Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

samedi 23 octobre 2010

Blocages : ça débloque…


« Le texte est adopté », c’est la phrase que les sénateurs ont pu entendre dans la nuit du vendredi 22 octobre 2010 au samedi 23 octobre 2010 à propos du projet de loi sur les retraites. En dépit des manifestations répétées de la part des français et d’un front syndical uni, pas question pour le gouvernement de reculer. Mouvement social organisé dès son origine, il s’est renforcé avec l’entrée dans la partie des jeunes plus récemment. Aussi, on se retrouve face à deux blocages. Les syndicats étudiants d’abord mais surtout les lycéens se sont mobilisés. Occupé à débloquer moults structures, et pas que, quel est la situation ?

Le blocage des jeunes.
Principal crainte du gouvernement lors du début des débats parlementaires sur le projet de loi sur les retraites, la mobilisation des jeunes devait être contenu. Cet objectif explique d’ailleurs pour quoi le Gouvernement a renoncé à supprimer la possibilité de cumule entre APL et demi-part fiscale dont bénéficient les familles de classe moyenne déjà fortement pressurées dont la progéniture est prompte à se mobiliser. Las, ceci n’a pas suffit puisque les jeunes se sont finalement décidés à rejoindre leurs aînés après plusieurs journées de mobilisation. Aînés, pas mécontent d’obtenir un renfort substantiel au moment où l’on craignait une baisse de mobilisation dans les cortèges. L’arrivée des jeunes ayant permis de gonfler considérablement les effectifs, personne n’a trouvé à y redire ou presque.

La mobilisation des jeunes a toutefois généré une petite polémique suite aux propos de Ségolène Royal incitant les jeunes à manifester et aux cris d’orfraie de la droite, inquiète de la mobilisation des jeunes, dénonçant une récupération politique et un geste d’inconscience. Ce, à quoi, nombre d’observateurs faisait remarquer au Gouvernement et aux membres de la majorité parlementaire que les jeunes pouvaient, à partir d’un certain âge, être mis en examen et envoyé derrière les barreaux mais qu’ils n’auraient pas la conscience suffisante pour manifester, soulignant ainsi un double langage.

Au-delà des arguments avancés par les uns et les autres, il est une chose qui soit sure : les jeunes peuvent librement descendre dans la rue et comprendre les principaux enjeux du projet de loi. Les étudiants en premier lieu, car directement concerné par le sujet, eux qui auront à rentrer sur le marché du travail d’ici peu. Les lycéens en second lieu mais dans une moindre mesure car ils constatent que les frères et sœurs ou tout simplement leurs camarades étudiants ont beaucoup de mal à s’insérer correctement dans le marché du travail. Sur ce point, oui, la mobilisation des jeunes est compréhensible et traduit une inquiétude face à un avenir prochain. Reste l’autre aspect de la mobilisation des jeunes que sont les blocages.

Technique traditionnelle, le blocage des lycées a de nouveau été tenté sans un réel succès cette fois. Les lycéens mobilisés contre le projet, certes ; bloquer les lycées, n’a rien de justifiable. Oui, le mécontentement peut s’exprimer, mais il ne peut en aucun cas empêcher ceux qui sont en désaccord et refusent d’interrompre leur cursus d’accéder à leurs bâtiments. Car, comme souvent, leurs bloqueurs constituent une infime minorité. Et les « AG » qui n’ont d’assemblée générale que le nom, sont très souvent organisés par un tout petit nombre alors que la plupart des lycéens ne veulent pas y participer et que des personnes extérieures participant aux blocages des établissements. Mobilisation certes mais qui se doit de respecter les avis des uns et des autres. Face à cela, un autre type de blocage se fait jour, le blocage gouvernemental.


