Riposte graduée ? - La Quadrature du Net

mardi 28 avril 2009

L’Islande dans l’Union européenne, le veut-elle ? Le peut-elle vraiment ?

« Victoire ! »

C’est l’image que l’on a pu voir dans la nuit du dimanche 26 à lundi 27 Avril 2009, la coalition de gauche menée par le 1er ministre, madame Johanna Sigurdadottir a remporté les élections en Islande. Ce pays est donc le premier où un gouvernement est tombé des suites des conséquences de la crise financière et économique mondiale. Alors que le pays vivait à crédit avec des banques commerciales qui avaient des dettes libellées en devises étrangères d’un montant 10 fois plus important que celui des réserves de change de la banque centrale de leur pays, c’est la fin d’un temps, celui de l’argent fou. Ce petit pays de 320 000 habitants environ soit l’équivalent de la population de l’agglomération de Metz, a donc décidé de confier le pouvoir à la gauche pour la 1ière fois de son histoire.


Contrée devenue indépendante en 1944, l’Islande a donc fait confiance aux sociaux-démocrates, parti allié aux verts pour prendre en main la reconstruction d’une économie sinistrée. Ce parti avait axé sa campagne sur l’adhésion à l’Union Européenne et à l’Euro. Ce parti a compris que le pays était trop petit pour avoir sa propre monnaie et que la moindre tempête financière, conjuguée à un trop appétit des banques les menait dans le mur. Les islandais ont donc tenté dans un premier temps de se rapprocher de l’Union pour rentrer dans l’Euro sans rentrer dans l’Union européenne. Refus net de la Commission européenne et des États-membres. Un pays désirant adopter l’Euro doit être membre de l’Union européenne. Les sociaux-démocrates ont compris que cela n’était pas négociable et qu’il fallait adhérer à l’Union Européenne pour sauver le pays.


La partie est-elle pour autant gagnée ?
Non, car les Verts, alliés des sociaux-démocrates sont plutôt contre l’entrée dans l’Union Européenne de peur que cette entrée ne signe l’arrêt de mort de l’industrie locale de la pêche. Comment leur donner tort ? Sur le principe, l’entrée dans l’Union obligera l’Islande à ouvrir un jour ou l’autre ses eaux territoriales et sa ZEE aux pêcheurs communautaires. On comprend que l’idée de partager de grandes ressources après de nombreux pêcheurs les effraie. Mais, le pays a-t-il réellement le choix ? NON !



Non, car l’économie islandaise est trop petite et trop fragile. Si le pays partageait une monnaie avec un État plus grand ou économiquement plus solide, le contraire serait possible, mais la crise est passé par là et les faits sont ce qu’ils sont : l’Islande n’a pas les reins assez solides pour survivre seule économiquement, elle doit partager la monnaie d’un pays ou d’une zone plus importante. Cette zone c’est l’Union européenne, car 3 de ses amis scandinaves en sont déjà membres : Suède, Finlande, Danemark et que la Finlande dispose déjà de la monnaie unique ce qui l’a protégé dans une certaine mesure de biens des tourments. L’Islande doit donc, si elle veut vraiment s’en sortir adhérer à l’Union Européenne.



Choix de cœur ou mariage de raison ?

Certes, chez une partie des Islandais, l’entrée dans l’Union Européenne est une idée partagée depuis longtemps mais jusqu’à avant la crise, la majorité des islandais y étaient opposés. Depuis, l’économie et les banques du pays se sont effondrés, et les amis scandinaves ont dû venir à la rescousse de Reykjavik.
Depuis, les choses semblent avoir changé avec la victoire des sociaux-démocrates mais ne nous trompons pas, l’entrée dans l’UE est loin d’être acquise. D’abord parce que la crise financière et économique a certes remis en cause les dogmes économiques libéraux de la droite au pouvoir qui a subi la pire déculottée de son histoire depuis l’indépendance en 1944, mais pour autant, la classe politique reste en grande partie hostile à l’entrée dans l’Union. Si l’adoption de l’Euro ne semble plus poser de problèmes, ce n’est pas en effet le cas de l’entrée dans l’Union. Et comme la deuxième conditionne la première, l’entrée dans l’Union s’impose.
Les islandais se trouvent un peu dans la situation similaire aux suisses à qui on a déjà posé 2 fois la question de l’entrée dans l’Union.

Le référendum suisse s’est à chaque fois présenté dans une forme simple :
1- Approuvez-vous l’entrée dans l’Union Européenne ?

2- Approuvez-vous le fait que la Suisse renonce à sa neutralité ?

Les 2 fois, les Suisses ont d’abord répondu OUI en 1- puis NON en 2-. Comme l’entrée dans l’Union européenne suppose l’abandon de la neutralité suisse telle qu’elle existe, la Suisse n’est pas rentrée dans l’Union européenne alors même qu’elle y est enclavée ?


C’est le même problème en Islande, bien que les raisons pour faire un mariage de raison entre l’Islande et l’Union européenne ne manquent pas, l’Islande semble réticente à sauter le pas alors même qu’elle n’a pas d’autre solution à terme.
La victoire historique de la gauche en Islande ouvre une porte et offre une chance aux islandais de mettre un pied dans la stabilité économique. Mais saura-t-elle la saisir ? C’est tout l’enjeu de ce qui est en train de décider maintenant. Si elle arrive à le faire, ce sera un moment historique. Sinon, l’Islande se fermera elle-même une porte de sortie et pour longtemps.

En cas d’adhésion, l’Islande bénéficierait d’une intégration accélérée dans l’Euro et pourrait obtenir des clauses spécifiques de transfert d’adhésion afin d’intégrer progressivement son industrie de la pêche.

Le courage politique peut-il payer ? Je pense que oui. Reste à voir !

dimanche 26 avril 2009

Européennes 2009 : l’Europe, cette grande absente.


La campagne des européennes est entamée depuis un moment par les partis les plus européens que sont Europe-Écologie (les Verts) et le Mouvement démocrate pour qui, le scrutin de Juin prochain est vital. Sur les 2 grands partis majoritaires que sont l’UMP et le PS, c’est le 2nd qui est parti le 1er ce Vendredi 24 Avril 2009 avec un meeting à Toulouse dans une salle qui comptait encore de nombreux sièges vides. Le PS, alors de cette rencontre avait invité les chefs de partis des partis frères des autres pays de l’Union. Sur les 27, seul le Danemark avait envoyé son chef de parti, candidat +/- déclaré dans la course à la présidence de la Commission. Pourtant loin de cette image de carte postale pour les télévisions et les médias ; une absence de taille s’est faite jour : l’Europe.

Quand parler d’Europe devient parler de Sarkozy.
On aurait pu penser que l’échec du référendum sur la constitution européenne aurait pu faire comprendre à l’UMP et au PS que pour intéresser les français à la question au combien cruciale qu’est la problématique européenne, ces grands partis allaient enfin parler d’Europe. Mais malheureusement, ce ne fut pas encore le cas ce Vendredi à Toulouse.
Alors que le référendum de 2004 sur la constitution européenne était finalement devenu un scrutin pour ou contre le gouvernement Raffarin, beaucoup pensaient que cela allait pousser ces grands partis à se concentrer sur l’essentiel : l’Europe. Mais non, décidément non, le PS et l’UMP persiste encore à s’acharner à faire de ce scrutin un scrutin sur la politique du gouvernement en place alors que c’est pourtant la meilleure manière de favoriser l’abstention. Déjà, en 1999, François Bayrou dénonçait l’attitude du PS et du RPR à l’époque qui se battait sur des enjeux nationaux et appelait à ce que l’on explique l’Europe et qu’on se mette vraiment à parler d’Europe.
Toujours en 1999, le PS exigeait un « Pacte social », projet qui est remis au goût et présenté comme une idée neuve alors que les autres partis socialistes européens n’en veulent pas.
Ce pacte viserait à lutter contre la politique de la droite dont le symbole est Nicolas Sarkozy.
Encore lui, toujours lui, le parti socialiste n’arrive pas à s’en défaire, il faut encore et toujours ramener le scrutin européen à une lutte nationale.


Les européennes, un plébiscite présidentiel ?
Évidemment, vous vous en seriez douté, je me suis rendu sur les différents sites de campagne. Sur le site de l’UMP, j’ai pu voir que le tract montrait en gros Nicolas Sarkozy sous 11 étoiles (et pas 12 comme sur le drapeau européen) incitant à poursuivre la politique menée par le président au niveau européen.
Plusieurs remarques me viennent à l’esprit. D’abord, pourquoi le président de la République est-il sur un tract d’un parti ? Normalement, le président de la République est le garant de la constitution et doit se situer au-dessus des partis. Toutefois, le Conseil d’État ayant pris note de cette évolution dans le temps de parole notant que celui-ci pouvait être partisan. Soit, mais le président n’est pas candidat donc la question se pose toujours : que fait le président de la République française sur un tract pour les élections européennes ?
Certes, il a présidé le Conseil mais ce rôle est surtout administratif, la France n’est qu’un pays-membre parmi 27 et la présidence française est bien finie. La réponse est plus prosaïque, l’UMP fait des européens, un plébiscite pour ou contre la personne du président de la République mais ne parle pas vraiment d’Europe comme en témoigne l’absence de programme.
Martine Aubry quant à elle a décidé de s’en prendre au « bilan catastrophique » de la droite lors de son meeting de Toulouse qui malgré une salle plus petite que le Zénith n’a pas fait le plein. Même le MoDem pourtant raillé par le PS a réussi à mobiliser presque 2 fois plus de monde lors de sa 1ière convention européenne, c’est dire. La secrétaire nationale n’a pas ménagé ses attaques contre politique irresponsable menée, fustigeant la réunionite « des G20, G4, G5 [alors que pendant ce temps-là la France subit] » ouvrant la voie à un long de moment de critique contre la politique gouvernementale, bouclier fiscal, lois répressives tout y est passé alors que pour une bonne part ce sont des compétences qui ne relèvent pas de l’Union. En effet, la fiscalité reste du ressort exclusif des États-membres idem pour les dispositions de sécurité largement principalement gérées au niveau national et beaucoup au niveau inter-gouvernemental. Sur l’Europe, rien ou presque.


