Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

lundi 28 juin 2010

Dedans… et dehors !


L’édition sud-africaine de la Coupe du monde de football constitue à n’en pas douter, un summum en matière de nouveautés. Première édition sur le continent africain, c’est aussi la première édition au cours de laquelle sont éliminées, dès la phase de poules, le pays organisateur, le vainqueur en titre et le finaliste de la dernière édition (respectivement l’Afrique du Sud, l’Italie et la France). Autre nouveauté, sonore cette fois, la vuvuzela, qui par le bourdonnement continue durant les matches, tue toute ambiance, et empêche de « ressentir » l’ambiance dans les stades. Ainsi, les plus fervents supporters parviennent à peine à se faire entendre. Mais l’aspect sur lequel les regards se tournent concerne l’arbitrage ou plutôt les erreurs d’arbitrage ainsi que le refus de l’usage de la vidéo.


Dedans…
Ce dimanche 27 juin 2010 restera comme le symbole de l’archaïsme de la FIFA et de sa position vis-à-vis de l’usage de la vidéo afin de corriger ou d’éviter des erreurs d’arbitrage sur des aspects très discutés. Durant les deux matchs du jour, deux erreurs majeures ont été commises par les arbitres des rencontres en question.

Dans le premier match du jour opposant l’Allemagne à l’Angleterre, l’arbitre n’a pas validé un but anglais parfaitement valable, le ballon ayant franchi la ligne d’au moins 60 cm. Las, l’arbitre uruguayen, habitué des erreurs de ce genre, n’est pas le seul responsable. La FIFA qui refuse obstinément l’usage de l’arbitrage vidéo l’est aussi. Si en 1966, une erreur pour un ballon n’ayant pas franchi entièrement la ligne peut être compréhensible, en 2010, à l’heure de la haute-définition et des ralentis, c’est inadmissible. Quand tout le public d’un stade peut voir une erreur et que l’arbitre la voit aussi en observant l’écran géant du stade mais ne doit pas en tenir compte dans sa décision, on marche sur la tête.

Tel fut le cas au cours du match Argentine-Mexique où alors l’arbitre qui consultait son assistant se voyait entouré par les joueurs de deux équipes. Les mexicains lui désignant l’écran pour lui montrer l’invalidité du but tandis que les argentins rappelaient par de grands gestes qu’il ne pouvait tenir compte du ralenti diffusé sur l’écran du stade.


Et dehors !
Les nations sorties l’ont toutefois été à juste titre. L’Angleterre, si elle a montré de belles choses en marquant successivement deux buts, était toutefois trop faible face à une équipe allemande flamboyante. Avec une défense friable qui a tout de même encaissé 4 buts, les anglais ne pouvaient rivaliser avec une Mannschaft rajeunie qui donné une véritable leçon de football à des anglais fatigués.

La sortie du Mexique est, elle, plus regrettable mais somme toute logique. Bien que déployant une formidable énergie qui leur avait réussi contre la France, les mexicains n’ont pu contenir indéfiniment les assauts d’une attaque argentine agile et réaliste comme l’atteste les buts d’Higuain et de Tevez. Le quart de finale entre la désormais surnommée « International Mannschaft » et l’ « Albi Celeste » s’annonce intéressante. Rendez-vous le samedi 03 juillet en direct du Cap.

Dans l’autre partie de tableau, les Pays-Bas se sont qualifiés dans un match un peu triste contre des slovaques qui semblaient avoir perdu la combativité qui étaient avec eux contre l’Italie. Le penalty, justifié de fin de match marqué par l’ex-lillois Vittek, a toutefois sauvé l’honneur slovaque pour la 1ière participation de la sélection slovaque en tant que pays indépendant. Score final 2-1 pour les oranges qui affronteront les auriverde pour un 1/4 de finale qui s’annonce tout aussi explosif.

Le Brésil, justement, qui s’est qualifié à l’issue d’un match assez terne contre le Chili. Il fallait gagner, les brésiliens l’ont fait, marquant à 3 reprises mais difficile de retrouver ce grain de folie, de passion que l’on a pu voir lors des matchs de ce dimanche avec l’Allemagne, l’Angleterre, l’Argentine et le Mexique.


Au menu, ce mardi.
Aujourd'hui, c’est au tour du Paraguay, du Japon, de l’Espagne et du Portugal de s’affronter afin de rendre le verdict final pour les 1/4 de finale qui se dérouleront vendredi et samedi.

samedi 26 juin 2010

Surconsommation ?


Sa présentation n’avait pas suscité de surprises outre-mesure. Sa toute récente commercialisation a, elle, donné droit aux mêmes bousculades et aux mêmes comportements irrationnels pour se le procurer. L’objet en question, c’est l’iPhone 4.


Lancement en fanfare.
Ouverture exceptionnelle de la boutique Orange (opérateur de lancement) des Champs-Élysées à minuit pour satisfaire les plus impatients, déploiement publicitaire massif, le lancement de la dernière version du téléphone intelligent de la marque à la pomme donne dans le classique. La clientèle est elle aussi tout aussi habituelle. Mais ce qui ne cesse de surprendre, c’est le comportement des acheteurs semblables à celui de fidèles d’une secte. L’engouement autour de la firme de Cuppertino a toujours été essentiellement sentimental. Avec des produits qui technologiquement ne sont pas forcément à la pointe mais très bien pensé en matière d’ergonomie, de prise en mains et d’interface utilisateur, les produits Apple ont LEUR public. Ces dernières années, Apple avec l’iMac puis l’iPod est revenu sur le devant de la scène avec un art consommé du design.

Plusieurs études l’ont montré, mais le phénomène s’est accéléré avec le retour de Steve Jobs aux manettes et le nouveau positionnement de la marque, les consommateurs de produits Apple sont ceux qui renouvellent le plus souvent leur matériel.

La succession du lancement de produits dont le renouvellement est devenu annuel contribue donc à accélérer le phénomène de surconsommation que certains fans n’hésitent pas à tourner en dérision. Un amateur de la marque californienne a réalisé une petite bande-dessinée qui résume bien la situation et le positionnement clairement assumé d’Apple à savoir un positionnement haut de gamme avec des prix élevés et un fort renouvellement des produits.


Souvenirs, souvenirs.
Le phénomène de surconsommation touche particulièrement le marché des téléphones mobiles avec un renouvellement moyen tous les 18 mois de l’appareil ce qui est déjà beaucoup. Apple, avec ses téléphones hors de prix (près de 800€ pour un modèle avec un peu de mémoire), souhaite que ce comportement touche aussi le marché des téléphones intelligents.

Ce phénomène qui touche ce marché en rappelle toutefois un autre : celui des écrans plats.
Si vous rappelez bien, il y a quelques années, débarquaient les écrans plats sur les étals des magasins. L’image granuleuse, le manque de profondeur des noirs, la faiblesse du contraste autant dire l’essentiel ne semblaient pas avoir d’importance. Il fallait avoir son écran plat. Et pour quelle raison ?

Pour les marques, c’était une évidence : parce que l’écran était plat. Enfin plat, l’écran pouvait mesurer jusqu’à une dizaine de centimètres d’épaisseur tout de même. En dépit d’une qualité d’image déplorable donc, il fallait absolument s’en procurer un et les rares résistants au phénomène qui préférait garder leur bon vieux poste cathodique ni plat ni HD (haute-définition) passaient pour des ringards (un des ressorts classiques de la publicité pour inciter à l’achat). Puis, progressivement, on a vu apparaître tous les ans, de nouveaux modèles toujours plus fins sur le marché mais la qualité d’image progressait elle plus lentement tout comme les progrès en matière de consommation électronique des écrans. Ce n’est que cette année avec la commercialisation des écrans LCD à LED que l’on commence à voir la qualité d’image progresser sensiblement bien que la comparaison avec la technologie cathodique soit encore en faveur de ce dernier.

Entre temps, il aura fallu presque 10 ans avant que le marché des écrans plats ne devienne réellement intéressant en termes de qualité de produit et de finition. Le marché des téléphones intelligents ou « smartphones » est sur le même cycle.


Un développement souhaitable ?
Inévitablement, le développement des technologies suit un modèle qui a donné son nom au modèle de croissance japonais ensuite copié par les autres pays asiatiques. Son nom le modèle en formes de vols d’oies sauvages. Par extension, il permet d’expliquer les phénomènes de surconsommation dont sont victimes nos sociétés modernes. En dépit du non-sens écologique qu’il constitue, il prospère. A quand la prise de conscience ?

Car, au fond, il s'agit non seulement de savoir quelle société nous voulons mais surtout ce que nous sommes prêts à faire pour y arriver.

mercredi 23 juin 2010

Bis repetita.

La Coupe du monde 2010, pour la France, c’est maintenant fini. La défaite contre l’Afrique du Sud n’est pas encore digérée que l’inventaire des responsabilités a commencé. Au-delà des nécessaires explications sportives, administratives et politiques, il faut noter que les évènements ont comme un air de déjà vu.