« C’est pas la rue qui gouverne ! »
Face aux diverses mobilisations, le Gouvernement et le président de la République bloquent. Et ce n’est pas les quelques menues aménagements présentés comme des concessions qui changeront la matérialité des faits. Pris au piège des cadeaux fiscaux accordés à ses électeurs, confronté à l’inefficacité chronique de ses politiques de sécurité, Nicolas Sarkozy se devait d’aborder un sujet important qu’il pourra vendre lors de la campagne présidentielle de 2012. Aussi, ne peut-il se permettre d’échouer ou de reculer. Et c’est bien là, le problème car sa méthode de « réforme » laisse à désirer. Au lieu de prendre le temps de négocier et d’expliquer les mesures envisagées, il s’agit d’aller vite sans prendre le temps de faire correctement les choses. En témoigne le calendrier bloqué présenté en Janvier fixant une date butoir et une période de concertation avec les syndicats réduite à la portion congrue. Sans vrais échanges sur un sujet qui en nécessiterait plus que d’habitude, le président de la République savait pertinemment qu’il allait au conflit. Sa seule incertitude était de connaître l’ampleur de ce conflit et de le contenir.

Le discours de Grenoble ayant suscité les réactions que l’on sait, Nicolas Sarkozy a un besoin vital de montrer qu’il réussit quelque chose d’essentiel. Puisque la crise économique lui en donne l’occasion, c’est les retraites. Mais à vouloir aller trop vite, il s’est aliéné une grande partie des français qui soutiennent le mouvement. Mauvais calcul mais surtout mauvaise attitude. Au lieu de reporter la discussion parlementaire ce qui lui aurait laissé le temps de changer de ministre tout en apparaissant comme une personne de bonne volonté ouverte au compromis, Nicolas Sarkozy s’est refermé et a voulu faire voter la texte à marche forcée.

Conséquence, non seulement, il bat des records d’impopularité, mais il perd progressivement le soutien de son camp, aidé en cela par un Dominique de Villepin jouant à fond la carte de la droite républicaine, soucieuse des intérêts des classes moyennes. Il faut dire que si l’ancien Premier ministre, qui avait en son temps enduré le courroux populaire sur le CPE, remet au goût du jour le bon vieux concept chiracquien de la « Fracture sociale ». Concept que l’on peine à définir depuis 1995, qui semble un peu plus clair avec l’explosion des inégalités favorisés par le boulet fiscal qu’est la loi TEPA.


Que retenir.
Le texte voté au Sénat, il suit son parcours traditionnel et passera en Commission mixte paritaire en début de semaine pour être voté dans la foulée par les deux assemblées. Le président de la République aura alors 15 jours pour le promulguer. Le fera-t-il ? Sans aucun doute. Acculé au bord du précipice, il ne saurait être question de reculer et de tomber dans le vide. A moins qu’il n’y soit déjà…

mardi 19 octobre 2010

MCMXCV II, le retour !

Une réforme des retraites qui ne passe pas, un contexte économique morose marqué par une rigueur budgétaire, une jeunesse dans la rue, des raffineries et des dépôts de carburant bloqués, des affaires politico-financières qui s’enchaînent mais surtout un profond sentiment d’injustice le tout face à un gouvernement qui déclare qu’il ne cèdera pas en dépit de manifestations massives, cela vous dit quelque chose ? Non, non, je ne parle pas du mouvement social actuel mais bel et bien des grèves de 1995, les « grandes grèves » comme les appellent avec beaucoup de nostalgie certains syndicalistes.


Bis repetita.
Tout était là, la France rincée par la crise du début des années 1990 ; l’Europe empêtrée dans une guerre des monnaies malgré la volonté de réaliser la monnaie unique et puis, et puis, la volonté d’un gouvernement de droite qui souhaite réaliser les promesses faites quelques mois plus tôt et réduire la fracture sociale. Mais de réduction de la fracture sociale, il n’en était point question. Alain Juppé, alors Premier ministre, est alors chargé de remettre la France dans le droit chemin, dans les « clous » pour continuer à accrocher le Deutschmark et, parvenir, in fine à réaliser la monnaie unique. Mais pour réaliser cet objectif, il fallait assainir les finances publiques particulièrement détériorée. Pas question de dévaluer puisque cela reviendrait à décrocher du DM et impossible d’avoir une politique de dépenses publiques pour soutenir l’activité rendue attone à cause de taux directeurs trop élevées calqués sur ceux du voisin allemand dont la BUBA tente de limiter la surchauffe conséquence de la réunification et de l’intégration à marche forcée de l’Allemagne de l’Est.