Communiquer oui, mais pas sur l’Europe.
Alors que devant les interrogations de nos concitoyens, il faudrait expliquer l’Europe, les 1ers tracts UMP et PS se concentre sur les enjeux nationaux. Pour l’UMP, c’est encore une fois Nicolas Sarkozy qui est dessus, tandis que les différentes têtes de liste vantent les formidables résultats de la présidence française de l’Union.
Le Parti socialiste lui, fait encore mieux ou pire, c’est selon. Arrivé sur le site «Changer l’Europe » tout un programme quand l’on sait que la gauche et la droite européenne se sont partagés et la présidence du Parlement européen, et le pouvoir de ce même Parlement au niveau européen.
Le PS donc, fait tout un ramdam pour le site que viennent de lancer en grande pompe les MJS (jeunes socialistes). Qu’à cela ne tienne, je me rends sur le site tout beau tout neuf. Alors que je m’attends à voir tout une section pour expliquer le fonctionnement de l’Union et du Parlement, je ne trouve qu’une pauvre page sans image avec un texte très court pour expliquer la chose. Un peu sec, surtout qu’il m’a fallu me rendre de mon propre chef dans la section appropriée.
En une du site, on trouve une vidéo consacrée à …



Nicolas Sarkozy !

Eh oui, encore lui !

A mon humble avis, pour les élections européennes, il faut parler d’Europe, l’expliquer, dire que qu’elle fait de bien. Mais non encore une fois, on parle de la France, encore et toujours de la France comme si notre pays était au centre de l’Europe et cela à gauche comme à droite. Encore une fois, les clivages sont moins grands qu’on tente de nous faire penser.


Les perdants : l’Europe et les européens.
Après la claque qu’a été le référendum européen, j’ai modestement pensé que les partis après une campagne en 2004 importante se décideraient enfin à parler d’Europe mais non. Hormis les Verts et le MoDem tous parlent de la France. Au PS, on parle d’abroger le paquet fiscal, de faire de ce scrutin européen, un moment de lutte contre la droite. Pourtant, et pourtant, il y a tant à dire sur l’Europe. Encore cette semaine, je vous ai parlé de ce que le Parlement européen avait adopté comme mesures concrètes pour les européens. De cela, il n’a pas été question dans le discours de Martine Aubry qui a concentré ses attaques sur le plan national et sur le président plus particulièrement.
Si les Verts et le MoDem remplissent des salles sans problèmes en parlant de l’Europe, en valorisant leurs actions au Parlement européen, en proposant une réelle vision d’ensemble nouvelle pour l’Europe de demain, les grands partis traditionnels que sont l’UMP et le PS ont gardé leurs vieilles habitudes. Tandis que les Verts veulent un « Green New Deal » et le MoDem une Europe de l’évolution durable. Tandis que les deux proposent une fiscalité verte qui diverge néanmoins sur l’étendue et la mise en place, tandis que le MoDem propose de créer une autorité de régulation européenne des marchées financiers et le transfert de l’impôt sur les sociétés au niveau européen pour éviter le dumping fiscal, le PS parle de supprimer le paquet fiscal et l’UMP de le maintenir. Pour résumer, l’UMP et le PS sont hors-sujet. Cette attitude est dangereuse car elle contribue à opacifier encore la vision que les citoyens ont de l’Union alors que plus des 2/3 de notre législation est d’origine communautaire.


L’espoir est-il permis ?


Oui, l’espoir existe. Certes, l’UMP et le PS ne vont pas descendre sous les 10% mais les partis qui parlent d’Europe comme Europe-Écologie et le MoDem feront à mon avis, des scores importants.
Lors des précédents scrutins, l’UDF qui avait eu un positionnement très européen avait réalisé de bons scores. Le MoDem, différent par son électorat et ses militants, et les Verts qui retrouvent une nouvelle seront au cœur de se renouvellement comme l’on déjà prouvé les récentes élections régionales en Hesse. La vraie bataille se situera entre ces 2 mouvements, pas entre l’UMP et le PS.
L’Europe a besoin de cela, d’un renouvellement profond de sa composition. Quel sera le résultat de Juin prochain ? Le vote de chacun sera plus qu’important et le déterminera.

vendredi 24 avril 2009

Rachida Dati et l’Europe : un assemblage incohérent, une candidature inconséquente.



Ce n’est pas une nouvelle Rachida Dati est une femme qui n’a jamais été élu par elle-même mais parachutée. Son score dans le 7e arrondissement lors des dernières municipales était historiquement bas dans un arrondissement pourtant acquis à l’UMP. Les électeurs s’étaient alors en partie reportés sur la candidate MoDem, Véronique Delvolvé qui avait un joli score, se maintenant même au 2nd tour. Écartée du gouvernement par décision présidentielle, elle s’est vu offrir une escapade dorée à Strasbourg le président de la République. Sachant ce qu’il en coûte de refuser une telle faveur, Mme Dati s’est empressé d’accepter. La voilà donc en position éligible en Ile-de-France et très probablement élue étant donné le score potentiel de l’UMP. Sachant la fonction qui serait la sienne en Juin prochain, les français sont en droit d’attendre une certaine qualification de la part d’une telle personne.

La rencontre révélatrice.
Ainsi, Mme Dati dans le cadre de sa campagne et alors même que ni sa liste complète ni son programme ne sont connus, avait une rencontre avec les jeunes de l’UMP. Certes le public était choisi mais alors que l’on reproche aux jeunes de trop s’abstenir, l’idée de mobiliser les troupes n’était peut-être pas si mauvaise. Voilà donc la candidate au Parlement européen embarquée dans un débat avec les jeunes de son propre parti sur la question européenne. Débat qui a servi de révélateur encore une fois. Soumise à des questions et non à la question (quoiqu’on puisse en douter), Rachida Dati s’est contentée de réponses évasives et floues, ainsi que de propos plus que vagues traduisant ainsi son ignorance de la question européenne. Je ne me focaliserai pas sur la polémique mais on peut cependant noter que ces propos, dont le style n’est pas sans rappeler le parlé d’un certain Jean-Claude Vandamme connu pour ses phrases sibyllines, montrent encore une fois le mépris que manifeste un tel choix de la part du président envers son propre électorat.

« Le mépris et la haine sont sans doute les écueils dont il importe le plus aux princes de se préserver. », Nicolas Machiavel, Le Prince.
Cette attitude qui consiste à mépriser les électeurs n’est pas nouvelle. Souvenez-vous ! En 2008, on avait gentiment fait comprendre à Arnaud Teullé de se retirer pour laisser la place au rejeton du président de la République. Résultat, les électeurs furieux qu’on leur impose un candidat dont ils ne voulaient pas forcément se sont écartés de l’UMP et le fiston a fait 51%, suffisamment pour être élu dès le 1er tour mais loin des scores habituels du papa qui fleurtait avec les 70%. Les électeurs s’étaient alors diviser entre les candidats divers droite et le MoDem (encore lui) avait fleurté avec les 30% dans un bastion historique de l’UMP, là encore grâce à une bonne implantation locale.
Cette attitude qui consiste à parachuter des personnes qui ne sont pas implantés et encore pire qui ne connaissent rien à la charge à laquelle ils candidatent énervent fortement les français et ils ont raison. Cependant, ce jeu dangereux qui consiste à imposer des personnalités venu de nulle part pour le simple fait de leur trouver une planque dorée en attendant des jours meilleurs fait de nombreux perdants : la démocratie d’abord, mais surtout l’Europe.
Alors que le contexte actuel montre que le besoin d’une Europe forte, une telle attitude ne peut que renforcer le tentation abstentionniste à laquelle sont confrontés les électeurs. Envoyer aussi de telles personnes dans l’enceinte du Parlement de Strasbourg est aussi une belle bêtise car l’Europe a besoin de députés travailleurs qui constituent une véritable force comme l’a montré le dernière session plénière de Strasbourg.

Un changement d’attitude est-il possible ?
Devant de tels comportements, les Verts et le MoDem se détachent en proposant des personnalités d’envergures, actives au niveau européen comme candidats et candidates. Ces partis que les grosses écuries que sont le PS et l’UMP ont tendance à négliger seront très probablement les grands gagnants du scrutin de Juin prochain illustrant ainsi un ras-le-bol des électeurs. Adopter une attitude plus respectueuse des électeurs est possible mais les partis majoritaires voudront-ils le faire ? Personnellement, j’en doute et je vous donne rendez-vous dans les urnes pour montrer à ces personnes qu’être député européen, ce n’est pas qu’une retraite dorée, c’est une véritable fonction, plus importante que les fonctions parlementaires nationales.

Les États parlent, le Parlement européen agit.


En cette période de campagne électorale où l’abstention promet encore d’être très élevée et alors que les européens, bien que conscients de l’importance de l’Union, n’en mesurent pas les conséquences sur leur quotidien. L’Europe est un « machin » qui produirait des directives et des règlements, termes barbares pour le commun des mortels. Pourtant, alors que se tient cette semaine à Strasbourg, un des dernières séances plénières de la législature, plusieurs mesures très concrètes ont été adoptées.
Le Parlement européen a en effet validé des mesures dans des secteurs aussi divers que la santé, les transports de passagers et marchandises, les télécommunications ou la finance.

