Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

samedi 30 mai 2009

Daniel Cohn-Bendit serait-il vert de jalousie ?

Daniel Cohn-Bendit aurait-il l’ambition de rentrer à l’UMP ? Franchement, c’est une question qui se pose de plus en plus lorsque l’on voit ce que dit Daniel Cohn-Bendit ces derniers temps. Car figurez-vous que le chef d’Europe-Écologie qui dispute des électeurs au Mouvement démocrate de François Bayrou est en train de faire la campagne de l’UMP et donc du PPE en suggérant aux Verts italiens de s’allier avec la droite de Silvio Berlusconi et la ligue du Nord, ou encore dernièrement en inventant carrément des propos qu’il prêterait à Corinne Lepage.
On le sait si Daniel Cohn-Bendit est venu se présenter en France, c’est pour sauvegarder la « filiale » française des Verts européens. Il faut dire que les Verts français étaient dans un piteux état après la présidentielle de 2007 avec moins de 2% des voix, un parti qui prenait l’eau de toute part. En convaincant Éva Joly, qui était intéressé par le MoDem, de concourir pour la franchise Europe-Écologie, Daniel Cohn-Bendit a réussi un 1er coup. Mais cela ne suffit pas car le Mouvement démocrate de François Bayrou est porté par une forte dynamique. En effet, la sortie des différents livres de personnalités du MoDem en Avril ou début Mai a braqué les projecteurs sur le parti centriste. Ceci s’est doublé du fait que le parti orange mettait du vert à tous les étages avec la candidature de Corinne Lepage dans le Nord-Ouest, de Jean-Luc Bennahmias (ancien secrétaire national des Verts) dans le Sud-Est ou encore de Yann Wehrling (avant dernier secrétaire national des Verts) en 3e position dans l’Est.
Alors que le MoDem vient de publier son dernier tract qui montre l’ampleur du travail fourni dans les diverses commissions préparatoires auxquelles ont participé près de 5000 personnes, difficile de prendre le parti orange à défaut sur ce sujet pour les Verts, et ce d’autant plus que les centristes partagent des accords sur certains points, ou mieux sont plus écologistes que les Verts sur d’autres !
Comment faire donc pour renverser la vapeur et convaincre les électeurs de voter plutôt Verts que MoDem sachant que beaucoup hésitent entre les deux. A ce jeu, il semble que Daniel Cohn-Bendit semble se lancer dans des attaques personnelles et la dernière personne visée n’est autre que Corinne Lepage.

Tirs à vue sur Corinne Lepage !
Affirmant que Corinne Lepage n’a pas rejoint Europe-Écologie parce qu’elle voulait devenir ministre, Daniel Cohn-Bendit a jeté un pavé dans la mare et tenté de faire parler des Verts dans la région Nord-Ouest. Il faut dire que Corinne Lepage est la personnalité la plus connue et apprécié des électeurs de cette grande région ce qui démontre que la campagne de terrain de celle-ci est efficace.
Si la tête de liste locale, Hélène Flautre députée sortante a fait correctement son travail de députée, celle-ci est presque inconnue des électeurs du Nord-Ouest qui connaissent par contre Corinne Lepage.
A ces accusations, Corinne Lepage s’est fendu d’un communiqué repris l’AFP et déclare, je cite : « Je ne sais pas s'il dit cela parce que lui est frustré de ne jamais avoir été ministre, mais moi ça n'a jamais été ma règle de conduite dans la vie ». Et Corinne Lepage de rappelé qu’elle a avait été sollicité plusieurs fois pour rentrer dans le gouvernement, notamment en 2007 et qu’elle avait à chaque fois refusé.
Sur ce point, je confirme Corinne Lepage répète à chaque fois qu’on lui demande pourquoi elle se présente que la charge de député européen est la seule qui l’intéresse et que bien qu’on l’ait sollicité plusieurs fois pour redevenir ministre, elle a refusé à chaque fois.
Et Corinne Lepage de poursuivre qu’elle a refusé de rejoindre Europe-Écologie car le projet manquait singulièrement de cohérence en mélangeant des partisans du traité constitutionnel et des opposants à celui-ci, mais surtout sur la suite à donner après les élections européennes à ce collectif.

« La deuxième raison, c'est que quand j'ai posé à Daniel Cohn-Bendit la question de savoir, "mais après on fait quoi ?" il m'a répondu "rien" ».

Or « je suis dans une construction d'un projet à moyen et long terme, pas dans un one-shot (coup d’un soir) », a-t-elle dit. « J'ai toujours dit que je souhaitais que le MoDem devienne le parti du développement soutenable, et c'est à cela que je m'accroche ».
A cet égard, il est important de rappeler comment Corinne Lepage a rejoint le Mouvement démocrate. Alors que l’UDF a intégré le Mouvement démocrate et « transféré » tous ses militants au Mouvement démocrate, ne laissant subsister l’UDF que pour conservation des biens notamment immobiliers appartenant à l’ancien parti centriste, Corinne Lepage a intégré le MoDem autrement.
Présidente du parti CAP21, mouvement qui est cofondateur du Mouvement démocrate mais qui a toujours une existence propre ce qui le différencie de l’UDF. Ainsi, il est encore possible d’adhérer à CAP 21 mais plus à l’UDF, et tout membre de CAP 21 est automatiquement membre du MoDem.
Cette situation permettant à CAP21 de garder son autonomie tout en faisant exister le MoDem.
L’avantage est que Corinne Lepage garde une certaine liberté de parole et d’action et de concilier cela avec la construction sur le long terme d’un projet politique dont la vocation est de faire peser l’écologie au niveau politique. Ainsi, alors que le rassemblement Europe-Écologie n’a été créé que pour les élections européennes, Corinne Lepage a elle une ambition de plus long terme avec le Mouvement démocrate.

Voilà ce qui différencie le comportement de Corinne Lepage et celui de Daniel Cohn-Bendit. Alors que la 1ière s’inscrit dans une stratégie de durée sur le long terme, le 2e s’inscrit dans une perspective essentiellement électoraliste.

"L'Europe sociale" à Maisons-Alfort, un café démocrate avec Christelle de Crémiers.


Ce jeudi 28 mai 2009, le MoDem de Maisons-Alfort organisait un café démocrate sur le thème de l’Europe sociale.

"L'Europe sociale, c'est quoi ?" avec Daniel Neraudau.
Une vidéo reprenant les interventions de françaises et de français sur ce que recouvre pour eux l’Europe sociale a introduit la 1ière intervention. Après une présentation générale de la situation suivi d’une et que fait l’Europe au niveau social, M. Daniel Neraudau qui avait géré la commission nationale sur le sujet, nous a esquissé les solutions auxquelles avait abouti la commission sur l’Europe sociale et qui se sont retrouvés dans le programme. S’en est suivi un échange avec la salle et diverses questions réponses sur le sujet avant de clore la 1ière partie.

Le développement durable, volet social avec Christelle de Crémiers.
La 2e partie du café démocrate concernait elle le volet social du développement durable. Après une nouvelle vidéo récoltant les avis des françaises et français sur le sujet, ce fut au tour de Christelle de Crémiers, vice-présidente du Mouvement démocrate de Paris et ancienne candidate MoDem sur le 17e arrondissement pour les élections législatives, d’intervenir. Après un exposé concis qui rappelait que le volet social du développement durable est très souvent oublié par les personnes qui prétendre faire du développement durable, point sur lequel Corinne Lepage a insisté dans son dernier ouvrage « Vivre autrement » et encore le samedi 23 mai 2009 dernier, Mme de Crémiers a montré par quelques exemples très concrets comment on pouvait développer les pratiques sociales en terme de développement durable comparé à certaines politiques de gestion actuelle notamment dans les ressources humaines et de rappeler l’exemple d’une société qui délocalise en Inde et qui a proposé le transfert de ces salariés dans ce pays pour un salaire de 69€ mensuels. Cette brève présentation s’en est suivie d’un échange de questions réponses sur le sujet. Christelle de Crémiers tentant d’apporter une réponse très concrète à chaque fois qui évitait le langage pourtant parfois si compliqué utilisé la plupart du temps pour parler d’Europe.
L’intérêt de la salle sur le sujet était manifeste mais les impératifs de temps ont contraint à mettre fin à ce café démocrate où le public présent n’était pas uniquement composé de personnes acquises à la cause démocrate. Nombre de personnes étaient en effet venues à ce café démocrate qui a rassemblé une trentaine de personnes. Les plus téméraires ont continué le débat sur le sujet dans un éminent établissement de la ville où les gorges assoiffées ont pu être calmées.
Joyeuse campagne que celle des européennes de 2009 où le Mouvement Démocrate est très présent sur le terrain.

vendredi 29 mai 2009

Le PS, hypocrisie quand tu nous tiens.

Dimanche dernier, à la veille du début de la campagne officielle, deux des chefs socialistes étaient présents dans les médias. Martine Aubry a ouvert le bal sur iTélé et France Info.

Et, durant cette émission peu de propositions de la part du PS, si ce n’est : « Allez voir dans le manifesto que nous avons signé avec les autres partis socialistes membres du PSE (parti socialiste européen) ». Le problème est que le parti socialiste français est la plupart du temps en désaccord avec ses camarades du PSE, et on peine à croire d’un coup tout ait changé. En regardant dans le fameux manifesto, on se trouve des lapalissades comme « la défense d’un salaire décent ». Comme l’a dit Jean-François Kahn, on les voit mal défendre un salaire indécent. Et tout le manifesto est ainsi rédigé.
Comme on le dit, les vraies sont celles sur lesquelles on peut prendre position et s’opposer, ce qui n’est pas le cas pour ce que propose le PS.

Ensuite, Martine Aubry a été inévitablement interrogé sur son positionnement vis-à-vis du MoDem et là, on tombe dans l’hypocrisie. Dénonçant le fait que le Mouvement Démocrate ait signé la manifeste de Stockholm et de dénoncé que les députés du Mouvement Démocrate siègent avec les libéraux au Parlement européen. Or, comme je l’ai rappelé plusieurs sur ce blog, comme l’a démontré le journal Libération dans un article intitulé « La tentation Bayrou effraie Solferino », ces accusations sont infondées. Les députés démocrates votent avec le PSE sur les services publics alors que le PS vote dans beaucoup de cas contre son propre groupe faisant ainsi le jeu de la droite. Bernard Lehideux a même proposé un amendement plus protecteur que celui-ci qui a été adopté pour protéger les services publics, amendement rejeté de peu notamment du fait de l’opposition de 11 députés UMP qui ont fait pencher la balance dans l’autre sens.