Ce qui s’en va…
L’histoire n’est qu’un éternel recommencement a-t-on habitude de dire. Avec la sortie de l’équipe de France de cet évènement, ce n’est pas simplement une équipe de football qui quitte une compétition internationale mais une certaine idée de notre pays et de l’image que cela donne. Révélant les questions profondes que traversent notre société comme la place de l’argent, la société du paraître, les récents évènements ont fait ressurgir les non-dits, le mal-être ambiant. Comme il est difficile de passer par les créneaux traditionnels que sont les syndicats ou la politique, voir même la religion. L’expression se cristallise autour de symboles comme l’équipe nationale de football.


…et ce qui arrive.
Maintenant que les problèmes sont sur la table, il convient de s’y atteler avec courage et détermination. Encore faudra-t-il saisir l’occasion ! Laurent Blanc deviendra le nouveau sélectionneur de l’équipe de France. Il a obtenu de venir avec des hommes qu’il aura choisis pour composer l’entourage sportif de la sélection française mais ce n’est qu’une partie du problème. Il ne faut pas seulement changer l’arrière-plan de la vitrine, mais tout le magasin. Pour l’équipe de France, cela suppose de changer la direction de la fédération française de football (FFF) mais aussi la direction technique nationale. Laurent Blanc est un bon entraîneur qui a su hisser les Girondins de Bordeaux au haut niveau français et européen qu’ils avaient pendant un temps délaissé. Mais aussi bon soit-il, il ne pourra pas réussir à reconstruire ce qui est un champ de ruines sans être solidement entouré et soutenu.

Le problème se pose aussi pour tous les autres aspects de notre société. L’histoire montre que les périodes où les peuples sont prêts à faire des sacrifices pour assainir une situation sont particulièrement brèves. Passé le moment favorable, les choses retournent à ce qu’elles étaient avant la prise de conscience ; et ce, quelque soit ce qui a pu être fait.


Conclusion.
Si les décideurs ont eu le courage de prendre la situation à bras le corps, le tout s’assainit et à long terme, le pays entame un cercle vertueux. Si, au contraire, rien n’est fait ou de façon insuffisante, le pays loupe le coche et entame une spirale destructrice.

La France se voit présenter cette occasion. Va-t-elle la saisir ?

mardi 22 juin 2010

Un K.O. bien pratique !

Depuis le 11 juin dernier se déroule en Afrique du Sud, la XIXe Coupe du monde de football. Évènement le plus médiatisé au monde devant les Jeux Olympiques d’été, la Coupe du monde de football est vécue par une majorité comme un moment de détente essentiel et pour une minorité comme un supplice qui n’a de positif qu’un accès plus aisé aux lieux de divertissement traditionnels. Mais que l’on fasse parti d’un camp ou de l’autre, difficile d’échapper au climat émotif suscité par l’évènement, notamment ses récents développements concernant l’équipe de France.


Une pause s’impose.
Le monde ne s’arrête pourtant pas de tourner, et la situation difficile que nous traversons est temporairement mise de côté le temps de la compétition. Qui s’en plaindrait d’ailleurs, tant les mauvaises nouvelles se succèdent aux mauvaises nouvelles. Déçus par leur équipe nationale (peu-t-on encore parler d’équipe d’ailleurs), les français se consolent en regardant les portugais gagner 7-0 contre la Corée du Nord sous un temps pluvieux qui leur fait un temps oublié qu’en France, c’est l’été. L’évasion temporaire est nécessaire afin d’affronter nécessaire afin d’être de nouveau d’attaque face aux difficultés à surmonter. Le fait est que pendant ce temps, les gouvernements ne chôment pas, voir au contraire s’active pour profiter un peu des vacances qui s’approchent.


Manque d’attention, manque de réaction.
Tout en oubliant pas de garder un œil sur les performances respectives de leurs différentes sélections nationales, les gouvernements de principaux pays européens préparent ou vont présenter quand ce n’est pas déjà des plans de rigueur sans précédent. Le coup d’envoi a été donné par la Grèce, bien qu’en réalité le pays ne fasse que rattraper son retard par rapport aux autres pays européens, et s’est étendu aux « pays du club Med »que sont le Portugal et l’Espagne pour éviter la contagion. Pour les « poids lourds de l’Europe » ainsi que sont surnommées les 4 plus grandes économies d’Europe que sont l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie, les plans d’austérité ont été annoncés ou vont l’être prochainement, mais cela n’intéresse pas les populations dont le regard est tout entier tourné vers l’Afrique du Sud. Cette baisse d’attention fatale pour la mobilisation sociale, risque de conduire les gouvernements à « charger la barque » en profitant de la situation pour prendre des mesures plus drastiques que prévus avant que la mobilisation ne se fasse autour du sujet.

L’exemple type est la question des retraites en France qui malgré plusieurs journées d’action peine à mobiliser. Si le gouvernement de François Fillon, conforme à ses habitudes a lancé des simulacres de négociations avant d’imposer son projet, le climat et le manque de réaction des français l’incitent à accélérer la manœuvre.

L’objectif, en réalité est simple mais redoutable. D’une part, il s’agit évidemment de combler le déficit des régimes de retraite qui est important et s’annonce abyssal sans réforme sur le sujet. La réforme présentée, évite d’augmenter l’imposition et de toucher au montant des pensions de retraite. Il s’agit somme toute de choisir la solution la moins problématique.
D’autre part, il s’agit de gagner du temps. La proposition du gouvernement n’assurera, on le sait maintenant l’équilibre des régimes de retraite que jusqu’en 2012. Pour la suite, mystère. Le problème est qu’après 2012, le problème ne sera pas réellement solutionner avec le projet présenté. Que faire alors ?


Conclusion.
En profitant de l’étroite fenêtre qui leur est offerte pour faire passer leurs projets les plus douloureux, les gouvernements jouent la facilité mais s’exposent aussi à un automne explosif. En n’ayant pas réellement le courage d’annoncer à leurs populations ce qui les attend, les dirigeants oublient que les efforts devront se faire sur le long terme. De leur côté, les populations anesthésiés provisoirement par la Coupe du monde de football risquent de regretter amèrement leur faible mobilisation ultérieurement. S’il faut parfois penser à autre chose, il est bon de ne pas relâcher sa garde.

lundi 21 juin 2010

Le caprice de trop !

Les évènements auxquels j’ai pu assister en direct durant le match Italie - Nouvelle-Zélande, sont tout simplement surréalistes. La première mi-temps était en cours mais le sujet, ce n’était pas le match, mais ce qui se déroulait sur le stade d’entraînement de l’équipe de France.


Les faits.
Après les insultes proférées par Nicolas Anelka à la mi-temps de France-Mexique et à la sanction logique qu’est l’expulsion de l’intéressé. Mais la suite est plus que surprenante.

Ce dimanche, les joueurs de l’équipe de France devaient s’entraîner sur leur terrain habituel portant le nom de « Terrain des rêves » situé à Pezula, à quelques encablures de leur hôtel 5 étoiles de Knysna. Descendant du bus pour signer des autographes, les joueurs semblaient, (ENFIN !) bien disposés envers leurs supporters ; oui, semblaient, car c’est le verbe qui convient. En effet, pendant ce temps, le capitaine de l’équipe de France Patrice Evra est venu au centre du terrain parler avec Raymond Domenech. Quelques instants plus tard, le préparateur physique, Robert Duverne de l’équipe est arrivé et a eu des vifs propos avec l’arrière de Manchester United avant de rejoindre le bus avec ses coéquipiers. Puis, pendant de longues minutes, un dialogue que l’on imagine de sourds s’est instauré entre les joueurs, le staff et Domenech à la porte du bus dont les rideaux avaient été tirés.

Raymond Domenech vient ensuite vers les journalistes encore présents lire un communiqué des joueurs que visiblement il découvrait et qui en somme exprime la solidarité des joueurs avec Anelka.

Invité de l’émission du football du soir sur TF1, Robert Duverne a expliqué que sa colère n’était que la conséquence de sa volonté de maintenir l’entrainement, puis s’est énervé voyant que l’entrainement n’aura pas eu lieu. Cette colère n’étant nullement due aux faits qu’il serait « le traître » ayant brisé le secret du vestiaire et révélé à la presse le contenu de l’altercation entre Nicolas Anelka et Raymond Domenech.


Le ras-le-bol.
Au-delà de cet épisode qui illustre le fossé qui n’en finit pas de se creuser entre des joueurs très bien payés mais qui ne produisent pas de résultats et des français qui espèrent rêver en espérant que leur équipe nationale leur rapportera un trophée. De cela, il n’est plus question puisque les premiers ne semblent penser qu’à leurs conquêtes sexuelles et à l’argent tandis que les seconds dans la panade jusqu’au cou veulent que leur équipe se fassent éliminer contre le pays organisateur à l’équipe nationale la plus faible depuis la Coupe du monde existe.

La une du quotidien « L’Équipe » qui a déclenché l’ire des joueurs français et aurait contribué à renvoyer Nicolas Anelka dans son domicile londonien est certes choquante mais traduit bien faiblement ce que pensent les français. Il faut écouter RMC info tard le soir dans les émissions de libre-antenne ou consulter les réseaux sociaux pour se rendre compte du sentiment général. Et celui-ci est bien pire que la une du quotidien précité. Les français veulent que les français perdent rapidement, mais aussi qu’ils rendent l’argent touché pour le mondial. A titre personnel, je suggère que l’on leur fasse payer l’hôtel et l’avion et que l’on reverse la dotation de la FIFA et les recettes de sponsoring de l’équipe de France au football amateur qui en a bien besoin. En effet, contrecoup de la crise et des réformes de la taxe professionnelle et des collectivités locales, ces dernières ont drastiquement réduit leurs subventions ce qui menace directement la survie de nombreuses associations sportives. Or, on l’oublie un peu dans ce marasme médiatique mais le football français, c’est 2 millions de licenciés pour une sélection qui n’est que la vitrine brisée d’un sport aimé par nombre de nos concitoyens.