« Droit dans ses bottes », voilà donc le Premier ministre décidé à aller jusqu’au bout, prêt à endurer la colère des français, à braver le mécontentement populaire pour faire le boulot et réformer les retraites. Mais, durant cette période, ce sont les juges qui ont tendance à mettre leur nez dans les affaires de détournement des fonds publics et de financement occulte de partis politiques. Un climat malsain donc, sur lequel se greffe un mouvement social d’ampleur sur un thème toujours polémique : les retraites. Mais, à face à la surdité du gouvernement, à ce que l’on qualifie d’autisme, les syndicats ne désarment pas et parviennent à réunir plus de 2 millions de personnes dans les rues.


15 ans, et pas une ride.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, la France a connu une période d’embellie économique sous le gouvernement de Lionel Jospin avant de sortir d’une prospérité économique relative. En 2007-2008, l’explosion de la bulle économique conséquence de la spéculation sur les subprimes menace de faire imploser le système bancaire mondial. Craignant une nouvelle Grande dépression, les grands États se réunissent et se mettent d’accord pour inonder les marchés financiers de liquidité et éviter l’assèchement du système. Les grandes entreprises même celles qui ont des réserves se jettent sur ces réserves d’argent frais et peu cher comparé aux taux pratiqués par les banques. 2009, puis 2010 sont l’occasion d’une remontée, d’une sortie du gouffre tout comme 1994 et 1995 avait permis de sortir de celui de 1993. A chaque fois, une petite reprise économique mais une difficulté à créer de l’emploi de manière stable.

Tout comme en 1995 et contrairement à ce qui avait été affirmé en 2003 par François Fillon, alors ministre des affaires sociales et en 2007 par le candidat Sarkozy, une nouvelle réforme des retraites s’impose.

De cela, contrairement à 1995, les partenaires sociaux en conviennent, il n’est plus possible de laisser la situation des régimes de retraite en l’état. Le problème vient donc du contenu de la réforme en lui-même particulièrement injuste puisque faisant peser un poids insupportable sur les jeunes et ignorant tous les modestes de la réforme. Fini l’avantage pour les mères de famille ayant eu trois enfants ou plus et qui ont très souvent dû pour cela renoncer à une réelle carrière alors même qu’elles ont participé de ce fait à pérenniser le système par répartition. Aux oubliettes, la prise en compte de la pénibilité au travail, réduite aux seuls cas extrêmes ou presque. Ainsi, sans revenir sur tous les aspects de la réforme des retraites ; un profond sentiment d’injustice émerge, déjà suscité par les affaires politico-financières d’abus des avantages de fonction des ministres ; des cigares de Christian Blanc, aux enveloppes de liquide qui auraient été fournies par Lilliance Bettencourt à l’UMP, l’affaire Tapie et bien d’autres.

Tout comme en 1995, le président dit qu’il n’est pas question de changer les choses, que le projet sera voté et appliqué ; théorisant en somme, bien avant l’heure, des propos émis plus tard par Jean-Pierre Raffarin « Ce n’est pas la rue qui gouverne ». En regardant de plus près le discours tenu par les pontes de l’UMP, on ne peut s’empêcher de retrouver une certaine ressemblance ; pour ne pas dire, une ressemblance certaine avec les propos tenus en 1995.

Tout comme en 1995, les principaux protagonistes sont là. Bernard Thibaut, qui est passé de la direction de la branche SNCF de la CGT, à la direction de la CGT tout court. Nicolas Sarkozy qui a accédé enfin, à la fonction tant désirée et on pourrait citer encore bien d’autres exemples.