La santé.
Le Parlement européen a ainsi adopté des mesures pour faciliter la vie de nos concitoyens frontaliers.
Étant du département du Nord, je trouve la mesure particulièrement utile. En clair, si les européens veulent se faire soigner dans un pays voisin de l’Union, cette possibilité sera facilitée. Auparavant, il était assez difficile de le faire car les systèmes de sécurité sociale sont très différents entre États-membres. La directive permet tout en respectant les droits des États aux citoyens d’aller se faire soigner dans les pays voisins tout en se faisant rembourser dans les mêmes conditions que si cela s’était passé dans leur pays de résidence alors qu’avant se faire rembourser de tels soins relevait plutôt du parcours du combattant.
Autre élément, les parlementaires ont invité la Commission et le Parlement à établir une stratégie commune d’action envers les maladies rares. Une députée belge de l’ADLE soulignant que les efforts variaient très fortement d’un État à l’autre et de citer les disparités entre la France et la Belgique d’un côté via des initiatives du type Téléthon et l’Allemagne qui consacrait beaucoup moins. Pourtant, les parlementaires ont noté qu’une collaboration et la mise en place d’un plan commun d’action coordonnant les efforts dans ce domaine accroitrait nettement l’efficacité de la lutte contre ces maladies.

Les transports.
Autre domaine dans lequel le Parlement a agit en proposant de nombreux amendements : les transports.
Le Parlement en validant le Paquet Transport a introduit des dispositions relatives à la mise en place de compensations en cas de retard ou d’annulation pour les compagnies de transport maritime. Alors qu’aucun droit à indemnisation n’existait sauf si les passagers souscrivaient une assurance privée, le Parlement européen a augmenté la protection des utilisateurs de ces types de transport, constatant notamment le développement important de la croisière comme choix pour les touristes.
N’oubliant pas les transports routiers, le Parlement a introduit l’obligation pour les entreprises de transport routier l’obligation de fournir un moyen de transport pour amener leurs clients à bon port si leurs services se révélaient défaillant. Si cela n’est pas possible ou si le client refuse, il aura le droit de se faire rembourser intégralement. Le pas pourrait sembler petit mais lorsque l’on utilise fréquemment ce mode de transport , le progrès n’est pas vain.
Et, des compensations devront obligatoirement être versées sous 15 jours si les passagers sont blessés ou décèdent. Cela permet souvent d’éviter d’avoir à attendre le paiement d’indemnités par les assurances ou d’éventuels dommages-intérêts qu’octroierait la justice.
Plus technique, mais tout aussi utile, l’adaptation de la règlementation actuelle sur le cabotage. Le cabotage est le transport pour autrui par un transporteur dans un État-membre qui n’est pas le sien. Par exemple, pour un bus danois transportant des passagers sur la Côte d’Azur, l’entreprise de bus qui n’avait que ce trajet à faire ne pouvait transporter des passagers de Nice à Reims, puis de Cologne à Hambourg pour faire regagner son pays d’origine au bus. Ce régime avait pour conséquence que de nombreux bus ou poids lourds roulaient à vide ne pouvant rendre utile leur trajet de retour. Le Parlement a validé le compromis en 2e lecture. Ce compromis permet aux entreprises de transport de faire du cabotage sous certaines conditions :
- la nombre d’opérations de cabotage est limité à 3 ;
- les chauffeurs pourront travailler pendant 12 jours consécutifs si cela ne concerne qu’un seul trajet. Les chauffeurs devant avoir ensuite un repos plus long ;
- les conditions pour exercer seront plus strictes et harmonisées. Un registre européen des entreprises de transport sera ainsi créé pour faciliter les opérations de contrôle de ces entreprises.
Ces mesures entreront donc en vigueur prochainement. Le régime de cabotage est « transitoire », puisque les députés voulant atténuer les conséquences sociales que pourraient engendrer le changement de règlementation ont voulu limiter le nombre d’opérations de cabotage. Une évaluation est toutefois prévue en 2013 avant la levée éventuelle de la limite de 3 opérations.


Les télécommunications.
Le Parlement constatant que si se déplacer dans l’Union était chose aisée, la possibilité d’utiliser son téléphone portable sans que cela ne coûte les yeux de la tête l’était moins. Les opérations de téléphone ayant la mauvaise habitude de facturer des frais prohibitifs d’usage de leur réseau aux utilisateurs étrangers. Le Parlement a donc adopté une proposition visant abaisser les plafonds fixés pour le prix des communications passées et des SMS envoyés depuis un autre État-membre ainsi la possibilité de consulter gratuitement son répondeur.
Le Parlement européen a souhaité aussi plafonner les marges en matière d’Internet mobile. Il y a effectivement beaucoup de travail, puisque régulièrement des affaires concernant la facturation abusive en matière de téléphonie mobile fleurissent dans les journaux. Encore récemment, on pouvait apprendre qu’un allemand était en conflit avec son opérateur car il se voyait réclamer 46 000€ pour avoir regardé une vidéo sur Youtube et envoyé quelques courriels depuis son téléphone mobile. Il est donc plus que temps de légiférer en la matière.

En matière financière et bancaire.
Avec la récente crise financière, on s’est aperçu (une fois encore) que le secteur financier était particulièrement mal contrôlé. Alors qu’au sommet du G20 de Londres, les chefs d’État s’auto-congratulaient d’un résultat somme toute assez limité, n’adoptant que des mesures plus que limitées en matière d’accroissement des contrôles dans les secteurs financiers et bancaires. Le Parlement européen a adopté des mesures visant à mieux contrôler les agences de notation qui avaient certifié que les subprimes étaient sans risque pour les investisseurs.
Le Parlement européen a donc décidé que ces agences de notation seraient désormais enregistrées, contrôlées et supervisées alors que jusqu’à présent ces entreprises n’étaient soumises à aucun contrôle. Ces mesures sont la première étape menant à la création d’une autorité de contrôle européenne, idée sur laquelle le Parlement a incité la Commission à légiférer avant Juillet 2010. Ces mesures prises dans le domaine financier montre si besoin est que l’Union européenne peut par le poids économique qu’elle a, servir de précurseur à l’adoption de mesures internationales plus contraignantes afin d’éviter une nouvelle catastrophe financière.


En résumé.


Alors que les dirigeants des États-membres ont tendance pour justifier l’adoption des lois impopulaires à dire que « c’est la faute à Bruxelles » et que les européens doutent de l’utilité du Parlement européen. Ce dernier par les mesures qu’il a adopté cette semaine a montré que tant que les traités lui donnent le pouvoir d’agir, ce dernier n’hésite pas à s’en servir pour le faciliter la vie des européens, parfois en s’opposant aux gouvernements des États-membres qui préfèreraient en rester sur les vieilles habitudes administratives au détriment des européens. Ces mesures prouvent s’il est encore utile de le préciser, l’importance des élections européennes de Juin prochain.

jeudi 23 avril 2009

La journée de la Terre.


Si comme la plupart des internautes, vous utiliser Google vous avez dû découvrir que ce Mercredi 22 Avril 2009, vous aurez remarqué que le logo de la firme de Mountain View avait changé et si vous avez été intrigué et avez cliqué dessus vous aurez découvert que c’est pour faire connaître l’opération « Earth Day » ou Journée de la Terre que cet évènement assez anodin a eu lieu.


La journée de la Terre, c’est quoi ?
Avant tout, c’est une ONG qui coordonne dans le monde entier des évènements pour faire prendre conscience au grand public des enjeux environnementaux qui compte 17 000 organisations membres dans 174 pays. Cette ONG a structuré une initiative lancée par le sénateur américain Gaylord Nelson qui a incité les étudiants à sensibiliser l’opinion publique aux enjeux environnementaux le 22 Avril 1970. Son but était via l’action civile et associative d’aboutir à une prise de conscience de cet enjeu par les pouvoirs publics à une époque où l’environnement n’était pas un enjeu majeur. Cette mobilisation a permis la naissance de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) ainsi que l’adoption de règlementations environnementales. Cette initiative s’est ensuite généralisée au début des années 1990 mais a pris de l’ampleur en 1992 avec la tenue du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro pour ensuite lieu au protocole de Kyoto en 1997.


Que puis-je faire en cette journée ?
Même si la journée de la Terre est un événement symbolique, elle vise surtout à faire prendre conscience des questions environnementales. Mouvement né aux États-Unis, où les carences de l’État sont très souvent palliées par le monde associatif, son impact a été moindre en Europe. Cette journée a pour objectif d’inciter les personnes privées à parler et faire parler des enjeux de l’environnement, de la crise énergétique et des solutions que chacun peut mettre en œuvre. Profondément marqué par l’individualisme américain, elle part du principe que chacun par ses actions individuelles peut concrètement agir et peser. La récente « Earth hour » ou heure pour la planète qui a consisté à éteindre ses lumières durant une heure en est un exemple. Globalement, les actions menées ont un impact. Toutefois, des limites apparaissent.


Une initiative qui a ses limites.
Comme le dit Corinne Lepage dans son dernier ouvrage intitulé « Vivre autrement », où elle brosse le projet d’une société adaptée au nouveau mode de vie vers lequel nous devons évoluer. Nous arrivons à un moment charnière, celui où l’initiative privée doit être relayée efficacement par une réelle prise en compte des enjeux au niveau politique. On l’a vu avec le Grenelle de l’environnement, la société civile est présente et très active mais les pouvoirs publics doivent prendre des décisions fortes parfois en apparence non pertinentes. Cette forte initiative privée ne peut en effet durer que s’il dispose d’un cadre législatif et règlementaire appropriée mais surtout par l’octroi de fonds importants pour lancer la machine. C’est par exemple le cas pour les énergies renouvelables ou l’amélioration thermique des bâtiments. Si on aide pas les énergies renouvelables ou que l’on octroie pas d’aide pour faire passer les immeubles et maisons anciennes en habitat passif, les initiatives du secteur privée reste limitées et les gens verront surtout les économies à court terme.