Tirer des leçons pour rebondir.
A ce niveau, il faut aussi pointer l’incompétence de la fédération et de ses dirigeants qui ont maintenu un sélectionneur après l’échec de l’Euro 2008 tout simplement pour ne pas avoir à verser une indemnité de rupture de contrat tournant autour du million d’euros. Incompétence car vu la sensibilité du poste, on n’engage pas une personne à un poste si sensible aussi longtemps. Dans une autre sélection en difficulté, qui a mieux joué que l’équipe de France, le sélectionneur après deux compétitions ratées en 6 mois, va être remercié sine die. Cette sélection, c’est le Cameroun et le sélectionneur est pourtant un entraîneur chevronné : Paul Le Guen. Or, il faut rappeler que Paul Le Guen a non seulement été un bon joueur mais qu’en tant qu’entraineur, il a glané plus de titres que Raymond Domenech.


La responsabilité du politique.
Mais, surtout, il apparaît indispensable que le ministre de tutelle de la FFF, à savoir le ministre des sports donc Mme Bachelot et dans une moindre mesure Rama Yade, prenne les mesures qui s’imposent en demandant à toute le sommet de la fédération de se retirer et de laisser la place à une nouvelle génération qui puisse reconstruire le football français bien mal en point.


Conclusion.
Il suffit de se pencher sur les unes de la presse nationale pour comprendre l’ampleur du désamour. Même si les français parvenaient à se qualifier voir plus improbable encore à gagner la Coupe du monde 2010, il est très probable que les joueurs au lieu de recevoir des fleurs ne reçoivent pas des fruits pourris. Trop, c’est trop ! Il est grand temps que les joueurs de football arrête leurs caprices de stars et se remettent à faire ce que pourquoi ils sont là, à savoir jouer ensemble à un jeu qui se joue avec les pieds et un ballon, à savoir le football, le vrai, celui qui se joue dans les clubs amateurs. Marre de voir en ces joueurs uniquement des acheteurs de voitures de sport et d’amateur putes de luxe. En un mot comme un cent, DEHORS !

vendredi 18 juin 2010

La pelle du 18 Juin.

Ce vendredi, on fêtait le 70e anniversaire de l’appel lancé par le général de Gaulle sur les ondes de la BBC alors que l’on pressentait que le gouvernement dirigé par le maréchal Pétain allait demander l’armistice. Alors que Nicolas Sarkozy était occupé à Londres pour participer aux cérémonies de commémoration de cet évènement fondateur de la France libre, l’équipe de France venait, elle, de subir la veille une défaite plus que cuisante qui montrait sa faiblesse. Cette défaite, ou plutôt, cette déroute tant les mexicains sont apparus meilleurs que les français est significative de la pelle que la France s’est prise en pleine figure avec ce match.


« La France, une petite équipe ».
Les mots sont de Patrice Evra et sont le révélateur d’une réalité particulièrement crue : depuis 2006, la France est redevenue une petite équipe. Hormis en 2006, où, menée par Zinedine Zidane, la France était parvenue à se hisser jusqu’en finale, la France ne produit plus de jeu ou presque depuis que Raymond Domenech a accédé au poste de sélectionneur de l’équipe de France. Sans collectif, la France ne marque plus et est minée par les égos du sélectionneur et mais surtout des joueurs. Anelka ne respecte pas les consignes en restant à son poste et descend rejoindre les milieux. Ribéry qui a tout fait pour virer Gourcuff des titulaires, au lieu d’évoluer dans l’axe, joue à gauche. Govou, dont on se demande ce qu’il fout sur le terrain, ne joue pas. Et la défense qui avait tenu face à l’Uruguay était un vrai boulevard pour les joueurs mexicains.


Mexique, l’envie de jouer.
Les Mexicains savaient après leur match face à l’Afrique du Sud que la partie ne serait pas si facile face à la France. Du coup, ils ne se sont pas mis la pression et ont seulement insisté sur leur envie de jouer. Pour eux, l’essentiel était le plaisir de jouer ensemble. Et sur le terrain, cela s’est vu. La France littéralement minée par ses individualités ne formait tout simplement pas une équipe. Durant le match, la fine équipe de commentateurs de TF1 relevait que la France n’était qu’une mosaïque tandis que le Mexique était, lui, une vraie équipe. Mettant leur talent au service du collectif, les joueurs mexicains, moins bons sur le papier voir individuellement à ce que l’on était en droit d’attendre des joueurs de l’équipe de France, ont tout simplement joué au football, ensemble. Et on voyait bien qu’ils avaient du plaisir à jouer ensemble et à construire des actions ensemble, par opposition à une équipe de France complètement à la rue.


La responsabilité de la FFF.
Mais comme le souligne Erwan Le Duc dans son article publié dans « Le Monde », la responsabilité est aussi celle de la fédération qui comme en 2002, s’est laissée grisée par le succès après la finale de 2006 après une épopée qui doit beaucoup à Zinedine Zidane et aux cadres de 1998. Aussi, après la déroute lors de l’Euro 2008 en Suisse et en Autriche où l’équipe de France avait fini 4e de son groupe avec un nul, deux défaites et un seul but marqué. Suite à ce retour précipité en France, nombreuses sont les voix qui se sont faites entendre pour demander le changement du sélectionneur.

Mais la Fédération française de football et plus particulièrement son président Jean-Pierre ont insisté pour maintenir le sélectionneur à son poste malgré des résultats catastrophiques qui auraient conduit n’importe quel autre entraîneur vers la porte. Mais voilà , la riche Fédération française de football est aussi très pingre et ne voulait pas allonger la monnaie. On aurait tendance à l’oublier mais LA raison qui explique le maintien de Raymond Domenech est le contrat qu’il a signé avec la FFF. Ce contrat, signé en 2004, courait jusqu’en 2010 après la Coupe du monde en Afrique du Sud. Et comme tout contrat à durée déterminée, il comportait une clause pécuniaire applicable en cas de rupture anticipée. Clause dont le montant était supérieur au million d’euros. La FFF ne voulant pas payer comme elle avait dû le faire pour Roger Lemerre. Ainsi, celui qui déclarait en 2004 : « Ne rien changer, ne rien tenter conduirait à monter directement à l'échafaud. Il faut changer les habitudes et donc il faut changer les gens. L'équipe de France n'appartient à personne.» ferait bien de se rappeler ces quelques mots alors même qu’après l’Euro 2008 et pour la Coupe du monde 2010, les quelques changements quand il y en a eu, lui ont été imposés dans la douleur par les joueurs.



Conclusion.
La phase éliminatoire et les difficultés qu’a eues l’équipe de France pour se qualifier résume parfaitement l’incapacité de la France à jouer collectivement, ce sport d’équipe qu’est le football. A ce titre, le changement de sélectionneur avec l’entrée de Laurent Blanc au poste de sélectionneur ne sera pas du luxe. L’entraîneur bordelais connu pour sa rigueur et la modestie avec laquelle il a construit le collectif girondin pour le faire triompher aura fort à faire, notamment en mettant au pas des joueurs qui portent bien mal leur nom.

En attendant, la France si elle n’est pas éliminée, a déjà un bon pied dans l’avion vers Paris. Et il serait bon que la sélection tricolore ne frise pas le ridicule en perdant contre les Bafana bafana, sélection organisatrice la plus faible depuis la Coupe du monde existe.

mercredi 16 juin 2010

Apple bannit le libre.

Les utilisateurs des produits Apple le savaient déjà, pour profiter de l'ergonomie et l'environnement logiciel de la marque à la pomme, il faut accepter de laisser quelques aspects derrière soi comme la liberté, le choix et la personnalisation du matériel acheté à prix d'or.


« Cachez-moi ce sein que je ne saurai voir. »
En imposant des conditions d'utilisation de l'App store très restrictives, Apple veut s'assurer de l'entière maitrise de son magasin et notamment de la diffusion d'un certaine moralité. Ainsi, officiellement, pas question de voir de corps dénudés ou d'accéder à des applications un peu olé-olé. Comme souvent aux États-Unis, la morale officielle veut bannir toute allusion à la nudité. Pour Apple, le refus de tout contenu pornographique sur l'App store est une des raisons invoquée pour ne pas inclure Flash dans le spectre des technologies accessibles avec un iPhone ou un iPad. Sauf que, les producteurs de contenu pornographique ont entamé un mouvement de leurs contenus vers la technologie HTML 5.0 que promeut justement la marque à la pomme. Ainsi, en dépit de tous les efforts déployés, les utilisateurs ont tout de même accès à du contenu interdit et ce via la possibilité de navigation sur internet de leur machine.