En somme, un contexte similaire avec des conséquences similaires comme le blocage des dépôts de carburant, des stations-essence à sec et un pays qui, s’il n’est pas encore paralysé, s’en approche dangereusement.


Les nouveautés de collection automne-hiver 2010.
Et comme en 1995, ces mécontentements prennent place à l’automne après un été où le gouvernement a tenté de faire avancer en douce son projet de « réforme des retraites ». La nouveauté de la version 2010 tient à la thématique sécuritaire. Marqueur du sarkozysme, elle a encore franchi un cap avec le désormais fameux « discours de Grenoble ». Peu importe que la France ait depuis perdu une partie de son lustre, il faut mobiliser son camp et au-delà à droite de sa droite. Inefficace en matière de sécurité et maintenant en matière de communication. Rien à faire, la mayonnaise ne prend plus. Il faut dire qu’avec un ex-ministre du Budget soupçonné d’avoir échangé des dons en liquide pour le parti dont il est trésorier contre une bienveillance fiscale envers la femme la plus riche de France et un ministre de l’Intérieur chargé de faire respecter les lois mais condamné pour injure raciale en première instance, il y a de quoi être troublé.


Ce marqueur sécuritaire, on le retrouve dans les méthodes destinées à faire plier le mouvement. Des réquisitions de carburant pour alimenter non seulement les services prioritaires mais aussi les stations essence de monsieur tout le monde. Des déblocages temporaires de carburant à grands renforts de CRS, l’usage des forces de l’ordre contre des jeunes jusqu’à alors plutôt calme, tout est fait pour envenimer la situation et aggraver la situation au lieu de l’arranger.

Autre nouveauté, corollaire de la première, la montée d’un sentiment de racisme latent, de populisme nauséabond, engendré par un ras-le-bol populaire face à l’intransigeance archaïque de la droite et l’absence de la gauche. Et donc, des extrêmes qui montent.


Que retenir ?
« L’histoire est un éternel recommencement » a-t-on l’habitude de dire. La réforme des retraites nous en offre une nouvelle occasion. Certes par rapport à 1995, le contexte a changé mais les fondamentaux de la colère populaire, eux, sont les mêmes : une colère profonde renforcée par un sentiment accru d’injustice. La question qui vaille étant de savoir jusqu’où et jusqu’à quand le mouvement pourra durer.

lundi 11 octobre 2010

La mort. En direct !

Y a-t-il encore des limites à l’indécence ? Cette question se pose suite à l’émission « Chi l’ha visto », littéralement « Qui a vu ? », équivalent italien de l’émission autrefois présentée par Jacques Pradel sur TF1 « Perdu de vue ».

Tout comme son homologue française, l’émission se propose d’aider les familles à retrouver leurs proches disparus en mettant à leur disposition des moyens conséquents en échange de la diffusion de leur histoire à la télévision. Jusque là, pas de problème, ce genre d’émissions peut effectivement aider des personnes désespérées à retrouver des proches.

Pour autant, il convient d’encadrer ce genre d’émission par des règles éthiques très strictes. Et c’est précisément sur ce point que la présentatrice de l’émission, Federica Sciarelli, a perdu les pédales et la raison.

Les faits.
Lors de l’émission du 06 Octobre 2010, la présentatrice rejoint en direct une collaboratrice en duplex de la maison d’une famille dont la fille de 15 ans a disparu un mois plutôt dans des circonstances étranges. Cette affaire qui tient la presse italienne en haleine depuis le début prend toutefois un tournant assez spécial, puisque la présentatrice demande à sa collaboratrice de passer un téléphone portable à la mère de famille qui apprend en direct devant les caméras, la mort de sa fille des Carabiniers, équivalent de notre Gendarmerie nationale, que sa fille avait été violée et tuée par son oncle et retrouvée morte. La nouvelle est accompagnée des aveux du coupable diffusés peu après avoir été recueillis par les forces de l’ordre.


