il a dû oublié cela à Gandranges avec un nombre incalculable de ses déclarations et autres promesses.

Mais surtout et là, c'est aussi scandaleux. Cette décision a été annoncée avant même que la fusion entre les 2 banques aient lieu et alors que l'État ne possèdera à terme une participation équivalente à 20% du capital. Les Caisses régionales de l'Écureuil qui avaient acheté leur indépendance à la Caisse des dépôts et consignations près de 7 milliards € n'acceptent pas qu'on leur impose un parachuté qui vient pantoufler alors même que ces caisses régionales sont plus que majoritaires dans le capital. Certains directeurs régionaux ayant même menacé de voter contre la fusion et de fait, de retarder la fusion si on ne nommait pas quelqu'un d'autre en leur demandant leur avis. M. Sarkozy qui s'est battu afin que les actionnaires puissent protéger leurs droits fait exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire (mais on commence à en avoir l'habitude ce qui est un signe grave). Les caisses régionales respectives de chaque banque n'ayant même pas été consultées sur cette nomination ce qui pose un sérieux problème vu qu'elles représentent la grosse majorité des actionnaires de chaque banque.

La nomination de M. Pérol n'est donc pas seulement un problème de déontologie et de légalité, c'est une violation de l'égalité entre actionnaires. Les caisses régionales menaçant de s'opposer à la fusion, la présidence de la République fait savoir que la nomination de M. Pérol n'était pas encore actée (tu parles !) et que d'autres personnes seraient sur les rangs (on verra). Voilà donc encore un projet qui semble bon sur le papier qui s'effondre un château de cartes comme la plupart des sujets de "réforme" du président.

dimanche 22 février 2009

Sarkozy se moque de tout et d'abord de la loi.

C'est la nouvelle de fin de semaine, la fusion entre les Caisses d'Épargne et les Banques populaires va avoir lieu prochainement. Le petit Nicolas de part son pouvoir divin a décidé de nommer son conseiller économique faisant fi du choix des actionnaires qui seront tout de même 80% alors que l'État ne disposera que 20% des parts. Si ça n'était que cela, l'on pourrait dire que c'est dans la continuité du style du bonhomme, catastrophique mais auquel on finit par s'habituer.

Mais selon une dépêche AFP qui est tombé ce dimanche soir, François Bayrou particulièrement attentif sur le sujet a noté que cette "nomination" était selon lui "illégale".

"Tous les textes, à la fois de déontologie et du code pénal, indiquent qu'il est interdit à une personne ayant exercé l'autorité publique sur une entreprise privée, qu'elle soit fonctionnaire ou agent temporaire, d'exercer quelque fonction que ce soit dans cette entreprise avant un délai de trois ans révolus"

"M. Pérol a joué un rôle actif dans le dossier (...) jusqu'à convoquer jeudi dernier les dirigeants des deux entités dans son bureau" à l'Elysée.

"Il est donc impossible, interdit et illégal", selon lui, "que cette nomination soit confirmée".

"Au demeurant, cela signifie que Nicolas Sarkozy et ses proches reprennent au plus haut degré les pires habitudes de mélange entre l'Etat, le pouvoir et ses clans et le monde économique. Cela ne peut être accepté"

Encore une fois, il est à regretter que le président qui veut réformer le capitalisme et crie sur tous les toits qu'il fera de la France le pays de la tolérance zéro montre encore une fois que la loi n'est pas la même pour tous. Après le scandale Marciani, voilà que notre omni-président ne tient pas compte de la loi. Venant d'un ex-avocat d'affaires c'est plus que surprenant. C'est là que l'on voit que le système électoral injuste prive les français d'une voix que l'on pourrait entendre au Parlement. M. Bayrou, non-inscrit malgré son score élevé lors de la dernière présidentielle, ne pouvant faire entendre sa voix au Parlement, doit s'en remettre à la presse.

vendredi 20 février 2009

Ce que l'Europe fait et qui nous semble normal.

Ayant passé une journée un peu spéciale mercredi dernier, je vais dire quelles ont été mes impressions.