Ensuite, et c’est là que ça devient intéressant, tandis que les journalistes l’interroge que bizarrement Martine Aubry a des membres du MoDem dans sa majorité municipale, Mme Aubry se met à parler à la place des démocrates lillois déclarant « Au MoDem à Lille, ils ne défendent pas l’Europe de monsieur Bayrou ». C’est fort mal connaître les démocrates du Nord ! Moi-même militant démocrate du Nord, je fréquente assidûment mes amis lillois et je peux dire que les militants lillois tout aussi bien que les élus démocrates lillois sont bien derrière François Bayrou et Olivier Henno (2e sur la liste MoDem du Nord-Ouest et président du MoDem Nord) et qu’ils défendent la même vision que lui. La démonstration peut se voir sur l’agglomération lilloise où les militants oranges sont bien plus visibles que les militants socialistes et les militants UMP. Bref, encore une contrevérité. Donc, avec la mauvaise foi qui l’a caractérise, madame Aubry ne se permet pas seulement de parler mensongèrement du MoDem, elle se permet carrément de parler à leur place.

Mme Aubry a ensuite poursuivi « Il faut des hommes et des femmes qui aient une vision et c’est ce que nous proposons au PSE ». Or, le PS peine à se trouver un chef incontesté et a des propositions plus que floues si tant est que l’on puisse considérer ce qu’il présente aux français comme un programme. Abordant ensuite, le sujet de la sécurité suite à l’interpellation la semaine dernière de 2 enfants de 6 et 10 ans, la secrétaire nationale du PS fut plus crédible et dire « N’utilisons pas la sécurité comme prétexte » et de dénoncer le fait que président de la République fasse de la politique spectacle.

Finissant l’émission par des louanges pour les autres partis socialistes européens : « Un parti [le PSE], capable de faire des propositions dans tous les domaines » ce dont on doute et pour reprendre Martine Aubry, il suffit de regarder dans le manifesto. Ou encore « Nous sommes unis sur l’Europe. Nous sommes unis avec les autres partis socialistes européens. », parole immédiatement mise en doute par le journaliste qui dirigeait les débats car les socialistes français votent très souvent contre leur propre groupe.

Harlem Désir faisait le bon petit socialiste en répétant à qui voulait l’entendre que tout était dans le fameux manifesto et de répéter à quelques mots près ce qu’avait dit Martine Aubry.
Des débats pauvres desquels on ressort avec le sentiment que le PS n’a pas tiré la leçon de ses échecs électoraux et du fossé qui se creuse entre le PS et les français. Dommage !

mercredi 27 mai 2009

Compte-rendu du débat entre Corinne Lepage et les bloggeurs sur Lille.


Corinne Lepage a très bien compris les enjeux des nouvelles technologies et cela se voit dans sa campagne qui utilise massivement les nouvelles technologies. C’est dans ce contexte et après une 1ière rencontre avec des bloggeurs sur Rouen que Corinne Lepage est venu sur invitation de Marc Vasseur, ancien élu et bloggeur, organisateur de « Blog en campagne », évènement qui envisage d’inviter toutes les têtes de liste de la région Nord-ouest à passer à la moulinette des bloggeurs nordistes. Les bloggers étaient : Marc Vasseur donc, Pascal Cobert, Yves Delahaie, moi-même Orange pressé ainsi que d’autres dont je n’ai pas retenu le nom.

Les questions ont été diverses et nombreuses et Corinne Lepage a du s’arrêter pour prendre le dernier TGV pour Paris mais dans l’ensemble la rencontre fut intéressante.

Alors que Marc Vasseur rappelait à Corinne Lepage qu’un sondage la plaçait en tête en termes de notoriété, l’intéressé soulignait que la notoriété est particulièrement volatile et que c’est surtout la reconnaissance des français qu’elle cherchait. Et d’insister qu’elle a été ministre il y a 14 ans et que c’est surtout ses activités de conférencière et d’avocate qui ont entretenu sa notoriété.
Sur ce point, je suis complètement d’accord. Jacques Chirac qui avait une notoriété au raz des pâquerettes à la fin de son mandat est maintenant plébiscité par les français.

Questionné sur une certaine radicalité de sa part, Corinne Lepage la revendiquait car estime-t-elle la situation est parfois telle qu’il faut réagir fortement pour faire bouger les choses et de rappeler ses actions sur HADOPI ou plus récemment sur le comité de biotechnologies dont elle remet en cause l’impartialité (elle a formé un recours devant le Conseil d’État ce 27 Mai à ce propos). Corinne Lepage a aussi manifesté son agacement devant les pratiques de « green washing » ou de rappeler que les propos de Nicolas Sarkozy sur ces prédécesseurs lui semblaient déplacés. Enfin, de noter que la crise actuelle nécessite une réponse forte et claire.


Sur ses opposants.
Si Corinne Lepage dit avoir des points communs avec les verts, elle a aussi mentionné qu’elle avait aussi de nombreuses différences. Et qu’en temps que laïque convaincue, elle ne pouvait cautionner les propos tenues par partisan de Tarik Ramadan que soutient Hélène Flautre dont elle reconnaît qu’elle a fait un bon travail en tant que députée européenne.
Se défendant de porter un jugement sur ses adversaires, elle révèle qu’elle aurait préféré avoir quelqu’un du calibre de Vincent Peillon comme adversaire.

Le dit Vincent Peillon est député sortant dans le Nord-Ouest mais a été parachuté dans les Sud-Est. Lors de la conférence nationale du MoDem, le 23 Mai, mes amis militants du Sud-Est m’ont rapporté l’anecdote suivante. Alors qu’un débat était organisé entre les têtes de liste locales, tous montraient une certaine apathie hormis Jean-Luc Bennahmias. Vincent Peillon lui se contentait de relire quelques passages du manifesto lorsqu’il n’avait pas la parole et de réciter le fameux manifesto. Je connais pas Vincent Peillon mais une telle attitude est à mon sens le signe d’un certain dédain pour ne pas dire un dédain certain pour les personnes devant lesquelles on se présente.

Marc et Yves ont ensuite interrogé Corinne Lepage sur l’organisation de temps et comment elle comptait s’organiser. Mme Corinne Lepage a fait preuve d’honnêteté sur ce point et c’est rare.
Rappelant ses autres activités, elle nous a affirmé qu’elle abandonnerait ses activités de conférencière qui lui prennent beaucoup de temps. Elle a aussi insisté sur le fait que le mandat européen était le seul mandat qui l’intéressait et que d’autres activités pourraient conduire à un conflit d’intérêts.

A ce moment, il m’a semblé intéressant de questionner Mme Lepage sur l’avenir de la Commission et de rappeler que dans l’état actuel des choses, M. Barroso semblait être en route pour un 2nd mandat. Expliquant que le futur président de la Commission se devait d’être un européen convaincu, d’expérience et qui ne tende pas vers une attitude trop libérale, elle a rappelé que le Parti démocrate européen soutenait la candidature de M. Guy Verhofstadt qui avait été évincé en 2004.

Sur le fait que le MoDem parle de la France dans la campagne des européennes, Mme Lepage a défendu cela arguant qu’à force de séparer la France et l’Europe ont allait droit à la cassure entre l’Europe et les français et les divisions partisanes ne se situaient pas entre la droite et la gauche mais au niveau du choix du modèle de société du XXIe s.

Sur l’agriculture, Mme Lepage a surtout dénoncé le double-jeu de Michel Barnier qui avait approuvé les décisions sur le lait, la pêche et de souligner que l’agriculture était un enjeu majeur pour la chimie verte du futur, et pour toutes les activités de la société du futur. Et de mentionner notamment le rôle de pointe que jouait le Nord en matière de techniques de méthanisation.

Questionnée sur la mobilisation faible attendue, le 7 Juin prochain, Corinne Lepage a d’abord parlé du manque de transparence dans les décisions avant d’insister sur sa présence plus qu’accrue sur le terrain.

Je confirme Mme Lepage fait beaucoup de terrain, 4 visites de terrain par jour. J’ai pu la suivre durant cette journée du 19 Mai et la journée était épuisante. Suivant les campagnes des autres grosses écuries, j’ai été réellement impressionné par la combativité et la volonté de Mme Lepage de rencontrer le plus de personnes possibles. Encore une fois, le contraste avec la concurrence est criant. Je pense que cette attitude qui vise à rencontrer le plus possible de personnes sera payante. Ce « porte à porte géant » est à mon avis un élément clé à prendre en compte et je ne serai pas étonné que Mme Lepage soit la surprise au niveau de la grande région Nord-Ouest pour ces européennes.

Tandis qu’Yves posait la question que les électeurs hésitaient entre les Verts et le MoDem, a encore une fois rappelé que des points de convergence existait mais aussi que de nombreuses différences sur le PAC, sur la relance ou sur la place de la France voir la Turquie séparaient les verts des démocrates.

Sur la crise, Corinne Lepage a noté que malgré le plan climat, l’Europe était à la traine par rapport à la Chine, aux Etats-Unis ou encore par rapport à la Corée du Sud soulignant que malgré des ambitions affichées l’Europe ne mettait pas les moyens. D’autres questions comme les réfugiés climatiques ou encore des conflits liés à l’eau ont aussi été abordés et Mme Lepage a, à chaque fois insistée sur le rôle essentiel de l’Europe sur ces questions.

Comme tout a une fin, le débat s’est terminé pour des contraintes d’horaires de train.

Bilan.
Je garde de ce débat une bonne impression générale. Les questions étaient posées sans détour mais dans une ambiance de respect mutuel. On voit que Corinne Lepage connaît son sujet et on a l’impression que lorsqu’elle siègera, elle sera une parlementaire assidue. A voir ce que vont donner les prochaines rencontres.

mardi 26 mai 2009

Internet consacré comme droit fondamental ?

Alors que Mme Christine Albanel, ministre de la culture, persiste à dire que l’accès à Internet n’est pas une liberté fondamentale, les faits pourraient lui donner et même puisqu’alors qu’on attendait que ce soit le juge européen ou communautaire, ce pourrait être le juge français et encore mieux, un juge administratif. Comment ?


L’origine.
Tout part d’une bonne intention. France Télécom via Orange, a décidé de lancer une offre sociale de téléphone portable et une autre d’accès à Internet chacune comprenant des prestations de base limité pour 10€/mois mais permettant aux plus démunis d’avoir accès à ces services devenus indispensables dans la recherche d’emploi. Alors qu’il y a quelques années, une telle offre aurait été considérée comme un service public, tout change depuis la libéralisation du marché des télécoms.
L’offre bien attentionnée de France Télécom est vue comme un moyen de renforcer sa présence sur le marché des télécoms et comme une tentative de rétablir son monopole via cette offre à prix cassés.

