Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

samedi 30 janvier 2010

L’espoir n’aura duré qu’une nuit.

La joie fut de bien courte durée, puisque dès le lendemain matin de l’arrêt du TGI de Paris relaxant Dominique de Villepin, le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, a annoncé qu’il ferait appel de la décision rendu dans l’affaire Clearstream. Cette décision annoncée en direct sur Europe 1 par l’intéressé est de toute évidence, une décision politique quoiqu’il en dise. Politique car bien que Nicolas Sarkozy le particulier ait annoncé son retrait de la procédure et son intention de ne pas faire appel (ce qu’il ne pouvait de toute façon pas faire), cet appel a certainement été le fruit d’une instruction de la hiérarchie judiciaire au sommet de laquelle trône le garde des Sceaux et de manière incidente, le président de la République.


Une annonce assez spéciale.
Jean-Claude Marin a annoncé qu’il interjetterait appel en direct sur Europe 1 lors de l’entretien matinal quotidien de Jean-Pierre Elkabach. Une méthode quelque peu surprenante pour un magistrat fusse-t-il membre de la magistrature debout. D’habitude, les magistrats sont plus discrets et les procureurs annoncent leurs décisions d’interjeter appel par un laconique communiqué. Plus surprenant, cette annonce est faite avant même que la procédure ne soit enclenchée. Mon confrère blogueur Maître Éolas (par ailleurs avocat) rappelle à juste titre que celui-ci doit être effectué au greffe correctionnelle. Et de préciser l’endroit précis où se trouve le service en question au sein du palais de justice de Paris : escalier H, 2e étage, porte 160.

Quoiqu’il en soit, la méthode est peu habituelle et surtout dévalorise la fonction de procureur, ravalé au simple rang de robot.


Un appel du propre chef de Jean-Claude Marin ?
Le procureur de la République de Paris déclare que l’appel est de son chef et uniquement de son chef. Le problème c’est qu’un précédent sur le sujet existe déjà. Peu d’entre vous s’en souviennent probablement mais à propos du premier procès Clearstream, on avait pu remettre en cause l’indépendance de Jean-Claude Marin. Un an avant de décider du renvoi de Dominique de Villepin, Jean-Claude Marin avait déclaré qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour renvoyer l’ancien Premier ministre en correctionnelle. Un an après ces déclarations donc, il avait bizarrement changé d’avis alors le dossier ne s’était pas réellement étoffé entre-temps. A l’époque, son indépendance fut remise en cause et on soupçonnait la main du président de la République qui s’était constitué partie civile à l’instance.

De manière générale, c’est le statut du parquet français qui est remis en cause depuis la « reprise en mains » commencé en 2002, et accélérée avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Rachida Dati, lors de son passage place Vendôme, avait affirmé « être la chef des procureurs ».




Le statut français du procureur toujours sur la sellette.
Ainsi que je le mentionnais déjà en Mai dernier, la Cour européenne des droits de l’homme remet en cause de plus en plus ouvertement le statut du procureur en France. Dans l’affaire Medvedyev, la Cour de Strasbourg avait manifesté son intention de condamner la France pour le manque d’indépendance de son parquet. J’écrivais ainsi le 14 Mai 2009 un long billet sur cette affaire à propos de laquelle j’écrivais ceci :

« La suite est intervenue le 6 Mai dernier, puisque la Grande chambre de la CEDH semble vouloir confirmé la décision prise en chambre simple le 10 Juillet 2008. La France serait alors de nouveau condamné pour violation de l’article 5§1 mais pas pour violation de l’article 5§3.
La Cour précise §61 en page 23 de l'audition : « Force est cependant de constater que le procureur de la République n’est pas une « autorité judiciaire » au sens que la jurisprudence de la Cour donne à cette notion : comme le soulignent les requérants, il manque en particulier l’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif pour pouvoir ainsi être qualifié » et la Cour de renvoyer à l’arrêt CEDH, 4 Décembre 1979, Schiesser c/ Suisse concernant la notion « d’autorité judiciaire » ».

Depuis ce jour, rien n’a changé. La juridiction de Strasbourg qui condamne régulièrement les États pour durée excessive de la procédure judiciaire, est elle-aussi victime de ce mal malgré un filtrage draconien que seul un nombre supplémentaire de juges et de personnels de justice pourrait permettre de résorber. Conséquence, l’affaire est toujours pendante devant la Grande Chambre de la CEDH.



La victime se fait bourreau.
En décidant de faire appel de la relaxe de Dominique de Villepin, le procureur de la République renforce encore le statut de martyr de l’ancien Premier ministre. Aux personnes qui doutaient encore du rôle de Nicolas Sarkozy dans cet appel, Dominique de Villepin apportait la précision suivante : jeudi après-midi, une réunion aurait été organisée à l’Élysée pour décider de demander à Jean-Claude Marin de faire appel. L’information proviendrait d’un fonctionnaire travaillant rue du faubourg Saint-Honoré. Elle serait plus que crédible connaissant la haine qui existe entre les deux hommes. En effet, on imagine mal Nicolas Sarkozy rester sans réagir face à l’annonce de la relaxe de son principal rival et sans même demander au procureur de faire appel, il aurait au moins réunis quelques personnes pour parler du sujet.

Ce faisant Nicolas Sarkozy vient peut-être de commettre une grossière erreur au niveau politique. Aveuglé par la haine qu’il a envers son rival, il passe du statut de victime à celui de bourreau. Tous les médias qu’ils soient nationaux ou internationaux ne parlent que de Dominique de Villepin et on oublierait presque que c’est Nicolas Sarkozy qui est victime de cette affaire Clearstream. En exigeant du parquet de faire appel, le président de la République espère faire condamner son rival et lui boucher l’horizon présidentiel. L’affaire est risquée car le tribunal a relaxé l’ancien premier ministre pour manque de preuves et l’affaire est tellement complexe que l’on voit mal la Cour d’appel décider de renverser complètement les choses en condamnant Dominique de Villepin. Bien que rien ne soit impossible, prouver la complicité par omission semble en effet peu probable, une telle reconnaissance aurait une portée jurisprudentielle considérable.

En regardant le calendrier judiciaire probable, on peut voir que le procès pourrait se tenir fin 2010 pour un verdict début 2011. Si cela se vérifie, Nicolas Sarkozy, par cet appel, vient au contraire d’offrir à Dominique de Villepin une véritable rampe de lancement pour la candidature de ce dernier à l’élection présidentielle de 2012. Connaissant l’habilité à discourir et le charisme de l’ancien ministre des affaires étrangères, on peut parier sans trop de risque qu’il utilisera son statut de martyr de la haine de l’actuel locataire de l’Élysée en se drapant dans les grands principes républicains. Situation que Dominique de Villepin a confirmé lui-même dans les coulisses de RMC suite à son entretien avec Jean-Jacques Bourdin par les propos suivants : « Sarkozy vient de m'offrir une tribune et un second blanchiment en pleine présidentielle ».


Conclusion : le trop est l’ennemi du bien.
En souhaitant à tout prix faire condamner son rival, Nicolas Sarkozy lui offre une tribune en or. L’ancien Premier ministre aura beau de se draper dans la posture du républicain victime des sentiments personnels d’un homme qui n’a pas lésiné ses efforts pour se créer un régime sur mesure en supprimant un à un tous les contre-pouvoirs pouvant potentiellement le gêner. En voulant lui tailler un costard à Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy a peut-être taillé ses chances de conserver son mandat.

vendredi 29 janvier 2010

Villepin - Sarkozy. Tellement proches !

Ce jeudi, le TGI (Tribunal de grande instance) de Paris rendait son verdict dans l’affaire Clearstream. Par un hasard de circonstance assez amusant, l’audience se tenait le jour de l’anniversaire du président de la République. Le Tribunal n’avait pas vraiment cette date en tête mais il lui a tout de même offert un joli cadeau. Enfin, empoisonné le cadeau. Cette décision était éminemment attendue vu les parties à l’instance, d’un côté le président de la République et ancien ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy en tant que partie civile ; de l’autre Dominique de Villepin en tant que prévenu sur le banc des accusés. Au milieu, des juges devant démêler le vrai du faux dans cette incroyable capharnaüm que l’affaire Clearstream. Des différents chefs d’accusation reprochés à l’ancien Premier ministre, c’est surtout le délit de dénonciation calomnieuse qui ressortait.

De tout cela, rien, il ne reste rien. Dominique de Villepin a été relaxé. Après que Nicolas Sarkozy ait promis de pendre le coupable de cette affaire à un croc de boucher, après qu’il ait qualifié Dominique de Villepin de coupable tandis que celui-ci n’était que simple prévenu, la justice a lavé l’ancien Premier ministre de tout soupçon en décidant de le relaxer. De cela, on peut retenir plusieurs choses. En premier lieu, la réaction de Nicolas Sarkozy plus que surprenante. La réaction de Dominique de Villepin dans un deuxième temps. La vision par les Guignols de l’info de la situation qui n’est pas sans rappeler quelques souvenirs à certains. Il sera aussi intéressant de voir les conséquences cette affaire pourra avoir pour la suite.