Mercredi dernier, je me rendais au Parlement européen pour une visite avec des amis. Départ de Paris en Thalys donc, je monte dans le train normalement (il s'avère que c'était un TGV réaménagé avec les fauteuils Lacroix, assez joli je dois dire), le personnel est belge à tendance flamande d'ailleurs, nous partons pour arriver 1h22 plus tard à la gare de Bruxelles-Midi. Là, première surprise les poubelles sont plusieurs, en fait 4 avec chacune une couleur différente et un gros logo rappelant les déchets à y mettre pour éviter de se tromper. Je constate que le tri sélectif est bien plus rentré dans les mœurs en Belgique qu'en France où le choix dans les lieux publics n'est que d'une poubelle "fourre-tout" ou alors de 2 différentes une jaune et une normale mais pas de gros logos pour rappeler ce qu'il faut jeter et dans quelle poubelle. Bref, il reste du chemin à faire dans le pays du Grenelle de l'environnement.

Après avoir passé 5 minutes à trouver l'entrée du métro, je me dirige vers une borne automatique pour acheter des tickets de métro, rien de plus simple, la borne est en français (Bruxelles étant majoritairement francophone ça aide !) et je paie en euros, rien de plus simple.
La monnaie unique est vraiement un gros avantage. Direction ensuite le métro pour me rendre au Parlement européen.

Le métro bruxellois est un peu spécial, il est vraiment "cubique" en forme de parallépipède à l'allure des vieux TER ou des petits gris en Ile de France avec beaucoup de sièges de couleur beige, bref, rien à voir avec le métro parisien, plus lumineux et un peu moins austère je trouve.
Bref, sortie du métro, je me trouve face à une station de "Velib' " locaux (même système ce qui laisse supposer le même prestataire : une société française de mobilier urbain). Je me rends ensuite au Parlement européen qui se situe à quelques centaines de mètres en face de la sortie de métro. Après moults péripéties et je trouve enfin le groupe avec qui j'avais rendez-vous.
Après une présentation du Parlement et de son fonctionnement qui a suivi la traditionnelle photo devant la rangée de drapeaux européens (durant laquelle je m'aperçois que mon FZ-18 est en panne), nous nous rendons dans l'hémicycle qui est beaucoup plus petit que ce qu'il donne à la TV ou sur photo. L'on apprend au passage que le gaélique est la dernière langue qui vient d'être lancé au niveau de l'interprétariat, le gaélique devient ainsi la 27ième langue traduite pour les parlementaires européens.

Le passage à la cantine du Parlement européen avec une note particulièrement légère. La note finale étant particulièrement abordable ce qui est appréciable en ces temps de pouvoir d'achat limité, le tout de bonne qualité. Payer a été une formalité avec l'euro, dire qu'avant c'était compliqué et que nous devions jongler avec les francs belges et les deutchmarks ou encore les francs français. C'était hier et pourtant on a l'impression que ça a toujours existé.

Bref, après un repas où la discussion entre militants nordistes vu assez animée notamment sur le sujet des énergies renouvelables et des éoliennes, rendez-vous dans les locaux du Parti démocrate européen où nous avons rendez-vous avec Jean-Luc Bennahmias pour parler de la campagne européenne à venir mais aussi pour constater que notre parti européen a bien une existence physique ce dont on a tendance à douter lorsque l'on est pas à Bruxelles. Après un moment trop court, j'ai dû partir pour prendre mon train de retour. Donc re-métro, puis arrivée à Bruxelles-Midi où j'ai mis un certain temps à trouver le terminal Eurostar pour revenir à Lille et prendre le TGV en direction de Paris.