Une atteinte à la concurrence ?
SFR et Bouygues Télécom envisagent de faire des recours devant le Conseil de la concurrence sur ce sujet. Mais l’UFC-Que choisir aussi ! Si les 2 opérateurs jugent que cela entraînerait une distorsion de concurrence et donc que cela leur causerait préjudice. Les clients captés grâce à l’offre sociale étant incités à garder le même opérateur une fois sortis de leur situation sociale défavorable.
L’UFC-Que Choisir a un raisonnement légèrement différent. Pour l’association, cette offre doit être non seulement proposée par tous les opérateurs pour respecter le droit de la concurrence mais aussi être étendue via la notion de service universel.

L’extension de la notion de service universel.
Pour l’association de défense des consommateurs, l’offre sociale d’Orange étend de fait la notion de service universel. L’association demande donc l’extension de la notion de service universel aux offres triple-play (3 en 1). De fait, si l’État accède à la demande de l’association, cela revient à accepter le droit d’accès à Internet comme une liberté fondamentale, chose que cherche à tout pris à éviter le gouvernement qui a tenté tout ce qu’il pouvait pour l’éviter, notamment en faisant pression au Conseil de l’Union européenne.

Et le juge dans tout ça ?
Il ne vous aura pas échappé qu’au début de cet article, je parle du juge administratif. Mais que vient-il faire dans notre histoire celui là ?
La réponse est simple, les plaignants s’adressent au Conseil de la concurrence puisque dans notre histoire, c’est principalement un problème de concurrence. Or, le Conseil de la concurrence est à la fois une AAI (autorité administrative indépendante) et une juridiction administrative spécialisée. A ce titre, elle peut prendre des sanctions en matière de concurrence et dans notre cas étendre le principe de service universel. Or, évidemment, quelque soit la décision prise, il y aura très probablement appel. Appel qui se ferait devant le Conseil d’État, juridiction suprême en matière administrative qui peut soit statuer directement s’il évacue le problème soulevé par la qualification de droit d’accès à Internet comme liberté fondamentale, soit soulever une question préjudicielle devant la CJCE (Cour de justice des communautés européennes) de Luxembourg puisqu’en l’occurrence c’est plutôt un problème de droit communautaire.

Conclusion.
Bref, arrêtons la procédure mais pour faire simple, un tout petit recours pour un problème somme toute assez mineur peut être l’occasion d’un grand bouleversement juridique qui coulerait ce qui reste de la loi « Création et Internet » dite HADOPI lorsqu’elle sera passé par le Conseil constitutionnel, si elle le passe, ce qui n’est pas dit.

Brèves de campagne : Jean-François Kahn sur RTL et les débats du jour.

La campagne officielle a démarré hier, et déjà les choses bougent. Enfin, elle commence la campagne, la pure, la dure, la vraie, celle qui accompagné de son cortège de débats, de mobilisations des différents partis.

La journée d'hier a donc été l'occasion de quelques déclarations.

Jean-François Kahn, invité de Jean-Michel Apathie sur RTL.
Défendant son engagement dans cette campagne des européennes par le type de mode de scrutin, JFK interrogé sur le fait que François Bayrou ait sorti un livre concernant principalement Nicolas Sarkozy, faisait remarquer que l’UMP faisait campagne sur Nicolas Sarkozy et de renvoyer vers les affiches et tracts de campagne de l’UMP. Et effectivement, c’est surtout le président de la République qui est mis en avant par l’UMP. JFK tape là où ça fait mal et la réaction n’a pas tardé à l’UMP puisqu’il suffit de se rendre sur le site de campagne pour trouver un message d’un militant UMP en une du site de campagne UMP dénonçant « les messages creux de Jean-François Kahn».
De toute évidence, le fait que JFK pointe le manque de propositions de l’UMP ne plait pas.
Il y est vrai qu’à y regarder de plus près, le programme de l’UMP est rédigé de telle manière que l’on peut qu’approuver que ce qui est dit.
Lors de la conférence nationale du Samedi 23 Mai, le même JFK disait que lorsque l’ambiance en réunion publique est morose, il lit des extraits de manifesto socialiste. On pourrait faire la même chose avec le programme de l’UMP !

Les débats du jour.
Ce lundi 25 mai, j’ai pu assister à 2 débats. Le premier avait lieu sur BFM TV entre Marielle de Sarnez et Daniel Cohn-Bendit, le 2e entre les têtes de liste des 4 principaux partis en Ile de France dans l’émission « Mots croisés » sur France 2.
Si le 1er a permis de faire émerger les différences entre le MoDem et les Verts notamment sur la question du fait de parler de la France dans la campagne électorale, sur la Turquie ou encore sur la réponse européenne face à la crise. Quelques points se sont fait jour sur la future commission, ou sur l’avenir de l’Europe dans l’économie verte.

Le débat du soir fut plus animé avec les participations de l’UMP et du PS en sus, plus quelques interventions de personnes des petits partis comme Nathalie Arthaud ou Nicolas Dupont-Aignan. Michel Barnier tentait de faire oublier qu’en tant que ministre de l’agriculture et de la pêche, il avait approuvé au niveau européen toute une série de mesures qui suscitent actuellement la colère des agriculteurs et pêcheurs (quotas laitiers et de pêche, Barrosé, etc.) tandis qu’Harlem Désir essayait lui de faire oublier que la précédente législature avait dirigée en vertu d’un accord entre le PSE et le PPE.

Alors Michel Barnier rappelait le seul argument de campagne de l’UMP qui peut se résumer par l’expression suivante : la présidence française de l’Union européenne ; Harlem Désir se présentait en héraut des services publics et dénonçait l’attitude du MoDem sur le sujet. Il est intéressant de noter que le MoDem a voté toutes les protections et dérogations pour les mêmes services publics alors le PS français a souvent voté contre son groupe en faisant alors le jeu de la droite.
Bref, rien de neuf du côté des 2 gros partis.

Daniel Cohn-Bendit, lui reprenait son discours contre le MoDem en atténuant parfois ses critiques, par la mise en lumière des contre-vérités défendus par l’UMP ou le PS.

Marielle de Sarnez a, je trouve, été la meilleure débatteuse sur France 2. N’interrompant pas les autres intervenants, défendant des propositions concrètes et gardant le masque devant des choses qui sur le coup pouvaient prêter à rire (ce dont ne s’est pas privé Daniel Cohn-Bendit) mais qui sur le fond ne l’était pas. Cette attitude était à mon avis, beaucoup plus constructive celle des autres débatteurs.

lundi 25 mai 2009

Corinne Lepage en campagne, une journée type.

Mardi dernier, le 19 Mai 2009, Corinne Lepage était en campagne dans le département du Nord avec un programme que certains qualifieraient de chargé mais est à peu de choses près la journée type de la tête de liste du Mouvement démocrate dans la grande région Nord-Ouest.

Matinée : Après une rencontre avec les magistrats et personnels chargés de la justice des mineurs, Mme Lepage se rend au Club de la presse pour un débat avec les principales têtes de liste de la grande région Nord-Ouest dont M. Riquet (UMP) et M. Pargneaux (PS).

Mi-journée : Le débat au club de la presse débordant un peu des horaires prévus, Corinne Lepage et Olivier Henno prenne un peu de retard sur l’évènement suivant : un repas républicain avec la société civile.

13h : Arrivée de Corinne Lepage et Olivier Henno au repas républicain organisé par la section MoDem du Cambrésis avec la société civile où je rejoins Mme Lepage que je suivrai pour le reste de la journée. Sont présents : des responsables associatifs, syndicaux et quelques élus locaux. Après une introduction par la candidate locale sur la liste MoDem sur le Nord-Ouest, Mme Marie Dancourt-Cavanagh, Corinne Lepage puis Olivier Henno prenne alternativement la parole tout en répondant aux diverses questions de la salle.

14h30 : Malgré un débat très constructif et de nombreuses questions de la salle, Corinne Lepage et Olivier Henno sont contraints de s’arrêter. Direction, une salle attenante où a lieu une conférence de presse avec les représentants locaux de la Voix du Nord. Les journalistes de l’Observateur de Cambrésis ne se déplacent pas. Motif invoqué par ces derniers : la liste MoDem a déjà fait l’objet d’un papier dans une précédente édition et l’hebdomadaire ne traite qu’une seule fois chaque liste.
Si Marie Dancourt-Cavanagh pour présenter sa candidature avait fait l’objet d’un article lors d’une précédente édition, il semble plus que discutable de refuser de faire un article surtout lorsqu’une tête de liste à l’emploi du temps particulièrement chargé fait l’effort de venir localement.
Alors que le travail de la presse est d’informer, on peut se demander si l’hebdomadaire cambrésien fait correctement son travail et n’a pas une vision partiale de la vie politique locale.

(La confirmation de cette intuition arrivera quelques jours plus tard lors de la venue de M. Nicolas Dupont-Aignan qui est venu le lendemain et dont la liste a bizarrement fait l’objet d’un 2nd article dans l’hebdomadaire en question. Il y a fort à parier que le soutien du député-maire local, François-Xavier Vilain n’est pas totalement étranger à ce traitement de faveur. Esprit de cour quand tu nous tiens !)

14h50 - 15h : Sortie de conférence de presse. A peine le temps de prendre un café, pas le temps de prendre un dessert, que déjà il faut repartir. Direction Douai, pour une rencontre avec des syndicalistes.

15h30 : Arrivée sur Douai. La rencontre avec les syndicalistes ne peut avoir lieu puisqu’il semblerait que la préfecture aurait fait pression pour que la rencontre n’ait pas lieu, le café où devait avoir lieu la rencontre étant à côté de la gare et donc sur le domaine public. Difficile toutefois de croire à cette histoire, puisque régulièrement des élus locaux viennent faire des conférences de presse dans le café en question. La réunion prévue ne pouvant avoir lieu, la conférence de presse avec les correspondants locaux du quotidien la Voix du Nord est avancée.

16h30 : Départ pour Lille. Durant le trajet, discussion sur les évènements qui ont eu lieu plus tôt dans la journée. Les échanges portent aussi la suite de la journée puis rapidement le temps à disposition est utilisé pour fixer les derniers détails de la journée, ajuster l’agenda pour les prochains jours ou encore travailler. Corinne Lepage continuant ses autres activités en parallèle de la campagne.