Sarkozy, un « avocat » qui ne connaît pas le droit.
Le président de la République a une formation de juriste et a même été plusieurs années avocat, mais lorsque l’on regarde un peu son attitude dans l’affaire Clearstream, il est quelque peu permis d’en douté. Sans parler des différents lapsus bien révélateurs de l’estime qu’il porte à Dominique de Villepin, c’est la réaction du président de la République à l’annonce du verdict qui est elle-seule un cas d’école.

La voici :
« Le Tribunal correctionnel vient de se prononcer.

Il a reconnu une « manipulation grave ». Il en a tiré la conclusion que les auteurs de ladite manipulation devaient être sanctionnés par une peine de prison ferme y compris pour l’un d’entre eux qui n’avait pourtant pas d’antécédent judiciaire.

Je m’étais constitué partie civile parce que je voulais que ces agissements soient portés à la connaissance des Français, qu’ils soient sanctionnés afin que nul n’ait la tentation de se livrer à l’avenir à de telles pratiques qui déshonorent la démocratie.

Le jugement me donne satisfaction, même si ne connaissant personnellement aucun des condamnés, ne les ayant jamais rencontrés, je ne nourris à leur endroit aucun ressentiment, et je m’interroge encore sur leurs motivations.

Le Tribunal a considéré que le rôle de M. Dominique de VILLEPIN dans la manipulation ne pouvait être prouvé. J’en prends acte tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant.

Dans ces conditions, j’annonce que je ne ferai pas appel de la décision du Tribunal correctionnel.
».


La forme est peu surprenante, la relaxe est une gifle pour Nicolas Sarkozy qui s’était constitué partie civile. Comme il ne fallait pas s’attendre un discours du président sur le sujet, c’est par un laconique communiqué écrit que le président a réagi. Le problème est que le particulier Nicolas Sarkozy a réagi par un communique de presse sur le site de la présidence de la République. Après avoir tenté de démontrer par tous les moyens qu’on devait distinguer le président du particulier pour permettre au président de se porter partie civile pour ce procès sans porter atteinte à l’équilibre des armes défendu par la CEDH (Convention européenne des droits de l’homme) dans son article 6, voilà que le président de la République utilise un moyen de communication officielle pour informer de sa réaction. Mélange des genres, il n’y a pas avait-il dit il y a quelques temps. En pratique, on voit bien qu’il est impossible de distinguer les deux.

L’autre aspect qui pose problème se situe dans les termes mêmes employés dans ce communiqué. Invoquant sa constitution en tant que partie civile comme moyen de porter « ces agissements […] à la connaissance des français » (tu parles !), puis « Le jugement me donne satisfaction » tempéré juste après par un « un même si » suivi d’un « je ne nourris personnellement à leur endroit aucun ressentiment » (mais bien sûr !) avant de préciser comble du raffinement « Le Tribunal a considéré que le rôle de M. Dominique de VILLEPIN dans la manipulation ne pouvait être prouvé. J’en prends acte tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant. » ou comment dire que l’on pense que Dominique de Villepin est coupable alors même qu’il vient d’être relaxé.

Mais le plus intéressant est la dernière phrase, je cite : « Dans ces conditions, j’annonce que je ne ferai pas appel de la décision du Tribunal correctionnel. ». C’est fort heureux et fort généreux pour notre avocat de président. Il semble cependant que celui-ci ait oublié que la chose lui est tout bonnement impossible. En effet, en matière pénale, la partie civile n’est pas partie au procès au sens classique où on l’entend, les parties d’un procès pénal sont la société représentée par le parquet et donc le procureur de la République, en l’espèce Jean-Claude Marin (dont la carrière dépend du pouvoir exécutif et donc indirectement du président de la République), et la défense, représentée par les avocats de la défense des différents prévenus dont faisaient partie M. Dominique de Villepin. Ce qu’on appelle la « partie civile » qui regroupe les « victimes » n’est pas réellement partie au procès et ne dispose pas de droits identiques aux vraies parties à l’instance. Ce statut particulier, qui par exemple n’existe pas en droit anglo-saxon, permet d’associer les victimes à la procédure mais reste limité. N’étant pas réellement une partie à l’instance, la partie civile ne peut faire certaines choses possibles pour les parties à l’instance. Il en est ainsi de la possibilité de faire appel. Cette précision nous est rappelée par l’article 497 du Code de procédure pénale.

Cet article dispose comme suit :


« Article 497 (modifié par la loi n°83-608 du 08 Juillet 1983 publié au JORF le 09 Juillet 1983)
La faculté d'appeler appartient :
1° Au prévenu ;

2° A la personne civilement responsable quant aux intérêts civils seulement ;

3° A la partie civile, quant à ses intérêts civils seulement ;

4° Au procureur de la République ;

5° Aux administrations publiques, dans les cas où celles-ci exercent l'action publique ;

6° Au procureur général près la cour d'appel. »

Le particulier Nicolas Sarkozy, étant classé dans la 3e catégorie, il lui est donc impossible de faire appel. Seul moyen de faire appel, faire pression via des instructions ministériels sur le procureur de la République ou sur le procureur général près la Cour d’appel de Paris. Cette possibilité n’est pas exclue puisque c’est de cette manière que Dominique de Villepin s’est retrouvé devant les tribunaux alors même que Jean-Claude Marin, procureur de la République de Paris, envisageait de ne pas le renvoyer en correctionnelle. Le communiqué du président est clair, Nicolas Sarkozy particulier ne fera pas appel mais quid de Nicolas Sarkozy président de la République ? Fera-t-il de nouveau pression pour que Dominique de Villepin se retrouve devant les juridictions ? C’est peu probable étant donné le statut de martyr qu’a enfilé l’ancien locataire de Matignon. En effet, toute tentative du président envers l’ancien Premier ministre serait vécue comme un acharnement personnel et écornerait un peu plus le statut du chef de l’État.


Dominique de Villepin, le « martyr » a pris fin. Enfin pas totalement !
L’ancien Premier ministre tout jeune avocat lui aussi, n’a pas boudé son plaisir et sa joie. Saluant le « courage du tribunal », il a souhaité se tourner vers l’avenir et vouloir tourner la page.
« Après plusieurs années d'épreuve, mon innocence a été reconnue. ».

« Je salue le courage du tribunal, qui a su faire triompher la justice et le droit sur la politique. Je suis fier d'être le citoyen d'un pays, la France, où l'esprit d'indépendance reste vivant. Je n'ai aucune rancœur, aucune rancune
».


« J'ai été blessé par l'image que l'on a voulu donner de la politique, de l'engagement qui a été le mien pendant trente ans, et c'est vers l'avenir que je veux me tourner pour servir les Français et contribuer, dans un esprit de rassemblement, au redressement de la France. ».



Ainsi, c’est combatif, que Dominique de Villepin s’est adressé à la presse à la sortie de l’audience devant un mur (littéralement) de caméras et de journalistes. Passant rapidement sur le procès dont il vient à peine de sortir, Dominique de Villepin déclare de plus en plus ouvertement son envie de vouloir aller au combat lors de la présidentielle de 2012 face à Nicolas Sarkozy. Duel fratricide à droite, le combat n’est en apparence pas redouté par les partisans du président de la République. Mais en coulisses, on craint que ce combat entre personnalités de droite ne permette à la gauche ou à François Bayrou de ramasser le pactole ou pire de voir de accéder l’ennemi intime s’installer dans le fauteuil présidentiel. Par sa position de gaulliste respectueux du modèle français, Dominique de Villepin n’hésitera pas à user de son costume de martyr taillé sur mesure par l’actuel locataire de l’Élysée et de préciser invité qu’il était du 20h de France 2, vouloir « proposer une alternative à cette politique qui, selon moi, ne fonctionne pas » faisant référence de manière à peine voilée à la politique actuellement menée par Nicolas Sarkozy. Et d’asséner ensuite : « le service public, la défense de l’intérêt général sont des mots qui ont perdu de leur sens ».

En résumé, il pense à 2012 et ne s’en cache plus.


Le combat Sarkozy/Villepin vu par les Guignols de l’info.
De ce combat entre ces deux personnages qui se détestent, on attendait la réaction corrosive des Guignols de l’Info qui avait largement traité le sujet. Comme prévu, l’émission satirique s’est emparée du sujet. La situation a d’ailleurs rappelé aux habitués et autres passionnées invétérés de l’émission, une autre scène vue dans la même émission il y a 15 ans en 1995. A l’époque, il s’agissait d’une discussion entre Jacques Chirac et Édouard Balladur.



Le dialogue entre Nicolas Sarkozy (qualifiée d’incalmable) et Dominique de Villepin (qualifié d’incassable) illustrait en fil rouge, l’émission de ce jeudi.