Le libre incompatible avec Apple ?
En réalité, Apple n'interdit pas explicitement le libre de son magasin en ligne mais les conditions d'utilisation du service très restrictives le rendent de fait, incompatible avec les licences GNL régissant les logiciels libres. Malgré la règlementation restrictive, quelques logiciels libres ont réussi à passer entre les mailles du filet et se rendre disponible.

La Free software foundation soulignant le paradoxe entre la disponibilité de logiciels libres sur l'App store et la quasi-interdiction de ceux-ci sur l'App store, a donc envoyé un courrier à la firme à la pomme pour dénoncer ce double langage. La réponse d'Apple fut pour le moins surprenante puisque qu'au lieu de clarifier sa position, l'entreprise a purement et simplement supprimé l'application en question.

Aka du site Framablog souligne la différence avec le régime juridique applicable de l'Android Market lui aussi très restrictif mais qui permet néanmoins de publier les logiciels libres en respectant les termes des licences GNL.


Et ailleurs ?
En somme, au-delà du constat que l'on peut dresser de la politique d'Apple qui a toujours été restrictive n'est pas simplement la question de l'App store mais celle de la généralisation du modèle développé par Apple au niveau de la commercialisation et du développement d'applications sur les terminaux mobiles en général. Google et plus récemment Microsoft ont annoncé vouloir développer leur propre boutique numérique concurrente de celle de la firme de Cuppetino. Microsoft, en particulier a annoncé que sa politique serait sinon identique à celle de sa concurrente, au moins similaire notamment vis-à-vis de la pornographie.

Reste que cette situation commence à mécontenter un nombre croissant d'acteurs qu'ils soient utilisateurs ou développeurs qui apprécient de moins en moins de se retrouver privés de leur liberté de choix ou de création juste parce qu'ils utilisent des produits Apple. Tant qu'Apple était une marque marginale dans le monde de l'informatique, cela ne posait pas de problèmes car avec 5% de part de marché, les utilisateurs avaient des alternatives séduisantes dans le monde du PC. Le problème est qu'avec la diversification de la marque dans la musique portable, la vente de contenus et la conception de terminaux mobiles, la marque est passé de celui de petit poucet à un quasi-monopole ou à une large domination des marchés en question. De fait, la politique de restrictions qui pouvait être tolérée avant, ne peut plus l'être maintenant car elle restreint le choix offert aux utilisateurs. Apple aura beau faire des produits innovants en matière d'ergonomie et séduisant par leur habillage extérieur, le fait est qu'une prison, même en or, reste une prison.

Et cela, les utilisateurs et développeurs ne le tolèrent plus alors que dans le même temps, le libre est en train d'exploser en termes d'utilisation et de chiffre d'affaires généré. La situation n'a d'ailleurs pas échappé à la Commission européenne qui a lancé plusieurs enquêtes ces dernières années sur Apple et sa politique restrictive en matière de liberté et de concurrence.

La marque à la pomme va donc tôt ou tard être contrainte de lâcher son modèle. La question est : quand ? On se rappellera que la Commission européenne a mis plus de 10 ans avant que Microsoft ne commence à se conformer réellement à ses exigences, encouragée en cela par une amende de 497 millions €. Bref, Steve, il va falloir changer.

samedi 12 juin 2010

Bataille(s) entre amis.

Samedi 12 Juin 2010, deuxième jour de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud et entrée en lice de deux têtes de série. L'Argentine de Messi et du franco-argentin Higuain (que l'on aurait bien aimé avoir dans notre équipe hier face à l'Uruguay) mais surtout de l'Angleterre. Patrie historique du football, l'Angleterre est l'une des équipes favorites candidates des bookmakers pour cette Coupe du monde à une coupe après laquelle ils courent depuis 1966.


Un contexte tendu.
Si les deux pays entretiennent une « relation spéciale », depuis quelques jours les relations ont tendance à se tendre entre ces deux nations sur fond de marée noire. Le président Obama devant montrer qu'il fait ce qu'il faut pour que BP remplisse ses obligations et David Cameron devant montrer qu'il ne laisse pas un fleuron national se marcher sur les pieds.


Le pari.
Le match de Coupe du monde tombait donc à pic. Mais si au plus niveau, on se s'écharpe entre bons amis. Il en est d'autres pour qui la rencontre est l'occasion de paris un peu spéciaux. C'est ainsi que l'ambassadeur des États-Unis à Londres à proposé à son homologue britannique de Washington de parier sur le vainqueur de la rencontre. Si l'Angleterre gagnait, l'ambassadeur américain payait un restaurant de viandes à Washington. Inversement, en cas de victoire américaine, c'est l'ambassadeur britannique qui régalait dans un grand pub londonien.

Au-delà d'un pari somme toute classique (l'on est entre diplomates donc pas de folies), le plus intéressant est à chercher dans les propos échangés entre les deux ambassades comme le note le quotidien l'Équipe du jour. Un brin provoquant, l'ambassadeur américain lance à son homologue britannique qu'il comprendrait parfaitement que celui-ci ne relève pas le gant étant donné le résultat de la dernière confrontation en Coupe du monde entre les deux pays (les américains avaient battu les anglais 1 à 0 en 1950). L'ambassadeur britannique, pas désarçonné pour un sou et drapé dans le légendaire flegme britannique, répondit que l'histoire footballistique de l'Angleterre étant longue, les anglais ne se souviennent plus de cet épisode passé.
L'anecdote ne rapporte pas ce qui était prévu en cas de match nul, mais un pique-nique au milieu de l'Atlantique n'aurait pas été une mauvaise idée.


Le match.
Après avoir rapidement ouvert le score (but à la 4e minute de jeu), les anglais ne parvenaient pas à doubler la mise face à une équipe américaine surprenante, en dépit de nombreuses occasions. Pourtant dotée sur le papier d'une attaque de feu et d'un milieu de terrain, qui ferait pâlir d'envie de nombreuses avec Lampard et Gerrard, l'Angleterre s'est heurtée à un grand gardien américain et à une défense américaine qui défendait proprement comme en témoigne le soin apportée par les joueurs d'outre-Atlantique à la défense. Ces derniers ne furent toutefois pas en reste se procurant de nombreuses occasions et parvenant à égaliser juste avant la pause.

La seconde mi-temps fut tout aussi animée mais aucune équipe ne parvenait à marquer malgré de nombreuses actions chaudes. L'Angleterre, dominatrice, n'arrivant pas à faire fléchir un portier américain auteur d'un grand match. Le contraire en somme des gardiens anglais sur qui semble peser une malédiction (le précédent titulaire du poste ayant hérité du peu glorieux surnom de « Calamity James » en référence à une célèbre criminelle). Au final, l'Angleterre peut regretter un match qu'elle aurait pu gagner.


Conclusion.
Comme le dit l'usage, une Coupe du monde peut se gagner sans une grande attaque mais pas sans un bon gardien et une bonne défense. N'ayant pas de grand gardien et avec une défense défaillante, l'Angleterre peut se faire du souci face à des États-Unis dont la sélection pourtant composée de joueurs cirant le banc de touche dans les équipes européennes où ils évoluent, mais qui a beaucoup progressé depuis 1994 peut être l'invitée surprise des huitièmes de finale dans une poule C qui semble plus ouverte qu'il n'y paraissait de prime abord.

Bien que le football ne fasse en rien disparaitre la réalité du quotidien, espérons que le match correct entre anglais et américains serve de source d'inspiration à leurs dirigeants pour résoudre un problème mondial : la marée noire et plus loin, la dépendance de nos sociétés au pétrole qui rend nécessaire une conversion vers un modèle plus soucieux de l'environnement.

vendredi 11 juin 2010

Le plus dur commence.

L'évènement sportif le plus important vient de commencer. Pour la première fois dans l'histoire de la compétition, la Coupe du monde de football a lieu sur le continent africain, souvent absent des grandes confrontations mondiales.

Aujourd'hui, ce fut donc aux équipes du groupe A d'entrer dans la compétition. Après un match d'inauguration entre l'Afrique du Sud et le Mexique marqué par l'absence de Nelson Mandela pour des raisons de deuil familial, ce fut au tour de la France de jouer contre l'équipe d'Uruguay.


Des adversaires bien proches.
Point commun entre les deux équipes en bleu, elles sont toutes les deux passés par les barrages après un phase de qualification médiocre ou décevante. Si la préparation ne permettait pas vraiment de jauger les deux sélections, le schéma de jeu envisagé était similaire avec une attention portée plutôt vers la défense.

Le match en lui-même fut assez ennuyeux en 1ière période, l'essentiel pour chaque équipe étant
d'éviter de perdre. On a donc assisté à un jeu basé sur la contre-attaque mais sans réel jeu. Puis, avec l'entrée de Thierry Henry et Malouda côté français, les choses ne sont animées et plusieurs occasions furent la preuve que l'épisode chinois n'était qu'une erreur de parcours. Bien que l'expulsion d'un joueur uruguayen n'ait pas été réellement exploitée, la France a montré quelques belles choses et aurait mérité de gagner d'un petit but aux vues de sa domination sur le cours du jeu.