La vraie solution, l'action de tous.
Il faut donc rendre le développement durable compétitif mais là encore les pouvoirs publics semblent en retard. Peu de gens savent que la démarche HQE ou Haute qualité environnementale est d’abord une initiative associative avant d’être reprise par les pouvoirs publics. Il en est de même pour la démarche Négawatt qui estime que nous pouvons même en ayant une population croissante diminuer notre consommation énergétique en améliorant notre efficacité dans ce domaine. Plus globalement, on peut noter que l’État et les collectivités ont tendance à généraliser les initiatives privées qui marche. Il me semble que nous devons dépasser ce stade où les décideurs courent après le changement et que les administrations doivent être des moteurs de cette nouvelle société. L’environnement ne doit pas être une fin en soi mais un enjeu qui doit être intégré à tous les niveaux. C’est ce point sur lequel la journée de la Terre est importante, faire comprendre à nos dirigeants, l’ampleur du travail à accomplir pour éviter que « notre maison brûle alors que nous regardons ailleurs ».


A voir au cinéma sur cet enjeu :
« Nous resterons sur Terre », de Patrick Barougier et Olivier Bougeois, actuellement en salles.
« Home », de Yann Arthus-Bertrand, sortie le 05 Juin 2009.

mardi 21 avril 2009

Les diplomates européens quittent la conférence sur le racisme.


C'est l'image que l'on retiendra du sommet contre le racisme organisé à Genève : la sortie simultanée de tous les diplomates européens qui étaient présents, certains ayant décidé de boycotter préventivement le sommet.

Alors que le président iranien, M. Mahmoud Ahmaninejad, s'élançait comme on s'y attendait dans un discours raciste et antisémite en dénonçant je cite :"le régime le plus cruel et le plus raciste" en visant l'État israélien, les diplomates des 23 pays de l'Union européenne qui avait décidé d'assister à cette conférence et de donner une chance à la diplomatie ont quitté comme un seul homme la salle de conférence. Alors que les regards était braqué sur le président iranien, la seule mention d'Israël a retourné le regard des auditeurs et les caméras se sont braquées sur la longue sortie en silence des délégations européennes. C'est donc l'image que je retiens de ce 1er jour de sommet à Genève dans un sommet faussement appelé "Durban II".

Certes, dans les faits, cela ne change rien ou presque. Le symbole est fort. Le président iranien n'engageait que lui-même et pas le peuple iranien, beaucoup plus tolérant et tandis qu'il continuait son discours de haine, applaudis par quelques délégués, les regards étaient braqués sur ces longues files silencieuses. Le silence pèse parfois plus lourd que les mots. Si j'étais sceptique sur la participation française à ce sommet, je trouve que finalement ce n'était pas une si mauvaise idée.

On a seulement mentionné les pays qui le boycottent, tandis que l'on s'est attardé sur l'attitude des diplomates européens. On peut donc noter que l'Europe quand elle décide d'agir, a un impact. Alors que se dessinent les élections europénnes, les européens ne sont pas conscients qu'unis le pouvoir de l'Europe est important, bien plus que nous le pensons.




lundi 20 avril 2009

Européennes 2009 : Comparatif des programmes 3/4 - Les Verts - Europe-Écologie.


Troisième étape de ce comparatif des programmes et des campagnes menées par les principales listes : les Verts.
Cette année, Daniel Cohn-Bendit ne se présente pas en Allemagne mais en France, chose qu'il avait déjà faite en 1999. Cette fois, il a réussi le tour de force de réunir des personnes très différentes sur une même liste.
Les Verts sachant l'importance que représente pour eux ce scrutin européen, qui grâce à la proportionnelle, leur permet de partir réellement seuls ont mis le paquet sur cette campagne. Des listes prêtes, de têtes de listes assez connues, un programme détaillé et bouclé. Mais cet attelage tient-il réellement la route. C'est ce que nous allons voir dans ce billet.

Présentation.
Les Verts européens siègent au sein du groupe des Verts européens qui dispose de 42 députés soit environ 5,5% du total. Le groupe des Verts, s’il n’a pas un grand poids au sein du Parlement est toutefois une importante force de proposition et nombre de celles-ci sont adoptées comme l’amendement 138 protégeant le droit d’accès à Internet. Si parfois, il fait l’appoint sur des textes discutés et si son importance dépasse son nombre de députés, les Verts restent une minorité.

"La cohérence, c'est un grand atout".
Parti très en amont de ces élections et profondément européens, les Verts sont cette fois menés par Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé élu en Allemagne lors de la dernière législature et qui a rassemblé sous la bannière Europe-Écologie les verts français, tâche difficile et qui se voit dans les listes. Ainsi, José Bové opposé au traité de Lisbonne et condamné à plusieurs reprises par la justice y côtoie l’ex-juge Éva Joly et Yannick Jado, ancien directeur des campagnes de Greenpeace, association connue pour ses actions spectaculaires très médiatisées. L’assemblage est très hétéroclite et peine à convaincre puisque certains sont opposés au traité de Lisbonne et d’autres pour, et c’est ainsi sur de nombreux sujets où les opinions sont parfois très différentes.

L'avantage de partir tôt.
Le collectif a toutefois des listes bouclées et un programme très détaillé sujet par sujet contrairement à l’UMP et au PS. Le tout est regroupé sur un site Internet bien fait, très clair, lisible. On voit clairement que le collectif a pris en compte l’importance d’Internet dans cette campagne : groupe Facebook, Twitter, invitation à rejoindre le collectif pour aider à la campagne, centralisation des bonnes volontés par le Net… La campagne de Barack Obama a donc fait des petits chez les Verts.

Un programme ambitieux mais une réalité qui a la dent dure.
Si la campagne a pris en compte les réalités, ce n’est pas forcément le cas du programme. Bien que très détaillé et mentionnant divers textes qui ont adoptés ou proposés grâce aux Verts, le programme donne encore dans un certain utopisme. En effet, si les Verts proposent un autre modèle de société basé sur l’écologie, le programme ne prend pas en compte ou insuffisamment les réalités du terrain. L’écologie est trop souvent avancée comme une politique différente alors que ses objectifs et sa prise en compte doit être faite à chaque stade et dans toutes les politiques publiques.
Dans son programme, le collectif Europe-Écologie propose donc un modèle de société fondé sur la décroissance. Cette idée s’illustre entre autre par la proposition du député vert Yves Cochet qui propose une taxe sur le 3e ventre. Cette taxe s’appliquerait à tout couple désirant un 3e enfant. L’empreinte écologique de ce dernier équivalent à 620 aller/retour Paris-New York en avion. Proposition démagogique alors que l’Europe vieillit et qu’elle peine à renouveler ses générations.
Les Verts s’ils rappellent plusieurs avancées comme le programme REACH oublie donc les fonds type Life, Life+ ou Énergie intelligente qui s’ils ne sont pas très richement dotés sont sous-employés par les États-membres et les collectivités confrontés à des procédures parfois trop longues.

Du Vert qui aime l'Orange.
Clin d’œil volontaire ou pas, les Verts déclarent leur attachement à « un modèle humaniste ». Beaucoup d’entre vous souriront à l’évocation de cette thématique évoqué depuis presque 2 ans par le parti centriste du MoDem. Comme le dit Jean-François Kahn dans ce cas, il vaut mieux voter pour l’original que la copie.

Conclusion.
Pour résumer, les Verts sont prêts. Ils ont un programme détaillé et des listes. Mais ce programme manque de réalisme, est trop utopiste par certains aspects. Les listes sont hétéroclites, manquent de cohésion et d’unité. Reste à savoir donc si l’agglomération arrivera à se faire et si les Verts conscients des lacunes de leur programme l’adapteront. Autre élément que les Verts doivent prendre en compte, l'écologie n'est plus l'apanage des Verts. Le Mouvement démocrate notamment a très bien compris cet enjeu en mettant au 1er plan Corinne Lepage et Jean-Luc Bennahmias. Contrairement au parti centriste, les Verts ont trop tendance à vouloir séparer l'écologie de l'ensemble des politiques publiques, à tort selon moi.

samedi 18 avril 2009

Européennes 2009 : Comparatif des programmes 2/4 - Le PS.

Deuxième partie de ce comparatif des programmes, cette fois sur le Parti socialiste. Tout comme l'UMP, le PS semble hésiter à parler des élections européennes de Juin. Tout comme l'UMP, le PS évite de parler de la crise. Petit tour d'horizon du Parti socialiste pour les élections européennes.


Présentation.
Le Parti socialiste siège lui au sein du Parti socialiste européen (PSE) qui dispose de 217 députés sur 785. Par rapport aux autres partis siégeant au sein du PSE, le PS français est parmi les plus à gauche ce qui relativise tout de même les propositions qu’il fait puisqu’une bonne partie de ces propositions que l’on considère sur un plan national comme normalement de gauche sont considérées au niveau européen comme provenant presque de façon limite de l’extrême gauche.


"Changer l'Europe", vraiment ?
Le parti socialiste dont on pourrait penser qu’il pourrait faire de ces élections européennes un grand rendez-vous semble tout aussi prêt que l’UMP. Le parti a inauguré un site « Changer l’Europe » qui contient le minimum syndical, à savoir le manifeste du PSE adopté par les partis à Madrid agrémenté de quelques propositions élaborées au niveau national. Comme pour l’UMP, le PS ne parle pas du contexte de crise qui est pourtant très important, pas plus qu’il ne valorise les propositions ou textes qu’il a fait adopté.