« PPDA - Aujourd’hui, c’est Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy qui nous accompagneront tout au long de ce journal. Avec eux, nous reviendrons sur le verdict de l’affaire Clearstream. Dominique de Villepin a été relaxé. Ça fait 2 ans que vous ne vous êtes pas parlé, j’imagine que vous avez des choses à vous dire…
Sarkozy -
Villepin -

PPDA - Messieurs…
Sarkozy - … Dominique…
Villepin - …Nicolas…
Sarkozy - … Dominique…
Villepin - …Nicolas…
Sarkozy - …’nique…
Villepin - …’colas…

PPDA - Oui, je comprends, les mots se bousculent dans vos têtes.
Sarkozy - Oui, voilà, j’ai plein de mots qui me viennent mais j’ne préfère pas les dire, là, maintenant.
Villepin - Pareil, un flot de pensées m’envahit en le voyant si près de moi à portée de main.
Sarkozy - Tels que vous nous voyez, on est à deux doigts de se serrer dans les bras là.
Villepin - Oui, voilà on va se serrer, fort, très fort, très très fort (mimant l’étranglement avec ses mains).

PPDA - Oui ben, la hache de guerre parait enterré, on va pouvoir y revenir sereinement. ».

La scène suivante intitulée « Catch me if you can » (Attrape-moi si tu peux) est tout aussi intéressante et fait indirectement référence aux propos de Dominique de Villepin sur l’indépendance de la justice. La marionnette de Jacques Chirac dans une chambre fait sa valise.

« PPDA - M. Chirac, on ne vous pas entendu réagir. J’imagine que vous êtes heureux pour votre ancien premier ministre.
Jacques Chirac - Tu parles d’une nouvelle, toi !
PPDA - Qu’est-ce que vous faites là ?
Jacques Chirac - Ma valise d’Arvor ! Cette décision est une catastrophe !
PPDA - Vous n’êtes pas content ?
Jacques Chirac - Eh non ! Villepin relaxé, ça veut dire qu’il y a une justice indépendante en France. Je suis donc foutu.
Bernadette - Vous allez où Jacques ?
Jacques Chirac (avec sa valise sous le bras) - Nulle part maman, je sors acheter des cigarettes. ».

Après quelques autres scènes dont je vous épargne le compte-rendu, le dialogue entre les marionnettes de Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin reprend.
« PPDA - Voilà, je suis donc avec Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Messieurs, le verdict de l’affaire Clearstream vient de tomber...
Villepin - Un verdict qui m’innocente et qui fait de moi un homme neuf en déplaise à certains (jetant un regard de haut (forcément) à Nicolas Sarkozy).
Sarkozy - Oui, j’en suis très heureux et je respecte évidemment cette erreur judiciaire. »

(Les personnes averties que vous êtes, se seront auparavant reportées au communiqué de presse publié sur le site de l’Élysée qui ne laisse aucune planer aucune ambigüité. Cette phrase aurait très bien pu être prononcée par Nicolas Sarkozy et traduit de façon limpide sa pensée sur le sujet).


« PPDA - Cette « décision » judiciaire.
Sarkozy - Ah oui ? J’ai dit quoi ?
Villepin - Vous avez dit « erreur » judiciaire. Vous vous trompez encore ! Comme avant le procès où vous disiez que j’étais coupable alors que je n’étais qu’un prévenu.
Sarkozy - Bon, je suis désolé Dominique mais dès que je pense à toi, je ne réfléchis plus, hein. C’est mon cœur qui parle. T’as évidemment toute ma sympathie, mon respect. Un respect que j’ai presque envie de jeter au visage là, comme ça, brutalement dans les dents.
Villepin - Quant à moi, excusez-moi si j’ai envie de laisser éclater ma joie.

PPDA - Oui, c’est légitime.
Sarkozy - Évidemment !
Villepin - Pardonnez-moi si j’ai envie de vous piétiner de bonheur, de vous étrangler de toute ma sympathie et de vous perforer le thorax d’allégresse.

PPDA - Messieurs, on a l’impression qu’il y encore de la rancune entre vous, non ?
Villepin - Du tout, nous sommes des hommes politiques responsables, nous plaçons l’intérêt général au-dessus de tout.
Sarkozy - Absolument ! La preuve, c’est que je m’engage devant vous à aider Dominique à se réinsérer dans le privé. Parce que M. d’Arvor, c’est pas facile de trouver un travail quand on sort de prison.
Villepin - Mais, je ne suis pas allé en prison Nicolas.
Sarkozy - Ah oui, merde, c’est vrai !
Villepin - Et je n’irai jamais.

PPDA - Vous vouliez trouver un travail à M. de Villepin, M. Sarkozy je crois.
Sarkozy - Oui, voilà un travail donc, un travail. Dominique, en France, c’est foutu, ta réputation est faite. Pour les français, tu resteras à jamais, un escroc.
Villepin - Je ne le pense pas.
Sarkozy - Tant pis ! Je suis prêt à appeler des amis, au Brésil, aux Philippines, je suis sûr qu’ils te trouveront un travail où tu pourras terminer ta vie loin de pression parisienne, dans l’anonymat le plus total, au calme. Loin !
PPDA - Vous cherchez à l’éloigner là ?
Sarkozy - Pas du tout ! Mais, pas du tout ! C’est un service que je lui rends. Et il le sait ! Il le sait pas mais il revient de loin mon ami là (une tape sur l’épaule de Villepin).
Villepin - J’en ai conscience oui mais sachez (se retournant vers Sarkozy) au risque de briser notre amitié retrouvée que je compte rester en France pour servir mon pays.
Sarkozy - Ah ! Fonctionnaire ? Pourquoi pas ! Après tous tes problèmes, je comprends que tu ais envie de te la couler douce.
Villepin - Mais…
Sarkozy - Ne me remercie pas Dominique, je passe un coup de fil. Tu deviens sous-préfet du Haut-Rhin et demain matin tu as les déménageurs bretons qui arrivent en bas de chez toi. 5h après, tu es dans ton F5 de fonction avec vue sur la grand-place de Colmar. Hein, qu’est-ce qu’on dit ?
Villepin - Merci, mais je nourris des ambitions plus importantes.
Sarkozy - Ah ouais, dentiste ?
PPDA - Non, je crois que M. de Villepin pense à l’élection présidentielle.
Villepin - Ça n’est encore qu’une hypothèse.
Sarkozy - Ah ! Ben écoute, bravo Dominique et bonne chance pour 2012. En espérant qu’une nouvelle affaire ne te tombe pas sur le haricot. Parce que ce serait vraiment pas de bol !
Villepin - Je n’ose l’envisager !
Sarkozy - Eh moi, donc mon ami. Eh moi, donc !
PPDA - Ah, c’est dingue. Je ne pensais pas qu’ils se réconcilieraient aussi vite ! ».


Conclusion.
Ainsi qu’on peut le constater les relations entre les deux hommes sont plus tendus que jamais. Et ce procès n’est que le début d’une nouvelle période précédant la course à la présidentielle à laquelle ils pensent tous les deux et bien d’autres encore. L’un en sauveur du monde, l’autre en martyr. C’est le combat entre Moïse et Jésus que l’on croirait voir (toutes proportions gardées bien entendues). Un combat fraticide entre frères ennemies de la droite sur fond de poussée écologiste et de renouveau du PS mais aussi avec le MoDem qui n’a pas dit son dernier mot. Les régionales et les évènements qui se passeront ensuite seront fort intéressants.

jeudi 28 janvier 2010

Ipad à dire, quelle déception !

Enfin, elle est sorti (ou presque !). Après tant d'attentes, de spéculations, elle a été présenté lors du Keynote annuel organisé chaque année par l'entreprise à la pomme. C'est cependant une grosse déception.


« Un produit magique ».
Steve Jobs, toujours peu avare de qualificatifs lorsqu'il s'agit de faire la promotion des produits de son entreprise qualifie l'iPad comme un produit magique, l'échelon manquant entre le téléphone mobile qu'est l'iPhone et l'ordinateur portable qu'est le Macbook. Mais dès qu'on s'intéresse un peu aux entrailles de la bête, ça coince. Certes, le design est joli, mais les performances limitées.


L'autonomie : 10 heures. Seulement !
Autant dire ridicule, vu l'utilisation intensive que l'on attend de ce genre de machine. Connaissant Apple, la batterie sera probablement soudé ou inamovible. Il faudra donc passer par le SAV hors de prix de la marque à la pomme. Bonjour l'écologie !


Un système limité et fermé.
On attendait Mac OS X Snow Leopard comme système, nous n'aurons droit qu'à l'iPhone OS. Pas de multitâche dont les utilisateurs modernes sont friands. Pas de support du Flash non plus, ce qui implique une navigation limité sur Internet, nombre de sites exigeant le support de ce format.
Impossibilité aussi de recourir aux formats libres, le système d'Apple est complètement verrouillé. Les seules applications utilisables seront celles disponibles sur l'App store. Impossible d'installer ses propres logiciels, il va falloir payer sa dime à Apple.


