Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

vendredi 30 octobre 2009

Christophe Grébert, tête de liste démocrate en Ile de France !

L’idée a été suggérée par Smaël mercredi dernier. Et si Christophe Grébert était tête de liste MoDem pour les régionales en Ile de France ? Smaël justifie par le rôle qu’a joué l’élu démocrate de Puteaux dans l’affaire « Jean Sarkozy » et rappelle son rôle dans l’émergence d’une opposition citoyenne dans la ville de Puteaux. L’idée n’est pas si bête ! Mieux, elle mérite de s’appliquer.


Ce qu’en pense l’intéressé.
Le soir même de la publication de ce billet, je croise Christophe sur Facebook. Je lui fais part du billet, et tente d’avoir son avis. Christophe me dit qu’il n’a pas fait encore acte de candidature. Je vous épargne les détails mais il faut retenir que notre ami putéolien n’envisage ces élections régionales comme la candidature d’une équipe et non d’une personne. Doutant qu’on le choisisse, il reste lucide sur les obstacles qui se dressent sur une potentielle candidature de sa part à la tête de liste démocrate en Ile de France et/ou dans les Hauts-de-Seine.


Des qualités reconnues.
Pourtant, Christophe Grébert a toutes les qualités requises pour mener le Mouvement démocrate vers un score honorable en Ile de France.

C’est un homme intègre, qui n’a pas hésité à aller au charbon dans l’affaire Jean Sarkozy tandis que le PS restait dans sa posture classique et que l’appareil démocrate ne réagissait qu’avec retard. Avant tout le monde, il a pris la responsabilité en tant qu’élu local directement concerné et en tant que citoyen de lancer une pétition qui a connu le succès qu’on lui connaît. Il n’a cessé de faire valoir l’application des dispositions légales pour que l’on respecte ses concitoyens et a gagné les diverses procédures en justice engagées contre lui par la municipalité de Puteaux. Il a défendu par son blog citoyen « monputeaux.com » les putéoliens et les a régulièrement informé de ce que la ville cherchait à cacher ou ce qu’elle dépensait. Malgré cela, nombreux sont ceux qui ignorent le détail de son action d’élu municipal à Puteaux.


Un travail d’élu responsable et collectif.
On connaît Christophe Grébert, le blogueur mais connaissez-vous son travail d’élu ?
Pour la plupart, mal ou peu. Pourtant, l’élu démocrate de Puteaux a élaboré son programme en rencontrant les habitants et mieux applique tout ce qu’il peut appliquer malgré son statut d’élu de l’opposition.

Alors qu’au niveau national le dialogue entre Europe-Écologie et le Mouvement démocrate achoppe sur plusieurs points et notamment sur le fait que pour François Bayrou et Marielle de Sarnez l’écologie ne soit qu’une thématique comme une autre ; au niveau local, Christophe Grébert a créé un groupe commun entre les 3 élus démocrates de Puteaux et l’élu vert. La présidence du groupe est tournante afin que chacun puisse s’exprimer en conseil municipal et pour montrer que les membres du groupe se considèrent tous égaux et avec respect. Et … ça marche ! Dépassant les clivages partisans, une vraie alternative à la majorité UMP se construit.

Autre innovation démocrate qu’a initié Christophe Grébert, la création d’un inter-groupe des élus démocrates de la Défense réunissant les élus démocrates de Puteaux, Courbevoie et Nanterre. Résultat, au lieu d’apparaître divisé et que chacun donne son avis dans son coin, le Mouvement démocrate est le seul à avoir une position claire et affiché sur la question de la Défense. Aucune structure similaire n’existe ailleurs. Ainsi, la parole démocrate en sort renforcée sur le sujet ce qui a pu se voir lors de l’affaire Jean Sarkozy où le MoDem local a fait un communiqué unique de la part de cet inter-groupe et a été à l’initiative de nombreuses actions dont des manifestations qui ont connu un certain succès.

Dans la même veine, Christophe Grébert met en ligne tous les documents qu’il reçoit en tant qu’élu afin de permettre aux citoyens de réfléchir et de débattre de façon saine. Ce faisant, il propose aussi aux citoyens de Puteaux de lui envoyer leurs questions qu’il posera ensuite en conseil municipal au maire de Puteaux. Les réponses Mme Ceccaldi-Reynaud étant ensuite publiées sur le site des élus démocrates de Puteaux.


La chance sourit aux audacieux.
Volonté de travailler en équipe, de dépasser les clivages, intégrité, humilité, propositions innovantes pour démocratiser les institutions locales, idées novatrices en termes de programme… Christophe Grébert a toutes les qualités requises pour prendre la tête de liste départementale dans les Hauts de Seine et au niveau régional en Ile de France pour les prochaines élections régionales. Ce n’est pas un apparatchik, il bénéficie d’une popularité justifiée par son travail d’élu local, et peut faire mal aussi bien à gauche qu’à droite en Mars prochain.

François Bayrou ne cesse de dire que nous devons être innovant pour gagner les élections régionales. Samedi dernier, lors du Conseil national, il a insisté sur la nécessité pour le Mouvement démocrate de reconquérir les jeunes pour ces prochaines élections et de manière générale de présenter un projet qui séduise. Dans le même temps, il a fait approuvé le choix des têtes de liste par le Bureau exécutif, les militants ne devant donner que leur imprimatur via un vote. En clair, c’est lui qui choisira. Je lui demande maintenant d’être audacieux et propulser comme tête de liste une personne qui ne défend pas sa petite personne mais qui souhaite présenter une équipe unie aux suffrages des franciliens s’il devait être candidat. Christophe Grébert connaît aussi très bien le web 2.0 et tout ce qui est associé ce qui est aussi indispensable dans une campagne électorale moderne mais qui avait été négligé par le Mouvement démocrate lors des dernières européennes.

Choisir Christophe Grébert comme tête de liste, ce serait envoyer un signal fort aux électeurs et aux français. Ce serait refuser de faire de la vieille politique en tentant à tout prix de maintenir des sortants qui quoi qu’on en dise ont tout de même été élu avec l’UMP en 2004 ce que ces derniers n’hésiteront pas à nous rappeler. Choisir un militant venu lors de la création du MoDem et reconnu pour son travail d’élu et son ouverture d’esprit serait un signe d’audace qui traduirait la volonté du Mouvement démocrate de saisir les leçons des différents scrutins et du message envoyé en Juin dernier.

D’où ma question : et si on avait l’audace de choisir Christophe Grébert comme tête de liste aux régionales ?

mercredi 28 octobre 2009

L'Islande, privée de McDo !

Conséquence surprenante de la crise, les islandais vont être privés de hamburgers et autres produits McDonald's. Pourtant, alors que les 3 restaurants islandais de la célèbre marque au M jaune n'ont jamais été aussi remplis, Mcdonald's rembarque.

Enfin, c'est un peu plus complexe que cela. Jon Ogmundsson, directeur commercial de Lyst, le franchisé qui détient la licence a décidé de quitter le réseau Mcdonald's, car la firme américaine l'oblige à importer la totalité des produits commercialisés dans les restaurants d'Allemagne. Or, la monnaie islandaise, la krona s'est effondrée de 80% et les profits réalisés sur la vente de hamburgers avec.
Selon le propriétaire des restaurants, "Pour 1 kilo d'oignons importés d'Allemagne, je paie l'équivalent d'une bonne bouteille de whisky". S'il n'a jamais autant vendu de hamburgers, "cela n'a plus de sens" de continuer ainsi.

Si les restaurants en eux-mêmes ne vont pas fermer, c'est un symbole important qui disparait avec cette crise en Islande. A la place, le propriétaire va passer ses restaurants sous enseigne Metro et s'approvisionner avec des produits islandais.


En revenir à la raison.
L'évènement en lui-même n'est pas surprenant mais montre que la mondialisation produit des dérives assez incroyables. Un pays comme l'Islande peut subvenir à ses besoins mais a importé des denrées alimentaires pour approvisionner ses restaurants Mcdonald's. La mondialisation en faisant approcher le coût du transport pour presque rien a caché le coût réels des importations, elle a aussi contribuer à l'affaiblissement des agricultures locales et mulitplier les transports inutiles de marchandises avec des conséquences non négligeables sur l'environnement. Qui se rappelle par exemple, que Starbuck's importait l'essentiel de son lait de Chine ? Pas grand monde ! Pourtant, les États-Unis sont une puissance agricole de premier plan après l'Union européenne et aurait pu largement répondre à cette demande. Il a fallu que le scandale du lait à la mélamine éclate en Chine pour que les américains se rendent compte de leur dépendance vis-à-vis des produits agricoles chinois. Wal-Mart aussi a été touché. L'Europe protégé par la PAC, pas ou peu. Mais pour combien de temps encore ?

Les dirigeants européens ont approuvé la libéralisation du marché agricole européen alors que l'agriculture est loin d'être un secteur marchand comme les autres. D'abord à cause de la nature de ses stocks, forcément faible. Ensuite, par sa nature vitale. En approuvant le démentèlement de la PAC et renforçant les égoïsmes nationaux comme vient de le faire Nicolas Sarkozy avec la présentation de sa "loi de modernisation de l'agriculture", énième rustine destiné à colmater un système qui ne marche pas; les chefs d'État ont porté une rude atteinte à l'agriculture européenne. Aussi, alors que s'annonce les négociations pour la PAC, il s'avère plus que nécessaire de revenir sur le démantèlement de l'agriculture européenne et de réintroduire des instruments de régulation.

lundi 26 octobre 2009

L’alliance pour garantir l’indépendance !

En réponse au billet « La bonne décision » de nos amis démocrates de l’Essonne sur le blog « Agir pour le Mouvement démocrate », je publie cette tribune que j’aurai pu intituler « La mauvaise décision » pour y répondre directement. Toutefois, les enjeux étant plus importants et pour répondre au climat général approuvant l’autonomie du MoDem au 1er tour.


L’autonomie justifiée.
Dans le billet en question, nos amis de l’Essonne approuve la décision du Conseil national approuva l’autonomie du Mouvement démocrate au 1er tour. Citant François Bayrou et déclarant qu’il ne reste qu’à choisir les bons candidats et que le MoDem peut réussir à faire 10% dans toutes les régions, l’argumentation pourrait sembler un peu juste.
Il faut toutefois se rapporter à un billet précédent du même blog intitulé « Le beurre et l’argent du beurre » pour comprendre la réflexion de nos amis de l’Essonne.