17h : Arrivée sur Lille. A peine le temps de sortir de la voiture, de prendre les sacs, que nous nous dirigeons vers le Furet du Nord de Lille. Les quelques 100m à faire pour s’y rendre sont mis à profit pour se reposer un peu et profiter de la brise qui souffle et du beau temps. Arrivé au Furet du Nord, direction le 1er étage pour une discussion avec un animateur autour du dernier livre de Corinne Lepage « Vivre autrement » publié aux éditions Grasset, 9€. Le public est nombreux et intéressé. Alors que l’on pouvait s’attendre à ce que le public soit majoritairement composé de sympathisants ou de militants MoDem, ce n’est pas le cas. On en retrouve bien quelques-uns mais la quasi-totalité du public est composé de personnes intéressées par la politique, mais qui ne sont pas marqués politiquement. Ceci fait que la séance de questions-réponses qui suit est très intéressante. La rencontre terminée, Corinne Lepage se prête gracieusement à une petite séance de dédicaces et n’oublie personne. Les dédicaces terminées, et à peine le temps de prendre un Coca-Cola que Corinne Lepage et Olivier Henno se dirige vers l’immeuble de Weo, chaîne TNT locale.

18h environ : Le rencontre au Furet du Nord terminée que vous pouvez retrouver en vidéos sur le blog « Les nouveaux démocrates » d’Yves Delahaie. A peine 200m de marche durant lesquels, Mme Lepage est reconnu par quelques personnes qui boivent un coup à une terrasse de café. Arrivée dans les locaux de Weo, et en ayant juste le temps de laisser ses affaires à son assistant, direction le maquillage. Corinne Lepage est en effet l’invité politique du jour de l’émission Grand Place pour parler de sa campagne et son livre « Vivre autrement ».

Vers 19h20, départ pour le dernier évènement de la journée, un débat avec des bloggeurs.
Direction donc le Café citoyen à Lille (pour ceux qui ne connaisse pas c’est près de la statue du général Faidherbe et à 50 m de la boutique du LOSC, située elle rue de Béthune) pour une rencontre avec les bloggeurs de la région lilloise et du Nord. Tandis que Corinne Lepage et Olivier Henno s’y dirigent en voiture, j’y vais à pied. A 19h30, nous sommes tous arrivés sur place.
Ce débat s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Blog en campagne » initié par Marc Vasseur où des bloggeurs se retrouvent afin de passer à la moulinette les têtes de listes aux élections européennes des différents partis.
Parmi les différents bloggeurs présents à cette soirée, il y avait : Marc Vasseur, Pascal Cobert, Martin Caudron, Yves Delahaie pour les nouveaux démocrates ainsi que moi-même Orange pressé.

Le débat s’est tenu dans une bonne ambiance et fut assez cordial. Si Marc Vasseur a très largement été le bloggeur qui posait le plus de questions, Yves, Pascal et moi-même sommes parvenus à en poser quelques unes. D’autres personnes ont aussi pu intervenir pour contribuer ainsi à un débat enrichissant. Comme je veux faire un compte rendu exhaustif, le débat avec les bloggeurs fera l’objet d’un billet séparé. Rendez-vous donc demain pour le compte-rendu du débat.

vendredi 22 mai 2009

Le PS fait la course à la mauvaise foi.


Alors que l’on pouvait penser que la palme de la mauvaise foi revenait à M. Lefebvre qui peut prononcer énormité sur énormité pour défendre la posture idéologique de l’UMP quand bien même celle-ci conduit la France dans le mur. Mais, depuis la sortie du livre de François Bayrou, M. Lefebvre a de la concurrence avec le Parti socialiste. Ce jeudi 20 mai 2009, le débat qui avait lieu entre Harlem Désir et Marielle de Sarnez nous en a donné un exemple caricatural.

Alors que l'émission avait sereinement commencé dans les 10 premières minutes avec un débat sur le fond plutôt intéressant, Harlem Désir s’est mis à tomber dans les travers de la politique politicienne, bref tout ce que détestent les gens dans la politique. Harlem Désir s’est volontairement mis à assimiler le MoDem aux libéraux européens alors que le MoDem appartient à l’EDP (European democratic party) et pas à l’EDLR qui rassemble les libéraux européens. Alors que l’on attendait que la tête de liste socialiste la mise en avant d’idées et d’un programme socialiste, Harlem Désir alignait mensonge sur mensonge, contre-vérité sur contre-vérité.


Un partage du pouvoir passé sous silence.
Dénonçant la majorité de droite au Parlement européen qui représenterait 60% du Parlement, Harlem Désir oublie un peu facilement que le Parti socialiste s’est allié avec la droite européenne pour se partager la présidence du Parlement européen et la majorité des commissions. Bien que mis devant la vérité par Marielle de Sarnez qui lui démontrait par A+B que le MoDem votait sur le plan économique la plupart du temps avec le PSE alors que le PS français votait le plus souvent contre son groupe faisant ainsi le jeu du PPE et donc de la droite européenne? Harlem Désir persistait dans son discours hypocrite.
Durant la dernière législature, le PSE et le PPE s'étant entendu sur le principe de partager la présidence du Parlement européen et des présidences des commissions parlementaires, ne laissant que les miettes aux autres groupes.


Sur les textes, la réalité a la dent dure.
Dénonçant le fait que le groupe ADLE voterait contre les services publics, M. Désir faisait preuve d’une mauvaise foi qui dépassait tout. Avançant notamment le fait que les députés démocrates n’avait pas voté un amendement excluant les services publics du champ de la directive services dite Bolkenstein, il a passé sous silence le fait que les députés démocrates avaient voté pour leur propre amendement dont le contenu était « identique » ! Ce texte de la directive Bolkenstein est d’ailleurs symbolique de l’hypocrisie des socialistes sur la question. En effet, alors que la directive était complètement réécrite sous l’influence d’une députée PSE, le PS français qui avait pourtant approuvé le compromis en commission parlementaire a rejeté le compromis trouvé lors de la séance plénière alors que les députés MoDem l’ont eux approuvé aux côtés du PSE. Les raisons de cette opposition en plénière, des raisons nationales ! Si les députés socialistes approuvaient le contenu de la directive Services, ils ont refusé de la voter car cela faisait mauvais genre devant les électeurs de gauche alors que le PS tentait d’éviter que les suffrages ne se tournent vers l’extrême-gauche. Bref, de l’hypocrisie pur jus qui décrédibilise la politique.


Les socialistes ou comment tout mélanger.
Au début de l’année et jusqu’en Mars, j’ai un camarade socialiste qui était dans ma promotion étudiante et qui me répétait à l’envie que le MoDem allait voir ce qu’il allait voir, et me glissait insidieusement que le MoDem était libéral. Ce à quoi je lui démontrai que non et que la mauvaise foi des socialistes allait encore plus qu’avant non seulement nourrir l’abstention mais aussi leur faire perdre des voix. Toutefois, si je me doutais un peu de la mauvaise foi des socialistes, je ne m’attendais pas à en voir autant de la part des socialistes. Le summum a je crois été atteint la semaine dernière avec Martine Aubry qui criait contre vent et marée que le MoDem avait signé le manifeste de Stockholm (de l’EDLR) et qu’il était libéral et donc que les socialistes n’avaient rien à faire avec de telles personnes. Or, force est de constater que les connaissances de Martine Aubry dans le domaine sont plus que lacunaires. L’ADLE est composée de l’EDP (les démocrates) dont fait parti le MoDem et de l’EDLR et que le MoDem loin de ratifier le manifeste de Stockholm a fait de nombreuses propositions pour garantir la spécificité du service public à la française.

La carotte à électeurs : le Pacte social européen.
Dans le même temps, le PS nous ressort les mêmes recettes depuis 10 ans. A croire que le programme socialiste est la copie conforme de celui du scrutin de 1999 ! Les socialistes défendent l’idée d’un Pacte social européen depuis 10 ans, pourtant tous les autres membres du PSE n’en veulent pas. Malgré tout, le PS le propose à chaque élection. C’est vrai qu’une telle idée peut faire mouche auprès des électeurs d’extrême gauche. Donc quitte à proposer une mesure qui ne pourra être adoptée au Parlement européen, autant reprendre le programme de 1999. Et c’est comme cela pour toutes les propositions du PS, regardez le programme socialiste de 1999, c’est presque le même ! Encore une fois, le PS se décrédibilise lui-même.


Conclusion.
Alors que le PS devrait s’attaquer à la question européenne avec un certain intérêt, c’est le contraire qui s’annonce. La mauvaise foi qui était présente a littéralement explosé du fait du succès du livre de François Bayrou dans les librairies reclassant les livres récemment publiés par le Parti socialiste au rang de cale pour pied de table. C’est dans cette veine que Martine Aubry veut se présenter en proposante et pas en opposante. Dans le Canard enchaîné de la semaine, une caricature représente le bureau exécutif du PS et fait dire à Martine Aubry qu’elle veut être la première opposante à François Bayrou. Force est de constater qu’au lieu de faire campagne sur le fond, le PS s’échine à tirer à boulets rouges sur le MoDem. Certes, c’est le jeu politique mais il faut noter que dans le même temps, le PS ne fait pas plus de propositions qu’il ne propose d’alternative crédible aux projets démocrate, vert, ou encore UMP.
Alors que les démocrates sont actuellement diabolisés comme les pires libéraux, Martine Aubry allant jusqu’à afficher le rejet le plus absolu d’une alliance avec le MoDem à quelque scrutin que ce soit, il est intéressant de constater que la même Mme Aubry ne trouve pas l’alliance avec les centristes sur Lille soit une mauvaise chose. Mme Aubry semble oublier un peu vite que sans les voix démocrates pour soutenir sa candidature à la tête de la communauté urbaine de Lille, l’intercommunalité aurait basculé à droite. En plus d’une mémoire socialiste sélective, les français devront composer avec un PS qui s’est lancé dans un concours de mauvaise foi. Au risque de perdre ses électeurs ? Je pense que oui.


Pour de plus amples informations, je vous invite à consulter l'article de Libération intitulé "La tentation Bayrou effraie Solférino". Plusieurs autres articles rétablissant la vérité sur la campagne se retrouve sur les sites des quotidiens Libération, Le Figaro et Le Monde.

jeudi 21 mai 2009

Européennes 2009 : L’UMP a enfin son programme.


On peut dire qu’ils nous ont fait attendre à l’UMP. Enfin, c’est fait, ils ont publié leur programme, enfin, quelque chose qui y ressemble vaguement. C’était dans la nuit du Jeudi 14 Mai 2009 au Vendredi 15 Mai 2009. Il s’est fait attendre et 24 jours avant le jour de scrutin, c’est très tard. On aurait pu penser que le parti présidentiel aurait mis ce temps à profit pour nous concocter quelque chose de correct mais il faut avouer que le résultat final est assez décevant. On aurait pu le deviner aux vues de l’intérêt que montre l’UMP et du peu de publicité que font le gouvernement et l’UMP sur le sujet. Ainsi, regardons ce qu’est l’Europe selon l’UMP. Pour des raisons pratiques, je vais reprendre chacun de leurs 10 engagements.