Direction donc le terminal Eurostar pour l'enregistrement. La passage à un portique pour valider le billet puis passage en douane, belge d'abord puis britannique. Là choc, oui j'ai dû passé en douane, même si je m'y attendais, j'ai été réellement surpris, la liberté de circulation du fait de Schengen n'étant pas si ancienne que cela. J'avais déjà voyagé avant sa mise en place mais depuis quelques années, j'avais toujours été au sein de cet espace et je franchissais régulièrement la frontière franco-belge, le passage à la douane belgo-britannique bien qu'une formalité a été donc été un réel choc pour moi. Passé dans la zone d'attente les cabines téléphoniques acceptent concommitamment les livres sterling et les euros, ce qui démontrent que l'Europe n'est pas encore une zone totalement unifiée. Après embarquement dans l'Eurostar, arrivé à Lille une grosse demi-heure après, là sorti plus facile mais je remarque en sortant la douane française ^^.
Le reste ne fut qu'une formalité pour le nordiste que je suis puisque Lille m'est plus familier que Bruxelles.

Je retire de cette journée, une bonne impression générale. Le Parlement européen est devenu quelque chose de "palpable" ce qui fait un grand bien à l'approche des élections européennes de Juin prochain. Même pour le Parti démocrate européen qui n'est pas qu'un morceau de papier mais a une réelle existence. J'ai aussi appris pas mal de choses sur le travail de parlementaire bien qu'en tant qu'étudiant en droit je connaissais pas mal le sujet. Le travail de parlementaire européen étant plus axé sur la nécessité de réaliser un compromis pour sortir un texte ce qui explique la formulation plus que laborieuse du droit communautaire que le juriste que je suis déplore. J'ai aussi remarqué que la Belgique bien que traversant une crise politique importante est bien plus avancé que nous sur certains points notamment au niveau du tri sélectif et dans la généralisation des pratiques de développement durable.
Autre élément qui m'a marqué, on ne remarque pas ou pas assez ce que l'Europe fait pour nous. Le travail réalisé est pourtant colossal, et les progrès énormes au niveau de la vie courante que ce soit au niveau de la liberté de circulation ou de l'usage d'une seule et unique monnaie dans une vaste zone et bien d'autres choses encore.

Le droit communautaire fournit pourtant la majorité de la législation applicable, pourtant le rôle du Parlement européen est mal connu par les citoyens concernés. Il a pourtant une réelle importance et efficacité et le traité de Lisbonne va encore renforcer son poids. Cela montre l'importance qu'il a et la nécessité d'une forte participation aux élections de Juin prochain.

L'Europe c'est vous !

dimanche 15 février 2009

Fusion sous pression de l'Écureuil et des Banques populaires.


On l'a appris depuis quelques jours, l'Écureuil et les Banques populaires font vraiment fusionner le 26 Février prochain. Selon le quotidien La Tribune qui a révélé l'affaire, le gouvernement aurait du faire pression sur les 2 parties afin que celles-ci se mettent d'accord.

Il faut dire qu'il y avait y urgence. Leur filiale commune Natixis dans la banque d'investissement devrait afficher des pertes d'un montant approchant les 3 milliards €, la Caisse d'Épargne des pertes de 2 milliards € et les Banques populaires des pertes pour environ 600 millions €. Suite à des investissements hasardeux, Natixis avait du p^lusieurs fois être renflouée par ses 2 maisons en termes de fonds propres et son cours de bourse était passé de 19€ à l'introduction à 1,12€ à la dernière séance soit une division par 17 fois environ du cours de bourse.

La ministre de l'Économie Christine Lagarde déclarant le samedi 14 Février 2009 sur TF1, "J'ai demandé à ces deux établissements d'accélérer la manoeuvre. Il y a urgence, ce n'est pas la peine de faire traîner les propositions de fusion éternellement" signifiant par là l'agacement de l'Élysée à de nouveaux retards dans ce processus. Le gouvernement menaçant de prendre 30% du capital des 2 banques pour réaliser ce projet. A celà, je dis chiche ?


Depuis le début de la crise, notre hyperprésident déclame à qui veut l'entendre qu'il faut réformer le capitalisme, mais ne fait pas grand-chose pour le changer. Il refuse de supprimer le boulet fiscal qu'est la loi TEPA (qui porte bien mal son nom) qui nous coûte chaque année 15 milliards €. Il refuse aussi de subordonner l'aide de l'État aux banques et entreprises à l'imposition de plafonds salariaux et à l'abandon de tous les avantages qu'ils peuvent en retirer (jets privés, primes, golden parachutes), encore moins de subordonner l'accès à l'argent du contribuable à la suppression des dividendes. Il refuse aussi de devenir actionnaire des banques.
Le président de la République dit de Gordon Brown que son plan de sauvetage des banques était très bon voir excellent mais ne l'a pas vraiment copié pour la France.