Optimiste, ce billet développe l’argumentation suivante : nous devons croire en nos valeurs, ne pas courir vers la facilité et proposer une vision pragmatique et réaliste pour convaincre l’électorat.

Le raisonnement est beau, optimiste, il fleure bon l’idéalisme. Mais quitte à briser les illusions de quelques-uns, la réalité est tout autre.


L’autonomie n’est pas si partagée qu'il se dit.
Lors du Conseil national de Samedi dernier, l’autonomie a été votée à l’unanimité. Beaucoup pourraient croire que personne ou presque a une opinion contraire. Or, rien n’est plus faux. Florian Chiron, président du MoDem Allemagne et conseiller national qui ne pouvait être présent lors de ce Conseil national dans un commentaire sur le blog de Christophe Ginisty a lui-même précisé qu’il était pour une alliance Europe-Écologie-MoDem dès le 1er tour. Cette opinion n’est pas isolée au sein du Mouvement démocrate même si elle est minoritaire.

N’en déplaise à certains, je suis du même avis que notre ami allemand, une alliance avec Europe-Écologie aurait eu du sens. On pourra me rétorquer que les Verts ne veulent pas faire alliance au 1er tour. Certes ! Mais, ce que les Verts ne veulent pas c’est récupérer François Bayrou et Marielle de Sarnez qui pensent que l’écologie n’est qu’une thématique parmi d’autres et un cadre général de réflexion en soi. Par contre, ils sont parfaitement ouverts aux démocrates. Résoudre ce paradoxe est possible, reste à le vouloir, ce qui n’est plus le cas depuis samedi. Christophe Ginisty pense lui qu’un changement de situation sur la question des alliances de 1er tour est possible. Effectivement, j’ai eu aussi des échos qui me sont parvenus accréditant cette idée. Mais, je ne pense que nous sommes arrivés sur cette question à un point de non-retour.


L’alliance pour garantir l’indépendance.
De manière générale, les partisans de l’autonomie justifie cette démarche par l’idée qu’une alliance reviendrait à renoncer à nos idées, à renoncer à notre démarche de 2007 de faire de la politique autrement, à faire comme les vieux partis dont le modèle est totalement dépassé. Enfin, une alliance de 1er tour brouillerait notre image dans l’électorat. Je réfute cet argumentaire car une alliance ne signifie par autant une perte d’indépendance. Je vais vous en fournir un exemple très proche : le Front de gauche. On le sait, les communistes bien qu’ayant une très forte base militante sont réduits à une portion congrue dans l’électorat. Jean-Luc Mélenchon, en prenant son indépendance du PS pour fonder le Parti de Gauche puis en créant le Front de gauche pour unir l’extrême-gauche pour réussir à obtenir des députés lors du scrutin européen, a réussi marginaliser Besancenot tout en permettant à l’extrême-gauche de prendre son indépendance vis-à-vis du PS. On l’a appris la semaine dernière, le Front de gauche sera reconduit pour les régionales et le PCF ne fera d’alliance de 1er tour avec le PS. Ainsi, le PCF en s’alliant avec le PG garantit son indépendance d’avec le PS.


Bien sur, les 2 formations sont proches mais les fondements idéologiques proches mais le MoDem et Europe-Écologie sont moins éloignés qu’on le pense. Rappelez-vous 2007, Corinne Lepage avait soutenu François Bayrou pour la présidentielle puis avait rejoint le MoDem avec CAP 21 car les fondements de l’idéologie démocrate accordaient une large place à l’écologie et au développement durable. Ensuite, au Parlement européen, le MoDem est très proche d’Europe-Écologie. Corinne Lepage a proposé que le MoDem rejoigne le groupe parlementaire des Verts européens, elle n’a pas été suivie sur ce point mais un partenariat renforcé entre le groupe des Verts-ALE et le groupe ADLE. Le collectif Europe-Écologie a aussi clairement affiché sa volonté de se recentrer ce qui a engendré le départ de la député écologiste Martine Billard vers le Parti de Gauche de Mélenchon. Il y a donc une claire volonté d’Europe-Écologie de se rapprocher de l’idéologie démocrate et d’élargir son électorat au-delà de la simple question écologique. Les points de convergence sont donc nombreux.


Ensuite, l’intérêt d’une alliance avec Europe-Écologie est d’avoir le dessus dans le rapport de force avec le PS. Si le MoDem se présente en autonome, il fera certainement entre 8% et 12%, ce qui ne lui permettra pas de se maintenir partout. Le chemin sera donc très difficile dans le Nord-Pas-de-Calais et en région PACA pour passer les 10% et donc peser pour une alliance de 2e tour ou se maintenir. Car s’il y bien une chose qui n’est pas inconnue pour ces prochaines régionales, c’est le recul programmé du parti socialiste. Sans alliance de 1er tour avec le PCF et les Verts, avec l’émergence du Front de gauche et d’Europe-Écologie, le PS perdra aura mécaniquement un score plus faible au 1er tour et ne sera en position de force pour négocier des alliances de 2nd tour. L’autre facteur qui actera la recul du PS, l’ampleur de la victoire de 2004. Lors des dernières régionales, le PS avait remporté 20 régions sur 22 et en avait codirigé une 21e. Dès lors, le simple fait de perdre une région sera vécu comme une défaite pour les socialistes et comme une victoire que ce soit pour Europe-Écologie ou l’UMP. Enfin dernier élément, l’UMP qui a aspiré la plupart des partis de droite peut dans les régions où le PS a gagné avec une faible marge, faire basculer les régions.


Conclusion.
Pour gagner, il va donc nécessairement falloir des rassemblements larges que j’appelle des « coalitions arc-en-ciel » pour permettre aux forces qui souhaite l’alternance en 2012 de garder une forte influence au niveau des collectivités territoriales et empêcher l’UMP et Nicolas Sarkozy de porter des atteintes irrémédiables au modèle républicain français. Évidemment avec de tels rassemblements, il va falloir nécessairement faire des compromis pour peser sur la gouvernance des régions. Or, force est de constater que l’on pèse plus avec 20-22% qu’avec 8% ou 10%. Si on y réfléchit bien, on peut constater que nous partageons bien plus avec Europe-Écologie avec qui nous menons une coopération renforcée au Parlement européen et avec qui nous partageons nombre de nos idées qu’avec les socialistes.

Or, ainsi que l’a précisé François Bayrou à de multiples reprises, nous ne nous allierons probablement pas avec l’UMP surtout après les récentes décisions parlementaires et l’affaire Jean Sarkozy. Il semble donc nécessaire pour garantir notre indépendance et la prévalence de nos idées d’en passer par une alliance.

D’où le principe suivant auquel j’invite nos ardents partisans de l’autonomie à réfléchir.
Parfois, il vaut mieux : l’alliance pour garantir l’indépendance.

dimanche 25 octobre 2009

Conseil national du MoDem, une grande déception !

Dans mon précédent billet, je dressais un état des lieux avant un Conseil national important dans l'optique des régionales. Je m'attendais à être déçu, et malheureusement, mes attentes ont été comblées, au-delà même de ce à quoi je m'attendais. Pour tout dire, j'aurai préféré ne pas avoir raison mais bon ... Je crois que je vais être aussi écouté que Cassandre.

Reprenons l'ordre du jour, afin de faire une première analyse du Conseil national.


L'examen de la situation politique.
Les récentes polémiques et réformes ont été abordées. Le sujet "Jean Sarkozy" est bien sur venu sur le tapis et a fait l'objet d'un large consensus. Le Conseil national a reconnu le rôle important de Christophe Grébert et du MoDem dans l'affaire. Aucune mention n'a par contre été faite de la mobilisation du groupe des élus MoDem de la Défense alors que cette structure regroupant les élus démocrates concernés par la zone de l'EPAD est un vrai plus qui nous différencie.
L'autre question importante qui a été traité est l'impact de la réforme des collectivités territoriales surtout sur l'aspect financier. La suppression de la compétence générale des collectivités a été brièvement abordée. Cet aspect a été traité de façon insuffisante. A tort selon moi, car le sujet va revenir sur la table très rapidement et constituera qu'on le veuille ou non, un des éléments sur lequel la campagne des régionales va se jouer.


La préparation du Congrès d'Arras.
Ça été LE sujet qui a occupé le plus le Conseil national. Discuter du projet général du Mouvement démocrate, c'est ce qui intéresse nos conseillers nationaux. En tout, le Conseil national y a passé plus de 2h30 montre en main sur plus de 4h de Conseil national. Robert Rochefort a proposé un rapport de départ qui sera finalisé au Congrès d'Arras. En clair, le Congrès d'Arras modifiera à la marge un projet qui aura été très largement bouclé à l'avance.
Beaucoup de questions ont été abordées, la justice, la question de la dette, l'égalité, l'enseignement et surtout la jeunesse. Ce dernier sujet a été abondamment traité par le Conseil national. Nombre de conseillers nationaux prenait l'exemple de leurs enfants ou de proches pour expliquer de l'urgence à s'occuper du sujet. Cependant, souvent, les solutions proposées n'étaient pas du tout adapté au public visé dont je fais partie. Méconnaissance de la sociologie de la jeunesse, point de vue différent lié à la situation personnelle des Conseillers nationaux dont la moyenne d'âge dépasse allègrement les 40 ans. En résumé, une déconnexion et une incompréhension quant aux moyens pour attirer les jeunes lors des prochains scrutins.

Au bout de quelques temps, François Bayrou a dû siffler la fin de la récréation et passer au sujet suivant car l'heure étant assez avancée et l'essentiel de l'ordre du jour pas abordé.


La préparation des régionales.
Alors que le scrutin se rapproche, c'était LE sujet à aborder car de nombreuses questions se posent encore sans avoir jusqu'ici été résolues ou avoir été portées à connaissance du Conseil national. Au total, le Conseil national y a passé un peu plus d'1h. Question importantissime mais traitée bien trop rapidement.

En faisant court, on pourra dire que la question des alliances a été abordée ainsi que toute une série de questions importantes, mais beaucoup ont été oubliées par un manque évident de temps consacré au sujet. Il faut croire que l'idéalisme a pris le pas sur le réalisme et donc sur la nécessité d'être réellement prêt pour ces régionales.
Une résolution sur le sujet a été adoptée. Pour faire vite et noyer le poisson, tout a été voté d'un coup. Dans une seule et même décision, le Conseil national a approuvé le principe d'autonomie au 1er tour et de possibles alliances au 2nd tour. Rien n'a cependant été précisé sur le partenaire éventuel, hormis le fait qu'un partenariat avec l'UMP était clairement rejeté.
Jusque là, on peut se demander en quoi il est problématique d'avoir tout voté d'un coup. J'y viens.