La tactique du PS.
Le PS préfère se concentrer sur le bilan de ses adversaires illustrant ainsi l’expression « La meilleure défense, c’est l’attaque ». La droite dont le PS dit qu’elle représente 60% du Parlement alors que tous les groupes de droite ne rassemble que 45% des voix illustre la mauvaise fois dont fait preuve le PS. La différence tient au fait que le PS compte les centristes de l’ADLE avec le PPE alors que les 2 groupes partagent des visions très différentes de l’Europe. C’est sûrement pour mieux masquer le fait que le PSE et le PPE se sont partagés le pouvoir lors de la dernière législature, préférant ainsi diviser la présidence du Parlement au lieu d’approuver l’élection de M. Geremeck, homme politique polonais de valeur qui faisait parti du syndicat Solidarnosc et très attaché à l’Europe. Bref, alors que devant les français les membres du PS nous jure la main sur le cœur qu’il n’existe que 2 grandes formations politiques opposées qui n’ont rien en commun ; ces derniers se sont partagés le pouvoir et ont passé des arrangements avec l’UMP au niveau européen. Plus que de la mauvaise fois, c’est clairement de l’hypocrisie et du mépris que cela traduit envers les électeurs. Pour les mêmes raisons électoralistes, le PS dénonce la directive Bolkenstein alors qu’en commission il a approuvé la 2e version élaborée par le Parlement qui n’avait rien à voir avec la 1ière ; la seule raison du vote « contre » du PS français sur ce texte qu’il approuvait est que son approbation ferait mauvais genre vis-à-vis des électeurs français, encore une illustration de l’hypocrisie du PS.


Les propositions du PS, des banalités ou comment enfoncer des portes ouvertes.
Dans sa synthèse de base, le PS enfonce des portes ouvertes en déclarant vouloir un budget européen plus élevé et insistant pour la représentation des forces économiques eu niveau européen alors que sur ce point il existe un conseil économique et social européen dont la consultation est souvent requise.

Autre proposition du PS, la nomination de M. Rasmussen, 1er ministre danois pour remplacer M. Barroso à la tête de la commission. Ce dernier a pourtant été nommé secrétaire général de l’OTAN lors du récent sommet de Strasbourg-Kehl et le consensus s’accorde à dire que l’homme est un atlantiste convaincu. Le PS n’a même pas pris la peine de modifier son texte suite à cette nomination mais c’est encore un élément qui montre le manque d’intérêt du PS pour ce scrutin.

Alors que le texte annonce la volonté de proposer un autre modèle de développement, on constate surtout que les faits ont la dent dure et que le PS s’est arrangé avec le PPE lors de la dernière législature européenne et donc que le bilan est aussi le sien.


Le texte aborde aussi la nécessité d’un réel plan de relance européen, il enfonce là encore des portes ouvertes, l’insuffisance des plans européens ayant déjà été souligné. Là encore, le PS n’a pas mis à jour son texte puisque le sommet du G20 de Londres a précisément souligné cet aspect.

Je passe aussi sur les lieux communs que sont la nécessité de passer à l’économie verte et sur l’oubli par le PS des instruments existants au niveau communautaire sous-exploités par les États-membres et les collectivités.

Le PS abord aussi l’idée d’un « Pacte social européen » alors même que la Charte sociale a déjà été signée et n’a qu’une valeur indicative. Le PS tente là de jouer sur la corde sensible de la gauche mais tout en sachant pertinemment qu’un tel texte ne pourrait voir le jour car d’importants partis frères au sein du PSE y sont opposés comme les britanniques ou les scandinaves pour des raisons diverses et variées.

Le PS avance aussi d’autres idées qu’il n’a cependant pas mis en œuvre et qui ont été le fait d’autres partis. Ainsi, l’idée proposée d’un emprunt européen a été récemment adoptée sur proposition du député européen français Bernard Lehideux siégeant à l’ADLE et membre du MoDem. D’autres propositions du même acabit sont listées et sont soit en cours de réalisation comme pour le paquet Climat ou ont fait l’objet de progrès significatifs comme pour la PESC (politique européenne de sécurité et de défense).

Le PS vante aussi les bienfaits (réels) du traité de Lisbonne alors que pourtant une bonne moitié du parti est contre ce texte. Plus généralement, le PS ne saisit pas l’occasion qui se présente à lui, il utilise les mêmes recettes : taper sur le voisin, faire des propositions très généralistes ; tout en oubliant de mentionner le bilan d’une législature de partage du pouvoir avec la droite. Ajoutons à cela les guerres intestines et on comprend mieux pourquoi les listes ont été si difficiles à boucler et qu’aucun programme détaillé n’est publié.

Dans le Nord-Ouest, c’est Gilles Pargneaux qui est tête de liste soit donc encore un second couteau peu connu dans la grande région. Rien de neuf sous le soleil donc !

vendredi 17 avril 2009

HADOPI : Jack Lang votera POUR.


On aurait pu croire qu'il était encore de gauche mais non !
Alors qu'il a toujours sa carte au PS, parti plutôt opposé à la loi Création et Internet dite "HADOPI" qui a été rejetée par ses camarades socialistes, Jack Lang a annoncé ce Vendredi 18 Avril 2009 qu'il allait voter POUR ce texte liberticide.

Beaucoup pensaient que son expérience comme ministre de la Culture puis ensuite comme ministre de l'Éducation nationale aurait pu lui servir et le mettre en pointe du mouvement contre ce texte scandaleux mais non, l'ambition personnelle est la plus forte. M. Jack Lang souhaite être ministre et comme il n'a toujours pas été débauché par Nicolas Ier et alors même que la popularité de ce dernier se perd dans les limbes de l'enfer, il fait tout pour plaire au monarque tout puissant. C'est triste de constater à quel est tombé un tel homme par le simple volonté de devenir ministre alors que l'on sait pertinemment que les ministres n'ont qu'un rôle décoratif avec Nicolas Sarkozy.

J'ai pensé qu'une telle personne élue dans une circonscription ancrée à gauche aurait pu oublier ses ambitions personnelles et penser à l'intérêt général, proposer des solutions innovantes pour lancer une politique de la culture réellement ambitieuse et créatrice de richesses. Au lieu de cela, nous avons un homme qui plie chaque jour un peu plus l'échine devant un monarque chaque plus détesté et haï c'est dommage mais cela montre bien l'esprit de cour qui entoure le pouvoir du président de la République.

mercredi 15 avril 2009

Européennes 2009 : Comparatif des programmes 1/4 - L'UMP.

Les élections européennes sont un moment important de la vie politique par l'importance qu'a pris le Parlement européen. J'ai donc décidé de faire un comparatif des efforts et programmes des principaux partis qui se présentent à nos suffrages. J'ai écarté les petits partis qui n'obtiendront pas de députés et les partis extrêmistes europhobes. Je me suis donc attardé sur les 4 grands partis que sont l'UMP, le PS, les Verts et le MoDem. Première partie donc aujourd'hui et honneur au partie majoritaire sortant au Parlement européen : le PPE (Parti populaire européen) et son pendant national au niveau français : l'UMP.



L’UMP siège au Parlement européen au sein du groupe PPE (Parti populaire européen) qui dispose de 288 députés sur 785. Comparée aux autres partis, l’UMP se situe eu centre-droit du Parlement européen qui est globalement plus à droite que la vie politique française.


Alors que suite à la présidence française de l’Union européenne, l’enjeu européen serait au centre des préoccupations du parti du président de la République, il semble que cela ne soit pas le cas. En effet, seules les têtes de liste ont été désignées, les listes ne sont pas bouclées et il n’y a toujours pas de programme. Ainsi, la boutade de Xavier Bertrand lancée à des journalistes « Ne vous inquiétez pas, vous aurez tout avant le 7 Juin (date des élections) » est tout de même révélatrice d’une certaine réalité.

Dans le Nord-Ouest, la tête de liste est Dominique Riquet, maire de Valenciennes dont on peut raisonnablement penser qu’il mène la liste surtout par la présence de Jean-Louis Borloo et de Valérie Létard au gouvernement. Il est suivi de Tokia Saïfi députée sortante qui apporte la touche de la diversité, mais pour la suite de la liste rien. Seul message de la tête de liste Dominique Riquet, une nouvelle se félicitant de l’existence et l’importance de son groupe Facebook qui est important un des plus mal ficelé et utilisé des candidats existants.

Pour résumer, l’UMP n’est pas prête tant au niveau du programme que des candidats. Le parti évite de parler d’Europe et de la crise puisque s’aventurer sur ce terrain l’amènerait à parler de sa politique nationale fortement sujette à polémique. Le fait aussi que le parti ne mette que des seconds couteaux ou se serve du Parlement européen comme d’un placard doré est aussi symptomatique de l’importance que donne le mouvement au scrutin qui s’annonce.

mardi 14 avril 2009

L'Affaire Salengro, chronique d'une calomnie.



Ce mardi soir, France 2 diffusait le film "L'Affaire Salengro" que j'ai regardé. Au-delà de l'affaire Salengro qui montre la bêtise humaine qui consiste à calomnier est définitivement éternelle et qu'elle peut briser tous les hommes, même les plus solides.

Je dois dire que j'ai été particulièrement retourné par ce film. Nordiste de naissance et une bonne partie de l'année, je comprends parfaitement l'esprit, l'âme et la conviction qui pouvait animer Roger Salengro dans son engagement politique.

Ce film raconte comment un homme intègre qui avait avant tout le souci de ses compagnons, de la vie humaine, de la France et qui est mort victime de la calomnie.

Certains sont un jour ou l'autre détruit, bouffé de l'intérieur par ce poison qu'est la calomnie. C'est ici que la phrase de Beaumarchais prend tout son sens dans la bouche du personnage de Léon Blum : "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose !".

Un film à voir donc pour ceux qui ne l'ont pas vu, tiré du livre "Roger Salengro, chronique d'une calomnie" qui est apparemment en réédition. Moyen essentiel pour comprendre ce phénomène qu'est la calomnie, je vous invite donc à le voir. La calomnie, loin d'avoir disparue est toujours un moyen qui prospère et est utilisé pour salir les hommes et les réputations.

lundi 13 avril 2009

Sarkozy et la règle des 3 tiers.