Le Premier ministre britannique a nationalisé les banques, exigé des places dans les conseils d'administration des sociétés financées par l'argent du contribuable. Une fois ces places obtenurs, il a demandé et obtenu le remplacement des dirigeants qui avaient conduit ces sociétés dans le mur tout en refusant de payer les golden parachutes, il a supprimé les primes versées aux traders et aux dirigeants, plafonné les salaires et a attribué à l'État britannique tous les dividendes dont la décision qui avaient été décidés avant l'entrée de l'État au capital. Résultat, il a tous les leviers en main et peut maintenant réellement agir et "réformer" le capitalisme.

Face à cela, le président français qui avait promis un texte sur les golden parachute a dû enterrer cette promesse à Gandranges puisqu'aucune décision intervenant en ce sens n'est intervenu depuis son élection. Il s'est contenté du code de bonne conduite du Medef que les grands patrons se sont engagés à respecter, oui vous avez bien lu ils se sont "engagés", devant l'extraordinaire contrainte qu'exerce cette menace, les patrons n'en ont rien fait et ont continués comme avant (pourquoi se gêner) et ont continuer à verser des primes affolantes, à s'attribuer des golden parachutes et pour certaines entreprises aidées par l'État dont la Société générale et la BNP distribuer des dividendes alors que ces mêmes entreprises s'étaient jetées avec voracité sur les milliards proposés par l'État aux banques en difficulté.

Lorsque le président Obama a annoncé que les patrons des entreprises aidées par l'État fédéral devrait se contenter d'un salaire de $500 000/an, notre président s'en est félicité. La patronne du Medef, Mme Parisot affirmant elle que cette mesure n'était pas nécessaire et que les patrons savent très bien se limiter. Je citerai un exemple pour contredire Mme Parisot, le président du NYSE (qui n'avait encore fusionné avec Euronext) s'était attribué en son temps plus de $167 millions alors que sa société réalisait un CA d'à peine plus $1 milliard, il a fallu que la presse révèle le scandale et que la SEC s'en mêle pour que ce monsieur y renonce. Effectivement, les patrons savent se modérer. Ce fut la même chose pour les primes, il fallu que l'exécutif français menace d'exiger le remboursement des aides versées et refuse d'en verser d'autres pour que les patrons français décident de supprimer les primes aux financiers qui sont à l'origine de la crise. Mme Parisot avait alors trouvé choquant que l'on demande aux patrons de se contenir, et estimé que sans la pression élyséenne cela serait tout de même arrivé. Personnellement, je doute que ce soit le cas.

Depuis le début de la crise, le président Sarkozy veut réformer le capitalisme mais ne se donne pas les moyens de ses ambitions, il refuse de supprimer le boulet fiscal qui empêchant la France de faire une vraie relance, il refuse tout autant d'intervenir directement et fortement dans le secteur bancaire pour réellement changer les choses comme son homologue Gordon Brown. Il ne veut pas non plus adopter un volet consommation ne serait-ce que léger pour soutenir les classes les plus défavorisées, ni de faire un réel plan de relance (le plan actuel ne contient que 4 milliards de nouveaux investissements sur 26, le reste étant la mise en œuvre anticipé de mesures déjà prévues). Alors qu'il a affirmé aux français lors de son allocution qu'il fallait soutenir l'investissement public, il annonce la suppression de la taxe professionnelle qui fournit la majeure partie des recettes des collectivités locales alors que la commission compétente n'a même pas encore rendu son rapport. Rappellons que les collectivités contribuent pour 72% des dépenses publiques d'investissement en France. Tout aussi choquante est l'annonce de l'octroi de l'aide aux constructeurs automobiles qui se sont engagés en échange à ne pas supprimer d'emploi pendant la durée du prêt de l'État,(c'était Lundi dernier !) et PSA a annoncé 2 jours après qu'ils en supprimait 11 000. De toute évidence, alors que l'on refuse aux plus pauvres et plus modestes une aide et que les plus favorisés continuent à bénéficier du bouclier fiscal, ça passe mal. Le mouvement social en Guadeloupe et dans les DOM-TOM est sur ce point assez évocateur, je vous en reperlerai ultérieurement.