En réalité, là ou ça coince sérieusement, c'est que le principe d'autonomie a été acté dans la même décision qui approuve aussi le mode de désignation des têtes de listes régionales.
Par prudence, je préfère prévenir les âmes sensibles et idéalistes, les lignes qui suivent sont dangereuses pour leur santé et surtout pour celle du Mouvement démocrate. Si vous vous sentez assez forts, poursuivez !

Le mode de désignation donc !
Rappelez-vous lors du Conseil national du 04 Juillet, François Bayrou lui-même avait proposé à la stupeur générale d'organiser des primaires. Joie chez beaucoup de conseillers nationaux, tonnerre d'applaudissements. Mais l'été est passé et le président du MoDem semblait troublé d'avoir à organiser des primaires. Lors du Conseil national du 06 Septembre à la Grande Motte, il a même tenté de revenir dessus. Mais devant le tollé provoqué, il a prudemment renvoyé la question en Bureau exécutif national. Qu'à cela ne tienne, le jeudi suivant, le même bureau se réunit en "Comité stratégique", nom folklorique pour éviter d'avoir à publier comme le Bureau exécutif doit le faire un ordre du jour et un compte-rendu. Lors de ce Bureau exécutif national, on discute de la méthode pour faire avaler aux militants la reconduction du mode de désignation, très contesté utilisé pour les élections européennes. En l'espèce, l'idée ne passe pas en interne notamment dans des régions comme le Nord-Pas-de-Calais ou l'Alsace où les critiques fusent.


Il fallait donc une décision du Conseil national pour unifier la procédure applicable.
Qu'à cela ne tienne et à l'exact opposé de ce que le Conseil national avait voté le 04 Juillet dernier, on évacue les primaires. Bizarrerie supplémentaire, à l'unanimité... totale ! Oui, vous avez bien lu le Conseil national est revenu à l'unanimité sur une décision opposée qu'il avait voté en Juillet dernier. Pas un vote contre, pas une abstention. L'unanimité !
Alors oui pour la presse, ça fait bien mais si on regarde bien, c'est particulièrement inquiétant et ennuyeux. D'abord car les têtes de liste seront désigné par décision du Bureau exécutif national qui choisira les têtes de liste puis soumettra sa décision aux militants pour aval.


Subtilité supplémentaire, François Bayrou aimerait que chaque région approuve ou rejette ses têtes de liste nommées et donc pas choisies par voie de primaires à son rythme. Traduction, chaque région validera ses têtes de liste suivant son calendrier.

Objectif affiché : permettre la souplesse nécessaire pour que chaque région avance à son rythme.

Objectif officieux et caché (qui n'engage que moi !) : enterrer discrètement les primaires pour les places éligibles qui seront nommées par François Bayrou et le Bureau exécutif national selon le même procédé utilisé pour les dernières élections européennes. Tant pis pour la "collégialité" promise suite à l'échec retentissant de Juin 2009, tant pis pour les adaptations promises. Dormez militants, le Bureau exécutif s'occupe de tout.
L'intérêt est donc de garder la main et de ne surtout pas faire confiance à cette espèce dangereuse qui pourrait causer la ruine du Mouvement démocrate : sa base militante !

Ainsi, dans une situation surréaliste, on a vu le Conseil national approuver l'exact opposée de qu'il demandait à corps et à cri. Pour reprendre Lénine : "Le capitaliste vous donne la corde pour le prendre.". C'est exactement ce qui s'est passé pour les régionales au Conseil national. Un constat ennuyeux à l'approche d'un scrutin assez important.


Les motions.
Après présentation des motions du jour par Chantal Portuèse, celles-ci ont été adoptées. Je ne vais pas vous mentionner tous les détails d'une procédure que je trouve particulièrement complexe et vous dire que ces propositions ont été adoptées à l'unanimité moins 2 abstentions pour la motion n°2 et l'unanimité mois 1 abstention pour la motion n°1 puisque François Bayrou a souhaité inverser l'ordre de traitement des motions.

La question de l'organe d'appel des décisions du CCC (Comité de conciliation et de contrôle) a aussi été adoptée. Il a cependant été difficile de s'entendre pour concilier les textes présentées avec les souhaits des uns (François Bayrou et le Bureau exécutif national) et des autres (les conseillers nationaux). François Bayrou souhaitant à tout prix, une procédure exclusivement écrite tandis les auteurs des initiatives présentés (avocats de profession) tenait à une certaine rigueur juridique. Toutefois, tout ce petit a réussi à s'entendre pour adopter une décision commune.


Les questions diverses.
Par manque de temps, la rubrique n'a pas été abordée en propre. Cependant, la parole a été abondamment données aux conseillers nationaux durant les différents temps de ce Conseil national.


Conclusion.
Une grande déception et c'est peu de le dire. Le Conseil national a approuvé sans broncher l'enterrement de ce qu'il a décidé, sans rien dire, sans même une abstention pour montrer une certaine septicité sur la décision prise. Rien !
Pourtant, aux vues de ce qui se dit dans les sections et au niveau local, la plupart des militants ont montré leur opposition avant ce Conseil national. Ainsi, rien ne s'est passé. Le Conseil national a capitulé en rase campagne devant la volonté du président du MoDem.
Pas un seul conseiller national n'a eu le courage de défendre un avis contraire et donc de porter la parole militante aux "chefs", pas un ! C'est à se demander à quoi sert le Conseil national puisqu'il approuve tout ce que François Bayrou ou presque.

Quant aux régionales, c'est apparemment un problème secondaire. Tout le monde est plongé dans le Congrès d'Arras. Pendant ce temps, on s'activera dans les bureaux du 133bis pour parachuter aux Unions régionales ce qu'elle aurait à dire ou à faire.
Congrès d'Arras qui assèchera durablement nos finances, tout en permettant habilement de décider tout ce que l'on veut pendant les militants réfléchissent eux concrètement aux Unions régionales. Une parfaite distraction !

vendredi 23 octobre 2009

Conseil national ce samedi matin.

Dans le tumulte des évènements récents, celui-ci parait assez anodin. Toutefois, à l'approche des régionales, il est important dans la vie du Mouvement démocrate. Beaucoup ont quitté ou quittent en ce moment le navire démocrate et il est intéressant de voir comment réagissent les "chefs" qui pour le moment semblent être dans leur tour et ne pas voir ou ne pas vouloir voir ce qui se passe vraiment.


Voici donc le menu du jour :

- examen de la situation politique ;
- préparation du Congrès d'Arras ;
- préparation des élections régionales ;
- examen de 2 motions déposés par plus de 10 membres du Conseil national, conformément à l'article 9 des statuts ;
- proposition du Bureau exécutif pour la procédure d'appel des décisions du Comité de conciliation et de contrôle (CCC) ;
- questions diverses.


En reprenant cet ordre du jour (remercions au passage Chantal Portuèse qui fait son boulot de conseillère nationale correctement, c'est rare !), on note malheureusement que beaucoup reste à faire et que beaucoup sera décidé en haut sans réelle consultation des militants.

L'examen de la situation politique devrait sortir un peu de l'actualité et voir s'attacher au interactions entre les démocrates et le terrain, parler du trop peu de visibilité du MoDem dans les derniers évènements (hormis Christophe Grébert, surtout mis en avant grâce à son statut d'élu blogueur) et aussi des manques dans la mise en place des mesures du Conseil national du 04 Juillet dernier.


La préparation du Congrès d'Arras.
C'est malheureux à dire mais ce Congrès est comme peuvent le voir les militants, pas donné. Il va impacter nos ressources de manière conséquente alors que quasiment rien n'est prêt, qu'il n'y a pas de locomotive pour faire ce Congrès. Je persiste et je signe donc, ce Congrès est une mauvaise idée.


La préparation des régionales.
Il est temps ! Les "Unions régionales" ont seulement commencé à se réunir, les listes ne sont pas prêtes par manque de candidats, les sondages ne sont pas vraiment favorables... On pourrait en faire tout un répertoire. Le traitement de cette question, tardif pour permettre à la direction du Mouvement démocrate de garder le contrôle nous mène dans le mur. Pour le moment, on se bat pour conserver les sortants dans leurs fonctions. Sauf qu'il est fort probable que nous n'ayons aucun élu dans un certain nombre de régions.

Étude de 2 motions.
Les conseillers nationaux, enfin certains, ont décidé d'user de leur pouvoir pour faire adopter des mesures. Seront-elles appliquées ? Les conseillers nationaux, toujours présents ou qui ont quitté le MoDem peuvent le confirmer, on ne compte plus les décisions du Conseil national non appliquées. Dans la sphère administrative classique, cela conduirait à un contentieux, pas au Mouvement démocrate.
Les propositions invoquées qui visent à permettre un égal accès des militants aux grands évènements démocrates sont bonnes. Elles seront certainement adoptées puisque la direction semble appuyer le projet au travers de divers membre du Bureau exécutif national. On attendra tout de même de voir les résultats.
A suivre, donc !


Questions diverses.
Mon moment préféré ! C'est à ce moment précis, que les conseillers nationaux peuvent sortir de leur cadre corseté et enfin dire les choses. Malheureusement, c'est rarement le cas ! Lorsqu'un conseiller national va à l'encontre du raisonnement de François Bayrou, on lui tombe dessus. Ou alors, le conseiller (ou la conseillère) en question se défaussera en citant expressément les propos des militants. Personne ou presque pour affirmer un avis contraire et l'assumer. C'est dommage !
Maintenant que Christiphe Ginisty est parti (un des seuls qui ait osé critiquer de façon constructive en Conseil national), on va voir ce que va donner.

Pour ma part, je suis très pessimiste et je pense que l'on va écarter les vraies questions et décider lorsqu'il sera trop tard. Rendez-vous donc ce matin pour voir ce que ça donne !

mercredi 21 octobre 2009

La presse est-elle encore libre en France ?