Des performances matérielles réduites.
Du côté matériel, les attentes sont loin d'être satisfaites. Un processeur identique ou à peine plus puissant que celui d'iPhone, pas de caméra ni d'appareil photo intégrés, pas de port pour carte mémoire SDHC ou SDxC, pas de vrai disque dur. Il faut se contenter d'un machine aux performances anémiques, sans capacité de stockage conséquente ou possibilité d'extension. Pas de clavier rétractable non, ce qui aurait pourtant été appréciable. Suprême raffinement, la 3G est une option et n'est pas intégré dans la configuration de base. Il va falloir contracter un abonnement spécifique auprès d'un opérateur mobile puisque aussi incroyable que cela puisse être,, l'iPad ne peut faire téléphone.


Ça va nous coûter un bras.
Apple y a habitué ses fidèles, le prix est absolument hors norme.
499$ pour la configuration de base avec 16Go de mémoire et sans 3G. A ce prix, autant acheter un iPod Touch ou un netbook qui fera nettement mieux l'affaire.

Pour information, voici la grille des prix :
Modèle WiFi sans 3G :
16 Go : 499$ (356,50 €)
32 Go : 599$ (427,94 €)
64 Go : 699$ (499,39 €)

Modèle WiFi avec 3G :
16 Go : 699$ (499,39 €)
32 Go : 799$ (570,84 €)
64 Go : 899$ (642,28 €)

Mais comme toutes les firmes japonaises ou américaines, bien que l'euro soit une monnaie forte depuis plusieurs années, Apple a la fâcheuse tendance à considérer que 1$ = 1€. Sauf qu'actuellement, 1$ = 0,71€ ou 1€ = 1,40$. On est loin de la parité utilisée par Apple. Conséquence, les européens paient entre 30% et 40% plus cher, leurs produits Apple.
Déjà peu compétitifs, les prix Apple deviennent pour l'iPad complètement délirants.


Conclusion.
Apple nous propose avec l'iPad d'acheter un iPhone ou un iPod au prix d'un ordinateur portable.
Des performances au plancher, un environnement logiciel fermé et limité, Apple a loupé le coche. Ne parlons même pas des livres électroniques dont la lecture est bien plus agréable et abordable sur le Kindle d'Amazon. Avec sa tablette, on attendait d'Apple un produit novateur capable d'ouvrir un nouveau secteur dans l'électronique domestique et on se retrouve avec un iPhone à grand écran. Une vraie déception !

Alors que le marché des smartphones (téléphones intelligents) voit arriver une concurrence de plus en plus féroce, et que sur celui des tablettes, les constructeurs de PC plus ouverts vont lancer des produits plus performants et moins chers, l'iPad risque de faire un bide. Pas forcément en termes de vente sur le coup (il y aura toujours des fans pour acheter les produits Apple) mais auprès du grand public. D'un rôle de précurseur, Apple est passé au rôle de suiveur. On ne peut pas réussir à tous les coups !


Photo : Apple.

mercredi 27 janvier 2010

Un pas en avant, un pas en arrière.

Lors de ses vœux, Martine Aubry avait eu une démarche courageuse en se déclarant ouverte pour décaler l'âge de la retraite. Mais patatra, voilà qu'hier, lors d'un entretien sur TF1 avec Laurence Ferrari, elle est revenue avec des mots choisis sur les propos tenus.


Retraite, un consensus national indispensable.
La France championne d'Europe de la natalité n'y échappera pas, il va falloir repousser l'âge de départ à la retraite. Mesure nécessaire afin de préserver le système par répartition, elle suppose un accord entre les différents partis politiques vu son importance. Notre société vieillit malgré les naissances toujours nombreuses, notre mode de vie évolue avec une durée de travail hebdomadaire en recul partout dans le monde contrebalancé par une vie active qui dure un peu plus. Le moment d'entrée dans la vie active des jeunes ayant considérablement reculé depuis quelques années, la logique suppose que l'âge de la retraite fasse de même. Or, la mesure instauré par François Mitterand a encore de nombreux défenseurs dans tous les camps.
Sur cet enjeu, la différence ne se situe pas entre les partis mais entre les français.
D'où la nécessité d'y répondre par un accord d'envergure recueillant l'assentiment de la société ou d'une large part de celle-ci.


Un clarification bien trouble.
Selon Pierre Moscovici, ce n'est "pas un rétropédalage". Mais dans les faits, difficile d'y voir autre chose. En réalité, ce n'est pas le sérieux de Martine Aubry qui est à remettre en cause ici mais les crispations au sein du Parti socialiste. La sécrétaire nationale du PS, quoi qu'on en pense, est une personne qui tente de faire correctement son travail et conscient des problèmes que la France aura à affronter dans les années à venir. Si au Mouvement démocrate, nous ne sommes pas forcément d'accord sur les solutions à y apporter, nous rejoignons la maire de Lille sur son constat, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard.

La principale difficulté est que c'est précisément sur la passage à l'action que cela coince. Martine Aubry a fait les mains liés par le Bureau exécutif du Parti socialiste, fruit d'un subtil équilibre entre les différents courants qui le composent. Martine Aubry doit donc penser à préserver l'unité tout en menant le PS sur la voie du changement et de l'adaptation à la société actuelle.
Si la difficulté de l'exercice n'est pas à négliger, on ne peut que regretter le manque de courage l'élue lilloise.


Oublier les vieilles habitudes.
Face aux grands problèmes auxquels la France doit faire face, il convient de rassembler pour prendre les mesures nécessaires à la remise en marche du vaisseau France. Si ce n'est pas la démarche actuelle du gouvernement et de la majorité en place, les volontés individuelles ne manquent pas dans chaque camp. Alors, le combat entre conservateurs et progressistes, nouveau clivage ?

mardi 26 janvier 2010

Nicolas Sarkozy. Paroles de langue de bois.

Lundi soir, le président de la République était sur TF1. Bénéficiant de l'appui du parrain de son fils, Martin Bouygues, les équipes de la chaîne se sont pliées en quatre et ont livré en collaboration avec le service communication de l'Élysée un service 4 étoiles.

Après un journal de 20h, dont une bonne partie était consacrée à un entretien du président, celui-ci a tenté de répondre aux questions de français dans une émission taillée sur mesure dont les interlocuteurs avaient été parcimonieusement choisis.


Un 20h, son 20h.
Durant son entretien avec Laurence Ferrari, que l'on a connu bien plus tranchante dans Dimanche+ sur la chaine cryptée, le président a essayé de défendre sa politique et de désamorcer les dernières polémiques qui ont embarrassé la majorité. Il est ainsi largement revenu sur le cas d'Henri Proglio qui obnubilé par l'argent souhaitait cumuler rémunération et emploi chez EDF et Véolia. Las, l'opinion public a réussi faire plier le président de la République sur le sujet et celui-ci a donc demandé à Henri Proglio de renoncer à son magot. Dans le 20h de ce lundi, on a aussi appris que le cumul ne durerait que quelques mois, Nicolas Sarkozy justifiant cette période transitoire évoquant une demande de la part des syndicats de Véolia.

Le président de la République a aussi justifié le salaire du tout nouveau président d'EDF et donc sa récente augmentation de 45% en précisant qu'il préférait des bons patrons bien payés que de mauvais mal payés, invoquant ainsi la compétence comme explication à la rémunération conséquente de son protégé. Le problème est que peu avant, Martin Hirsh, haut commissaire aux solidarités actives, a démontré exactement le contraire. Ce dernier, prenant la liste des entreprises moyennes cotées à la bourse de Paris dans l'indice Cac small 90, expliquant par A+B que les patrons les mieux payés de l'indice étaient ceux qui avaient le moins bien géré leur entreprise tandis que les patrons les moins payés étaient au contraire ceux qui avaient une gestion efficace.


Henri Proglio, lui-même est loin d'être un bon patron puisque sa gestion de l'entreprise de services aux collectivités est qualifié de médiocre. Performance d'ailleurs confirmé par le cours de bourse de l'entreprise qui pendant sa gestion s'est plus écroulé qu'il n'a augmenté.
Ainsi, l'argumentation de Nicolas Sarkozy ne tient pas. Et sans même parler des conflits d'intérêt, d'éthique et de morale, Henri Proglio ne devait pas devenir patron d'EDF.


Paroles de français ou comment brasser du vide.
Il faut être honnête, je n'étais pas devant l'émission "Paroles de français". A la place, j'ai préféré regarder la guerre des étoiles sur une chaine concurrente. Et il semble que cette décision fut la bonne puisque notre président s'est livré un exercice de langue de bois ou devrait-on dire de langue de bois caractérisée. Glorifiant son bilan, magnifiant son volontarisme, il s'est livré à une surenchère de propositions tel un commissaire priseur de chez Druot. On a donc retrouvé la candidat Nicolas Sarkozy, habits qu'il n'a jamais vraiment quittés depuis son élection.