Les médias ont-ils tous les droits ?
Évidemment, et comme il fallait s’y attendre, l’émission a atteint un pic à 40% de part d’audience. Pour la présentatrice de l’émission, il n’y a aucun problème puisqu’elle a précisé à plusieurs reprises que la mère pouvait interrompre le direct si elle voulait, ce que bien sur, elle n’a pas fait étant trop choquée pour avoir une quelconque réaction. Il n’a, ensuite, pas fallu longtemps avant que le presse du pays réagisse à cette évènement. Réactions qui furent pour le moins contrastées.

Pas de scandalisation générale dans un pays où la religion catholique est pourtant bien ancrée, au contraire, certains ont justifiés cette position ; d’autres par contre ont protesté mais pas là où on pourrait le penser. Ainsi, le quotidien « Il Gionarle », propriété de Silvio Berlusconi déplore que ceci soit le résultat d’une trop grande liberté de la presse, celle-ci conduisant à ce que des personnes fassent n’importe quoi : « Ce qui s'est produit est l'ultime frontière d'une culture qui a donné depuis longtemps aux médias le droit et le devoir de tout vérifier, d'entrer partout, de suivre nos existences jusqu'au moment où elles s'achèvent ». La Stampa pense que l’émission est allée trop loin tout en soulignant que les participants savent très bien à quoi ils s’exposent.


Surprenant !
Dans l’ensemble, on peut être surpris de ces réactions, notamment celle d’Il Giornale. Ici, ce n’est pas la liberté de la presse ou la conscience ou non qu’ont les familles de rentrer dans le morbide et la course à l’audimat.

Non, le problème, est que qu’au nom de l’audience, certains soient prêt à tout pour être devant, en avoir toujours plus. Lors de sa traversée du désert, Jean-Marc Morandini, alors relégué dans une obscure émission de radio, disait que durant sa période télévisuelle qu’il sentait que tout pouvait se justifier, du moment que l’audimat était au rendez-vous ; qu’en quelque sorte, le fait même que le public regarde l’émission justifie les actions entreprises, les séquences diffusées à la télévision. Puis, il reconnaissait que finalement, non, il n’était pas possible de tout faire et de tout montrer à la télévision.

Des propos de l’ex-animateur de TF1, on relèvera que les « journalistes » et présentateurs de ces émissions n’ont pas réellement conscience de ce qu’ils font ou que leur conception de la morale est quelque peu… élastique.

Mais, comment s’étonner de tels débordements lorsque les responsables politiques eux-mêmes n’hésitent plus à insulter leurs compatriotes, à chercher la bagarre avec certaines fortes têtes comme Nicolas Sarkozy ou à insulter des élus du peuple, inciter les jeunes femmes à chercher un mari riche plutôt que de faire des études comme Silvio Berlusconi. A force de verser dans la populisme, de faire de la communication pour de la communication, il arrive bien un moment où la machine se détracte et où les repères disparaissent. Il ne s’agit pas d’un débordement ici ou là mais bel et bien de l’abolition des limites par ceux qui sont en charge de les faire respecter. Quand Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, multiplie les blagues racistes et est condamné pour injure raciale alors même qu’il est chargé en tant que ministre de faire respecter la loi, il y a un problème. Un gros problème.

Conclusion.
La difficulté consiste maintenant à réintroduire de la moralité dans un monde qui a perdu la sienne. La tâche s’annonce longue et difficile. D’autant plus difficile que les dérapages n’épargnent pas ceux qui ont l’habitude de les dénoncer.

dimanche 10 octobre 2010

Au bulot !

En cette fin de semaine ensoleillée, il est une chose que beaucoup peuvent avoir oublié. Non, je ne parle pas ici du préjugé qui veut qu'il fasse plus beau dans le sud que dans le Nord, la réalité est suffisamment pour prouver qu'il vaut mieux vivre dans le Nord où il fait beau et chaud (25°C, grand soleil sans nuage) que dans la Sud (moins de 20°C et pluie), mais de la toute récente élection du nouveau bureau des jeunes démocrates.