Ce mardi, comme chaque année, l’association Reporters sans frontières publiait son baromètre annuel sur la liberté de la presse dans le monde. Élaboré à partir d’éléments données par les journalistes de chaque pays, du contexte légal et règlementaire mais aussi à partir de l’attitude des autorités, celui-ci indique que la France n’est que 43e sur 175 pays coincé entre le Surinam 42e (en Amérique du Sud) et le Cap Vert 44e (au large de l’Afrique) accompagné de l’Espagne et de la Slovaquie. L’Italie et la Roumanie sont elles 49e et 50e, juste devant la partie turque de Chypre. Bien sur ce n’est qu’un indicateur et le président de l’association a un caractère assez ambigu mais on note toutefois que la situation en Europe est très mauvaise pour la liberté de la presse.

De manière générale, on observe depuis quelques temps une dégradation des conditions de travail des journalistes en Europe. Les pays latins sont ceux où les pressions sont les plus fortes à tel point que le rapport de RSF est noyé dans le contexte actuel.


France : c’est de pire en pire !
Il n’aura échappé à personne que des polémiques ont bousculé le gouvernement ces dernières semaines. Affaire Mitterand, népotisme concernant le fils Sarkozy, ces évènements se sont retrouvés à la une des la presse cachant dans le même temps les problèmes profonds que traverse la France. Fallait-il pour autant les passer sous silence ? Bien sur que non, car ces pratiques sont révélatrices d’un système fort bien décrit par François Bayrou dans son livre « Abus de pouvoir ».

Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est les mesures décidées par le pouvoir. Le président de la République avait dans ses engagements de campagne promit une loi sur la liberté de la presse sur un point essentiel : la protection du secret des sources des journalistes. Loi indispensable qui devait mettre la France en conformité avec la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) qui dans sa jurisprudence a affirmé très tôt que le secret des sources était un élément essentiel de la liberté de la presse que la Cour qualifie « de pierre angulaire » de la démocratie. Tout est dit.

Dans les faits, rien ne change, les tentatives de perquisition de journaux de la part de juge d’instruction ou de procureurs sont monnaie courante alors qu’elles sont parfaitement illégales et que les éléments retirés de ces perquisitions ne peuvent être utilisés comme preuves devant un tribunal. Qu’importe, la loi française qui est soumise à un rapport de conformité avec le droit européen et communautaire, ne respecte pas la norme juridique supérieure.

La « réforme » de la télévision publique l’année dernière a aussi porté atteinte à la liberté de la presse. En supprimant la publicité sur la télévision publique, le président de la République veut la rendre plus dépendante du pouvoir qui votera ses crédits. Dans le même bain, rappelons qu’à l’avenir le président de France télévisions se nommé par l’exécutif et que cette « proposition » présidentielle ne pourra être rejeté que par 60% des députés. Autant dire que ça n’arrivera jamais. La télévision publique a bien compris et les journalistes sont muselés sur le service publique. J’aime beaucoup Arlette Chabot mais ses décisions en service commandé pour le pouvoir m’exaspèrent. Censure de la sortie de Conseil des ministres de Borloo, émissions politiques dans lesquelles le ton est mou, entrevue avec le président de la République dans lesquelles David Pujadas ne fait pas son boulot de journaliste et ne pose pas les bonnes questions, se limitant à des banalités, diffusion d’un documentaire de propagande sur France 5 dont on a appris que l’Élysée l’avait piraté après le vote des lois HADOPI… Je pourrais continuer comme ça encore longtemps.


On pensait que le pire était arrivé. On avait tort. Cette semaine, la président de la République appuyé par l’UMP, a par la voie de Frédéric Lefebvre attaqué violemment la presse pour son traitement partial d’évènements sommes toutes mineurs selon le porte-parole de l’UMP. Or, comme je l’ai rappelé plus haut, ces polémiques traduisent des problèmes profonds et doivent être traitées par les journalistes. Tout le gouvernement s’y est mis, une partie de l’UMP suit et les attaques contre la presse se multiplient. Vieille habitude de la classe politique, quand tout va mal pour le gouvernement, on accuse la presse pour son traitement partial et ses attaques personnelles contre la sphère et l’entourage personnel du président. Ça pourrait se limiter là, à des propos scandalisés de certaines personnes mais Nicolas Sarkozy va lui plus loin, il croit vraiment que la presse est montée contre lui et il l’attaque. Le Nouvel Observateur est traîné en justice pour le faux SMS et Nicolas Sarkozy parle « d’un décalage entre la sphère médiatique et le peuple » français. La preuve ? David Douillet a été élu dans les Yvelines !

Or, n’en déplaise à notre omni-président, les médias le traite avec bienveillance au point que les Guignols de l’Info en viennent à parler de « journalisme couché ». Lors de la sortie du livre de Frédéric Mitterand, la presse ne s’était pas indignée des propos du livre et c’est parce qu’elle a fait son travail un peu tard suite à l’arrestation de Roman Polanski que l’affaire a été connu. A propos de Jean Sarkozy, sa nomination avait été annoncé par une brève sur le site de l’hebdomadaire Le Point avant d’être reprise par les blogueurs dont Christophe et le peuple qui s’insurgeant de ce népotisme a secoué les journalistes avant que ceux-ci ne réagissent enfin et traite la question sur le fond et de manière abondante. Le Figaro, jadis quotidien de centre-droit de qualité, s’est transformé en Pravda de droite depuis sa reprise par Serge Dassault et le transfert de Nicolas Beytout.

En résumé, contrairement à ce qu’affirme l’UMP, la presse n’est pas assez indépendante et forte et la remise en cause des médias est dangereuse pour notre démocratie. Le fait que le président de la République attaque en justice des journaux est un scandale alors qu’il bénéficie d’une immunité judiciaire et qu’il est, en vertu de la constitution, le gardien des libertés fondamentales.


Italie, pire que tout !
Tandis que la France, « pays des droits de l’homme », bascule doucement vers un régime de république bananière. En Italie, Berlusconi se croit tout permis. Propriétaire du plus grand groupe de médias privés d’Italie avec Mediaset, Berlusconi fait aussi tout pour museler la RAI. « Le Monde » dans un article intitulé « La bataille de la RAI » fait le point sur cette guerre que livre Berlusconi à la presse. La RAI est sous la pression du pouvoir politique qui tente de l’étrangler financièrement en n’augmentant pas la redevance audiovisuelle déjà une des plus faibles d’Europe. A la tête de la télévision publique Berlusconi a placé aux postes clés des hommes de confiance. En dépit du conflit d’intérêts flagrant, les partisans du Cavaliere trouve que la RAI est un nid de communistes. La presse écrite est poursuivi en justice par le président du Conseil italien parce qu’elle fait son travail. Ainsi, La Reppublica (journal de centre-gauche) et l’Unita (gauche) publient une série de questions à Berlusconi sur sa vie privée auxquelles il refuse de répondre. Les 2 quotidiens publient depuis ces questions tous les jours jusqu’à ce que Berlusconi y réponde ce qui l’agace profondément.

La politisation de la télévision italienne n’est pas récente. Pendant des décennies, l’Italie pratiquait la politique de « lotizazzione » qui attribuait tacitement la Rai Uno aux démocrates-chértiens, la Rai Due aux socialistes et la Rai Tre aux communistes que les italiens appelaient « le petit Kaboul » ce qui permettait un pluralisme relatif. L’effondrement des partis traditionnels avec la corruption et l’arrivée au pouvoir de Berlusconi ont remis en cause cette pratique et désormais toutes les télévisions sont sous la coupe berlusconienne. Les rédactions malgré ce climat sont entrés en résistance. La rédaction de la Rai Uno a d’ailleurs publié un livre blanc sur les dérapages berlusconiens concernant l’audiovisuel public.

Tout ceci a poussé l’opposition italienne à organiser une manifestation pour la liberté de la presse à Rome le 03 Octobre. Manifestation qui a réunit plus de 100 000 personnes. Antonio Di Pietro, ex-magistrat anti corruption et fondateur du parti « Italia dei Valori » est sur liste noire puisque des instructions aux rédactions de la RAI Uno ont été données pour ne plus lui laisser la parole ni traiter son parti. Tout est fait pour réduire au silence toute opposition. Cela ne vous rappelle rien ?

Moi si, c’est précisément le chemin que Sarkozy suit en mettant l’audiovisuel public sous contrôle, en tripatouillant les modes de scrutins pour favoriser son parti, l’UMP ou pour rendre le pays ingouvernable lorsque l’opposition arrivera un jour au pouvoir. Et pendant que Berlusconi nomme ses anciennes maitresses au gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme son fils à la tête d’un établissement public qui gère le 1er quartier d’affaires en Europe.

Et pourtant, une résistance à ce phénomène est possible, mais il faut le vouloir. Michele Santoro, journaliste licencié en raison de son indépendance éditoriale et réintégré à Rai Due par décision de justice, anime une émission hebdomadaire « Anno Zero » qui bat des records d’audimat malgré le fait que la rédaction ait suspendu les contrats des journalistes qui collaborent à l’émission. La France qui imite l’Italie, il y a de quoi s’inquiéter !


L’Espagne, pas mieux !
La presse espagnole n’est pas tellement mieux lotie. Sous prétexte de vouloir garantir les recettes de la télévision publique, le gouvernement Zapatero a engagé un processus pour supprimer toute publicité à la télévision publique espagnole, en copiant ce qui a été fait en France. Pour les journalistes espagnols, faire son travail dans leur pays, c’est risquer leur vie. Que ce soit au pays basque à cause du terrorisme ou dans toute l’Espagne pour ceux qui défendent le droit à l’avortement.


Invité surprise, la Slovaquie.
On croyait les nouveaux entrants dans l’Union européenne plus vertueux. La Slovaquie donne l’exact contraire puisque le gouvernement a récemment fait voté une loi qui introduit la notion de « droit de réponse automatique » ce qui constitue un dangereux précédant puisque tout le monde pourra toujours contester et affirmer le contraire de qu’annoncent les journaux même si cela est avéré. Cette loi accroit aussi de façon considérable le contrôle du ministre de la Culture sur les publications.


Conclusion.
La liberté de la presse est essentielle à nos sociétés démocratiques. Pourtant, elle est très fragile et subit de forts reculs en Europe qui pourtant dispose du plus large éventail de mesures pour la protéger. L’Union Européenne et le Conseil de l’Europe malgré leur volonté de protéger le plus possible les libertés fondamentales restent encore largement soumis à la bonne volonté des États qui n’hésitent pas pour certains comme la France ou l’Italie à prendre des mesures contraires à la garantie de la liberté de la presse. Reste que pour défendre ces libertés, il faut que les journalistes et les citoyens se mobilisent.