Pour finir, je vous invite à méditer ce bon mot qui circule au Parlement européen de Bruxelles depuis qu'un braquage a eu lieu contre une agence bancaire qui s'y trouvait. Notons qu'il y a plusieurs agences bancaires dans le Parlement européen.
"Tu sais pourquoi c'est cette agence qui a été braquée ?
- Non.
- Eh bien, le braqueur a d'abord tenté de braquer l'agence Fortis mais quand on lui a annoncé qu'il n'y avait plus de cash, il a décidé de braquer l'agence ING."

jeudi 12 février 2009

It's payback time !


Le 19 Janvier dernier, le magasine Fortune titrait "Sending Wall Street to jail" avec en sous-titre "They sack your money. They wrecked the economy. Now, it's payback time." ce qui signifie pour les non-anglophones, "Ils ont pris votre argent. Ils ont mis l'économie par terre. Maintenant, c'est le moment de rendre l'argent !

Publication n'étant pas dirigé par des gauchistes mais par de vrais libéraux au sens original du terme, cette thématique a été reprise la semaine suivante par le magasine Marianne qui titrait "Rendez l'argent !". Pour faire court, les journalistes se posaient la question de savoir où étaient passés les milliards engrangés par les spéculateurs, les banquiers et les traders qui se sont gavés et surgavés d'argent pendant des années et qui maintenant voient leur entreprise renflouées par les États selon le principe "La société gagne, je gagne, la société perd, l'État nous sauve". Barack Obama a décidé que les grands patrons américains dont les entreprises bénéficient du plan de relance verraient leurs rémunérations limités à 500 000$/an. Initiative logique, que la patronne du Medef Mme Parisot a dénoncé, rétorquant que les patrons sont responsables et savent se limiter.
On a en effet pu voir durant des années comment les patrons se sont effectivement limités en se bourrant de stock-options, de primes et rémunérations en tout genre type golden parachute ou golden hello. Bref, l'auto-régulation du système étant une illusion le président américain a piqué une colère et agi en conséquence. M. Sarkozy qui souhaite "refonder le capitalisme" s'est empressé ... de ne rien faire.

Mais alors, que la crise bât son plein, on vient d'apprendre qu'aux États-Unis tandis que la banque Meryll Linch accusait une perte colossale de $29 milliards et bénéficiait du soutien de l'État américain, que 700 employés de la dite banque se partagés la somme astronomique de 4 milliards de dollars soit près de $5 714 285,71 soit 4 440 685,71 € par personne. Bien que perdant des sommes folles du fait de ses mauvais investissements la banque d'affaires a continué à payer généreusement les responsables de sa situation catastrophique. La paiement a eu lieu juste avant que Meryll Linch soit rachetée par Bank of America soutenue par l'argent du contribuable américain.
Cette affaire éclate alors que les filiales de marché des 2 entités sont actuellement en train de fusionner et que l'on nettoie les placards en sortant tous les cadavres. Les dirigeants de Meryll Linch appellent cela des "primes de retenue" (pour garder les bons éléments), personnellement j'appelle cela un hold-up !