Élu mi-septembre en même temps que le nouveau président national, celui-ci se réunit pour la première fois statutairement ces samedi et dimanche afin de relancer la machine des jeunes démocrates et créer une dynamique suffisamment forte avec comme perspective, les élections présidentielles de 2012. Les membres du bureau se réunissent donc pour désigner les différents responsables (vice-présidents, trésorier, secrétaire général, délégués nationaux) et bien sur élaborer dans les grandes lignes les actions à mener. Et du travail, il y en a.

Pêle-mêle, on citera les élections internes puisque que de nombreuses fédérations jeunes sont soit sans représentant, soit avec des représentants dont le mandat a expiré depuis longtemps; la baisse des effectifs ce qui suppose de recruter des nouveaux jeunes; mais aussi redéfinir des méthodes et moyens de communication pour transmettre le message des jeunes démocrates à un public se sentant plutôt peu concerné par la politique : les jeunes.

Bon courage à eux donc, dans ces tâches qui s'annoncent difficile. Les attributions de postes devraient être communiquées sous peu, vous pourrez mettre des noms sur ce qui va constituer l'équipe jeune pour les deux ans à venir.

jeudi 7 octobre 2010

Une métropole d'avenir.


Dimanche dernier, TF1 consacrait un reportage à la capitale des Flandres. Loin des clichés véhiculés sur le Nord, et au-delà de la vision bon enfant délivrée par le film de Dany Boon, il est une réalité bien plus forte : Lille est non seulement une grande ville mais surtout une métropole d'avenir dont la situation géographique enviable, ainsi qu'une volonté forte des collectivités locales, attire les entreprises et l'emploi.

Un reportage à voir là :
http://videos.tf1.fr/jt-we/zoom-sur-lille-6087444.html

mercredi 6 octobre 2010

Grenelle à tous les étages.

Nouvelle étape dans l'évolution des politiques publiques. Le 27 septembre 2010, une circulaire issue des services du Premier ministre, a officialisé une mesure contenue dans l'article 1er de la loi « Grenelle I ». Cet article prévoit la mise en place d'une coordination en matière de développement durable des politiques publiques.

On sait maintenant que cette mesure se traduira par la nomination d'un haut fonctionnaire au développement durable dans chaque ministère chargé de « de préparer la contribution de son administration à la stratégie nationale pour le développement durable, de coordonner l'ensemble des plans d'action correspondants et d'en suivre l'application ». L'idée d'un tel représentant est donc d'inclure très en amont les impératifs de développement durable et in fine d'élaborer une politique durable au lieu de se contenter de rendre compatible une décision déjà prise avec l'impératif environnemental.

Il s'agit donc bel et bien de changer d'échelle et de logique. Si bien sur, un haut fonctionnaire ne pourra à lui seul parvenir à faire changer rapidement les méthodes de travail, de structuration de la norme et de prise de décision de l'administration. Il s'agit d'un premier pas encourageant. Ceci est donc un nouvel exemple de la phase que nous traversons qui vise à mettre le développement durable à la base de la décision politique, les autres aspects étant annexes à cet exigence, et plus à considérer l'environnement comme un aspect parmi d'autres.

Si
« l'environnement, ça commence à bien faire », il est indéniable que la transformation des processus décisionnels plus nécessaire est indispensable à la mise en œuvre de réelles avancées pour les différents aspects touchant notre société.

mardi 5 octobre 2010

Éolien en mer : c'est dans 15 jours !


On savait que le MEEDDM (Ministère de l'environnement) allait annoncer un appel d'offres concernant l'éolien en mer depuis un communiqué de Jean-Louis Borloo à la sortie du Conseil des ministres le 05 Mai dernier. On sait maintenant quand !


Selon des propos du ministre recueillis par l'AFP lors d'une visite de terrain à Orly, l'appel d'offres concernant l'éolien maritime (aussi appelé éolien offshore) sera lancé d'ici 15 jours.