A quand une grande manifestation populaire pour la liberté de la presse ?

mardi 20 octobre 2009

Le syndrome du Titanic.

Depuis quelques temps déjà, beaucoup ont constaté que la politique française n'était pas au mieux de sa forme. En 2007, François Bayrou réussissait un score assez incroyable et lançait le Mouvement démocrate sur le thème "Faisons de la politique autrement". Depuis, beaucoup des personnes qui l'avaient rejoint sont partis parfois au Nouveau Centre, parfois au PS, parfois chez les Verts, souvent nul part. Après plusieurs échecs, une grande réflexion a été entamée et a abouti à l'adoption de mesures pour remettre sur le bon chemin le Mouvement démocrate.

Hélas ! La réalité étant ce qu'elle est, les habitudes ont la dent dure, et au MoDem, la direction et François Bayrou tente d'imposer des décisions à la base. La conséquence, une grave hémorragie militante qui s'aggrave. Ainsi, j'en suis venu à me poser quelques questions.
Qu'est-ce qui arrive à notre classe politique ?
La politique en France est-elle réformable ?
Peut-on réellement faire de la politique autrement ?

Je pense que oui mais d'une manière générale, je constate que malheureusement notre classe politique est malade.
Malade de ses vieilles habitudes, malade d'un système qui la rend prisonnière du cumul des mandats pour peser dans les décisions, malade enfin du manque de professionnalisme et d'éthique de certains de ces membres.
C'est donc le moment de réagir !
François Bayrou avait proposé de faire de la politique autrement, mais a gardé ses mauvaises habitudes en gérant le Mouvement démocrate comme l'ancienne UDF. Tandis que la base militante gronde, on fait semblant de l'écouter tout en ne changeant rien.

Bien sur, à ce moment, on pourrait me tomber dessus et me demander pourquoi je ne parle pas des autres. J'y viens.

Conscient que le sujet ne se limite pas au MoDem, j'ai décidé de lancer une série d'articles que j'intitulerai "Le syndrome du Titanic". Le but de cette série est, à l'approche des régionales (mais pas seulement), de faire un tour du paysage politique français et de voir ce qui ne va pas dans la classe politique française. J'aborderai ainsi la plupart des mouvements politiques significatifs en France. Bien sur, se limiter à dresser un constat pouvant se révéler bien ennuyeux, j'attirerai l'attention sur les points d'espoir et formulerait quelques propositions. Libre à vous, amis lecteurs de commenter et de proposer ensuite vos propres idées.

A bientôt donc pour cette série d'articles donc l'article du jour en constitue l'introduction.

samedi 17 octobre 2009

L'alternative à Jean Sarkozy pour l'EPAD : Martine Volard.

Quelle alternative à Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD ? Ou, plus clairement, une personne compétente peut-elle être élue à la tête de l'EPAD ?

Si le maire PCF de Nanterre Patrick Jarry se porte candidat à la tête de l'EPAD, une autre personne souhaite aussi concourir à cette élection. Cette personne a l'avantage d'être une spécialiste des collectivités locales et ainsi que le site de l'EPAD l'exige pour les collaborateurs qu'il recrute, il faut de sérieuses compétences en matière de droit des collectivités territoriales.

Coup de chance, la perle rare existe, mieux, elle dispose déjà d'une solide expérience dans le domaine et ainsi, ses premières années à la tête de l'EPAD ne serviront pas à la former. Rappelons que l'ancien président de l'EPAD, l'ex-maire de Puteaux Charles Ceccaldi-Reynaud ne trouve rien à redire sur la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD, mieux il est allé jusqu'à déclarer que si d'aventures, Jean Sarkozy ne disposaient pas de l'expérience ou des compétences nécessaires, son "élection" (nomination) à la tête de l'EPAD le formerait sur le tas.

Cette personne, c'est une élue démocrate de Courbevoie, Martine Volard qui demande au maire UMP de sa commune de démissionner de son poste d'administrateur de l'EPAD pour qu'elle puisse présenter sa candidature.

Parallèlement à cette candidature, soulignons l'initiative des élus démocrates de faire envoyer par chacun des habitants des Hauts-de-Seine, un courrier incitant les conseillers généraux des Hauts-de-Seine à présenter comme candidat une personne disposant des compétences et des qualités requises pour briguer la présidence de l'EPAD.

Ci-après, le texte des élus démocrates de la Défense, les seuls à avoir créé un groupe inter-élus pour exprimer la position démocrate sur les questions concernant le quartier de la Défense :

"Alors que le fait du prince semble assuré dans une « élection » où les représentants de l'état tiennent le vote, des opposants locaux au sarkozysme appellent les élus UMP à soutenir la candidature d'une élue compétente.

L’honnêteté impose de faire connaître au grand public qu’il existe une autre candidature que celle de Jean Sarkozy à la présidence de l’EPAD, pour La Défense.
Martine Volard, élue démocrate de Courbevoie a demandé au maire de Courbevoie de lui céder sa place au Conseil d’administration afin qu’elle puisse faire officiellement acte de candidature. Elle a reçu immédiatement le soutien des Jeunes Démocrates. Martine Volard est consultante en organisation et management pour les collectivités territoriales : une profession idéale pour quelqu’un qui se propose de prendre la tête de l’EPAD.

Les élus MoDem ont publié un communiqué commun à propos de la prochaine nomination du fils du Président de la République.
Le décret du 9 Septembre 1958, relatif à l’Etablissement Public d’Aménagement de la Défense (EPAD), stipule que le président est «élu» par les membres du conseil d’administration. Nous tenons cependant à souligner que ce même conseil d’administration est composé de 18 membres : 9 représentants des collectivités territoriales (dont 2 du Conseil général des Hauts-de-Seine) et 9 membres représentant l’Etat, sous l’autorité de leur ministre de tutelle. En ajoutant la voix de Patrick Devedjian, membre du gouvernement à celles des 9 administrateurs de l'Etat, l’Etat a la majorité absolue (10 voix sur 18).
L’élection du Président de l’EPAD est donc véritablement contrôlée par l’Etat et s’apparente bien à une nomination. La nomination prévue de Jean Sarkozy, fils du Président de la République, ne peut, de ce fait, être considérée comme un acte local, résultant seulement de la volonté du prétendant et du choix de ses pairs.

A l’évidence, la très courte expérience politique de Jean Sarkozy n’en fait pas un président qualifié pour mener et piloter un tel établissement. Le président de l’EPAD assume un rôle important d’arbitrage, d’orientation, de décision et de représentation de La Défense, opération d’intérêt national, auprès des investisseurs internationaux. Nous ne pouvons donc accepter que ce rôle stratégique soit confié à un président « en formation ».

L’état-civil de Jean Sarkozy ne peut lui être reproché et ne préjuge pas de ses qualités personnelles. Nous pensons toutefois que sans cet état-civil, aucune candidature de conseiller général ou de membre du conseil d’administration de l’EPAD de la même catégorie d’âge et d’études n’aurait pu être censément envisagée.
L’éventuelle nomination de Jean Sarkozy ne peut donc apparaître comme conforme à nos valeurs républicaines et démocratiques. Face à l’émotion qu’elle suscite, dans l’intérêt de nos villes, de notre département et de notre pays, nous demandons donc instamment à Jean Sarkozy de renoncer à sa candidature, et aux conseillers généraux des Hauts-de- Seine de ne pas voter en sa faveur.


Christophe Grébert, conseiller municipal MoDem de Puteaux.
Martine Volard, conseillère municipale MoDem de Courbevoie.
Pierre Creuzet, conseiller municipal MoDem de Nanterre."

vendredi 16 octobre 2009

La finance sabre le champagne.

Après l’explosion de la bulle financière en 2007-2008, après la « plus grave crise financière de notre histoire », après les grands sommets internationaux du G20 et autres pour réformer le capitalisme, tout repart comme s’il ne s’était rien passé. Et pour ceux qui l’ignoraient encore, les évènements de ce jeudi et plus généralement de la semaine viennent le confirmer de façon très concrète.
Mercredi, le Dow Jones, indice phare de la Bourse de New-York, a dépassé les 10 000 points en séance. Le franchissement de ce seuil a été salué sous les hourras et les bravos des traders dans une ambiance hystérique. Ce seuil symbolique n’avait pas été franchi depuis le 03 Octobre 2008 dans la foulée de la tourmente Lehman Brothers. Ensuite, tout le monde annonçait la catastrophe, certains allant même la fin du capitalisme et de rappeler Marx. Mais ainsi que l’a écrit Schumpeter, le capitalisme suit un mouvement classique de destruction créatrice avec des phases de bulle suivis de phase de destruction permettant de purger le système de ses excès. Mais ce qui étonne avec les évènements qui se passent actuellement, c’est la rapidité avec laquelle la finance s’est rétablie alors que l’économie est elle toujours dans la mouise. Or, à quoi sert la finance si ce n’est à permettre le développement de l’économie ?

Actuellement, la finance ne sert qu’à accumuler les profits. Ainsi, que je l’écrivais dans de précédents articles : « La crise nous a changé » le 06 août 2009 et « Bonus. Ils n’ont rien compris ! » le 07 août 2009. Dans ses articles, je réagissais à l’annonce par la BNP d’une provision faite pour payer les bonus de ses employés de sa filiale de marché. Précisant qu’il fallait en revenir aux fondamentaux et donc séparer banque de dépôt et banque de marché de façon stricte. Parallèlement, je citais un banquier qui disait que non les banquiers n’étaient pas sur un nuage et que finalement ils étaient des personnes comme les autres. Tous, nous disaient la main sur le cœur qu’ils avaient changés et qu’après la crise, plus rien ne serait comme avant. Pourtant, le montant des bonus pour 2009 montre le contraire.


Des bonus plus importants qu’avant la crise !
Le G20 de Pittsburgh avait refusé de plafonner les bonus pour soit disant préserver la libre-entreprise. Ce manque de courage des grandes de ce monde, cette absence de volonté d’intervenir pour mettre fin aux excès a été comprise par les différents acteurs comme un feu vert pour revenir aux bonnes vieilles habitudes.

Cette année, le montant des bonus distribués aux États-Unis est tellement énorme qu’on se demande quelle signification il a. Pour donner une échelle de comparaison, les bonus distribués par les banques américaines en 2009 seront d’un montant de 140 milliards de dollars soit plus que la richesse produite en un an par la Nouvelle-Zélande ou la République Tchèque en une année. Un mot comme un cent, c’est colossal. C’est un nouveau record, un montant plus important qu’avant la crise et alors même que l’économie mondiale n’est pas encore sorti du marasme dans lequel elle est. Mais une question se pose : qu’est-ce qui explique cette envolée soudaine ?