Parmi les français conviés à lui poser des questions, seul le syndicaliste de chez Renault a été un peu critique. Les autres ont paru plutôt satisfaits de la prestation du président de la République, ce dernier s'évertuant à annoncer au lieu de faire. Il faut dire que les interlocuteurs avaient été soigneusement choisis. Le femme, chef d'entreprise vantant le statut de l'auto-entrepreneur est un fan de François Fillon et a même pu avoir sa photo souvenir lors d'une réunion organisée l'année dernière à l'hôtel de Matignon. Les autres dans les réactions après l'émission ont semblé étrangement satisfaits.


En résumé.
Si Paris Match (détenu par Arnaud Lagardère, un des convives du Fouquet's) s'est félicité de la bonne audience réalisé par le président de la République, l'émission n'a pas vraiment été l'occasion de révélations ou d'un changement d'attitude de la part de Nicolas Sarkozy. Le président s'est contenté de brasser du vent et de s'agiter comme d'habitude. Il a même promis de faire baisser le nombre de chômeurs d'un million. Ainsi, tel que l'on s'y attendait, ce moment fut plus l'occasion de faire de la propagande pour "l'action" de la majorité qu'autre chose. Nicolas Sarkozy est apparu complètement déconnecté de la réalité et les régionales s'annoncent difficile pour la majorité.

dimanche 24 janvier 2010

Régionales. Un début un peu terne.

Un début de campagne un peu terne, c'est l'impression que ressort ici et là. Après une année 2009 à oublier pour le Mouvement démocrate, les élections régionales de Mars 2010 sont annoncées par beaucoup comme l'occasion de se refaire une santé. Yann Wehrling déclarant que rien ne valait une bonne victoire pour faire oublier les défaites passées. Mais d'un autre côté, les doutes de nombre de personnes sont compréhensibles. Difficile en effet de repartir après le coup reçu en Juin.


Des bons et des moins bons.
De la série de discours des têtes de liste fraichement investies par un Conseil national réuni entre deux portes, on pourra retenir une certaine hétérogénéité dans les propos. Ainsi, les discours de têtes de listes normandes ont été assez bons, tout comme celui d'Olivier Henno qui a pris eu une approche originale qui tranchait avec les autres orateurs. Azouz Begag a lui un raisonnement que je ne partage pas forcément mais construit et posé.

Yann Wehrling a de son côté alterné entre le bon et le mauvais. On pouvait s'attendre à mieux. L'alsacien nous livre souvent un raisonnement carré et logique. Là, un peu moins.

Les discours manquaient d'accroche étaient ceux d'Alain Dolium et Marie Grafteaux-Paillard. Tandis que le 1er ne semble toujours pas avoir pris conscience de l'enjeu environnemental, la deuxième recherchant la formule s'est montré bien trop optimiste.


Une impression étrange.
De cette journée de lancement, tenue dans un contexte plutôt morose (suite aux nombreux départs), on retiendra quelques bonnes idées. Les candidats expérimentés ont pour la plupart réalisé correctement l'exercice, proposant même quelques idées innovantes. La déception venait de ce que l'on présentait souvent comme les candidats du renouveau. Si certains n'ont pas trop mal réussi, pour certains ce fut assez catastrophique.

Mais l'essentiel semble ailleurs. A moins de 2 mois des régionales et quelques jours avant la sortie en salle du film Océan, l'environnement ne semble pas être une priorité malgré l'intérêt que les français y portent. Si l'année dernière, la diffusion du film "Home" à quelques jours du scrutin a pu influencer les électeurs, il sera compliqué de réaffirmer ce même argument pour expliquer un nouvel échec si celui-ci se concrétise. Il ne s'agit pas de faire la course à la démagogie verte mais de proposer des idées innovantes pour intéresser les électeurs.

Enfin, du discours de François Bayrou, on retiendra une tonalité présidentielle sur plusieurs aspects. Ce n'est que passé la moitié de son discours que François Bayrou a commencé à parler des régionales. Bien sur, parler de l'affaire Proglio était important mais à ce point,on peut en douter.

Conclusion.
En résumé, après un lancement bien terne, il va falloir se retrousser les manches, de l'envie à une campagne qui pour le moment, en manque terriblement.


Crédits photo : Mouvement démocrate.

Régionales. Le calme avant la tempête.

Par un calme dimanche d'hiver à des températures plutôt fraîches que le Mouvement démocrate va lancer sa campagne pour les régionales lors d'un meeting de campagne à la Maison de la Chimie.

Signe des temps et de la modestie des objectifs, la Mutualité a été délaissée pour la structure plus modeste de la rue Saint-Dominique. Choix intéressant que les finances du MoDem apprécieront cependant.



Le programme.

8h30 : Enregistrement du Grand rendez-vous Europe 1.
François Bayrou enregistre en décalé l'émission le Grand rendez-vous, qui sera diffusée de 10h à 11h.

9h30 - 10h : Conseil national.

Après avoir descendu les escaliers tel Flash Gordon, François Bayrou traverse la Seine pour se rendre rue Saint-Dominique où il doit présider un Conseil national.
Objet de la réunion du jour : valider les listes et investir les candidats.

Vu le temps imparti, des risques de retard seront probables sauf si bien sur, on ne fait que voter sans discuter ce qui parait improbable malgré la réputation de chambre d'enregistrement des Conseils nationaux dans les différents partis.

En l'espèce, l'ordre du jour ne pose pas de problèmes particuliers. Il aurait néanmoins été préférable de l'organiser la veille (le samedi 23 donc) pour que celui-ci se tiennent dans des conditions plus sereines.


10h :
Début officiel de la réunion publique de lancement. Mais, ainsi qu'il est mentionné juste au dessus, un retard d'un minium d'une demi-heure voir plus est très probable puisqu'une réunion du Conseil national est organisée juste avant.


10h-13h :
Discours des principaux membres de la direction du Mouvement démocrate puis des différentes têtes de listes présentes.


13h :
Heure officielle du discours de clôture de François Bayrou. Précision utile, il ne sera très probablement pas à l'heure. En effet, le retard accumulé par le Conseil national et la réunion publique qui suit retardera le début du discours de clôture de François Bayrou. Lors des voeux, un retard de 20 à 25 minutes avait été constaté. Un retard d'une bonne demi-heure à 3/4 d'heure est envisageable.


14h : Fin envisagée du discours de François Bayrou. Salve d'applaudissements puis Marseillaise. Peu après cohue générale, les militants tentant soit d'avoir une dédicace de leur livre, soit une photo avec les chefs ou encore pour les plus introduits et/ou téméraires tenter de discuter avec eux. Les militants les plus courageux tenteront de discuter avec le maximum de personnes, de renouer le contact avec des amis ou militants loin de leur territoire local et de se souhaiter (il est encore temps) la bonne année. Voici donc pour le programme officiel.


En coulisses.

Derrière les apparences, les grands messes des partis politiques sont l'occasion pour une poignée de têtes de réseaux de nouer des contacts afin de renforcer leurs structures, leurs réseaux d'influence mais aussi d'influer sur les points problématiques à régler plus que d'écouter des discours dont ils connaissent déjà la teneur quand ce n'est pas eux qui les ont écrit.


Beaucoup de choses sont déjà jouées et les quelques rencontres bilatérales ou multilatérales permettent de retourner les situations à l'avantage de quelques-uns ou de confirmer les positions des autres. Il s'agira pour les militants d'écouter et de prendre acte de que qui aura été décidé dans les couloirs.

En somme, une réunion publique de parti politique, c'est un peu comme un sommet diplomatique. Beaucoup de préparations, un grand barnum médiatique mais au final, peu de décisions et pas de réelle surprise pour les connaisseurs.

vendredi 22 janvier 2010

Vie privée. Mieux vaut compter sur l’Europe.

Mieux vaut miser sur l’Union européenne pour protéger notre vie privée. C’est devenue une habitude que les requérants ont déjà pris depuis longtemps avec l’accroissement constant des recours devant le Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Autre habitude : mieux vaut compter sur le Parlement européen pour défendre nos libertés que sur les gouvernements. La lutte contre la loi HADOPI en avait déjà été l’occasion (le problème de compatibilité avec le droit communautaire n’est d’ailleurs toujours pas réglé), le contexte sécuritariste du moment nous en offre une nouvelle fois la preuve.

Alors que les gouvernements de l’Union se réunissait avec la secrétaire d’État américaine à la sécurité intérieure sur la meilleure méthode pour imposer les scanners corporels, le Parlement européen n’entend pas de son côté se faire marcher sur les pieds et exécuter les 4 volontés américaines en portant une nouvelle fois atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des européens.