Un début mais des progrès.
A la fin de la rencontre, on ne peut être que déçu que la France ait ainsi laissé filer 2 points qui pourront avoir leur importance pour la qualification pour les huitièmes de final. Néanmoins, il semble que l'on assiste à un mieux qui traduit peut-être une montée en puissance physique de la sélection tricolore. Si la France doit remercier le public sud-africain pour son soutien face à l'Uruguay, l'équipe devra montrer qu'elle peut produire un jeu bien meilleur pour se mettre à l'abri face à un Mexique qui aura hâte de passer à autre chose après la rencontre contre l'Afrique du Sud.

jeudi 10 juin 2010

Retraites : la CFDT entrouve la porte.

La CFDT qui se réunit actuellement en Congrès à Tours vient-elle de faire un pas en direction du gouvernement ?


Un entrebâillement important mais limité.
Si on ne peut considérer que le syndicat soit prêt à un accord avec les actuelles propositions du ministère du Travail, le syndicat dirigé par François Chérèque vient d'entrouvrir la porte sur un point important : la durée de cotisation. Le principe d'une réforme du régime des retraites comportant une telle disposition a été adopté par 58,9% des voix des quelques 1 500 délégués présents. Attention toutefois, puisque que cette avancée en direction d'un compromis se fera sous conditions. Le progrès est toutefois important et son adoption a été saluée par de longs applaudissements, de nombreux délégués se levant pour marquer ce vote.


Une augmentation conditionnée.
La résolution adoptée concède la nécessité d'une augmentation de la durée de cotisation, mais l'allongement ne sera accepté « qu'à la condition d'un partage des gains d'espérance de vie et d'une possibilité de choix renforcée ». Le texte continue ainsi : « Les gains d'espérance de vie doivent faire l'objet d'un partage équilibré entre durée de cotisation supplémentaire ouvrant un droit à une retraite à taux plein et temps de retraite supplémentaire ».

En d'autres termes, la CFDT reconnaît que l'allongement de l'espérance de vie doit s'accompagner d'un allongement de la durée de cotisation de la part des travailleurs. Le syndicat conditionnant tout allongement à la prise en compte de la pénibilité ainsi qu'à un aménagement des fins de carrière favorisant le maintien des seniors au travail.

Si cette position est dans la lignée de la position qu'avait acceptée François Chérèque en 2003 avec la réforme Fillon, la CFDT ne semble pas prête à aller beaucoup plus loin pour le moment. En effet, échaudée par le départ de quelques 30 000 syndiqués vers la CGT suite à l'acceptation de la réforme Fillon, le syndicat a perdu une bonne partie de sa base depuis les années Notat.


Attention aux doigts !
Si la proposition a été adoptée à une large majorité de 58,9%, il y a tout de même une forte minorité qui n'approuve pas totalement la résolution. Martine Levasseur de Seine-Maritime, qui proposait une autre résolution sur ce point, n'est pas opposée au principe de l'allongement de la durée de cotisation mais critique la formulation employée qui laisserait selon elle « un flou trop important » ainsi que « l'exploitation qui pourrait en être faite ». La formulation souple employée pour réunir un consensus majoritaire n'est pas totalement remise en cause, mais son application dans les négociations avec le gouvernement sera néanmoins surveillé avec attention par une partie de la base militante du syndicat.

La porte est maintenant entrebâillée mais elle n'est pas pour autant ouverte. Le syndicat reste, en effet, opposé à l'idée de l'introduction même marginale de la retraire par capitalisation, réalité qui reviendra pourtant tôt ou tard sur la table. Jean-Louis Malys, secrétaire national à la protection sociale rappelle que « le risque est grand que les jeunes générations refusent d'assumer la totalité de l'effort », ce qui ouvrirait « le chemin à la capitalisation ». Le même demeure tout aussi hostile à la remise en cause de l'âge de départ à la retraite qui « n'est ni négociable, ni amendable ».

Gare donc pour le gouvernement à ne pas laisser ses doigts traîner dans l'entrebâillement de la porte et à se les faire coincer. La CFDT est prête à négocier et à faire des concessions mais il faut que le gouvernement lâche aussi du lest. En tout état de cause, il ne semble pas que ce soit le cas puisque les propositions du gouvernement ont comme axe principal la remise en cause de l'âge de départ à la retraite à 60 ans.


Conclusion.
Les principaux intéressés absents de la négociation.
Le plus frappant dans ces discussions autour des retraites est l'exclusion des principales populations intéressées, de ceux qui, in fine, paieront la note : à savoir, les quadragénaires mais surtout les jeunes. Bien optimistes sont les articles interlocuteurs autour de la table qui pensent que le système par répartition pourra être sauvé sans l'introduction d'une part de retraite par capitalisation. Si la France, grâce à son dynamisme démographique relatif, a davantage de marges de manœuvre que ces voisins européens en la matière, il n'en reste pas moins que les jeunes n'accepteront pas de tout payer. Les générations, qui ont commencé à arriver sur le marché du travail depuis quelques années, devront payer pour la dette publique colossale accumulée depuis 1980, l'augmentation des dépenses de santé et donc les retraites. Sauf que cette génération se prend en pleine figure la précarité en début de carrière et mettra plusieurs années avant d'avoir un travail et une rémunération correcte.

Après être parvenu à obtenir un statut social que leurs aînés ont eu moins de difficultés à avoir, ils n'accepteront pas de régler intégralement la note qui leur sera laissée. Et cette dernière sera particulièrement salée si on ne fait rien ou que l'on ne réforme pas suffisamment. Coincés entre le marteau (une augmentation des prélèvements fiscaux) et l'enclume (une réduction des droits, prestations et autres avantages), la jeunesse actuelle dont l'auteur de ces lignes fait partie, paiera en partie mais en aucun cas la totalité de l'ardoise.


L'inévitable retraite par capitalisation.
Une seule solution s'offre donc pour solutionner le problème : l'introduction en partie d'une retraite par capitalisation. Si le régime principal serait toujours basé sur la répartition, la mise en place de fonds de pension ne pourra être éternellement exclue. Si la décision de leur introduction n'est pas prise aujourd'hui, il faudra s'attendre à une baisse des pensions à l'avenir. Cette possibilité répondrait aussi à un besoin important des entreprises françaises et européennes, qui ont des projets plein leurs cartons mais qui n'ont pas accès ou insuffisamment à des fonds engagés dans une logique de long terme pour les développer. Enfin, autre élément plaidant pour l'introduction d'une partie par capitalisation : le rendement sur le long terme. Si on regarde les richesses dégagées entre les différents types de placement, l'investissement dans les entreprises a toujours été gagnant et de loin. Et ce, en dépit de toutes les crises économiques qui ont pu se produire.


Crédit photo : AFP.

mercredi 9 juin 2010

Thon rouge. On ferme !

Il y a quelques jours, je vous reportais les échanges plus que vifs entre les pêcheurs de thon rouge et les militants de Greenpeace. Si de ce côté, le combat continue sur le terrain judiciaire; il est une autre nouvelle qui ne va pas plaire aux thoniers français : la pêche au thon rouge sera interdite passée minuit ce mercredi 05 juin 2010.
Selon la commissaire grecque à la pêche, Mme Maria Damanaki, les quotas de pêche prévus ont été atteints.


Une réaction française étrange.
On se souvient que la France avait soutenu la demande d'inscription du thon rouge sur la liste des espèces menacées ce qui, de facto, en aurait interdit la pêche. Depuis, il semble que le gouvernement ait changé son fusil d'épaule et en retourne à une position plus classique de défense des intérêts des pêcheurs sans prendre en compte les conséquences environnementales. Au lieu d'accepter l'interdiction et de se féliciter des nouvelles règles de régulation, la France, par l'intermédiaire de son ministre de l'Agriculture et de la pêche Bruno Le Maire, a déclaré : « Soit la Commission européenne nous apporte la preuve formelle que les bateaux de pêche français, notamment les sept restant sur zone, ont réalisé l'intégralité de leurs quotas et dans ce cas nous respecterons naturellement la décision de la Commission, soit les navires de pêche français n'ont pas pu réaliser leurs cotas et nous demandons à la Commission européenne de laisser les pêcheurs français réaliser les cotas légalement autorisés ».

Pour rappel, la période officielle de pêche au thon rouge devait avoir lieu du 15 mai au 15 juin. La pêche ferme donc avec 6 jours d'avance.


La mauvaise foi des pêcheurs français.
De leur côté, les pêcheurs français se déclarent surpris que de le fermeture prématurée de la pêche au thon rouge. Pour Mourad Kahoul, patron des pêcheurs marseillais : « Actuellement, huit bateaux sur les 17 battant pavillon français n'ont pêché que 62 % de leur quota. Ils ont reçu pour consigne de rester en mer. Aujourd'hui, nous sommes dans notre droit, nous n'allons pas baisser les bras pour faire plaisir aux écologistes comme le fait la Commission ». Ce dernier ajoutant : « s'il le faut, [on ira] devant la Cour européenne de Justice » et « On ne va pas laisser les écologistes jouer les sheriffs des mers » en référence aux accrochages avec les militants de Greenpeace. L'association précise toutefois que l'interdiction ne concerne que les bateaux battant pavillon européen et que 40% des quotas sont attribués à des bateaux dépendant de pays non-membres de l'Union européenne. Dans le même temps, l'association Sea Shepherd, qui a annoncé dimanche dernier le lancement de sa campagne contre le pêche au thon rouge, fait monter sa campagne en puissance afin de lutter contre la pêche illégale notamment de la part des bateaux non soumis aux quotas et immatriculés dans des pays tiers plus souples comme la Libye ou la Tunisie.