Alors que les contribuables de tous les pays raquent des milliards pour sauver les banques de la faillite, qu'ils allourdissent leur note d'impôt pour des années et que les plus pauvres paient un lourd tribu à la crise, il est complètement immoral et scandaleux de voir encore de telles pratiques au sein de système financier. Bank of America estime ne pas avoir eu connaissance de cela, en fait, en sous-main les dirigeants de Bank of America ont essayé de réduire la taille de ces bonus mais affirmaient que ce Mercredi "Nous avions un droit de consultation mais au final la décision leur revenait [aux dirigeants de Meryll Linch]". Si chacun des 700 employés a reçu un minimum de $91 000 ce qui est déjà conséquent, 4 d'entre eux ont reçu $121 millions, 20 ont reçu $8 millions et 53 personnes plus de $5 millions selon M. Cuomo, procureur général de l'État de New-York qui a annoncé le lancement d'une procédure pour violation des lois de l'État et parle sans détour de la restitution des fonds versés à la banque pour compenser les pertes enregistrées par elle. Pour James Wiggins, porte-parole de Morgan Stanley, déclare que ces rémunérations sont fonctions des bénéfices réalisées durant l'année 2008 et non 2009 et que ce ne sont pas des fonds gouvernementaux. Pour lui, "Il est important que nous retenions les autant des meilleurs financiers que nous le pouvons."

Rappelons tout de même que Meryll Linch a reçu $10 milliards de la part de l'État américain et Citigroup $50 milliards auxquels s'ajoutent l'aide reçu par Bank of America pour racheter Meryll Linch ainsi que les aides du 2e plan de soutien au secteur bancaire qui devrait intervenir en 2009.
Alors que le contribuable est saigné aux 4 veines, comment faire avaler aux classes laborieuses et moyennes qui sont en première ligne de la crise provoquée par ces personnes incompétentes que leur argent sert à payer les responsables de la crises ?
Comment expliquer à ces mêmes contribuables que les dirigeants des banques aidées loin de vouloir réduire leur train de vie compte bien le maintenir ?
Comment encore expliquer que les responsables de la crise financière qui se sont empiffrés pendant des années au prix d'un sacage des économies mondiales ne rendent pas les bonus reçus pour éponger la note ?

Maintenant, messieurs, il est temps de passer à la caisse, d'assumer vos responsabilités et payer la note de vos folies, bref de rendre l'argent !

Comme le titre Fortune : "Now it's payback time."

Références : New York Times, Fortune, Marianne ici et .

mercredi 11 février 2009

Ségolène Royal au Grand Journal le Mercredi 11 Février !

Ce mercredi soir, je regardais comme je le fais assez souvent le Grand journal sur Canal+, l'invité politique du jour était Ségolène Royal qui venait faire la promotion de son livre d'entretien publié dernièrement.

Interrogée sur l'actualité du moment, elle s'est étendu sur la réforme des universités, sur le décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs et sur le mouvement qui l'accompagne. Bien que n'étant pas un partisan de Ségolène Royal, je me dois de constater que sa vision de la chose était particulièrement juste et qu'elle est loin du personnage de cruche dans lequel on essaie de la ranger.

Sur ce sujet brûlant, elle a dénoncé la situation mentionnant l'accord de certains présidents d'université dont Axel Kahn mais dénonçant la méthode employé par le gouvernement qui poussé vers l'opposition au décret ces mêmes personnes qui veulent éviter une récupération politicienne de leur position sur ce point. Elle a constaté l'impasse dans lequel se trouve la ministre de l'enseignement supérieur (Valérie Pécresse) qui n'a selon d'autre solution que retirer le décret comme dans tous les autres domaines d'ailleurs.

Et il est vrai que l'on ne peut que constater que le gouvernement va en permanence au conflit et ne recule que devant le rapport de force ce qui est à mon avis un jeu dangereux car cela risque de nous conduire à une situation où à tout moment la société peut exploser. Ségolène est cependant convaincu que la France a les moyens de se sortir de cette situation périlleuse et de citer pour illustrer son propos les coupes budgétaires dans le budget de certaines facultés alors que tous les coûts ont augmenté. Dénonçant de fil en aiguille la situation catastrophique de l'enseignement supérieur littéralement sous-financé depuis des années poussant le système à bout, elle a mis le doigt sur le fait que la fonction méritocratique de l'université diminuait. Citant le fait que le nombre d'enfants d'ouvriers moins nombreux à accéder à la fac comparé à il y a 30 ans mais aussi la flambée des charges auxquelles sont confrontées les étudiants (situation que je vis moi-même tous les jours). Les classes moyennes se saignant littéralement pour offrir des études à leurs enfants dont les parents ne pas sur qu'ils trouvent un emploi (ce qui recoupe les statistiques actuelles qui montrent que la jeunesse européenne est très qualifiée mais qu'elle ne trouve pas les emplois correspondant à celles-ci) malgré les diplomes par eux obtenus.