Les raisons de la bonne santé financière.
Les facteurs qui expliquent la situation sont divers. Mais pour l’essentiel, ils se résument à la chute du dollar qui flirte avec les $ 1,50 pour 1 €. Effet attendu, la FED a laissé glisser le dollar pour favoriser les exportations et donc la récupération de l’économie américaine aux dépends du reste du monde à savoir principalement l’Asie et surtout l’Europe. Les actifs américains devenant très bons marchés et offrant des rendements très corrects comparativement aux entreprises européennes ou asiatiques.

Autre explication, les banques qui ont pu passer la crise grâce aux fortes réactions des États ont utilisé les fonds prêtés pour spéculer sur les emprunts d’État qui ont justement servi à les renflouer à côté de la traditionnelle spéculation sur les actions. Pour exemple, la banque JP Morgan a réalisé des bénéfices sur le « trading » des obligations de 5 milliards de $ cette année contre 800 millions de $ en 2008 tandis que celui sur les actions n’a rapporté à cette banque QUE 1,9 milliard de $. Ainsi, dans sa branche de marché, la part des bonus représente 40% des rémunérations de la banque américaine qui était au bord du gouffre il y a moins d’un an.


Du côté des banques françaises.
Leurs consœurs françaises ne sont pas en reste et ont tendance à suivre le mauvais modèle des banques américaines. Bien que plus solides grâce à une tonte de leurs clients très organisée qu’a d’ailleurs récemment dénoncé la BCE (Banque centrale européenne), les banques françaises ont mieux traversé ce mauvais passage. Pourtant, comme leurs consœurs américaines, elles ont aussi eu recours massivement aux fonds mis à leur disposition par l’État français. Maintenant, que la situation s’améliore, ces dernières sont pressées de rembourser l’État pour pouvoir de nouveau pratiquer une politique de bonus qui défie la raison. Ce faisant, les banques qui ne sont pas pour autant plus riches ont décidé d’augmenter leur capital pour rembourser l’État quitte à fragiliser leur actionnariat et à dépendre de fonds étrangers volatils.


Et après ?
A force de voir à court terme, les banques vont très rapidement foncer dans le mur tandis que les contribuables n’auront pas encore fini de rembourser la note de la crise que nous traversons. La situation financière des États est en effet très préoccupante et à vouloir jouer avec le feu, à trop vouloir trop d’argent trop vite les banques prennent le risque de nous reconduire dans le mur. Et cette fois, le contribuable ne viendra pas à leur rescousse, les dégâts seront nombreux.


Que faire alors ?
Dans mes précédents articles, j’avais proposé plusieurs solutions. La première est d’interdire aux banques qui ne modèrent pas leurs bonus de commercer, de traiter et surtout de participer aux adjudications obligataires des États-membres de l’Union européenne. La deuxième est de plafonné par un taux maximal les rémunérations des banquiers et des « traders ». Il est complètement indécent que les cinglés qui ont envoyé l’économie mondiale dans le gouffre soit rémunéré des millions d’euros voir plus les plus chanceux des milliards pour avoir mené le monde à sa perte.

Ces décisions et bien d’autres doivent être prises rapidement, au risque cette fois de plonger le monde entier dans une longue ère de récession.

mercredi 14 octobre 2009

"Aux âmes bien nées, La valeur n'attend point le nombre des années".

Depuis que l'on a appris la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD et qu'une pétition demandant poliment à Jean Sarkozy de retourner à ses chères études et de ne pas considérer la défense comme son terrain d'expérimentation bat des records au point de faire planter les serveurs chargés de collecter les signatures, la colère monte.

Pour répondre à la très forte opposition qui s’accroit de jour en jour un peu plus, Jean Sarkozy a choisi de répondre aux accusations portées contre lui par la presse et les citoyens soucieux de la légalité républicaine sur France 3 - Ile de France ce mardi 13 octobre 2009. Dans le même temps, « la Cour » tentait de justifier l’injustifiable. Valérie Pécresse, invitée le mardi matin ; Yves Jégo ; Luc Chatel ; François Fillon et de manière générale l’UMP et le Nouveau Centre justifiait ce qui est clairement du népotisme. Et malgré les dénégations des uns et des autres, la situation n’est pas plus justifiable qu’elle ne constitue une attaque contre la personne de Jean Sarkozy.

Dans le même temps, la « nomination » de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD est en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt puisque pendant que l’on se focalise sur un cas personnel, on aurait tendance à oublier d’autres éléments importants.


Les éléments avancés pour justifier le « fait du Prince ».
Alors que « l’affaire Jean Sarkozy » prend de l’ampleur en France et partout dans le monde, Jean Sarkozy a voulu s’expliquer en personne. Et, quoi de plus normal, en effet que sur un tel sujet, le principal intéressé s’explique dans les médias devant les citoyens.
Jean Sarkozy avance plusieurs arguments pour justifier sa candidature à la tête de l’EPAD.


Argument n°1 : La légitimité du scrutin universel.
C’est l’argument principal des défenseurs de Jean Sarkozy et de l’intéressé lui-même. Il n’y a pas à dire, on sent que le jeune élu est épaulé par un conseiller en communication payé soit par l’UMP, soit par papa. Selon Valérie Pécresse, Claude Géant et toute la Sarkozie, le « prince Jean », comme l’aime à l’appeler la presse internationale, tirerait même sa légitimité d’une triple élection. Élection comme conseiller général des Hauts-de-Seine, élection comme président de groupe au sein du Conseil général du même département, élection enfin à la tête de l’EPAD.


Mais, l’argument est-il recevable ?
A première vue, oui. Mais, si on s’y penche d’un peu plus près, aucunement. Jean Sarkozy avant d’être candidat a été choisi par son parti, l’UMP qui a discrètement demandé au candidat qui devait se présenter de retirer sa candidature. Arnaud Teullé a donc été prié de laisser sa place. Or, ainsi qu’aime à le dire les élus UMP eux-même, le plus dur dans les Hauts-de-Seine quand on est à l’UMP, ce n’est pas de se faire élire dans ce département très marqué à droite mais d’être le candidat. Le fait même que le candidat initial ait du laissé sa place à Jean Sarkozy balaie cet argument. Mais ce n’est pas fini. Ensuite, le tout jeune candidat s’est présenté devant les électeurs et, fait rare dans ce canton très ancré à droite, a failli se faire renvoyer au 2nd tour par le candidat du MoDem très implanté localement. Son père qui s’était présenté dans le même canton avait réalisé plus 70%. Avec à peine 53%, c’est clairement un échec et un signe de défiance de la part des électeurs de Neuilly.

Peu après son arrivée au Conseil général, le tout jeune élu prend la tête de la majorité départementale grâce au soutien actif des Balkany dont le passé judiciaro-financier et la réputation n’est plus à faire. Isabelle Balkany a notamment pesé de tout son poids pour faire élire Jean Sarkozy à la tête du groupe UMP dans le but affiché de fragiliser le président du Conseil général, Patrick Devedjian qui menaçait de « nettoyer les écuries d’Augias », soit en termes clairs, de révéler tous les scandales politico-financiers des Hauts-de-Seine en portant les affaires en justice. Les Balkany, se sentant menacés, ont donc voulu mettre des bâtons dans les roues de cet empêcheur de diriger en rond.

Enfin, et c’est là, que c’est le plus intéressant, Jean Sarkozy déclare avoir été choisi par le Conseil général pour le représenter à l’EPAD. Le fait que la majorité UMP soit très forte suffit à préciser que ce choix n’était qu’une formalité, puisque le fils cadet du président de la République est le président de groupe de cette même majorité. Mais, cela ne suffit pas, car pour pouvoir devenir président de l’EPAD, il faut être membre du conseil d’administration. Problème, il n’y a pas de place. Qu’à cela ne tienne, on va demander (encore une fois !), à un partisan de s’écarter. Et, pour permettre d’accélérer les choses, on recase illico le sacrifié. C’est ce qui s’est passé puisque l’élu « Nouveau Centre », Hervé Marseille a démissionné le 14 Juillet avant d’être nommé par décret présidentiel le 15 Juillet au Conseil économique et social. La légitimité qui naîtrait de l’élection est donc clairement une mascarade et dans le même temps, le lien entre la « nomination » et la présidence de la République, clairement établi.

CQFD, on pourrait s’en tenir là. L’accusation de népotisme étant belle et bien fondée. Sauf, que d’autres facteurs viennent s’ajouter à la caravane de casseroles. Comme l'a dit un jour Jacques Chirac : « Les emmerdes, ça vole en escadrille ».


Argument n°2 : La contestation de la « nomination » de Jean Sarkozy n’est basée que sur des attaques personnelles.
Selon Jean Sarkozy et une bonne partie de la Sarkozie, les critiques contre le fils du président ne se justifient que par des attaques personnelles.
Rien de plus faux !

Ce n’est pas la personne de Jean Sarkozy qui ici en jeu, mais ses compétences. Lorsque l’on postule pour diriger un établissement public qui gère l’avenir de près 150 000 salariés, de 200 000 habitants et d’un gros nœud de communication et d’affaires, il faut de solides compétences. Jean Sarkozy peut être doué comme homme politique, mais il ne dispose pas avec seulement 2 semestres de droit validés (puisqu’il redouble sa 2e année de droit) des diplômes requis pour diriger un établissement public de cette importance. Au minimum, il faut disposer de connaissances de droit de l’urbanisme, de droit immobilier, de droit des contrats et marchés publics, ou encore de droit et de contentieux administratif ce qui n’est pas le cas de Jean Sarkozy.

Côté expérience, ce dernier se targue de connaitre tous les dossiers. Fort bien, mais c’est normal puisqu’il a été élu pour faire un travail d’élu et est indemnisé pour ce travail. Normalement, tout élu local doit connaitre ses dossiers, cela s’appelle le professionnalisme. Ajoutons qu’une expérience de conseiller général et de président de groupe depuis moins de 2 ans est loin d’être suffisante. Pour des postes comparables dans les tours du quartier de la Défense, il est couramment exigé une expérience d’au moins 5 ans et très souvent de 10 ans pour gérer l’équivalent d’une grande entreprise. Car l’EPAD, gère énormément d’argent, plus de 1 milliard d’euros. La somme est considérable. Pour de tels enjeux économiques, il faut être capable de prendre des décisions rapidement et dans le bon sens et sur ce point, l’expérience professionnelle est indispensable.