En réalité, les quotas européens sont déjà bel et bien remplis en dépit des déclarations des pêcheurs français. Plusieurs rapports ayant montré que les pêcheurs européens sous-estimaient largement les quantités pêchées. M. Kahoul a raison quand il qualifie les écologistes de « sheriffs des mers ». La raison de cet état de fait n'étant que la conséquence d'un manque criant de contrôle de la part des États européens. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) ne va pas dans le sens contraire puisqu'elle a déjà condamné à de nombreuses reprises des pays membres protégeant leurs pêcheurs et n'appliquant pas ou insuffisamment les dispositions communautaires en matières de pêche. En 2006, la France a d'ailleurs été condamnée à payer une amende cumulée considérable à l'issue d'un recours en manquement sur manquement. En l'espèce, la Cour avait motivé sa décision par des contrôles insuffisants de la part de l'État français.


Conclusion.
Les progrès en matière de contrôle sont là et c'est tant mieux. Toutefois, il convient de tempérer ceux-ci par le retard accumulé dans le domaine. On peut reconnaître à l'Union européenne d'avoir conscience de la nécessité de contrôler la pêche. Mais, face à une intense lobbying des pêcheurs et aux résistances des États-membres, la règlementation en la matière déjà insuffisante parait bien faible.

Dans le même temps, on ne peut qu'être d'accord avec M. Kahoul, il est complètement anormal de laisser la police de la pêche entre les mains des écologistes. Et ce, quand bien même les États seraient défaillants. La raison en est bien simple, le pouvoir de police se caractérise par un monopole de l'usage de la force légale. Pour pallier à ces défaillances, il est nécessaire de disposer d'un corps de gardes côtes européens et en premier en Méditerranée, cette mer étant un milieu particulièrement fragile. Vu la situation, les États européens devraient en profiter pour faire accepter cette nouvelle contrainte. En motivant un surcroit de contrôle sur les pêcheurs par la nécessité de protéger ces derniers des actions musclées des écologistes, les États ne se montreraient pas d'un courage démentiel mais comme le dit le proverbe : « L'occasion fait le laron. ».


Crédit photo : Greenpeace.

lundi 7 juin 2010

Voile au volant. PV au tournant.

Vous vous souvenez probablement de cette conductrice qui s'était faite verbalisé début avril pour avoir conduit avec un voile intégral (aussi appelé niqab ou sitar à ne pas confondre avec une burqa qui est vêtement afghan avec un sorte de grille au niveau du visage).


Et de deux !
Nouvel épisode mercredi 02 juin 2010, puisque une nouvelle fois, une femme en niqab a été verbalisé pour un motif approchant. Le jeune femme de 23 ans circulait alors sur le territoire de la commune de Louvroil près de Maubeuge. Les policiers, croyant avoir à faire à un homme cagoulé, ont demandé à la personne de se ranger sur le côté et de se garer ce que la jeune femme est difficilement parvenue à faire calant 2 fois et ayant manifestement des problèmes de visibilité du fait de son voile. Les policiers ont verbalisé sur ce point après vérifié que la visibilité était bien réduite.
L'affaire aurait pu connaître un développement similaire de celle de Nantes puisque la conductrice a rapidement manifesté son intention de contester le PV de contravention.


Un recours qui tourne court.
Suite à l'affaire de Nantes, il semble que les cas se généralisent et donc que toute décision en la matière serait source d'une jurisprudence nouvelle et aurait tôt ou tard atterri devant la Cour de cassation. Mais, coup de chance pour la conductrice, les représentants des forces de l'ordre sont allés un peu vite en besogne et ont visé le mauvais article.

En l'espèce, l'article visé dans la contravention est l'article R. 316-1 du code de la route qui dispose : « Tout véhicule à moteur, à l'exception des véhicules et matériels agricoles ou de travaux publics, doit être construit ou équipé de telle manière que le champ de visibilité du conducteur, vers l'avant, vers la droite et vers la gauche soit suffisant pour que celui-ci puisse conduire avec sûreté. ».

L'article ne concerne donc que les véhicules et non les personnes. L'article en question étant le seul visa présent sur le PV, le procureur de la République d'Avesnes-sur-Helpe doit se résoudre à classer l'affaire.

Or, il fallait invoquer l'article R. 412-6 du même code, plus général et qui, lui, s'applique bien aux conducteurs. Il s'agit d'ailleurs du visa mentionné sur le PV de la femme verbalisée dans la région nantaise. L'article en question dispose en son point II qui nous intéresse plus particulièrement : « Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l'apposition d'objets non transparents sur les vitres. ». Mon confrère blogueur, Maître Éolas, déclarait sur son compte Twitter à propos du cas de la conductrice de la région nantaise : « Pour moi, l'amende ne tient pas. L'art. R. 412-6 ne prévoyant pas la réduction de la vision par la tenue vestimentaire. ».

Avec tout le respect que j'ai pour l'avocat qu'il est, je ne partage pas son avis. Bien que le code ne prévoit pas de disposition spécifique, la formulation est suffisamment générale pour s'appliquer. Si dans le cas nantais, on ne connait pas suffisamment les faits qui se sont déroulés; on connaît par contre mieux les faits dans le cas maubeugeois. Et il se trouve que a conductrice a callé deux fois mais surtout avait du mal à voir sur les côtés pour se garer.

Physiologiquement, l'homme (au sens générique du texte), a un champ de vision s'étend aussi aux côtés et un peu vers les arrières. Ce champ visuel périphérique est très important. En effet, même si l'on concentre pas l'attention, il sert à se situer dans l'espace et à voir les obstacles à éviter. Or, le niqab réduit précisément ce champ de vision périphérique ce qui est formellement interdit par l'article R.412-6 du code de la route. Le PV est donc parfaitement justifié.


Conduire en niqab est-il permis ?
Les jeunes qui se sont faites arrêter conduisaient dans des conditions peu communes et manifestement incompatibles avec une maîtrise correcte d'un véhicule. Mais il y a une question que personne ne semble se poser et qui pourtant fourni une partie de la solution en justifiant les PV : les textes religieux autorisent-ils à une femme de conduire voilée ? Mais aussi plus simplement à conduire tout court.

Le voile n'est pas une obligation mais il est conseillé dans les textes religieux. Les nombreux commentaires, interprétations et autres avis mentionnés par les fondamentalistes musulmans et notamment les salafistes invoquent l'obligation, pour les musulmanes, de porter le voile intégral. Toutefois, en y regardant d'un peu plus près, on ne constate que les textes interdisent tout ou presque aux femmes. La conduite en fait d'ailleurs partie. Et en Arabie Saoudite ou Afghanistan, pays modèles pour les musulmans radicaux, les femmes n'ont pas le droit de conduire une voiture même voilée.

Donc, si on poursuit le raisonnement de ces fondamentalistes musulmans, on note qu'une femme conduisant n'est pas concevable. En Afghanistan, le respect du droit des femmes est telle que celles-ci peuvent être transportée dans le coffre comme un paquet de lessive. Mais, hors de question de laisser une femme, quelle qu'elle soit conduite une voiture.


Conclusion.
La multiplication des contraventions de femmes intégralement voilées au volant est un problème qui, si l'on suit bien la raisonnement des salafistes, ne devrait même pas exister. Et si le cas se présente à nouveau, le code de la route est suffisant pour verbaliser les contrevenantes.
En médiatisant leur situation suite au débat sur l'identité nationale, les fondamentalistes, au contraire de rallier l'opinion à leur cause, ne font que créer les conditions du rejet.

Le cas de la conductrice de la région nantaise est d'ailleurs symtômatique. Puisque l'opinion s'est crispé devant l'attitude orgueilleuse de Lies Hebbadj, et sa compagne qui avait été verbalisé sont depuis lundi matin en garde de vue. Ils sont entendus par la section financière de la police judiciaire pour escroquerie, de travail dissimulé et de fraude aux aides sociales sans oublier bien sur les soupçons de polygamie pesant sur l'intéressée.

En voulant se poser en victimes de la laïcité, ces personnes attirent l'attention alors qu'elles devraient au contraire, faire profil bas pour conserver un mode de vie violant fréquemment les droits de femmes et la loi.

Et maintenant la Hongrie.

Après la Grèce, c'est au tour de la Hongrie d'alimenter la peur sur les marchés financiers. Marchés, qui dans le sillage de la place de Tokyo, ont plongé certes dans une moindre mesure que la bourse japonaise. Mais qu’elle est donc la cause de cette nouvelle plongée des marchés ? La difficile situation hongroise n’est pourtant une nouveauté, le FMI ayant octroyé à ce pays un prêt de 20 milliards de dollars pour aider le pays à faire face à la crise financière consécutive à la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers.


Des marchés fébriles.
La source de l’inquiétude des marchés fait suite à des propos malvenus de la part du gouvernement hongrois récemment élu. Cette dégringolade a commencé lorsque Lajos Kosa, vice-président du Fidesz et maire de Debrecen (la deuxième ville du pays), parti qui remporté la majorité absolue avec 68% au Parlement hongrois (conjointement avec le parti chrétien-démocrate de Hongrie avec qui il avait fait liste commune), a déclaré jeudi dernier, le 03 juin, que l’économie hongroise : « dans une situation bien pire que ce que le nouveau gouvernement avait pensé » avant son arrivée au pouvoir le 29 mai 2010.