Un moment très attendu.
C'est peu de dire que cet appel d'offres est attendu par les observateurs du secteur. Portant sur 3 000 MW, l'appel d'offres vise à faire oublier l'accroissement des contraintes sur l'éolien terrestre. Alors qu'il devait être lancé au mois de Septembre, une consultation supplémentaire en Bretagne a retardé le processus. D'un montant de 10 milliards €, le paquet aiguise les appétits. Mais reste à savoir s'il séduira les opérateurs.


Une procédure peu appréciée.
Lors de l'adoption de la loi Grenelle II, le gouvernement et Jean-Louis Borloo plus particulièrement, confrontés à une large offensive des anti-éoliens sur le texte, avaient souhaité assouplir le régime de l'éolien maritime dit « éolien offshore », histoire de faire avaler la potion amère concocté pour l'éolien terrestre et notamment le classement sous le régime de l'autorisation ICPE. Régime dont beaucoup pensaient qu'il ne s'appliquerait pas à l'éolien en mer mais que le gouvernement a pourtant entendu appliquer aussi à ce type d'exploitation éolienne (cf. Plan d'action pour la période 2009-2020) dans son plan d'action envoyé à la Commission européenne au mois d'août dernier.

Reste qu'au delà de ce constat déjà peu favorable que la procédure d'appel d'offres en elle-même est peu appréciée des opérateurs. Peu encouragé par un tarif réglementé jugé trop bas, les opérateurs préfèrent investir au Royaume-Uni où l'investissement est bien plus rentable d'une part car les vents sont plus forts mais aussi parce que le prix est 3 fois plus élevé qu'en France. La procédure y est aussi plus simple même si la procédure française a été « simplifiée ».

Pour mémoire, le précédent appel d'offres lancé en 2004 avait échoué puisque seul un candidat, le groupe Enertrag avait maintenu son projet. Le dit projet est, actuellement, toujours paralysé devant le Tribunal administratif du fait des nombreux recours contre son permis de construire. Ce n'est qu'une fois tous les recours purgés, que les choses pourront enfin avancer.


Le prix d'achat, nerf de la guerre.
En réalité, la procédure importe peu. Signant l'éternel retour des grands groupes, cette procédure ne laisse que bien peu de places aux PME. La définition des zones favorables a aussi le fruit d'un certain arbitraire. Reste que la question est le prix de l'obligation de l'électricité produite à partir d'énergie renouvelable et donc d'éoliennes en mer. En France, trop faible, il n'attire que peu de monde surtout que les coûts de procédure et les frais judiciaires pour mener une procédure à terme sont conséquents. La France devrait sur ce point s'inspirer des danois qui peuvent en moins d'un an passer du stade de projet à la concrétisation.

En France comme ailleurs, l'éolien maritime mérite plus que du vent pour enfin décoller.

dimanche 3 octobre 2010

Le pavé. Toujours...

Ce samedi 02 Octobre 2010, comme lors des précédents jours de mobilisation de Septembre, les français sont descendus en nombre dans la rue pour contester le projet en cours de réforme des retraites. Ceci appelle plusieurs remarques.


En masse.
Dans un contexte difficile, les français continuent à manifester et en nombre. Si la mobilisation n'est pas celle des grandes grèves de 1995. Il convient de l'apprécier dans le contexte actuel. Démobilisés, démoralisés par un quotidien où ils broient du noir, les français ont du mal à descendre dans la rue; convaincus, après 3 ans de sarkozysme que la mobilisation ne changera rien et que le gouvernement aussi impopulaire soit-il ne tiendra pas compte de son avis. Le gouvernement relève que la mobilisation même un samedi ne s'amplifie pas, elle ne faiblit pas non plus. Aussi, la mobilisation continue de près de 2 millions à 2,5 millions de personnes est en soi, le signe de la préoccupation des français sur ce sujet.