La sécurité n’est pas tout.
Aussi, le Parlement européen par l’intermédiaire de son président va demander la suspension de l’accès du Trésor américain aux données bancaires des entreprises et des citoyens via le réseau Swift. Les eurodéputés ont de façon consensuelle demandé par l’intermédiaire de leurs différents groupes au président du Parlement européen, Jerzy Buzek d’exiger une décision en ce sens au Conseil de l’Union européenne (Conseil des ministres, instance représentant les États-membres) afin que l’accord d’échanges de données personnelles signé dans la précipitation suite aux attentats du 11 septembre 2001 ne soit pas reconduit le 1er Février prochain.

Les députés européens dont les pouvoirs ont récemment été renforcés suite à l’adoption entendent bien exercer les nouvelles prérogatives que leur octroie le traité. Ainsi, ces derniers envisagent de débattre de la question le 10 Février prochain, date à laquelle ils auront à se prononcer sur l’accord signé par les seuls ministres de l’Intérieur de l’Union et auquel ils entendent mettre un terme.



L’épreuve de force.
Les parlementaires renforcées dans leur demande ancienne d’avoir un droit de regard sur les accords portant atteinte à la vie privée des citoyens européens envisagent d’aller jusque devant la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne anciennement CJCE, Cour de justice des communautés européennes) pour obtenir gain de cause selon la député européenne verte, l’allemande Rebecca Harms.

Dans ce bras de fer qui dure depuis 2 ans, les eurodéputés n’en sont pas à leur première demande. Déjà en septembre dernier, ils avaient adopté une résolution exigeant des garanties de la part du Conseil et de la Commission dans leurs négociations avec Washington.



Conclusion.
Dans leur course à la sécurité, les gouvernements jouent sur la peur générés par les attentats ou tentatives d’attentats pour réduire progressivement les libertés civiles dont bénéficie les citoyens. Scanners corporels, données privées, il est bon de pouvoir compter sur le Parlement européen.

jeudi 21 janvier 2010

François Bayrou. L’homme au centre du vide ?

François Bayrou est un homme politique du centre, cela on le sait depuis quelques temps. Mais avec la multiplication des désertions, débauchages et autres ralliements à l’approche des élections régionales, on peut se demander quel est le projet politique qui est le sien, en quoi il se différencie des grands partis traditionnels, en quoi celui qu’il propose est centriste. En résumé, François Bayrou est-il encore au centre du jeu ? François Bayrou est-il réellement un homme au centre ? Et si oui, au centre de quoi ?

Pour la rédaction des
Guignols de l’Info, la réponse est claire et limpide : François Bayrou est au centre du vide. L’émission satirique phare de Canal + n’a jamais épargné qui que ce soit mais il se pourrait cependant que la réalité soit un peu plus complexe.


Guignols de l’Info, l'effet jokari.
Lors de la campagne présidentielle de 2007, François Bayrou avait avoué avoir été très affecté par l’image que donnait de lui l’émission « Les Guignols de l’info » sur Canal+, au point d’avoir songé à arrêter la politique. Si depuis, l’homme s’est ressaisi et est reparti au combat, il a tiré de cela quelques enseignements et adopte une certaine distance, pour ne pas dire prudence vis-à-vis de ce programme. Bien lui en a pris puisque depuis quelques temps, il est moqué pour son isolement politique. Voici donc les Guignols de l’info le caricature en allumé du réseau social Facebook perdant ses « amis ». Image peu glorieuse qui caricature les risques pris par François Bayrou lors de la fondation du Mouvement démocrate. Pas vraiment de raisons de se réjouir donc.

Tel semble ne pas être le cas de quelques-uns pour intégrer l’émission de Canal+ est en quelque sorte une consécration. Aussi lorsque la marionnette d’Alain Dolium fit son apparition aux Guignols, certains n’hésitant pas (comme le reporte
le site du quotidien gratuit 20minutes) à en faire un argument pour les régionales. Sauf que, l’argument est revenu par un considérable effet boomerang dans la figure de ces personnes.

Ainsi pas plus tard que lundi dernier (le 18 Janvier 2010), les Guignols de l’info ont complètement ridiculisé François Bayrou soulignant qu’encore une fois des « cadres » du Mouvement démocrate avait accepté la proposition de Ségolène Royal de rejoindre les listes socialistes dès le 1er tour des régionales. Par une manœuvre dont l’objet était évident, le président du MoDem de Charente-Maritime a en apparence rallié son mouvement départemental à Ségolène Royal. Or, les choses ne sont pas vraiment celles-là et si le MoDem de Charente-Maritime a bien perdu son président, il n’en reste pas moins attaché à l’autonomie aux régionales.




L’épisode serait relativement anecdotique normalement. En effet, depuis que la politique existe, il y a toujours eu des débauchages et des ralliements afin d'obtenir des places d’élus. Cette mauvaise habitude fut « institutionnalisée » en 2007 avec Nicolas Sarkozy et ainsi, chaque partie y va de son « ouverture ». Conséquence de ces ralliements, des personnes quittent un parti pour en rejoindre un autre. A ce petit jeu, le Mouvement démocrate est assez tentant. Jeune formation politique, plusieurs échecs électoraux depuis sa création, voici des raisons suffisantes pour en faire la cible privilégié pour ce procédé. D’où la question suivante : François Bayrou est-il seul au point de ne plus avoir d’amis et de n’être qu’au centre du vide ?
François Bayrou a-t-il encore des amis ?

Lors de sa création en 2007, il était clair que l’après élection présidentielle risquait fort avec la création du « Nouveau Centre » de se transformer de s’accompagner d’une nouvelle traversée du désert jusqu’en 2012 ; celui était accompagné d’une troupe nombreuse de bédouins ayant rejoint de manière spontanée le nouveau parti qu’il créait alors : le MoDem.

Depuis ce temps, de l’eau a coulé sous les ponts et le parti centriste a été marqué par une véritable hémorragie militante. S’il est de tradition que les mouvements politiques perdent des adhérents en nombre en dehors des échéances électorales présidentielles, le MoDem fut particulièrement touché.


Mais enterrer François Bayrou si rapidement semble quelque peu précipité. Bien que son échange animé avec Daniel Cohn-Bendit lui ait momentanément faire perdre une partie de sa popularité, il bénéficie encore d’une bonne côte d’amour auprès des français qui apprécie ses sorties dans le domaine des valeurs morales, du respect de la justice ou de l’éducation.

Si le Congrès d’Arras n’a pas réuni autant de monde que celui de Villepinte (Congrès fondateur, ndlr), un grand nombre de militants s’y sont déplacés pour réformer le projet démocrate. Ce qui fait dans une ambiance bon enfant. François Bayrou a donc encore des amis.



Et les régionales dans tout ça ?
Dans le cadre du scrutin de mars prochain, le président du MoDem a réussi à faire accepter par le Conseil national du Mouvement démocrate, le principe de listes autonomes au 1er tour. Sauf drame de dernière minute, le MoDem présentera donc bien des listes dans toutes les régions de France au 1er tour. A charge ensuite pour le parti d’approuver ou non le principe d’alliances pour le second tour s’il s’avère que les choses se passent bien.

Pour le moment, et à la veille du lancement de la campagne des régionales, les unions locales finissent l’élaboration de leur programme (Ile de France) ou l’ont déjà fini (Nord-Pas-de-Calais). Reste à régler le détail de la composition complète et détaillée des listes qui se présenteront au suffrage des français et c’est là que cela grince des dents. En reconduisant le même mode de désignation choisi pour désigner les candidats aux élections européennes, les mêmes critiques et problèmes émergent ? Ainsi en est-il des tentatives de débauchages et de ralliements.

Bien que le MoDem ne soit pas au mieux de sa forme dans les sondages, son potentiel électoral est convoité, aussi bien à gauche qu’à droite de l’échiquier politique. Preuve s’il en est que son positionnement politique intéresse, pour diverses raisons d’ailleurs. Suivant les régions, le MoDem apparaît comme un parti à éviter. Dans d’autres, c’est au contraire un partenaire incontournable ou dont pour l’intérêt est important. Ainsi, loin d’être fini, le Mouvement démocrate semble au contraire intéresser bien du monde.

Et il se pourrait bien que la bataille pour le leadership de la gauche se solde par un certain succès du MoDem. Pas dans toutes les régions bien sur, mais dans quelques-unes comme l’Alsace, la Lorraine, l’Aquitaine, le Nord-Pas-de-Calais. Avec son réalisme, et des idées originales, le Mouvement démocrate sera un acteur sur lequel il faudra compter.

François Bayrou est donc loin d’être seul même s’il a décidé de prendre le risque de l’être pour garder ses idées.


Note.
Dans son agenda, François Bayrou viendra, ce jeudi 21 Janvier 2010, rendre une petite visite aux démocrates nordistes après un débat à l’IEP de Lille sur le thème « Une autre politique est-elle possible ? ». J’y serai avec quelques centaines d’autres…

mercredi 20 janvier 2010

Alain Dolium, invité de l'Édition spéciale.