Ces propos alarmistes s’inscrivant dans la ligne d’autres tout aussi inquiétants du ministre des finances Gyorgy Matolcsy, ainsi qu'à ceux de Mihaly Varga, le plus proche conseiller du nouveau Premier ministre, Viktor Orban déclarant que le déficit public serait plus élevé que prévu et s’inscrirait entre 6,5% et 7,5% du PIB contre les 3,8% prévus par le FMI.

Pour ne rien arranger, M. Kosa, a déclaré que la Hongrie n’avait : « qu’une petite chance d’échapper au destin de la Grèce » ; « Maintenant que le navire est en train de couler, il faut prendre des mesures d’urgence, quoi qu’il en coûte » renforçant ainsi les craintes d’un défaut de paiement de la part de l’État hongrois. L’homme est d’autant plus écouté qu’il avait aussi critiqué le prêt accordé par le FMI à la Hongrie et qu’il est un homme fort de la majorité au pouvoir.
Loin de calmer le jeu, le porte-parole du gouvernement n’a pas démenti les propos tenus soulignant que les craintes ne paraissaient « pas du tout exagérées ».Les marchés ont immédiatement réagi en vendant du forint, la monnaie hongroise, et en achetant des CDS (credit default swap), des produits dérivés destinés à protéger contre les risques de défaut de paiement, dont le cours a immédiatement bondi.


Des déclarations inconséquentes.
Le problème est que ces déclarations affolent inutilement les marchés alors que la situation du pays n’est pas si catastrophique que cela. Avec une dette approchant les 78% du PIB et un déficit public revu pour 2010 entre 6,5 et 7,5%, le pays se situe dans la moyenne des autres européens.
Mieux, l’économie du pays est une des plus dynamiques des nouveaux entrants ce qui n’est pas vraiment le cas de la Grèce dont la croissance était anémique bien avant la crise actuelle. Le hic est que la Hongrie ne profite de la protection offerte par la zone euro et donc la généralisation des risques au niveau de la zone monétaire. Pire, le pays lorsqu’il avait besoin d’aide n’a pas réellement reçu d’aide de la part des homologues européens et a dû frapper à la porte du FMI.

Si le porte-parole du gouvernement hongrois Peter Szijjarto, a annoncé que le gouvernement allait lancer des réformes pour assainir les finances, il a aussi annoncé que des allègements fiscaux pour soutenir la compétitivité de l’économie nationale. Pris entre la nécessité de réduire la dette publique et des promesses électorales à tenir, le gouvernement se trouve en position difficile et serait tenté d’abandonner des contraintes imposées.


Conséquence, l’€uro trinque.
Ces déclarations ne porteraient pas à conséquence si les conséquences ne faisaient pas immédiatement sentir sur la monnaie unique. La dégringolade de la monnaie nationale, le forint, face à l’euro a entraîné parallèlement une glissade de la devise européenne face au dollar à un plus bas depuis 4 ans autour de $1,19 pour 1 €, loin des $1,60 d’il y a quelques mois.
Interrogé sur TV5, Jean-Paul Juncker, président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois a dénoncé « les propos de certains dirigeants hongrois » et précisé qu’il « n’était pas inquiet face à la situation économique en Hongrie ». Déclarations renforcé par une autre de Dominique Strauss-Kahn qui assure n’avoir « aucun élément particulier d’inquiétude » concernant le cas de la Hongrie.


Conclusion.
A quelles heures d’une nouvelle réunion de l’Eurogroupe dont l’ordre du jour principal concerne l’étude des divers plans d’austérité adopté par les pays membres de l’Union européenne, ces propos ne sont pas les bienvenus. Si la franchise est toujours préférable face aux difficultés, la communication en direction des marchés est un art subtil qu’il convient de maitriser si l’on ne veut pas les affoler inutilement. Les dirigeants hongrois, pour avoir oublié cette règle de base dans l’art de gouverner, ont non seulement inquiétés les marchés mais surtout renchéri fait dévisser leur monnaie ce qui pour le moins problématique lorsque l’on sait que 75% des dettes contractés par les ménages hongrois, le sont en devises. Au lieu de relancer l’activité économique, ces propos ont donc accru le coût du crédit dans le pays. Crédit qui, en temps de crise, est le principal carburant pour surmonter les temps difficiles.

samedi 5 juin 2010

Une pêche un thon trop sanglante.

La pêche au thon rouge est entrée dans une nouvelle ère. D'ailleurs, il serait plus juste de parler d'une « guerre du thon rouge ». En effet, les évènements ont franchi un palier plutôt sanglant. Mais avant d'en venir à cet évènement, il convient de voir comment les choses ont commencé.


Acte I - La protection des baleines.
Le lecteur averti se souvient probablement du naufrage de l'Ady Gil, ce trimaran à moteur de l'association Sea Shepherd qui avait été coulé par un baleinier japonais après s'être fait foncé dessus en plein océan Antarctique en janvier dernier. L'association, fondée à la fin des années 1970 par l'un des cofondateurs de Greenpeace qui trouvait cette dernière trop modérée, s'est ensuite spécialisée dans la traque à la pêche illégale de baleines, de requins, de phoques et à la lutte contre les filets dérivants. Ses méthodes (plutôt musclées) consistent à éperonner, aborder, voir à couler les navires pratiquant ces pêches illégales. Les pêcheurs braconniers le leur rendent bien puisqu'il est arrivé que les membres de l'association se fassent tirer dessus, et ce, à plusieurs reprises. Toutefois, aucun des armateurs ni même des membres d'équipage des navires visés n'a entamé d'actions en justice, ceux-ci se trouvant dans la plus parfaite illégalité lors des opérations menées. Par miracle, aucune personne n'a jamais été tuée ni même blessée lors de ces opérations.


Acte II - La lutte contre la pêche au thon rouge.
Si le rejet de la demande d'inscription du thon rouge sur le liste des espèces menacées de la CITES formulée par les États-Unis d'Amérique et soutenue par la France (1er pêcheur européen de l'espèce) en Mars 2010, ce qui aurait entraîné l'interdiction de pêcher l'espèce, fut une grande une énorme déception pour nombre de personnes et d'écologistes. Il semble que l'année 2010 soit l'occasion d'une prise de conscience de l'envergure du problème et de la nécessité de protéger l'espèce. Signe de ce changement, l'association Sea Shepherd, dont on peut voir les vidéos facilement sur des plate-formes du Youtube ou Dailymotion, a lancé en mai 2010 sa première opération en Méditerranée. Avec l'intervention de cette association, on aurait pu s'attendre à voir faire une nouvelle fois la presse en faire ses unes.

En réalité, c'est une autre association qui la fait. Cette association, c'est justement celle que Paul Watson a quitté : Greenpeace.

Cette dernière aurait-elle adopté les méthodes de sa petite sœur pour faire parler d'elle ? Le fait est que ce n'est pas le cas. Si Greenpeace est spécialisée dans les opérations de communication symboliques, elle ne recourt jamais à la violence et ses méthodes d'actions ont cependant généré des réactions violentes de la part des pêcheurs de thon.


Mais si l'opération menée au large de Malte s'est accompagnée des traditionnelles courses poursuites entre pêcheurs et écologistes. Cette fois, les pêcheurs n'étaient pas vraiment décidés à rester les bras croisés en regardant leur gagne-pain se faire la malle, et ont foncés avec leurs navires sur les militants de Greenpeace coulant au passage deux zodiacs. D'autres pêcheurs tentaient à partir de petites embarcations de mettre fin à l'action en usant de matériels plus dangereux comme des couteaux ou des lances dans le but délibéré de couler les embarcations gonflables d'écologistes, heureusement personnellement équipés pour éviter les drames.

Ces précautions n'ont toutefois pas empêché la réaction particulièrement disproportionnée de la part des pêcheurs. Ni que Frank Huston, un militant britannique de l'association, ne se fasse harponner et trainer sur plusieurs mètres (oui vous lisez bien, harponné !), par un pêcheur français lors de cette opération menée au large de Malte tandis que les militants écologistes accrochaient des sacs de sable au filet du « Jean-Marie Christian 6 », un thonier français, pour permettre aux thons rouges de s'échapper.

Ce samedi matin, le 05 juin 2010, d'autres militants de Greenpeace qui participaient, eux, à une action de sensibilisation du public ont été accueillis à coups de poings par des thoniers français restés à quai qui souhaitaient leur faire prendre un bain dans le Vieux port. L'association, par intermédiaire du site officiel de son antenne française, annonce qu'elle va déposer plainte et entamer des poursuites judiciaires. Plus que jamais déterminée à agir face à ce qu'elle qualifie, par l'intermédiaire de François Chartier, responsable de la campagne Océans : de défaillances de la part « de l’Iccat, la Cites, l’Union européenne et la France », « restant sourdes aux recommandations des scientifiques ». Ce dernier poursuit : « Si nous voulons sauver le thon rouge, il faut immédiatement stopper des pratiques de pêche irresponsables et destructrices ».