Bref, pour une fois je partage le constat fait par cette personne très compétente qu'est Ségolène Royal. Je vis quotidiennement cette situation en tant qu'étudiant, mes parents faisant un effort considérable pour me payer mes études et éviter que je ne doive travailler en parallèle afin d'augmenter mes chances de réussite. J'ai conscience d'être d'une certaine manière un privilégié par rapport à la grande majorité des étudiants qui doivent travailler pour payer leurs études. Cependant, à l'image de la classe moyenne actuelle, je suis sur le fil. La situation menace de se dégrader à tout moment. Il faut donc que le gouvernement se décide à prendre les mesures qui s'imposent et notamment à supprimer ce boulet fiscal qui étrangle littéralement le budget de l'État et empêche d'augmenter les moyens d'une relance qui ne peut passer que par le développement massif de l'économie verte et de l'enseignement supérieur (les travailleurs de demain). Le gouvernement a choisi de faire une relance grise et de supprimer des postes, je ne pense que ce sont les mesures qui se devaient d'être prises.


L'attitude de Jean-Michel Apathie.
J'apprécie dans une certaine mesure Jean-Michel Apathie, mais là, il ne faut pas rire, ce monsieur n'a pas fait correctement son travail. Ségolène était du PS, il fait un récapitulatif des opposants à Sarkozy mettant sur le même plan François Bayrou, Besancenot, Aubry et Mme Royal donc. Déclarant que ces personnes avaient des discours proches mais pas complètement, il s'interrogeait de savoir si ceux-ci ne devraient pas plutôt s'unir. J'ai trouvé cela scandaleux de poser une telle question orientée et cette attitude. Ces 4 personnes ne formulent pas toujours les mêmes critiques, mais surtout propose des solutions différentes pour sortir de la crise et sur un possible programme de gouvernement. J'ai vraiment été scandalisé par l'attitude complètement partisane de JM Apathie qui tentait tout ce qu'il pouvait pour faire avoir avouer à Ségolène que le PS ne pouvait être une alternative au gouverment actuel.

Décidément, notre avenir est bien sombre.

mardi 10 février 2009

Quitterie, tu fais une grosse bêtise !

Quitterie Delmas a décidé de renoncer à une candidature et une très probable place de députée européenne et, a dans la foulée, décidé de quitter le MoDem tout en lui gardant une certaine sympathie pour ces idées européennes. Entre la congratulation énorme que traduisent les commentaires du post où elle s'explique et face aux critiques parfois extrême, je t'adresse Quitterie cette lettre ouverte d'un ami.

Quitterie, je ne te connais que depuis peu mais j'ai le sentiment que tu fais une grosse bêtise (eh oui, étant cambrésien de naissance, je ne pouvais éviter l'expression). Beaucoup de personnes qui suivent ton blog t'ont félicité pour ton choix, un autre nombre ont vertement critiqué ton positionnement, voir tes supposés choix dans un avenir proche. Pour ma part, je ne me prononcerai pas sur les polémiques dont tu fais l'objet. Si je respecte ton choix qui est de renoncer à une charge de députée européenne pour rester fidèle à ton idéal démocratique, ce qui est rare et précieux pour le monde politique actuel, tu fais à mon avis une grosse bêtise.