Aujourd'hui, mercredi 20 Janvier 2010, Alain Dolium était l'invité de l'édition spéciale de Canal+. Voici la retranscription de l'entretien entre Bruce Toussaint et Alain Dolium. Vous pourrez retrouver l'analyse de cet entretien dans un billet ultérieur.

Ci-dessous la retranscription :

Bruce Toussaint : On vous a présenté comme le futur Barack Obama français. Que pensez-vous de cette initiative ? (Appel de 100 personnalités pour une France multiculturelle et post-raciale).


Alain Dolium : Je trouve que c’est une formidable initiative. C’est une initiative qui témoigne que, en France, à l’heure actuelle et les témoignages dans les couloirs de l’Assemblée l’ont (l’ont) montré. On n’a pas vraiment pris la mesure du caractère pluriel de la société française. Et d’autant plus pas pris la mesure dans les sphères d’influence. Et dans les sphères dirigeantes, on ne peut pas dire que la diversité soit (euh) à l’image ou à l’échelle des talents qui composent (euh) qui composent notre pays. Avec d’un côté…


Bruce Toussaint : Ce qui est étonnant c’est que c’est la société civile qui se mobilise. Y a des personnalités, y a des écrivains, des intellectuels, y a un sportif avec donc, avec Thuram. C’est pas les politiques qui se bougent.


Alain Dolium : Je dirais que (euh) au sein des partis politiques (euh) aujourd’hui, on peut dire que (euh) quand on regarde (euh) le Mouvement démocrate (euh), c’est le premier parti à mettre en position éligible à la présidence de la plus grande présidence de la plus grande région économique de France et d’Europe, un (euh) une personne afro-française. Donc là, les lignes sont en train de bouger. Et au sein du Mouvement démocrate, il y a même des têtes de listes (euh) que l’on va présenter (euh). Têtes de listes départementales qui sont (euh) issus de la diversité. C’est un marqueur que je n’apprécie pas beaucoup soit dit en passant. J’ai, je pourrai vous dire pourquoi.
Donc aujourd’hui il y a un camp politique, ça bouge pas beaucoup. Un parti qui bouge beaucoup plus que les autres. Et puis d’une manière générale, lorsque ça bouge c’est surtout pour faire de l’affichage.


Bruce Toussaint : Vous prêchez pour votre paroisse, c’est bien normal. Merci Alain Dolium qui est malgré tout une exception, c’est bien pour ça aussi qu’il a été présenté, comme une sorte d’alibi.

mardi 19 janvier 2010

Bisbilles dans le nucléaire.

Le moins que l'on puisse dire en ce moment, c'est que la situation est explosive au sein de la filière nucléaire, secteur présenté comme un des fleurons de notre industrie nationale. EDF et Areva, les deux grandes entreprises françaises se chamaillent à propos de la question du retraitement des déchets nucléaires. Mais pourquoi donc ces deux grandes entreprises, chacune leader dans leur domaine au niveau mondial, ayant le même actionnaire majoritaire : l'État, se chamaillent-elles ?


Abu Dhabi, le détonateur.
Peu après la visite de Nicolas Sarkozy aux Émirats, le camp nucléaire français croyaient avoir gagné la partie mais les émiratis ont un sens de l'honneur qui semble échapper à nos éminents chefs d'entreprise et sont très respectueux des procédures. Conséquence, la fanfaronnade française (une mauvaise habitude nationale) est tombé à l'eau. Ainsi que l'a écrit un certain Jean de la Fontaine : « Il ne faut jamais vendre la peau de l'Ours qu'on ne l'ait mis par terre » (L'Ours et les deux compagnons).

Les émiratis dans le cadre de leur marché recherchait aussi un partenaire fiable sur lequel ils pourront se reposer ne maitrisant pas eux-mêmes la technologie nucléaire. Aussi, les déclarations du tout nouveau président d'EDF Henri Proglio sur la nécessité de réorganiser le secteur nucléaire français ont pu être considéré comme un aveu de faiblesse. Pourquoi confier un contrat de grande ampleur à un consortium dont les acteurs avouent d'eux-mêmes qu'ils sont désorganisés ?

M. Proglio payé une fortune devrait relire le protégé de Fouquet qui écrivait ceci dans une autre de ses fables : « Toute puissance est faible à moins que d'être unie » (Le vieillard et ses enfants).

Pour les émiratis, ce contrat n'en est qu'un parmi d'autres et ceux-ci comptent sur de nombreux autres contrats mirobolants pour garder de bonnes relations avec la France. Reste maintenant à exploiter la situation et à cultiver nos relations avec nos nouveaux amis arabes. En effet, s'il y a bien quelque chose à cultiver, ce sont les relations d'amitié et de confiance très importante pour les arabes.

Mais, depuis cet échec, le conflit couve entre les anciens partenaires du consortium en compétition. Le dernier épisode est tout récent.


EDF/Areva. Et l'orage éclata...
Récemment, on a pu apprendre que les hostilités étaient officiellement ouvertes. Areva ayant annoncé qu'elle ne ramasserait plus les déchets nucléaires d'EDF pour les retraiter à la Hague tant qu'un nouveau contrat concernant ce point, ne serait pas signé. Et l'entreprise de préciser que pour autant, cela ne remettait pas en cause le fonctionnement des centrales nucléaires françaises, EDF ayant une capacité de stockage de 6 mois.

Le hic c'est que les "incidents" se multiplient dans les centrales nucléaires nationales au point qu'EDF ait à importer d'importantes quantités d'électricité pour couvrir les besoins français cet hiver. D'où de légères tensions sur le sujet. Du côté d'EDF, pas un mot, le sujet est tout aussi sensible.

En fait, le problème se situe au niveau du prix exigé par Areva pour le retraitement. Chez EDF, on estime qu'Areva profite de sa situation de monopole pour pratiquer des prix trop élevés. Du côté d'Areva, on estime que le prix est justifié et que les demandes d'EDF sont injustifiées.
Le problème est que l'un ne peut faire sans l'autre et l'autre sans l'un puisque qu'Areva n'a en France qu'un seul client : EDF et qu'EDF n'a qu'un seul fournisseur Areva. Ajoutons à cela que les deux entreprises sont très massivement détenues par l'État français qui fait preuve dans ce dossier d'un manque de réactivité patent.


Conclusion.
Deux entreprises condamnées à s'entendre, un même actionnaire et un impératif de service public, les protagonistes n'ont d'autre choix que d'accorder leur violon. Reste à savoir si les conflits de personne vont empoisonner pendant encore longtemps le secteur nucléaire français au point de risquer de le mener à sa perte. Reste aussi à savoir ce que compte faire l'État dans une situation dont on attend avec impatience qu'elle soit réglé par lui. Décidément, le nucléaire est un sujet explosif.

dimanche 17 janvier 2010

IE officiellement banni ...

... ou presque.

En réalité, l'Allemagne et la France, par l'intermédiaire de leurs organismes officiels concernant l'informatique que respectivement le
BSI (Bundesamt für Sicherheit in der Informationstechnik soit en français, Office fédéral pour la sécurité de l'information) et le CERTA (Centre d'expertise de réponse et de traitement des attaques informatiques) ont émis via des communiqués de presse disponibles ici pour le BSI et là pour le CERTA des recommandations officielles déconseillant l'utilisation d'Internet Explorer.


Le pourquoi ?

Jeudi dernier, l'entreprise américaine Google a annoncé qu'elle pourrait quitter le pays si les attaques pirates à son encontre ne cessaient pas.

Pour signifier son mécontentement, la société a annoncé qu'elle enlevait tous les filtres sur les recherches lancées depuis la version chinoise de son moteur de recherche, voulant ainsi mettre la pression sur le gouvernement chinois. Il est en effet peu probable que le gouvernement chinois ne soit pas au courant de tels évènements lui qui tente de maintenir d'une main de fer, son emprise le pan chinois du réseau des réseaux.
Dans cette affaire, le rôle d'Internet explorer est indirect.

En réalité, les pirates chinois n'ont fait qu'utiliser des failles présentes dans le navigateur de Microsoft. Celui-ci connu depuis longtemps pour être une véritable passoire informatique demeure toujours massivement utilisé dans le monde du fait de son intégration à Windows. Aussi, même régulièrement mis à jour, les utilisateurs ne sont pas à l'abri d'une faille que certains découvriraient sur le navigateur de Microsoft.


Si de son côté, Microsoft rejette les raisons invoqués et assurent que les pannes peuvent être évités si les utilisateurs opte pour le niveau maximal de sécurité.
Le BSI n'est pas du tout de cet avis et déconseille l'utilisation de ce navigateur, ce dernier n'offrant pas les garanties de sécurité suffisantes ce que la plupart des personnes connaissant un temps soit peu l'informatique savent depuis fort longtemps. Le CERTA suggère de son côté, non seulement d'opter pour le niveau maximal de sécurité quelque soit le navigateur et de désactiver les protocoles Java et ActiveX.