"Il faut réfléchir à l'introduction de la règle des 3 tiers dans le partage des bénéfices des entreprises." Ces propos ont été tenu par le président de la République lors de son intervention télévisée donné au moment d'une mobilisation sociale que vous connaissez. Ils ont ensuite été répétés par le même individu lors de son intervention devant des militants UMP à Saint-Quentin.
Vous me direz que cela peut être une bonne idée mais qu'elle doit être adaptée suivant les entreprises. C'est en effet une idée à laquelle il faut réfléchir et par là cela montre qu'il faut penser à mieux rémunérer les salariés des entreprises qui sont ceux qui produisent la richesse des entreprises. Mais évidemment, certaines entreprises ont plus besoin que d'investir que d'autres, certaines moins.

C'est notamment le cas des cabinets d'avocat qui une fois le foncier amorti, ont peu besoin d'investir par la suite. Mais pourquoi s'attarder particulièrement sur le cas des cabinets d'avocats qui sont tout de même un cas assez spécifique ?
Eh bien, je m'y attarde parce qu'un cabinet d'avocats de Neuilly sur Seine, le cabinet Claude & Sarkozy rebaptisé Claude & associés récemment ne respecte pas cette règle. Notre président associé de cabinet et donc actionnaire ne respecterait donc pas cette règle dont il prône lui-même cette application. Pour beaucoup, ce n'est qu'une promesse supplémentaire dans la longue de celles qui ont été symboliquement enterrées par les salariés de Gandranges; pour d'autres dont je suis, il s'agit ni plus ni moins que la démonstration du principe "Faites ce que je dis mais pas ce que je fais".

En pratique, comment cela se fait-il ? Pourquoi dois-je employer le conditionnel pour parler de cela ? Le magazine Marianne le raconte très bien dans sa dernière édition, M. Sarkozy a loué ses parts dans son cabinet à son associé Me Claude qui touche à sa place les dividendes. Bien sur, l'opération n'est pas gratuite et M. Sarkozy touche un loyer pour la location de ses parts mais celui-ci est symbolique et donc ne pèse pas vraiment dans l'affaire. Donc l'associé de M. Sarkozy loue les parts du président. Mais que fait-il des bénéfices générés par le cabinet ? La réponse peut ne aller de soi ! L'associé de M.Sarkozy a décidé "d'épargner" ces bénéfices et de les mettre en réserve, procédé légal qui permet aux entreprises de faire face à des investissements ou difficultés imprévues.

Or, un cabinet d'avocats, je l'ai mentionné plus haut, une fois le foncier amorti n'a besoin que de peu d'investissements. Notons aussi, que les difficultés que pourraient rencontrer le cabinet sont assez limités aux vues de l'étendue des connexions d'un de ses associés. Donc, le cabinet n'a pas beaucoup d'investissements à réaliser ce qui a tendance à modérer le tiers réservé à ce type de poste de dépense. On pourrait penser que le bénéfice généré par ce cabinet à savoir une moyenne annuelle de +/- 260 000 €/an serait également partagé entre les actionnaires dont M. Sarkozy fait parti et les salariés du cabinet si l'on suit le principe de la règle des 3 tiers proposé par notre cher président. Il semble toutefois que cette règle soit quelque peu contournée. Alors qu'en 2006, les actionnaires ont touché un dividende, même chose en 2007, les salariés n'ont rien touché, RIEN ! Le reste a été mis en réserve pour partie pendant ces années, et en totalité en 2008. Le montant de la réserve est à ce jour de 600 000€ ce qui pour un cabinet est évidemment considérable voir démesurée pour faire face aux difficultés ou investissements futurs. Certes, cela ne présage en rien de l'utilisation qui sera faite de ces réserves mais on peut sans trop de peine penser que l'intégralité de ces réserves sera distribuée aux actionnnaires et non investi et que donc la règle des 3 tiers serait pour le moins mis à mal, puisque les actionnaires toucheraient si la répartition n'est pas changée et se fait toujours comme ce qui a été fait ces dernières années : 100% pour les actionnaires.

Tout cela démontre que bien loin du volontarisme que notre président cherche à afficher tous les jours dans les médias, la réalité et les faits prennent le pas sur les intentions. Et comme le dit le proverbe : "Faites ce que je dis et pas ce que je fais".

samedi 11 avril 2009

HADOPI ou comment confier la législation anti-drogue aux cartels de la drogue.



On peut les comprendre, les partisans de la loi Création et Internet dite HADOPI ont fait part de leur mécontentement. Parmi eux, Denis Olivennes ancienne PDG de la Fnac et maintenant directeur de la publication du Nouvel Observateur. L'intéressé a déclaré au journal Le monde qu'il "trouve cette péripétie consternante" et d'ajouter "Le plus accablant dans l'affaire, c'est que ce soit la gauche qui organise le sabotage. Or ce texte est profondément de gauche, parce qu'il défend les droits des artistes et des industries culturelles contre les industries des télécoms, qui pillent les œuvres des créateurs. Qu'a fait la gauche, quand elle était au pouvoir entre 1995 et 2002, contre le piratage? Rien! Quelle est sa formule alternative? Néant !". Des propos tout en retenue donc !
Mais l'individu poursuit : "La France est à la fois le pays en Europe qui a su le mieux préserver ses créateurs grâce au principe d'exception culturelle, et le pays qui est le paradis du piratage." M. Olivennes conclut: "Il y a une grande démagogie autour de la question du droit d'auteur. La gauche ne comprend pas le problème et la droite n'est pas convaincue du bien fondé de la loi. D'où cet événement pitoyable".
Passé la démagogie porfonde que l'on note dans ces propos, il convient de s'y attarder. L'individu reproche au Parlement de faire son travail à savoir discuter un texte. Texte qui n'est ni de gauche ni de droite, mais simplement liberticide, obsolète et innacceptable. M. Olivennes déclare que la gauche ne propose rien.

Déjà avec la loi DADVSI...
Déjà, lors des débats sur la loi DADVSI, les socialistes appuyé quelques députés centristes avaient par une manœuvre similaire adopté par amendement le principe de la licence globale. Le gouvernement UMP de l'époque avait dû décaler le texte pour supprimer cet amendement qui évidemment sabordait entièrement la loi DADVSI, loi qui a été massacrée par le Conseil constitutionnel pour ses diverses atteintes aux libertés fondamentales et qui n'a jamais été appliqués par les juges de l'ordre judiciaire, les internautes ayant changé leur mode de consommation de la musique avant même l'adoption de la loi et les maisons de disque elle-même devant abandonner les DRM face aux réalités du marché. Bref, là encore le gouvernement avait largement bataillé pour faire adopter une loi liberticide qui n'a pas été réellement appliquée.

Le mirage : la France, pays du piratage ! M. Olivennes déclare que la France est le pays qui pirate le plus et protège le moins les artistes. Encore une contre-vérité, j'invite promptement M. Olivennes à se rendre en Asie du Sud-Est et notamment en Chine pour voir que la France n'est nullement le pays roi du piratage. Ajoutons que le piratage étant illégal, il est très difficile de comptabiliser et de constater l'ampleur d'un phénomène par définition souterrain ! Comment compter le nombre de personnes qui piratent c'est impossible ! On peut à la limite disposer de données parcellaires mais c'est tout.
Encore une fois, la démagogie des propos de M. Olivennes est sidérante. Mais revenons sur la génèse du processus.


L'élaboration de la loi HADOPI ou comment confier la législation anti-drogue aux cartels de la drogue.
Revenons donc à la génèse du texte. Le président de la République, Nicolas Sarkozy voulait légiférer contre le piratage sur Internet. Précisons à ce stade que le président de la République n'utilise pas Internet ou très peu mais qu'il dispose de conseillers qui le font passer pour le président du numérique ce qui est un fait déjà problématique, mais poursuivons !
Le président de la République confie donc une mission à un homme Denis Olivennes, à l'époque président de la Fnac, 1er disquaire de France et grand vendeur de DVD. Sa mission est de trouver un accord entre les FAI (fournisseurs d'accès à Internet) et les créateurs surtout représentés par les majors. En somme, c'est comme si l'on confiait aux cartels de la drogue le soin d'élaborer la législation de lutte contre la drogue, ça s'annonce mal.
Les négociations commençent donc mais rapidement, ce qui devait arriver arriva, M. Olivennes sort un compromis favorable aux majors du disque. Les FAI râlent et claque la porte. On les fait revenir en leur promettant d'accélerer le dévellopement de la fibre optique et d'attribuer des licences dans la téléphonie mobile 3G à des conditions avantageuses. Évidemment, il n'en est rien et on les force à signer l'accord sous la contrainte ce qu'ils dénoncent alors que l'encre sur le compromis n'est pas encore sèche. L'accord est dans la même veine que la précédente loi DADVSI, ultrarépressive, liberticide et bafouant les droits les plus élémentaires dans toute démocratie.
Il organise une privatisation du pouvoir de détection des contrevenants qui le seront par les maisons de disque alors que normalement c'est la police qui exerce ces fonctions, ce qui nécessite l'accès à des fichiers nominatifs dont l'accès n'a pour le moment été autorisé qu'à la police antiterroriste dans certains cas. Le contrevenant se voit avertit 2 fois avant d'être amené devant l'HADOPI, autorité administrative donc sans juge, là il est présumé coupable de piratage et condamné; il n'a pas le droit de se défendre ni d'être présumé innocent ce qui bafoue dans l'ordre : la Constitution, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la déclaration universelle des droits de l'homme, la CEDH ou convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, la loi, les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ou PFRLR, les principes généraux du droit (PGD), etc.