Engagement n°1 : Augmenter l’influence de le France en Europe.
L’UMP rappelant l’importance de l’élection du Parlement européen juge que l’influence française au Parlement européen sera renforcée avec des députés présents qui pèseront sur les grands sujets.
Si on ne peut qu’approuver un tel engagement, on constate que malheureusement l’UMP n’a pas tiré les enseignements de la dernière législature. Alors que des députés européens UMP disposaient d’une présence excellente et d’une activité qui leur a permis de peser au Parlement européen, ceux-ci n’ont pourtant pas été reconduits. Pire, ceux qui restent sont en position peu favorable ou tout simplement éliminés. Cela n’aurait pas été si grave si ceux mis en avant pour les remplacer avaient les qualités requises mais au contraire ! A la place de députés de qualité comme Jacques Toubon, l’UMP a mis en avant de personnes qui ne souhaitaient pas aller à Strasbourg mais qui ont cédé pour éviter l’ire présidentielle telle Rachida Dati dont l’engouement pour l’Europe est plus que timoré. D’autres sont de seconds couteaux qui ne doivent leur éligibilité qu’aux manœuvres de parti.
Les personnes reconduites sont loin d’avoir un comportement et une activité exemplaire. Autre caractéristique des députés français, ils sont essentiellement présents dans les commissions parlementaires qui concernent des secteurs peu concernés par les politiques communautaires et ont donc en conséquence une faible influence. Cela s’est amélioré sur la dernière mandature mais cela concerne surtout les députés MoDem via l’ADLE et quelques trop rares députés PS ou UMP. A noter que les députés sortants évincés sont souvent ceux qui étaient les plus influents au Parlement européen. Bref, tenir cet engagement semble déjà bien compromis pour l’UMP.


Engagement n°2 : Une Europe plus forte au niveau international.
L’UMP met ici l’accent sur la présidence française de l’Union Européenne, la considérant comme un large succès. Mais la présidence française est finie. Certes, médiatiquement l’Europe a pu paraître plus palpable, mais dans les faits, rien d’extraordinaire n’a été fait. La défense européenne dont la réalisation était l’objectif n°1 de la présidence française n’a pratiquement pas avancé. La présidence française n’a pas plus résolu le conflit en Géorgie, se contentant d’apposer sa signature sur la proposition de sortie de conflit russe. Depuis, l’armée russe occupe toujours une part importante de la Géorgie. La lutte contre la crise n’a pas non plus brillé par son succès. La commission Barroso se contentant de faire l’addition des divers plans de relance nationaux pour donner l’illusion de l’existence d’un plan de relance européen. Les fonds européens débloqués ne représentent que 5 milliards €, autant dire une somme ridicule.
La présidence française de l’Union n’a donc pas été la réussite que l’on tente de nous vendre. Elle a été correcte sans être exceptionnelle. Et une fois l’écran de fumée de l’apparente suractivité du président français évaporée, le retour à la réalité a été dur.
Autre élément qui doit peser pour une Europe forte sur la scène internationale, le renforcement du Parlement européen avec l’adoption du traité de Lisbonne et la désignation du président de la Commission non plus par cooptation du Conseil de l’UE mais une élection par le Parlement européen. Une Commission européenne forte aura pour conséquence une Europe forte, ce qu’elle n’a pas été puisque M. Barroso dès qu’un projet de texte communautaire suscitait un désaccord l’écartait et laissait les États-membre via le Conseil décidé. L’UMP et le PPE souhaite reconduire M. Barroso.
Encore un autre engagement dont la tenue est très mal engagée.


Engagement n°3 : L’opposition à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne.
Argument traditionnel qui peut faire pencher des votes alors même que les électeurs sont en désaccord avec le reste du programme. Ce point est régulièrement rappelé par l’UMP et permet aussi de se rallier quelques votes de la droite souverainiste. Pourtant force est de constater que le président Sarkozy a eu une attitude qui allait dans le sens d’une adhésion de la Turquie dans l’UE. Il a donné son accord pour l’ouverture des chapitres de négociations en vue d’une éventuelle adhésion sur lesquels le président Chirac avait mis son veto, et a supprimé le recours obligatoire au référendum que son prédécesseur avait introduit dans la constitution française lors de la réforme constitutionnelle de Juillet 2008. Autant d’éléments qui montrent le peu de détermination à s’opposer à l’entrée de la Turquie dans l’UE.
Si effectivement la Turquie ne rentrera pas dans l’Union, c’est surtout parce qu’économiquement elle n’est pas à la hauteur, que sa législation n’est pas euro-compatible mais aussi parce que le respect des droits de l’homme, élément essentiel dans l’Union n’est pas assuré.
Évidemment il est nécessaire de fixer des frontières à l’UE mais la majorité actuelle qui est au pouvoir depuis 2002 n’a rien fait et rien proposé en ce sens au niveau européen. Pourquoi en serait-il autrement pour la prochaine législature ?


Engagement n°4 : L’Europe, rempart contre la mondialisation.
L’UMP se dit opposée au protectionnisme mais favorable à des protections supplémentaires. Autant dire que l’UMP ne sait pas ce qu’elle veut. Tout en protégeant la dérégulation qui a conduit à la crise que nous vivons, le parti présidentiel estime qu’il ne faut pas changer les choses. L’Union dispose déjà de leviers pour contrer le dumping ou les subventions étrangères. Évidemment, ce n’est pas assez et il est nécessaire que l’Union pèse pour l’instauration de critères environnementaux et sociaux pour les produits qui sont commercialisés sur son sol.
L’UMP suggère aussi l’adoption de mesures pour améliorer la régulation mais qui a pourtant été réticent à la création de régulations ces derniers temps. Ensuite, regardons ce que fait l’UMP en France ! Le gouvernement UMP supprime tous les verrous légaux destiné à limiter les conflits d’intérêts et la concentration des sociétés dans des secteurs particuliers que sont les médias ou les services d’intérêt général.
Comme dit l’autre : « Fais ce que je dis mais pas ce que je fais ».


Engagement n°5 : L’Europe doit protéger son industrie.
Qui pourrait être contre ? Là encore l’UMP enfonce des portes ouvertes et tombe dans les banalités.
Qui serait contre la lutte contre le chômage ? Encore une fois, cela pose le problème de la clause sociale. L’Union dispose d’un poids économique qui permet de peser pour l’adoption de telles exigences et doit le montrer lors des négociations OMC. Là encore l’UMP tombe dans les banalités et encore une fois, le comportement des parlementaires au Parlement européen est en contradiction avec que le parti de droite propose. Il suffit de regarder les votes pour constater que loin des engagements que l’UMP prône dans le domaine, elle n’agit pas en fonction ou alors se contente du minimum lors de compromis obtenus difficilement. Un peu de cohérence serait la bienvenue pour une fois.




Engagement n°6 : La protection du consommateur.
C’est par ce moyen que la Commission sortante tente d’intéresser les citoyens à l’Europe. Mais si les initiatives dans le domaine. Si l’Europe a déjà fait beaucoup, beaucoup reste à faire. Et dans ce domaine, l’UMP n’a pas franchement fourni les moyens qui permettent d’améliorer cela. La protection des consommateurs est le fait de l’Europe mais aussi des États-membres qui doivent assurer les contrôles. Or, l’UMP et le gouvernement n’ont pas pris les décisions qui s’imposaient pour augmenter le nombre de contrôleurs. Enfin, la France est connue pour transposer les textes européens avec un retard très important dans le domaine de la protection des consommateurs. A titre d’exemple, la garantie pour vice caché n’a été transposée que 15 ans après que la directive n’ait été transposée.
Et au contraire de ce que l’UMP propose, elle a dans plusieurs domaines lutté contre les consommateurs en favorisant les entreprises. Le dernier exemple est le paquet Télécom où l’UMP a défendu la position des majors du disque sur l’amendement 138 ou encore les opérateurs de télécoms sur d’autres. Dans tout cela, la protection des consommateurs n’a pas vraiment été le dada de l’UMP.


Engagement n°7 : L’attachement à l’agriculture et à la pêche de qualité.
Les réformes de la PAC et de la politique de la pêche seront un des dossiers chauds que la prochaine législature du Parlement européen aura à aborder. La réforme Mc Sharry de 1992 avait déjà introduit l’idée de critères qualitatifs aux côtés de critères quantitatifs. Avec l’érosion des sols, la pollution des eaux et de l’air, il est évident qu’une nouvelle PAC doit être mise en œuvre. Mais on peut voir que ces derniers temps, M. Barnier actuel ministre de l’agriculture et candidat aux élections européennes a approuvé des décisions qui vont à l’encontre de cet engagement. En effet, la France a approuvé le « Barrosé » qui consiste à faire du rosé en mélangeant du rouge et du blanc, ou encore les fameux quotas de pêche.
Alors que M. Barnier prétend qu’il n’a pas validé les quotas de pêche, or toute décision dans le domaine de la pêche même si elle dépend de la majorité qualifiée ne peut pour des raisons de diplomatie être adopté sans l’approbation des « poids lourds » que sont l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie ou tout pays qui a un secteur important dans le domaine ce qui est le cas de la pêche.
Enfin, comment assurer une agriculture de qualité sans une correcte rémunération des agriculteurs ? Alors que le scandale de la baisse du prix du lait payé aux agriculteurs est à la une des journaux, cette baisse des prix est la conséquence de la suppression progressive des quotas laitiers approuvée par l’UMP. Contradiction quand tu nous tiens.


Engagement n°8 : La protection de l’environnement.
Alors que la protection de l’environnement et le passage à l’économie verte est essentiel, l’UMP se contente de s’attribuer le succès de l’adoption du plan climat. Or, le plan climat s’il constitue une avancée n’est que le strict minimum. Il a été adopté dans la difficulté et non pas grâce à Nicolas Sarkozy mais grâce aux négociations allemandes, britanniques et espagnoles en coulisses. La France a concédé sur de nombreux points dont les centrales à charbon polonaises très polluantes. Loin d’être en pointe, la France est au contraire en retard. Si le Grenelle de l’environnement a été une grande avancée, la France n’a pas mis les moyens pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée. Alors que les plans verts représentent $440 milliards dans le monde, la Chine pèse pour 200, les États-Unis pour 165, la Corée du Sud pour 45, l’Allemagne pour 12. La France dans son plan de relance qui n’en est pas un n’accorde même pas 500 millions d’euros à la rénovation du rail.
Il faudrait un véritable plan de relance européen qui passerait les bâtiments publics en passif. Cela permettrait de relancer l’activité tout en permettant l’émergence d’une véritable économie verte.