Java et ActiveX, indispensables problèmes.
La difficulté est que si on peut se passer d'ActiveX (déjà connu pour poser de nombreux problèmes de sécurité), sans Java de nombreux sites seraient inaccessibles. Les téléphones portables récents intègrent d'ailleurs tous de façon native ce protocole de programmation. Difficile de s'en passer dès lors que l'on a une utilisation des réseaux sociaux, des sites de vidéos comme Youtube ou Dailymotion voir d'afficher la Widgetbox démocrate. Bien que cette dernière nécessite Flash, ce protocole n'est pas non plus à l'abri au niveau sécurité.


Quelle alternative ?

La solution conseillée en premier lieu est de changer de navigateur. Internet explorer est un des moins performant que ce soit en matière d'affichage, de rapidité, de sécurité ou d'acceptation de protocoles de programmation.


Ainsi que le recommande les deux organismes officiels précités, il est préférable de choisir un autre navigateur. Cependant, les administrations allemande et française ne font aucune suggestion. Vous pouvez cependant vous débarrasser une bonne fois pour toute d'IE (le surnom d'Internet explorer) et jeter votre dévolu sur le renard à la queue orange.

Développé par une communauté d'informaticiens de façon gratuite grâce à la Fondation Mozilla, Firefox est l'un des meilleurs et des plus performants.
Il est de surcroit personnalisable à volonté grâce à l'usage de skins (d'apparences) ou de modules bien pratiques contribuant largement au succès de ce navigateur équipant déjà 25% des ordinateurs de la planète avec cependant une présence plus forte en Europe.


L'autre solution, si vous n'en êtes pas encore dotée, est d'acquérir un antivirus et un pare-feu de préférence payants. Les logiciels gratuits comme Avast sont connus pour être parsemés de failles les rendant peu fiables et leur manque de réactivité. Les logiciels payants sont eu adossés à des sociétés traquant en permanence le moindre virus ou code malveillant. Cette surveillance nécessite du personnel et donc des moyens qu'il faut bien payer. Il est donc essentiel de se protéger avec des logiciels dont l'efficacité est prouvé. Les logiciels les plus connus sont Kaspersky, Bitdefender ou Norton. Les prix peuvent varier suivant l'étendue de la protection que vous souhaitez ainsi que la durée pendant laquelle vous pourrez bénéficier des mises à jour. N'hésitez pas, les prix ayant beaucoup baissé avec la démocratisation de l'informatique.


Petit résumé.

S'il faut retenir quelque chose de ces mises en garde officielles, c'est :
1- Changer de navigateur. Et opter de préférence pour Firefox.

2- Si ce n'est déjà fait, installez au plus vite un pare-feu ainsi qu'un antivirus de qualité, l'un n'allant pas sans l'autre.



Conclusion.

Le message est que ces mises en garde nous rappellent est qu'il faut choisir ses logiciels selon leur degré de sécurité, être protégé par les logiciels adéquats mais surtout il faut garder un certain bon sens. Nul n'est à l'abri d'une erreur à l'occasion d'un coup de fatigue, même les plus informés.
Il est en effet facile de tomber dans le panneau d'un danger pourtant évident.

Ainsi, malgré les protections dont je dispose, pas plus tard qu'avant-hier, j'ai reçu un courriel indésirable (spam) à propos d'une tentative d'hameçonnage (fishing) d'une adresse amie. Malgré, le classement de mon logiciel de messagerie en catégorie "Indésirables" et mes importants soupçons, j'ai cliqué sur le lien. Fort heureusement, je me suis rapidement ressaisi et ait promptement fermé la fenêtre en question avant que la page ne se charge. Au besoin, si mon manque d'attention avait été plus important, mes logiciels de sécurité s'étaient chargés de bloquer l'accès à cette page par une logo interdit signalement l'important danger.


Ainsi, changez pour le renard orange et gardez l'œil !

samedi 16 janvier 2010

Virés puis réembauchés à moitié prix.

Schleker. Le travail à deux vitesses.

La situation du marché allemand du travail était connue pour être difficile avec les réformes mises en place par le gouvernement de Gerhard Schröder, notamment la loi Hartz IV, elle scandalise maintenant toute l'Allemagne, de la Chancellerie aux personnes les plus modestes. Même la très libérale OCDE est indignée et a récemment gratifié l'Allemagne d'une série de critiques toutes plus gratinées les unes que les autres dans un rapport concernant la dégradation du marché du travail outre-Rhin au point de parler par l'intermédiaire de son porte-parole en Allemagne de « marché du travail à deux vitesses ».



Schleker, la goutte de trop.
Le symbole de cette situation dégradée, c’est l’entreprise Schleker ou plutôt sa manière un peu spéciale de gérer ses ressources humaines. Nombre d’entre vous ne connaissent probablement cette enseigne pourtant implantée en France. Schleker, c’est en quelque sorte, le Mr. Bricolage allemand, ou l’équivalent de l’enseigne La Cave à savoir une chaine de drogueries. L’entreprise se vante d’ailleurs d’être l’entreprise leader en Allemagne sur le secteur avec plus de 10 000 magasins.

Le hic donc est sa politique de l’emploi dénoncé par le syndicat Ver.di. Selon ce dernier, l’entreprise aurait licencié des milliers d’employés pour les réembaucher ensuite par l’intermédiaire d’une entreprise d’intérim, Meniar. Grâce à cette petite manœuvre, l’entreprise a ainsi fait passer plusieurs milliers de ses salariés d’un statut normal où il était payé 12€/h à un statut bien plus précaire mais où les mêmes personnes n’étaient plus payées que 6,80€/h soit une diminution de rémunération horaire d’environ 43% !!!

Et comme si cela ne suffisait pas, l’entreprise profite aussi des conditions plus souples conférées par le statut d’intérimaire sur le plan des licenciements.

Une question se pose donc : mais comment cela est-il possible ?



Une situation indécente mais pas illégale.
Si la révélation de telles pratiques a bien évidemment choqué l’opinion publique de nos voisins d’outre-Rhin, il semblerait que ces pratiques ne soient pas illégales. En effet, l’entreprise n’aurait profité que du contexte juridique particulier en vigueur en Allemagne. Bien que la ministre du Travail CDU, Ursula von der Layen ait annoncé que ses services allaient « examiner attentivement cette situation pour déterminer s’il y a violation de la loi ou s’il existe sur ce point un vide juridique », cela ne poserait pas de réels problèmes de légalité. La confédération syndicale allemande DGB soulignant en réalité que de telles pratiques sont monnaies courantes et tendent à se généraliser à tous les secteurs. L’agence fédérale pour l’emploi (équivalent de Pôle emploi (ex-ANPE) en France) n’y voyant a priori rien à y redire.



Un vide juridique.
En réalité, si cela est possible c’est parce que les entreprises profitent d’une part d’un vide juridique et d’autre part, la législation allemande sur le travail ne prévoit pas un salaire minimum général comme en France avec le SMIC. En Allemagne, ce sont les entreprises qui négocient avec les syndicats des accords salariaux ensuite appliqués secteur par secteur. En l'espèce, c’est exactement ce qu’il s’est passé dans l’intérim où les syndicats chrétiens moins puissants que dans d’autres champs économiques ont signé des accords salariaux particulièrement défavorables aux salariés. Le contexte, il y a quelques années, était alors aux concessions syndicales lorsque le nombre de chômeurs en Allemagne dépassait les 5 millions de personnes.

Ensuite, les entreprises peuvent mettre en place un tel système parce qu’elles utilisent les possibilités offertes par la loi Hartz IV qui permet de proposer des offres d’emploi à des tarifs extrêmement faibles pour inciter les chômeurs à rechercher du travail. Cette loi très décrié dès son adoption est toujours mal acceptée. Et les situations scandaleuses qu’elle rend possible redonne de la vigueur aux discussions en cours sur le niveau des indemnités chômage et l’efficacité du dispositif qu’elle met en place (travails à 1€ ou 2€/h contre versement des indemnités chômage).

Toutefois, les conséquences de ce scandale sont telles que même les libéraux du FDP demande une règlementation plus sévère.



Angela Merkel sur le fil du rasoir.
Après une année record en matière de déficit budgétaire (mais bien loin encore des niveaux français ou britanniques par exemple), l’Allemagne évolue avec une marge de manœuvre plus qu’étroite. Devant arbitrer entre les baisses d’impôts promises par les libéraux du FDP et qui les ont propulsés à un niveau jamais atteint pour ce parti, la nécessité de maintenir un niveau élevé de dépenses et la question des indemnités chômage qui ressurgit alors que l’on croyait le problème réglé, Angela Merkel évolue sur le fil du rasoir. Quoique soit sa décision, celle-ci sera sous le feu des critiques. De ses alliés libéraux si la décision instaure un salaire minimum général. De la population et des syndicats si d’autres scandales comme celui-ci se font jour et qu’elle ne fait rien ou pas assez.

La difficulté de sortir de cette situation est proportionnelle à l’émoi suscité par l’immoralité du procédé employé par l’entreprise Schleker.