Et les artistes là-dedans ?
Eh bien, là est le problème. Les partisans du texte invoque la protection de la création mais les créateurs n'ont pas été entendus. Le texte vise une protection du modèle historique du CD sur lequel les majors du disque se font des marges plantureuses, ne laissant que des miettes aux artistes. Or, la révolution numérique nous a fait revenir à une consommation au morceau moisn rentable pour les maisons de disque et à une consommation acrrue de concerts. Il suffit de voir que les tournées font le plein. Or, en temps de crise comme en temps normal d'ailleurs, les gens ont peu ou proue le même revenu. Si je dispose de 100€, je peux acheter 5 albums ou acheter quelques morceaux et aller à des concerts. Conséquence, je n'achète presque plus d'albums donc les ventes s'effondrent mais je consomme toujours autant de musique. Je consomme différemment puisque si je télécharge un morceau et que j'aime l'artiste, je choisirai d'aller le voir en concert au lieu d'acheter son album. Tel est le nouveau mode de consommation, certains artistes l'ont compris comme Prince ou d'autres groupes et gagne très bien leur vie.
Le téléchargement loin de contribuer à la décrépitude de l'industrie musicale constitue en fait un vecteur puissant de diffusion. A ce titre, une récente étude a montré que les internautes qui télécharge le plus sont ceux qui achètent le plus de disques, de DVD et sont ceux qui vont le plus dans des concerts. La réalité est donc loin du discours que nous tiennent les maisons de disque. Partant de ce constat, on peut voir que le principe de la licence globale est une des pistes qui permettrait de mieux prendre en compte cette nouvelle donne sociale et économique.
Les majors sont contre la licence globable car le nouveau mode de consommation réduit les marges des gros succès qui ont déjà largement été rentabilisés et annonce la fin de la méthode des compilations fortement rémunératrices pour ces mêmes maisons de disque. En même temps, ce nouveau mode de consommation permet l'emergence de nouveaux artistes qui n'auraient pas eu les moyens de percer dans l'ancien modèle.
Un nouveau mode de consommation émerge donc, reste à savoir quand les maisons de disque comprendront qu'elles doivent y passer ?


Les atteintes à la vie privée.
Est-ce une privatisation de la police ? Pour M. Olivennes non, on ne fait que remettre ce qui existe déjà. Cette disposition était déjà fortement critiquée mais là on franchit un nouveau pas. Donc, contrairement à ce que dit M. Olivennes, c'est bien une privatisation de la police puisque la détection des infractions est réservée à la police. Rappelons au passage que toute privatisation ne serait-ce que partiel du pouvoir de police est contraire à la loi et a été rappelé par le Conseil d'État dans sa jurisprudence.

L'atteinte au principe du contradictoire.
Pour M. Olivennes, non. L'internaute en infraction a le droit de discuter les sanctions et l'HADOPI pourra atténuer ce principe. Notons que cela présuppose que l'internaute soit coupable, on ne tient pas compte du fait que le WI-fi d'une personne peut être piratée et donc faire condamner un innocent. J'ajoute que c'est une autorité administrative largement soumise au lobby des maisons de disque, qu'il n'y a pas de recours au juge et que le ministère d'avocat n'est pas obligatoire ce qui a pour conséquence de légèrement ignorer les droits de la défense.
M. Olivennes invoque aussi la possibilité d'agir en référé. Certes, mais étant moi-même juriste, je constate que la plupart des gens ne sont pas des experts du droit administratif. Comme le ministère d'avocat encore une fois n'est pas obligatoire, cela ferme cette possibilité à la plupart des gens. Et le différentiel entre les honoraires d'un avocat et le coût financier de la suspension de l'abonnement à Internet ne joue pas dans le sens d'une protection efficace du justiciable.
M. Olivennes déclare aussi que la personne pourra démontrer que ce n'était pas lui qui utilisait la connexion. Or, les relevés d'infraction se faisant sur la base d'adresse IP, élément immatériel, comment fait le quidam pour connaître son adresse IP à l'heure H au moment X, c'est impossible. J'y vois quelques obstacles : la plupart des gens ne disposent pas des connaissances informatiques suffisantes pour démontrer cela et ignore même ce qu'est une adresse IP. Et, cela instaure une présomption de culpabilité que l'on peut renverser. Mais encore faut-il renverser la présomption et ce n'est pas facile. La jurisprudence dans le domaine est suffisamment abondante. Démonter une présomption n'est une chose aisée et pour l'obtenir, le recours à un avocat est très fortement recommandé. Or, encore une fois, le ministère d'avocat n'est pas requis.
Enfin, les recours contre les sanctions ne sont possibles que lorsque la sanction a été prononcé ce qui interdit toute tentative pour stopper la machine à condamner. Et si vous tentez de vous opposer, les observations ne sont pas suspensives donc le recours n'est effectif or la Cour de Strasbourg CEDH ont insisté sur le fait que le recours ne doit pas seulement exister mais être réellement effectif c'est-à-dire réellement utilisable par le justiciable ce qui n'est pas le cas en l'espèce.

Comment développer des alternatives ?
Pour M. Olivennes, cele passe par la réduction du piratage, je l'ai développé plus haut, c'est évidemment faux. La loi DADVSI instaurait les DRM qui devaient développer le marché or le marché de la musique en ligne a rapidement vu son développement stoppé par l'existence des DRM. Il était impossible d'acheter de la musique chez Apple puis de la transférer sur son lecteur mp3 Sony. A moins, d'utiliser les techniques de piratage pour rendre cela possible. En résumé, l'intérêt d'acheter de la musique en ligne était très limité ce qui explique les maisons de disque ont rapidement dû abandonner les DRM. De la même manière, la solution de la licence globale va s'imposer tôt ou tard, reste à savoir si l'industrie va s'y adapter d'elle-même ou sous la force des choses.

Évidemment, l'avis de Jérémie Zimmermann, cofondateur de la Quadrature du Net est très largement différent de celui de M. Olivennes, et en tant que juriste et soutien de la Quadrature du Net, je ne peux qu'approuver les arguements objectifs invoqués par cette association.

Je vous épargne les propos tout aussi démagogique de Mme Albanel, ministre de la Culture qui semble découvrir ce qu'est la démocratie.

A noter que certains artistes et personnalités du monde du spectacle ont eu le courage de se mobiliser en lançant un appel que vous pouvez retrouver sur le site Ecrans.fr.

Pour faire ce billet, j'ai utilisé les entrevues accordées par Jérémie Zimmermann et Denis Olivennes sur le site du Nouvel Observateur.

J'ai aussi cité des propos qu'a tenu M. Olivennes au journal le Monde, dans une entrevue accordé au quotidien le 10 Avril 2009.

Je vous invite aussi à consulter l'entrevue que M. Olivennes a accordé au site Rue89.com.

jeudi 9 avril 2009

Hadopi en 2e lecture au Sénat après les vacances !

A peine le texte rejeté, j'avais fait part de mes doutes quand au fait que le gouvernement allait se soumettre à la décision de l'Assemblée ! Il n'a pas fallu longtemps avant que le gouvernement ne fasse connaitre sa réponse. Roger Karoutchi, secrétaire d'État aux relations avec le Parlement a fait savoir quelques heures après le rejet de la loi HADOPI que le gouvernement allait demander une 2e lecture au Parlement.

A vrai dire, il fallait s'y attendre ! Le gouvernement a tellement bataillé contre lui-même, contre sa majorité, contre le Parlement européen avec la demande de retrait de l'amendement 138 retiré par la Commission puis réintroduit par le Parlement avant que le Conseil de l'Union européenne ne tente de l'édulcorer sous la pression insistante des représentants de la France.

Roger Karoutchi affirme dans une déclaration AFP et que François Fillon avait tout validé "Ce vote retarde l'adoption du texte, ça ne le bloque pas [...] Ce texte sera de toute manière bien sûr voté. On le fera à la rentrée des vacances parlementaires" de Pâques, qui débutent ce jeudi soir et se terminent le 28 avril.

La réaction de Christine Albanel, ministre de la Culture (si, si !).
Interrogée par BFM TV, Mme Albanel juge "scandaleux" le comportement de l'opposition.
Scandaleux ? Êtes-vous sérieuse Mme le ministre ?
Je ne vois rien de scandaleux là dedans, j'estime même cela normal. Aussi bizarre que cela vous paraisse nous sommes en démocratie. Ce mot signifie que le pouvoir appartient au peuple qui le délègue au Parlement. Ce mot vous semble étrange et je peux le comprendre. Tenter de faire passer une loi liberticide qui confie à un groupe de pression les mêmes droits que la police antiterroriste cela ne se fait que dans les dictatures !
Vous bafouez avec ce texte tous les principes fondamentaux de notre ordre judiciaire : la présomption d'innocence, les droits de la défense, le recours obligatoire à l'ordre judiciaire, les atteintes répétées à la vie privée...

Malgré le vote négatif à l'Assemblée nationale, le gouvernement dont vous êtes membre persiste à demander une 2e lecture et essaie de faire passer le texte en force. Heureusement, ce texte a d'autres obstacles devant lui : la Constitution qui si on l'applique correctement réduira le texte en miettes. Les sages du Palais royal seront probablement saisis par le PS et tout comme la loi DADVSI (qui à côté de votre texte n'est rien) la loi HADOPI y perdra des plumes.
Ensuite, on a le droit communautaire avec l'amendement 138 qui sera validé tôt ou tard dans sa forme initiale car s'il est dénaturé tout le Paquet Télécom en cours d'adoption sera rejeté ce qui est impensable pour la culture du consensus qui existe au niveau européen.
Enfin, la CEDH (Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme) sera certainement saisie sur le sujet et pointera les manquements aux droits de la défense, à la présomption d'innocence et les atteintes aux libertés fondamentales, point sur lequel elle est très sensible.

Entre temps, votre texte aura coûté plusieurs dizaines de millions d'euros aux contribuables français. Mme Albanel, devenez donc raisonnable et retirez votre texte, cela évitera le gaspillage de l'argent public ce qui en ces temps de crise serait plus que bienvenue.

La loi HADOPI rejetée !