Engagement n°9 : La sécurité et l’immigration.
Encore une fois, l’UMP se glorifie des résultats obtenus par le gouvernement dans le domaine et s’attribue le mérite de l’adoption d’un plan européen de lutte contre l’immigration. Est-il utile de rappeler que ce qui est présenté comme une initiative présentée par M. Hortefeux, est depuis longtemps dans les cartons et que le texte adopté n’est pas du tout contraignant !
Depuis la naissance de l’espace Schengen, la disparition des frontières intérieures dans l’Union s’est accompagnée d’un renforcement des contrôles extérieurs et de ce que l’on appelle la douane volante grâce au système SIS qui permet une information en temps réel de toutes les polices européennes. L’adoption du mandat d’arrêt européen a aussi grandement amélioré les choses. Mais quel est la situation ? Le domaine en question a été communautarisé par le traité d’Amsterdam puis étendu avec celui de Nice mais reste grandement du ressort des États-membres. Lorsque l’on voit que des hommes sont dans le Calaisis mais aussi ailleurs en Europe traités comme des bêtes, on ne peut qu’avoir honte. Pourtant, c’est cela le résultat de la politique de l’UMP.
Le MoDem propose de réformer le système actuel du droit d’asile. Actuellement quand un immigrant veut demander asile, il doit le faire dans le 1er pays européen dans lequel il pose le pied. Ceci pousse les immigrants à traverser l’Europe pour se rendre dans le pays dans lequel il souhaite demander asile (souvent le Royaume-Uni). Il convient de refonder complètement les politiques dans le domaine et il faut que l’Europe se dote d’une réelle politique communautaire, ce que ne souhaite pas l’UMP malgré les déclarations d’intention ni beaucoup de pays en Europe.


Engagement n°10 : L’Europe de demain, plus de cohésion.
L’UMP finit ses engagements par un plaidoyer pour une Europe plus démocratique. Mais encore et toujours, le parti présidentiel fait le contraire. La présidence française et l’attitude de la France au niveau de la loi HADOPI ont montré un dédain marqué envers le Parlement européen avec un lobbying forcené pour faire échec à l’amendement 138 adopté par 3 fois à plus de 85% par le Parlement européen.
Autre élément : le président Sarkozy ne serait pas opposé à la reconduction de Barroso à la tête de la Commission européenne alors même que le traité de Lisbonne est en passe d’être adopté. Comme l’a dit Sylvie Goulard, les États-membres se comportent comme des copines qui se gavent de chocolat avant de faire un régime. Si l’UMP veut une Europe plus démocratique avec un rôle du Parlement européen accru, il faudrait que le parti de droite accepte le nouveau procédé de désignation du président de la Commission européenne.


Conclusion.
Après avoir étudié en détail le programme de l’UMP et après les programmes des Verts, on ne peut que constater que l’UMP n’a pas réellement fait l’effort de réfléchir à un programme. L’UMP a réalisé le service minimum en servant un ersatz de programme pour la forme. On est dans le même acabit de ce que propose le PS qui a pour lui la tentative d’un socle commun au niveau du PSE. Rien de cela à l’UMP. Pire que le PS, on tombe dans des banalités, des évidences. Le programme de l’UMP est rédigé de façon telle qu’en le lisant on ne peut qu’approuver ce qui est écrit à tel point que l’on dirait un sondage pour Le Figaro ou TF1. Loin du niveau de ce qui est proposé par les Verts et encore plus loin de qui est proposé par le MoDem, partis qui ont réellement travaillé pour fournir un travail de qualité, l’UMP déçoit. Le parti présidentiel met en avant la présidence française et le président Sarkozy, or la première n'a pas été fantastique juste correcte et le chef de l'État n'est pas candidat aux élections européennes. Cette volonté de mettre du Sarkozy partout exaspère d'ailleurs plus l'électorat qu'il ne le mobilise.
Oui, c’est triste mais en même temps, cela traduit l’intérêt que porte le parti présidentiel au scrutin européen de Juin prochain. Pouvait-il en être autrement alors que la campagne officielle ne démarre que le 25 Mai 2009 soit à peine 2 semaines avant le scrutin et que le clip gouvernemental pour inciter à voter aux élections européennes est une incitation à peine voilée à voter UMP. Non, décidément, la France avec un engagement aussi peu enthousiaste de la part des 2 plus grands partis est loin de l’engagement que portaient les pères de l’Europe. Le scrutin de Juin va-t-il prendre en compte cette réalité ? Il y a fort à penser que ce sera substantiellement le cas.

lundi 18 mai 2009

Européennes 2009 : Ils parlent tous du MoDem.



Depuis quelques jours, on se demande si la campagne des européennes ne s’est pas transformé en campagne contre le Mouvement démocrate et son président François Bayrou à tel point que le média électronique Lepost.fr y consacre un article intitulé : « C’est la chasse au Bayrou ! » (http://www.lepost.fr/article/2009/05/18/1540257_c-est-la-chasse-au-bayrou.html) en ce Lundi 18 Mai 2009. Tous s’y mettent et François Bayrou est depuis la sortie de son livre « Abus de pouvoir », publié chez Plon au centre de toutes les conversations. Tous en parlent de l’UMP en passant par le PS et les Verts. Malheureusement, au lieu d’être constructif les attaques contre François Bayrou manquent de consistance. Tour d’horizon du paysage politique français sur le sujet.


L’UMP : surtout ne pas en parler.
A l’UMP, la stratégie est connue depuis quelques mois, après les infructueuses tentatives de marginalisation, la stratégie vis-à-vis du MoDem et de François Bayrou est de réfuter les attaques via Frédéric Lefebvre mais surtout de ne pas en parler. On le voit au travers de la presse orienté à droite avec un traitement à la verticale du sujet. Pour être plus clair, l’actualité concernant le MoDem tant qu’elle n’est pas ignorée et traitée dans les colonnes sur les côtés du journal avec les brèves. Sur ce point, l’inévitable polémique qui accompagne le sortie du livre « Abus de pouvoir » a quelque peu changé les choses et depuis François Bayrou a fait l’objet de quelques articles tout en restant largement sous-traité par ce grand quotidien national.
Service minimum à l’UMP où les personnalités du parti se contentent de dénoncer l’attitude uniquement critique de François Bayrou et de mentionner son intérêt unique pour la présidentielle de 2012. Du classique donc ! Mais toujours est-il que François Bayrou est régulièrement mentionné et que l’on parle de lui dans les médias et la presse ce qui dérange l’UMP.


Le Parti socialiste : tirer dessus et courir après.
Le Parti socialiste semble complètement largué dans cette campagne des élections européennes. Depuis la sortie du livre de François Bayrou, le Parti socialiste est complètement dépassé par la vague médiatique qui accompagne la sortie de l’ouvrage. Martine Aubry, 1ière secrétaire déclarant vouloir « être la proposante n°1 et pas l’opposante n°1 » et de dire que le livre de François Bayrou est un vulgaire récupération de celui sorti par le PS après sa convention sur les libertés au Zénith à Paris qui a connu le succès que l’on connaît en termes de rassemblement des foules. Le livre est passé complètement inaperçu et est sorti 1 mois avant celui de François Bayrou. Connaissant les délais pour écrire un ouvrage et le sortir, la sortie de Martine Aubry sur le sujet tombe complètement à plat. Et d’ailleurs, si l’on se penche sur les ouvrages en question, on constate que le livre de François Bayrou est bien mieux écrit (au niveau littéraire) que le livre socialiste mais aussi que le livre du chef centriste a un propos bien plus large et structuré.
Bref, le Parti socialiste courre après le MoDem et se voit éclipsé dans son rôle d’opposition par le parti centriste qui pourtant dispose d’effectifs et de moyens biens moindres. Dans le même temps que les socialistes court après les centristes, ils courent aussi derrière l’extrême-gauche pour éviter de perdre leur électorat traditionnel. L’effet est pourtant contraire à celui recherché, à savoir ne pas perdre d’électeurs.
Que faire donc ? Le PS devant un manque de proposition criant se met à tirer comme jamais sur le MoDem avec des petits clips satiriques ou des prises de position dénonçant le manque de clarté du MoDem. Pourtant, les socialistes les plus zélés à dénoncer les compromissions avec le MoDem sont souvent les 1ers à s’allier avec les démocrates au niveau local comme Martine Aubry à Lille. La 1ière secrétaire du parti socialiste n’hésite pas d’ailleurs à raconter des bêtises plus énormes les unes que les autres en déclarant que le MoDem fait parti de l’EDLR (les libéraux européens) et qu’il a signé le manifeste de Stockholm de ces mêmes libéraux qui demande une libéralisation des services publics. Sur ce point, il est intéressant de noter que le MoDem appartient à l’EDP qui certes fait partie de l’ADLE mais que l’EDP et l’EDLR vote l’un contre l’autre sur les plans économique et social. L’exemple des services publics est d’ailleurs intéressant. Alors que le MoDem et donc l’EDP votent avec le PSE (Parti socialiste européen) sur le sujet, le PS lui-même vote contre son propre groupe européen et refuse les compromis défendus par son groupe pour protéger les services publics et fait ce faisant le jeu de la droite européenne donc du PPE (parti populaire européen) et de l’UMP. A force d’être systématiquement dans la critique non constructive, le PS montre ses propres limites et se contredit lorsqu’il dénonce le fait que François Bayrou ne se pose qu’en critique et pas en proposant, alors que dans les faits, c’est le contraire qui se passe.
Les électeurs français le notent très bien en montrant un rejet important du PS qui garde toutefois un socle électoral non négligeable. En résumé, à force de critiquer le MoDem, le PS en vient à oublier l’essentiel qui est de proposer une alternative crédible aux français, chose que les démocrates font pendant ce temps et qui se verra probablement dans les urnes le 7 Juin prochain.


Les Verts : focaliser sur la présidentielle de 2012.
Daniel Cohn-Bendit est une personnalité sympathique, il dénonce les excès du sarkozysme et tente de ranimer l’idéal européen. Pourtant, il convient de distinguer la posture, des faits. Daniel Cohn-Bendit concentre ses critiques envers le MoDem sur le fait que François Bayrou ne penserait qu’à la présidentielle de 2012. On ne peut le nier, le chef centriste en a fait son objectif essentiel et il y pense. Daniel Cohn-Bendit concentre ses critiques sur ce point car les Verts quoiqu’ils en disent ont pour certains des idées très proches du MoDem. Cela se voit d’ailleurs avec le fait que les écologistes ont accepté de se réunir dans quelques oppositions municipales avec les centristes, au niveau européen avec des propositions proches sans toutefois être identiques ou encore avec la défection de nombreux militants verts partis chez les démocrates. Phénomène qui se voit par le passage de Jean-Luc Bennahmias et de Yann Wehrling au MoDem. Passage qui s’est fait de leur propre chef puisque François Bayrou n’avait aucune fonction à leur proposer pour les acheter contrairement à Nicolas Sarkozy et l’UMP qui ont fortement utilisé le procédé.
Dans le même temps, alors Daniel Cohn-Bendit semble se poser lui aussi comme opposant farouche à Nicolas Sarkozy, on a pu le voir lors des interventions du président français au Parlement européen pendant la présidence française du Conseil de l’Union européenne, quitter sa place, remonter dans le haut de l’hémicycle pour éviter les caméras puis redescendre pour aller déclarer quelques douceurs au président français qu’il admire sur certains aspects. Le dernier épisode de l’attitude ambigüe de l’écologiste allemand étant l’encouragement prodigué aux verts italiens de s’allier avec Berlusconi alors Daniel Cohn-Bendit n’hésite pas à le critiquer dans les médias.