J'ai dans un 1er commentaire sur ton blog montré mon scepticisme face à ton choix car je n'avais pas encore complètement compris ce qui t'arriverai. Sur le coup, ça m'a fait un réel choc c'est vrai surtout après le travail qui nous avions effectué ensemble dans le cadre du MoDem. J'ai depuis mieux compris les raisons de ton choix.
Tu as une haute idée de la politique, et c'est tout à ton honneur mais tu as selon moi un idéal utopique, celui d'un monde politique qui appliquerai tous les principes qui permettrait de réaliser un monde politique plus sain, plus équilibré. Je partage certains de ces principes, d'autres non. Tu voulais faire bouger les choses mais ta vision politique avait perdu de sa superbe et je crois que tu ne diras pas non quand je dis que ton scepticisme ne s'est pas manifesté soudainement. Lors de la dernière conférence nationale, enfin après, nous avions pu discuter entre jeunes démocrates notamment avec la présidente des jeunes des Hautes-Pyrénées, tu nous avais alors fait part de tes doutes sur certains des choix alors envisagé par les Jeunes démocrates pour changer les choses et fait part de ton expérience. Peu après ton annonce, je n'y avais pas pensé, mais cela m'est revenu ensuite. A la lumière de ce rappel, je me dis que finalement ta décision est logique et s'inscrit dans la continuité de ta pensée mais ton choix n'est pas le bon à mon avis.

Tu voulais changer les choses en profondeur, faire que la jeunesse européenne puisse atteindre les fonctions importantes pour y appliquer des principes moraux tels que le non-cumul, le renouvellement d'une classe politique sclérosée ou encore le non-cumul des mandats. François Bayrou lorsqu'on lui a posé la question sur toi semblait très affecté de ton refus et c'est aussi mon avis aux vues des relations plus que cordiales que vous entreteniez. Il t'avait proposé de mener une liste aux européennes, place que tu as refusé. Certes, elle n'était pas dans ta région d'origine mais le mandat de député européen, est avant tout un attachement aux peuples européens. Loin de sacrifier tes principes à cette fonction, tu aurais à mon avis pu te servir de ce tremplin que l'on t'offrait pour faire bouger les choses.

Oui, tu aurais tout de même dû suivre une discipline de parti un minimum cohérente, mais selon moi, tu l'aurais librement fait car tu es en accord avec ce que défend le MoDem pour ce scrutin européen ainsi que tu as rappelé ta sympathie pour les idées européennes que défend ce mouvement. Contrairement à Nick, je ne pense pas que tu sois particulièrement naïve, je suis même certain du contraire; non selon moi, tu es juste un peu idéaliste voir utopiste. Nick toujours pense que le parti manque d'hommes de l'ombre, c'est en parti vrai et en partie faux. Si tu étais une des figures du renouveau, d'autres sont là pour poursuivre ce mouvement démarré avec le MoDem. Ne pouvant me présenter ou ne le voulant pas (cela dépend des scrutins et de ma vie privée), j'ai décidé moi de rester volontairement en retrait et de laisser la lumière à d'autres afin d'agir en profondeur.

Dans son analyse sur ton retrait, Nick pointe certaines de tes erreurs mais soulève aussi des points intéressants. Je suis d'accord avec lui lorsqu'il avance que nous ne sommes pas assez énergiques pour défendre nos idées qui sont si on prend le temps de les expliquer très bien comprises par les gens. Cependant, il nous faut être plus saignant avec nos adversaires qui ne se gènent pas pour nous le faire comprendre. Le combat politique c'est aussi un combat. Le MoDem propose de travailler avec ceux qui pensent qu'une alternative au nain est possible et réalisable. Nous approuvons lorsque c'est nécessaire mais nous ne battons pas assez pour dire quand cela ne va pas dans le bon sens.

Tu as eu peur de finir broyée par le système et de devoir renoncer à tes idées en acceptant de devenir députée européenne. Si le Parlement européen repose avant tout sur l'idée de consensus, l'on ne te demandait de renoncer à tes convictions mais au contraire, de les appliquer. Tu as préféré renoncer et quitter le navire. C'est pour moi une erreur fondamentale de ta part. J'aurai, si l'on avait fait l'honneur de me le proposer, accepté de mener une liste européenne car pour moi l'Europe est fondamentale.

Ce refus est un coup dur pour tout ceux (et ils sont nombreux) qui avaient fondé des espoirs en ta personne.