C'est un peu dans la pagaille que cela s'est fait mais c'est fait. Le texte de la loi HADOPI vient d'être rejeté par l'Assemblée Nationale lors d'un vote à main levée. Alors que la majorité elle-même doutait de l'utilité de ce texte et que certains députés UMP trouvait le texte inadapté et que concomitamment le Parlement européen avait voté 2 fois l'amendement 138 exigeant de recourir à un juge pour suspendre une liberté publique et que le Conseil de l'Union européenne sous pression française tentait de l'édulcorer, le projet de loi HADOPI a été rejeté en séance par 21 voix contre dont celle de Nicolas Dupont-Aignan (ancien député UMP) et Jean Dionis du Séjour (Nouveau Centre).

Nombre de députés pestaient contre le durcissement du projet adopté par la commission mixte paritaire (CMP) sous pression du Sénat. Alors que la haute assemblée avait pourtant adopté le projet le matin, le gouvernement est ainsi désavoué par l'Assemblée nationale.
Parmi les raidissements adoptés par la CMP, le rétablissement de la "double peine" soit le fait de devoir continuer à payer son abonnement malgré la suspension de l'accès. Les réactions des députés d'opposition victorieux ne se sont pas fait attendre, Jean-Pierre Brard (PS) déclarant "C'est formidable. Nous avons mené une bataille de chien" tandis que Nicolas Dupont-Aignan de dire "On voit l'amateurisme du gouvernement et du ministre de la Culture et du groupe UMP".

Le gouvernement considérait en effet la partie jouée et n'avait pas sonné le tocsin pour faire approuver le texte. C'est donc dans des conditions similaires au précédent Coup de Trafalgar du Parti socialiste que le rejet a été acté : un hémicyle quasi-vide et des députés de l'opposition plus mobilisés que ceux de la majorité.
Le gouvernement a cependant une dernière carte à jouer. Alors que l'urgence avait été déclarée pour le texte afin de le faire adopter avant le Paquet Télécom européen contenant le fameux amendement 138, il peut demander une nouvelle lecture. Si le Sénat adopte le texte approuvé par l'Assemblée en 1ière lecture, le texte sera approuvé s'il le rejette, le texte repartira pour une nouvelle navette parlementaire et serait probablement adopté après le texte communautaire ce qui constituerait une violation du principe de coopération loyale contenu dans les traités communautaires. Le texte serait alors très probablement jugé contraire au droit communautaire soit par le Conseil d'État s'il décide d'appliquer la jurisprudence actuelle de la CJCE (Cour de justice des communautés européennes) soit directement invalidé par la CJCE directement. N'oublions pas non plus que si le texte était adopté, il devrait encore passer sous les fourches caudines du Conseil constitutionnel qui avait déjà sérieusement modifier la loi DADVSI qui visait aussi à lutter contre le piratage mais qui était technologiquement absolète à son adoption, les maisons de disque ayant décidé d'abandonner les DRM peu après.

On le voit, les opposants à ce texte ont gagné une nouvelle bataille mais pas la guerre. Néanmoins, il faut reconnaitre que ce coup est sérieux pour le gouvernement. Reste à savoir s'il continuera à persister à vouloir faire adopter un texte liberticide et antidémocratique alors même qu'une partie de sa majorité s'y oppose et qu'au niveau communautaire des textes en passe d'être adoptés vont dans le sens opposé.

Pour se détendre, voici la vidéo du vote à se repasser en boucle :

mardi 7 avril 2009

On refait les partis, sur RTL.

En cette fin de journée du Mardi 07 Avril 2009, j'allume ma radio pour écouter RTL et suivre l'émission "On refait le monde". Marielle de Sarnez était la veille et entretemps plusieurs évènements ont eu lieu, la liste noire des paradis fiscaux vidée, la montée de l'État dans le capital de BNP-Paribas sans oublier l'évènement du jour : Ségolène Royal qui s'excuse des propos de Nicolas Sarkozy lors de son discours de Dakar en 2007 dont le texte est disponible sur le site de la présidence de la République, la présidence ne faisant pas les choses à moitié la vidéo est elle aussi disponible là.

Je ne reviens pas sur la polémique dont je suppose vous connaissez les tenants et aboutissants.
L'émission du jour portait sur d'une part les séquestrations de patrons et sur la politique de l'immigration du président de la République. A ce titre, était évoqué la petite phrase prononcée par Ségolène Royal à Dakar. Si la première partie était convenue, les différents invités M. Mélanchon, M. Apparu (député UMP) et Mme de Sarnez défendant des positions relativement consensuelles. M. Mélanchon dénonçant le ras-le-bol des ouvriers devant l'attitude de multinationales américaines s'en mettant plein les poches en fermant des usines rentables et M. Apparu précisant que ces séquestrations sont inadmissibles, la plupart des patrons mouillant leur chemise pour sauver leur boîte. Enfin, Mme de Sarnez comprenait la colère des ouvriers mais estimant qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre les petits patrons et une minorité qui n'a pas des pratiques acceptables.

Le débat manquait d'intérêt dans sa première partie à mon avis, la deuxième partie sur l'immigration fut plus intéressante. On a pu voir les prises de position se trancher sur certains points jusqu'à aller à la caricature par moment.

M. Mélanchon tenait le traditionnel discours de la gauche, il faut régulariser car l'on empêchera pas les pauvres de venir dans les pays riches voir si l'herbe y est plus vertes. Et de préciser que les sans-papiers étant sur le territoire français depuis longtemps (10 ans) devaient être automatiquement régularisés pour éviter des drames humains.
M. Apparu dénonçait cette approche comme démagogique car cela créerait un appel d'air et qu'au final cela ne changerait rien au fait que d'autres sans-papiers viendraient et qu'au final régulariser 200 000 sans-papiers tous les 4 à 5 ans ne serait pas possible.
Mme de Sarnez jugeait que la politique du gouvernement est inefficace et coûte cher (3 milliards € en 2008). Elle dénonçait l'absence d'une véritable politique européenne dans le domaine et critiquait le fait qu'un sans-papiers devait absolument faire une demande d'asile dans le premier pays européen où ils mettaient les pieds alors que ce n'est pas forcément ce pays dans lequel ils veulent aller.
Au final, on peut noter que chacun des participants avait une partie de la solution du problème et je ne peux que constater que les clivages partisans actuels sont dépassés. Il me semble qu'il faille un nouveau découpage politique et à ce titre l'approche de François Bayrou qu'il qualifie lui-même d'humaniste me paraît intéressante.

Le débat arrivait à sa fin quand Marielle de Sarnez déclarait qu'il fallait aider les pays pauvres et lutter contre les excès des pays riches qui subventionnent trop leur agriculture ruinant celle des pays pauvres et donc alimentant eux-mêmes les flux de clandestins vers leurs territoires.
Je ne peux que lui donner raison. Au Sénégal par exemple, les gens achètent du poulet européen congelé élevé en batterie plus que du poulet frais local élevé en plein air tout simplement parce que le poulet européen est moins cher.
On aurait pu en rester là et passer à autre chose mais M. Mélanchon entendant de tels propos dans la bouche d'une centriste qu'il considère de droite, de déclarer que Marielle de Sarnez était communiste et insistant quelques secondes plus tard "Attention, vous êtes une socialo-communiste !", évidemment l'intéressée dément. Peu après, M. Mélanchon prend la parole et continue sur le thème de l'aide aux pays africains et c'est pour mieux se faire traiter de "chiracquien" par son collègue parlementaire M. Apparu, député UMP.

Ces propos ont sonné bizarrement à mon oreille sur le coup, et ça m'a bien fait rire, un sénateur de gauche se faisant qualifier de chiracquien tandis qu'une centriste se faisait qualifier de communiste. Au-delà des propos tenus, on voit clairement que les propos des uns ou des autres ne s'articule pas entre valeurs de gauche ou de droite mais autour des principes républicains de liberté, de justice, d'équité, de mérite et de confiance dans l'homme. François Bayrou qualifie son approche d'humaniste. Je dois dire que ce terme ne me convient pas, l'approcge est assez différente de l'humanisme historique et recouvre de nombreux éléments qui n'existaient pas auparavant toutefois je dois reconnaître que c'est le concept le plus proche des idées que défend le Mouvement démocrate. Je ne peux aussi noter que les partis traditionnels comme l'UMP ou plus encore le PS ne sont pas adaptés à cette nouvelle donne politique, ils leur faudra se réformer, l'UMP en est capable, le PS j'en doute. Malgré tous ses efforts, il ne sort pas de ses querelles intestines sur les conflits de personne et ne parvient pas à renouveler son idéologie ce qui explique ses défaites successives lors des grandes élections.

Bref, cette émission me confirme que non décidément non, le partage actuel sur l'échiquier politique ne convient pas et que l'approche qui existe au Parlement européen est beaucoup plus enrichissante et productive et ce, notamment dans le contexte actuel. Deux forces émergent le centre et les écologistes, le premier devra faire ses preuves au scrutin de Juin et montrer qu'il peut dépasser le score attaché à François Bayrou et recréer une base d'élus pour les échéances futures, les seconds devront prouver que l'assemblage a priori hétéroclite de personnalités de divers horizons peut tenir la route et parvenir à produire une nouvelle approche. Les deux grands partis traditionnels enfermés dans une attitude hypocrite d'affrontements stériles au niveau national mais de partage du pouvoir et de collaboration feront les frais de l'émergence des deux forces précitées. Reste à savoir s'ils en tireront les leçons.

Cette élection qui s'annonce en Juin prochain nous montre(ra) deux choses essentielles à mon avis : - la division partisane est bien artificielle et la culture du consensus rend obsolète les partis classiques;
- l'émergence de deux pôles politiques qui ont su se réformer complètement pour l'un et pour partie pour l'autre doit encore se concrétiser dans les urnes.

A ce titre, la participation sera déterminante. Les grands partis, comprendront ensuite peut-être qu'il faut que l'on refasse les partis !