Conclusion.
On le voit, les positions sur le MoDem divergent et sont matinées de beaucoup d’hypocrisie que ce soit de la part des uns ou des autres. Force est de constater que dans l’histoire, le MoDem et François Bayrou sont en passe de réussir leur coup : à savoir faire parler d’eux et de leur programme alors que leur importance en termes d’élus est assez réduite. Sur ce point, il est intéressant de noter que le groupe centriste du Sénat qui regroupe des élus qui ne sont pas tous au MoDem a décidé d’apporter son soutien au MoDem dans la campagne des européennes pour ainsi lui offrir une tribune plus importante dans les médias.
Donc malgré le fait que les partis concurrents du MoDem essayent de le marginaliser, ils ne font que parler de lui. Une démarche qui, conjuguée aux succès de librairie de François Bayrou et d’autres personnalités, aboutit au résultat voulu par les démocrates qui est d’exister et de s’ancrer durablement et en importance dans la vie politique française à tel point que François Bayrou soit en train de se retrouver dans la position qu’il cherche à occuper depuis un moment, être la seule alternative crédible au président actuel.

Lecture : Ça va mal finir !

Depuis quelques jours que le dernier livre de François Bayrou est sorti en librairie, on en parle comme d’un brûlot qui concentre les attaques personnelles selon les uns, d’un livre qui décrit la vérité selon les autres. Dans le même temps, Dominique Paillé, ancien élu UDF et maintenant porte-parole adjoint de l’UMP se livre à l’exercice bien connu qui consiste à brûler tout ce que l’on partageait avec les personnalités politiques que l’on vient de trahir. De tout cela, difficile de tirer des conclusions. Je n’ai pas encore lu le livre de François Bayrou mais Rue89 nous informait récemment que François Bayrou vend plus de 120x ce que vend que celui de Dominique Paillé. C’est dans ce contexte assez particulier qu’une récente lecture s’est rappelé à mon bon souvenir. Cet ouvrage, c’est le dernier livre de François Léotard intitulé « Ça va mal finir ! » dans lequel, l’ancien ministre livre son témoignage sur l’élection de Nicolas Sarkozy, l’enthousiasme qui l’a mené et la déception qui est monté depuis.


Un livre neutre ?
Dans ce livre, François Léotard y raconte brièvement son parcours commun avec Nicolas Sarkozy mais surtout l’ivresse qui l’a mené à voter Sarkozy et parallèlement les raisons qui ont expliqué son choix de ne pas voter pour le candidat de sa famille politique : François Bayrou. Il convient en effet de rappeler que François Léotard a été ministre avec François Bayrou et Nicolas Sarkozy de 1993 à 1995 et que tous 3 ont soutenu la candidature d’Édouard Balladur au 1er tour de 1995. C’est un point de vue intéressant qu’il livre là. D’autant plus intéressant que François Léotard s’est retiré de la vie politique et a créé sa petite entreprise. Il n’est donc plus intéressé pour tel ou tel poste ou un quelque avantage politique qu’il pourrait retirer d’une alliance avec l’un ou l’autre.


Une grande déception.
Ce livre traduit surtout une grande déception. La déception d’un homme de centre-droit qui a sincèrement cru au discours de Nicolas Sarkozy durant la présidentielle de 1995, fait dans l’idée d’un modèle social renforcé mais qui a vu l’arrivé de la société libérale (au sens français du terme) et qui traduit le malaise de l’homme face aux excès de sarkozysme : casting pour la composition du gouvernement, abandon de principes républicains essentiels, remise en cause de la laïcité à la française ou encore « retour » dans l’OTAN.
Cette déception est celle de millions de français qui sincèrement cru dans le candidat UMP, sur sa volonté de réforme et qui ont découvert un président nerveux remettant en cause les fondements républicains avec la reprise en main de l’audiovisuel, ou encore le paquet fiscal qui choque ce centre-droit. Ce qui ressort de cette lecture c’est la trahison que représente le sarkozysme pour une grande partie de la droite, trahison envers le modèle républicain français. Ce système qui a subi les coups de butoir du président Sarkozy avant de connaître un retour en grâce avec la crise, à tel point que le magazine économique ultra-libéral, the Economist face sa une sur les modèles français et allemand qui résistent bien mieux à la crise que le modèle anglo-saxon jadis porté aux nues.
De cet ouvrage, on pouvait attendre au 1er abord, une attaque violente contre Nicolas Sarkozy mais non. Si évidemment, François Léotard n’épargne pas l’homme et dénonce son attitude plus fluctuante, il critique aussi François Bayrou en expliquant que le recentrage du chef centriste fut pour lui une erreur.


Une lecture utile.
Dans un contexte plutôt agité et alors que se profile les élections européennes, le président de la République est pourtant fortement mentionné par les différents chefs de partis. Formidable président du Conseil de l’Union européenne durant la 2e moitié de 2008 pour l’UMP, président suicidaire qui conduit la France dans le mur pour le Parti socialiste qui ne parvenant pas à convaincre par les idées, en appelle à un énième vote utile ou encore très critiqué par François Bayrou dans son livre « Abus de pouvoir » qui se vend par cartons entiers dans les librairies. Dans ce contexte, il est intéressant de lire ce « Ça va mal finir ! » écrit par François Léotard qui livre le témoignage qui traduit la déception vécue par nombre de français. Livré d’un point de vue intérieur et extérieur à la fois, il apporte une sérénité dans un contexte qui en a bien besoin.
A lire donc !

Ça va mal finir, de François Léotard aux éditions Grasset, 10 €, publié en Mars 2008.


vendredi 15 mai 2009

Elections européennes : l’UMP et le PS mettent en avant la médiocrité.


La semaine dernière, la quotidien régional, la Voix du Nord publiait son classement-bilan de l’activisme et de la présence des députés européens de la région Nord-Ouest. Dans ce classement, la députée européenne Tokia Saïfi (UMP) y figurait en bonne place avec une présence très forte en séance plénière, des votes nombreux, ainsi qu’une activité accrue en tant que députée européenne. Malgré le cumul qu’elle fait avec son mandat de conseillère municipale de Lille, il faut reconnaître la compétence de la dame. Tel n’est pas le cas des députés européens PS dont les résultats sont moyens hormis Vincent Peillon qui a une tendance prononcée pour l’absentéisme et l’apathie dans la limite acceptable pour ne pas être sanctionné au niveau des indemnités parlementaires. Certes Marine Le Pen fait pire mais ce n’est pas réellement une référence puisqu’elle est dans le peloton de queue des députés européens toutes nationalités confondues.
Ces classements se généralisent sans vraiment prendre en compte chacun tous les éléments de l’activité d’un député européen.


« Si vous cherchez de la reconnaissance, montez donc un élevage de chiens ».
Je n’ai aucune sympathie, ni antipathie pour Mme Tokia Saïfi. Je sais juste qu’elle fut ministre dans le gouvernement Raffarin en tant que secrétaire d’État pour l’environnement et le développement durable où avait précédemment officié Mme Corinne Lepage entre 1995 et 1997. Pourtant, je dois reconnaître que malgré le fait que je ne partage pas ses idées, c’est une personne très compétente.
C’est souvent le cas des personnes discrètes, c’est leur travail qui pèse le plus. Cela se vérifie particulièrement dans son cas, mais c’est la situation d’autres députés européens qui sont soient relégués en position dont l’éligibilité n’est pas réellement assurée, parachutée dans une autre région que la leur en position inéligible ou alors carrément éjectés malgré un travail de député qui fait enfin honneur à la France dont les représentants sont plus connus pour leur absence que leur travail.


Le sacre de la médiocrité.
On aurait pu penser qu’après les claques du 21 Avril 2002 et de l’échec du référendum sur le traité constitutionnel en 2004, les grands partis de gouvernement que sont l’UMP et le PS auraient tiré la leçon mais non, décidément non, ils persistent dans la valorisation de la médiocrité.
Dans la catégorie des députés dont le travail n’est pas reconnu, Mme Tokia Saïfi s’en sort plutôt bien avec une 2e place synonyme d’éligibilité à Strasbourg sur la liste UMP du Nord-Ouest. Elle ne s’en tire à mon avis pour d’autres raisons que ses compétences, c’est une femme d’origine maghrébine, et radicale comme Jean-Louis Borloo. Elle rentre dans les critères sarkozystes du « casting » réalisé pour les élections européennes de Juin prochain.
Son cas n’est pas isolé car c’est aussi le cas d’autres députés compétents comme de M. Alain Lamassoure dont l’éligibilité est compromise et M. Jacques Toubon éjecté pour l’UMP qui se dit « oublié » par son propre parti ; pour le PS, c’est le cas de M. Gilles Savary, éjecté lui aussi malgré un travail conséquent et une passion débordante pour le mandat de député européen ou encore de M. Guy Bono, autre excellent député socialiste qui n’a pas été réinvesti par le PS.
De ces 4 ou 5 personnes que je viens de citer, vous n’en avez surement pas entendu parler en dehors de leurs fonctions passées ou nationales actuelles, et pourtant ! Ce sont parmi les députés français les plus actifs et dont les compétences sont très largement reconnus par leurs collègues des autres États-membres. Pourtant leur action dans le domaine de la protection des consommateurs pour Jacques Toubon, de l’agriculture ou des transports pour Gilles Savary ou encore dans le domaine des télécommunications et de la protection des libertés fondamentales pour Guy Bono, auteur du fameux amendement 138 qui vide de sa substance la loi « Création et Internet » qui vient juste d’être adoptée et qui a été et est encore l’objet d’une bataille de tranchées incroyable de la part de ses opposants.
Toutes ces personnes, malgré leurs compétences, malgré leur passion pour la cause européenne, n’ont pas été reconduites pour de simples raisons querelles d’ego. Les chefs de partis que sont Nicolas Sarkozy et Martine Aubry devant réaliser un subtil équilibre dans la composition des listes au risque de froisser une partie conséquente de leur parti ou majorité. C’est triste et c’est attitude politicienne au possible me dégoûte. Et encore, ce mot est un euphémisme.