Pour se faire, Greenpeace demande un moratoire sur la pêche au thon rouge afin de permettre à l'espèce de se régénérer.


Une escalade inévitable ?
Jusqu'où les enchères en matière d'activisme vont-elles monter ? Auparavant la protection de l'environnement était pacifique, bon enfant, et les actions les plus dures consistaient à s'enchaîner à des rails pour empêcher la circulation de convois ferrés de déchets nucléaires ou déployer des banderoles au sein d'endroits interdits comme à l'Assemblée nationale en décembre 2009.

Mais le développement des associations comme la Sea Shepherd conservation society (SSCS) ou encore Peta recourant à la violence n'est pas sans poser de questions. Si dans ce cas, il convient de parler d'éco-guerriers, la réaction à l'encontre des activistes de Greenpeace montre combien le contexte est tendu entre des pêcheurs qui estiment avoir le droit de gagner leur vie dans le respect de la loi et des activistes déterminés à pallier les insuffisances d'une politique de protection des espèces défaillante.


Conclusion.
Les actions violentes sont en train de devenir la norme et il y a vraiment de quoi s'inquiéter. Si, par chance, le militant britannique a réussi à couper la ligne reliée au harpon qui passait au travers de sa jambe et à sauver sa vie. Il a tout de même été gravement blessé, son cas ayant nécessité de l'évacuer par l'hélicoptère vers un hôpital de Malte.

De ces évènements, la France mais surtout l'Europe seraient bien inspirées de tirer quelques leçons. Car il ne s'agit plus seulement de protéger l'environnement mais d'un véritable problème d'ordre public nécessitant la présence permanente d'une force de maintien de l'ordre réellement efficace. En ce sens, l'idée maintes fois émises mais jamais concrétisée de création d'une force fédérale de gardes côtes européens sur le modèle de leurs homologues américains, dotée des moyens adéquats en termes de matériels, de navires et d'hommes est plus que jamais indispensable.


Pour aller plus loin :
- L'article que le quotidien Le Monde consacre à l'évènement accompagnée d'une vidéo de l'activiste harponné.
- Un communiqué de Greenpeace repris par le blog Écolopresse.
- La page consacrée à l'évènement sur le site officielle de l'association Greenpeace.
Le tout est accompagné de vidéos montrant la violence de ce qui s'est passé.

mardi 1 juin 2010

Y a-t-il une polémique Aubry ?

Samedi dernier, le Parti socialiste organisait une convention à la Plaine Saint-Denis sur le thème :
« Pour un nouveau modèle de développement économique, social et écologique » dont le but était donc de réfléchir à une alternative au système actuel défendu par le président de la République et l'UMP. Si les propositions restent dans la tradition des idées socialistes, ce sont surtout deux autres points qui ont retenu l'attention.


Touche à pas à mon président !
Dans son discours lors de cette convention, Martine Aubry est revenu sur les propos qu'avait tenu Nicolas Sarkozy lors d'une réunion avec des militants de l'UMP.

Le président avait alors déclaré il y a tout juste une semaine : « Vous savez quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu. », propos qui ont bien sur touché un public acquis au discours présidentiel.

Mais cela n'a pas plus à Martine Aubry, qui, bien qu'elle ait un moment suggéré que l'on puisse porter l'âge de départ à la retraite de 60 ans à 61 ou 62 ans, a réagi vivement :

«non seulement, le président se renie - on est habitué - mais faute de courage de présenter ses propres réformes, il attaque les nôtres».

«Faut-il qu'il soit déboussolé pour attaquer le prédécesseur de son prédécesseur!»;

«On reconnaît bien Nicolas Sarkozy dans cette attaque» ;

«A son inconstance, il ajoute aujourd'hui l'inélégance. Et à son inefficacité - je le dis parce que je le pense comme ça - il ajoute une dose de vulgarité. On n'attaque pas ainsi un président de la République et surtout pas François Mitterrand!».

Au-delà de ces échanges de cour de récréation de maternelle, du jeu de savoir qui consiste à dire que son président à soi est le meilleur, le fait est que le passage de la retraite de 65 à 60 ans en 1983 était une grande erreur. Si évidemment, il fallait tenir compte de la pénibilité au travail en permettant à certaines professions de pouvoir partir à la retraite plus tôt; passer l'âge de la retraite de 65 à 60 ans était une promesse démagogique. Et ce, d'autant plus que lors de l'adoption de la mesure, les dirigeants savaient pertinemment que cela creuseraient à terme les déficits dans les régimes de retraite même si dans l'immédiat, les choses s'équilibraient.
Alors que tout indiquait que cette mesure était mauvaise, elle fut adoptée tout de même en contradiction avec l'exigence de responsabilité que tout homme politique doit avoir pour principe premier avant de prendre une décision.

Dans le même esprit, l'adoption de la loi TEPA alors que la crise pointait le bout de son nez était tout aussi dogmatique. L'adoption du « paquet fiscal » pour récompenser les clientèles électorales aisées de l'UMP était un non-sens économique tout comme la persistance à vouloir maintenir coûte que coûte le « bouclier fiscal ». Avant même d'être adoptée, la loi TEPA avait été surnommée le « boulet fiscal » tellement l'impact financier était important. Une dénomination plus que jamais d'actualité.

L'irresponsabilité des uns et des autres sur la question des retraites montre bien la nécessité de proposer une alternative sur l'importante question des retraites.


Sarkozy, un autre Madoff ?
Autre point qui a suscité des réactions outrées dans les rangs de la majorité, l'amalgame qu'aurait fait Martine Aubry entre Nicolas Sarkozy et Bernard Madoff. Ce dernier étant, rappelons-le, le responsable d'une escroquerie pyramidale d'un montant total de 50 milliards de dollars.

Voici les propos en question : «Alors, j'entends bien M. Sarkozy nous donner des leçons en matière de gestion» avant de préciser sa pensée quelques instants plus tard « J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu M. Madoff qui [nous] administre quelques cours de comptabilité ».

Aussitôt donc, cris d'orfraie des responsables de l'UMP, Frédéric Lefebvre parlant même d'insultes et demandant à la secrétaire nationale du PS de s'excuser.
Invité le dimanche midi de la partie magazine du JT de 13h de France 2 intitulée « 13h15 le dimanche », Martine Aubry a explicité les propos qu'elle avait pu tenir la veille, je cite :

« Les mots ont un sens [...] Bien sûr, je n'ai pas comparé le président de la République à Madoff mais j'ai dit une chose qui paraît assez simple, c'est que, quand il nous donne des leçons de rigueur budgétaire, quand on a fait augmenter la dette de la France - depuis que la droite est au pouvoir, en 2002, on l'a doublée, de 800 à 1 600 milliards [d'€uros] - c'est un peu comme si Madoff venait vous donner des leçons de comptabilité. Et ça ne serait pas crédible ».

Autant sur les propos concernant François Mitterand, je ne partage pas l'avis de Mme Aubry, autant concernant les leçons que nous donnent actuellement la majorité, je la soutiens parfaitement. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy a augmenté la dette publique de notre pays de 20%, et ce n'est fini puisque l'on nous annonce encore un déficit colossal pour cette année 2010. Le retour dans les clous (pour autant qu'on puisse le dire ainsi) n'étant prévu que pour 2013-2014 avec une déficit annuel inférieur à 3% du PIB.

Toutefois, il est important d'ajouter un bémol à cela. Tous les gouvernements qui se sont succédés depuis le début des années 1980 ont creusé la dette publique. Bien que certains aient réussi à la réduire un peu comme Alain Juppé pour rentrer dans les critères du traité de Maastricht et Lionel Jospin, les efforts étaient bien faibles au regard de l'ampleur de la tâche. Plus généralement, on ne peut que constater


Conclusion.
Les querelles entre la gauche et la droite font passer la classe politique pour des gamins turbulents mais en aucun cas pour des personnes responsables. Or, dans la situation difficile qui est aujourd'hui la nôtre, jamais notre pays n'a eu autant besoin. Le constat peut d'ailleurs se généraliser à tous les pays européens d'ailleurs qui sont dans des situations plus ou moins similaires au niveau de l'État de leurs finances.

L'autre aspect qui se dégage est la volonté des différents peuples européens de voir émerger une 3e voie qui puisse se poser en alternative aux partis politiques traditionnels actuels que sont les socialistes d'un côté et les conservateurs de l'autre. Ce mouvement se traduit par un recul croissant du score cumulé des formations politiques traditionnelles identifiées à gauche ou à droite.

Si dans les années 1950, la gauche et la droite rassemblait environ 98% des voix au Royaume-Uni, la part est tombé à 66% en 2005. Dans un pays symbole du système bipartisan, c'est un signe qui ne trompe pas. Toujours en prenant l'exemple britannique, l'élection de la 1ière parlementaire verte à la Chambre des communes ainsi que le score des libéraux traduisent une volonté de changement autour d'un projet libéral, démocrate et écologique axé sur la transition vers une économie verte et la défense des libertés fondamentales.

La question qui se pose maintenant est de réaliser l'union autour de ce projet. En France, en Allemagne, au Royaume-Uni mais aussi dans les pays de l'Est récents membres de l'Union, les ingrédients pour la réaliser sont déjà là.