Argument n°3 : « Je veux être jugé sur mes actes et pas sur mon nom ».
Certes, c’est en forgeant que l’on devient forgeron mais bon il ne faut exagérer non plus. Comme le dit la pub Nestlé pour de la mousse au chocolat « Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice ! ». La défense n’est pas un bac à sable où l’on peut s’amuser et faire ses griffes, c’est le premier quartier d’affaires en Europe, il concerne beaucoup de salariés, d’habitants et par lui transitent plus d’un million d’usagers des transports en commun. La Défense ne peut donc servir de terrain d’entrainement à un jeune élu local en mal de sensations et d’expérience. Certes, il sera très probablement bien entouré mais cela ne justifie en rien cette nomination.



Argument n°4 : Citer Corneille.
Jean-François Copé a été un des premiers à rappeler la très connue citation de Corneille (Pierre de son prénom) : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », dramaturge et homme de théâtre du XVIIe siècle, avant de la voir reprise par le secrétaire général du président Claude Guéant.

Sauf qu’il faut que nos élus locaux prennent le temps de relire « Le Cid » de cet homme de théâtre car loin de justifier la nomination de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD, cette fameuse réplique est en fait une ironie sur le népotisme. Je suggère donc à nos amis de l’UMP d’investir dans un exemplaire de la pièce pour leur permettre de mieux comprendre la situation.

Pour faire bonne figure, je me permets de rappeler quelques autres citations de ce grand homme de théâtre qu’était Pierre Corneille : « Qu'aisément un esprit qui se laisse flatter s'imagine un bonheur qu'il pense mériter ! » ou encore celle-ci : « Le trop de confiance attire le danger ». Il y en bien d’autres encore, il suffit de relire les pièces. Coup de chance pour eux, le coût est modique (moins de 8 €) et un classique, comme son nom l’indique ne se démode pas.

Ce que cache cette nomination.
Vous vous en doutez, cette nomination cache d’autres raisons bien plus profondes. Atteintes aux principes républicains, presse malmenée, affaires opaques, mainmise du clan Balkany, importance de Charles Pasqua, esprit de Cour ou hypocrisie par la phrase que Nicolas Sarkozy, président de la République a prononcé alors même qu’on le prend en flagrant délit de népotisme « Désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n’est plus d’être bien né, c’est travailler dur et avoir fait la preuve par ses études, par son travail, de sa valeur. ».

Pour y faire bonne mesure et traiter correctement du sujet, j'y reviendrai avant la fin de la semaine dans un autre article.


Conclusion.
Malgré les faits et les preuves qui s'accumulent démontrant la véracité du népotisme dont est bénéficiaire Jean Sarkozy, celui-ci se dit déterminé à aller jusqu'au bout et ce, avec tout le soutien de la Sarkozie qui n'en finit plus de se faire des courbettes.
En somme et ainsi qu'Anne de Bretagne l'avait dit aux malouins (habitants de Saint-Malo) qui se plaignait de la construction d'une tour pour mieux contrôler leurs mouvements d'humeur : « Qui qu'en grogne. Ainsi en sera-t-il car tel est mon bon plaisir ! ».

dimanche 11 octobre 2009

Retour sur l'actualité de la semaine.

Lundi : Rio de Janeiro accueillera les Jeux Olympiques d'été de 2016.

La nouvelle est tombé en fin de semaine précédente, mais la plupart des journaux s'y attardent en début de semaine. La ville de Rio de Janeiro, ma favorite, remporte donc l'organisation des JO d'été de 2016 qui se dérouleront pour la première fois de l'histoire en Amérique du Sud. Chicago au dossier mal ficelé et soutenu du bout des lèvres par Obama a été éliminé d'entrée de jeu. Ajoutons que les États-Unis ont accueilli les JO en 1996 à Atlanta. JO de 1996 qui restent connu depuis comme les JO Coca-Cola.
Première fois aussi que les JO d'été se dérouleront durant l'hiver austral. Mais ne boudons pas notre plaisir, ces Jeux se dérouleront dans des paysages superbes. Le président Lula qui n'a pas ménagé ses efforts en a pleuré de joie en conférence de presse.
Bravo au Brésil donc !


Mardi : Référendum populaire et nouvelle polémique Frédéric Mitterand.

Les résultats de la consultation populaire sur le statut de la Poste a mobilisé plus de 2 millions de français. Le résultat : un rejet massif du projet gouvernemental. Le Parti socialiste et l'opposition demandent l'adoption rapide des lois organiques d'application nécessaires à l'organisation au référendum d'initiative populaire prévu par la modification constitutionnelle de 2008.

Lundi soir sur France 2, Marine Le Pen dénonce les propos qu'a tenu Frédéric Mitterand dans son livre "La mauvaise vie" publié en 2005 et qui selon elle font l'apologie du tourisme sexuel. Polémique qui fait suite au soutien apporté par le ministre de la Culture et de la Communication à Roman Polanski, accusé de pédophilie et en détention provisoire en attendant une possible extradition vers les États-Unis.


Mercredi : L'Élysée pirate des DVD !

Le Canard enchaîné révèle que l'Élysée et plus précisement son service de communication a copié comme un vulgaire trafiquant de DVD, un documentaire diffusé sur France 5 en Juillet. Documentaire qui loue tellement les qualités présidentielles que l'on pourrait le qualifier de document de propagande. Chez Galaxie Presse, à qui on montre le DVD copié dont le service de communication de l'Élysée n'a fait que refaire la jaquette comme un vulgaire marchand des puces, on se marre. Il faut dire que la société de production avait envoyé gratuitement 50 DVD au service de presse de l'Élysée. Dommage que l'HADOPI ne soit pas encore en place. Nul doute que l'autorité aurait fait condamné ces dangereux pirates !

Dans la langage commun, on appelle ça se faire prendre la main dans le sac.


Jeudi : Le charcutage autour des collectivités locales se transforme en véritable carnage.

Le quotidien "Le Monde" consacre une page entière à la question de la réforme des collectivités territoriales. Abordant la "réforme" des collectivités locales extrêmement constestée quelque soit le camp dans lequel on se situe, la polémique se cristallise surtout sur le mode de scrutin envisagé pour élire les futurs conseillers territoriaux : uninominal majoritaire à un tour à 80% et proportionnel à 20 %. Le but est de réduire le poids de l'exigence de parité qui pose problème à l'UMP mais aussi et surtout de favoriser l'UMP par un mode de scrutin à un tour. Non content de remettre en cause, plus de 200 ans de tradition institutionnelle, cette "réforme" prévoit l'élection de tous les élus locaux le même jour et ce afin d'éviter la campagne électorale plus ou moins permanente qui marque le quinquennat Sarkozy et fait perdre des points au clan présidentiel tout en soulignant les atteintes à la démocratie perpétrées par le gouvernement.

On apprend ensuite qu'Alain Marleix présente son projet de charcutage électoral à l'Assemblée. L'opposition qui ne pouvait espérer avoir la majorité à l'Assemblée que si elle réussissait à avoir 50,4% des suffrages devra si le texte est adopté obtenir 51,4% des suffrages pour espérer être majoritaire. Un déni de démocratie qui n'effraie pas la paire de ciseaux UMP Alain Marleix.
Le texte contient un seul article " L'ordonnance n° 2009-935 du 29 juillet 2009 portant répartition des sièges et délimitation des circonscriptions pour l'élection des députés (...) ainsi que la délimitation des circonscriptions législatives est ratifiée. ".
Et le secrétaire d'État de préciser : " La question qui vous est posée ne porte évidemment pas sur le tracé des circonscriptions ". Conclusion, circulez, il n'y a rien à voir. Précision utile, seul un débat oral sera prévu, les députés ne pourront déposer aucun amendement.


Vendredi : Silvio Berlusconi perd son immunité pénale.

C'est peu de dire que la décision de la Cour constitutionnelle d'Italie de la veille était attendue. Les journalistes se sont littéralement arraché la feuille avec le communiqué déclara que la loi "Alfano" qui conférait une immunité pénale aux 4 principaux personnages de l'État italien était inconstitutionnelle. La Cour a en effet jugé que seule une révision constitutionnelle pouvait permettre de conférer une telle immunité. Au surplus, elle précise que la loi votée contrevient au principe d'égalité des citoyens devant la loi. Une bataille de gagné pour les légalistes italiens qui leur évite un recours devant le CEDH qui aurait pu durer de longues années. Plusieurs procès à l'encontre du Cavaliere peuvent donc reprendre. Berlusconi qualifie les juges constitutionnels de juges rouges. Du côté du parti "Italie dei Vallori" d'Antonio Di Pietro, on ne cache pas sa joie et on promet d'autres actions pour lutter contre les conflits d'intérêt. Antinio Di Pietro et son parti demande la démission de Berlusconi. Les avocats du président du Conseil italien précisent que si " la loi est égale pour tous, son application ne l'est pas forcément " . Des propos qui veulent tout dire !

Précisons que Reporters sans frontières menace de placer l'Italie sur sa liste des pays où la liberté de la presse est en danger.


Samedi : Obama, un Nobel de la paix surprenant !

Barack Obama a été choisi par le comité Nobel pour le prix Nobel de la paix. Le président américain dans un discours tout en retenue précise qu'il ne le mérite pas et glisse discrètement qu'il fera tout pour sortir l'Irak et l'Afghanistan de leur situation de guerre. Après seulement quelques mois d'exercice, le président américain a certes montré une certaine volonté d'apaiser les relations internationales mais n'a rien réalisé ou presque de concret. Ajoutons aussi que son pays est en guerre en Irak et en Afghanistan. Le Nobel de la paix à un président d'un pays en guerre ? C'est plutôt surprenant. Entre étonnement et fierté, dans le monde entier en dépit des concerts de louanges dont la France n'est pas exempte, on peut distinguer des voix discordantes qui trouvent que d'autres personnalités auraient plus mérités ce prix telles que Hu Jia qui s'est vu décerné le prix Sakharov 2008 par le Parlement européen.