Le résultat : le désintérêt des peuples et la perte de confiance en l’Europe.
La semaine dernière, j’allais comme très fréquemment sur le terrain à la rencontre des personnes dans ma région. Ce que j’en ai tiré m’a réellement surpris. Je savais que la colère grondait, qu’elle était forte, mais je doutais que le niveau atteint soit si conséquent. Les françaises et les français en ont marre de cette politique qui consistent à envoyer des lampistes, des incompétents et des opportunistes au Parlement européen et en conséquence se tourne massivement vers l’abstention ou vers le Mouvement démocrate et les Verts qui émergent malgré leur importance plus modeste, tandis que les extrêmes attirent un public certes moins important qu’avant mais qui n’est pas à négliger.
Le rejet des populations est important, le mécontentement est élevé et ne risque pas de retomber de sitôt. Les français sont blasés par le « vote sanction », invoqué une énième fois par le PS qui n’a rien de réellement concret à proposer et dont la campagne ne prend pas et patine. L’UMP qui dispose d’un socle d’irréductibles important subit pourtant un rejet massif, le parti présidentiel et l’ensemble de la majorité ne représente plus que selon les sondages un gros quart de la population, or 25-26% ce n’est pas la majorité.
L’autre perdant, c’est l’Europe. Alors que la crise devrait inciter les uns et les autres à se serrer les coudes à expliquer le mécano européen que beaucoup ne comprennent pas ou mal, les premiers glorifient le bilan de la présidence française de l’Union qui a été correcte sans être formidable et qui est terminée, les autres n’assumant pas leur bilan de coalition avec la droite à Strasbourg et « critiquant la majorité sortante de droite » alors que la majorité sortante est une majorité PPE-PSE.
Bref, tandis que l’UMP passe son temps à se remémorer un passé pas si glorieux que cela, et que le PS complètement largué, courre d’un côté derrière l’extrême-gauche, de l’autre derrière les Verts et surtout derrière le MoDem qui concentre ces derniers jours les attaques des barons socialistes et de Martine Aubry. Les uns comme les autres, n’hésitent pas d’ailleurs à raconter tous les mensonges possibles et imaginables.


L’absence d’une prise de conscience.
Avant et au début de la rédaction de cet article, je discutais d’ailleurs avec un ami socialiste. Alors que je manifestais mon rejet de ce type de méthodes et de cette façon de faire de la politique, ce dernier me répondait que c’était cela la politique et qu’il fallait s’y faire. Évidemment, mon engagement politique ne date pas d’hier, et malgré mon encartement somme toute récent, je ne suis pas né de la dernière pluie et je comprends parfaitement les mécanismes traditionnels utilisés en politique qui n’ont pas vraiment changé depuis la République romaine. Lui signifiant que vraiment de telles méthodes desservaient plus qu’elles n’apportaient, je n’ai eu pour réponse « On verra aux élections » alors que l’intéressé est pourtant très engagé. A ce moment, je lui ai posé la question si au PS (comme à l’UMP d’ailleurs), ils allaient sur le terrain car j’ai beau chercher, je ne vois pas de socialistes.
Bien que ce cas ne puisse être généralisé, il traduit selon moi, une certaine réalité. A savoir, l’UMP et le PS sont déconnectés de la réalité et des problèmes de leurs électorats. Malgré leurs nombreux élus locaux, on se demande dans quel monde ils vivent, tellement les problèmes sont nombreux, la crise grande et la détresse des gens perceptible. Encore une fois, les perdants seront les citoyens, la démocratie et l’idéal européen. Malheureusement !

Et ces deux partis découvriront à leurs dépends que 45 millions de paires de baffes, ça pique !

jeudi 14 mai 2009

La CEDH remet en cause le statut du parquet français.


Le 6 Mai dernier s’est tenue une audience importante concernant la justice française devant la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg. Dans une affaire de trafic de stupéfiants, la Cour répond à la question de l’indépendance des procureurs français soulevés par les requérants (CEDH, 6 Mai 2009, Medvedyev c/ France).


Les faits.
Avec l’explosion du trafic de cocaïne, l’affaire a tendance a devenir banale. Les services français ont appris qu’un cargo cambodgien qui se dirigeait vers le territoire national transportait probablement de la drogue. Après avoir recueilli l’accord du gouvernement cambodgien pour agir, la marine nationale française après les procédures d’usage prend d’assaut le navire devant l’obstruction des marins du bateau. Les militaires français montent à bord et repêche quelques colis jetés par dessus bord par les marins, colis qui s’avèrent être remplis de cocaïne. Les marins sont donc arrêtés et consignés à bord jusqu’à ce que le navire soit ramené sur Brest. Arrivé à Brest, les marins sont débarqués et présentés à des magistrats qui les mettent en examen.
Condamnés par les tribunaux français en première instance puis en 2e, une partie des trafiquants font un pourvoi en cassation puis un recours devant la CEDH en invoquant des violations de l’article 5§1 (interdiction de toute privation de liberté hors des cas prévus par l’article 5 et les voies légales) et l’article 5§3 (le droit de tout personne arrêtée d’être présentée immédiatement devant un juge).


1ière étape devant la CEDH : CEDH, 10 Juillet 2008, Medvedyev et autres c/ France.
L’affaire avait déjà été traitée en chambre par la Cour de Strasbourg, laquelle avait condamné la France pour violation de l’art. 5§1 mais avait rejeté toute violation de l’article 5§3. Pour faire simple, la Cour avait estimé que les trafiquants qui avaient été détenus sur le bateau durant 13 jours n’avaient pas à être placés en garde à vue pendant 24h à 48h, ensuite. Elle juge les gardes à vue inutiles estimant que le temps nécessaire pour ramener le bateau ayant servi à transporter la drogue avait été suffisant pour interroger les intéressés. Mais au détour des faits, la chambre de la Cour avait relevé le manque d’indépendance du procureur de la République alors que c’est ce dernier qui avait autorisé les gardes à vue une fois effectuées à terre.
Le gouvernement français voyant que cela remettait en cause le statut des procureurs de la République a donc porté l’affaire devant la Grande chambre, formation la plus solennelle de la CEDH.


2e étape, l'audition en Grande chambre : CEDH, 6 Mai 2009, Medvedyev c/ France.
La suite est intervenue le 6 Mai dernier, puisque la Grande chambre de la CEDH semble vouloir confirmé la décision prise en chambre simple le 10 Juillet 2008. La France serait alors de nouveau condamné pour violation de l’article 5§1 mais pas pour violation de l’article 5§3.
La Cour précise §61 en page 23 de l'audition : « Force est cependant de constater que le procureur de la République n’est pas une « autorité judiciaire » au sens que la jurisprudence de la Cour donne à cette notion : comme le soulignent les requérants, il manque en particulier l’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif pour pouvoir ainsi être qualifié » et la Cour de renvoyer à l’arrêt CEDH, 4 Décembre 1979, Schiesser c/ Suisse concernant la notion « d’autorité judiciaire ».



Le problème posé : l’indépendance du parquet.
Cette remise en cause du statut spécifique des procureurs français intervient alors le président Sarkozy a émis le souhait de supprimer les juges d’instruction, et après le redéfinition de la carte judiciaire qui a réussi le tour de force de mettre tous les professionnels de la justice et tous les magistrats dans la rue. « Exploit » qui n’avait jamais été réalisé par aucun des prédécesseurs de Mme Dati.

Le statut des procureurs français est spécifique. Selon l’ordonnance du 22 Décembre 1958, « les magistrats du parquet sont [soumis hiérarchiquement] au garde des sceaux même si leur parole à l’audience est libre ». Mme Dati ayant d’ailleurs récemment affirmé « être la chef des procureurs ».

Plus globalement, depuis 2002, l’exécutif a souhaité renforcer le lien hiérarchique entre le garde des sceaux et les magistrats du parquet. Nomination de M. Courroye contre l’avis du CSM au parquet de Nanterre pour retarder les investigations qui impliqueraient les Balkani, dans d’autres qui impliqueraient des responsables de l’UMP ou encore le convocation de nuit du procureur de Sarreguemines qui avait déclaré qu’il n’appliquerait pas systématiquement les peines planchers.

Cette reprise en main se voit encore plus clairement depuis 2007 et l’élection de M. Sarkozy. On a pu le voir dans l’affaire du mariage annulé pour absence de virginité de la part de la mariée. Alors que Mme Dati avait estimé dans un 1er temps qu’elle n’interviendrait pas car la solution trouvée arrangeait les 2 parties, elle avait dû changer de position sous pression du président de la République et ordonner au procureur de la République de faire appel. Bref, on le voit les cas ne manquent pas et ont été abondamment repris par M. Spinosa, l’avocat des requérants.

Enfin, on peut citer le cas du procureur général de Riom qui s’est vu reproché des prises de positions contraires à celles défendues par Mme Dati sur la carte judiciaire et les peines plancher, et dont la mutation a reçu un avis défavorable du CSM, la veille même du jugement en Grande chambre de l’affaire qui nous concerne ici, soit le 5 Mai dernier.


La position de la France.
La France a de son côté, par l’intermédiaire de ses représentants, insisté sur le fond de l’affaire. La détention sur le bateau était nécessaire compte-tenu de l’état du navire et du temps nécessaire pour le ramener au port de Brest distant 3 500 km. La détention sur le bateau était donc justifiée. Les gardes à terre l’étaient car c’est la procédure légale à suivre et de noter que les trafiquants ont vu un juge des libertés et de la détention dès leur arrivée sur le sol français.
Comme dit plus haut, la Cour ne conteste pas la détention sur le bateau et l’admet pour des raisons matérielles. Mais elle considère toutefois, que les gardes à vues étaient superflues, les trafiquants ayant pu être suffisamment interrogés le temps durant les 13 jours qui ont été nécessaires pour ramener le bateau à Brest. La Cour condamne la France pour ne pas avoir respecté « les voies légales » des traités internationaux applicables.


Une jurisprudence constante de la Cour.
Depuis quelques années, la CEDH porte une attention particulière sur l’indépendance des magistrats et plus précisément sur celle des magistrats du parquet, la France a ceci de particulier que le statut des procureurs est hybride : à la fois indépendant et soumis hiérarchiquement. C’est ce statut qui est remis en cause par la jurisprudence de la Cour. Certes, cet argument n’est pas le premier et ne vient qu’à l’appui du raisonnement principal de la Cour.
On remarque cependant que le statut spécifique des procureurs français vit probablement ces derniers instants et qu’à terme, ils devront être totalement indépendants.