Le rejet d'une réforme, non le rejet de la réforme.
En 2007, Nicolas Sarkozy avait affirmé clairement qu'il n'avait pas reçu de mandat pour réformer les retraites. Lors de l'adoption de la réforme Fillon sur ces mêmes retraites, il avait aussi déclarer que cette réforme allait solutionner la question des retraites. Puis, début 2010, prenant conscience d'une part que les nombreux textes qu'il avait fait adopté par le Parlement n'étaient pas à proprement parler des « réformes », et constatant que le régime des retraites était de nouveau en déficit, il a décidé de lancer une nouvelle réforme des retraites. Les syndicats, échaudés par la méthode Sarkozy en matière de réformes, ont demandé une réelle discussion, ce que le président a assuré en annonçant qu'une réforme, si réforme, il y avait, ne se ferait pas sans discussions avec les partenaires sociaux. Toutefois, il avait accompagné sa déclaration de la mention suivante : les syndicats auraient jusqu'au mois de juin pour négocier.

Dès le début donc, il était évident que le projet serait imposé et qu'il n'y aurait pas de discussions. Ce qui s'est rapidement confirmé peu après, puisque reçu au ministère du Travail séparément puis en groupe, les syndicats n'ont pas eu de réelles marges de manœuvres. On a fait semblant de les écouter, puis peu de temps avant la fin de délai, le ministre a sorti un projet déjà ficelé que les syndicats n'ont pas approuvé. Direction ensuite l'Assemblée nationale qui a eu, on le sait, presque autant de marge de manœuvre.

Les manifestations répétées depuis quelques temps traduisent donc le rejet de la réforme proposée, conduisant, par dogmatisme, à refuser toute autre solution alternative. Car, si on consulte les français, une large majorité est consciente que la situation ne peut perdurer en l'état et qu'une réforme s'impose. Reste à définir le contenu de cette réforme.


Quel contre-projet ?
Le projet de loi sur les retraites présenté par le Gouvernement traduit essentiellement une vision comptable des retraites. On le discerne d'ailleurs parfaitement dans le discours gouvernemental. Pour présenter le projet actuel comme inévitable, le discours est :
« Nous avions trois solutions :
- augmenter les impôts. Nous nous y refusons car nous sommes déjà parmi les pays plus imposés et que nous nous sommes engagés à NE PAS augmenter les impôts ;
- la baisse des pensions de retraite. Beaucoup de français ont déjà une pension faible, il est donc hors de question de toucher au pouvoir d'achat des retraités ;
- augmenter la durée de cotisation et l'âge de départ à la retraite car il est normal que lorsque l'on vit plus longtemps, on doive cotiser plus longtemps. »

CQFD. Le projet gouvernemental est le meilleur, car il évite d'augmenter les impôts et de baisser les retraites. Officiellement, c'est la seule et unique solution. Officieusement, si elle est présentée ainsi, c'est parce que c'est la solution de facilité. Elle rapporte immédiatement de l'argent dans les caisses tout en gardant un côté acceptable si l'on s'appuie sur l'argument de l'espérance de vie.

La question est donc de savoir quel est le projet susceptible de répondre au mieux au problème posé. A cela, il n'y a pas de réponse unique. Oui, il est inévitable que les gens partent plus tard en retraite. Pourquoi alors ne pas instaurer comme en Suède, une garantie sur l'emploi des 50-65 ans avec la règle du « Premier arrivé, dernier parti. » ?

Autres difficultés, la prise en compte de la pénibilité, des débuts de carrière précoces et essentiel de l'inégalité entre hommes et femmes face au travail et à la retraite. Sur ces différents points, l'on pourra soit supprimer des niches fiscales introduites par l'UMP depuis son accession au pouvoir en 2002, soit remodeler la fiscalité pour favoriser le développement économique.

On le voit, plusieurs solutions existent. Elles ne sont pas toutes fiscales ni complètes mais peuvent combinées, contribuer à résoudre l'équation. En se refusant à adapter sa réponse à une situation complexe, le Gouvernement s'enferme lui-même dans une impasse. Avec les conséquences inévitables que cela engendre...