Parlement européen qui a sélectionné les 3 finalistes pour le prix Sakharov 2009 :
- le docteur Izzeldin Abuelaish qui a perdu sa famille dans un bombardement israëlien en Janvier 2009, personnalité qui se bat pour la paix en Palestine et qui désire mettre en place une fondation pour développer l'éducation des femmes à Gaza et dans le monde;

- l'assocation Mémorial, dont le premier dirigeant fut Andreï Sakharov, qui cherche à promouvoir la défense des droits fondamentaux dans les pays issus de l'ancien bloc communiste et soviétique;

- le journaliste erythréen Dawit Izaak, emprisonné pour des raisons politiques depuis 2001 et considéré comme un traitre dans son pays. Son crime ? Se battre pour une presse indépendante et demander une expertise indépendante sur la guerre entre l'Éthiopie et l'Érythrée.

Le successur d'Hu Jia sera connu le 22 Octobre prochain.

samedi 10 octobre 2009

Pourquoi voter MoDem ?

Cette question, nous est un jour ou l’autre venu à l’esprit à tous. Nous y avons tous réfléchis pour trouver des arguments capables de convaincre les électeurs de voter pour le Mouvement démocrate. Pourtant, cette question revient en ce moment sur le devant de la scène suite à deux articles de l’Hérétique intitulés : « Électeurs de gauche, vengez-vous de la gauche : votez MoDem ! » et « Électeurs de droite, vengez-vous de la droite : votez MoDem ! », le tout publié mardi dernier, le 06 octobre en pleine après-midi. Mais ce qui a vraiment attiré l’attention sur ces articles est la réaction de Christophe Ginisty. Dans un billet intitulé « Pourtant, je l’aimais bien l’Hérétique », Christophe Ginisty fait part de sa déception et surtout pense qu’avec une telle démarche « il [l’Hérétique] déraille ».

Si les positions de l’un et de l’autre sont diamétralement opposées dans ces articles, elles posent néanmoins LA question « Quel discours tenir aux électeurs déçus et aux électeurs tout court qu’ils soient de gauche ou de droite ? » et plus précisément « Comment convaincre ces personnes de voter démocrate ? ».
Je vais donc tenter de me lancer dans un exercice fort apprécié des juristes, le commentaire !


Éviter de faire de « l’anti ».
L’Hérétique, tête fort connue de la blogosphère démocrate a donc publié mardi deux billets dans lesquels il adresse successivement aux déçus de la gauche et de la droite un appel à voter MoDem aux prochaines régionales.

Son premier billet sent le vécu puisque fustigeant la forte de la fiscalité parisienne (l’Hérétique est parisien) et les conséquences de la politique de déplacement et d’aménagement de la majorité actuelle, l’Hérétique leur adresse le message suivant : électeurs de gauche votez démocrate car le MoDem n’a voté aucune de ces « mauvaises » décisions. Et de mettre les Verts dans le même sac car partie prenante de la majorité municipale.

Son deuxième billet s’adresse lui aux électeurs de droite. Reprenant les arguments avancés pour les électeurs de gauche à savoir la hausse de la fiscalité, l’Hérétique avance un argument massue : l’UMP est favorable aux péages urbains. Ne négligeant pas les conservateurs, l’Hérétique mentionne la remise en cause des fondamentaux républicains rappelant que l’Éducation nationale va plus ou moins payer des lycéens pour qu’ils soient présents en cours. Et de rappeler que François Bayrou fut le premier à dénoncer cette situation.

A ceux qui seraient de voter Vert ou Europe-Écologie (formation qui rappelons-le ne recouvrent pas la même réalité), l’Hérétique assène une série de clichés sur les écolos du type : « vous ne pourrez plus utiliser votre voiture avec eux » ou encore « certains sont […] des affidés du facteur (sous-entendu de Besancenot) ». Et de conclure que voter MoDem est la seule solution.


La déception de Christophe Ginisty.
Le soir même, peu avant 20h, Christophe Ginisty sur son blog donne son avis sur les billets publiés quelques heures avant par l’Hérétique. Rappelant l’intérêt qu’il porte au blog de l’Hérétique, Christophe trouve cependant que les derniers billets de l’Hérétique ne sont plus aussi bons qu’avant. Dénonçant le « suivisme » de son « confrère » blogueur, il note une perte d’indépendance nuisible à qualité des articles publiés, avant de donner son avis sur les deux billets publiés peu avant par l’Hérétique. Christophe Ginisty pense que ces billets sont loin d’être bons et qu’ils traduisent « le degré zéro de l’engagement politique » puis d’asséner que le Mouvement démocrate n’a pas « la vocation d’attirer tous les aigris de la Terre ». En résumé, Christophe Ginisty reproche à l’Hérétique son discours « anti ».


L’Hérétique ou Ginisty : qui a raison ?
Bonne question ! On pourrait dire les deux tout aussi bien que personne et ainsi que je le rappelle en début d’article, dans le fond, cela nous amène à réfléchir au discours à tenir vis-à-vis des électeurs.

Tout comme Christophe Ginisty, je trouve que l’Hérétique a tort quand il tient un discours « anti » mais je suis pas d’accord quand il dit que l’Hérétique « déraille », l’Hérétique a un positionnement et a le droit d’en changer. Loin d’être dramatique cela doit au contraire renforcer le débat. Ainsi, si les failles et les erreurs des autres doivent être mentionnées, elles ne suffisent pas à faire un programme. Deux exemples le montrent parfaitement.

Le premier est la sortie du livre « Abus de pouvoir » en pleine campagne électorale des européennes. Cette sortie ayant à tort été considéré comme la traduction d’un positionnement anti-sarkozyste et a été sanctionné dans les urnes.

Le deuxième exemple est plus récent, il s’agit de la campagne des Grünen lors des législatives allemandes. Ces derniers, voulant uniquement une coalition rouge-vert (SPD - Grünen), ont fait une campagne contre une éventuelle coalition noir-jaune (CDU/CSU - FDP) et contre le positionnement libéral du FDP. Conséquence, alors que de manière générale, les écologistes enregistrent de nets progrès un peu partout en Europe, les Grünen ne progressent que très modestement au Bundestag.

Un constat s’impose donc, une campagne qui dénigre l’adversaire au lieu de proposer un projet n’est pas constructive et fait perdre les élections.

Ensuite, l’Hérétique mentionne la hausse de la fiscalité comme argument pour voter démocrate. Et là, je m’insurge. C’est un faux argument. Quelque soit la couleur de la municipalité de Paris, ou quelque soit la couleur de la collectivité locale, les élus sont tous confrontés aux mêmes problèmes : l’obligation de rembourser les dettes.

Pour ceux qui ne connaissent pas bien les collectivités locales, il faut savoir que les collectivités locales a contrario de l’État doivent présenter des budgets équilibrés et qu’elles ont l’obligation de rembourser leurs dettes en priorité. A défaut, et pour faire court, c’est le préfet qui après avis de la Chambre régionale des Comptes compétente prendra les mesures appropriés soit en clair, une mise sous tutelle et une forte augmentation des impôts pour rembourser.

L’Hérétique prend l’exemple de Paris car il est parisien mais on pourrait l’élargir à toutes les collectivités locales françaises. Avec la crise financière, les banques ont refusé de se prêter entre elles et par ricochet aux collectivités. Ainsi, en 2008, l’État a-t-il du prêter 5 milliards d’euros aux banques pour que celles-ci puissent prêter aux collectivités sous peine de banqueroute de beaucoup d’entre elles. Durant les élections municipales et cantonales de l’année dernière, beaucoup de candidats ont promis qu’ils n’augmenteraient pas les impôts pour se faire élire. Le phénomène est d’ailleurs classique. Mais, une fois en place, ces élus quelque soit leurs promesses font face peu ou prou aux mêmes situations financières, à savoir des emprunts à rembourser et l’impossibilité ou presque d’emprunter. Dans ces cas là et après avoir réduit au maximum les dépenses, il n’y a pas d’autre choix que d’augmenter la fiscalité pour rembourser les dettes. Si la droite avait regagné la mairie de Paris, elle aurait tout autant augmenté les impôts que la gauche. Pire, l’augmentation aurait sûrement été plus forte puisque la droite aurait probablement profité du changement de majorité pour rejeter la responsabilité sur la majorité sortante, là aussi un grand classique.

Ensuite, la question des péages urbains est dans la tête de tous les élus ! De Martine Aubry à Lille qui rappelons-le gouverne avec le MoDem aussi bien à la ville de Lille qu’à la communauté urbaine Lille Métropole ou à Lyon dirigée par une majorité socialiste, qu’à Marseille ou à Bordeaux dirigées par une majorité de droite. Les péages urbains sont envisagés comme un moyen de désengorger les centres-villes du trop-plein de voiture et pas comme une volonté primitive de faire payer les automobilistes.


Comment convaincre de voter démocrate ?
La réponse n’est pas aisée mais doit passer par un projet construit et clair. Si en 2007, François Bayrou a presque réussi à passer au second tour c’est grâce à son projet. Ce projet contenait des idées que l’on attribue classiquement à la gauche, d’autres à la droite mais au final, il se tenait. Cohérent, il donnait envie voter François Bayrou. La partie économique était d’ailleurs la plus crédible avec une approche économique et non partisane de la question de la dette publique et c’est d’ailleurs ce point particulier qui a fait voté nombre de français dont moi.

Rejeter les socialistes, les conservateurs ou les verts dans les cordes sous prétexte que leur ligne générale n’est pas la nôtre serait du sectarisme.

Aux électeurs socialistes, nous devrions mettre en avant des propositions qui montrent que sommes attachés aux éléments fondamentaux de l’égalité et de la justice républicaine via des initiatives sociales qui loin de soutenir l’assistanat se veulent constructive et vise à améliorer le retour à l’emploi.

Aux électeurs de droite, nous devrions montrer que nous partageons beaucoup de points communs avec François Goulard (député UMP et ancien ministre) tels que la défense de la laïcité, la lutte contre le communautarisme, la nécessité de soutenir les petites entreprises sans penser à tous les instants à les taxer et penser comme le disait Churchill à voir plus le chef d’entreprise comme « le cheval qui tire le char » que comme « un homme à abattre ou une vache à traire ».

Aux électeurs des Verts ou d’Europe-Écologie, nous devrions mettre en avant l’importance que revêt la question environnementale dans notre projet qui se veut écologique, démocrate et humaniste. Montrons-leur que le développement durable, ce n’est pas seulement une question de poubelle ou de panneaux solaires mais que le projet démocrate envisage aussi la prise en compte de l’importance des aspects sociaux et culturels du développement durable.

Pour conclure, et comme le disait ce bon vieux Winston Churchill : « Agissez comme s'il était impossible d'échouer ».